L'improbable voyage à vélo de Besançon au cap Nord en 2022.
À Caroline ma fille et à Gaël mon petits-fils,
De Besançon au cap Nord… Chiche !
Partir en solitaire, un défi pour un si long voyage !
« Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas » Lao-Tseu.
Il faut donc relever la bravade par un premier coup de pédale. Mes premiers voyages à vélo de cinq-cents kilomètres sur des durées courtes m’ont fait découvrir ce qui m’apportait de l’étonnement et de multiples surprises et surtout ce qui me procurait un véritable sentiment de liberté. Au fur et à mesure j’ai allongé mes distances avec néanmoins un sentiment de frustration, car à mon retour, ce n’était jamais assez…
Ce sera mon plus long voyage. Si je cumule tous les kilomètres que j’aurai faits depuis mon premier coup de pédale il y a déjà quelques années, j’aurai bouclé environ vingt-quatre-mille kilomètres soit 60 % du tour de l’Équateur.
J’ai traversé dix pays de Saint-Nazaire à Constanta en Roumanie, j’ai suivi le Rhin d’Andermatt à Rotterdam, j’ai fait deux fois le tour de Bourgogne dont l’un avec mon petit-fils Gaël. Au cours d'un tour de la France, j’ai rejoint la côte Atlantique par la Camargue, le canal des Deux-Mers puis je suis remontée jusqu’à Saint-Nazaire et j’ai terminé par L’EuroVelo 6 jusqu’à Besançon.
Et début avril, en guise de reprise d’entraînement, j’ai aussi fait le tour d’Alsace, petite balade de sept-cents kilomètres… Enfin, pour ne pas perdre les bons réflexes et les muscles, petits moteurs qu’il faut indispensablement garder en forme, j’ai pris l’habitude de me rendre à vélo chez mes amis à Strasbourg, en Suisse… avec Gaël, grand garçon de cinq ans, qui m’accompagne dans sa remorque à vélo à pédales.
Tous ces voyages ont été l’occasion de faire des rencontres magiques, de découvrir des paysages magnifiques, avoir des surprises émouvantes. Quand je pédale, j’éprouve un grand sentiment de liberté. Je deviens philosophe, poète, artiste. Je partage mes réflexions et mes sentiments, mes efforts aussi, avec les cyclotouristes qui m’accompagnent quelquefois sur des dizaines de kilomètres. Certains me disent que croiser une dame de mon âge -j’ai soixante-huit ans- seule, partant si loin, les aide et les motive. Moi aussi je suis très motivée et je continue, le nez au vent et les sourires dans mon baluchon. Quand je rejoins mon point de chute, je retrouve quelques-unes de ces rencontres et je découvre d’autres cyclotouristes avec qui nous échangeons sur nos expériences.
Mais le plus amusant et un peu flatteur aussi je l’avoue, c’est de lire dans le regard de certains l’étonnement, l’admiration et le respect. Parfois même, on me perçoit comme une personne perchée à l’âme romantique. Mais tous font preuve d’humanité, ils sont accueillants, aimables, généreux et surtout admiratifs !
Certaines amies m’ont attribué le terme de jeunior. D’autres sont subjuguées. Rares sont celles qui me regardent d’un air circonspect voire dubitatif. Ma fille Caroline, qui sait que je n’outrepasserai pas mes capacités physiques, me fait confiance et c’est important. De cette façon, je pars tranquille, l’esprit léger.
Quant à Gaël, mon petit-fils, adepte de cyclotourisme depuis nos échappées complices, il sera penché sur les cartes, à tracer mon parcours et à dessiner des campings et des restaurants ! Mais je sais qu’au fond de lui, il aimerait partir avec moi parce qu’il est sûr que je vais voir le père Noël au cap Nord et pouvoir cueillir les cadeaux poussant sur le sol comme autant de fleurs magiques.
Enfin, pour mon retour, fin août 2022, lorsque je prendrai l’avion à Alta, mes sacoches, mon cœur, ma tête, mes jambes aussi, seront pleins de souvenirs de rencontres, de paysages, de saines fatigues qui me rendront heureuse et fière d’avoir fait ce que j’aurai fait en trois mois et demi.
