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La traversée des Pyrénées par le GR10, entre autres !

(réalisé)
randonnée/trek
Quand : 31/05/19
Durée : 39 jours
Distance globale : 810km
Dénivelées : +46533m / -46555m
Alti min/max : 19m/2705m
Carnet publié par Béryl le 14 juil. 2019
modifié le 20 mai 2020
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en train bus
Précisions : Départ possible depuis les gares de toute grande ville.
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Vue d'ensemble

Le topo : J37 - Arles-sur-Tech/Las Illas (mise à jour : 04 févr. 2020)

Distance section : 27.6km
Dénivelées section : +1642m / -1417m
Section Alti min/max : 312m/1374m

Description :

Indications GPS  (différentes de celles du site) :

Distance : 28,85Km
Dénivelé positif : 1824m
Dénivelé négatif : 1533m
Temps de marche : 8h32
Temps d'arrêt : 2h35

Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé.

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Le compte-rendu : J37 - Arles-sur-Tech/Las Illas (mise à jour : 04 févr. 2020)

Samedi 6 juillet 2019

Courte nuit côté sommeil. J'ai eu très chaud et j'ai regretté de ne pas avoir dormi dehors sur la pelouse, les orages étant restés à l'écart.
Je me lève un peu avant 4h00 ; la proximité des sanitaires n'ayant pas été choisie que pour l'accès aux prises !
Mal foutu, je ne profite même pas à fond du petit-déjeuner que j'avais prévu. J'en aurai trop et devrai jeter la moitié du fromage blanc.
Démarrage à 5h40. L'étape sera longue, très longue...

Déjà, je prends 620m de dénivelé positif en moins de deux heures pour atteindre le col de Paracolls (902m). C'est raide !
Dans la montée, je suis rejoint par trois gars qui me reconnaissent et comme souvent, je ne les remets pas.
Mais si, me dit l'un d'entre eux, on s'est vus au chalet des Cortalets, tu parlais avec des Espagnols ! Nous étions juste à côté.
Pétard c'est pas beau de vieillir, je ne me souviens absolument pas d'eux alors que c'était avant-hier !
Il continue : tu prends le raccourci toi aussi ?
Le raccourci ? Quel raccourci ?
On a repéré un raccourci qui part du moulin de la Palette, évite de redescendre dans la vallée et rejoint Las Illas par les crêtes en longeant la frontière. Ça fait huit kilomètres de moins !
Ah, intéressant ! J'étudierai ça après le moulin, alors.
Le premier marche vite, mais passe son temps à attendre les deux autres qui se trainent. On se croisera de nombreuses fois en jouant au yoyo.
Quand je le rejoins, en haut du col, il discute avec deux jeunes en attendant les autres. Je me pose un moment. Le couple est parti de Las Illas où ils nous disent avoir campé sur une aire spécialement mise à disposition des randonneurs par la commune avec eau potable, toilettes et douche, s'il vous plait, et le tout gratuitement !
Chapeau Las Illas ! Je m'apercevrai plus tard de la gentillesse de ses habitants toujours prompts à rendre service à un pauvre randonneur à la ramasse...

