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L'improbable voyage à vélo de Besançon au cap Nord en 2022.

(réalisé)
     
À Caroline ma fille et à Gaël mon petits-fils,     
  
De Besançon au cap Nord… Chiche !
 
Partir en solitaire, un défi pour un si long voyage !
« Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas » Lao-Tseu. 
Il faut donc relever la bravade par un premier coup de pédale. Mes premiers voyages à vélo de cinq-cents kilomètres sur des durées courtes m’ont fait découvrir ce qui m’apportait de l’étonnement et de multiples surprises et surtout ce qui me procurait un véritable sentiment de liberté. Au fur et à mesure j’ai allongé mes distances avec néanmoins un sentiment de frustration, car à mon retour, ce n’était jamais assez…
 
Ce sera mon plus long voyage. Si je cumule tous les kilomètres que j’aurai faits depuis mon premier coup de pédale il y a déjà quelques années, j’aurai bouclé environ vingt-quatre-mille kilomètres soit 60 % du tour de l’Équateur. 
J’ai traversé dix pays de Saint-Nazaire à Constanta en Roumanie, j’ai suivi le Rhin d’Andermatt à Rotterdam, j’ai fait deux fois le tour de Bourgogne dont l’un avec mon petit-fils Gaël. Au cours d'un tour de la France, j’ai rejoint la côte Atlantique par la Camargue, le canal des Deux-Mers puis je suis remontée jusqu’à Saint-Nazaire et j’ai terminé par L’EuroVelo 6 jusqu’à Besançon.
 
Et début avril, en guise de reprise d’entraînement, j’ai aussi fait le tour d’Alsace, petite balade de sept-cents kilomètres… Enfin, pour ne pas perdre les bons réflexes et les muscles, petits moteurs qu’il faut indispensablement garder en forme, j’ai pris l’habitude de me rendre à vélo chez mes amis à Strasbourg, en Suisse… avec Gaël, grand garçon de cinq ans, qui m’accompagne dans sa remorque à vélo à pédales.

Tous ces voyages ont été l’occasion de faire des rencontres magiques, de découvrir des paysages magnifiques, avoir des surprises émouvantes. Quand je pédale, j’éprouve un grand sentiment de liberté. Je deviens philosophe, poète, artiste. Je partage mes réflexions et mes sentiments, mes efforts aussi, avec les cyclotouristes qui m’accompagnent quelquefois sur des dizaines de kilomètres. Certains me disent que croiser une dame de mon âge -j’ai soixante-huit ans- seule, partant si loin, les aide et les motive. Moi aussi je suis très motivée et je continue, le nez au vent et les sourires dans mon baluchon. Quand je rejoins mon point de chute, je retrouve quelques-unes de ces rencontres et je découvre d’autres cyclotouristes avec qui nous échangeons sur nos expériences.

 
Mais le plus amusant et un peu flatteur aussi je l’avoue, c’est de lire dans le regard de certains l’étonnement, l’admiration et le respect. Parfois même, on me perçoit comme une personne perchée à l’âme romantique. Mais tous font preuve d’humanité, ils sont accueillants, aimables, généreux et surtout admiratifs ! 
Certaines amies m’ont attribué le terme de jeunior. D’autres sont subjuguées. Rares sont celles qui me regardent d’un air circonspect voire dubitatif. Ma fille Caroline, qui sait que je n’outrepasserai pas mes capacités physiques, me fait confiance et c’est important. De cette façon, je pars tranquille, l’esprit léger.
Quant à Gaël, mon petit-fils, adepte de cyclotourisme depuis nos échappées complices, il sera penché sur les cartes, à tracer mon parcours et à dessiner des campings et des restaurants ! Mais je sais qu’au fond de lui, il aimerait partir avec moi parce qu’il est sûr que je vais voir le père Noël au cap Nord et pouvoir cueillir les cadeaux poussant sur le sol comme autant de fleurs magiques.
 
Enfin, pour mon retour, fin août 2022, lorsque je prendrai l’avion à Alta, mes sacoches, mon cœur, ma tête, mes jambes aussi, seront pleins de souvenirs de rencontres, de paysages, de saines fatigues qui me rendront heureuse et fière d’avoir fait ce que j’aurai fait en trois mois et demi. 
vélo de randonnée
Quand : 15/05/22
Durée : 94 jours
Distance globale : 5638km
Dénivelées : +26238m / -26332m
Alti min/max : -1m/488m
Carnet publié par Jacqueline25 le 09 mai 2022
modifié le 14 avr.
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Vue d'ensemble

Le topo : Section 19. Du 8 août au 13 aout (mise à jour : 14 avr.)

Distance section : 159km
Dénivelées section : +1676m / -1387m
Section Alti min/max : 0m/306m

Description :

Tromsø / Breivikeidet / Svensby / Lyngseidet / Olderdalen / Storslett / Sandnes / Oksfjordhamn / Badderen / Alteidet / Ørbakken / Talvik / Storvik / Alta / Skaidi / Olderfjord

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Le compte-rendu : Section 19. Du 8 août au 13 aout (mise à jour : 14 avr.)

À mon départ Gaël était couché au sol pour coller les premières gommettes, maintenant…
À mon départ Gaël était couché au sol pour coller les premières gommettes, maintenant…

Caroline a écrit ce texte sur Facebook. Il m’a profondément émue.
 
