L'Irlande par Jacqueline ! La verte Érin, pour un tour complet à vélo.
64 jours
5613km
+19281m
/ -19251m
L'Irlande ! La Verte Érin... aux paysages verdoyants. Irlande, Irlande du nord, voilà mon projet de cette année 2025 pour un tour complet de trois-mille-cinq-cents kilomètres auquel il faudra ajouter ma traversée de la France de Roscoff à Besançon : mille-cinq-cents kilomètres.
Partir seule à vélo pour faire le tour de France, rallier Saint-Nazaire à la mer Noire ou encore pédaler de Besançon jusqu’au cap Nord, ce n’est pas simplement admirer des paysages, des villes, des musées et goûter à de nouvelles saveurs. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres cultures, de plonger dans des traditions inconnues et, peut-être plus que tout, d’apprendre à se connaître soi-même.
Partir seule à vélo pour faire le tour de France, rallier Saint-Nazaire à la mer Noire ou encore pédaler de Besançon jusqu’au cap Nord, ce n’est pas simplement admirer des paysages, des villes, des musées et goûter à de nouvelles saveurs. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres cultures, de plonger dans des traditions inconnues et, peut-être plus que tout, d’apprendre à se connaître soi-même.
Activité :
vélo de randonnée
Statut :
réalisé
Distance :
5613km
DATE :
02/07/2025
Durée :
64 jours
Dénivelées :
+19281m
/ -19251m
Alti min/max :
0m/550m
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en
train
ferry
Mise à jour section : 17 nov.
Lundi 1er septembre – 62e jour
12 km à pied
Cork
Dans ce dortoir de six personnes, ma nuit s’est bien passée. Une cohabitation aussi étroite peut vite devenir un enfer pour moi. Je souffre d’un mal qui s’apparente à la misophonie. Certes léger, mais tout de même bien présent. J’ai une répulsion auditive à des bruits très précis. Des petits bruits a priori très banals, qui peuvent énerver légitimement beaucoup de monde, mais qui me mettent dans un véritable inconfort, presque à éprouver une réaction épidermique. Pour être plus précise, les sons impliqués sont essentiellement les bruits de gorge, de mastication et surtout de reniflement. Mais ouf ! « Il ne s’agit pas d’une maladie, mais d’un symptôme qui fait suite à une hyperexcitabilité, une hypervigilance ou une hypersensibilité émotionnelle », m’a expliqué un médecin.
Aujourd’hui j’ai une mission qui doit absolument aboutir. Déplacer la date de mon retour prévue samedi. Deux ferries traversent la mer Celtique chaque semaine. J’ai commis une erreur, j’ai acheté cet aller-retour à un comparateur de prix en pensant que c’était la maison mère. Alors voici les résultats : impossibilité de joindre cette agence par téléphone, elle n’a pas d’adresse physique, dans un premier temps seule une intelligence artificielle traite les demandes. Mes courriels sont donc reçus et les réponses sont toujours identiques. Le déplacement de la date me coûtera vingt pour cent de frais alors que j’ai pris soin, au départ, de souscrire une assurance annulation, déplacement.
Néanmoins, aujourd’hui, j’ai un retour qui semblerait venir d’une personne bien physique et qui me fait une réponse adaptée, reprenant l’ensemble du fil de la discussion. Les frais descendent comme par enchantement à sept pour cent. Il est devenu inutile de poursuivre la discussion. J’accepte ! La prochaine fois je serai vigilante !
L’esprit léger, je pars à l’assaut de Cork, décrite comme jeune et dynamique, au caractère bien trempé. Ordinairement, je visite les villes à l’aide de ma bicyclette. Je les sillonne rapidement, me rendant d’un point de visite à un autre. Mais pas ici ! À l’idée de devoir remonter la côte abrupte en fin de journée m’en dissuade.
Je parcourrai la ville à pied, après soixante-et-un jours de bicyclette et une dizaine d’heures quotidiennes perchée sur ma monture.
Ma marche n’est pas aisée Mon corps semble désarticulé. Mes genoux ne semblent plus me porter. Une hyperlaxité semble s’être développée au niveau de l’ensemble de mes articulations. C’est la première fois qu’en tant que cyclo-voyageuse, je ressens si profondément cet état. Tellement de montagnes, de cols, de dénivelés de plus de mille mètres au quotidien, à pédaler ou alors à pousser ma bicyclette pour vivre un voyage extraordinaire semblent avoir modifié mon corps. Mais tout cela vaut bien la peine de ressentir, aujourd’hui, une sorte d’apesanteur, de légèreté. Tant que cet état n’entraîne pas une chute !
Puis progressivement, les stimuli, les automatismes de la marche se réinstalleront au cours de la journée.
Mes pas me conduisent dans la ville de plus de deux-cent-mille habitants. C’est une ville ouvrière, rebelle. Lors de la guerre d’indépendance de 1919 à 1922, la brigade de l’IRA de Cork se montre l’une des plus héroïques. Le maire de la ville, Terence McSwiney, emprisonné pour appartenance à l’IRA, meurt après soixante-seize jours de grève de la faim en 1921.
Je passe devant la cathédrale Saint Fin Barre’s. Une visite s’impose. Je suis éblouie par les murs couverts de marbre rouge, par le plafond du cœur finement peint et coloré et par un orgue impressionnant. Au point que j’en oublie de partir à la recherche du boulet de canon suspendu dans le déambulatoire. Dommage, car c’était une des raisons de ma visite à la cathédrale. Je vous le concède, ce n’est pas un argument grandement honorifique.
