L'improbable voyage à vélo de Besançon au cap Nord en 2022.
94 jours
5638km
+26238m
/ -26332m

À Caroline ma fille et à Gaël mon petit-fils,
De Besançon au cap Nord… Chiche !
Besançon – le cap Nord…
Partir en solitaire, un défi pour un si long voyage à vélo !
Il faut donc relever la bravade par un premier coup de pédale. Mes premiers voyages de cinq-cents kilomètres, qu’aujourd’hui je considère comme de courtes distances, m’ont fait découvrir ce qui m’apportait de l’étonnement, de multiples surprises et surtout, ce qui me procurait un véritable sentiment de liberté. Au fur et à mesure, j’ai allongé ces dernières années mes périples avec parfois une impression de frustration. À mon retour, ce n’était jamais assez…
Celui-ci sera le plus long, le plus ambitieux que j’aurai entrepris !
Toutes mes pérégrinations à vélo ont été l’occasion de faire des rencontres magiques, de découvrir des paysages magnifiques, de vivre des surprises émouvantes. Quand je pédale, j’éprouve un grand sentiment de liberté. Je deviens philosophe, poète, artiste.
Je partage mes réflexions et mes sentiments, mes efforts aussi, avec les cyclotouristes qui m’accompagnent quelquefois sur des dizaines de kilomètres. Certains me disent que croiser une dame de mon âge, j’ai soixante-huit ans, seule, à vélo, partant si loin, les aide et les motive. Moi aussi je suis très enthousiaste et je continue, le nez au vent et les sourires dans mon baluchon.
Mais le plus amusant et flatteur aussi, je l’avoue, c’est de lire dans le regard de certains l’étonnement, l’admiration et le respect. Parfois même, on me perçoit comme une personne « perchée à l’âme romantique ». Mais tous font preuve d’humanité. Ils sont accueillants, aimables, généreux et surtout émerveillés !
Certaines amies m’ont attribué le terme de « jeunior ». D’autres sont subjuguées. Rares sont celles qui me regardent d’un air circonspect voire dubitatif. Ma fille Caroline, qui sait que je ne suis pas une personne éthérée et que je n’outrepasserai pas mes capacités physiques, me fait confiance et c’est important. De cette façon, je pars tranquille pour ce long voyage, l’esprit léger.
Quant à Gaël, mon petit-fils, adepte de cyclotourisme depuis nos échappées complices, il sera penché sur les cartes, à tracer mon parcours et à dessiner des campings et des restaurants.
Mais je sais qu’au fond de lui, il aimerait partir avec moi pour pouvoir cueillir les cadeaux comme autant de fleurs magiques parce qu’il est sûr que je vais rencontrer le père Noël au cap Nord !
Enfin, pour mon retour, fin août 2022, lorsque je prendrai l’avion à Alta en Norvège, mes sacoches, mon cœur, ma tête, mes jambes aussi, seront sans doute pleins de souvenirs, de rencontres, de paysages, de saines fatigues qui me rendront heureuse et fière d’avoir fait ce que j’aurai fait en trois mois.
Activité :
vélo de randonnée
Statut :
réalisé
Distance :
5638km
DATE :
15/05/2022
Durée :
94 jours
Dénivelées :
+26238m
/ -26332m
Alti min/max :
-1m/488m
L'improbable voyage à vélo de Besançon au cap Nord en 2022.
Les étapes :
1
mise à jour : 12 avr. 2023
Dernier point intergénérationnel sur mon parcours du périple à vélo de plus de trois mois jusqu’au cap Nord.
Dernière fin de semaine de préparatifs : bagages, jardin… tout est (presque) en ordre. Top départ dimanche matin 15 mai !
Gaël suit mon tracé sur la carte qui lui est destinée ! Il a repéré ma traversée de la mer pour arriver en Norvège.
Tout au nord c’est le cap Nord !
Dernière fin de semaine de préparatifs : bagages, jardin… tout est (presque) en ordre. Top départ dimanche matin 15 mai !
Gaël suit mon tracé sur la carte qui lui est destinée ! Il a repéré ma traversée de la mer pour arriver en Norvège.
Tout au nord c’est le cap Nord !
2
331km
+1397m /
-1700m
mise à jour : 04 janv. 2024
France
Besançon / Dijon – 150 km
Dimanche 15 mai 2022 – 1er jour
Langres / Montigny-le-Roi / Bourg-Sainte-Marie – 75 km
Nous agitons nos bras et puis je pars
Je rejoins Dijon à bicyclette. Deux jours pour me mettre en jambe et m’éloigner paisiblement de ma maison, de mes amis, de ma ville. Deux jours de préambules, d’entrée en matière pour oublier la préparation, les entraînements, l’agitation m’environnant.
Je passe quelque temps avec Caroline ma fille et Gaël mon petit-fils. Ma famille. Moments sereins, calmes, nécessaires aux prémices de ce long voyage.
Quelques jours après, mon voyage commence. Je débute l’EuroVelo 19 à Langres et c’est sous l’égide de Diderot que je m’élance vers le cap Nord. Et c’est ici que je quitte Caroline et Gaël. Nous nous étreignons longuement. Ils m’accompagnent sur quelques dizaines de mètres et quand on se sépare, on a les yeux embués.
Il faut partir.
Je me retourne une fois. Caroline et Gaël ont rapetissé à l’autre bout du chemin. Ils se retournent aussi. Nous agitons nos bras et puis je pars, je ne dois plus regarder en arrière.
Mes sentiments sont ambigus. Je sais la fierté de Caroline d’avoir une mère partant pour un si long voyage à vélo, son inquiétude, car je pars seule, pour plusieurs mois, sur une si frêl...
3
365km
mise à jour : 04 janv. 2024
Vendredi 20 mai – 6e jour
Douzy / Sedan / Charleville-Mézières / Revin – 95 km
Première erreur…
Après une bonne nuit d’orage, à l’abri dans le joli camping de Douzy, je m’élance dès l’aurore. J’ai l’intention de m’arrêter boire un thé à Sedan, mais je ne verrai jamais Sedan caché par une forêt. Je fonce sur Charleville-Mézières. J’avance bien aujourd’hui, c’est plat ! Je n’ai plus de douleurs occasionnées par les frottements de ces satanés cuissards et plus d’échauffement sous la plante des pieds.
Après quarante kilomètres à grande vitesse pour moi (18 km/h) j’arrive sur la place ducale de Charleville. J’aime bien cette ville. Je prends mon temps. Je flâne. Je déjeune sur cette jolie place d’une symétrie parfaite.
Arthur Rimbaud est là ! Quelques textes manuscrits reproduits et illustrés sur les murs, quelques fresques d’évocations, des statues du poète, un jardin… Toutes ces dédicaces m’accompagnent au gré de mes déambulations. Et comme un clin d’œil, au moment de reprendre la route, ce poème « Départ », dont le dernier vers « Départ dans l’affection et le bruit neufs » correspond si bien au projet fou que je me suis donné.
Sous une pluie battante et enfouie dans mes vêtements étanches, je quitte la ville. La pluie diluvienne alterne avec le soleil, je sèche donc… sur mon vélo.[/ju...