« 🚴🚴‍♂️🚵🚴‍♀️🚵‍♂️🚵‍♀️
C'est rare, mais je vais vous parler un peu de ma môôôman... Cette grande dame...
Elle s'est lancée dans un périple un peu fou il y a plusieurs mois déjà.
Rejoindre le cap Nord, tout au-dessus de la Norvège, à vélo, sans assistance électrique !

 🇳🇴🇳🇴🇳🇴🇳🇴

Le 15 mai, il y a déjà deux mois et demi, nous l'avions, Gaël et moi, accompagnée à Langres pour le top départ.

 
Aujourd'hui, elle arrive presque au bout de son voyage. Il reste moins de dix étapes pour rejoindre ce point ultime, clôture de ce voyage, de ce défi, de ce tour de force, le cap Nord ! 

🌍🌍🌍

Au fil des semaines, elle a rencontré des gens formidables, qui pour certains, ont été croisés l'espace d'un instant, d'autres ont été des compagnons de routes quelques jours, et d'autres encore l'ont accompagnée pendant de nombreuses étapes de son parcours. 


Au fil des semaines, elle a vu mille paysages, tantôt désertés de presque tout habitant, tantôt colorés avec les habitations en bois si typiques, tantôt idylliques comme une plage découverte avec son eau turquoise faisant penser à un lagon...

Au fil des semaines elle a pédalé, pris le bus, le ferry, poussé son vélo dans les montées (surnommée « La française qui pousse son vélo »).

Ce voyage en solitaire la ramène parfois à des souvenirs d'enfance, à ses voyages passés, à des anecdotes, parfois drôles, parfois touchantes.
🥵🥵🥶🥶😁😁


Le fil rouge de toutes ces semaines, c’est l'humain, les rencontres, le partage, l'entraide, le courage...

Et ce groupe d'hommes de divers horizons, de plusieurs pays, avec qui elle a déjà fait nombre d’étapes, de visites, de partages de cabanes, la pêche, des shots en discothèque ! ... 

 
Et qu’elle a encore retrouvés il y a peu.
Rafael et Juan Carlos les Espagnols ; Youn et Ewen les Bretons ; Emiel le Hollandais ; Andi l’Allemand ; Stéphane le Lyonnais ; Paul l’Écossais, des compagnons de route, hauts en couleurs, musiciens, pêcheurs, sportifs, et surtout généreux, attentifs et bienveillants.
 ❤️❤️❤️
Petit message d'une fille admirative à sa mère.
🥰🥰🥰 😘😘😘 »


_________\___________________


Jour 86 - Lundi 8 août 2022
Tromsø / Breivikeidet / Svensby / Lyngseidet / Olderdalen 
96 km

Mais j’aimerais quand même bien aller à la pêche et avoir des soirées un peu plus longues.

Ce matin il faut replier tout l’équipement trempé. Tout est humide ! Ça n’a pas d’importance, car deux chalets sont déjà réservés pour ce soir. Tout sèchera ! 


Je pars deux heures avant les garçons. Je m’arrête peu après dans un kiosque en pleine campagne, pour un petit déjeuner… Il faut dire qu’en Norvège, il est tellement rare de rencontrer des endroits réconfortants, où l’on peut se restaurer que je n’hésite pas une seconde ! 

 
Accaparée par le kiosque, je n’ai pas vu les panneaux et je repars tout schuss, droit devant moi. Mon étourderie me fait faire plusieurs kilomètres et je dois revenir sur mes pas. Cela étant, je prends un petit chemin indiqué par les fameux panneaux manqués précédemment. Je gravis une bonne côte, cela me prend du temps. Des travaux d’ampleur ne me permettent pas de passer. À mon grand dépit, je dois rebrousser chemin pour rejoindre la route. Décidément !
 
Lorsque je reviens au kiosque, les quatre garçons arrivent. Ils pensent que je lambine vraiment. Nous devons emprunter la grande route pour contourner le chantier. Nous continuons à nos propres rythmes, le peloton devant et moi, l’échappée à l’arrière.
 
J’entre au pays Sami en Laponie, le Finnmark, la province la plus septentrionale du pays. Semi-désertique, infestée de moustiques en été, et j’en suis la preuve vivante aujourd’hui, piquée à travers mes vêtements. 
Le paysage se transforme peu à peu. J’aperçois les Alpes de Lyngen, massif des Alpes scandinaves et des mers de glace. C’est magnifique, grandiose… Je sens le froid venir de là-bas. 

J’ai parcouru cinquante kilomètres depuis Tromsø. La péninsule est partiellement coupée par le fjord Kjosen que je longe. L’eau est d’un vert turquoise, là aussi c’est surprenant, somptueux. Dominée par deux montagnes de plus de mille-six-cents mètres d’altitude, je me sens minuscule et fragile.

 
Aujourd’hui, je dois prendre deux ferries. Mes extases successives devant ces sites grandioses, me font voir le deuxième ferry partir juste au moment de mon arrivée. Je dois attendre une heure qui est vite mise à profit grâce à une discussion avec un jeune couple toulousain très sympathique, Johanna et Rémy. Ils sont ici pour quinze jours. Ils ont loué une petite maison et font de la randonnée. Ils sont d’ailleurs allés à pied jusqu’au glacier.
 