Quand : 15/05/22
Durée : 94 jours
Durée : 94 jours
Distance globale :
5638km
Dénivelées :
+26238m /
-26332m
Alti min/max : -1m/488m
Carnet publié par Jacqueline25
le 09 mai 2022
modifié le 14 avr.
modifié le 14 avr.
5452 lecteur(s)
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Vue d'ensemble
Le topo : Section 4. Du 30 mai au 3 jui.. (mise à jour : 11 avr.)
Distance section :
325km
Dénivelées section :
+134m /
-133m
Section Alti min/max : 0m/25m
Description :
PAYS-BAS
Bootsverleih / Rozenburg / Maassluis / Hoek van Holland / Katwijk / Langeveld / Zandvoort / Haarlem / Amsterdam / Haarlem / Driehuis / Wijk aan Zee / Egmund / Den Helder / Van Ewijcksluis / Hippolytushoef / Den Oever / Houw / Harlingen
Bootsverleih / Rozenburg / Maassluis / Hoek van Holland / Katwijk / Langeveld / Zandvoort / Haarlem / Amsterdam / Haarlem / Driehuis / Wijk aan Zee / Egmund / Den Helder / Van Ewijcksluis / Hippolytushoef / Den Oever / Houw / Harlingen
Le compte-rendu : Section 4. Du 30 mai au 3 jui.. (mise à jour : 11 avr.)
Jour 16 - Lundi 30 mai 2022
Bootsverleih / Rozenburg / Maassluis / Hoek van Holland / Katwijk / Langeveld
73 km
« Eh bien ! Toi tu n’es pas encore arrivée si toutefois tu y arrives ! » En quelques coups de pédales, ils furent au loin.
Après mes premiers mille-deux-cents kilomètres un nouveau spectacle est au bout du chemin : la mer du Nord. Celle qui, dit-on, est noire. Ceci est dû aux sédiments : sable, argile, débris de coquillages, algues, bactéries qui ne restent pas sur le fond marin à cause des marées, des courants et des tempêtes.
Je quitte « la Meuse à vélo », « la Massroute » ou « l’EuroVelo 19 ». Une quinzaine de jours à me délecter de magnifiques paysages de Langres à Hoek van Holland. Les rencontres, les partages, les congratulations réchauffent le cœur, permettent d’avancer et donnent l’élan pour la journée. Aucune fatigue et aucune douleur ne m’affectent. Seule une petite blessure au pied occasionnée par une sardine de tente est en voie de cicatrisation.
Pour cette deuxième partie de la journée c’est un grand changement de décor puisque la piste passe dans la dune par une belle piste cyclable en gravier mais surtout en briques. Les piétons ont leur propre chemin. Ça monte, ça descend, je prends le temps.
Je suis suffisamment loin maintenant et, à mon arrivée à la mer du Nord j’ai hissé le drapeau français sur mon vélo. Non par nationalisme mais pour être repérée. C’est ce qui se produit peu après. J’entends « Salut ! Bonjour ! ». Ce sont deux jeunes hommes bretons qui me doublent. Le porte-bagages arrière de l’un dégouline de bagages. En principe, l’utilisation de housses indique que les sacoches ne sont pas étanches, gage de complication pour le cyclo-voyageur.
Je n’échange que quelques mots avec eux tout en pédalant. Ils ont suivi les côtes françaises depuis la Bretagne. Ils sont partis un jour avant moi c’est-à-dire le 14 mai et ne savent pas quand ils arriveront à destination. C’est à la bonne franquette ! Ils vont eux aussi au cap Nord. Lorsque je leur dis que c’est également ma destination, juchés sur leur vélo, ils se retournent en me regardant étrangement et je lis dans leur regard : « Eh bien ! Toi tu n’es pas encore arrivée si toutefois tu y arrives ! » En quelques coups de pédales, ils furent au loin.
