L'improbable voyage à vélo de Besançon au cap Nord en 2022.
À Caroline ma fille et à Gaël mon petits-fils,
De Besançon au cap Nord… Chiche !
Partir en solitaire, un défi pour un si long voyage !
« Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas » Lao-Tseu.
Il faut donc relever la bravade par un premier coup de pédale. Mes premiers voyages à vélo de cinq-cents kilomètres sur des durées courtes m’ont fait découvrir ce qui m’apportait de l’étonnement et de multiples surprises et surtout ce qui me procurait un véritable sentiment de liberté. Au fur et à mesure j’ai allongé mes distances avec néanmoins un sentiment de frustration, car à mon retour, ce n’était jamais assez…
Ce sera mon plus long voyage. Si je cumule tous les kilomètres que j’aurai faits depuis mon premier coup de pédale il y a déjà quelques années, j’aurai bouclé environ vingt-quatre-mille kilomètres soit 60 % du tour de l’Équateur.
J’ai traversé dix pays de Saint-Nazaire à Constanta en Roumanie, j’ai suivi le Rhin d’Andermatt à Rotterdam, j’ai fait deux fois le tour de Bourgogne dont l’un avec mon petit-fils Gaël. Au cours d'un tour de la France, j’ai rejoint la côte Atlantique par la Camargue, le canal des Deux-Mers puis je suis remontée jusqu’à Saint-Nazaire et j’ai terminé par L’EuroVelo 6 jusqu’à Besançon.
Et début avril, en guise de reprise d’entraînement, j’ai aussi fait le tour d’Alsace, petite balade de sept-cents kilomètres… Enfin, pour ne pas perdre les bons réflexes et les muscles, petits moteurs qu’il faut indispensablement garder en forme, j’ai pris l’habitude de me rendre à vélo chez mes amis à Strasbourg, en Suisse… avec Gaël, grand garçon de cinq ans, qui m’accompagne dans sa remorque à vélo à pédales.
Tous ces voyages ont été l’occasion de faire des rencontres magiques, de découvrir des paysages magnifiques, avoir des surprises émouvantes. Quand je pédale, j’éprouve un grand sentiment de liberté. Je deviens philosophe, poète, artiste. Je partage mes réflexions et mes sentiments, mes efforts aussi, avec les cyclotouristes qui m’accompagnent quelquefois sur des dizaines de kilomètres. Certains me disent que croiser une dame de mon âge -j’ai soixante-huit ans- seule, partant si loin, les aide et les motive. Moi aussi je suis très motivée et je continue, le nez au vent et les sourires dans mon baluchon. Quand je rejoins mon point de chute, je retrouve quelques-unes de ces rencontres et je découvre d’autres cyclotouristes avec qui nous échangeons sur nos expériences.
Mais le plus amusant et un peu flatteur aussi je l’avoue, c’est de lire dans le regard de certains l’étonnement, l’admiration et le respect. Parfois même, on me perçoit comme une personne perchée à l’âme romantique. Mais tous font preuve d’humanité, ils sont accueillants, aimables, généreux et surtout admiratifs !
Certaines amies m’ont attribué le terme de jeunior. D’autres sont subjuguées. Rares sont celles qui me regardent d’un air circonspect voire dubitatif. Ma fille Caroline, qui sait que je n’outrepasserai pas mes capacités physiques, me fait confiance et c’est important. De cette façon, je pars tranquille, l’esprit léger.
Quant à Gaël, mon petit-fils, adepte de cyclotourisme depuis nos échappées complices, il sera penché sur les cartes, à tracer mon parcours et à dessiner des campings et des restaurants ! Mais je sais qu’au fond de lui, il aimerait partir avec moi parce qu’il est sûr que je vais voir le père Noël au cap Nord et pouvoir cueillir les cadeaux poussant sur le sol comme autant de fleurs magiques.
Enfin, pour mon retour, fin août 2022, lorsque je prendrai l’avion à Alta, mes sacoches, mon cœur, ma tête, mes jambes aussi, seront pleins de souvenirs de rencontres, de paysages, de saines fatigues qui me rendront heureuse et fière d’avoir fait ce que j’aurai fait en trois mois et demi.