4
mise à jour : 04 janv. 2024
Mercredi 25 mai – 11e jour
Ruremonde / Venlo / Well – 77 km
Respect !
À l’inverse d’hier, je croise plusieurs cyclotouristes. Le soleil resplendit. Les mines des habitants de la région sont sympathiques et avenantes aujourd’hui. Les villages rougeoient sous leurs briques cramoisies. Chaque maison possède sa vitrine ; c’est la grande fenêtre du salon qui expose soit de magnifiques bouquets de fleurs, soit de beaux objets, ou effrontément, de jolies sculptures. Autrefois, les habitants se sont approprié les espaces publics. Ils ont considéré que les enfants devaient pouvoir jouer dans la rue. La raison était toute trouvée pour concevoir ces grandes fenêtres sans rideaux : surveiller les enfants !
Un cyclotouriste parti seul d’Allemagne et allant à Amsterdam me prend en photo devant la sculpture de Neptune au port d’accueil de Venlo. Grâce à des phrases mots, nous nous comprenons et nous terminons mutuellement par un signe de respect !
Le voyageur à vélo et surtout une femme seule, d’un certain âge, qui fait ce que beaucoup pensent hors de portée pour eux-mêmes, force a priori le respect. Au mini camping de Well, il n’y a que des retraités hollandais en caravanes. C’est un peu une surprise pour eux de me voir me pointer en fin de journée. Ils veulent tout savoir à mon sujet. Le geste est universel : « chapeau bas » ; ...
Ruremonde / Venlo / Well – 77 km
Respect !
À l’inverse d’hier, je croise plusieurs cyclotouristes. Le soleil resplendit. Les mines des habitants de la région sont sympathiques et avenantes aujourd’hui. Les villages rougeoient sous leurs briques cramoisies. Chaque maison possède sa vitrine ; c’est la grande fenêtre du salon qui expose soit de magnifiques bouquets de fleurs, soit de beaux objets, ou effrontément, de jolies sculptures. Autrefois, les habitants se sont approprié les espaces publics. Ils ont considéré que les enfants devaient pouvoir jouer dans la rue. La raison était toute trouvée pour concevoir ces grandes fenêtres sans rideaux : surveiller les enfants !
Un cyclotouriste parti seul d’Allemagne et allant à Amsterdam me prend en photo devant la sculpture de Neptune au port d’accueil de Venlo. Grâce à des phrases mots, nous nous comprenons et nous terminons mutuellement par un signe de respect !
Le voyageur à vélo et surtout une femme seule, d’un certain âge, qui fait ce que beaucoup pensent hors de portée pour eux-mêmes, force a priori le respect. Au mini camping de Well, il n’y a que des retraités hollandais en caravanes. C’est un peu une surprise pour eux de me voir me pointer en fin de journée. Ils veulent tout savoir à mon sujet. Le geste est universel : « chapeau bas » ; ...
5
325km
+134m /
-133m
mise à jour : 04 janv. 2024
Lundi 30 mai – 16e jour
Bootsverleih / Maassluis / Hoek van Holland / Katwijk / Langeveld – 73 km
« Eh bien ! Toi, tu n’es pas encore arrivée si toutefois tu y arrives ! »
Après mes premiers mille-deux-cents kilomètres, un nouveau spectacle est au bout du chemin, la mer du Nord. Celle qui, dit-on, est noire. Ceci est dû aux sédiments : sable, argile, débris de coquillages, algues, bactéries qui ne restent pas sur le fond marin à cause des marées, des courants et des tempêtes.
Pour moi, vivant loin de la mer, à Besançon, à l’est de la France, le regard arrêté par les montagnes, les forêts, la ville, contempler la mer est toujours un grand moment. Un horizon où il n’y a que de l’horizon.
Le ciel est couvert d’un délicat voile léger. J’entends le cri des mouettes, le clapotis des vagues. Je m’installe sur un banc sur cette immense plage. Je m’immerge dans ce milieu. Je laisse mon corps se détendre après ces milliers de coups de pédales. Je prête attention à ma respiration, aux battements de mon cœur. J’éprouve une intense sensation de liberté.
Je quitte « La Meuse à vélo », « La Massroute » ou « L’EuroVelo 19 ».
Et pendant une quinzaine de jours je me suis délectée de magnifiques paysages entre Langres et Hoek van Holland.
Les rencontres, les...
Bootsverleih / Maassluis / Hoek van Holland / Katwijk / Langeveld – 73 km
« Eh bien ! Toi, tu n’es pas encore arrivée si toutefois tu y arrives ! »
Après mes premiers mille-deux-cents kilomètres, un nouveau spectacle est au bout du chemin, la mer du Nord. Celle qui, dit-on, est noire. Ceci est dû aux sédiments : sable, argile, débris de coquillages, algues, bactéries qui ne restent pas sur le fond marin à cause des marées, des courants et des tempêtes.
Pour moi, vivant loin de la mer, à Besançon, à l’est de la France, le regard arrêté par les montagnes, les forêts, la ville, contempler la mer est toujours un grand moment. Un horizon où il n’y a que de l’horizon.
Le ciel est couvert d’un délicat voile léger. J’entends le cri des mouettes, le clapotis des vagues. Je m’installe sur un banc sur cette immense plage. Je m’immerge dans ce milieu. Je laisse mon corps se détendre après ces milliers de coups de pédales. Je prête attention à ma respiration, aux battements de mon cœur. J’éprouve une intense sensation de liberté.
Je quitte « La Meuse à vélo », « La Massroute » ou « L’EuroVelo 19 ».
Et pendant une quinzaine de jours je me suis délectée de magnifiques paysages entre Langres et Hoek van Holland.
Les rencontres, les...
6
300km
mise à jour : 04 janv. 2024
Samedi 4 juin – 21e jour
Harlingen / Sint Jacobiparochie / Blije / Ternaard – 66 km
Les yeux de Jean
Des pensées s’invitent au rythme de mes coups de pédale.
Je me souviens de Jean, parti du Portugal à vélo, et rencontré à Besançon en mars dernier dans le froid et la pluie. Il avait les yeux transparents. Des yeux baignés par la luminosité, par le soleil. Lorsque ses yeux vous regardaient on pouvait y lire la générosité, le bonheur, la quiétude, la félicité du nomade, du voyageur à pied ou à vélo.
Ces regards favorisent aussi de belles rencontres !
Je reviens à une autre réalité, mon ennemi réapparaît. Je le brave toute la journée. Il rabat ma vitesse considérablement et je n’ai aucun moment de trêve… Je pédale pendant presque sept heures sur une piste plate pour seulement soixante-six kilomètres. Si je devais grimper avec un tel vent… autant ne pas y penser !
Malgré tout, je m’arrête fréquemment. En pleine campagne, de petites cabanes permettent d’acheter des œufs, des légumes et des fruits. À proximité d’une ferme, un emplacement bien végétalisé, parfaitement fleuri m’invite à une petite pause. La petite cabane du lieu est bien approvisionnée. Et je m’offre un petit festin composé d’une soupe, d’un jus de fruits maison, d’un café crème, de biscuits… Je glisse mon arg...