Je flâne dans le centre niché entre deux bras de la rivière Lee. J’enjambe les deux canaux par des ponts, cela me permet d’avoir des perspectives différentes sur l’île urbaine bordée de quais et de jolies façades. Et, surtout, d’anciens entrepôts transformés en galeries d’art, en brasseries, en musées, en épiceries…
Je prends mon temps, j’observe et je remarque de hautes maisons, étroites, colorées, parfois noires, enserrées entre des bâtiments austères. Puis je me laisse me perdre au cœur de la ville dans des ruelles exigües du 17è siècle.
Tout naturellement, je m’installe pour un repas chaud à l’Oliver Plumkett, grand pub chaleureux à la décoration vintage et aux cheminées réconfortantes. Je commande un ragoût. Il s’agit d’une spécialité irlandaise de viande d’agneau servie avec pommes de terre, oignons et carottes et accompagné d’une sauce à base de Guinness. Ce plat économique, considéré comme le plat national irlandais, est proposé dans tous les pubs. Je me conforme à la tradition en commandant la fameuse bière, la Guinness, celle qui a servi à la confection de la sauce.
En fin de journée, l’English Market est un paradis pour moi. Il me fait rompre avec la monotonie de mes repas rudimentaires pris sur le pouce durant de nombreuses semaines. Il y a tellement de plats savoureux devant mes yeux ! J’achète un fromage fermier, de la charcuterie, du saumon fumé et du pain pour un pique-nique que je me préparerai au Sheila’s Hostel. Hélas, deux jours ne suffiront pas pour me laisser tenter par la diversité gourmande des produits mais demain, je vais revenir en ce lieu. La galerie courant en surplomb me semble réserver bien d’excellentes surprises…
12 km à pied
Cork
Dans ce dortoir de six personnes, ma nuit s’est bien passée. Une cohabitation aussi étroite peut vite devenir un enfer pour moi. Je souffre d’un mal qui s’apparente à la misophonie. Certes léger, mais tout de même bien présent. J’ai une répulsion auditive à des bruits très précis. Des petits bruits a priori très banals, qui peuvent énerver légitimement beaucoup de monde, mais qui me mettent dans un véritable inconfort, presque à éprouver une réaction épidermique. Pour être plus précise, les sons impliqués sont essentiellement les bruits de gorge, de mastication et surtout de reniflement. Mais ouf ! « Il ne s’agit pas d’une maladie, mais d’un symptôme qui fait suite à une hyperexcitabilité, une hypervigilance ou une hypersensibilité émotionnelle », m’a expliqué un médecin.
Aujourd’hui j’ai une mission qui doit absolument aboutir. Déplacer la date de mon retour prévue samedi. Deux ferries traversent la mer Celtique chaque semaine. J’ai commis une erreur, j’ai acheté cet aller-retour à un comparateur de prix en pensant que c’était la maison mère. Alors voici les résultats : impossibilité de joindre cette agence par téléphone, elle n’a pas d’adresse physique, dans un premier temps seule une intelligence artificielle traite les demandes. Mes courriels sont donc reçus et les réponses sont toujours identiques. Le déplacement de la date me coûtera vingt pour cent de frais alors que j’ai pris soin, au départ, de souscrire une assurance annulation, déplacement.
Néanmoins, aujourd’hui, j’ai un retour qui semblerait venir d’une personne bien physique et qui me fait une réponse adaptée, reprenant l’ensemble du fil de la discussion. Les frais descendent comme par enchantement à sept pour cent. Il est devenu inutile de poursuivre la discussion. J’accepte ! La prochaine fois je serai vigilante !
L’esprit léger, je pars à l’assaut de Cork, décrite comme jeune et dynamique, au caractère bien trempé. Ordinairement, je visite les villes à l’aide de ma bicyclette. Je les sillonne rapidement, me rendant d’un point de visite à un autre. Mais pas ici ! À l’idée de devoir remonter la côte abrupte en fin de journée m’en dissuade.
Je parcourrai la ville à pied, après soixante-et-un jours de bicyclette et une dizaine d’heures quotidiennes perchée sur ma monture.
Ma marche n’est pas aisée Mon corps semble désarticulé. Mes genoux ne semblent plus me porter. Une hyperlaxité semble s’être développée au niveau de l’ensemble de mes articulations. C’est la première fois qu’en tant que cyclo-voyageuse, je ressens si profondément cet état. Tellement de montagnes, de cols, de dénivelés de plus de mille mètres au quotidien, à pédaler ou alors à pousser ma bicyclette pour vivre un voyage extraordinaire semblent avoir modifié mon corps. Mais tout cela vaut bien la peine de ressentir, aujourd’hui, une sorte d’apesanteur, de légèreté. Tant que cet état n’entraîne pas une chute !
Puis progressivement, les stimuli, les automatismes de la marche se réinstalleront au cours de la journée.
Mes pas me conduisent dans la ville de plus de deux-cent-mille habitants. C’est une ville ouvrière, rebelle. Lors de la guerre d’indépendance de 1919 à 1922, la brigade de l’IRA de Cork se montre l’une des plus héroïques. Le maire de la ville, Terence McSwiney, emprisonné pour appartenance à l’IRA, meurt après soixante-seize jours de grève de la faim en 1921.
