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La traversée des Pyrénées par le GR10, entre autres !

(réalisé)
randonnée/trek
Quand : 31/05/19
Durée : 39 jours
Distance globale : 810km
Dénivelées : +46533m / -46555m
Alti min/max : 19m/2705m
Carnet publié par Béryl le 14 juil. 2019
modifié le 20 mai 2020
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en train bus
Précisions : Départ possible depuis les gares de toute grande ville.
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Vue d'ensemble

Le topo : J27 - Aulus-les-Bains/Goulier (mise à jour : 26 janv. 2020)

Distance section : 25.1km
Dénivelées section : +1561m / -1202m
Section Alti min/max : 735m/1921m

Description :

Indications GPS  (différentes de celles du site ; je ne comprends pas pourquoi) :

Distance : 31,37Km
Dénivelé positif : 1796m
Dénivelé négatif : 1393m
Temps de marche : 9h06
Temps d'arrêt : 2h36

Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé.

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Le compte-rendu : J27 - Aulus-les-Bains/Goulier (mise à jour : 26 janv. 2020)

Mercredi 26 juin 2019

Départ poussif, ce matin.
Non pas à cause du petit-déjeuner, copieux bien que sans excès, mais parce que le chemin est très excentré par rapport au centre-ville.
Je démarre à 6h44 et je finis par me caler sur la trace à 7h33 ! Je ne sais toujours pas où je vais dormir ce soir. Peut-être à Marc ou à Mounicou à un peu plus de neuf heures de marche.
En fait, je ne m'arrêterai ni à l'un ni à l'autre, mais beaucoup plus loin pour le même temps.
Dans la montée vers le plateau de Coumebière (1400m), un autre grdiste me rattrape et la discussion s'engage. C'est Benoit, un chti qui marche plus vite que moi et qui compte aussi rallier Banyuls. On va se croiser souvent et même finir les dernières étapes ensemble.
Pour l'instant, on se pose à Port de Saleix (1794m), car une colonne de randonneur descend la pente que l'on doit emprunter. Ils arrivent au compte-goutte, ce qui nous permet de grignoter une recharge rapide et reprendre du jus tout en admirant le paysage.
Une fois tout le monde passé, nous repartons, Benoit en tête.
Continue tout seul, je ne veux pas te ralentir et je n'irai pas plus vite.
D'accord, à plus tard !
Je le laisse partir devant. Tous les randonneurs au long cours savent la difficulté d'adapter son pas sur celui d'un autre et personne ne s'offusque d'être laissé en arrière ou n'a de remords à partir devant. Il y a de grandes chances pour que l'on se retrouve plus loin.
La montée vers le col de Bassiès (1933m) est un régal. Ni trop molle, ni trop raide, avec ce qu'il faut de cailloux sans avoir à être hyper vigilant et des paysages à tomber. 
Je m'arrête un moment au bord de l'étang d'Alate pour profiter de la fraîcheur de l'eau. Je savoure tout autant ce calme, ce silence particulier qui règne sur les hauteurs. En fermant les yeux, le bonheur est décuplé. Instantanément, mon esprit part en vadrouille, tel un chien fou que l'on vient de détacher. Je pense à tout et à rien, vois des scènes sans queue ni tête accompagnées pour la plupart de musique (toujours, la musique) n'ayant aucun rapport. Je saute du coq à l'âne, de l'âne au bœuf, du bœuf à la choucroute, bref, rien à voir !
Ça me fait un bien fou.
Ah, un bruit de pierre derrière moi. Des voix, aussi. Allez hop, je siffle la fin de la récré ; vient ici Médor que je remette ta laisse.
Je me lève et vois Mike et Pedro qui arrivent.
Je repars avec eux, mais ils me distancent très vite. L'agilité de Pedro qui aura fait la traversée entière sans bâton me laisse sans voix. Même Mike, qui était lui aussi parti sans bâton, a récupéré un vieux jalon qui trainait à la Pierre-St-Martin pour s'en faire un appui. Sans cet appui, certains passages pour moi relèvent de l'impossible. Quand je pense que certains randonneurs s'étonnent que je m'en sorte avec un seul bâton ; ils devraient voir Pedro !
Table en bois massif !
Table en bois massif !
Ah ouais, c'est comme ça que ça marche les sources en vrai ?!