Quand : 15/05/22
Durée : 94 jours
Durée : 94 jours
Distance globale :
5638km
Dénivelées :
+26238m /
-26332m
Alti min/max : -1m/488m
Carnet publié par Jacqueline25
le 09 mai 2022
modifié le 14 avr.
modifié le 14 avr.
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Vue d'ensemble
Le topo : Section 1. Du 15 au 19 mai B... (mise à jour : 12 avr.)
Distance section :
331km
Dénivelées section :
+1397m /
-1700m
Section Alti min/max : 153m/464m
Description :
Besançon / Dijon / Langres / Montigny-le-Roi / Bourg-Sainte-Marie / Neufchâteau / Domrémy-la-Pucelle / Vaucouleurs / Saint-Mihiel / Villers-sur-Meuse / Dun-sur-Meuse / Mouzon / Douzy /
Le compte-rendu : Section 1. Du 15 au 19 mai B... (mise à jour : 12 avr.)
Jour 1 - Dimanche 15 mai 2022
Besançon à Dijon en train
Langres / Montigny-le-Roi / Bourg-Sainte-Marie
75 km
L’émotion du départ ! Nous agitons nos bras et puis je pars, je ne me retourne pas.
Je débute l’EuroVelo 19 à Langres et c’est sous l’égide de Diderot que je m’élance vers le cap Nord.
Je quitte ma famille ici, Caroline ma fille et Gaël mon petit-fils. On s’embrasse, on se serre contre nos cœurs. Ils m’accompagnent sur quelques dizaines de mètres et quand on se sépare, on a les yeux embués. Il faut partir. Je me retourne une fois. Caroline et Gaël ont rapetissé à l’autre bout du chemin. Ils se retournent aussi. Nous agitons nos bras et puis je pars, je ne me retourne pas.
Nos sentiments sont ambigus ; la fierté de Caroline d’avoir une mère partant pour un si long voyage à vélo ; son inquiétude car je pars seule, pour plusieurs mois sur une si frêle monture et je pars loin, si loin pour rejoindre le cap Nord, dans le Grand Nord. Pour moi je sais que chaque journée apportera ses surprises, ses bonheurs, ses difficultés. Je devrai faire preuve de grande adaptabilité, d’une bonne gestion de situations qui peuvent s’avérer complexes. Mais je pars pour une destination mythique, réputée pour son soleil de minuit, ses hautes falaises, ses aurores boréales, ses rennes, ses Samis (population autochtone du Nord), son jour et sa nuit polaires, son environnement majestueux.
Ce sera le bout de ma route le plus éloigné d’Europe, le point le plus septentrional et mon plus long voyage. En face il n’y aura plus que le pôle Nord, à deux-mille-cent kilomètres quand même … Pas si près !
Mais qu’est-ce qui me pousse à ces extravagances, à ces démences à ces cocasseries !
Au détour de multiples métiers, je suis devenue maîtresse d’école et pour terminer ma carrière je me suis envolée pour enseigner à Mayotte. Je pense pouvoir dire que je peux me confronter avec la nouveauté, l’inconnu, les surprises, les rencontres.
Mais comment m’est venue l’idée de devenir une cyclo-voyageuse ? Cette perspective s’est construite très tôt en moi. Je me souviens, c’était au début des années soixante. Nous partions en famille en vacances en Italie. Nous traversions les Alpes. Mon père était au volant de sa nouvelle voiture flambant neuf. En effet, la précédente n’avait pas eu le temps de vivre son premier printemps car, l’hiver précédent, il avait roulé trop vite sur les routes enneigées du Haut-Doubs et son dérapage non contrôlé s’était terminé dans un champ, endommageant durablement son premier véhicule.
Pour ce voyage d’été, nous, les quatre enfants, étions entassés à l’arrière de la nouvelle voiture. Au détour d’un virage, juchés sur un tandem, ils étaient là ! Deux jeunes adultes, leurs sacoches accrochées à l’arrière et à l’avant de leur monture indiquaient qu’ils partaient en vacances. Des cyclotouristes !