7
352km
mise à jour : 04 janv. 2024
Jeudi 9 juin – 26e jour
Neuwapelergroden / Nordenham / Bremerhaven / Spaden – 88 km
Parcours mystère !
La région est un peu touristique. On vient voir la mer du Nord en se promenant sur la digue ou en s’asseyant sur un banc. Les villages sont bien pourvus en petits restaurants avec terrasses. Je ne vois que rarement la mer du Nord. Depuis des centaines de kilomètres de gigantesques digues me la cachent. Parfois je les grimpe à pied pour la contempler. Depuis quelque temps, elle est grise, couleur du ciel.
Régulièrement sur mon chemin je trouve des petits chalets, tous identiques, peints de différentes nuances de vert, avec la marque Melkhus. Ce sont des aires de repos pour marcheurs ou cyclistes. Les fermes rurales proposent des spécialités laitières et parfois des produits de la région. J’effectue mon paiement en glissant mon argent dans une boite-tirelire. Je me régale de desserts à base de lait : yaourts, lait frappé aux fruits rouges, glaces… et aussi du café. Simplement délicieux !
Pareillement aux Pays-Bas, les villages présentent des sculptures en bronze au bord de la mer. Elles peuvent rendre hommage aux travailleurs des digues, aux femmes en attente de leur mari ou enfants partis à la pêche… Parfois l’œuvre est perchée tout en haut d’un poteau. Un vrai musée à ciel ouvert !
Comme aux Pays-Bas, quelques territoires de l’Allemagne se trouvent au-dessous du niveau de la...
Neuwapelergroden / Nordenham / Bremerhaven / Spaden – 88 km
Parcours mystère !
La région est un peu touristique. On vient voir la mer du Nord en se promenant sur la digue ou en s’asseyant sur un banc. Les villages sont bien pourvus en petits restaurants avec terrasses. Je ne vois que rarement la mer du Nord. Depuis des centaines de kilomètres de gigantesques digues me la cachent. Parfois je les grimpe à pied pour la contempler. Depuis quelque temps, elle est grise, couleur du ciel.
Régulièrement sur mon chemin je trouve des petits chalets, tous identiques, peints de différentes nuances de vert, avec la marque Melkhus. Ce sont des aires de repos pour marcheurs ou cyclistes. Les fermes rurales proposent des spécialités laitières et parfois des produits de la région. J’effectue mon paiement en glissant mon argent dans une boite-tirelire. Je me régale de desserts à base de lait : yaourts, lait frappé aux fruits rouges, glaces… et aussi du café. Simplement délicieux !
Pareillement aux Pays-Bas, les villages présentent des sculptures en bronze au bord de la mer. Elles peuvent rendre hommage aux travailleurs des digues, aux femmes en attente de leur mari ou enfants partis à la pêche… Parfois l’œuvre est perchée tout en haut d’un poteau. Un vrai musée à ciel ouvert !
Comme aux Pays-Bas, quelques territoires de l’Allemagne se trouvent au-dessous du niveau de la...
8
338km
+921m /
-874m
mise à jour : 04 janv. 2024
Mardi 14 juin – 31e jour
Süderhafen / Schlüttsiel / Niebūll / Rudbøl (Danemark) – 110 km
La tentation, plus forte que la raison
Mon objectif est de passer la frontière du Danemark aujourd’hui, mais elle est à plus de quatre-vingt-dix kilomètres. Je pars à l’aube. Il fait douze degrés. Je sens le besoin de mettre un bonnet sous mon casque. Je pédale plusieurs dizaines de kilomètres sur une étroite bande de terre avec pour seule compagnie mes innombrables amies les brebis, leurs agneaux et la mer du Nord à ma gauche. Les brebis sont toujours aussi imperturbables. Les agneaux restent effarouchés à mon approche. Les maisons qui ont pour la plupart des toits de chaume ont perdu leurs fenêtres-vitrines. Elles ont beaucoup de charme et sont embellies par des jardins très fleuris.
Le matin je n’ai pas beaucoup de rendement ! Je fais de nombreuses photos, je m’arrête dans les kiosques-buvettes et aujourd’hui je reprends même un deuxième petit-déjeuner en milieu de matinée, puisque le patron me propose un pain fourré de poisson, d’oignons et de salade. Mes règles alimentaires deviennent flexibles lorsque je pédale toute la journée. C’est souvent vers midi que je remarque que mon compteur affiche un nombre ridicule de kilomètres. Je m’oblige alors à plus de rigueur et à un pédalage plus énergique.
P...
Süderhafen / Schlüttsiel / Niebūll / Rudbøl (Danemark) – 110 km
La tentation, plus forte que la raison
Mon objectif est de passer la frontière du Danemark aujourd’hui, mais elle est à plus de quatre-vingt-dix kilomètres. Je pars à l’aube. Il fait douze degrés. Je sens le besoin de mettre un bonnet sous mon casque. Je pédale plusieurs dizaines de kilomètres sur une étroite bande de terre avec pour seule compagnie mes innombrables amies les brebis, leurs agneaux et la mer du Nord à ma gauche. Les brebis sont toujours aussi imperturbables. Les agneaux restent effarouchés à mon approche. Les maisons qui ont pour la plupart des toits de chaume ont perdu leurs fenêtres-vitrines. Elles ont beaucoup de charme et sont embellies par des jardins très fleuris.
Le matin je n’ai pas beaucoup de rendement ! Je fais de nombreuses photos, je m’arrête dans les kiosques-buvettes et aujourd’hui je reprends même un deuxième petit-déjeuner en milieu de matinée, puisque le patron me propose un pain fourré de poisson, d’oignons et de salade. Mes règles alimentaires deviennent flexibles lorsque je pédale toute la journée. C’est souvent vers midi que je remarque que mon compteur affiche un nombre ridicule de kilomètres. Je m’oblige alors à plus de rigueur et à un pédalage plus énergique.
P...
9
223km
+443m /
-510m
mise à jour : 05 janv. 2024
Dimanche 19 juin – 36e jour
Thyborøn / Stenbjerg / Klitmøller / Hanstholm – 86 km
La bière du matin
Je prends le ferry à Thyborøn tôt ce matin.
Brusquement c’est le spectacle ! Ils arrivent. Ils sont dix à mobylette. Hier en arrivant à Thyborøn, j’ai croisé des motocyclistes qui prenaient un cours avec un instructeur. La plupart avait des barbes blanches. Aucune femme n’était présente parmi eux. Ils ne semblaient pas en grande sécurité sur leurs engins.
Ceux qui arrivent au ferry ce matin ont entre trente et quarante ans. Ceux-là ont l’habitude, ils sont aguerris. Ils partent en vacances à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux. En guise de sacoche, ils ont tous une caisse en plastique à l’arrière et certains ont l’essence dans des jerricans accrochés de part et d’autre de leur mob.
