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La traversée des Pyrénées par le GR10, entre autres !

(réalisé)
randonnée/trek
Quand : 31/05/19
Durée : 39 jours
Distance globale : 810km
Dénivelées : +46533m / -46555m
Alti min/max : 19m/2705m
Carnet publié par Béryl le 14 juil. 2019
modifié le 20 mai 2020
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en train bus
Précisions : Départ possible depuis les gares de toute grande ville.
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Vue d'ensemble

Le topo : J20 - Lac d'Oô/Bagnères-de-Luchon (mise à jour : 25 nov. 2019)

Distance section : 19.5km
Dénivelées section : +1064m / -1922m
Section Alti min/max : 1498m/2266m

Description :

Indications GPS  (différentes de celles du site ; je ne comprends pas pourquoi) :

Distance : 26,27Km
Dénivelé positif : 1231m
Dénivelé négatif : 2111m
Temps de marche : 7h09
Temps d'arrêt : 1h25

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Le compte-rendu : J20 - Lac d'Oô/Bagnères-de-Luchon (mise à jour : 25 nov. 2019)

Mercredi 19 juin 2019

On pouvait prendre le petit-déj à l'heure qu'on voulait, mais j'ai bien vu que ça faisait tiquer Patrick quand je lui demande : "5h00, c'est bon ?", même s'il m'a répondu "pas de problème, je serai levé".
Les autres prévoient plutôt 7h00. Allez, je m'aligne.
Nous sommes donc ensemble à table et l'ambiance est toujours aussi décontractée. Patrick a juste un peu peur que je lui vide son stock de pain !
Pour une fois, je prends une photo de tout ce petit monde. Seule l'équipe technique n'est pas là ; ils ont dormi aux Granges d'Astau.
On refait les trajets dans les deux sens. Ils me donnent des infos supplémentaires sur ce qui m'attend ces prochains jours et je fais de même sur certains passages craignos délicats jusqu'à Hendaye.
Bon allez les gars, j'y vais. Salut Patrick et merci pour ton accueil !

J'apprendrai plus tard que Pascal a échoué dans sa tentative.
Désolé pour lui, mais connaissant le bonhomme, je me doute que ce n'est que partie remise !