La petite fille que j’étais à l’époque fut subjuguée, ébahie, fascinée par ce spectacle surréaliste, magique. Je n’avais jamais vu de tandem ! Je pense que déjà à l’époque j’ai ressenti le sentiment de liberté que ces cyclo-voyageurs pouvaient éprouver.
Ces souvenirs enfouis depuis si longtemps s’exhumèrent avec bonheur lorsque les vélo-routes prirent leur essor dans les années 2000. Et tout naturellement, à presque soixante ans, avec allégresse, je suis partie à vélo pour des périples de plus en plus longs au fur et à mesure du temps.
Besançon à Dijon en train
Langres / Montigny-le-Roi / Bourg-Sainte-Marie
75 km
L’émotion du départ ! Nous agitons nos bras et puis je pars, je ne me retourne pas.
Je débute l’EuroVelo 19 à Langres et c’est sous l’égide de Diderot que je m’élance vers le cap Nord.
Je quitte ma famille ici, Caroline ma fille et Gaël mon petit-fils. On s’embrasse, on se serre contre nos cœurs. Ils m’accompagnent sur quelques dizaines de mètres et quand on se sépare, on a les yeux embués. Il faut partir. Je me retourne une fois. Caroline et Gaël ont rapetissé à l’autre bout du chemin. Ils se retournent aussi. Nous agitons nos bras et puis je pars, je ne me retourne pas.
Nos sentiments sont ambigus ; la fierté de Caroline d’avoir une mère partant pour un si long voyage à vélo ; son inquiétude car je pars seule, pour plusieurs mois sur une si frêle monture et je pars loin, si loin pour rejoindre le cap Nord, dans le Grand Nord. Pour moi je sais que chaque journée apportera ses surprises, ses bonheurs, ses difficultés. Je devrai faire preuve de grande adaptabilité, d’une bonne gestion de situations qui peuvent s’avérer complexes. Mais je pars pour une destination mythique, réputée pour son soleil de minuit, ses hautes falaises, ses aurores boréales, ses rennes, ses Samis (population autochtone du Nord), son jour et sa nuit polaires, son environnement majestueux.
Ce sera le bout de ma route le plus éloigné d’Europe, le point le plus septentrional et mon plus long voyage. En face il n’y aura plus que le pôle Nord, à deux-mille-cent kilomètres quand même … Pas si près !
Mais qu’est-ce qui me pousse à ces extravagances, à ces démences à ces cocasseries !
Au détour de multiples métiers, je suis devenue maîtresse d’école et pour terminer ma carrière je me suis envolée pour enseigner à Mayotte. Je pense pouvoir dire que je peux me confronter avec la nouveauté, l’inconnu, les surprises, les rencontres.
Mais comment m’est venue l’idée de devenir une cyclo-voyageuse ? Cette perspective s’est construite très tôt en moi. Je me souviens, c’était au début des années soixante. Nous partions en famille en vacances en Italie. Nous traversions les Alpes. Mon père était au volant de sa nouvelle voiture flambant neuf. En effet, la précédente n’avait pas eu le temps de vivre son premier printemps car, l’hiver précédent, il avait roulé trop vite sur les routes enneigées du Haut-Doubs et son dérapage non contrôlé s’était terminé dans un champ, endommageant durablement son premier véhicule.
Pour ce voyage d’été, nous, les quatre enfants, étions entassés à l’arrière de la nouvelle voiture. Au détour d’un virage, juchés sur un tandem, ils étaient là ! Deux jeunes adultes, leurs sacoches accrochées à l’arrière et à l’avant de leur monture indiquaient qu’ils partaient en vacances. Des cyclotouristes !
La petite fille que j’étais à l’époque fut subjuguée, ébahie, fascinée par ce spectacle surréaliste, magique. Je n’avais jamais vu de tandem ! Je pense que déjà à l’époque j’ai ressenti le sentiment de liberté que ces cyclo-voyageurs pouvaient éprouver.