Ah ouais, c'est comme ça que ça marche les sources en vrai ?!
Vue magnifique dans la montée du col de Bassiès.
Vue magnifique dans la montée du col de Bassiès.
Petit regard en arrière : ça manque d'arbres, tout de même.
Petit regard en arrière : ça manque d'arbres, tout de même.
L'étang d'Alate où je peux me rafraîchir.
L'étang d'Alate où je peux me rafraîchir.
Je les retrouve au sommet du col de Bassiès. Ils sont posés là à fumer tout en contemplant le paysage qui est vraiment à couper le souffle. L'alignement des étangs du Pla de la Font, du Mort, du Majeur, du Long et de l'Escalès donne une perspective vertigineuse au pied du refuge. Celui-ci, au cœur du cirque éponyme, parait minuscule de là-haut, d'autant plus qu'il est chapeauté par le col de Cabanatous (2053m) dont l'interminable cascade descend jusque devant sa porte.
Comme il est l'heure de manger, je décide de me poser au refuge pour profiter d'une table et d'un banc. Les deux compères sont d'accord pour m'y retrouver.
La descente est bien raide et mon genou se réveille. Arrivé au refuge, je m'installe dehors et attends que Mike et Pedro arrivent. Tiens, si j'allais commander trois petites mousses ? Je fais le tour du refuge pour vérifier qu'ils arrivent et les voyant encore hauts dans la pente, décide de temporiser. Ce serait ballot qu'ils s'envoient une bière tiède !
J'entame mon saucisson. Au bout d'un bon quart d'heure, toujours rien. Je reviens voir : plus personne. Où sont-ils passés ?
Bon, je vais pas attendre cent sept ans et un carême ! Je finis de manger, entre dans le refuge et me prends un café.
Heureusement que je n'ai pas commandé les trois bières, j'aurais été obligé de les boire !
Je reprends le chemin sur la belle passerelle prévue pour ne pas abîmer la zone sauvage autour du refuge. Le GR longe les étangs dont le clapotis des vagues murmure à mes oreilles des histoires d'ondines malicieuses. La fraîcheur qui en émane est la bienvenue sous ce soleil de plomb.
Sur l'autre versant : vue sur l'alignement des étangs et le refuge de Bassiès...
Sur l'autre versant : vue sur l'alignement des étangs et le refuge de Bassiès...
... légère rotation à droite : le refuge de Bassiès au pied du cirque éponyme.
... légère rotation à droite : le refuge de Bassiès au pied du cirque éponyme.
La passerelle permet de partir du refuge sans piétiner la zone fragile.
La passerelle permet de partir du refuge sans piétiner la zone fragile.
Le chemin longe l'étang Majeur jusqu'à son barrage.
Le chemin longe l'étang Majeur jusqu'à son barrage.
Abri sommaire, mais durable !
Abri sommaire, mais durable !
Libérez les eaux !
Libérez les eaux !
Pont de pierres rustique, mais très ingénieux.
Pont de pierres rustique, mais très ingénieux.
Le chemin s'enfouit dans une hêtraie et je gagne encore un peu de fraîcheur.
Mon téléphone sonne alors : c'est Pedro.
On a trouvé un autre chemin pour rallier Goulier dans la soirée, ça te dit ?
Ouais, faut voir.
Regarde sur le topoguide, c'est le chemin qui monte au nord par Auzat. C'était l'ancien GR10.
Je jette un œil. Effectivement, ça raccourcit sacrément, mais à quel prix ? Qu'est-ce que je rate ? Voyons... Marc, Mounicou, une centrale électrique et l'étang d'Izourt dont j'ai noté dans le topoguide "peu intéressant à part l'abri (qui n'était qu'un orry en 2015)". D'ailleurs, j'avais prévu de le shunter par la super grimpette qui rejoint les Coumasses-Grandes.
Mouais, je rate pas grand-chose, quoi ! Allez, zou, je sors du GR.
Étant un ancien tracé, il reste quelques discrètes balises, mais je me fie avant tout à la trace que j'ai sur le GPS ; un des nombreux chemins noirs chers à Sylvain Tesson.
Quelques passages un peu approximatifs, voire carrément acrobatiques, sont au menu. On voit que le chemin est bien moins fréquenté que le GR10.
Les deux compères me rattrapent alors que je les croyais devant !
Bin alors, qu'est-ce qu'il vous est arrivé ?
On s'est paumé !
Changez rien, les gars, surtout changez rien !

