Une marche à travers l'Europe
Récit d'une traversée d'Europe à pieds en solitaire et par les montagnes, du détroit de Gibraltar à Istanbul.
vélo de randonnée
voilier
randonnée/trek
/
Quand : 19/02/2023
Durée : 542 jours
Durée : 542 jours
Distance globale :
9403km
Dénivelées :
+217327m /
-214737m
Alti min/max : -1m/3013m
Carnet publié par SamuelK
le 08 oct. 2023
modifié le 14 oct. 2024
modifié le 14 oct. 2024
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
Précisions :
Pour me rendre au départ : bus Bordeaux > Tarifa.
Traversée d'Europe de Tarifa à Istanbul : 100% à pied !
Chemin retour d'Istanbul à la France : marche, voile, vélo, ferry et train.
Coup de coeur !
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Vue d'ensemble
Le topo : Grèce : Livádi > Kalampáka (Thessalie, Météores) (mise à jour : 15 juin 2024)
Distance section :
143km
Dénivelées section :
+4421m /
-5228m
Section Alti min/max : 243m/1346m
Description :
19/05/2024 > 28/05/2024
178 km ; D+ 6900 m ; D- 7200 m
178 km ; D+ 6900 m ; D- 7200 m
Le compte-rendu : Grèce : Livádi > Kalampáka (Thessalie, Météores) (mise à jour : 15 juin 2024)
Après un jour d'arrêt à Livádi, je repars marcher dans les campagnes légèrement vallonnées, rarement en forêt et le plus souvent sur des routes et pistes agricoles sans ombre. Après l'interlude hivernale et onirique du mont Olympe, je retrouve le plat, la chaleur et les insectes. Cinq jours marqués par le labeur et la lassitude me sont nécessaires pour atteindre les Météores. Cinq journées où la motivation peine, qui ne m'évoquent aucun récit plus détaillé à écrire.
Comme pour d'autres sites particulièrement renommés, je ne me suis pas spécialement informé sur les Météores au-delà de leur existence. Mon itinéraire prévisionnel y passe d'ailleurs de façon non intentionnel. J'étais simplement attiré par la forme des courbes de niveau sur la carte lors de son tracé, avant de réaliser qu'il s'agisse des Météores dont j'ai entendu parler ici et là, dont le nom m'évoque un endroit à la fois historique et mystique par l'imaginaire et les fictions qui y sont vaguement associées. Lorsque j'y arrive en fin de journée, une frénésie intérieure revient immédiatement en découvrant un lieu qui m'apparaît toute évidence exceptionnel. J'apprécie particulièrement ce moment où l'endroit ne m'est pas encore familier mais où je découvre avec surprise, à la fois excité et émerveillé, chaque nouvelle vue qui se dégage et me laisse voir ces roches et ces monastères emblématiques, sublimés par la lumière changeante et rasante du soir. Je marche, cours, m'arrête contempler et photographier, depuis le haut du plateau par lequel j'arrive, jusqu'à la petite ville de Kalampáka en contrebas. J'y descends en improvisant un itinéraire pour profiter au mieux de la panoplie de tableaux et d'atmosphères offerts par le coucher de soleil dynamique, un moment intense et précieux toujours unique, façonné par les éléments du lieu, le ciel, la météo, et ma façon de vivre ma présence dans ce mélange. Je vis une première traversée des Météores et arrive de nuit à Kalampáka, transpirant et heureux, rempli d'énergie par ces émotions vécues, après cinq journées bien moins captivantes qui deviennent alors récompensées. Je me rends à l'auberge de jeunesse que j'avais réservée pour une seule nuit, n'imaginant pas m'attarder ici. Au vue de cette première traversée des Météores, je vais au moins rester une nuit de plus pour retourner explorer ce site particulier. Je resterai finalement six jours, pour profiter dignement de la richesse des Météores où je suis venu à pieds, et de celle des rencontres que j'y ai vécues.