Il est 8h05, je suis rarement parti aussi tard ! Le topoguide prévoit huit heures cinq de marche dont deux heures trente de grimpette ; autant ne pas perdre de temps.
Effectivement, ça monte de suite, comme bien souvent. Je contourne longuement le lac avant d'opérer quasiment un demi-tour évitant le col d'Espingo (le sommet n'était vraiment pas loin !).
La hourquette des Hounts-Secs (2275m) sera plus gaillarde à atteindre. Heureusement, mon rythme de vieille loco à vapeur vient à bout de tout. Du moins jusqu'à maintenant.
Je vois quelques randonneurs à la peine loin devant moi. Il semble qu'ils ont des soucis de repérage faisant de nombreuses marches arrière de vérification. Pourtant les balises sont claires. J'arrive finalement en même temps qu'eux au sommet.
Deux femmes qui marchent ensemble et un homme, habillé comme pour un trek au Pôle-Nord malgré la chaleur. Je me pose un instant à leur côté pour une recharge rapide de barre chocolatée.
Le bonhomme, un peu grognon, à l'air pressé et descend de l'autre côté aussi sec.
Nous échangeons avec les filles sur les seuls points qui préoccupent le grdiste : la météo, où (d'où viens-tu, où vas-tu, d'où es-tu), quand (quand es-tu parti, quand comptes-tu arriver) et les options : comment, avec qui.
La plupart des personnes qui me demandent pourquoi je marche seul ne semblent pas comprendre le sentiment de liberté que cela procure. Elles rapportent systématiquement cet état de fait à leurs propres peurs (peur des autres, peur des bêtes, peur de la solitude, etc.). Elles n'ont pourtant jamais essayé. 
Je pense plutôt, sans faire de psychologie de comptoir, qu'elles ont surtout peur d'elles-mêmes. Peur de se retrouver avec soi. Je suis mon pire ennemi au sens propre.
J'adoucis en général mon discours bien rodé par le fait qu'il est souvent difficile d'adapter son pas au rythme d'un autre. Le plus lent essaie de marcher plus vite, le plus rapide cherche à ralentir : les deux se fatiguent inutilement. Où est le plaisir ?
De même, les rencontres gagnent en spontanéité, en naturel quand on est seul. Je le remarque notamment quand je discute avec une fille seule. En couple, elle aura plus de retenue.
La fille seule, justement, celle qui marche seule et qui aime ça, qui l'a choisi : voilà un sujet qui plonge ces personnes dans un abîme de perplexité et d'incompréhension. Une fille ! Seule ! Perdue dans la montagne ! Vous vous rendez compte ? Quelle inconscience !
Elle n'a rien a craindre pourtant, l'ourse, ses deux petits et le grand mâle solitaire, c'est moi qu'ils suivent !
Je prends alors congé de ces honnêtes gens, les laissant avec leurs certitudes sous leur regard ahuri de cette dernière saillie.
Les isards au petit-déj (Pascal Blanc est en bleu) avec Patrick au comptoir.
Je vous rassure, ils ne courent pas en crocs !
Les isards au petit-déj (Pascal Blanc est en bleu) avec Patrick au comptoir.
Je vous rassure, ils ne courent pas en crocs !
D'autres cascades se jettent dans le lac !
D'autres cascades se jettent dans le lac !
Le lac d'Oô visible longtemps après l'avoir quitté.
Le lac d'Oô visible longtemps après l'avoir quitté.
Mister ronchon, parti devant a laissé une trace bien utile sur le névé qui nous attend en descendant la hourquette. Arrivé de l'autre côté, il attend pour voir si tout se passe bien pour les suivants.
Le suivant, c'est moi. Pas rassuré, je marche dans ses pas en m'enfonçant parfois jusqu'à mi-mollet. De l'autre côté, je me fends d'un généreux merci et attends à mon tour que les filles traversent. Lui, voyant que je prenais le relais de bon samaritain, reprend son chemin.
Les filles sont passées sans problème. Nous repartons.
Très vite, je m'éloigne et rattrape le bonhomme. Il faut dire que, s'il y en avait, les cagouilles lui grimperaient aux pattes ! Quelques mots échangés, à propos du poids du sac - autre sujet de haute importance pour un grdiste - notamment et je file à mon allure de croisière. Je ne le reverrai que tard dans la soirée.

Le col de la Coume de Bourg (2272m) passe facilement. C'est après que ça se gâte.
Je perds les balises et m'écarte de la trace GPS. Je reviens en arrière, en trouve une, repars et me perds à nouveau. Mais bon sang, ils ont peint les balises sur les moutons, ou quoi ?!
Un gars, plutôt jeune, est avachi sur le chemin. Bonjour, c'est l'heure de la pause ?
Ouais, je m'en roule une et je repars.
Je cherche le GR10.
C'est par là.
T'es sûr, parce que ma trace GPS m'indique plutôt l'autre côté ?
Ouais je suis sûr vu que c'est les balises que j'ai suivies pour arriver ici.
Bon, faisons-lui confiance. Je continue donc et perds complètement de vue la trace GPS. Je repère bien quelques balises, mais il faut avouer qu'elles sont sporadiques ; on est loin du pays basque !
Et puis je me souviens d'un détail : Patrick, du refuge du lac d'Oô, nous a dit que le tracé du GR avait été modifié suite à un accident mortel, voici quelques années. Je suis sûrement sur la modif.
Je m'apercevrai plus tard qu'elle rallonge sacrément.