Je les laisse partir devant ; on se retrouve à Auzat.
Le chemin s'est fait récupérer par les locaux. Je me retrouve très vite sur une propriété privée, enfin, un terrain vague avec du bazar partout et une clique de chiens dans un chenil rendus fous par ma présence. Je passe en vitesse et dois me faufiler sous une clôture de barbelés dont la hauteur ne me permet pas de passer avec le sac sur le dos. Pratique.
Un peu après, j'arrive en plein milieu d'un centre équestre avec une jolie pancarte représentant un gros patou au-dessus d'une inscription : je monte la garde.
Manquait plus que ça...
Heureusement, je ne verrai pas le patou, mais deux gamines adorables qui me conduiront jusqu'à la sortie où je rejoins la départementale jusqu'à Auzat.
Quand j'y arrive, les deux gus sont assis sur un banc devant une fontaine à siroter une bouteille de Clairette de Die.
Bon, je dis rien sinon je vais passer pour un vieux con.
Quand même : hé les amis, qu'est-ce que vous avez foutu au refuge de Bassiès ? Je vous ai attendus, moi !
On a tracé tout droit et quand on s'est aperçu qu'on s'éloignait du refuge on a continué, on voulait pas revenir en arrière. Et pas de réseau pour te prévenir.
Je leur raconte le coup des trois bières. À ma place, chacun déclare qu'il les aurait commandées ; ils n'auraient pas été gênés de les boire !
Ça ne m'étonne même pas...!
Mike me dit d'aller voir le boucher, qui leur a vendu la bouteille et le saucisson qui va avec. Il connait très bien le coin.
J'y vais et effectivement, il connait très bien le coin. Il m'explique comment rallier Goulier par Olbier. C'est facile et rapide.
Pendant les explications, Pedro est entré à nouveau dans la boucherie. Et hop, une deuxième bouteille !
Bon les gars, je vous laisse, il est 18h30 et j'ai pas envie de me mettre dans la nuit.
Passage à l'ombre bienvenu.
Passage à l'ombre bienvenu.
Sur les chemins noirs.
Sur les chemins noirs.
Un bonjour aux demoiselles, de loin (j'ai pas ma tenue !).
Un bonjour aux demoiselles, de loin (j'ai pas ma tenue !).
Vue plongeante à l'entrée d'Auzat.
Vue plongeante à l'entrée d'Auzat.
Rapide et facile... Mouais, la montée vers Goulier est bien raidasse quand même et j'y arrive près d'une heure après !
Je vise le gîte et, après m'être renseigné, le trouve facilement.
C'est en fait une auberge et il y a pas mal de monde. Des randonneurs à la journée pour la plupart et des gardes des Pyrénées dont la maison est voisine.
Le boss, comme tous ou presque, est adorable et vu le prix et l'ambiance (et la longue journée sous le cagnard aussi, il faut avouer), je me laisse tenter par la demi-pension.
Je prends une douche en vitesse et fais ma lessive en même temps en piétinant mes affaires.
Quand je rejoins la table où j'ai une place, les autres en sont presque au dessert.
La conversation va bon train et très vite on me demande d'où je viens, où je vais, combien j'ai fait aujourd'hui, etc.
Quoi, vous plaisantez ?! Une dame me croit à peine quand je lui annonce d'où je suis parti ce matin et combien de kilomètres cela représente. Sans compter le dénivelé.
Elle en a fait moitié moins avec un sac moitié moins lourd et elle n'en peut plus. Pourtant, je constaterai demain que c'est une très bonne marcheuse !
En face de moi, un gars : grand, barbe bien taillée, lunettes de soleil sur la tête. Salut.
Salut.
Tu fais le GR10, toi aussi ?
Oui moi aussi.
Fred, avocat à Nouméa, Nouvelle-Calédonie. Nous ferons plus ample connaissance prochainement, car nous allons nous croiser encore quelques jours.
Tu finis pas ton assiette ? Je peux ?
Je curerai son assiette, deux autres et le patron m'apportera du rab de la cuisine.
Tout le monde se moque gentiment de moi, mais je m'en fous.
J'ai faim, j'ai de plus en plus faim, et ça commence sérieusement à me tracasser.

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