Je passe devant la cathédrale Saint Fin Barre’s. Une visite s’impose. Je suis éblouie par les murs couverts de marbre rouge, par le plafond du cœur finement peint et coloré et par un orgue impressionnant. Au point que j’en oublie de partir à la recherche du boulet de canon suspendu dans le déambulatoire. Dommage, car c’était une des raisons de ma visite à la cathédrale. Je vous le concède, ce n’est pas un argument grandement honorifique.
Je flâne dans le centre niché entre deux bras de la rivière Lee. J’enjambe les deux canaux par des ponts, cela me permet d’avoir des perspectives différentes sur l’île urbaine bordée de quais et de jolies façades. Et, surtout, d’anciens entrepôts transformés en galeries d’art, en brasseries, en musées, en épiceries…
Je prends mon temps, j’observe et je remarque de hautes maisons, étroites, colorées, parfois noires, enserrées entre des bâtiments austères. Puis je me laisse me perdre au cœur de la ville dans des ruelles exigües du 17è siècle.
Tout naturellement, je m’installe pour un repas chaud à l’Oliver Plumkett, grand pub chaleureux à la décoration vintage et aux cheminées réconfortantes. Je commande un ragoût. Il s’agit d’une spécialité irlandaise de viande d’agneau servie avec pommes de terre, oignons et carottes et accompagné d’une sauce à base de Guinness. Ce plat économique, considéré comme le plat national irlandais, est proposé dans tous les pubs. Je me conforme à la tradition en commandant la fameuse bière, la Guinness, celle qui a servi à la confection de la sauce.
En fin de journée, l’English Market est un paradis pour moi. Il me fait rompre avec la monotonie de mes repas rudimentaires pris sur le pouce durant de nombreuses semaines. Il y a tellement de plats savoureux devant mes yeux ! J’achète un fromage fermier, de la charcuterie, du saumon fumé et du pain pour un pique-nique que je me préparerai au Sheila’s Hostel. Hélas, deux jours ne suffiront pas pour me laisser tenter par la diversité gourmande des produits mais demain, je vais revenir en ce lieu. La galerie courant en surplomb me semble réserver bien d’excellentes surprises…
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Mardi 2 septembre – 62ème jour
10 km à pied
Cork
Tout va bien après ma nouvelle nuit de grande promiscuité. Mes compagnes de la nuit précédente ont été remplacées par d’autres. Sauf l’une d’entre elles, logée au-dessus de moi et cachée derrière le rideau pour plus d’intimité. Elle est malade. Elle tousse effroyablement.
Toutes mes sacoches sont rangées et bouclées pour mon départ imminent. Je prends le ferry demain pour une longue nuit de traversée de la mer Celtique. Je suis donc absolument dépourvue de contraintes quelconques, et je peux ainsi profiter de cette dernière journée à Cork.
Je me rends directement à L’English Market. À l’étage, le Farmgate Café vient d’ouvrir. Il est à peine huit heures trente. Nous sommes seulement trois clients. Les garçons prennent nos commandes en toute sérénité. L’un d’entre eux, le plus âgé, prend le temps de discuter avec moi et résume : « Ce marché alimentaire est le lieu de prédilection pour trouver les produits locaux dans la ville de Cork. Il a ouvert pour la première fois en 1788. Vous pouvez acheter des aliments traditionnels de Cork tels que le drisheen (boudin) et les tripes. »
Il me tend une petite brochure qui complète ses paroles : « Le marché a maintenu ses activités commerciales dans les périodes les plus troublées de Cork. Il a ainsi survécu à la Grande Famine, à la guerre, à de graves inondations et à la récession. En 1980, un incendie l'a ravagé et il n'en est resté que les murs extérieurs et la fontaine à l'intérieur du marché. Pourtant l'English Market s'est rétabli très vite pour retrouver sa vitalité. Le bâtiment du marché lui-même est devenu un des points de repère de Cork avec ses murs en briques rouges et son architecture caractéristique. Venez y faire un petit tour, parcourez les stands et restez pour déjeuner au célèbre Farmgate Café. C'est une journée parfaite à Cork. »
Je ne pouvais pas me trouver à meilleur endroit !
Je parcours la coursive en surplomb des étals du marché. Toujours à l’aide de la brochure, j’identifie les produits mentionnés : « Du poisson frais pêché du jour, des huîtres, du saumon bio et autres crustacés, ainsi que du drisheen, de la viande (dont le célèbre agneau du Kerry), des légumes bios, des œufs au beurre, ou encore de l’Irish spiced beef. Sans parler des fruits et légumes frais, du lait local et autres fromages issus des fermes des environs ! Ajoutez à cela des stands tout en gourmandise qui proposent de la confiture maison, des fudges (petite confiserie, ici au caramel), du miel ou encore des pâtisseries 100% irlandaises, et vous comprendrez à quel point le English Market est un marché qui vous donnera un plein aperçu de la cuisine traditionnelle irlandaise, et de la qualité de ses produits du terroir. »
J’admire la disposition de l’ensemble des produits proposés. Je suis subjuguée par les gestes précis de certains marchands. Une charcutière, dont je ne perçois que les mains, a disposé devant elle les achats de sa cliente dans de petits sacs en plastique. Ces derniers renferment une toute petite quantité d’un produit dont je ne distingue pas la nature. Ses mains dansent pour retirer l’air des sachets et dans un geste gracieux, aérien, en volute, elle noue le sachet. Elle répétera l’ensemble de ces gestes une dizaine de fois.