Ce qui était improbable pour eux devint un fait tangible. Des milliers de kilomètres plus loin, en Norvège je les retrouverai. Ils furent sous le coup d’une intense surprise et m’attribuèrent de nombreux qualificatifs ! Ewen et Youn colorièrent de façon magistrale mon dernier mois de voyage avant d’arriver au cap Nord. Mais il me faudra attendre encore presque deux mois pour vivre des instants parfaitement étonnants et insolites avec eux…
Bootsverleih / Rozenburg / Maassluis / Hoek van Holland / Katwijk / Langeveld
73 km
« Eh bien ! Toi tu n’es pas encore arrivée si toutefois tu y arrives ! » En quelques coups de pédales, ils furent au loin.
Après mes premiers mille-deux-cents kilomètres un nouveau spectacle est au bout du chemin : la mer du Nord. Celle qui, dit-on, est noire. Ceci est dû aux sédiments : sable, argile, débris de coquillages, algues, bactéries qui ne restent pas sur le fond marin à cause des marées, des courants et des tempêtes.
Je quitte « la Meuse à vélo », « la Massroute » ou « l’EuroVelo 19 ». Une quinzaine de jours à me délecter de magnifiques paysages de Langres à Hoek van Holland. Les rencontres, les partages, les congratulations réchauffent le cœur, permettent d’avancer et donnent l’élan pour la journée. Aucune fatigue et aucune douleur ne m’affectent. Seule une petite blessure au pied occasionnée par une sardine de tente est en voie de cicatrisation.
Pour cette deuxième partie de la journée c’est un grand changement de décor puisque la piste passe dans la dune par une belle piste cyclable en gravier mais surtout en briques. Les piétons ont leur propre chemin. Ça monte, ça descend, je prends le temps.
Je suis suffisamment loin maintenant et, à mon arrivée à la mer du Nord j’ai hissé le drapeau français sur mon vélo. Non par nationalisme mais pour être repérée. C’est ce qui se produit peu après. J’entends « Salut ! Bonjour ! ». Ce sont deux jeunes hommes bretons qui me doublent. Le porte-bagages arrière de l’un dégouline de bagages. En principe, l’utilisation de housses indique que les sacoches ne sont pas étanches, gage de complication pour le cyclo-voyageur.
Je n’échange que quelques mots avec eux tout en pédalant. Ils ont suivi les côtes françaises depuis la Bretagne. Ils sont partis un jour avant moi c’est-à-dire le 14 mai et ne savent pas quand ils arriveront à destination. C’est à la bonne franquette ! Ils vont eux aussi au cap Nord. Lorsque je leur dis que c’est également ma destination, juchés sur leur vélo, ils se retournent en me regardant étrangement et je lis dans leur regard : « Eh bien ! Toi tu n’es pas encore arrivée si toutefois tu y arrives ! » En quelques coups de pédales, ils furent au loin.
Ce qui était improbable pour eux devint un fait tangible. Des milliers de kilomètres plus loin, en Norvège je les retrouverai. Ils furent sous le coup d’une intense surprise et m’attribuèrent de nombreux qualificatifs ! Ewen et Youn colorièrent de façon magistrale mon dernier mois de voyage avant d’arriver au cap Nord. Mais il me faudra attendre encore presque deux mois pour vivre des instants parfaitement étonnants et insolites avec eux…
Encore une barge.
L’EuroVelo 19 se termine. C’est la mer du Nord !
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Dans les dunes. Une piste pour les cyclistes et une pour les piétons.
La mer du Nord !
Jour 17 - Mardi 31 mai 2022
Langeveld / Zandvoort / Haarlem / Amsterdam
78 km
Mamma mia ! Les milliers de vélos à Amsterdam, capitale des Pays-Bas.
L’argument du plat pays ne tient pas la distance car les vents y sont forts et affronter un vent de face est aussi pénible pour un cycliste que de gravir une côte. De plus, le vent peut durer toute la journée, n’offrant aucun répit.