Arrivé au moulin de la Palette, par la jolie passerelle qui traverse le Terme, je me pose à l'entrée du gîte. Je fouille dans le topoguide à la recherche du raccourci conseillé. Aucune trace. J'ai bien une vague idée, par des chemins noirs, mais cela reste très approximatif. Confirmation sur la carte de mon GPS. Trop hasardeux pour moi, tant pis, je continue par le GR. Et je fais bien car j'arriverai avant eux.
Avec un petit coup de main, cela dit !
La passerelle juste avant le moulin de la Palette (n'est pas Holzarte qui veut !)
La passerelle juste avant le moulin de la Palette (n'est pas Holzarte qui veut !)
Montalba d'Amélie écrasé sous le soleil.
Montalba d'Amélie écrasé sous le soleil.
J'arrive à Montalba d'Amélie où je comptais faire une pause, mais rien n'est prévu pour. C'est en fait un simple hameau écrasé sous le soleil alors qu'il est à peine 10h30.
Je continue et entame la montée vers le col de Cerda. Je repère une source en bordure du chemin et m'y abreuve largement avant de remplir mes gourdes.
C'est là que mon téléphone sonne à nouveau et c'est à nouveau le boulot. Un système est en panne depuis hier et toute une ligne de production est à l'arrêt. Le collègue au bout du fil m'explique le problème. Je pose de suite un diagnostic, mais peine à comprendre comment cela a pu arriver.
C'est suite à une coupure électrique, me répond-il. À la remise sous tension, deux messages contradictoires bloquent le système.
Oui, je vois, mais c'est un cas complètement improbable ! Tellement improbable que je n'ai pas prévu ce genre de situation dans le programme. Bon, t'affole pas, je connais le remède.
En fait, deux verrous se sont actionnés pile en même temps dans la mémoire de l'automate et chacun bloque le redémarrage d'un côté ou de l'autre des commandes.
Ce sera long. Il faut que je lui explique comment se connecter au système.
Tu cliques là, puis ici, c'est bon ? Ensuite, tu cliques là et tu dois avoir une fenêtre qui s'ouvre avec une liste déroulante dedans. Tu vas en bas de la liste et tu choisis ça. C'est bon ? Ensuite tu entres ce que je te dicte. C'est bon ? Comment ça non ?! Bon, on reprend !
Oui, ce sera long, mais on y arrive ! Tu les vois les verrous sur l'écran ? Ils sont à un ? Ok, passe-les à zéro tous les deux. C'est bon ? Valide et démarre le système.
Ça marche !! Super !
Et oui, ça marche. Il aura fallu trois quarts d'heure pour en arriver là, à l'aveugle, mais ça marche. La ligne peut repartir.
Je modifierai le programme en rentrant pour que ce cas (improbable !) ne se représente pas.
Et tout ça sans bouger pour éviter de perdre le peu de réseau que j'avais !

Allez, je repars. J'arrive au col Cerda (1058m) et me pose à l'ombre d'un arbre pour tailler un short à mon saucisson. Je dois lutter contre les taons, particulièrement virulents dans le coin. Saloperie de bestioles ! Aussi, je ne m'attarde pas et reprends mon chemin à l'assaut de la Collade de Sant-Marti (1426m) et entre enfin dans l'ombre bienvenue du bois de la Marquise aux hêtres centenaires.
Je passerai ainsi le col du Puits de la Neige (1240m) et le coll dels Cirères (1015m) alternant le français et le catalan !
Eux aussi préfèrent l'ombre à l'heure de la sieste.
Eux aussi préfèrent l'ombre à l'heure de la sieste.
Anc(h)être.
Anc(h)être.
Arrivé au lieu dit La Selve, je trouve un banc sur lequel je me pose. Je suis épuisé. La chaleur me fatigue beaucoup plus rapidement. Une seule maison dans ce bled, avec une voiture garée devant. Je sais que la suite est une bande de goudron de plusieurs kilomètres. Ah, qu'est-ce que je donnerais pas pour les faire dans cette voiture !

Et hop !

Alors que je reprends la route, je vois un homme sortir de la maison. Bonjour !
Bonjour ! Vous pouvez me donner un coup de main ?
Avec plaisir !
J'ai acheté un congélateur ce matin et je voudrais le monter sur une table, mais il est trop lourd.
Pas de problème, je vais vous aider.
Sympa, après je vous paie une bière.
Ah c'est gentil, mais si je me pose à nouveau, je ne me relèverai pas et je dois rallier Las Illas.
Bon courage, vous avez près de quatre kilomètres de route pour y arriver ! Vous pouvez planter la tente ici si vous voulez.
Non merci, ça me rallongerait l'étape de demain qui est déjà bien assez longue sous ce soleil. Bon, on le monte ce congélateur ?
Deux minutes après, le congélateur bien en place, je m'apprête à partir. Je sors au soleil après la fraîcheur bienvenue de la cave où nous étions.
Oh la vache, qu'est-ce que ça cogne ! Ça va donner sur le bitume !
Je peux vous déposer si vous voulez !
... ah, je ne voudrais pas vous déranger.
Mais ça ne me déran....
D'ACCORD !

Le panard !! Je suis dans la voiture dont je rêvais tout à l'heure ! Oui, je sais, c'est de la triche.
Bon, tu vas pas m'en vouloir pour quatre kilomètres, non ? Et puis du bitume, en plus ! Tu pouvais très bien passer ailleurs que par cette route, d'ailleurs regarde le GRP, là, lui il passe par des petits chemins pour arriver au même endroit !

Ça y est, t'as fini ? Tu veux des orties pour te flageller ? Dur dur la culpabilité, hein ?

Pfff, même pas vrai en plus.