Le plus atypique est celui qui tire une grosse remorque surmontée d’un parasol. C’est le bistrot à lui tout seul ! C’est la voiture-balai ! Dans la remorque il y a une énorme bonbonne de bière. Ils se servent déjà de bière pression en attendant le ferry au soleil levant. Les mobylettes circulent ici aussi sur les pistes cyclables, il n’y a pas d’obligation de porter de casque. Dorénavant, si je vois un groupe de ces passionnés sur la piste, je me hâterai de me mettre hors de leur portée dans le talus ! [/justify...
Thyborøn / Stenbjerg / Klitmøller / Hanstholm – 86 km
La bière du matin
Je prends le ferry à Thyborøn tôt ce matin.
Brusquement c’est le spectacle ! Ils arrivent. Ils sont dix à mobylette. Hier en arrivant à Thyborøn, j’ai croisé des motocyclistes qui prenaient un cours avec un instructeur. La plupart avait des barbes blanches. Aucune femme n’était présente parmi eux. Ils ne semblaient pas en grande sécurité sur leurs engins.
Ceux qui arrivent au ferry ce matin ont entre trente et quarante ans. Ceux-là ont l’habitude, ils sont aguerris. Ils partent en vacances à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux. En guise de sacoche, ils ont tous une caisse en plastique à l’arrière et certains ont l’essence dans des jerricans accrochés de part et d’autre de leur mob.
Le plus atypique est celui qui tire une grosse remorque surmontée d’un parasol. C’est le bistrot à lui tout seul ! C’est la voiture-balai ! Dans la remorque il y a une énorme bonbonne de bière. Ils se servent déjà de bière pression en attendant le ferry au soleil levant. Les mobylettes circulent ici aussi sur les pistes cyclables, il n’y a pas d’obligation de porter de casque. Dorénavant, si je vois un groupe de ces passionnés sur la piste, je me hâterai de me mettre hors de leur portée dans le talus ! [/justify...
10
mise à jour : 05 janv. 2024
Norvège
Samedi 25 juin – 42e jour
Frederikshavn / Oslo – 345 km en paquebot – 20 km à vélo
En retard, en retard !
La nuit fut courte !
Ce matin, au petit-déjeuner, je découvre un vaste buffet particulièrement copieux. Une visite du ferry me conduit à des endroits jeux pour les enfants et sur le pont pour les photos. L’arrivée dans l’Oslofjord long de dix-sept kilomètres montre une vue exceptionnelle. Hélas mes photos ne rendent aucunement justice à la somptuosité de cette arrivée à Oslo.
Une première petite épreuve m’attend à l’arrivée au port. Je n’arrive pas à trouver la porte pour rejoindre la cale du bateau. Je n’ai pas prêté attention aux appels nous demandant de rejoindre nos véhicules. Tout est désert dans les coursives. Je dois être excessivement en retard ! Tout le monde est déjà parvenu aux deux cales. Sauf moi ! De surcroît il y a deux cales et je ne sais dans laquelle j’ai stationné ma bicyclette. Je n’ai pas remarqué à mon arrivée au milieu de la nuit, les escaliers étroits menant à de multiples portes en fer, verrouillées, saut une… la seule un peu cachée que je ne tente pas d’ouvrir ce matin.
Les minutes passent. Je remonte, je redescends, je remonte… je ne vois personne qui pourrait me renseigner. J’ai largement le temps de me dire que seules les situations à risque mortel sont à craindre…
Au cours d...
11
mise à jour : 05 janv. 2024
Mardi 28 juin – 45e jour
Oslo / Bergen – 500 km en train
Pas de chambre : une chance !
Je dois poursuivre mon voyage. J’abandonne le pédalage pour relier Oslo à Bergen, situé sur la côte sud de la Norvège. Sur près de cinq-cents kilomètres en train, cette ligne passe pour être l’un des plus jolis itinéraires du monde.
Je ne passe pas inaperçue à la gare d’Oslo. Un monsieur se précipite pour m’aider à monter mon chargement dans le train.
Je suis au plus proche pour contempler les paysages contrastés caractéristiques de la Norvège. Je commence par traverser des paysages urbains, avant de voir défiler les grands paysages emblématiques de la nature norvégienne, vallées boisées, fjords et le plus vaste plateau montagneux d’Europe du Nord, le Hardangervidda.
J’arrive en début d’après-midi. Je visite Bergen. C’est la deuxième ville du pays et le deuxième port de Norvège. Les touristes sont là ! C’est d’ici que part l’Hurtigruten, le célèbre express côtier desservant trente-quatre ports. Il longe la côte jusqu’à la frontière russe. C’est cette côte que je vais suivre à vélo et par la route jusqu’au cap Nord.
Le camping est trop éloigné de la ville. Je ne trouve pas de chambre d’hôtel. Une chance pour mon portefeuille !
Je prends le temps d’observer...
Oslo / Bergen – 500 km en train
Pas de chambre : une chance !
Je dois poursuivre mon voyage. J’abandonne le pédalage pour relier Oslo à Bergen, situé sur la côte sud de la Norvège. Sur près de cinq-cents kilomètres en train, cette ligne passe pour être l’un des plus jolis itinéraires du monde.
Je ne passe pas inaperçue à la gare d’Oslo. Un monsieur se précipite pour m’aider à monter mon chargement dans le train.
Je suis au plus proche pour contempler les paysages contrastés caractéristiques de la Norvège. Je commence par traverser des paysages urbains, avant de voir défiler les grands paysages emblématiques de la nature norvégienne, vallées boisées, fjords et le plus vaste plateau montagneux d’Europe du Nord, le Hardangervidda.
J’arrive en début d’après-midi. Je visite Bergen. C’est la deuxième ville du pays et le deuxième port de Norvège. Les touristes sont là ! C’est d’ici que part l’Hurtigruten, le célèbre express côtier desservant trente-quatre ports. Il longe la côte jusqu’à la frontière russe. C’est cette côte que je vais suivre à vélo et par la route jusqu’au cap Nord.
Le camping est trop éloigné de la ville. Je ne trouve pas de chambre d’hôtel. Une chance pour mon portefeuille !
Je prends le temps d’observer...
12
376km
+3862m /
-3854m
mise à jour : 05 janv. 2024
Dimanche 3 juillet – 50e jour
Førde / Ramsdal / Florø / Selje – 70 km + 80 km
Les rencontres fondamentales
De nombreux tunnels jalonnent mon étape d’aujourd’hui. Le tunnel à la sortie de la ville est aussi interdit aux vélos. Donc, on ne peut ni entrer et ni sortir de cette ville à vélo. La journée balbutie à peine et je saute dans un bus qui me dépose peu après le tunnel.
À mon arrivée à Florø je me rends à son joli camping tout en terrasses. Comme, pour les derniers kilomètres pluvieux je n’ai pas pris la peine de me couvrir de mes vêtements imperméables, j’y arrive sous dix degrés, frigorifiée et trempée jusqu’aux os.
De petits chalets sont installés au milieu des arbres. La vue donne sur la mer. Je suis accueillie par Hadrien qui m’offre un café démesuré.