Le marché n’est pas seulement un alignement d’échopes. Pour les habitués, c’est un rendez-vous où l’on flâne, où l’on discute, où l’on prend plaisir à déguster debout.
Le temps passe et j’occupe ma matinée en ce lieu, plus précisément sur la galerie. J’admire aussi la petite fontaine désuète, située au cœur du marché. Seule rescapée de l’incendie de 1980.
Je déjeune au Farmgate Café au-dessus du brouhaha du marché, en aplomb des comptoirs, le temps d’une soupe de poisson, d’une dégustation de saumon fumé irlandais, et enfin un délicieux Irish Apple Cake.
De l’autre côté de la rivière Lee, sur la colline escarpée aux vieilles ruelles en pente et aux maisons colorées, je reconnais le quartier Shandon où est situé le Sheila’s Hostel.
Autrefois, ces petites maisons mitoyennes colorées étaient le cœur ouvrier de Cork, où des familles vivaient dans une extrême pauvreté. Aujourd’hui, les maisons sont devenues l’objet de convoitise des nouveaux riches.
Il est trop tard pour la visite de la tour d’observation de Sainte Ann’s Shandon et admirer une vue certainement splendide de Cork. Le clocher est surnommé affectueusement « Le menteur aux quatre visages » : les jours de grand vent, les aiguilles de ses quatre horloges se déplacent et donnent aux citoyens quatre heures différentes.
Demain matin, je ne tiendrai pas compte des horaires fantaisistes de ce clocher. En effet, j’aurai un horaire à respecter, celui du ferry qui traversera la mer Celtique et me ramènera en France pour mon retour à la maison.
10 km à pied
Cork
Tout va bien après ma nouvelle nuit de grande promiscuité. Mes compagnes de la nuit précédente ont été remplacées par d’autres. Sauf l’une d’entre elles, logée au-dessus de moi et cachée derrière le rideau pour plus d’intimité. Elle est malade. Elle tousse effroyablement.
Toutes mes sacoches sont rangées et bouclées pour mon départ imminent. Je prends le ferry demain pour une longue nuit de traversée de la mer Celtique. Je suis donc absolument dépourvue de contraintes quelconques, et je peux ainsi profiter de cette dernière journée à Cork.
Je me rends directement à L’English Market. À l’étage, le Farmgate Café vient d’ouvrir. Il est à peine huit heures trente. Nous sommes seulement trois clients. Les garçons prennent nos commandes en toute sérénité. L’un d’entre eux, le plus âgé, prend le temps de discuter avec moi et résume : « Ce marché alimentaire est le lieu de prédilection pour trouver les produits locaux dans la ville de Cork. Il a ouvert pour la première fois en 1788. Vous pouvez acheter des aliments traditionnels de Cork tels que le drisheen (boudin) et les tripes. »
Il me tend une petite brochure qui complète ses paroles : « Le marché a maintenu ses activités commerciales dans les périodes les plus troublées de Cork. Il a ainsi survécu à la Grande Famine, à la guerre, à de graves inondations et à la récession. En 1980, un incendie l'a ravagé et il n'en est resté que les murs extérieurs et la fontaine à l'intérieur du marché. Pourtant l'English Market s'est rétabli très vite pour retrouver sa vitalité. Le bâtiment du marché lui-même est devenu un des points de repère de Cork avec ses murs en briques rouges et son architecture caractéristique. Venez y faire un petit tour, parcourez les stands et restez pour déjeuner au célèbre Farmgate Café. C'est une journée parfaite à Cork. »
Je ne pouvais pas me trouver à meilleur endroit !
Je parcours la coursive en surplomb des étals du marché. Toujours à l’aide de la brochure, j’identifie les produits mentionnés : « Du poisson frais pêché du jour, des huîtres, du saumon bio et autres crustacés, ainsi que du drisheen, de la viande (dont le célèbre agneau du Kerry), des légumes bios, des œufs au beurre, ou encore de l’Irish spiced beef. Sans parler des fruits et légumes frais, du lait local et autres fromages issus des fermes des environs ! Ajoutez à cela des stands tout en gourmandise qui proposent de la confiture maison, des fudges (petite confiserie, ici au caramel), du miel ou encore des pâtisseries 100% irlandaises, et vous comprendrez à quel point le English Market est un marché qui vous donnera un plein aperçu de la cuisine traditionnelle irlandaise, et de la qualité de ses produits du terroir. »
J’admire la disposition de l’ensemble des produits proposés. Je suis subjuguée par les gestes précis de certains marchands. Une charcutière, dont je ne perçois que les mains, a disposé devant elle les achats de sa cliente dans de petits sacs en plastique. Ces derniers renferment une toute petite quantité d’un produit dont je ne distingue pas la nature. Ses mains dansent pour retirer l’air des sachets et dans un geste gracieux, aérien, en volute, elle noue le sachet. Elle répétera l’ensemble de ces gestes une dizaine de fois.
Le marché n’est pas seulement un alignement d’échopes. Pour les habitués, c’est un rendez-vous où l’on flâne, où l’on discute, où l’on prend plaisir à déguster debout.