Ces souvenirs enfouis depuis si longtemps s’exhumèrent avec bonheur lorsque les vélo-routes prirent leur essor dans les années 2000. Et tout naturellement, à presque soixante ans, avec allégresse, je suis partie à vélo pour des périples de plus en plus longs au fur et à mesure du temps.
Il veut venir avec moi pour voir le père-Noël au cap Nord ! Il pense que les cadeaux ont remplacé les fleurs tout là-bas !
Le plateau de Langres. Beaucoup de côtes pour cette première journée. Heureusement les descentes me permettent de récupérer.
Je suis sur l’EuroVelo 19 la Meuse à vélo. C’est à la fin de ma journée, après 75 km que je la découvre.
Elles me regardent passer. Je m’arrête. Je repars et j’entends un véritable brouhaha. Elles se sont toutes mises à courir de concert avec moi.
Jour 2 - Lundi 16 mai 2022
Bourg-Sainte-Marie / Neufchâteau / Domrémy-la-Pucelle
77 km
C’est sportif ! La Meuse à vélo joue à « saute vallée ».
La tête pleine de ces souvenirs de petite fille, c’est avec exaltation, ravissement, que je m’élance dans les contreforts des Vosges en Haute-Marne. Des côtes, des descentes… c’est sportif ! D’un jour à l’autre, en ce mois de mai 2022, la température peut varier de quinze degrés et la pluie s’invite pour me rafraîchir.
C’est au gré des petites routes que je traverse de nombreux petits villages paisibles, endormis. La France a la particularité d’avoir 88 % de l’ensemble des communes peu denses, des villages.
La Meuse à vélo joue à « saute vallée ». Plusieurs ascensions de trois kilomètres me mettent à l’épreuve avec des côtes entre 5 et 9 %… Parfois je ne pose pas pied à terre et c’est une vraie victoire pour moi. Mon entraîneuse Chantal a été efficace lors de notre tour d’Alsace au printemps. Mais sera-ce suffisant pour les montagnes norvégiennes… ?
Bourg-Sainte-Marie / Neufchâteau / Domrémy-la-Pucelle
77 km
C’est sportif ! La Meuse à vélo joue à « saute vallée ».
La tête pleine de ces souvenirs de petite fille, c’est avec exaltation, ravissement, que je m’élance dans les contreforts des Vosges en Haute-Marne. Des côtes, des descentes… c’est sportif ! D’un jour à l’autre, en ce mois de mai 2022, la température peut varier de quinze degrés et la pluie s’invite pour me rafraîchir.
C’est au gré des petites routes que je traverse de nombreux petits villages paisibles, endormis. La France a la particularité d’avoir 88 % de l’ensemble des communes peu denses, des villages.
La Meuse à vélo joue à « saute vallée ». Plusieurs ascensions de trois kilomètres me mettent à l’épreuve avec des côtes entre 5 et 9 %… Parfois je ne pose pas pied à terre et c’est une vraie victoire pour moi. Mon entraîneuse Chantal a été efficace lors de notre tour d’Alsace au printemps. Mais sera-ce suffisant pour les montagnes norvégiennes… ?
Jour 3 - Mardi 17 mai 2022
Domrémy-la-Pucelle / Vaucouleurs / Saint-Mihiel / Villers-sur-Meuse
101 km
Petit bout par petit bout ! Coup de pédale par coup de pédale !
Les villages sont construits au fond de combes. On les atteint par des pentes bien souvent vertigineuses. Je sais maintenant ce qui m’attend dès le village traversé : je dois pousser ma lourde bicyclette sur de nombreux kilomètres pour remonter le versant.
Je me sens comme un forçat poussant dans les côtes une brouette chargée de quarante-cinq kilogrammes de ciment, parfois sur plusieurs kilomètres ! Mais je suis un forçat libre ! Ce qui me motive c’est ce voyage qui petits bouts par petits bouts, coup de pédale par coup de pédale et en prenant mon temps, m’entraînera au loin à des milliers de kilomètres. La limite n’arrivera que lorsque mon but sera atteint, lorsque je ne pourrai aller au-delà, lorsque j’atteindrai le cap Nord, le point ultime de mon voyage.