J’arrive à Olderdalen deux heures après les quatre garçons. Ils ont pu investir les lieux, ils ont eu le temps d’aller à la pêche, de faire des courses, de faire sécher leurs affaires dans le jardin. Youn est ravi car il a aussi réparé le contacteur de démarrage d’une voiture en panne appartenant à un Norvégien… 

Quant à moi j’ai eu la satisfaction d’avoir fait une longue étape de presque cent kilomètres, d’avoir pris le temps de m’arrêter peu après mon départ dans un kiosque, de discuter avec les gens pendant ma journée, d’avoir admiré et photographié ce qui m’entourait… 
Mais j’aimerais quand même bien aller à la pêche et avoir des soirées un peu plus longues !
Les Alpes de Lyngen
Les Alpes de Lyngen
Au camping de Tromsø
Au camping de Tromsø
Camping de Tromsø
Camping de Tromsø
Les Alpes de Lyngen
Les Alpes de Lyngen
Fjord Kjosen
Fjord Kjosen
Johanna et Rémy
Johanna et Rémy

Jour 87 - Mardi 9 août 2022
Olderdalen – Storslett – Sandnes 
65 Km

Ma cabine est agréablement décorée. Je m’y sens bien. Il y a même une petite étagère de livres, des miroirs en forme de cœur, des coussins… C’est à l’image du couple Vivian et Geir.

Tout va bien ce matin après une bonne nuit de sommeil. Il m’arrive parfois de ne pas dormir. Ce qui peut, éventuellement, perturber mon mental à cause de toutes les endorphines accumulées. C’est une perturbation extrêmement minime, néanmoins je la ressens.
 
Évidemment, les garçons me doublent. Ewen me dira au passage que je suis une « grosse nase » car j’ai fait un bon détour pour rien. Je sais aussi que je ne ferai plus équipe avec eux car ils vont faire une grande étape et j’ai décidé de ralentir ma cadence. J’ai encore beaucoup de temps devant moi, j’ai prévu mon retour le 24 août.


Un van me double, ses passagers sont très bruyants, des mains s’agitent à l’extérieur. Je suis étonnée. En principe les Norvégiens sont discrets. Au loin, je vois le van arrêté, les gens m’attendent au bord de la route en m’applaudissant. Cela vaut tout l’or du monde car ce n’est pas facile de toujours pédaler, de toujours forcer pour grimper les côtes, de toujours être seule. Les rencontres viennent ponctuer les journées, les embellissent, renforcent ce que je fais. On ne me dit plus « Courage ! » comme au début. Maintenant, si loin de chez moi on me dit « Respect !» « Incroyable ! ». Et on me demande régulièrement mon âge.


Ce sont donc trois couples de Français retraités. Ils ont loué leur van à Bodø et ils vont au cap Nord. Ils logent dans les chalets des campings. Ils n’en reviennent pas que je sois partie de Besançon à vélo, seule. Ils me prennent en photo sous toutes les coutures et font aussi des photos de groupe en me mettant au milieu. Ils veulent un souvenir de la Française à vélo ! 

Je passe un vrai bon moment avec eux. Une des dames me pose ces deux questions, « Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ? » « De quoi avez-vous besoin ? ». Deux messieurs m’avaient posé exactement les mêmes questions lorsque j’ai fait le tour de la France à vélo l’année passée. Ces phrases sont gravées dans ma mémoire ainsi que leurs visages. Ces voyageurs en van pour le cap Nord, s’arrêtent plus souvent que moi. Ils me doubleront à plusieurs reprises dans la journée avec les mains s’agitant à l’extérieur. En règle générale, on ne klaxonne pas un cycliste. La surprise peut faire chanceler.

Le camping de Sandnes est un petit camping de campagne avec de nombreuses cabines. Lorsque j’entre dans le bâtiment commun, je suis surprise ! En effet, les campeurs utilisent la maison, les sanitaires, la cuisine séparée en deux et la salle à manger des propriétaires. La sympathique et efficace Vivian et Geir son compagnon me reçoivent.

 
Au premier abord, j’ai du mal à définir le genre de Geir. Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive. Parfois le genre masculin n’est pas très précis, car le visage de certains hommes sont fins et glabres.
Geir se précipite dans la cuisine pour me préparer des gaufres, la spécialité norvégienne, qu’il m’offre tout spécialement, accompagnées de thé. Il rit tant et plus lorsque je lui dis d’où je viens. Il m’étreint étroitement sur son cœur. À mon grand désarroi car je n’ai pas l’habitude de ce genre d’effusion. 
Je pense qu’ils me prennent pour une originale, je pense qu’ils le sont aussi. 
 
Ensuite je pars à la pêche. À mon retour, lorsqu’ils me demandent si tout s’ést bien passé je n’ose leur dire que je n’ai pas trouvé d’endroit propice, que mon seul lancer n’a attrapé que des algues et que j’ai fait une belle promenade le long de la mer, la canne à pêche à la main. Je pense que Geir aurait là encore frappé dans ses mains en rigolant, ou m’aurait encore étreinte.
Ma cabine est agréablement décorée. Je m’y sens bien. Il y a même une petite étagère de livres, des miroirs en forme de cœur, des coussins… C’est à l’image du couple Vivian et Geir.







Au revoir Andreas
Au revoir Andreas
Des Français en van.
Des Français en van.
Une dame Samir. J’ai acheté quelques objets.
Une dame Samir. J’ai acheté quelques objets.
Ma cabine chez Vivian et Geir
Ma cabine chez Vivian et Geir
Cuisine commune avec Vivian et Geir
Cuisine commune avec Vivian et Geir
Camping de Sandnes Vivian et Geir
Camping de Sandnes Vivian et Geir
Camping de Sandres
Camping de Sandres

Jour 88 - Mercredi 10 août 2022
Sandnes / Oksfjordhamn / Badderen / Alteidet  
59 Km

Mais si j’étais allée là-bas je n’aurais pas rencontré Inger !

