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Mon Stevenson en bikepacking

(réalisé)
VTT
Quand : 31/05/21
Durée : 10 jours
Distance globale : 484km
Dénivelées : +8117m / -7948m
Alti min/max : 96m/1691m
Carnet publié par La Lozère le 28 juin 2021
modifié le 01 août 2021
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Vue d'ensemble

Le compte-rendu : Jour 8 (mise à jour : 01 août 2021)

Jour 8 – Le Bouges > Le plan de Fontmort
50km – 1100m de D+


Après la très belle étape de la veille, je n'en attends pas moins pour celle du jour qui marque l'entrée dans les Cévennes. En fait, elle est très spéciale pour moi car je sais qu'elle va être pleine de souvenirs.
Après une très belle nuit dans ce bivouac sauvage, je vais continuer la petite grimpette attaquée la veille. Au bout de cette longue et épuisante montée, proche du col de la Planette, se trouve une stèle en hommage à Raymond Senn: celui-là même qui réalisa le tracé du GR68 et qui entretint les chemins pendant plus de 20 ans.

Jour 8
Le parcours suit ensuite les crêtes de ce massif du Bougès. Au col des Trois Fayard, de nombreux cairns attestent du passage régulier de randonneurs. Mais certains sont très anciens et ne sont plus qu'un tas de cailloux. Ils sont construits de manière particulièrement réfléchie: ce qui en fait leur longévité. Les plus gros sur la photo ci-dessous.
Jour 8
Après une petite montée, la vue se dégage et j'arrive au sommet du signal du Bougès. Et là….. QUELLES VUES. J'en prend plein les yeux. Contrairement à hier, ici la vue est dégagée et le panorama est époustouflant. Il y a plus de cent quarante ans, le jeune Stevenson parcourait les Cévennes accompagné par son âne. Dans son célèbre carnet de voyage, il évoque la magie des « inextricables montagnes bleues ». J'ai du mal à me défaire de ce spectacle et reprendre mon chemin.
A partir de là commence la descente sur Florac. Le tracé devient technique et cassant. Petit passage à la cabane Bonnal: refuge en bois restauré en 2016 par "Les amis de la cabane Bonnal". Ouverte à tous, toute l'année, elle permet aux randonneurs de passage de faire une petite pose ou même de passer une nuit.
Jour 8
Ici la vue se porte sur le causse Méjan: au lieu de la spéléo française. Encore une activité que j'ai pratiqué au cours de mon adolescence et qui a marqué mon attrait pour les activités de pleines natures. Ici aussi on peut voir un cairn construit de manière réfléchit et qui semble érigé pour l'éternité.
Jour 8
A partir du Col du Sapet, la trace devient bien moins intéressante. C'est une grande piste forestière DFCI qui descend jusqu'à Bédouès et qui n'offre pas de très belles vues. Un seul endroit permet une vue dégagée sur la vallée du Tarn avec en fond les 2 puechs des Bondons. Je pense que prendre le GR68 peut-être une belle alternative pour rejoindre Florac en évitant ainsi quelques kilomètres peu intéressants.
De Bédoues, une petite piste en rive droite du Tarn permet de rejoindre Florac: ville de mon adolescence. Je fais un petit passage chez mes amis de Cévennes Evasion. Anciens partenaires de spéléo avec qui j'ai exploré les profondeurs du causse Méjan et autres avens. Eux sont restés dans la région et ont fondé une petite entreprise permettant à tout-un chacun de découvrir tout ce que peut offrir les Cévennes comme activités de pleine nature: Spéléo, VTT, randonnées, via-ferrata, escalade, canoé-kayak, canyoning, etc…