Le temps passe et j’occupe ma matinée en ce lieu, plus précisément sur la galerie. J’admire aussi la petite fontaine désuète, située au cœur du marché. Seule rescapée de l’incendie de 1980.
Je déjeune au Farmgate Café au-dessus du brouhaha du marché, en aplomb des comptoirs, le temps d’une soupe de poisson, d’une dégustation de saumon fumé irlandais, et enfin un délicieux Irish Apple Cake.
De l’autre côté de la rivière Lee, sur la colline escarpée aux vieilles ruelles en pente et aux maisons colorées, je reconnais le quartier Shandon où est situé le Sheila’s Hostel.
Autrefois, ces petites maisons mitoyennes colorées étaient le cœur ouvrier de Cork, où des familles vivaient dans une extrême pauvreté. Aujourd’hui, les maisons sont devenues l’objet de convoitise des nouveaux riches.
Il est trop tard pour la visite de la tour d’observation de Sainte Ann’s Shandon et admirer une vue certainement splendide de Cork. Le clocher est surnommé affectueusement « Le menteur aux quatre visages » : les jours de grand vent, les aiguilles de ses quatre horloges se déplacent et donnent aux citoyens quatre heures différentes.
Demain matin, je ne tiendrai pas compte des horaires fantaisistes de ce clocher. En effet, j’aurai un horaire à respecter, celui du ferry qui traversera la mer Celtique et me ramènera en France pour mon retour à la maison.
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Mercredi 3 septembre – 63e jour
30 km
Cork, Gare maritime
Une trentaine de kilomètres me séparent de la gare maritime.
Mais je ne veux pas quitter Cork aussi rapidement. Je parcours quelques rues et m’arrête devant une jolie maison à colombages. Une petite maison de poupée qui mérite d’être admirée. En plus, un café y est logé. C’est le lieu idéal pour prendre un petit-déjeuner.
À mon accent, David, le garçon de café, m’identifie aisément. Il est originaire du Gabon et a suivi sa famille lorsque celle-ci s’est installée en Irlande. Il est trilingue : Français, Espagnol et Anglais et possède aussi de sérieuses connaissances en Irlandais. Il prend du temps avec moi et me raconte : « Notre petit café utilise un mélange de laiton, de marbre et de verre pour s’intégrer harmonieusement à la galerie attenante, la Winthrop Arcade, inaugurée en 1926. »
David ne s’est jamais rendu au nord de l’Irlande. Il me demande s’il peut regarder mes photos et aimerait observer celle du pont suspendu. Malheureusement je n’ai pas vu ce pont. Il m’explique : « Il s’agit du pont de corde de Carrick-a-Rede qui relie l'île de Carrick et la terre ferme du comté d'Antrim depuis plus de deux-cent-cinquante ans. Il se balance à trente mètres au-dessus de l’océan. Il était utilisé par les pêcheurs de saumon sur l’île de Carrick. »
Puis il appelle ses deux jeunes collègues et leur raconte mon expédition. Tous les trois entourent ma bicyclette posée juste devant le café, et une discussion animée s’ensuit sur le cyclo-voyage. Ce mode de voyage séduit les trois jeunes. Quel bon moment !
Je dois partir. J’ai un rendez-vous important avec le ferry qui me ramènera en France. Cela fait plus de deux mois que j’ai commencé ce voyage. J’ai mis beaucoup plus de temps que prévu. J’ai dévié de mon parcours initialement prévu. Montagnes, cols m’ont enchanté et pris énormément de temps. Je ne suis plus assujettie à des contraintes professionnelles. J’ai donc la chance de bénéficier de l’élasticité du temps.
Je parcours en sens inverse le chemin emprunté dimanche, puis je poursuis sur la R610 en empruntant le trottoir et le bas-côté de la route suffisamment large et en bon état. Les derniers kilomètres sur la N28 me mettent à l’épreuve. C’est la nationale sur laquelle j’ai circulé à mon arrivée. Ce que j’imaginais être une voie cyclable en bordure des nationales, est tout simplement le bas-côté de ces routes très circulantes. Parfois il est aussi large que la route, mais le souci est qu’il n’a aucune régularité, jusqu’à devenir inexistant, ce qui m’oblige à rouler sur ces routes dangereuses, bruyantes, anxiogènes. Aujourd’hui, cette nationale est utilisée par des véhicules en grand nombre, voitures, camions et même des tracteurs. Elle prend fin à la gare maritime.
J’arrive très en avance. Les véhicules sont là aussi à attendre. Un automobiliste me raconte toutes ses péripéties en Amérique latine lorsqu’il était jeune. C’était dans les années soixante-dix. Il voyageait en auto-stop.
Ensuite, les billets de traversée et les pièces d’identité sont à présenter pour entrer dans l’enceinte de la gare. Là encore, après une longue attente, nous, les quelques cyclistes et marcheurs aux lourds sacs à dos, sommes réunis juste devant l’immense ferry pour entrer les premiers dans le ventre du bateau. Nos bicyclettes sont attachées fermement et minutieusement par le personnel dans l’une des cales. Afin de les retrouver le plus facilement possible, on nous indique précisément le numéro de l’étage où se situe la cale que nous devrons rejoindre demain matin.