Aux Pays-Bas, le vélo prendra son essor pour différentes raisons : la privation de l’essence au cours de la Première Guerre mondiale, l’inexistence de l’industrie automobile avant 1958, un retour aux valeurs de l’âge d’or du dix-septième siècle et grâce à la reine adepte du vélo (189
. L’expression de « Petite Reine » est née pour désigner la bicyclette au dix-neuvième siècle.
Mais je m’apercevrai plus tard que les vents forts des plats pays traversés, mes entraînements préalables, les milliers de kilomètres avant d’arriver en Norvège, ne seront pas suffisants et me feront douter de la réussite de mon projet lors de mes premiers jours dans les montagnes norvégiennes.
Après une visite rapide de la jolie ville de Harlem, mon arrivée à Amsterdam brise la monotonie des dunes. Je vois au loin des immeubles et surtout des grues qui se découpent dans le ciel. Pour y parvenir je mets plus d’une heure, sous la pluie, sur la piste cyclable longeant l’autoroute. Je fais ma fainéante et je ne sors pas mes vêtements de pluie. Je suis donc rincée ! À hauteur des immeubles le soleil est là et la ville aussi !
On m’avait prévenue de la difficulté de circuler à vélo dans Amsterdam. Mais c’était loin de l’idée que je m’en étais faite. Il est dix-sept heures, heure de pointe. Je n’ai jamais vu autant de vélos durant ma longue vie. Je dois être très vigilante et avancer à vive allure. On ne perd pas son temps ici. Je fonctionne au cliquetis de mon GPS pour mes directions car un coup d’œil sur mon guidon peut m’être fatal, je dois être attentive à la piste, aux autres vélos, aux feux, aux carrefours.
Les pistes cyclables sont parfaites ! Mais on y trouve de tout : des vélos, des vélos-cargo, des mobylettes, des scooters et aussi de petites voitures électriques pour des pistes de deux mètres de large. Aux intersections avec les routes ou rues, il faut appuyer sur des boutons et attendre le vélo vert pour traverser. Il ne faut pas s’emmêler les pieds dans les pédales car le temps est compté. Depuis une dizaine de jours que je circule en Hollande je connais le système cyclable, mais circuler à Amsterdam à vélo pour nous bisontins, c’est une autre paire de manche. Il faut donc laisser l’anxiété s’envoler au gré du vent et être dans le plaisir… de faire du vélo à Amsterdam.
Je ne vois aucun autre cyclo-voyageur dans la ville. À l’arrêt aux feux, il y a toujours un cycliste de route, me regardant attentivement avec le sourire, j’ai l’impression d’être une sorte d’attraction. Je fais de nombreux kilomètres en dehors de la ville pour rejoindre le camping. Je suis, là encore, la seule cyclo et, en cette fin de journée, je suis trop loin de la ville pour aller visiter un lieu, un musée, un quartier ou une rue et retrouver des sensations vécues il y a maintenant une vingtaine d’années au cours d’un voyage aux Pays-Bas.
Langeveld / Zandvoort / Haarlem / Amsterdam
78 km
Mamma mia ! Les milliers de vélos à Amsterdam, capitale des Pays-Bas.
L’argument du plat pays ne tient pas la distance car les vents y sont forts et affronter un vent de face est aussi pénible pour un cycliste que de gravir une côte. De plus, le vent peut durer toute la journée, n’offrant aucun répit.
Aux Pays-Bas, le vélo prendra son essor pour différentes raisons : la privation de l’essence au cours de la Première Guerre mondiale, l’inexistence de l’industrie automobile avant 1958, un retour aux valeurs de l’âge d’or du dix-septième siècle et grâce à la reine adepte du vélo (189

Mais je m’apercevrai plus tard que les vents forts des plats pays traversés, mes entraînements préalables, les milliers de kilomètres avant d’arriver en Norvège, ne seront pas suffisants et me feront douter de la réussite de mon projet lors de mes premiers jours dans les montagnes norvégiennes.
Après une visite rapide de la jolie ville de Harlem, mon arrivée à Amsterdam brise la monotonie des dunes. Je vois au loin des immeubles et surtout des grues qui se découpent dans le ciel. Pour y parvenir je mets plus d’une heure, sous la pluie, sur la piste cyclable longeant l’autoroute. Je fais ma fainéante et je ne sors pas mes vêtements de pluie. Je suis donc rincée ! À hauteur des immeubles le soleil est là et la ville aussi !