J’arrive rapidement à une montée raide et interminable. Je règle mes vitesses ! Petit plateau, grand pignon ! J’ai trente vitesses sur mon vélo, ça compense son poids. À vide, il pèse environ dix-sept kilogrammes. Il est conçu spécialement pour le cyclotourisme, pour les tours du monde. Avec Ewen, on a compté le nombre de rayons de nos vélos respectifs. J’en ai trente-six, lui trente-deux. J’ai des roues de vingt-six pouces, lui vingt-huit. Il casse régulièrement des rayons à l’arrière, son vélo est trop chargé. C’est lui qui porte essentiellement les courses. Youn porte la caisse à outils de trois kilogrammes, la mienne pèse un kilogramme, elle est a minima. Je pense avoir l’essentiel, trois rayons de rechange, une chambre à air, une clé multifonctions, de quoi réparer ma chaîne, de l’huile, des serflex, une petite clé pour serrer les écrous, des patins de freins, des crochets pour réparer les attaches des sacoches. Aucune casse, aucun écrou à resserrer, aucune crevaison.

 
Donc, je monte… je gravis la côte, je pédale… je mouline jusqu’au moment où je sens poindre deux petites douleurs, une au tibia gauche et une autre à l’arrière de la hanche droite où s’attachent muscles et tendons. Je ne sais pas si une douleur peut s’amplifier à l’effort et causer des dommages, ou si elle reste en l’état et disparaît telle qu’elle est apparue. Dans l’incertitude, je descends et je pousse mon vélo. Les douleurs disparaissent comme par enchantement. Ce ne sont pas les mêmes muscles et tendons qui sont sollicités à la marche et au pédalage. 

Lorsque j’arrive au sommet, au col de quatre-cent-deux mètres d’altitude, assez longtemps après, tous mes efforts sont récompensés par une vue splendide, mirifique. Je surplombe un assemblage de fjords encadré par la montagne enneigée. C’est le Kvænangsfjellet, une ligne de montagne. 

 
Pendant ma contemplation, un couple de camping-caristes vient vers moi. Ils m’ont vue les jours précédents et ont repéré que je voyageais seule. S’ensuit une discussion sympathique. Ils sont partis d’Allemagne en juin, ils vont au cap Nord, puis passeront par la Finlande à leur retour. Ils sont surpris de savoir que je suis partie de si loin et surtout seule. Monika me montre des photos. Ils font également du cyclotourisme avec leurs deux petits-fils. Je leur dis que je faisais équipe avec quatre jeunes, qu’ils vont vite et que j’arrive plusieurs heures après eux aux campings. Ils rient ! Wolfgang avoue aussi que les jeunes vont trop vite, qu’ils ne prennent pas assez le temps d’observer et de communiquer avec les autres durant leur voyage.

 
Plus loin, je rencontre cinq jeunes hommes dans un petit supermarché de village. Ils sont parisiens. Ils sont partis du cap Nord à pied pour rejoindre le sud de la Norvège. Ils ont récemment acheté des tentes pour être à l’abri. Ils n’avaient pas imaginé une météo pareille ! Ils font vingt-cinq kilomètres par jour. Ils ont de longues barbes et sont en boubou. Les gens d’ici leur ont dit qu’ils rencontreraient très certainement des difficultés, car ils vont arriver dans le sud en plein hiver, en novembre. J’ai l’impression qu’ils sont transis de froid, pourtant ils sont très habillés mais pas très bien chaussés… qu’est-ce que ce sera lorsqu’il neigera ! Ils semblent être dans une quête religieuse, ils font chaque année un voyage à pied dans un pays étranger.

Ils me demandent le but de mon voyage. Lorsque je leur dis que je n’ai pas de raison, que c’est juste pour le plaisir et le bonheur de faire ce que je fais, l’un est surpris. Il me répond, « Dieu vous accompagne ! ». Ma réponse le laisse stupéfait. Il est inconcevable pour lui de ne pas avoir de croyances !

 
Je leur souhaite beaucoup de plaisir et de bonheur dans leur expédition. Je pense aussi que le froid du Grand Nord et la neige risquent de les rattraper. 
Je me souviens d’un article de Nathan dans la revue 200, parti au cap Nord à vélo en novembre 2021. Un de ses objectifs quotidiens était de se faire héberger chez l’habitant. Les gens d’ici lui disaient qu’il allait mourir de froid dans les montagnes. Il a réussi de façon incroyable ! 
Lorsque j’ai parlé de Nathan à Marilyne, partie avec Radia à vélo pour Oslo, de façon inattendue, elle m’a dit le connaître. C’est un garçon de sa région. Le monde est vraiment petit !
 
Au camping d’Alteidet, Inger séjourne dans la cabine à côté de la mienne. À mon insu, elle me photographie sous toutes les coutures et me montrera plus tard les photos lorsque nous ferons connaissance.

 
Deux jeunes motards parisiens me remarquent dans le camping. Les bras leur en tombent de savoir que je voyage à vélo. Ils pensaient vivre une véritable aventure, mais comparé à moi, ils me disent qu’ils ne peuvent que réviser leur point de vue.

