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La traversée des Pyrénées par le GR10, entre autres !

(réalisé)
randonnée/trek
Quand : 31/05/19
Durée : 39 jours
Distance globale : 810km
Dénivelées : +46533m / -46555m
Alti min/max : 19m/2705m
Carnet publié par Béryl le 14 juil. 2019
modifié le 20 mai 2020
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en train bus
Précisions : Départ possible depuis les gares de toute grande ville.
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Vue d'ensemble

Le topo : J31 - Mérens-les-Vals/Cabane du Rouzet (mise à jour : 27 nov. 2019)

Distance section : 13.5km
Dénivelées section : +1623m / -510m
Section Alti min/max : 1150m/2474m

Description :

Indications GPS  (différentes de celles du site) :

Distance : 18,26Km
Dénivelé positif : 1741m
Dénivelé négatif : 613m
Temps de marche : 6h23
Temps d'arrêt : 1h57

Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé.

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Le compte-rendu : J31 - Mérens-les-Vals/Cabane du Rouzet (mise à jour : 27 nov. 2019)

Dimanche 30 juin 2019

Ah le concert de ronflements et autres bruits de vents cette nuit ! Je crois qu'on a atteint des sommets !
J'ai dû remettre mes bouchons à plusieurs reprises.
À 6h00 pétantes, je suis sur la terrasse, ma sacoche à la main. Dix minutes plus tard, le patron arrive : allez, on y va.
Je profite du passage à la boulangerie pour me ravitailler et retire assez de liquide pour les jours à venir.
Nous revenons en avance pour le petit-déjeuner, mais comme il est ouvert, j'entre.
Ah, le petit-déj ! Celui-là est number one ! Du pain, de la confiture, des fruits, des jus de fruits, chocolat, café. Le nombre de corbeilles à pain que j'ai vidées... Il faut dire que ce sont des tranches de belle-mère. C'est bien simple, je termine tout seul dans la salle ! 
Ah non, voilà un retardataire. Bon, il lui en reste quand même. J'aurai vu défiler tout le monde, en fait !
Le petit café par-dessus tout ça, je suis prêt !
Il est 8h00 quand je décolle avec pour entrée cinq heures trente de grimpette. Mille deux cents mètres de dénivelé positif en six kilomètres. En fait, la pente est moins pénible que la chaleur. Pas de vent pour me rafraîchir, c'est suffocant. Cela fait plusieurs jours que je ressens l'influence méditerranéenne, mais là, l'accentuation est notoire.
Pour illustrer cela, alors que je relève le nez de mes pieds, je me retrouve face à face avec un gars... à poil ! Enfin, le bas seulement. Il porte un teeshirt. Un randonneur avec son sac à dos, un de la vieille école vu son âge et sa barbe d'ancêtre. Il me passe devant sans répondre à mon timide bonjour pendant que je regarde son entrejambe entièrement tatoué. Contrairement à d'autres endroits du GR, je n'ai pas été prévenu de ce genre de rencontre ! Pour ma part, je ne suis pas gêné, mais j'ai bien peur que lors d'une ballade en famille, cela suscite quelques questions de la part des gamins !
J'arrive à la porteille des Bésines (2333m) juste avant midi. Un peu de monde là-haut, je redescends illico et parviens au refuge trois quarts d'heure après. Je m'y pose pour le casse-croûte avec un couple parti de Mérens comme moi. Ils font une grande boucle dans le coin en suivant en partie le GR.
L'église St Pierre de Mérens-d'en-Haut.
L'église St Pierre de Mérens-d'en-Haut.
Piscine avec douche intégrée !
Piscine avec douche intégrée !
Rhododendrons, spectateurs de Tour de France : même combat !
Rhododendrons, spectateurs de Tour de France : même combat !
Refuge des Bésines (on arrive par derrière). C'est moi ou ça se couvre ?...
Refuge des Bésines (on arrive par derrière). C'est moi ou ça se couvre ?...
... oui, le temps se couvre et ça me plait moyen.
Il est à peine 14h00 quand je m'élance vers le prochain col. Euh... par où ? Pétard, le GR est encore dévié... Retour au refuge. Le gardien m'indique le nouveau passage : regarde les petits poteaux, c'est moi qui les ai plantés, suis-les !
Le début est plutôt tranquillou. Certes la pente est raide, mais ça passe facilement. Et puis arrivent les premiers névés. Au prix de nombreux détours et acrobaties dans les rochers, je parviens à les éviter presque tous.
Presque...
En voilà un qui me pose un gros problème, il est très pentu et la trace est quasiment parallèle. Je m'engage, j'ai beau me faire des marches en tapant du talon, ça prend pas. Je monte péniblement et glisse souvent. En bas, de gros rochers paisibles attendent que je descende leur faire un bisou. Avec élan, si possible !
Arrive alors mon sauveur. Un gars, le genre coupé d'isard, descend le névé comme s'il n'y avait pas de neige. Il me voit en difficulté et s'arrête à mon niveau. Il m'explique deux ou trois trucs de montagnard (non, en montée tu frappes du bout du pied, pas du talon) et finit par me prêter un de ses bâtons. Avec deux appuis, ça va déjà beaucoup mieux !
Le voilà qui remonte la pente avec moi ! Et avec un seul bâton, il s'en sort plutôt bien. Arrivés en haut, je le remercie infiniment et lui rends son bien en lui précisant qu'il m'a peut-être sauvé la vie.
N'allons pas jusque-là, me répond-il !
J'aurais pu glisser et m'écraser sur les rochers en bas, parti comme j'étais parti ! En tout cas, t'as sauvé ma journée !