On m’avait prévenue de la difficulté de circuler à vélo dans Amsterdam. Mais c’était loin de l’idée que je m’en étais faite. Il est dix-sept heures, heure de pointe. Je n’ai jamais vu autant de vélos durant ma longue vie. Je dois être très vigilante et avancer à vive allure. On ne perd pas son temps ici. Je fonctionne au cliquetis de mon GPS pour mes directions car un coup d’œil sur mon guidon peut m’être fatal, je dois être attentive à la piste, aux autres vélos, aux feux, aux carrefours.
Les pistes cyclables sont parfaites ! Mais on y trouve de tout : des vélos, des vélos-cargo, des mobylettes, des scooters et aussi de petites voitures électriques pour des pistes de deux mètres de large. Aux intersections avec les routes ou rues, il faut appuyer sur des boutons et attendre le vélo vert pour traverser. Il ne faut pas s’emmêler les pieds dans les pédales car le temps est compté. Depuis une dizaine de jours que je circule en Hollande je connais le système cyclable, mais circuler à Amsterdam à vélo pour nous bisontins, c’est une autre paire de manche. Il faut donc laisser l’anxiété s’envoler au gré du vent et être dans le plaisir… de faire du vélo à Amsterdam.
Je ne vois aucun autre cyclo-voyageur dans la ville. À l’arrêt aux feux, il y a toujours un cycliste de route, me regardant attentivement avec le sourire, j’ai l’impression d’être une sorte d’attraction. Je fais de nombreux kilomètres en dehors de la ville pour rejoindre le camping. Je suis, là encore, la seule cyclo et, en cette fin de journée, je suis trop loin de la ville pour aller visiter un lieu, un musée, un quartier ou une rue et retrouver des sensations vécues il y a maintenant une vingtaine d’années au cours d’un voyage aux Pays-Bas.
Harlem
Jour 18 - Mercredi 1 juin 2022
Amsterdam / Haarlem / Driehuis / Wijk aan Zee
68 km
Parfois j’ai quelques surprises car un nom séduisant ne correspond plus qu’à un village ayant perdu son âme par une reconstruction hâtive d’après-guerre.
Traverser Amsterdam à vélo ce matin est moins impressionnant qu’hier. Ce sont surtout les femmes qui conduisent rapidement leurs enfants à l’école. Les enfants installés dans les vélos-cargos n’ont pas l’air trop affolés. Les autres, assis sur le porte-bagages, ceinturent de leurs bras leur mère ou père et n’en mènent pas large ! Je ne vois que deux enfants avec un casque sur la tête. J’ai vu deux chutes hier. J’apprends néanmoins que le casque deviendra obligatoire en janvier 2023.
La tendance aux Pays-Bas veut que le conjoint qui gagne le mieux sa vie se dévoue pour travailler à temps plein. Libre à l’autre de ne faire qu’un temps partiel. Un ménage sur cinq est désormais concerné par cette nouvelle configuration, qui voit de plus en plus d’hommes présents au foyer.
La ville est calme ce matin. Je flâne, je prends le temps de visiter le plus vieux quartier d’Amsterdam, le Wallen et son quartier rouge qui s’est développé autour d’un réseau concentrique de canaux semi-circulaires formant une toile d’araignée. Mille-deux-cent-quatre-vingt-un ponts courbent l’échine, je dois faire des détours pour aller chercher le pont plus loin qui me permettra de continuer ma route.
Les étonnantes maisons n’ont, ici aussi, ni volets ni rideaux. Les maisons étroites me semblent penchées… pourtant je n’ai pas encore dégusté les bières locales ! L’explication se trouve dans la géologie du terrain. La ville d’Amsterdam est construite sur un terrain marécageux. Chaque habitation a été bâtie sur pilotis de onze à dix-huit mètres enfoncés dans cette zone humide. Ces piliers de bois se dégradent à l’épreuve du temps, ce qui explique l’apparence actuelle penchée de ces maisons.