Ewen m’appelle et me dit qu’ils ont dormi la nuit précédente dans un vrai hytte de Samis, construit en terre avec des peaux de renne suspendues, et le braséro au milieu de l’abri. Ils l’ont utilisé pour griller le poisson de leur pêche. C’est à quelques centaines de mètres de mon camping où je suis déjà installée. Dommage ! 

 
Mais si j’étais allée là-bas je n’aurais pas rencontré Inger !


Storslett
Storslett
Storsleet
Storsleet
Construction d’un tunnel.
Construction d’un tunnel.
Sorstraumen
Sorstraumen
Storstraumen
Storstraumen
Jeunes hommes français partis à pied du cap Nord pour le sud de la Norvège
Jeunes hommes français partis à pied du cap Nord pour le sud de la Norvège
Anthonin
Anthonin

Jour 89 - Jeudi 11 août 2022
Alteidet / Ørbakken / Talvik / Storvik / Alta  
135 Km dont 24 km en bus

Mais faire du stop avec un vélo chargé de la sorte… il ne faut douter de rien !

Je pensais partir tôt, mais il y a Inger avec qui c’est un plaisir d’échanger. Elle a quelques années de plus que moi. Elle habite du côté de Narvik, à environ cinq heures de voiture de là. Elle a rendu visite à la famille de son mari. Ils habitent plus au nord.


Elle me dit avoir été surprise de me voir arriver avec cette impressionnante bicyclette. 
Elle a toutes les caractéristiques des Norvégiens, la douceur, le calme, le temps de vivre… et elle est rigolote.

J’aimerais pouvoir mieux échanger et davantage avec Inger. J’aime bien Inger ! Nous resterons en contact après mon retour en France.

J’ai une longue étape aujourd’hui car le camping intermédiaire est fermé. Alta est à centre-trente-cinq kilomètres. Deux étapes en une, et plusieurs tunnels ! Je ne suis pas au bout de mes peines…

Très rapidement j’ai l’impression de retrouver la même côte qu’hier.  Depuis l’île de Senja ça grimpe sec !!! Je vais y arriver saperlipopette !!! Je pédale, pédale, pédale inlassablement. J’avance très lentement avec mon vélo tortue comme me disait Paul.
Je sais qu’un tout petit ratage dans mon mouvement et ma bicyclette repartira en arrière. À la force que je dois mettre à chaque appui sur les pédales, je sais qu’elle est lourdement chargée. J’y arrive aujourd’hui ! Aucune petite douleur. Et même si elles étaient apparues j’aurais continué à pédaler.
 
J’y suis arrivée, je n’ai jamais posé le pied à terre durant mes lentes progressions. Il m’a fallu arriver en Laponie norvégienne, faire environ six-mille kilomètres pour pouvoir gravir des côtes de 7 à 9 %, avec un vélo et son équipement pesant entre quarante et cinquante kilos. Je ne suis plus la Française qui pousse son vélo dans les montagnes de Norvège.
Je suis ravie !!!

Il pleut à verse. Les voitures, les camping-cars, les caravanes et les camions vont vite, beaucoup plus vite qu’hier. Chacun a probablement envie de rejoindre au plus tôt sa destination. La route mouillée provoque un bruit considérable occasionné par les roues des véhicules. La vitesse est autorisée jusqu’à 90 km/h, ce qui n’est pas le cas ailleurs. Le gouvernement a-t-il oublié que cette route est aussi l’EuroVelo 1 qui va du cap Nord au Portugal ? 

 
Je vais rejoindre Alta où sont déjà arrivés les garçons. Je ferai en une journée ce qu’ils ont fait en deux journées. Ils me diront ce soir qu’ils ont trouvé hier, un hytte chez l’habitant, avec sauna de surcroît, à soixante kilomètres avant Alta. C’est dans un supermarché qu’ils ont eu l’information. Ils sont quatre, ils ont donc plus de ressources que moi pour dénicher des endroits sympathiques.

Je repère donc les quatre tunnels sur ma carte. Ils sont proches d’Alta. Deux sont interdits aux cyclistes. Une jolie petite route côtière contourne le premier. Plus loin, pour le deuxième, les choses se compliquent. Après plusieurs kilomètres sur la petite route d’évitement, je suis bloquée. La petite route n’existe plus. Elle a disparu avec le versant de la colline à cause d’un glissement de terrain.

 
J’appelle les garçons. Ils sont surpris de me savoir déjà là, car ils ne pensaient pas que j’arriverais à Alta aujourd’hui. Ils allaient me téléphoner ce soir pour m’informer de ne pas faire comme eux. En effet, ils ont évité avec bien des difficultés ce glissement de terrain, en passant par la forêt située plus haut sur la colline. Au risque que l’ensemble du versant s’effondre aussi. Impossible et hors de question pour moi !
 
Ils abandonnent leur projet de faire du camping sauvage. Ils vont donc louer un chalet dans un camping pour nous cinq. 

Je retourne sur mes traces pour rejoindre le tunnel et faire du stop.
Je me souviens… Lorsque j’habitais à Mayotte, ma voiture tombait fréquemment en panne. J’étais une rare m’zungu (une blanche) à prendre le taxi brousse et à faire du stop. La première fois, j’ai été très gênée. Une dame faire du stop pour se rendre au travail !!! Puis je me suis aperçue que c’était toujours d’excellents moments, propices à l’échange.

