Une marche à travers l'Europe
Récit d'une traversée d'Europe à pieds en solitaire et par les montagnes, du détroit de Gibraltar à Istanbul.
vélo de randonnée
voilier
randonnée/trek
/
Quand : 19/02/2023
Durée : 542 jours
Durée : 542 jours
Distance globale :
9092km
Dénivelées :
+211866m /
-208569m
Alti min/max : -1m/3013m
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
Précisions :
Pour me rendre au départ : bus Bordeaux > Tarifa.
Traversée d'Europe de Tarifa à Istanbul : 100% à pied !
Chemin retour d'Istanbul à la France : marche, voile, vélo, ferry et train.
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Vue d'ensemble
Le topo : Espagne : Córdoba > Jarandilla de la Vera (Estrémadure) (mise à jour : 08 oct. 2023)
Distance section :
375km
Dénivelées section :
+5031m /
-4655m
Section Alti min/max : 107m/1232m
Description :
11/03/2023 > 01/04/2023
385 km ; D+ 6,2 km ; D- 5,6 km
385 km ; D+ 6,2 km ; D- 5,6 km
Le compte-rendu : Espagne : Córdoba > Jarandilla de la Vera (Estrémadure) (mise à jour : 08 oct. 2023)
Je repars de Córdoba, maintenant bien lancé tant intérieurement que physiquement dans la marche au long cours. Je poursuis mon itinéraire le long des pistes et des routes, plus rarement des chemins, en traversant forêts et campagnes agricoles. À Hinojosa del Duque, je quitte le Camino Mozárabe pour me diriger vers le Nord. Des automobilistes s'arrêtent pour m'indiquer que le camino est dans l'autre sens. Je leur explique avec mon espagnol très approximatif que je suis au courant et que cela est bien ma direction, puis ils repartent me semble-t-il peu convaincus que l'on se soit bien compris. Pourtant, le paysage devient immédiatement plus stimulant ! Je marche les dernières dizaines de kilomètres en Andalousie à travers une très belle campagne vallonnée où les villages cèdent la place à de simples fermes disséminées dans le paysage. Je passe ensuite en Estrémadure par un endroit magnifique : l'Embalse de la Serena et ses alentours. Il s'agit de la plus grande retenue d'eau du pays, entourée de plaines et de collines à perte de vue occupées par des élevages ovins extensifs. Cet endroit avait attirait ma curiosité lorsque je traçais mon itinéraire et je suis content d'avoir laissé cette simple intuition m'amener ici ! J'ai de plus la chance de traverser cet espace avec une météo idéale qui offre de beaux éclairages. Au milieu de cette retenue utilisée pour l'irrigation et la production hydroélectrique se situe une curiosité naturelle : el Cerro Masatrigo, un mont en forme quasi-parfaite de cône, relié à la terre par deux ponts tel un grand rond-point. Bien que marchant beaucoup sur le bitume, je passe une journée magnifique à traverser à pieds cet endroit si dépaysant, en contemplant chaque nouveau point de vue au cours du chemin.
Je continue de traverser l'Estrémadure du Sud au Nord et passe ensuite en Castille-et-León, les deux régions les moins densément peuplées du pays avec 25 hab/km². Les villages sont aussi peu peuplés, par une population âgée et beaucoup d'habitations sont à vendre. Les espaces sauvages ou utilisés pour l'élevage sont grands entre les villages, et des micro-fermes parsèment les zones montagneuses. Sur cette section, je passe par la ville de Guadalupe connue pour le magnifique monastère royal de Santa María, construit au XIVe siècle suite à la découverte d'une statue de la vierge du 8e siècle, qui aurait permis au roi Alphonse XI de gagner la bataille de Tarifa contre les musulmans et de reprendre le contrôle du détroit de Gibraltar. Le monastère est majestueux et renferme une quantité de richesses. Sans être expert en Histoire, il m'est étrange d'imaginer le travail et les ressources mobilisées à la construction d'un tel édifice, surtout en constraste avec les conditions de vie du Moyen Âge.