Je repars trop vite, beaucoup trop vite. Qu’est-ce qui m’a pris ! Je m’apercevrai plusieurs jours après, que j’avais prévu de rester une journée pour visiter le musée van Gogh. Je traverse complètement d’est en ouest la ville de huit-cent-mille habitants. Je reste surprise de la facilité, en règle générale, de la traversée des grandes villes européennes à vélo.
Lors de la préparation de mon voyage, certains noms de villages ont fait écho en moi. Des noms qui m’ont enchantée des mois auparavant par leur sonorité. Surtout lorsque mon voyage a commencé à prendre forme lors de sa préparation. Wijk aan Zee est vraiment à la hauteur de mes espérances. C’est une petite station balnéaire, restant cependant un village traditionnel. Fait étonnant, ce village est mondialement célèbre pour son tournoi d’échecs annuel. Parfois j’ai quelques surprises car un nom séduisant ne correspond plus qu’à un village ayant perdu son âme par une reconstruction hâtive d’après-guerre. D’autres peuvent correspondre à un patelin voire à un hameau à une seule maison !
Le camping est municipal. Deux fois moins cher qu’ailleurs. Les retraités du village y font des permanences et sont très fiers de le faire visiter. Les bâtiments ont été reconstruits ; sanitaires, salle à manger, cuisine, tout est coquet. Il y a un grand espace pour les grandes tentes et un autre pour les petites, je suis la seule sur ce terrain. C’est la première fois, depuis que je suis partie, que je trouve une machine à laver le linge. Dans ce camping il n’y a pas de camping-car ni de caravane, seulement des tentes. Je suis accueillie comme une reine.
Jolie piste pour éviter un détour
J’aime beaucoup cette sculpture perdue dans la campagne, au milieu d’un rond-point.
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Jour 19 - Jeudi 2 juin 2022
Wijk aan Zee / Egmund / Den Helder / Van Ewijcksluis
96 km
Parfois me reviennent en mémoire les phrases entendues avant mon voyage : « La Norvège c’est difficile à vélo ! Ah ! Ses tunnels dangereux ! Oh ! Ses côtes difficiles sur plus de deux-mille-cinq-cents kilomètres… ».
Les paysages sont splendides : campagne, dunes, mer, villages de bord de mer. Cela sent bon le pin et différentes fragrances que je n’identifie pas. Les gens se promènent beaucoup dans cette région, soit à vélo, soit à pied. Au vu de certaines dunes bien raides j’ai droit à quelques ovations. Cette bienveillance me fait du bien ! C’est une chose essentielle, indispensable pour moi. « Un mot gentil peut réchauffer trois mois d’hiver », ce proverbe japonais trouve en moi toute sa justification pour l’harmonie de ma journée.
Elsje est partie de Harlem ce matin. Elle doit faire cent-vingt kilomètres aujourd’hui pour quelques jours de vacances sur l’île du Texel et sa longue plage de trente kilomètres. L’île est proche du port de Den Helder. Elsje a mal aux pieds, cela arrive même à vélo ! Pour la première fois depuis mon départ on me demande mon âge. J’avais fini par penser qu’il n’y avait qu’en France que l’on posait cette question à une dame à vélo. Quant à elle, elle a cinquante-six ans et pense aller au Danemark à vélo cet été.
Sa rencontre me donne envie de passer quelques jours de vacances sur l’île de Texel, dans ce petit paradis et ses sept villages. Mais je dois avancer… je suis encore loin de mon but et je crains d’arriver trop tard pour le soleil de minuit au cap Nord. Parfois me reviennent en mémoire les phrases entendues : « La Norvège c’est difficile à vélo ! Ah ! Ses tunnels dangereux ! Oh ! Ses côtes difficiles sur plus de deux-mille-cinq-cents kilomètres… ».