J'arrive à Superbagnères, qui vu la saison est plus Bagnères que super. Quelques ouvriers s'affairent aux derniers travaux avant l'ouverture début juillet et une poignée de randonneurs à pied ou à vélo errent comme des âmes en peine à la recherche d'un chemin.
Je me pose à la terrasse d'un bar fermé pour casser la croûte. Poussant la porte d'un resto en travaux, je profite de l'autorisation du plombier qui y travaille pour remplir mes gourdes.
Névé craignos à traverser.
Névé craignos à traverser.
Chevauche le serpent !
Chevauche le serpent !
Respire !
Respire !
Superbagnères. Aucune piste ouverte !
Superbagnères. Aucune piste ouverte !
Le grand hôtel dénote pas mal avec les autres bâtiments !
Le grand hôtel dénote pas mal avec les autres bâtiments !
La taille de la fourmilière !!
La taille de la fourmilière !!
Toi aussi t'as tout le temps faim ?...
Toi aussi t'as tout le temps faim ?...
Conduites sans permis.
Conduites sans permis.
Descente pépère dans les bois.
Descente pépère dans les bois.
Bagnères-de-Luchon, moitié route !
En effet, ici l'Atlantique est équidistant avec la Méditerranée. On change aussi de topoguide, même si l'Ariège commence un peu plus loin.
D'entrée, je vise l'Office du Tourisme. Les campings ? Alors, vous en avez un là, un là, un là et un là. Tous les "là" sont à des kilomètres du centre-ville ! Rien de plus près ? En camping, non. Sinon en gîte, vous avez le Lutin, pas très loin.
J'appelle : c'est bon, j'ai une chambre ! Je m'y rends de suite. Le patron est sympa, mais je n'arrive pas à cerner son accent. Irlandais, peut-être ? Je reconnais quelques peintures encadrées au mur. Moi qui adore le folklore régional, je suis servi !
Par contre, pour le repas du soir, il ne peut pas me servir, il est déjà complet. Pas de souci, un coin de table fait mon affaire. Un four micro-ondes, peut-être ? Non : la cuisine entière ! Merci patron !
Je monte dans ma chambre, prends ma douche et... oh, mais j'ai du matos à renvoyer à la maison, moi ! Vite, à la Poste !
J'y arrive vingt minutes après la fermeture, en colère de ne pas y avoir pensé plus tôt.

Bagnères est la dernière grosse ville avant longtemps, alors je ravitaille au taquet. Déjà pour me faire un bon repas et un bon petit-déj. Je m'achète deux revues, aussi. La lecture me manque et je dévore tous les magazines qui me tombent entre les mains dans les gîtes ou les refuges.
Quand je rentre au Lutin, le papy ronchon y arrive juste. Ah bin vous marchez pas, vous, vous courez, qu'il me dit de suite !
Le soir, comme prévu, le patron me prête sa cuisine de pro. Je prépare mon repas pendant qu'il fait celui de ceux qui ont réservé. On discute de tout et de rien, pendant que mon chili con carne chauffe lentement sur son piano de cuisson tout inox.
Je me mets à table et discute avec un client qui est juste de passage comme touriste. Lui aussi a du mal à comprendre ceux qui partent de chez eux aussi longtemps pour marcher seuls.
Tiens, voilà papy. Il s'invite de suite dans la conversation et s'adresse à moi : vous marchez vraiment vite ! On vous a vu vous éloigner ce matin.
De l'air de dire "vous auriez pu nous attendre".
Je marche à mon rythme, c'est l'avantage de marcher seul, j'ai personne à attendre. (Ça, c'est fait !)
Oui, n'empêche, vous marchez vite. Ça va le cardio ?
Le cardio ? Bin, oui, ça va, merci. Vous savez, c'est mon vingtième jour aujourd'hui, alors la machine est rodée !
Ah bin vous avez du bol, vous. Vous verrez quand vous aurez mon âge ! Moi aussi, je trottais quand j'avais trente-cinq ans !
Et le voilà parti à raconter ses exploits de jadis au pauvre touriste qui n'en demandait pas tant.
Le bonhomme m'ennuie, et je suis poli.
D'ailleurs, j'ai fini mon repas. Un repas de prince ! Je me lève, fais ma vaisselle et monte dans ma chambre.
J'ai même pas eu envie de relever sa dernière remarque et de lui clouer le bec en avouant qu'à la fin de l'année, j'en aurai quinze de plus !
Bagnères entr'aperçue dans une trouée de la forêt.
Bagnères entr'aperçue dans une trouée de la forêt.
Bagnères de Luchon, aussi calme l'après-midi...
Bagnères de Luchon, aussi calme l'après-midi...
... qu'au petit matin !
... qu'au petit matin !
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