Pour ce retour, je n’ai pas loué de cabine. Un simple fauteuil incliné est mis à ma disposition dans une salle qui ressemble à une immense cabine d’avion. Lorsque j’ai rencontré Olivier, au tout début de mon voyage, il m’a conseillé de passer la nuit à l’avant du bateau dans un spacieux salon équipé de larges fauteuils et de banquettes sur lesquelles on peut s’allonger pour la nuit. Il est possible aussi d’installer nos matelas de camping au sol afin de dormir correctement.
Dans le vaste salon, je rencontre Lucien et deux jeunes filles, Oriane et Lucie. Elles viennent de terminer leurs études et ont marché trois semaines en Irlande. La discussion va bon train. Lucien est enchanté par sa première expérience de cyclotouriste. Les filles, liées par une profonde amitié, sont ravies de leur découverte de l’Irlande. Oriane déclare : « J’ai égaré mon portefeuille cette après-midi. Il m’était devenu impossible d’embarquer. » Elle raconte : « C’est toujours comme cela ! Je perds toujours ma carte d’identité. Aujourd’hui, j’ai oublié mon portefeuille dans le bus qui nous amenait au ferry. J’ai téléphoné à l’agence de transport, mais sans succès. Lucie et moi avons attendu à l’arrêt du bus. Chaque fois que l’un arrivait, nous nous empressions de monter avec l’espoir de le retrouver. Nous déchantions constamment. Nous avions établi un plan, car j’ai la soutenance de mon mémoire fin septembre. Lucie devait m’envoyer les documents pour que je puisse la préparer. Je devais me rendre à Dublin, à une permanence du consulat français, pour rétablir mon droit à l’identité. J’ai pleuré, tellement pleuré… Après plusieurs heures, un véritable miracle s’est produit. Le bus dans lequel j’avais oublié mon portefeuille est arrivé. Le chauffeur était en possession de mon précieux sésame. Quel bonheur ! Je revivais ! C’est toujours comme cela ! Je perds toujours ma carte d’identité. » Elle continue en précisant que c’est un phénomène vraiment ennuyeux pour ces proches qui vivent une incertitude considérable, la même que la sienne.
Lucien s’essaie à la psychanalyse : « C’est peut-être parce que tu ne souhaites pas être réduit à un vulgaire document administratif. Ou alors tu es atteinte de Trouble du Déficit de l’Attention. » Oriane est une bonne vivante, elle ne s’offusque pas de cette analyse hâtive.
Après une soirée bien enjouée, nous organisons un peu de désordre dans ce lieu, mais absolument toléré, en prévision de la nuit. Les banquettes sont suffisamment larges pour que nous puissions nous allonger. C’est ainsi que nous nous reposons pour une longue nuit où tout tangue autour de nous.
30 km
Cork, Gare maritime
Une trentaine de kilomètres me séparent de la gare maritime.
Mais je ne veux pas quitter Cork aussi rapidement. Je parcours quelques rues et m’arrête devant une jolie maison à colombages. Une petite maison de poupée qui mérite d’être admirée. En plus, un café y est logé. C’est le lieu idéal pour prendre un petit-déjeuner.
À mon accent, David, le garçon de café, m’identifie aisément. Il est originaire du Gabon et a suivi sa famille lorsque celle-ci s’est installée en Irlande. Il est trilingue : Français, Espagnol et Anglais et possède aussi de sérieuses connaissances en Irlandais. Il prend du temps avec moi et me raconte : « Notre petit café utilise un mélange de laiton, de marbre et de verre pour s’intégrer harmonieusement à la galerie attenante, la Winthrop Arcade, inaugurée en 1926. »
David ne s’est jamais rendu au nord de l’Irlande. Il me demande s’il peut regarder mes photos et aimerait observer celle du pont suspendu. Malheureusement je n’ai pas vu ce pont. Il m’explique : « Il s’agit du pont de corde de Carrick-a-Rede qui relie l'île de Carrick et la terre ferme du comté d'Antrim depuis plus de deux-cent-cinquante ans. Il se balance à trente mètres au-dessus de l’océan. Il était utilisé par les pêcheurs de saumon sur l’île de Carrick. »
Puis il appelle ses deux jeunes collègues et leur raconte mon expédition. Tous les trois entourent ma bicyclette posée juste devant le café, et une discussion animée s’ensuit sur le cyclo-voyage. Ce mode de voyage séduit les trois jeunes. Quel bon moment !
Je dois partir. J’ai un rendez-vous important avec le ferry qui me ramènera en France. Cela fait plus de deux mois que j’ai commencé ce voyage. J’ai mis beaucoup plus de temps que prévu. J’ai dévié de mon parcours initialement prévu. Montagnes, cols m’ont enchanté et pris énormément de temps. Je ne suis plus assujettie à des contraintes professionnelles. J’ai donc la chance de bénéficier de l’élasticité du temps.
Je parcours en sens inverse le chemin emprunté dimanche, puis je poursuis sur la R610 en empruntant le trottoir et le bas-côté de la route suffisamment large et en bon état. Les derniers kilomètres sur la N28 me mettent à l’épreuve. C’est la nationale sur laquelle j’ai circulé à mon arrivée. Ce que j’imaginais être une voie cyclable en bordure des nationales, est tout simplement le bas-côté de ces routes très circulantes. Parfois il est aussi large que la route, mais le souci est qu’il n’a aucune régularité, jusqu’à devenir inexistant, ce qui m’oblige à rouler sur ces routes dangereuses, bruyantes, anxiogènes. Aujourd’hui, cette nationale est utilisée par des véhicules en grand nombre, voitures, camions et même des tracteurs. Elle prend fin à la gare maritime.