Mais faire du stop avec un vélo chargé de la sorte… Il ne faut douter de rien ! Qui n’ose rien, n’a rien ! Surtout que je n’aime pas les tunnels norvégiens ! Et les automobilistes roulent comme des fous aujourd’hui. Le premier véhicule arrive. Il s’arrête. C’est une camionnette. Le chauffeur s’enquiert de mes difficultés, mais il ne peut pas prendre mon vélo à l’arrière de son véhicule. Bon ! Il repart. Y’a de l’espoir !


Les voitures arrivent par salves.  C’est toujours comme ça en Norvège car personne ne double un autre véhicule.  Évidemment personne ne s’arrête. Il faudrait un pick-up. Je me sens un peu ridicule.

Puis je vois au loin un bus. Je lui fais signe de la main et contre toute attente, il s’arrête à ma hauteur. Quelle belle aubaine ! Je monte tout mon chargement. Le chauffeur refuse que je lui paye la course. Il a dû avoir pitié de moi ! 
 
Une vingtaine de kilomètres après, j’arrive à Alta. Il est vingt heures. J’ai traversé quatre tunnels, dont deux interdits pour nous et deux autres très circulants avec des véhicules roulant très vite. Ce qui veut dire qu’à vélo je serais arrivée à plus de vingt-trois heures au camping d’Alta.
 
Je retrouve les garçons alors que nous pensions ne plus nous revoir. Ils m’applaudissent à mon arrivée, j’ai fait une étape d’environ cent-trente kilomètres dont vingt-quatre kilomètres en bus. Ils ont eu le temps d’aller au site d’art rupestre d’Alta. 

Tout n’est pas perdu pour moi ! J’ai beaucoup d’avance, j’aurai le temps d’aller au site d’art rupestre à mon retour, lorsque je reviendrai à Alta.
 
Les garçons ont fait des courses gratuites. Tous les quatre se mettent à cuisiner. Quant à moi j’ai interdiction de bouger le petit doigt. Emiel est surpris car il veut me servir une boisson et je n’ai qu’un bol à lui présenter. Pour lui, ce récipient est fait pour de la soupe. Je lui explique que pour m’alléger, j’ai renvoyé par la Poste la plupart de mes affaires. Je n’ai plus que le strict nécessaire. Puis nous nous régalons d’énormes hamburgers, tellement épais qu’il est presque impossible de les manger, sinon en les déquadruplant.

Quel bonheur de les avoir rencontrés !





La tente d’une dame Samir
La tente d’une dame Samir
Une dame Samie.
Une dame Samie.
C’est pour moi. Je suis toujours la première servie.
C’est pour moi. Je suis toujours la première servie.
Youn … Franchement !
Youn … Franchement !

Jour 90 - Vendredi 12 août 2022
Alta / Skaidi / Olderfjord   
120 km

Un bateau sur son vélo, c’est pire qu’un accordéon sur son vélo !

Je quitte le camping après une petite séance photo organisée par Ewen. Emiel et Andi ne sont jamais loin et à mon insu ils apparaissent sur mes photos, elles sont très belles, pleines de vie. J’ai toujours aussi une surprise lorsque je reprends mon appareil photo à Ewen car il se prend en autoportrait, grimaçant…


Aujourd’hui, les quatre garçons vont faire une grande étape. Quant à moi, je vais passer la journée à Alta pour organiser mon voyage retour dans dix jours. Je dois trouver un grand carton pour ranger ma bicyclette dans l’avion. J’ai l’impression que ce ne sera pas une mince affaire.


Je suis surprise de recevoir une petite vidéo. Ce matin, Marion et Gauthier m’ont filmée traversant une rue à Alta en train de pousser mon vélo. Depuis le tunnel de Leknes, je ne les ai pas revus et je n’ai même pas vu le bus les transportant à Stockholm. Leur voyage à vélo est terminé. Ils sont repartis du cap Nord il y a quelques jours. Ces coïncidences étranges et si agréables nous poursuivent durant notre périple. 


Je règle mon organisation en un tour de main à Intersport par la réservation d’un grand carton. Je fais quelques courses, et à la sortie du supermarché un garçon s’adresse à moi. C’est Jordan, Lillois, trente-et-un ans, parti de Porto le 15 novembre 2021. Il a traversé tous les pays d’Europe, enfin presque. Il est entré depuis peu en Norvège arrivant directement à Alta depuis la Finlande. 

 
Incroyable ! Mais ahurissant ! Il transporte depuis son départ un bateau gonflable sur son porte-bagages arrière. Il occupe de l’espace même s’il est bien roulé. Il tracte au moins soixante kilogrammes de bagages, sans compter le poids de son vélo. 
Il est midi lorsque je lui dis que je vais me mettre en route pour une étape. Il me répond qu’il va m’accompagner, que cela fait longtemps qu’il n’a pas eu de compagnie. 

En route, il me raconte ses aventures et aussi qu’il n’a pas franchement utilisé son bateau. Peut-être une fois par mois, pour descendre certaines rivières. Son bateau est suffisamment spacieux, pour installer ses bagages et son vélo. 

Il me parle de son impossibilité à se séparer de son bateau, tout comme Ewen qui n’a pas pu se détacher de son accordéon, alors qu’il ne l’a jamais utilisé. Je lui raconte les facéties des garçons, les miennes… et nous passons un bon moment en pédalant ensemble. 