Aujourd’hui, Il fait de nouveau trente-quatre degrés ! Je passe à Sorcy-Saint-Martin, je dois faire remplir mes gourdes. Le petit village est endormi, un seul bâtiment a de hautes fenêtres ouvertes. J’appelle pour avoir de l’eau ! La jeune Mathilde me répond et m’invite à visiter son atelier de maroquinerie. Du cuir ! Des machines ! De belles créations ! Elle fabrique aussi des étuis pour les euphoniums, instruments de musique de la famille des cuivres.
Elle est passionnée par son travail. Elle est vivante, sympathique et marrante. Elle vient aussi regarder de plus près mon vélo. Nous partageons nos passions respectives. Quel bel échange ! Les rencontres sont majeures lors de tels périples, c’est le sel du voyage. C’est le soleil qui illumine, qui réchauffe chacune des journées.
Je traverse ensuite de belles petites villes : Commercy, Saint-Mihiel avec son Abbaye-Bénédictine et ses brasseries qui me tendent les bras ; mais il est dix-huit heures et j’ai encore vingt-cinq kilomètres avant d’atteindre le camping à la ferme à Villers-sur-Meuse.
Domrémy-la-Pucelle / Vaucouleurs / Saint-Mihiel / Villers-sur-Meuse
101 km
Petit bout par petit bout ! Coup de pédale par coup de pédale !
Les villages sont construits au fond de combes. On les atteint par des pentes bien souvent vertigineuses. Je sais maintenant ce qui m’attend dès le village traversé : je dois pousser ma lourde bicyclette sur de nombreux kilomètres pour remonter le versant.
Je me sens comme un forçat poussant dans les côtes une brouette chargée de quarante-cinq kilogrammes de ciment, parfois sur plusieurs kilomètres ! Mais je suis un forçat libre ! Ce qui me motive c’est ce voyage qui petits bouts par petits bouts, coup de pédale par coup de pédale et en prenant mon temps, m’entraînera au loin à des milliers de kilomètres. La limite n’arrivera que lorsque mon but sera atteint, lorsque je ne pourrai aller au-delà, lorsque j’atteindrai le cap Nord, le point ultime de mon voyage.
Aujourd’hui, Il fait de nouveau trente-quatre degrés ! Je passe à Sorcy-Saint-Martin, je dois faire remplir mes gourdes. Le petit village est endormi, un seul bâtiment a de hautes fenêtres ouvertes. J’appelle pour avoir de l’eau ! La jeune Mathilde me répond et m’invite à visiter son atelier de maroquinerie. Du cuir ! Des machines ! De belles créations ! Elle fabrique aussi des étuis pour les euphoniums, instruments de musique de la famille des cuivres.
Elle est passionnée par son travail. Elle est vivante, sympathique et marrante. Elle vient aussi regarder de plus près mon vélo. Nous partageons nos passions respectives. Quel bel échange ! Les rencontres sont majeures lors de tels périples, c’est le sel du voyage. C’est le soleil qui illumine, qui réchauffe chacune des journées.
Je traverse ensuite de belles petites villes : Commercy, Saint-Mihiel avec son Abbaye-Bénédictine et ses brasseries qui me tendent les bras ; mais il est dix-huit heures et j’ai encore vingt-cinq kilomètres avant d’atteindre le camping à la ferme à Villers-sur-Meuse.
Je pensais suivre la Meuse par des chemins de halage. C’est raté depuis trois jours.
Jour 4 - Mercredi 18 mai 2022
Villers-sur-Meuse / Verdun / Dun-sur-Meuse
65 km
Les moteurs tressaillent, les vitesses craquent dans un bruit de ferraille
J’assure ma sécurité en étant très visible, gilet jaune que je ne quitte jamais, sacoches vertes visibles, et drapeau jaune bien haut qui se découpe au-dessus de mon dos. Je ne surprends pas les automobilistes ou les camionneurs par ma présence sur la route.