Jour 8
Comme il est midi, je sais exactement où aller pour un bon petit repas. Le retour aux sources ne peut être complet sans un petit passage chez mon papa.
Jour 8
Je repars vers 15h pour remonter la vallée de la Mimente. La Mimente prend sa source au fin fond d'un petit chemin des Cévennes dans le tout petit hameau très isolé de Rabiés dans lequel j'ai passé les 3 premières années de ma vie lozérienne. Ici aussi je vais emprunter une vielle voie ferrée. Mais ici, rien n'est aménagé: le projet est en cours. Cette voie ferrée reliait Ste Cécile d'Andorge à Florac entre 1909 et 1968. Le trafic marchandise se composait selon les saisons de transport de bois (châtaignier et pin, pour soutenir les galeries des mines des Cévennes proches), de minerais issus de la mine de Ramponnenche (proche de Florac), de la Baryte provenant de la mine exploitée à Jalcreste et à destination du Nord de la France. Il y avait aussi des prunes, châtaignes et cèpes secs. Les marchandises étaient transbordées manuellement à Sainte-Cécile-d'Andorge. Les jours de marché à Florac, un train spécial amenait les animaux pour la vente et les ramenait vers leurs nouveaux propriétaires. Mais ici encore, le manque de rentabilité a scellé un destin funeste à cette liaison ferroviaire.
Après 15km de voie "verte" relativement facile, je tombe sur des travaux. Le tracé est dévié sur environ 2-3km. Je retrouve la voie ferrée juste avant l'arrivée à l'ancienne gare de Cassagnas. Cette gare transformée en bar, gite et camping constitue une étape pour quasiment tous les randonneurs parcourant le Stevenson.
Jour 8
Je vais en profiter pour faire une petite pose et faire le plein d'eau. Pour moi, l'étape du jour ne s'arrête pas là. J'espère bien me trouver un bivouac sauvage.
Une longue montée m'attend. Elle me permet de rejoindre le plan de Fontmort avec sa stèle à la mémoire des Camisards. Malheureusement, par inattention, je vais passer à côté sans la voir.
Ce soir, je suis monté jusqu'ici avec une idée bien en tête. Dans mes souvenirs, sur cette crête, la vue sur les Cévennes est magnifique. Effectivement, quand j'arrive à la hauteur du site mégalithique de Claroudens, la vue se dégage.
Ce site situé sur un promontoire rocheux est exposé plein sud. La vue englobe un large panorama portant sur le mont Aigoual et les Cévennes et certains jours jusqu'à la mer. Le site regroupe un coffre mégalithique, deux menhirs et un rocher à cupules. Les coffres mégalithiques ont été utilisés par les habitants des montagnes en tant que pièges à loups. Certains des coffres mégalithiques rencontrés dans les Cévennes sont en réalité des pièges à loups construits il y a quelques centaines d'années. Les vrais coffres et dolmens sont eux datés entre 4000 et 2500 ans av J.-C.

En m'éloignant un peu, je trouve ce qui semble être le seul endroit plat du secteur. Cela fera LE bivouac que j'attendais. La vue est superbe et dégagée. Comme je suis dans le Parc National des Cévennes, les conditions de bivouac sont restrictives. Il ne faut pas être à plus de 50m du GR et doit être érigé entre 19h00 et 9h00. Après vérification sur le GPS, il s'avère que je ne suis pas trop dans les clous. En effet, je suis à environ 70m. Mais bon, une voiture du PNC passe sur la piste et ne me dit rien: c'est que ça doit être bon, d'autant qu'il est 18h30 et que je n'ai pas encore monté la tente.
Jour 8
Dans ce magnifique environnement, j'en profite pour faire mes étirements quotidiens. Un pote coach de sport m'a préparé une petite liste d'exercices que je me suis appliqué à faire tous les soirs 2-3 heures après être arrivé. Et je dois avouer que c'est super efficace. A aucun moment je suis reparti le lendemain en ayant de mauvaises sensations.
Jour 8
Malgré une petite pluie fine, je vais profiter pleinement du couché du soleil sur les cévennes. Je vais même régler le réveil du lendemain pour profiter du levé du jour. Malheureusement, le soleil se levant très à l'est, la montagne ne permettra pas de profiter d'un levé de soleil.
Si un jour vous faites le Stevenson en mode autonomie, je vous conseille de forcer un peu la journée et à la place de passer la nuit au camping de la Gare de Cassagnas, de monter jusqu'à ce site pour un bivouac. Vous ne le regretterez pas. Après, il ne faut pas craindre de passer la nuit à quelques encablures d'une tombe préhistorique.

Jour 8
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