Mais ma journée n'était pas sauvée ; d'autres allaient s'évertuer à me la compliquer...
Ah que j'aime ça !
Ah que j'aime ça !
Et au milieu coule... ok, c'est bon, je suis sûr ce coup-ci de l'avoir déjà faite !
Et au milieu coule... ok, c'est bon, je suis sûr ce coup-ci de l'avoir déjà faite !
Premiers névés, premières emmerdes !
Premiers névés, premières emmerdes !
Merci mon gars, t'as sauvé ma journée (et peut-être la vie) !
Merci mon gars, t'as sauvé ma journée (et peut-être la vie) !
En haut de la Coume d'Anyell (2470m) le tonnerre gronde. Pas bon, ça.
Je bascule vite de l'autre côté. Mon sauveur m'a prévenu que j'allais encore rencontrer quelques névés, mais ça passe facilement. En voilà un, justement. Un vicelard. Il commence bien horizontalement, mais vers la fin, incline plutôt vers le vertical et finit avec une sacrée pente. Obligé de le terminer au ralenti avec l'orage qui menace de plus en plus.
Baroud d'honneur de l'Ariège ?
En effet, plus loin, je passe la frontière et entre dans les Pyrénées-Orientales. Elles m'accueillent sous les éclairs, c'est guère mieux. Un orage contre lequel je vais devoir me battre à la course ! Le premier d'une longue série...
Allez, run !
Heureusement, les autres névés sont soit évitables, soit plus faciles à traverser. Je vois le lac de Lanoux, mais point de cabane. Il faut faire un grand détour avant de l'apercevoir.
Mon sauveur (il faut que j'arrête de l'appeler ainsi, mais vous ne serez pas étonnés que j'aie oublié de lui demander son nom !) m'a prévenu que la cabane était occupée par "trois Vietnamiens-hollandais, ce sont eux qui me l'ont dit !". La cabane est prévue pour quatre places, avec un peu de bol, il en reste donc une.
J'y arrive enfin. Effectivement, ils sont là. Manifestement un père avec son fils et sa fille. Je traite principalement avec le fiston.
Bonjour, vous parlez français ?
No.
Ah, speak english, so ?
Yes.
(pas causant...)
Je vous le fais court : ils ont pris toute la cabane et refusent de me laisser entrer. Ils tiennent à rester en famille et sont fortement contrariés qu'un intrus ait même l'idée de briser cette belle unité.
Je leur fais remarquer l'orage qui arrive, mais rien à faire, le Hollandais-vietnamien est plutôt du genre fourmi, il n'est pas prêteur.
Le jeune m'indique une cabane plus loin sur la carte de son portable. Pas de bol, je la connais, c'est la cabane des ingénieurs de Lanoux qui, un, est très excentrée et deux, fermée aux randonneurs.
You have a tent ?
Yes I have, but the storm is coming (yes, the storm, j'y vais pas par quatre chemins !)
Ils ne se démontent pas et me montrent un très bel endroit où la planter, sur une butte derrière la cabane.
À ce stade, j'ai deux solutions : soit je m'énerve et force l'entrée, après tout j'en ai tout à fait le droit, quitte à passer une soirée et une nuit exécrable avec des gens qui ne veulent pas de moi, soit je m'incline et vais planter ma tente plus loin.
Je prends la seconde solution, vous pensez bien, mais je précise que si l'orage vient à forcir et que je m'estime en danger, ils ont plutôt intérêt à me laisser entrer sans discuter !
Ils doivent quand même se sentir morveux, car ils vont jusqu'à m'offrir un litre de leur eau potable (la source la plus proche, le lac, est à une trotte !)
Fort heureusement, l'orage restera sur les hauteurs. Je monte ma tente sur une pelouse de camping dans un cercle de pierres censé me protéger de... de quoi déjà ?
Je l'apprends plus tard dans la soirée quand je vois débouler un troupeau de chevaux débonnaires qui se foutent éperdument de moi, mais qui sont assez gourmands pour venir brouter l'herbe tendre autour de ma tente.
Vu les bestiaux, je ne fais pas le fier. Je les chasse gentiment avec mon bâton, mais ils reviendront à plusieurs reprises.
Ah tiens, voilà un autre randonneur qui s'approche de la cabane. J'observe la scène avec amusement. Deux minutes après, je le vois repartir vers d'autres aventures ! Les beaux salopiauds que ces Vietnamais-hollandiens !

Allez, un repas léger et au lit ; demain une grosse journée m'attend, mais à part une petite grimpette matinale, le topoguide m'indique une étape quasiment horizontale. Je suis curieux de voir ça !
Je me couvre bien, car la fraîcheur arrive vite. Il faut dire que je suis à 2260m : mon plus haut bivouac !
Hum, les nuages noirs à cette altitude, pas bon signe...
Hum, les nuages noirs à cette altitude, pas bon signe...
... effectivement, là ça presse !
... effectivement, là ça presse !
Piètre protection contre les chevaux.
Piètre protection contre les chevaux.
Repas frugal (et si je bouffe un cheval, ça va se voir ?).
Repas frugal (et si je bouffe un cheval, ça va se voir ?).
D'autant plus qu'ils se rapprochent drôlement...
D'autant plus qu'ils se rapprochent drôlement...
... ah mais, tu veux pas entrer dans ma tente tant que tu y es ?!
... ah mais, tu veux pas entrer dans ma tente tant que tu y es ?!
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