Mes étapes à venir me causent un peu d’effroi. Les dénivelés oscillent entre deux-mille et deux-mille-cinq-cents mètres pour des parcours de quatre-vingts kilomètres. Je décide donc de prendre le ferry en fin de journée. Le gentil Hadrien m’indique les horaires et m’emmène dans sa Tesla pour repérer l’embarcadère, car il est difficile à trouver.
Lorsque je lui dis que j’ai tout le confort en France, une maison, une voiture dans le garage, une caravane, des amis, une famille et que je suis ici en habit de vélo à pédaler dans les montagnes des fjords, sous la pluie et le froid de ...
Førde / Ramsdal / Florø / Selje – 70 km + 80 km
Les rencontres fondamentales
De nombreux tunnels jalonnent mon étape d’aujourd’hui. Le tunnel à la sortie de la ville est aussi interdit aux vélos. Donc, on ne peut ni entrer et ni sortir de cette ville à vélo. La journée balbutie à peine et je saute dans un bus qui me dépose peu après le tunnel.
À mon arrivée à Florø je me rends à son joli camping tout en terrasses. Comme, pour les derniers kilomètres pluvieux je n’ai pas pris la peine de me couvrir de mes vêtements imperméables, j’y arrive sous dix degrés, frigorifiée et trempée jusqu’aux os.
De petits chalets sont installés au milieu des arbres. La vue donne sur la mer. Je suis accueillie par Hadrien qui m’offre un café démesuré.
Mes étapes à venir me causent un peu d’effroi. Les dénivelés oscillent entre deux-mille et deux-mille-cinq-cents mètres pour des parcours de quatre-vingts kilomètres. Je décide donc de prendre le ferry en fin de journée. Le gentil Hadrien m’indique les horaires et m’emmène dans sa Tesla pour repérer l’embarcadère, car il est difficile à trouver.
Lorsque je lui dis que j’ai tout le confort en France, une maison, une voiture dans le garage, une caravane, des amis, une famille et que je suis ici en habit de vélo à pédaler dans les montagnes des fjords, sous la pluie et le froid de ...
13
323km
+2327m /
-2331m
mise à jour : 05 janv. 2024
Lundi 4 juillet – 51e jour
Selje – 15 km
Aaaaahhhh !!!! Selje…
Je vais rester une journée à Selje.
Eva lève le camp ce matin. Elle vit à Ulm une très jolie ville en Allemagne située sur le Danube. J’y suis passée lorsque j’ai suivi le Danube à vélo jusqu’à la mer Noire. C’est son premier long voyage à vélo. De l’Allemagne elle va rejoindre Trondheim. Elle a parcouru toute la côte du sud de la Norvège. Elle a été agréablement surprise ce matin de découvrir ma tente. Elle a un peu essayé le camping sauvage, mais cela ne lui a pas convenu. Elle se sentait trop isolée et les bruits nocturnes de la forêt ne la rassuraient pas vraiment.
Comme moi, elle a acheté son vélo Fahrrad avec bien des difficultés dues aux problèmes industriels après l’épidémie de Covid.
Comme moi, elle est enchantée de cette acquisition.
Après quelques instants elle part, son vélo lourdement chargé. Ce soir elle est hébergée chez l’habitant.
Je m’installe sur la terrasse de la cafétéria. Je pensais les trouver plus au nord. Mais non ! les midges sont déjà là ! Ils sont à pied d’œuvre sur mon visage. Je suis un véritable festin ce matin pour ces petits moucherons qui ont besoin de sang pour survivre. Ils me causent d’innombrables points rouges sur le front. Les deux jeunes filles de la réception du camping ne présentent aucune morsure. Ce ne sera...
Selje – 15 km
Aaaaahhhh !!!! Selje…
Je vais rester une journée à Selje.
Eva lève le camp ce matin. Elle vit à Ulm une très jolie ville en Allemagne située sur le Danube. J’y suis passée lorsque j’ai suivi le Danube à vélo jusqu’à la mer Noire. C’est son premier long voyage à vélo. De l’Allemagne elle va rejoindre Trondheim. Elle a parcouru toute la côte du sud de la Norvège. Elle a été agréablement surprise ce matin de découvrir ma tente. Elle a un peu essayé le camping sauvage, mais cela ne lui a pas convenu. Elle se sentait trop isolée et les bruits nocturnes de la forêt ne la rassuraient pas vraiment.
Comme moi, elle a acheté son vélo Fahrrad avec bien des difficultés dues aux problèmes industriels après l’épidémie de Covid.
Comme moi, elle est enchantée de cette acquisition.
Après quelques instants elle part, son vélo lourdement chargé. Ce soir elle est hébergée chez l’habitant.
Je m’installe sur la terrasse de la cafétéria. Je pensais les trouver plus au nord. Mais non ! les midges sont déjà là ! Ils sont à pied d’œuvre sur mon visage. Je suis un véritable festin ce matin pour ces petits moucherons qui ont besoin de sang pour survivre. Ils me causent d’innombrables points rouges sur le front. Les deux jeunes filles de la réception du camping ne présentent aucune morsure. Ce ne sera...
14
300km
+2335m /
-2325m
mise à jour : 05 janv. 2024
Mercredi 6 juillet – 53e jour
Tornes / Kristiansund / Leirvåg / Eidet – 150 km
Se rendre invisible
Ce matin, je dois tout replier rapidement entre deux averses. Je quitte le camping vêtue encore aujourd’hui comme une cosmonaute, il ne me manque qu’une bulle sur la tête. Cet ensemble de pluie ne m’est pas ajusté, c’est le moins qu’on puisse dire ! Le pantalon bouffe et la veste pourrait être portée par quelqu’un mesurant un mètre quatre-vingt-cinq. Mais c’est un bon matériel dans lequel je suis à l’aise et qui me protège parfaitement.
Mes surchaussures ne valent rien, elles ne sont pas assez imperméables et partent déjà en lambeaux. Elles ne sont certainement pas prévues pour faire autant de marche. J’aurais dû prendre celles que j’utilise depuis dix ans.
Pas la peine de le dire… il pleut. Celui qui a inventé l’adage « il n’y a pas de mauvais temps, mais que de mauvais vêtements » devait être un sédentaire qui séchait ses vêtements chaque jour dans une armoire chauffante. Les jours de pluie à répétition sont un souci lorsque l’on fait du camping et que l’on est un cyclo-voyageur.
Pourtant, la pluie ne me gêne pas si je peux tout faire sécher chaque jour !
Je suis très motivée ! Dans quelques kilomètres je vais rouler sur la célèbre route de l’Atlantique, l’Atlanterhavsveien, section de 8274 mètres de la route nationale 64. « Les travaux de construction on...
Tornes / Kristiansund / Leirvåg / Eidet – 150 km
Se rendre invisible
Ce matin, je dois tout replier rapidement entre deux averses. Je quitte le camping vêtue encore aujourd’hui comme une cosmonaute, il ne me manque qu’une bulle sur la tête. Cet ensemble de pluie ne m’est pas ajusté, c’est le moins qu’on puisse dire ! Le pantalon bouffe et la veste pourrait être portée par quelqu’un mesurant un mètre quatre-vingt-cinq. Mais c’est un bon matériel dans lequel je suis à l’aise et qui me protège parfaitement.