Encore quelques jours de marche et j'arrive à Jarandilla de la Vera où je retrouve mon ami Mathéou qui me rejoint pour marcher trois semaines ensemble. Jarandilla est au pied de la Sierra de Gredos, un massif montagneux appartenant au système central, une chaîne de montagnes de 700 km qui s'étend du Portugal jusqu'au Nord-Est de Madrid. Après ces 800 premiers kilomètres principalement sur de la piste et plus rarement sur des chemins, j'ai hâte de retrouver l'atmosphère des montagnes ! J'appréhendais justement un peu cette première longue section pour son aspect plat à travers la campagne. Il est vrai qu'il n'a pas toujours été facile de prendre du plaisir et de trouver du sens à traverser de grandes zones à l'environnement répétitif. J'ai pu souvent me de demander ce que je faisais là ou me dire que je serais mieux à vélo pour traverser de telles étendues. Il y a des moments où je me sentais marcher pour marcher, pour avancer, sans ressentir grand chose si ce n'est de la lassitude. Toutefois, je pense que ces moments et ces émotions font partie de la marche et sont à apprivoiser. J'ai d'ailleurs pu prendre beaucoup de plaisir à traverser un désert d'oliveraies comme des endroits sans intérêts majeurs en apparence. La symbolique de traverser un territoire en entier tel qu'il est, sans attentes, permet de trouver du sens et du beau en toute condition lorsque je le ressens ainsi. Cela amène également à trouver de l'intérêt à tout ce qui nous entoure, à être attentif et à s'émerveiller de ce qui passerait autrement inaperçu. Lors de ces 800 premiers kilomètres, je me rends compte que j'ai été dans des environnements très variés : plages, forêts, montagnes, zones agricoles, canyons, oliveraies, lacs et rivières, villes et villages, églises et monastères, en marchant sur des nationales comme sur des petits sentiers en voie de disparition, en dormant tous les soirs dans un endroit différent. Le fait de m'être déplacé à pieds à travers tous ces lieux offre une satisfaction et une certaine émotion, que je ressens aussi en voyant le chemin parcouru se dessiner progressivement sur la carte. Malgré les difficultés, je suis donc content d'avoir apprécié cette section et d'avoir découvert que j'aimais aussi marcher ailleurs qu'en montagne. Cela est nouveau et je pense qu'avec l'expérience je peux approfondir cela et l'apprécier avec plus de simplicité. Maintenant, l'heure est à la montagne entre amis !
Je continue de traverser l'Estrémadure du Sud au Nord et passe ensuite en Castille-et-León, les deux régions les moins densément peuplées du pays avec 25 hab/km². Les villages sont aussi peu peuplés, par une population âgée et beaucoup d'habitations sont à vendre. Les espaces sauvages ou utilisés pour l'élevage sont grands entre les villages, et des micro-fermes parsèment les zones montagneuses. Sur cette section, je passe par la ville de Guadalupe connue pour le magnifique monastère royal de Santa María, construit au XIVe siècle suite à la découverte d'une statue de la vierge du 8e siècle, qui aurait permis au roi Alphonse XI de gagner la bataille de Tarifa contre les musulmans et de reprendre le contrôle du détroit de Gibraltar. Le monastère est majestueux et renferme une quantité de richesses. Sans être expert en Histoire, il m'est étrange d'imaginer le travail et les ressources mobilisées à la construction d'un tel édifice, surtout en constraste avec les conditions de vie du Moyen Âge.
Encore quelques jours de marche et j'arrive à Jarandilla de la Vera où je retrouve mon ami Mathéou qui me rejoint pour marcher trois semaines ensemble. Jarandilla est au pied de la Sierra de Gredos, un massif montagneux appartenant au système central, une chaîne de montagnes de 700 km qui s'étend du Portugal jusqu'au Nord-Est de Madrid. Après ces 800 premiers kilomètres principalement sur de la piste et plus rarement sur des chemins, j'ai hâte de retrouver l'atmosphère des montagnes ! J'appréhendais justement un peu cette première longue section pour son aspect plat à travers la campagne. Il est vrai qu'il n'a pas toujours été facile de prendre du plaisir et de trouver du sens à traverser de grandes zones à l'environnement répétitif. J'ai pu souvent me de demander ce que je faisais là ou me dire que je serais mieux à vélo pour traverser de telles étendues. Il y a des moments où je me sentais marcher pour marcher, pour avancer, sans ressentir grand chose si ce n'est de la lassitude. Toutefois, je pense que ces moments et ces émotions font partie de la marche et sont à apprivoiser. J'ai d'ailleurs pu prendre beaucoup de plaisir à traverser un désert d'oliveraies comme des endroits sans intérêts majeurs en apparence. La symbolique de traverser un territoire en entier tel qu'il est, sans attentes, permet de trouver du sens et du beau en toute condition lorsque je le ressens ainsi. Cela amène également à trouver de l'intérêt à tout ce qui nous entoure, à être attentif et à s'émerveiller de ce qui passerait autrement inaperçu. Lors de ces 800 premiers kilomètres, je me rends compte que j'ai été dans des environnements très variés : plages, forêts, montagnes, zones agricoles, canyons, oliveraies, lacs et rivières, villes et villages, églises et monastères, en marchant sur des nationales comme sur des petits sentiers en voie de disparition, en dormant tous les soirs dans un endroit différent. Le fait de m'être déplacé à pieds à travers tous ces lieux offre une satisfaction et une certaine émotion, que je ressens aussi en voyant le chemin parcouru se dessiner progressivement sur la carte. Malgré les difficultés, je suis donc content d'avoir apprécié cette section et d'avoir découvert que j'aimais aussi marcher ailleurs qu'en montagne. Cela est nouveau et je pense qu'avec l'expérience je peux approfondir cela et l'apprécier avec plus de simplicité. Maintenant, l'heure est à la montagne entre amis !