Il fallait bien s’y attendre… les côtes sont là et les nuages arrivent. On entre dans les nuages ! C’est comme ça ici ! Les nuages se faufilent entre les montagnes et nous englobent, nous mouillant comme on n’aimerait pas qu’ils le fassent. Il faut rapidement enfiler nos vêtements de pluie. Jordan pédale plus vite que moi. Il m’attend régulièrement en haut des côtes.

 
Puis tout se complique. Le vent se lève et lorsqu’il est de face la pluie se transforme en une multitude de petites aiguilles glacées qui me piquent le visage. Il fait très froid. Je suis obligée de mettre pour la première fois mes gants d’hiver mais je n’arrive pas à les enfiler correctement. Mes mains sont mouillées, trop froides et je me retrouve avec des doigts recroquevillés, sans pouvoir les glisser au fond des gants. Tant pis ! J’ai trop froid aux mains et je ne dois pas rester immobile trop longtemps par ce temps glacial. Il faut que je reparte rapidement. Mais la tenue des poignées de mon guidon n’est pas facile. 

Un bon moment après, la doublure intérieure de mes gants se remet enfin en place, me permettant d’allonger mes doigts et m’apporte un véritable confort.

J’ai toujours espoir de voir Jordan en haut d’une côte, mais j’ai trop de retard. Il m’a abandonnée ! Raisonnablement, il ne pouvait pas m’attendre. Dans ces conditions, il faut pédaler pour ne pas ressentir le froid intense et tenter d’arriver le plus vite possible à la fin de son étape. Nous savons l’un comme l’autre qu’elle sera longue avant le camping.


Je suis au pays des Samis. Je vois au loin des troupeaux de rennes et je pense que les Samis m’accepteraient si je leur demandais l’hospitalité. Je ne suis pas encore prête à ça. Finalement, je prends mon courage à deux mains pour une demande d’hébergement mais les deux maisons sont inhabitées. Ce n’est pas de chance ! 

 
Sur ce plateau extrêmement venté, les monts sont érodés. Il n’y a plus que de rares arbustes, quelques maisons de Samis et de grands troupeaux de rennes. Longtemps après, le paysage se transforme subitement, c’est plus à l’abri, il pleut moins, il fait moins froid. C’est ici que l’on trouve des chalets en bois, utilisés comme résidences secondaires pour les fins de semaine et les vacances par les habitants de Hammerfest, petite ville non loin sur la côte.  Les Hammerfesting viennent pêcher le saumon dans le Goahtemuorjohka, magnifique fleuve agrémenté de méandres, cascades, que j’ai eu le loisir de longer une grande partie de ma journée.
De minuscules arbres font leur apparition aussi mais ils sont tous cassés. Paysage de désolation causé par des vers.
 
Il est tard, il est vingt-et-une heures. J’ai encore quinze kilomètres à faire avant d’arriver au carrefour de Skaïdi où se trouvent un camping, un hôtel et un motel. Je redouble de vigueur, j’avale rapidement les kilomètres. Mais comble de malheur, le camping est privé. Et l’hôtel est fermé. Et le motel est complet. Et il est vingt-deux heures ! 
 
Les garçons sont à vingt-deux kilomètres dans un hytte pour six personnes. Je décide de les rejoindre, je n’ai pas le choix. Il pleut toujours, mais il fait un peu moins froid et j’ai maintenant le vent dans le dos pour une dernière côte de sept kilomètres et pour le reste des kilomètres avant d’atteindre le village d’Olderfjord.
 
Nous sommes le 12 août 2022, il est vingt-deux heures. À mon grand étonnement, le jour permanent est terminé… Il fait nuit ! Je dois faire vingt-cinq kilomètres dans l’obscurité… Une longue portion de route est encaissée entre d’épais fourrés. Je ne suis pas très rassurée. J’espère qu’aucun animal ne sortira des taillis. La peur me tenaille, ça me stimule et j’avance vite.

J’arrive à 23h15. Fantastique ! J’ai battu mon record de vitesse ! Les garçons m’ont préparé à dîner. Je pense toujours ne plus les revoir mais encore aujourd’hui, ils sont là, les quatre, au bout de ma longue étape de cent-vingt kilomètres. Quelle journée ! 


Je n’ai pas le numéro de téléphone de Jordan pour prendre des nouvelles. Lorsque je raconte que Jordan a un bateau sur son vélo, Ewen dira qu’il veut le rencontrer…. Un bateau sur son vélo, c’est pire qu’un accordéon sur son vélo !
Alta
Alta
Ewen
Ewen
Les trois garçons
Les trois garçons
Ando et Jordan à Alta
Ando et Jordan à Alta
Une équipe de foot de filles
Une équipe de foot de filles
Alta
Alta
Un troupeau de rennes
Un troupeau de rennes
Les maisons des Samis. Les motos-neige sont en place pour l’hiver approchant
Les maisons des Samis. Les motos-neige sont en place pour l’hiver approchant
Les arbres ont été dévastés par une invasion de vers
Les arbres ont été dévastés par une invasion de vers
Les rennes sont là
Les rennes sont là

Jour 91 - Samedi 13 août 2022
Olderfjord
20 km

Je dois sortir de là à toute vitesse, car de ce tapis de sol très moelleux sont sortis des centaines de midges qui me tournent autour. 

Les garçons repartent ce matin. Je vais faire une pause d’une journée au camping d’Olderfjord. Sur la terrasse de la cafétéria d’un magasin de souvenirs situé au bord de la seule route menant au cap Nord, je patiente en attendant les clefs d’un petit chalet.