Mes surchaussures ne valent rien, elles ne sont pas assez imperméables et partent déjà en lambeaux. Elles ne sont certainement pas prévues pour faire autant de marche. J’aurais dû prendre celles que j’utilise depuis dix ans.
Pas la peine de le dire… il pleut. Celui qui a inventé l’adage « il n’y a pas de mauvais temps, mais que de mauvais vêtements » devait être un sédentaire qui séchait ses vêtements chaque jour dans une armoire chauffante. Les jours de pluie à répétition sont un souci lorsque l’on fait du camping et que l’on est un cyclo-voyageur.
Pourtant, la pluie ne me gêne pas si je peux tout faire sécher chaque jour !
Je suis très motivée ! Dans quelques kilomètres je vais rouler sur la célèbre route de l’Atlantique, l’Atlanterhavsveien, section de 8274 mètres de la route nationale 64. « Les travaux de construction on...
15
376km
+3583m /
-3575m
mise à jour : 05 janv. 2024
Lundi 11 juillet – 58e jour
Trondheim / Rørvika / Rissa / Årnes – 95 km
Alignement des planètes
Je peux repartir avec sérénité. Je m’arrête chez un vélociste pour remplacer mon rétroviseur. J’en ai déjà cassé deux. Je dois savoir ce qui se passe derrière moi, c’est donc un élément de sécurité indispensable. J’achète aussi un super éclairage pour l’avant de mon vélo, un vrai spot pour les tunnels à venir et une paire de gants imperméables, car la pluie me glace les mains. Je quitte donc la ville à une heure bien avancée de la matinée.
Peu après Trondheim, depuis le haut de la falaise de Flakk, je vois le ferry au loin, au milieu du fjord. Je veux arriver en même temps que lui. Je pédale à toute vitesse. Même si c’est en contrebas, la route épouse le relief et ça ne descend pas tout le temps. Lorsque j’arrive, il est à quelques mètres de moi, repartant en sens inverse. Heureusement ce ferry fait de nombreuses traversées au cours de la journée.
Je circule aujourd’hui à l’intérieur des terres. Pour la première fois je pédale au milieu d’une plaine, puis d’une vallée encaissée. Cela me fait penser à la vallée du Doubs ou du Dessoubre. Une petite pointe de nostalgie me pique les yeux.
Je traverse une région purement agricole, avec quelques fermes éparses. Au bord de la route, un petit abri occupé par de multiples objets, attire mon regar...
Trondheim / Rørvika / Rissa / Årnes – 95 km
Alignement des planètes
Je peux repartir avec sérénité. Je m’arrête chez un vélociste pour remplacer mon rétroviseur. J’en ai déjà cassé deux. Je dois savoir ce qui se passe derrière moi, c’est donc un élément de sécurité indispensable. J’achète aussi un super éclairage pour l’avant de mon vélo, un vrai spot pour les tunnels à venir et une paire de gants imperméables, car la pluie me glace les mains. Je quitte donc la ville à une heure bien avancée de la matinée.
Peu après Trondheim, depuis le haut de la falaise de Flakk, je vois le ferry au loin, au milieu du fjord. Je veux arriver en même temps que lui. Je pédale à toute vitesse. Même si c’est en contrebas, la route épouse le relief et ça ne descend pas tout le temps. Lorsque j’arrive, il est à quelques mètres de moi, repartant en sens inverse. Heureusement ce ferry fait de nombreuses traversées au cours de la journée.
Je circule aujourd’hui à l’intérieur des terres. Pour la première fois je pédale au milieu d’une plaine, puis d’une vallée encaissée. Cela me fait penser à la vallée du Doubs ou du Dessoubre. Une petite pointe de nostalgie me pique les yeux.
Je traverse une région purement agricole, avec quelques fermes éparses. Au bord de la route, un petit abri occupé par de multiples objets, attire mon regar...
16
313km
+1553m /
-1561m
mise à jour : 05 janv. 2024
Samedi 16 juillet – 63e jour
Vennesund / Berg / Brønnøysund – 50 km
Ana et son barda
Knut et Knut me doublent. Ils sont partis d’Oslo pour Bodø. Leurs vélos sont peu chargés. Ils ne transportent pas de matériel de camping. Ils louent systématiquement chaque soir un chalet. L’un me dit qu’il est étonné que je fasse autant de kilomètres par jour. Marine et Damien et leurs chiens me dépassent ensuite dans une côte. Il s’avère que Damien est un triathlonien. Tout s’explique ! Marine est aussi une excellente sportive.
A contrario des jours précédents les fermes sont prospères dans cette région.
J’arrive à la ville de Brønnøysund. Le Rootsfestivalen a commencé. Pendant quatre jours, on peut découvrir un mélange fantastique de musiciens locaux, de nouveaux talents et d'artistes nationaux et internationaux célèbres. J’entre sur les lieux du festival. Deux vigiles me suivent d’un regard bienveillant. Je dois ressembler à un ovni avec mon casque, mon vélo, mes habits vert fluo de cycliste et mes drapeaux. Le lieu est décoré de bâches noires, les grillages extérieurs en sont recouverts, les scènes des artistes sont noires, les comptoirs des bars sont aussi agrémentés de bâches noires.
Je poursuis mon chemin sans passer par la caisse. Je la verrai seulement en ressortant. Je me dirige vers un immense chapiteau où des centaines de Norvégiens sont attablés avec un verre de bière ...
Vennesund / Berg / Brønnøysund – 50 km
Ana et son barda
Knut et Knut me doublent. Ils sont partis d’Oslo pour Bodø. Leurs vélos sont peu chargés. Ils ne transportent pas de matériel de camping. Ils louent systématiquement chaque soir un chalet. L’un me dit qu’il est étonné que je fasse autant de kilomètres par jour. Marine et Damien et leurs chiens me dépassent ensuite dans une côte. Il s’avère que Damien est un triathlonien. Tout s’explique ! Marine est aussi une excellente sportive.
A contrario des jours précédents les fermes sont prospères dans cette région.
J’arrive à la ville de Brønnøysund. Le Rootsfestivalen a commencé. Pendant quatre jours, on peut découvrir un mélange fantastique de musiciens locaux, de nouveaux talents et d'artistes nationaux et internationaux célèbres. J’entre sur les lieux du festival. Deux vigiles me suivent d’un regard bienveillant. Je dois ressembler à un ovni avec mon casque, mon vélo, mes habits vert fluo de cycliste et mes drapeaux. Le lieu est décoré de bâches noires, les grillages extérieurs en sont recouverts, les scènes des artistes sont noires, les comptoirs des bars sont aussi agrémentés de bâches noires.
Je poursuis mon chemin sans passer par la caisse. Je la verrai seulement en ressortant. Je me dirige vers un immense chapiteau où des centaines de Norvégiens sont attablés avec un verre de bière ...
