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Mon Stevenson en bikepacking

(réalisé)
VTT
Quand : 31/05/21
Durée : 10 jours
Distance globale : 484km
Dénivelées : +8117m / -7948m
Alti min/max : 96m/1691m
Carnet publié par La Lozère le 28 juin 2021
modifié le 01 août 2021
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Vue d'ensemble

Le compte-rendu : Jour 9 (mise à jour : 01 août 2021)

Jour 9 – Le plan de Fontmort > Saint Jean du Gare
38km – 600m de D+


Aujourd'hui petite étape: celle-ci sera la dernière pour moi sur le GR de Stevenson. Le final de l'objectif fixé 2 ans en arrière, n'est pas le final du parcours.
Après une nuit agitée avec pas mal de vent et avoir plié les affaires, je remonte sur la piste. Le départ est difficile et l'empreinte du paysage laissé sur la rétine est persistante. En fait de piste c'est l'ancienne voie royale de Barre-des-Cévennes à Saint Germain de Calberte taillée à même la roche.
Un petit écart du parcours permet de se rendre sur le site d'une ancienne villa gallo-romaine. Ces ruines de la villa gallo-romaine de Saint-Clément, occupée de 130-190 apr. JC, sont un témoignage unique dans les Cévennes schisteuses.

Jour 9
La descente vers Saint Germain offre des vues sur les conditions de vie difficiles dans ces paysages escarpés où les hommes ont façonné le paysage et construit leurs habitations à flanc de montagne. Ici les cultures se faisaient sur ce qu'on appelle des bancels. Ces terrasses ont été construites avec patience et courage. Ces ouvrages cévenols sont le reflet d’une réalité très rude. Initialement, elles ont été taillées, façonnées par des générations d’agriculteurs pour cultiver à flanc de montagne, la vigne, l’olivier, les fourrages ou les céréales avant le refroidissement du climat du XVIème siècle. C’était un travail fait à main d’homme, de la construction des murs à la récolte des productions. Il fallait sans cesse réaménager les bancels après les violents épisodes de pluies cévenoles.
Jour 9
A Saint Germain, je profite d'une belle petite terrasse de bar au soleil pour faire un bon petit déj' avec un petit croissant. A Saint Germain, on trouve un monument qui rend justement hommage aux femmes, aux hommes et aux enfants qui vivent en harmonie avec la nature.
Cette œuvre, réalisée par l'artiste d'origine Iranienne, Shirine Afrouz symbolise leurs efforts pour vivre dans cette région. Ces valeurs de respect de la nature et de terre d'accueil des Cévennes sont un atout pour l'avenir de ce pays.

Jour 9
Jusqu'à Saint Etienne Vallée-Française, le parcours offre un aperçu de ce qu'il y a de plus beau et typique des vallées de ces Cévennes profondes. Si l'été offre des paysages magnifiques, l'hiver est une tout autre histoire. Froide et isolée, la vie ici est très dure.
Je fais une petite halte pour le déjeuner, les pied dans l'eau et au pied de la difficulté du jour. Les berges du Gardon de Sainte Croix sont typiques des rivières des Cévennes: sinueuses et encaissées. Calme la plupart du temps, elles savent se déchainer pour tout emporter lors des célèbres épisodes cévenols.

Jour 9
La dernière difficulté de la journée et la dernière difficulté du Stevenson pour moi est la remontée vers le Col de Saint Pierre. Longue et raide, j'en ferais une grande partie en poussant. On peut y voir les vestiges d'une ancienne voie royale taillée à même la roche qui s'élève en larges lacets avec son caniveau permettant de canaliser les eaux de pluie et avec par endroit de petits ouvrages hydrauliques pour évacuer les eaux du côté vallée.
Jour 9
Le Col de Saint Pierre est sur le tracé de la route appelée Corniche des Cévennes. Cette route a été une importante voie de communication entre le Languedoc et le Gévaudan. Elle appartient au réseau cévenol des drailles de transhumance ovine: ces itinéraires de crêtes qu'empruntent les bergers du Bas-Languedoc et leurs troupeaux pour rejoindre les pâturages d'estives de l'Aigual, du Bougés et du Mont-Lozère, ou ceux de l'Aubrac et de la Margeride.
Jour 9
La descente du Col de St Pierre pour rejoindre Saint Jean du Gard est très technique et je mettrais pied à terre à de nombreuses reprises. Les dernières intempéries ont laissé de nombreuses traces avec de grosses ornières. Quelques jours après mon passage, une déviation sera mise en place.
Jour 9
Et voilà, je suis à Saint Jean du Gard: la fin de l'aventure entre Stevenson et Modestine. Parti du Monastier-sur-Gazeille le 22 septembre 1878, il arrive douze jours plus tard à Saint Jean-du-Gard, d'où il rejoint "Alais" en diligence après avoir vendu son ânesse épuisée, Modestine.
Stevenson écrira "Ce ne fut qu'après être bien installé auprès du conducteur que j'eus conscience qu'il me manquait quelque chose. J'avais perdu Modestine. Jusqu'à cet instant, j'avais cru la détester ; mais à présent qu'elle était partie, ah quel changement pour moi !"
C'est ici aussi que j'en termine avec le GR70. Je fais un petit tour pour aller voir la stèle en mémoire de Stevenson et Modestine et de leur périple.

Jour 9
Pour marquer le coup, je prends une petite bière en terrasse. Mais là, après le calme de ces 9 derniers jours, le retour à la réalité est trop brutal. Trop de bruit, trop de monde, trop de gens qui braillent…. Bref, un bon coup de mou… Après 2-3 courses, je quitte vite les lieux pour rejoindre le petit camping simplissime "Le Petit Baigneur" au bord du Gardon de Saint jean. Ici les traces des dernières crues d'automne sont bien visibles. Les berges sont encombrées de nombreux embâcles de bois morts et autres déchets moins naturels…. Même le camping semble avoir subi, lui aussi, les affres d'une météo déchainée, mais les efforts des propriétaires n'ont pas été vain car l'ensemble des installations sont impeccables et prêts pour la saison.
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