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La traversée des Pyrénées par le GR10, entre autres !

(réalisé)
randonnée/trek
Quand : 31/05/19
Durée : 39 jours
Distance globale : 810km
Dénivelées : +46533m / -46555m
Alti min/max : 19m/2705m
Carnet publié par Béryl le 14 juil. 2019
modifié le 20 mai 2020
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en train bus
Précisions : Départ possible depuis les gares de toute grande ville.
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Vue d'ensemble

Le topo : J25 - Esbintz/Saint-Lizier-d'Ustou (mise à jour : 20 mai 2020)

Distance section : 21km
Dénivelées section : +959m / -1048m
Section Alti min/max : 831m/1135m

Description :

Indications GPS  (différentes de celles du site ; je ne comprends pas pourquoi) :

Distance : 24,59Km
Dénivelé positif : 1008m
Dénivelé négatif : 1134m
Temps de marche : 6h11
Temps d'arrêt : 1h14

Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé.

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Le compte-rendu : J25 - Esbintz/Saint-Lizier-d'Ustou (mise à jour : 20 mai 2020)

Lundi 24 juin 2019

Jean-Pierre, le grdiste égaré, a dormi avec moi dans le gîte. Pour l'avoir rencontré à Eylie-d'en-Haut, je sais que c'est un ronfleur de compète ; c'est même de lui que le champion du monde se moquait au petit matin (voir le jour 23).
Avec les bouchons, la nuit a été calme.
Je me lève tout de même plus tard que prévu et descends au pour 6h30. Encore un p'tit-déj où je me suis goinfré comme un goret. Ah les confitures maison et le pain, maison lui aussi, à volonté !
J-P a bouclé ses affaires, posé son sac à dos dehors prêt à partir, et arrive à son tour pour manger. Je t'en ai laissé, t'inquiète pas !
Je regagne le gîte et au moment de partir, je m'aperçois qu'il a laissé son topoguide sur la table. Déjà qu'il se paume avec, alors sans ?!
Après maints remerciements, nous partons ensemble. Mais très vite, je prends la tête, car lui se prend la sienne constamment à chaque carrefour ! Suis les balises, bon sang, Jean-Pierre ! Non, il faut qu'il vérifie tout. En fait, il avoue lui-même qu'il manque cruellement de confiance en soi et se perd tout le temps. En plus de sa distraction, même s'il n'est sur le GR que depuis peu de temps, je me demande comment il est arrivé là !
Allez, salut J-P ! Je ne le reverrai plus.

Une heure après, les deux flèches me rattrapent. Nous nous posons un moment afin de vérifier que nous prenons bien le GRP dans le bon sens. Un p'tit coup d'œil dans le topoguide : c'est par là !
Ils ont décidé de passer par Seix pour s'approvisionner en liquide et en tabac. Mike se pose au bord du chemin avec les sacs et Pedro part à vide vers le village avec son rythme de formule un. Salut les gars, moi je continue, on se retrouve à St-Lizier !
De l'eau, du vert : le bonheur !
De l'eau, du vert : le bonheur !
Attention chemin glissant !
Attention chemin glissant !
Le carnaval des animaux.
Le carnaval des animaux.
J'atteins très vite mon rythme de croisière ; c'est la super forme ! Un bon petit-déj c'est vraiment top, ça change tout !
Bon, il faut dire que l'étape n'est pas très compliquée. Quelques endroits bien "craignos" quand même, comme ce passage perpendiculaire à la pente enfoui sous des fougères d'un mètre cinquante. Non seulement je ne vois pas où je pose les pieds, mais en plus je sais que le ravin est à ma droite et que je n'ai pas intérêt à m'écarter de trop. J'entendrai un caillou rouler dans les fougères un bon moment avant de s'arrêter. Là, même les vautours ne vous trouvent pas !
Cet autre passage bien étrange : une forêt dont les arbres sont envahis par la mousse. Je marche dans une lumière tamisée, grisâtre, et fatalement il arrive un moment où je rate une balise et me perds. Je tourne en rond avec cette sensation d'être observé qui m'envahit peu à peu. Au bout d'un long moment, je reconnais l'endroit : c'est par là que je suis entré tout à l'heure ! Il faut que je reparte en arrière. Je tourne et retourne au milieu de ces arbres moribonds, de plus en plus serrés dans cette forêt de plus en plus obscure. Une peur sourd en moi : je ne suis pas seul, c'est sûr et je suis en danger. Il faut que je sorte de là à tout prix. À un moment, j'essaie de courir, mais le poids du sac à dos m'en dissuade très vite. Je vois une balise, ouf ! Je suis la maigre trace au sol. Une deuxième, allez, p'tit père c'est bon. Une troisiè.. Non, non, non, non et NON !!! Je suis déjà passé ici !
Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
Je me pose. Je me calme. Je me raisonne.
C'est toi qui me fais une blague ?

Pas du tout.