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398km
mise à jour : 05 janv. 2024
Jeudi 21 juillet – 68e jour
Ågskardet / Forøya / Reipå / Kjøpstad / Salstraumen – 120 km
Le tourbillon sauvage
Paul et moi sommes aux premières loges pour prendre le ferry ce matin. Ravis d’avoir passé la nuit à l’abri, car le bruit de la pluie nous a accompagnés tout du long. Elle tombe encore ce matin.
Je dépasse un camping à six kilomètres. Mes camarades de route sont encore endormis. Je repère leurs vélos appuyés contre la balustrade d’un chalet. J’y étais presque ! Maudits horaires !
Mais cela a été l’occasion de faire plus ample connaissance avec Paul. Il a cinquante-deux ans, il est saisonnier ; cela lui permet de voyager une grande partie de l’année. Il a déjà arpenté une importante partie du monde. Il possède le flegme anglais, il en détient aussi la grande courtoisie.
Impatiente, je me hâte aujourd’hui. J’ai plus de cent kilomètres à parcourir dans la journée pour admirer le Saltstraumen, le tourbillon, le plus puissant maelström du monde, non loin de Bodø.
Je domine à peine l’eau d’un fjord et tout à coup, je le vois...
Il est tout en haut de la montagne. Je le regarde, je vois sa gueule noire béante aux babines mal dessinées. Je pédale ardemment en pensant à lui, tellement obnubilée que je ne cherche pas à poser le pied à terre. Le dénivelé est fort, mais ...
Ågskardet / Forøya / Reipå / Kjøpstad / Salstraumen – 120 km
Le tourbillon sauvage
Paul et moi sommes aux premières loges pour prendre le ferry ce matin. Ravis d’avoir passé la nuit à l’abri, car le bruit de la pluie nous a accompagnés tout du long. Elle tombe encore ce matin.
Je dépasse un camping à six kilomètres. Mes camarades de route sont encore endormis. Je repère leurs vélos appuyés contre la balustrade d’un chalet. J’y étais presque ! Maudits horaires !
Mais cela a été l’occasion de faire plus ample connaissance avec Paul. Il a cinquante-deux ans, il est saisonnier ; cela lui permet de voyager une grande partie de l’année. Il a déjà arpenté une importante partie du monde. Il possède le flegme anglais, il en détient aussi la grande courtoisie.
Impatiente, je me hâte aujourd’hui. J’ai plus de cent kilomètres à parcourir dans la journée pour admirer le Saltstraumen, le tourbillon, le plus puissant maelström du monde, non loin de Bodø.
Je domine à peine l’eau d’un fjord et tout à coup, je le vois...
Il est tout en haut de la montagne. Je le regarde, je vois sa gueule noire béante aux babines mal dessinées. Je pédale ardemment en pensant à lui, tellement obnubilée que je ne cherche pas à poser le pied à terre. Le dénivelé est fort, mais ...
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391km
+1706m /
-1700m
mise à jour : 05 janv. 2024
Jeudi 28 juillet – 75e jour
Ørsvåg / Svolvær / Eidet / Fiskebøl / Stokmarknes – 70 km
T’as meilleur temps !
Le soleil resplendira, équivaut-il à ne pas pleuvoir ?
Ce matin, la pluie mouille toutes mes affaires avant que je ne puisse refermer mes sacoches.
Par chance, cela s’arrange, je ne suis pas obligée de revêtir mon habit de pluie. Mais le soleil reste invisible.
J’arrive rapidement à la ville de Svolvær et m’achète, cette fois-ci, une canne à pêche bien robuste, ce qui me prend du temps. Je n’ai donc plus à me poser la question de prendre ou non l’express côtier, recommandé par Franck le Canadien, car le bateau est déjà parti. En effet, peu après Svolvær, l’Hurtigruten passe dans un détroit du fjord, juste assez large pour son passage, dont les falaises tombent d’un à pic imposant.
En me promenant sur la place de la petite ville, une jeune femme m’accoste en m’appelant « Rafael ! » Je comprends qu’elle a rencontré les deux Espagnols. Ils sont passés hier dans la ville. Ils lui ont montré une photo de moi et de mon équipement.
Isabelle est Suédoise. Pour l’instant, elle vend des pulls norvégiens et tient la toute petite cabane de tickets pour la visite des fjords. Elle a le calme, la douceur et la délicatesse des gens des pays nordiques.
Son projet est d...
Ørsvåg / Svolvær / Eidet / Fiskebøl / Stokmarknes – 70 km
T’as meilleur temps !
Le soleil resplendira, équivaut-il à ne pas pleuvoir ?
Ce matin, la pluie mouille toutes mes affaires avant que je ne puisse refermer mes sacoches.
Par chance, cela s’arrange, je ne suis pas obligée de revêtir mon habit de pluie. Mais le soleil reste invisible.
J’arrive rapidement à la ville de Svolvær et m’achète, cette fois-ci, une canne à pêche bien robuste, ce qui me prend du temps. Je n’ai donc plus à me poser la question de prendre ou non l’express côtier, recommandé par Franck le Canadien, car le bateau est déjà parti. En effet, peu après Svolvær, l’Hurtigruten passe dans un détroit du fjord, juste assez large pour son passage, dont les falaises tombent d’un à pic imposant.
En me promenant sur la place de la petite ville, une jeune femme m’accoste en m’appelant « Rafael ! » Je comprends qu’elle a rencontré les deux Espagnols. Ils sont passés hier dans la ville. Ils lui ont montré une photo de moi et de mon équipement.
Isabelle est Suédoise. Pour l’instant, elle vend des pulls norvégiens et tient la toute petite cabane de tickets pour la visite des fjords. Elle a le calme, la douceur et la délicatesse des gens des pays nordiques.
Son projet est d...
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417km
mise à jour : 05 janv. 2024
Lundi 1 août – 79e jour
Stave / Bleik – 12 km
Un poisson ? Pourquoi faire ?
Après une bonne nuit, je quitte ce charmant endroit. Je parcours seulement douze kilomètres. À l’entrée d’un village, un joli parc attend les enfants en ce début de matinée. Deux dames, bras croisés, discutent sur le bas-côté de la route. Quelques tours de roue plus loin, six retraités boivent un café et mangent les légendaires gaufres en forme de cœur sur la terrasse ensoleillée d’un Joker.
Une atmosphère harmonieuse et très plaisante se dégage de ce village.
Je m’arrête. Je m’installe sur la terrasse. En cas de pluie, une deuxième terrasse, à l’avant, est couverte. Ce Jokerest spécifique, accueillant. Il n’est pas très grand et il a une particularité, puisqu’il faut entrer dans une chambre froide, ou plutôt glacée, pour se servir en produits laitiers, œufs et charcuterie. Pour parachever le tout, la supérette s’ouvre sur une cafétéria, avec gâteaux, vraies glaces, tables… Des thermos sont à la disposition des clients. Et pour la modique somme de trois euros, le café est à discrétion.
Le village est avenant, chaleureux, vivant. Il se nomme Bleik et compte quatre-cent-cinquante habitants.
Les enfants jouent dehors, font du vélo. Ils descendent la rue en pente devant le Joker, et remontent pour recommencer inlassablement.
[justi...
Stave / Bleik – 12 km
Un poisson ? Pourquoi faire ?