J’arrive tardivement au camping de Van Ewijcksluis, impossible pour moi de prononcer ce mot. Juliana est la propriétaire de ce petit camping très agréable et cela est presque inutile de dire que je suis la seule cyclo-voyageuse. Elle parle parfaitement français. Deux de ses tantes, chez qui elle se rend souvent, habitent en France. Elle est prévenante avec moi et me réserve une table au restaurant proche car celui-ci doit fermer imminemment.
Wijk aan Zee / Egmund / Den Helder / Van Ewijcksluis
96 km
Parfois me reviennent en mémoire les phrases entendues avant mon voyage : « La Norvège c’est difficile à vélo ! Ah ! Ses tunnels dangereux ! Oh ! Ses côtes difficiles sur plus de deux-mille-cinq-cents kilomètres… ».
Les paysages sont splendides : campagne, dunes, mer, villages de bord de mer. Cela sent bon le pin et différentes fragrances que je n’identifie pas. Les gens se promènent beaucoup dans cette région, soit à vélo, soit à pied. Au vu de certaines dunes bien raides j’ai droit à quelques ovations. Cette bienveillance me fait du bien ! C’est une chose essentielle, indispensable pour moi. « Un mot gentil peut réchauffer trois mois d’hiver », ce proverbe japonais trouve en moi toute sa justification pour l’harmonie de ma journée.
Elsje est partie de Harlem ce matin. Elle doit faire cent-vingt kilomètres aujourd’hui pour quelques jours de vacances sur l’île du Texel et sa longue plage de trente kilomètres. L’île est proche du port de Den Helder. Elsje a mal aux pieds, cela arrive même à vélo ! Pour la première fois depuis mon départ on me demande mon âge. J’avais fini par penser qu’il n’y avait qu’en France que l’on posait cette question à une dame à vélo. Quant à elle, elle a cinquante-six ans et pense aller au Danemark à vélo cet été.
Sa rencontre me donne envie de passer quelques jours de vacances sur l’île de Texel, dans ce petit paradis et ses sept villages. Mais je dois avancer… je suis encore loin de mon but et je crains d’arriver trop tard pour le soleil de minuit au cap Nord. Parfois me reviennent en mémoire les phrases entendues : « La Norvège c’est difficile à vélo ! Ah ! Ses tunnels dangereux ! Oh ! Ses côtes difficiles sur plus de deux-mille-cinq-cents kilomètres… ».
J’arrive tardivement au camping de Van Ewijcksluis, impossible pour moi de prononcer ce mot. Juliana est la propriétaire de ce petit camping très agréable et cela est presque inutile de dire que je suis la seule cyclo-voyageuse. Elle parle parfaitement français. Deux de ses tantes, chez qui elle se rend souvent, habitent en France. Elle est prévenante avec moi et me réserve une table au restaurant proche car celui-ci doit fermer imminemment.
Jour 20 - Vendredi 3 juin 2022
Van Ewijcksluis / Hippolytushoef / Den Oever / Houw / Harlingen
65 km
Le vélo est un véritable passeport pour toutes les excentricités.
À la sortie du village de Den Oever, j’arrive à l’Afsluitdijk. C’est la digue ou barrage de fermeture de trente-deux kilomètres, construite entre 1927 et 1933. En ce moment les Pays-Bas ont lancé un chantier pharaonique de renforcement de cette plus grande digue du royaume.
Les voitures peuvent encore circuler sur l’autoroute, mais les pistes cyclables, proches des travaux, sont occupées par les engins et interdites aux cyclistes. Un bus « spécial vélo » est mis gratuitement à notre disposition. Trois heures de vélo avec un bon vent de face sont remplacées par vingt minutes de bus !
Le bus s’arrête au plus petit hameau des Pays-Bas installé sur la digue : Breezanddijk et ses cinq habitants logés au sein de la station-service. Je pédalerai donc les six derniers kilomètres sur la digue sans doute du mauvais côté, en me demandant ce que je fais au milieu de ce chantier ! Les ouvriers ne me font aucune remarque me regardant même avec bienveillance. Le vélo est un véritable passeport pour toutes les excentricités.