Bon, allez, un peu de bon sens. J'arrête de faire turbiner mon imagination. Je suis seul. Seul de chez seul, personne n'est là et personne ne m'en veut. C'est juste cette ambiance, là, qui est... bizarre ! Allez, je repars et je suis attentif aux balises. Où sont-elles d'ailleurs, ces fichues balises ? Petit à petit, je recouvre la raison. Une balise, puis deux, une troisième, c'est bon, je reconnais. J'arrive à un embranchement. Deux balises ! J'ai compris, je vois la balise qui indique ma direction et l'autre, plus voyante, indique la direction opposée, celle pour ceux qui font le GRP dans l'autre sens.
Voilà la boulette !
Je continue de balise en balise. Comme par enchantement, le chemin se fait plus net, plus clair. Il me faut un bon moment avant de sortir de cet enfer végétal. La lumière revient enfin.
J'arrive à l'orée de ce bois, voyant le champ de fougères baignées de soleil, quand j'entends un bruit de branche cassée derrière moi. Évidemment, je me retourne et ne vois personne. Je sors quand même au pas de course et fonce dans les herbes hautes une bonne centaine de mètres avant de m'arrêter. Un regard en arrière : j'observe la masse sombre de cette forêt immobile et suis presque déçu de ne voir aucune créature en sortir.
Déçu et un peu soulagé, quand même.
Quel idiot !
Il n'empêche, expérience troublante...

C'était bien la peine de m'accuser. Tu as trop d'imagination. J'en suis la preuve.

Trop d'imagination... Ça ne veut rien dire ; comment peut-on avoir trop d'imagination ?
Cela sous-entendrait que l'on peut la quantifier ? Dans ce cas, où est la limite ? La fameuse limite dont certains se basent pour nous déclamer sentencieusement : tu as trop d'imagination !
Remarquez, si le GR commence à me parler par aphorisme, il va peut-être falloir que je marche un peu plus avec les pieds et un peu moins avec la tête !
Entrée dans Fangorn, seule photo valable. Les autres sont floues à cause de la pénombre.
Entrée dans Fangorn, seule photo valable. Les autres sont floues à cause de la pénombre.
Si vous voulez disparaître à jamais...
Si vous voulez disparaître à jamais...
... laissez-vous glisser !
... laissez-vous glisser !
Anus sylvestre ?
Anus sylvestre ?
Plus loin, le chemin disparaît complètement !
Plus loin, le chemin disparaît complètement !
Le temps s'est couvert. Cela explique aussi la pénombre qui régnait dans le bois. En fait, tout s'explique avec deux doigts de jugeote. Dommage, quelque part...
C'est le problème de la dualité qui m'habite ; d'un côté le technicien, rationnel, pragmatique, binaire et de l'autre le rêveur passionné d'imaginaire en général et de folklore en particulier qui ne serait pas surpris de voir une draga l'attendre, assise sur un vieux mur moussu, au détour d'un chemin creux.

J'arrive au camping de St-Lizier-d'Ustou vers 15h00. C'est tôt, mais j'apprécie d'avoir un peu de temps libre, en dehors de la marche, je veux dire !
Petite discussion avec le boss, très sympa (rares seront les gens désagréables que je rencontrerai sur le GR). Un petit coin épicerie fort bien achalandé est fermé juste ce jour-là. Je m'en émeus et lui me rassure : on vous ouvrira, ne vous en faites pas, on connait les besoins des randonneurs.
Merci !

Je m'installe et après la douche et la lessive, j'envoie un sms (trop peu de réseau pour un appel) à Louna, ma fille, pour son anniversaire. Vingt-deux ans, déjà... La roue tourne, comme dit ma mère ! Tant que je suis dans les messages, je vise Pedro pour savoir où ils sont. Il me répond qu'ils m'attendent au bar juste en face du camping. J'arrive !
Tournée de petite mousse pour tout le monde !
Deux pour moi ça suffit, heureusement que je me suis bu un litre d'eau avant. Je fais très attention à éviter la déshydratation et le mal de crâne inévitable qui s'ensuit au petit matin, comme cela m'est arrivé sur d'autres treks.
Pedro a trop bu, cela se voit à ses yeux qui brillent et aux propos qu'il tient !
Qu'est-ce que vous comptez faire, les gars ?
On va continuer pour s'avancer un peu.
C'est pas sérieux dans l'état où vous êtes et ça peut être dangereux, même. Prenez un emplacement au camping, il est sympa et pas cher.
Non, on continue, ça va t'inquiète pas.

Si, je m'inquiète, mais que puis-je faire ?
Je traverse la route et regagne le camping. Un petit coup de cloche et la porte de l'épicerie s'ouvre. Je suis le seul client ! Je constate qu'ils connaissent effectivement bien les besoins du randonneur. Ils ont même des plats préparés lyophilisés.
Au menu ce soir : salade de thon méditerranéenne, choucroute royale accompagnée d'une Chouffe, pain maison de la ferme d'Esbintz et crème dessert à la vanille.
Je fais le plein pour le petit-déj aussi, évidemment.
Un peu trop plein, même. Je le regretterai...
Un repas qui s'annonce bien !
Un repas qui s'annonce bien !
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