Le premier soir je rencontre Lucas, un cyclo-voyageur français. Si les opportunités de pouvoir échanger en anglais sont des jackpots sur la route de la solitude et des rencontres, parler français est un vrai plaisir qui me montre que cela me manque avec le temps. Après une grasse matinée qui permet de remettre à zéro mon capital sommeil sollicité lors des derniers jours, j'adopte un rythme de vie sain que je garderai pour les prochains jours. Moi qui m'enlise souvent dans un manque d'auto-discipline lorsque je m'arrête en ville dans un logement en dur, je trouve ici un équilibre entre repos ressourçant, mes activités, et l'exploration des Météores. J'arpente quotidiennement pendant quelques heures les chemins qui sillonnent le pieds des colonnes et falaises rocheuses des Météores, visite les monastères perchés sur leurs sommets, déniche les derniers recoins que je n'ai pas encore exploirés, et emprunte inlassablement les mêmes chemins pour m'y rendre. Au début déboussolé par cette géologie particulière qui rend la lecture de carte plus délicate, j'étais désorienté pour me repérer dans cet ensemble de colonnes de roche. Puis, tout comme j'aime la sensation d'entrer subitement dans un site incroyable dont je ne connais rien et où tout est à découvrir, j'ai pris plaisir et satisfaction à progressivement me repérer, faire aisément le lien entre ma carte et ce que je vois, jusqu'à avoir arpenté souvent plusieurs fois chaque sentier, jusqu'à ce que le lieu me devienne familier. Je suis particulièrement envoûté par le laps de temps intense et dynamique, prometteur en surprises et émerveillements aussi inédits qu'inconnus, qu'est le coucher de soleil dans un tel endroit.
Je ne soupçonnais pas la magie des Météores avant d'y arriver, ou plutôt ne m'en faisais simplement presque aucune idée. La géologie atypique du lieu m'évoque immédiatement celle des falaises de Belogradchik que j'avais visitées lors de mon entrée en Bulgarie, un endroit tout aussi fascinant et qui mérite tout autant d'admiration. De ce que j'observe et comprends sans être expert en géologie, il s'agit de grandes falaises et pitons rocheux, formés par des conglomérats de galets assemblés par un ciment sableux. Cette roche semble friable, mais les galets sont collés et assemblés en monticules vertigineux immuables depuis des millions d'années. Seule la végétation a une dynamique annuelle qui suit les saisons. Une forêt dense et verdoyante s'établit entre ces colosses de galets et de sable. Elle leche et épouse la base des falaises jusqu'où elle peut, comme de l'eau remontant par capillarité jusqu'aux limites de la physique. Sur les versants les plus humides, des lianes grimpent et s'agripent par endroits sur des centaines de mètres. Les points hauts offrent des vues privilégiées sur ce paysage, d'où j'observe la grande diversité et densité d'oiseaux qui habitent le lieu, qui volent avec une habilité élégante dans le vent qui circule entre les colonnes de pierre. Les chants de ces oiseaux résonnant entre le vert dense de la végétation et le brun des falaises, crée une atmosphère tropicale d'un exotisme surprenant.
Au cours des XIV et XVème siècles, 24 monastères ont été construits sur les sommets ou sur les falaises des Météores. Des constructions aussi belles qu'impressionnantes, qui s'intègrent de façon harmonieuse dans le paysage, et qui suscitent une forme d'admiration et de respect pour les personnes qui les ont construites. Il reste aujourd'hui 6 monastères, les autres ayant été détruits lors des guerres ou bien abandonnés. Dans un tel haut-lieu mondial du tourisme de masse, puisqu'il est vivement recommandé et valorisé d'avoir "fait les Météores" dans sa vie, je suis surpris et me réjouis que mon émerveillement ne soit étouffé par le dégoût et la colère que provoquent en moi de telles aberrations. Certes, je vois des masses de touristes visiter les lieux uniquement en voiture de luxe, en moto ou bus touristique, ne s'arrêtant que pour prendre un selfi, dans un vacarme qui ne permet pas d'entendre le bruit d'un seul oiseau. Mais je suis contraint de m'y mélanger que lors des quelques visites des monastères, que j'ai tendance à écourter. Voyant que presque tout le monde porte des chaussures neuves aux semelles blanches intactes, je me fais la réflexion pragmatique qu'il et possible de venir jusqu'ici, pour la grande majorité des touristes, sans avoir posé un pieds hors d'un revêtement urbain. Les quelques personnes avec qui j'échange viennent de très loin, et ne restent qu'une journée et une nuit lors de tours express des endroits "à faire" en Europe. Il m'apparaît aussi à la fois amusant et triste de voir et faire partie de masses humaines qui visitent ces monastères-là en particulier. Outre le fait qu'ils sont perchés sur leur falaises et mieux entretenus que la moyenne, l'intérieur est tout à fait semblable aux centaines de milliers d'églises, chapelles et monastères orthodoxes présents absolument partout en Grèce, qui n'attirent pourtant aucun regard outre les quelques fidèles vivants aux alentours. Comme j'explore les Météores à pieds, au-delà de l'unique route goudronnée et des heures d'ouverture des six monastères, je peux profiter de la beauté du lieu sans trop m'exposer au tourisme de masse et en préservant mon émerveillement.