Grâce au bus, exceptionnellement j’arrive tôt aujourd’hui. J’ai donc le temps de visiter Harlingen. Le centre-ville est attrayant, plein de canaux, de bars, de restaurants, du monde. C’est une petite ville portuaire très vivante de quinze-mille habitants. Les bateaux de pêche sont splendides et me laissent ébahie.
Six tentes de cyclotouristes sont installées au camping. Ça me change ! Je rencontre Radia et Maryline, deux retraitées infirmières françaises parties début avril de Barcelonnette. Elles ont rejoint Biarritz puis suivi les côtes jusqu’ici. Elles ont fait un peu plus de quatre-mille kilomètres à vélo électrique. Elles tractent chacune une remorque « Doliprane-suppositoire », dit Radia. Radia transporte aussi son petit chien dans un panier à l’avant de sa bicyclette. C’est leur première expédition. Elles vont jusqu’à Oslo pour rendre visite à la sœur de Radia et seule Radia rentrera à vélo.
Tout se passe bien ! Je suis en bonne forme physique. Je n’ai aucune douleur. J’ai un bon moral. Seul le soleil m’importune malgré ma grande visière. Je n’aurais pas dû me faire couper les cheveux si courts… Pour la première fois de ma vie, j’ai des coups de soleil sur les oreilles. C’est douloureux. Je vais essayer de me confectionner une petite capeline de nuque et d’oreilles accrochée à mon casque. Le ridicule ne tue pas !
Van Ewijcksluis / Hippolytushoef / Den Oever / Houw / Harlingen
65 km
Le vélo est un véritable passeport pour toutes les excentricités.
À la sortie du village de Den Oever, j’arrive à l’Afsluitdijk. C’est la digue ou barrage de fermeture de trente-deux kilomètres, construite entre 1927 et 1933. En ce moment les Pays-Bas ont lancé un chantier pharaonique de renforcement de cette plus grande digue du royaume.
Les voitures peuvent encore circuler sur l’autoroute, mais les pistes cyclables, proches des travaux, sont occupées par les engins et interdites aux cyclistes. Un bus « spécial vélo » est mis gratuitement à notre disposition. Trois heures de vélo avec un bon vent de face sont remplacées par vingt minutes de bus !
Le bus s’arrête au plus petit hameau des Pays-Bas installé sur la digue : Breezanddijk et ses cinq habitants logés au sein de la station-service. Je pédalerai donc les six derniers kilomètres sur la digue sans doute du mauvais côté, en me demandant ce que je fais au milieu de ce chantier ! Les ouvriers ne me font aucune remarque me regardant même avec bienveillance. Le vélo est un véritable passeport pour toutes les excentricités.
Grâce au bus, exceptionnellement j’arrive tôt aujourd’hui. J’ai donc le temps de visiter Harlingen. Le centre-ville est attrayant, plein de canaux, de bars, de restaurants, du monde. C’est une petite ville portuaire très vivante de quinze-mille habitants. Les bateaux de pêche sont splendides et me laissent ébahie.
Six tentes de cyclotouristes sont installées au camping. Ça me change ! Je rencontre Radia et Maryline, deux retraitées infirmières françaises parties début avril de Barcelonnette. Elles ont rejoint Biarritz puis suivi les côtes jusqu’ici. Elles ont fait un peu plus de quatre-mille kilomètres à vélo électrique. Elles tractent chacune une remorque « Doliprane-suppositoire », dit Radia. Radia transporte aussi son petit chien dans un panier à l’avant de sa bicyclette. C’est leur première expédition. Elles vont jusqu’à Oslo pour rendre visite à la sœur de Radia et seule Radia rentrera à vélo.
Tout se passe bien ! Je suis en bonne forme physique. Je n’ai aucune douleur. J’ai un bon moral. Seul le soleil m’importune malgré ma grande visière. Je n’aurais pas dû me faire couper les cheveux si courts… Pour la première fois de ma vie, j’ai des coups de soleil sur les oreilles. C’est douloureux. Je vais essayer de me confectionner une petite capeline de nuque et d’oreilles accrochée à mon casque. Le ridicule ne tue pas !