Jacques me dépose pile devant l'aire de camping mise à disposition des randonneurs par la commune. Une tente est déjà installée et je reconnais Benoit, le chti, assis devant une des tables en bois en train de discuter avec un autre gars. Je récupère mon sac à dos dans le coffre de la voiture, remercie encore une fois ce bon Jacques et descends les rejoindre.
Salut Benoit, t'as dropé dis donc pour arriver là !
Je salue aussi l'autre gars. Il fait la traversée dans l'autre sens (encore un !).
Je monte ma tente en vitesse et file à la douche. Particulière, la douche. En extérieur, au bord de la route avec juste un muret de cinquante centimètres de large pour cacher la vue ! Mais je m'en fous, même sans muret ça me va ! Eau froide only, par contre, avec cette chaleur, il m'a fallu un bon moment pour y entrer !
Ah, ça va mieux !
On va se boire une petite mousse au bar du coin ?
C'est en rassemblant mes affaires sous la tente que je m'aperçois du problème : je n'ai plus mon bâton. De suite, je sais que je l'ai oublié dans le coffre de la voiture de Jacques. Et m....
Sans bâton, c'est la galère. Je ne suis pas Pedro, moi !
En descendant de la voiture, Jacques s'est mis à discuter avec deux personnes du coin, peut-être connaissent-elles sont numéro de téléphone.
En allant vers le bar, Benoit et moi, nous tombons sur ces gens. Peine perdue, ils ne connaissent pas son numéro.
Il m'a aussi parlé des propriétaires du bar-restaurant qu'il connait bien. Peut-être que...
Non plus.
Devant mon air dépité, la patronne dit à son mari : tu pourrais l'amener chez Jacques en vitesse ?
Le mari, adorable, accepte alors qu'il est 18h30, qu'il y a du monde en terrasse et que le repas du soir n'est pas encore prêt.
Des amours !!
Jacques est tout surpris de nous voir débarquer. Je sors de la voiture et lui lance : je viens vérifier que le congélateur fonctionne bien !
Devant son air ahuri, je lui explique le vrai problème. Mais pas question de partir sans boire un coup ! Ça tombe bien, Jacques se marie dans quelques jours et il demande s'il peut faire le vin d'honneur au restaurant du village. Ils discutent de l'organisation, mais l'heure tourne et il y a du boulot au village !
Je récupère enfin mon bâton qui était bien dans le coffre (au moment de l'ouvrir, j'ai eu un doute : et s'il n'était pas là ?!).
Merci Jacques !

Au retour, j'explique à la patronne le guet-apens dans lequel nous sommes tombés afin d'atténuer son éventuel courroux. Solidarité masculine !
Elle me demande si je mange ici, ce soir.
Bien sûr ! Ne serait-ce que pour vous remercier. Pour commencer, je vais prendre une petite mousse et servez-en une aussi à mon ami Benoit, s'il vous plait.
Tiens les trois amis qui ont dévié au moulin de la Palette sont là.
Alors ce raccourci, ça s'est bien passé ?
Oui, pas mal, mais il a fallu être hyper vigilants, le chemin était à peine visible. Sans la trace sur le téléphone c'était impossible.
Mouais, j'ai bien fait de rester dans les clous, ce coup-ci !
Un couple de Bretons se joint à nous pour le repas. Madame a fait un malaise aujourd'hui à cause de la chaleur, pas sûr qu'ils continuent demain. On les encourage. Ils ne font qu'une portion et ils sont à deux jours de l'arrivée, ce serait bête d'arrêter ici !
L'ambiance est bon enfant. Pour remercier encore notre hôte, je lui prends une de ses meilleures bouteilles de vin. Un rouge local pas dégueu, ma foi !
Les trois gus sont bordelais, je l'apprends à mes dépens en faisant une blague à ce propos. Nous sommes donc quasiment voisins ! 
Benoit m'apprend qu'il a dormi au refuge de la Carança lors du fameux orage. Au réveil, il a trouvé Pedro qui dormait sur une table dehors. Quoi ? Il était devant moi au col del Pal au plus furieux de l'orage ! Il a donc fait demi-tour ?
Il faut croire. Il lui a dit qu'il avait oublié son appareil photo.
Pedro n'a pas sorti son appareil photo au refuge. Drôle d'histoire dont je ne connaitrai probablement jamais l'explication, car je ne reverrai plus ni Pedro, ni Mike, ni Juliette.
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