Je ne les énerve pas. Ils me repèrent de loin. Il est très rare qu’un véhicule me frôle, contrairement à ce que racontent d’autres cyclotouristes. Il faut dire aussi que certains adoptent des tenues vestimentaires foncées.
Le trafic est dense à huit heures ce matin en direction de Verdun. Je les entends de loin ces satanés camions, puis ils s’approchent, ils sont derrière moi. Les moteurs tressaillent, les vitesses craquent dans un bruit de ferraille, sacrée mécanique quand on est aux premières loges. Ils roulent au pas à la même vitesse que la mienne et ne me doublent que lorsqu’ils ont une excellente visibilité, là encore cela grince, cela siffle, cela claque.
Le département a encore du travail pour sécuriser l’EuroVelo 19 ! Depuis la création du réseau cyclable européen au début des années 2000, c’est la dernière EuroVelo à rejoindre le réseau.
Villers-sur-Meuse / Verdun / Dun-sur-Meuse
65 km
Les moteurs tressaillent, les vitesses craquent dans un bruit de ferraille
J’assure ma sécurité en étant très visible, gilet jaune que je ne quitte jamais, sacoches vertes visibles, et drapeau jaune bien haut qui se découpe au-dessus de mon dos. Je ne surprends pas les automobilistes ou les camionneurs par ma présence sur la route.
Je ne les énerve pas. Ils me repèrent de loin. Il est très rare qu’un véhicule me frôle, contrairement à ce que racontent d’autres cyclotouristes. Il faut dire aussi que certains adoptent des tenues vestimentaires foncées.
Le trafic est dense à huit heures ce matin en direction de Verdun. Je les entends de loin ces satanés camions, puis ils s’approchent, ils sont derrière moi. Les moteurs tressaillent, les vitesses craquent dans un bruit de ferraille, sacrée mécanique quand on est aux premières loges. Ils roulent au pas à la même vitesse que la mienne et ne me doublent que lorsqu’ils ont une excellente visibilité, là encore cela grince, cela siffle, cela claque.
Le département a encore du travail pour sécuriser l’EuroVelo 19 ! Depuis la création du réseau cyclable européen au début des années 2000, c’est la dernière EuroVelo à rejoindre le réseau.
Je demande à la police de me prendre en photo. Ce qui m’occasionne quelques réflexions de mes amies : « Immigrée martienne pour un délit de faciès » ; « Tu as dormi au poste ? » « Se faire prendre en photo par la police à Verdun ! Achtung !!! ».
Ce n’est pas de tout repos. Parfois je pédale dans la vallée, parfois je grimpe les contreforts. Thorve doit penser que c’est une bagatelle par rapport à la Norvège.
Jour 5 - Jeudi 19 mai 2022
Dun-sur-Meuse / Mouzon / Douzy
50 km
Rien d’une sportive, mais c’est une voyageuse ! disait-il.
Dominique poussait son vélo dans une côte. Moi aussi ! Nous avons eu le temps d’échanger. Yves, son mari, grimpait sans difficulté. Il est redescendu chercher le vélo de sa femme. Mais, dommage, il ne reviendra pas pour le mien. Nous nous retrouverons à Neufchâteau pour un déjeuner convivial à la Brasserie puis en fin de journée au camping à Domrémy-la-Pucelle. Ils sont partis à vélo pour une quinzaine de jours. Depuis, j’ai dû les distancer avec mes longues étapes.
Je rencontre beaucoup de Néerlandais retraités. Un bus les accompagne à Langres. De là ils partent à vélo pour rejoindre les Pays-Bas. L’un est estomaqué lorsque je lui dis que je vais au cap Nord. Comme disait José le journaliste « Elle n’a rien d’une sportive Jacqueline. C’est une voyageuse ! ». Je pense néanmoins, qu’il faut être en bonne santé et en bonne condition physique pour pouvoir mener à bien un tel projet.