 
Il fait beau ! J’observe un trafic incessant de bus pour le cap Nord. L’arrêt est obligatoire ici pour l’achat de quelques babioles à rapporter chez soi ou à offrir.
Mon vélo chargé de ses bagages fait sensation auprès des touristes un peu âgés, tout ankylosés après les centaines de kilomètres qu’ils viennent de parcourir.
Nombreux sont ceux qui s’approchent pour discuter avec moi. Une dame de Fribourg délaisse la grande boutique et s’installe à ma table. Elle est émue car je lui rappelle de bons moments qu’elle a vécus autrefois en tant que cyclotouriste. 


Qui vois-je arriver ? C’est Jordan ! Il était tellement gelé hier qu’il ne pouvait pas m’attendre. Face au vent, il a rejoint un camping à plusieurs kilomètres de Skaïdi et avec bien des difficultés, c’est sous la pluie qu’il a planté sa tente. 

Hier, j’ai voulu éviter cette situation et j’ai préféré ma fin de course dans la nuit afin d’arriver et dormir confortablement au chaud. 
Jordan repart et continue son étape d’une distance de cent-trente kilomètres.  Il a le désir de rencontrer les garçons, qu’il ne connaît pas encore, au camping de Honningsvåg au sud de l’île du cap Nord.
 
Je reste un bon moment sur la terrasse. De multiples fois, je suis prise en photo avec mon vélo. En toute humilité, j’ai l’impression d’être les prémices à la sculpture du globe métallique du cap Nord.

Ce matin, Emiel m’a montré sur son application un endroit propice à la pêche. J’y vais ! L’endroit est très joli. Je marche sur un tapis végétal dense, une vraie moquette de vingt centimètres d’épaisseur. Je suis prête ! Et hop ! Mon lancer est toujours parfait… mais impossible d’enrouler mon fil. Je n’avais pas vu qu’à une quinzaine de mètres il y avait de nombreuses algues. Décidément ! 

Je n’attends pas. Je sors rapidement mon couteau pour couper le fil et vite ranger mes affaires. Je dois sortir de là à toute vitesse, car de ce tapis de sol très moelleux sont sortis des centaines de midges qui me tournent autour. 
Auparavant, je n’avais jamais imaginé que la pêche était tout un art.

Youn m’a avertie ce matin, que demain, un fort vent latéral risquera de me mettre en difficulté. Demain, je dois franchir mon plus long tunnel, le plus profond. Je suis confiante…



Camping Olderfjord
Camping Olderfjord
Bonne route !
Bonne route !
Ils partent pour l’île de Magerøya
Ils partent pour l’île de Magerøya
Jordan.
Jordan.
Commentaires
cousine - 03 juil. 2022
Coucou cousine,
beaucoup de pensées vers toi, je t'envie, ici c'est le cirque !...
Merci de me faire voyager avec tes belles photos. 🥰 🎪

Johanna et Rémy - 11 août
C'était un grand plaisir de vous rencontrer ! On a pensé à vous en mangeant une glace hier. Bon courage pour vos dernières étapes :)

domii70 - 11 août
Hello Jacqueline.
Tu as quitté tes compagnons de route. Tu roules vers tes dernières étapes🚵‍♀️🚵‍♂️. Courage.

CaroC - 15 août
Hourra !!!!!!
Ton but atteint !!!!!
Le 15 mai nous t'avions accompagnée à langres.
Tu as bravé le vent, la pluie, la pluie,
la re-pluie, les montées, la fatigue,....
Ce périple, décrit au fil des semaines sur cette page, les photos partagées, tu nous as fait voyager avec toi.
Ces rencontres, ces personnes qui t'ont applaudie, qui ont souri, été étonnées, abasourdies,....
Un grand hourra pour ton arrivée "au pays du père Noël" où les cadeaux ne poussent pas à même le sol comme l'imaginait Gaël.
Savoure cette arrivée, le point d'achèvement de ces trois mois intenses, riches, stimulants,...
👏👏👏
😘😘😘

Marie France - 16 août
Ça y est Jacqueline !?
Tu y es ? Bravo, bravo pour cette fantastique épopée !
Merci à ta fille de donner des nouvelles.
J'attends avec impatience les détails qui seront savoureux j'en suis sûre .
Profite encore des gens et des lieux, savoure tes derniers jours en Norvège.

domii70 - 16 août
Hello Jacqueline , que dire bravo super bravo !!!!!!
Tu es arrivée au Cap Nord avec pleins de merveilleux souvenirs (rencontres, paysages) , tu as bravé le vent, la pluie, les rencontres d'animaux (élan, rennes du père Noël).
Merci pour tes écrits, j'ai voyagé dans ces pays nordique.

Marijoautun - 16 août
Coucou Jacqueline,
Toutes mes félicitations, mille bravo. Transmets mon bonjour au père Noël.
Merci de m'avoir fait voyager et donner l'envie d'aller visiter les pays nordiques.
Bisous profite des jours qu'il te reste.

Lorena - 19 août
Félicitations Jacqueline!
C'était vraiment inspirant de faire ta connaissance et c‘était super amusante lire de ton voyage. C'est tellement impressionnant que tu aies entrepris ce voyage.
Cela a dû être une sensation incroyable lorsque tu as atteint ton but.
Liebe Grüße, Lorena

Denis Odile - 21 août
quelle belle région que vous traversez, une de plus qui nous fait rêver.
Courage, quel beau périple bravos.