Lors de ce séjour, j'ai la chance de rencontrer Prune et Magali, deux cyclo-voyageuses françaises qui parcourent l'Europe à vélo en visant des spots d'escalade. Les Météores étant visiblement aussi un haut-lieu d'escalade, elles restent elles aussi plusieurs jours ici. Nous passons de très bons moments ensemble. Nous pouvons parler de nos voyages, de nos expériences dans ce qu'elles ont de commun et de différent : voyager à pieds ou à vélo, seul ou à deux, en tant qu'homme ou que femme, dans un monde partout plus ou moins cloisonné selon le genre. Si vous êtes intéressé•es par leur voyage, elles racontent leurs aventures sur ce blog : https://pipelettesabicyclette.eu/index.php/
À pieds, je ne rencontre habituellement aucune personne ayant une démarche et une sensibilité similaires à la mienne. Même en été dans les Alpes, en dessinant mon itinéraire moi-même sans prendre en considération les itinéraires reconnus, je n'ai rencontré personne marchant plus d'un week-end. Le reste de l'année et ailleurs, voyager et se deplacer uniquement à pieds, ça n'existe pas. L'exhaustivité des rencontres, lieux, paysages et situations auxquelles cette volonté m'expose, est ce que je souhaite et recherche. Je reconnais toutefois que le sentiment de solitude dans cette démarche est parfois âpre, et qu'échanger avec des personnes avec qui je me sens vite proche en ce sens est agréable et enrichissant. Prune et Magali ont le plaisir de transmettre et la générosité de m'initier à l'escalade. Pendant une après-midi, j'ai la chance de grimper plusieurs types de voies, assuré par des grimpeuses aguerries. Nos discussions et cette nouveauté m'ouvrent de nouvelles perspectives pour arpenter la nature et les montagnes avec un autre regard.
Après ces six jours dans les Météores, il est temps de repartir. Je me dirige maintenant vers les montagnes de l'Epire et les dernières centaines de kilomètres de mon itinéraire grec, et peut-être même de ma marche à travers l'Europe. En arrivant dans les Météores, j'ai franchi la barre des 7000 km depuis mon départ de Tarifa, avec environ 250 000 m de dénivelé positif. Certainement le dernier pallier numérique de cette aventure, puisque même si la suite de mon retour en France reste incertaine, je ne pense pas franchir les 8000 km et 300 000 m à pieds, mais espère toujours parvenir à rentrer en voilier !
Comme pour d'autres sites particulièrement renommés, je ne me suis pas spécialement informé sur les Météores au-delà de leur existence. Mon itinéraire prévisionnel y passe d'ailleurs de façon non intentionnel. J'étais simplement attiré par la forme des courbes de niveau sur la carte lors de son tracé, avant de réaliser qu'il s'agisse des Météores dont j'ai entendu parler ici et là, dont le nom m'évoque un endroit à la fois historique et mystique par l'imaginaire et les fictions qui y sont vaguement associées. Lorsque j'y arrive en fin de journée, une frénésie intérieure revient immédiatement en découvrant un lieu qui m'apparaît toute évidence exceptionnel. J'apprécie particulièrement ce moment où l'endroit ne m'est pas encore familier mais où je découvre avec surprise, à la fois excité et émerveillé, chaque nouvelle vue qui se dégage et me laisse voir ces roches et ces monastères emblématiques, sublimés par la lumière changeante et rasante du soir. Je marche, cours, m'arrête contempler et photographier, depuis le haut du plateau par lequel j'arrive, jusqu'à la petite ville de Kalampáka en contrebas. J'y descends en improvisant un itinéraire pour profiter au mieux de la panoplie de tableaux et d'atmosphères offerts par le coucher de soleil dynamique, un moment intense et précieux toujours unique, façonné par les éléments du lieu, le ciel, la météo, et ma façon de vivre ma présence dans ce mélange. Je vis une première traversée des Météores et arrive de nuit à Kalampáka, transpirant et heureux, rempli d'énergie par ces émotions vécues, après cinq journées bien moins captivantes qui deviennent alors récompensées. Je me rends à l'auberge de jeunesse que j'avais réservée pour une seule nuit, n'imaginant pas m'attarder ici. Au vue de cette première traversée des Météores, je vais au moins rester une nuit de plus pour retourner explorer ce site particulier. Je resterai finalement six jours, pour profiter dignement de la richesse des Météores où je suis venu à pieds, et de celle des rencontres que j'y ai vécues.