Et il y a Sean ! Il travaille au restaurant de Dun-sur-Meuse. Il aime bien mes lunettes ; j’aime bien ses baskets. Mes lunettes sont originales et ses baskets sont très inhabituelles. Il aimerait partir au cap Nord avec moi. Il me fait penser à « Julien le musicien », rencontré l’année passée en faisant mon tour de France à vélo. Il avançait sur son vélo avec la légèreté d’un papillon. Sean m’offrit à la fin de mon repas un limoncello, sans respecter le dosage ! Merci Sean.
Je rencontrerai plusieurs personnes me disant leur envie de m’accompagner au cap Nord. C’est certainement un rêve pour eux sans en avoir fait une démarche individuelle, personnelle.
J’ai opté depuis ces dernières années pour le voyage en solitaire. Le partage de ce genre d’aventure est trop contraignant pour moi, me créée des tensions, des ressentiments, limite mon sentiment de liberté, mes découvertes et mes rencontres.
À Douzy, un jeune adolescent me demande pourquoi j’ai un tel chargement sur mon vélo. Lorsque je lui dis que je suis une cyclotouriste ; quand je lui décris mon projet de rejoindre le cap Nord, et les milliers de kilomètres que je devrai faire, son regard alterne entre moi et mon vélo, et je lis une grande perplexité dans son regard. Il n’avait sans doute jamais vu de cyclotouriste !
Dun-sur-Meuse / Mouzon / Douzy
50 km
Rien d’une sportive, mais c’est une voyageuse ! disait-il.
Dominique poussait son vélo dans une côte. Moi aussi ! Nous avons eu le temps d’échanger. Yves, son mari, grimpait sans difficulté. Il est redescendu chercher le vélo de sa femme. Mais, dommage, il ne reviendra pas pour le mien. Nous nous retrouverons à Neufchâteau pour un déjeuner convivial à la Brasserie puis en fin de journée au camping à Domrémy-la-Pucelle. Ils sont partis à vélo pour une quinzaine de jours. Depuis, j’ai dû les distancer avec mes longues étapes.
Je rencontre beaucoup de Néerlandais retraités. Un bus les accompagne à Langres. De là ils partent à vélo pour rejoindre les Pays-Bas. L’un est estomaqué lorsque je lui dis que je vais au cap Nord. Comme disait José le journaliste « Elle n’a rien d’une sportive Jacqueline. C’est une voyageuse ! ». Je pense néanmoins, qu’il faut être en bonne santé et en bonne condition physique pour pouvoir mener à bien un tel projet.
Et il y a Sean ! Il travaille au restaurant de Dun-sur-Meuse. Il aime bien mes lunettes ; j’aime bien ses baskets. Mes lunettes sont originales et ses baskets sont très inhabituelles. Il aimerait partir au cap Nord avec moi. Il me fait penser à « Julien le musicien », rencontré l’année passée en faisant mon tour de France à vélo. Il avançait sur son vélo avec la légèreté d’un papillon. Sean m’offrit à la fin de mon repas un limoncello, sans respecter le dosage ! Merci Sean.
Je rencontrerai plusieurs personnes me disant leur envie de m’accompagner au cap Nord. C’est certainement un rêve pour eux sans en avoir fait une démarche individuelle, personnelle.
J’ai opté depuis ces dernières années pour le voyage en solitaire. Le partage de ce genre d’aventure est trop contraignant pour moi, me créée des tensions, des ressentiments, limite mon sentiment de liberté, mes découvertes et mes rencontres.
À Douzy, un jeune adolescent me demande pourquoi j’ai un tel chargement sur mon vélo. Lorsque je lui dis que je suis une cyclotouriste ; quand je lui décris mon projet de rejoindre le cap Nord, et les milliers de kilomètres que je devrai faire, son regard alterne entre moi et mon vélo, et je lis une grande perplexité dans son regard. Il n’avait sans doute jamais vu de cyclotouriste !
Peu d’équipements pour les cyclotouristes le long de la Meuse à vélo. Le propriétaire vint me trouver, car je suis apparue sur sa vidéosurveillance ! Il m’invita à boire un café, mais je ne bois pas de café en début d’après-midi.