J’arrive très en avance. Les véhicules sont là aussi à attendre. Un automobiliste me raconte toutes ses péripéties en Amérique latine lorsqu’il était jeune. C’était dans les années soixante-dix. Il voyageait en auto-stop.
Ensuite, les billets de traversée et les pièces d’identité sont à présenter pour entrer dans l’enceinte de la gare. Là encore, après une longue attente, nous, les quelques cyclistes et marcheurs aux lourds sacs à dos, sommes réunis juste devant l’immense ferry pour entrer les premiers dans le ventre du bateau. Nos bicyclettes sont attachées fermement et minutieusement par le personnel dans l’une des cales. Afin de les retrouver le plus facilement possible, on nous indique précisément le numéro de l’étage où se situe la cale que nous devrons rejoindre demain matin.
Pour ce retour, je n’ai pas loué de cabine. Un simple fauteuil incliné est mis à ma disposition dans une salle qui ressemble à une immense cabine d’avion. Lorsque j’ai rencontré Olivier, au tout début de mon voyage, il m’a conseillé de passer la nuit à l’avant du bateau dans un spacieux salon équipé de larges fauteuils et de banquettes sur lesquelles on peut s’allonger pour la nuit. Il est possible aussi d’installer nos matelas de camping au sol afin de dormir correctement.
Dans le vaste salon, je rencontre Lucien et deux jeunes filles, Oriane et Lucie. Elles viennent de terminer leurs études et ont marché trois semaines en Irlande. La discussion va bon train. Lucien est enchanté par sa première expérience de cyclotouriste. Les filles, liées par une profonde amitié, sont ravies de leur découverte de l’Irlande. Oriane déclare : « J’ai égaré mon portefeuille cette après-midi. Il m’était devenu impossible d’embarquer. » Elle raconte : « C’est toujours comme cela ! Je perds toujours ma carte d’identité. Aujourd’hui, j’ai oublié mon portefeuille dans le bus qui nous amenait au ferry. J’ai téléphoné à l’agence de transport, mais sans succès. Lucie et moi avons attendu à l’arrêt du bus. Chaque fois que l’un arrivait, nous nous empressions de monter avec l’espoir de le retrouver. Nous déchantions constamment. Nous avions établi un plan, car j’ai la soutenance de mon mémoire fin septembre. Lucie devait m’envoyer les documents pour que je puisse la préparer. Je devais me rendre à Dublin, à une permanence du consulat français, pour rétablir mon droit à l’identité. J’ai pleuré, tellement pleuré… Après plusieurs heures, un véritable miracle s’est produit. Le bus dans lequel j’avais oublié mon portefeuille est arrivé. Le chauffeur était en possession de mon précieux sésame. Quel bonheur ! Je revivais ! C’est toujours comme cela ! Je perds toujours ma carte d’identité. » Elle continue en précisant que c’est un phénomène vraiment ennuyeux pour ces proches qui vivent une incertitude considérable, la même que la sienne.
Lucien s’essaie à la psychanalyse : « C’est peut-être parce que tu ne souhaites pas être réduit à un vulgaire document administratif. Ou alors tu es atteinte de Trouble du Déficit de l’Attention. » Oriane est une bonne vivante, elle ne s’offusque pas de cette analyse hâtive.
Après une soirée bien enjouée, nous organisons un peu de désordre dans ce lieu, mais absolument toléré, en prévision de la nuit. Les banquettes sont suffisamment larges pour que nous puissions nous allonger. C’est ainsi que nous nous reposons pour une longue nuit où tout tangue autour de nous.
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Jeudi 4 septembre – 64e jour
Roscoff, Morlaix, Paris, Besançon
Il est six heures du matin. La mer est agitée. Il m’est impossible de maintenir mon équilibre correctement. J’évite donc au maximum de me déplacer sur le bateau avant notre arrivée.
Lucien a laissé sa voiture sur le parking de la gare maritime de Roscoff. Il propose de m’accompagner jusqu’à Morlaix. C’est un garçon sympathique, nous échangeons comme de vieux amis, alors que deux générations nous séparent.
Il me dépose au centre-ville et continue sa route. Il est originaire d’Albertville.
Je suis ravie de terminer mon voyage en retrouvant la jolie ville de Morlaix et son viaduc, impressionnant ouvrage d’art ferroviaire situé en pleine ville.
Aujourd’hui, je dois rejoindre Besançon en train avec de nombreux changements. Il n’est pas toujours aisé de voyager avec un vélo, surtout chargé de multiples sacoches. Lorsque les gares sont équipées d’ascenseurs ou de rampes, cela me simplifie fortement la tâche. Sinon, je dois demander de l’aide car je n’arrive pas à porter ma bicyclette pour monter et descendre les escaliers.
La gare de Morlaix présente sa passerelle métallique avec majesté. Elle permet de passer d’un côté à l’autre de la gare. Sa toiture en aile d’oiseau symbolise le voyage. Une audacieuse architecture qui m’enchante et me permet de rejoindre le quai central pour un TER qui m’emportera à Saint-Brieuc.