Le premier soir je rencontre Lucas, un cyclo-voyageur français. Si les opportunités de pouvoir échanger en anglais sont des jackpots sur la route de la solitude et des rencontres, parler français est un vrai plaisir qui me montre que cela me manque avec le temps. Après une grasse matinée qui permet de remettre à zéro mon capital sommeil sollicité lors des derniers jours, j'adopte un rythme de vie sain que je garderai pour les prochains jours. Moi qui m'enlise souvent dans un manque d'auto-discipline lorsque je m'arrête en ville dans un logement en dur, je trouve ici un équilibre entre repos ressourçant, mes activités, et l'exploration des Météores. J'arpente quotidiennement pendant quelques heures les chemins qui sillonnent le pieds des colonnes et falaises rocheuses des Météores, visite les monastères perchés sur leurs sommets, déniche les derniers recoins que je n'ai pas encore exploirés, et emprunte inlassablement les mêmes chemins pour m'y rendre. Au début déboussolé par cette géologie particulière qui rend la lecture de carte plus délicate, j'étais désorienté pour me repérer dans cet ensemble de colonnes de roche. Puis, tout comme j'aime la sensation d'entrer subitement dans un site incroyable dont je ne connais rien et où tout est à découvrir, j'ai pris plaisir et satisfaction à progressivement me repérer, faire aisément le lien entre ma carte et ce que je vois, jusqu'à avoir arpenté souvent plusieurs fois chaque sentier, jusqu'à ce que le lieu me devienne familier. Je suis particulièrement envoûté par le laps de temps intense et dynamique, prometteur en surprises et émerveillements aussi inédits qu'inconnus, qu'est le coucher de soleil dans un tel endroit.
Je ne soupçonnais pas la magie des Météores avant d'y arriver, ou plutôt ne m'en faisais simplement presque aucune idée. La géologie atypique du lieu m'évoque immédiatement celle des falaises de Belogradchik que j'avais visitées lors de mon entrée en Bulgarie, un endroit tout aussi fascinant et qui mérite tout autant d'admiration. De ce que j'observe et comprends sans être expert en géologie, il s'agit de grandes falaises et pitons rocheux, formés par des conglomérats de galets assemblés par un ciment sableux. Cette roche semble friable, mais les galets sont collés et assemblés en monticules vertigineux immuables depuis des millions d'années. Seule la végétation a une dynamique annuelle qui suit les saisons. Une forêt dense et verdoyante s'établit entre ces colosses de galets et de sable. Elle leche et épouse la base des falaises jusqu'où elle peut, comme de l'eau remontant par capillarité jusqu'aux limites de la physique. Sur les versants les plus humides, des lianes grimpent et s'agripent par endroits sur des centaines de mètres. Les points hauts offrent des vues privilégiées sur ce paysage, d'où j'observe la grande diversité et densité d'oiseaux qui habitent le lieu, qui volent avec une habilité élégante dans le vent qui circule entre les colonnes de pierre. Les chants de ces oiseaux résonnant entre le vert dense de la végétation et le brun des falaises, crée une atmosphère tropicale d'un exotisme surprenant.