Après une bonne nuit, je quitte ce charmant endroit. Je parcours seulement douze kilomètres. À l’entrée d’un village, un joli parc attend les enfants en ce début de matinée. Deux dames, bras croisés, discutent sur le bas-côté de la route. Quelques tours de roue plus loin, six retraités boivent un café et mangent les légendaires gaufres en forme de cœur sur la terrasse ensoleillée d’un Joker.
Une atmosphère harmonieuse et très plaisante se dégage de ce village.
Je m’arrête. Je m’installe sur la terrasse. En cas de pluie, une deuxième terrasse, à l’avant, est couverte. Ce Jokerest spécifique, accueillant. Il n’est pas très grand et il a une particularité, puisqu’il faut entrer dans une chambre froide, ou plutôt glacée, pour se servir en produits laitiers, œufs et charcuterie. Pour parachever le tout, la supérette s’ouvre sur une cafétéria, avec gâteaux, vraies glaces, tables… Des thermos sont à la disposition des clients. Et pour la modique somme de trois euros, le café est à discrétion.
Le village est avenant, chaleureux, vivant. Il se nomme Bleik et compte quatre-cent-cinquante habitants.
Les enfants jouent dehors, font du vélo. Ils descendent la rue en pente devant le Joker, et remontent pour recommencer inlassablement.
[justi...
20
159km
+1676m /
-1387m
mise à jour : 05 janv. 2024
5 août – Posté sur Facebook par Caroline
Petit message d'une fille admirative à sa mère,
« 🚴🚴♂️🚵🚴♀️🚵♂️🚵♀️
C'est rare, mais je vais vous parler un peu de ma môôôman... Cette grande dame...
Elle s'est lancée dans un périple un peu fou il y a plusieurs mois déjà.
Rejoindre le cap Nord, tout au-dessus de la Norvège, à vélo, sans assistance électrique !
🇳🇴🇳🇴🇳🇴🇳🇴
Le 15 mai, il y a déjà deux mois et demi, nous l'avions, Gaël et moi, accompagnée à Langres pour le top départ.
Aujourd'hui, elle arrive presque au bout de son voyage. Il reste moins de dix étapes pour rejoindre ce point ultime, clôture de ce voyage, de ce défi, de ce tour de force, le cap Nord !
🌍🌍🌍
Au fil des semaines, elle a rencontré des gens formidables, qui pour certains, ont été croisés l'espace d'un instant, d'autres ont été des compagnons de routes quelques jours, et d'autres encore l'ont accompagnée pendant de nombreuses étapes de son parcours.
Au fil des semaines, elle a vu mille paysages, tantôt désertés de presque tout habitant, tantôt colorés avec les habitations en bois si typiques de la Norvège, tantôt idylliques comme une pla...
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mise à jour : 05 janv. 2024
Dimanche 14 août – 92e jour
Olderfjord / Kåfjord / Nordkapptunnelen / Île de Magerøya / Honningsvåg – 100 km
Le tunnel ! Le réputé ! Le pire des pires…
Aujourd’hui je vais arriver sur l’île de Magerøya, l’île du cap Nord. Je n’en reviens pas. Je suis à proximité de mon but. La fin de l’aventure approche !
Je me suis réconciliée avec les tunnels norvégiens. Le premier de la journée n’est pas difficile ; peu de circulation. À la fin de cette étape, je dois traverser l’« illustre » sous la mer, celui dont tous les cyclo-voyageurs parlent. Je ne suis pas dans les temps pour le prendre soit en début de nuit, soit très tôt le matin. Je n’ai aucune crainte. Juan Carlos m’a avertie que ça s'était vraiment bien passé pour lui, alors que nous avions pensé mourir tous les deux dans celui de Leknes.
Je longe les fjords, je suis leurs courbes, je les contourne passant d’une rive à l’autre. La route est à flanc de montagne, le site est absolument splendide. L’extrémité des fjords est agrémenté de petites plages avec une eau d’une couleur magnifique nuancée de vert et de bleu. Si l’idée de me baigner me traverse l’esprit, je ne la retiens surtout pas à cause de la température de l’air qui doit être sous les dix degrés.
La prévision de Youn arrive progressivement. Petit à petit il m’est difficile d’avancer. Le vent arrive, grossit, souffle en violentes rafales. Lorsque je l’ai dans le dos t...
Olderfjord / Kåfjord / Nordkapptunnelen / Île de Magerøya / Honningsvåg – 100 km
Le tunnel ! Le réputé ! Le pire des pires…
Aujourd’hui je vais arriver sur l’île de Magerøya, l’île du cap Nord. Je n’en reviens pas. Je suis à proximité de mon but. La fin de l’aventure approche !
Je me suis réconciliée avec les tunnels norvégiens. Le premier de la journée n’est pas difficile ; peu de circulation. À la fin de cette étape, je dois traverser l’« illustre » sous la mer, celui dont tous les cyclo-voyageurs parlent. Je ne suis pas dans les temps pour le prendre soit en début de nuit, soit très tôt le matin. Je n’ai aucune crainte. Juan Carlos m’a avertie que ça s'était vraiment bien passé pour lui, alors que nous avions pensé mourir tous les deux dans celui de Leknes.
Je longe les fjords, je suis leurs courbes, je les contourne passant d’une rive à l’autre. La route est à flanc de montagne, le site est absolument splendide. L’extrémité des fjords est agrémenté de petites plages avec une eau d’une couleur magnifique nuancée de vert et de bleu. Si l’idée de me baigner me traverse l’esprit, je ne la retiens surtout pas à cause de la température de l’air qui doit être sous les dix degrés.
La prévision de Youn arrive progressivement. Petit à petit il m’est difficile d’avancer. Le vent arrive, grossit, souffle en violentes rafales. Lorsque je l’ai dans le dos t...
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mise à jour : 05 janv. 2024
Postface
Et voilà̀, je l’ai fait !
Je n’en reviens pas...
Je l’ai fait...
J’ai parcouru sept-mille kilomètres à vélo pour un voyage magnifique !
J’ai traversé six pays, la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark, la Norvège.
J’ai découvert la Norvège en la traversant du sud au nord.
De nouveaux pays, des rencontres passionnantes et enrichissantes, humainement, culturellement ont satisfait ma curiosité́. Joies, peurs, interrogations, introspections ont jalonné mon parcours, jour après jour, sous le soleil, sous la pluie, contre et avec le vent et le froid, mais aussi dans cette lumière du nord, si intense.
Abandonner son ordinaire pour rencontrer l’extraordinaire.
Gagner sa liberté́ qu’on ne découvre véritablement que dans ces moments. Celle qui apporte un bonheur excessif, différent, proche de l’euphorie, de l’enchantement et qui génère cette sensation de bien-être.
Goûter à la satisfaction de ne pas céder à la fatigue, au froid, à l’inquiétude, à la tristesse.
Être forte en partant et encore plus forte en touchant au but.
Être motivée par ce qui va surprendre, étonner, faire sourire, interroger.
Ne jamais perdre sa curiosité́.
Et trouver...