Puis cela se complique car le train suivant est un TGV bondé de voyageurs. L’espace réservé et payé pour mon vélo est occupé par des bagages. Je suscite l’énervement et l’animosité chez les voyageurs lorsque je leur demande de déplacer leurs immenses sacs et leurs volumineuses valises.
Après mon séjour en Irlande, cet épisode est une véritable douche froide qui s’est abattue sur moi. Par chance, mon voisin est très sympathique et nous partageons nos expériences de cyclistes aux nombreuses péripéties amusantes.
J’arrive dans l’immense gare Montparnasse qui se développe sur plusieurs niveaux. Il est difficile pour moi de l’appréhender et je ne sais comment rejoindre le parvis de la tour Montparnasse. Après de nombreuses allées et venues, je déniche les ascenseurs et je peux enfin sortir de la gare.
L’immense tour m’intrigue. Elle mesure deux-cent-dix mètres de haut et compte cinquante-neuf étages et sept-mille-deux-cents fenêtres. Je n’ai pas le temps, mais j’aurais bien apprécié de monter au 59è étage pour bénéficier d’une vue intéressante sur Paris. Dans l’immédiat, à vélo, je dois rejoindre la gare Bercy située à sept kilomètres. J’utilise principalement des voies cyclables et cela se passe bien. Je ne ressens pas d’insécurité à pédaler dans la capitale.
La dernière partie, de Paris à Dijon, se déroule tout à fait sereinement. Je fais une escale à Dijon chez ma fille Caroline et mon petit-fils Gaël. Il est très tard lorsque j’arrive. Ils veillent tous les deux, heureux de m’accueillir et empressés de recueillir mon premier témoignage sur ce tour d’Irlande à vélo.
Gaël, du haut de ses huit ans, aguerri aux voyages à vélo et m’accompagnant depuis de nombreuses années, ajoute : « Grand-mère, pour notre voyage d’automne à vélo, où allons-nous partir ? »
Roscoff, Morlaix, Paris, Besançon
Il est six heures du matin. La mer est agitée. Il m’est impossible de maintenir mon équilibre correctement. J’évite donc au maximum de me déplacer sur le bateau avant notre arrivée.
Lucien a laissé sa voiture sur le parking de la gare maritime de Roscoff. Il propose de m’accompagner jusqu’à Morlaix. C’est un garçon sympathique, nous échangeons comme de vieux amis, alors que deux générations nous séparent.
Il me dépose au centre-ville et continue sa route. Il est originaire d’Albertville.
Je suis ravie de terminer mon voyage en retrouvant la jolie ville de Morlaix et son viaduc, impressionnant ouvrage d’art ferroviaire situé en pleine ville.
Aujourd’hui, je dois rejoindre Besançon en train avec de nombreux changements. Il n’est pas toujours aisé de voyager avec un vélo, surtout chargé de multiples sacoches. Lorsque les gares sont équipées d’ascenseurs ou de rampes, cela me simplifie fortement la tâche. Sinon, je dois demander de l’aide car je n’arrive pas à porter ma bicyclette pour monter et descendre les escaliers.
La gare de Morlaix présente sa passerelle métallique avec majesté. Elle permet de passer d’un côté à l’autre de la gare. Sa toiture en aile d’oiseau symbolise le voyage. Une audacieuse architecture qui m’enchante et me permet de rejoindre le quai central pour un TER qui m’emportera à Saint-Brieuc.
Puis cela se complique car le train suivant est un TGV bondé de voyageurs. L’espace réservé et payé pour mon vélo est occupé par des bagages. Je suscite l’énervement et l’animosité chez les voyageurs lorsque je leur demande de déplacer leurs immenses sacs et leurs volumineuses valises.
Après mon séjour en Irlande, cet épisode est une véritable douche froide qui s’est abattue sur moi. Par chance, mon voisin est très sympathique et nous partageons nos expériences de cyclistes aux nombreuses péripéties amusantes.
J’arrive dans l’immense gare Montparnasse qui se développe sur plusieurs niveaux. Il est difficile pour moi de l’appréhender et je ne sais comment rejoindre le parvis de la tour Montparnasse. Après de nombreuses allées et venues, je déniche les ascenseurs et je peux enfin sortir de la gare.
L’immense tour m’intrigue. Elle mesure deux-cent-dix mètres de haut et compte cinquante-neuf étages et sept-mille-deux-cents fenêtres. Je n’ai pas le temps, mais j’aurais bien apprécié de monter au 59è étage pour bénéficier d’une vue intéressante sur Paris. Dans l’immédiat, à vélo, je dois rejoindre la gare Bercy située à sept kilomètres. J’utilise principalement des voies cyclables et cela se passe bien. Je ne ressens pas d’insécurité à pédaler dans la capitale.
La dernière partie, de Paris à Dijon, se déroule tout à fait sereinement. Je fais une escale à Dijon chez ma fille Caroline et mon petit-fils Gaël. Il est très tard lorsque j’arrive. Ils veillent tous les deux, heureux de m’accueillir et empressés de recueillir mon premier témoignage sur ce tour d’Irlande à vélo.
Gaël, du haut de ses huit ans, aguerri aux voyages à vélo et m’accompagnant depuis de nombreuses années, ajoute : « Grand-mère, pour notre voyage d’automne à vélo, où allons-nous partir ? »

Section 12 : du 1 sept au 4 sep..