Au cours des XIV et XVème siècles, 24 monastères ont été construits sur les sommets ou sur les falaises des Météores. Des constructions aussi belles qu'impressionnantes, qui s'intègrent de façon harmonieuse dans le paysage, et qui suscitent une forme d'admiration et de respect pour les personnes qui les ont construites. Il reste aujourd'hui 6 monastères, les autres ayant été détruits lors des guerres ou bien abandonnés. Dans un tel haut-lieu mondial du tourisme de masse, puisqu'il est vivement recommandé et valorisé d'avoir "fait les Météores" dans sa vie, je suis surpris et me réjouis que mon émerveillement ne soit étouffé par le dégoût et la colère que provoquent en moi de telles aberrations. Certes, je vois des masses de touristes visiter les lieux uniquement en voiture de luxe, en moto ou bus touristique, ne s'arrêtant que pour prendre un selfi, dans un vacarme qui ne permet pas d'entendre le bruit d'un seul oiseau. Mais je suis contraint de m'y mélanger que lors des quelques visites des monastères, que j'ai tendance à écourter. Voyant que presque tout le monde porte des chaussures neuves aux semelles blanches intactes, je me fais la réflexion pragmatique qu'il et possible de venir jusqu'ici, pour la grande majorité des touristes, sans avoir posé un pieds hors d'un revêtement urbain. Les quelques personnes avec qui j'échange viennent de très loin, et ne restent qu'une journée et une nuit lors de tours express des endroits "à faire" en Europe. Il m'apparaît aussi à la fois amusant et triste de voir et faire partie de masses humaines qui visitent ces monastères-là en particulier. Outre le fait qu'ils sont perchés sur leur falaises et mieux entretenus que la moyenne, l'intérieur est tout à fait semblable aux centaines de milliers d'églises, chapelles et monastères orthodoxes présents absolument partout en Grèce, qui n'attirent pourtant aucun regard outre les quelques fidèles vivants aux alentours. Comme j'explore les Météores à pieds, au-delà de l'unique route goudronnée et des heures d'ouverture des six monastères, je peux profiter de la beauté du lieu sans trop m'exposer au tourisme de masse et en préservant mon émerveillement.
Lors de ce séjour, j'ai la chance de rencontrer Prune et Magali, deux cyclo-voyageuses françaises qui parcourent l'Europe à vélo en visant des spots d'escalade. Les Météores étant visiblement aussi un haut-lieu d'escalade, elles restent elles aussi plusieurs jours ici. Nous passons de très bons moments ensemble. Nous pouvons parler de nos voyages, de nos expériences dans ce qu'elles ont de commun et de différent : voyager à pieds ou à vélo, seul ou à deux, en tant qu'homme ou que femme, dans un monde partout plus ou moins cloisonné selon le genre. Si vous êtes intéressé•es par leur voyage, elles racontent leurs aventures sur ce blog : https://pipelettesabicyclette.eu/index.php/
À pieds, je ne rencontre habituellement aucune personne ayant une démarche et une sensibilité similaires à la mienne. Même en été dans les Alpes, en dessinant mon itinéraire moi-même sans prendre en considération les itinéraires reconnus, je n'ai rencontré personne marchant plus d'un week-end. Le reste de l'année et ailleurs, voyager et se deplacer uniquement à pieds, ça n'existe pas. L'exhaustivité des rencontres, lieux, paysages et situations auxquelles cette volonté m'expose, est ce que je souhaite et recherche. Je reconnais toutefois que le sentiment de solitude dans cette démarche est parfois âpre, et qu'échanger avec des personnes avec qui je me sens vite proche en ce sens est agréable et enrichissant. Prune et Magali ont le plaisir de transmettre et la générosité de m'initier à l'escalade. Pendant une après-midi, j'ai la chance de grimper plusieurs types de voies, assuré par des grimpeuses aguerries. Nos discussions et cette nouveauté m'ouvrent de nouvelles perspectives pour arpenter la nature et les montagnes avec un autre regard.
Après ces six jours dans les Météores, il est temps de repartir. Je me dirige maintenant vers les montagnes de l'Epire et les dernières centaines de kilomètres de mon itinéraire grec, et peut-être même de ma marche à travers l'Europe. En arrivant dans les Météores, j'ai franchi la barre des 7000 km depuis mon départ de Tarifa, avec environ 250 000 m de dénivelé positif. Certainement le dernier pallier numérique de cette aventure, puisque même si la suite de mon retour en France reste incertaine, je ne pense pas franchir les 8000 km et 300 000 m à pieds, mais espère toujours parvenir à rentrer en voilier !