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Cuisine nomade : comment bien manger en bivouac

Johanna
par Johanna
mis à jour 07 août
2934 lecteurs
Lecture 7 min.

Et maintenant on mange quoi ?

Cet article se propose de répondre à cette vaste question en identifiant des aliments « pratiques » pour le bivouac (et, si possible, que l’on trouve aisément), puis en donnant des idées concrètes de menus pour les différents types de repas/collations/encas (sans disserter ou explorer les pratiques alternatives type céto, LCHF, jeûne intermittent…), des conseils pratiques, trucs et astuces... Bon appétit !

Île de Senja (Norvège). Photo : Jean-Mi Bargin.
Île de Senja (Norvège). Photo : Jean-Mi Bargin.

Quelques bases et rappels

Cet article fait partie du grand dossier La nourriture de bivouac dans lequel vous trouverez des informations utiles sur les types d'aliments, les unités de mesures, les différents axes d'optimisations (des aliments à leurs contenants en passant par le rendement de la cuisson), les dépenses et besoins en calories.

Dimensionnement des apports journaliers

Pour ce dossier nous partons sur un apport énergétique d’environ 3000 kcal / jour / personne (abrégé kcal/j/p) et 600 grammes / jour / personne (g/j/p) de nourriture sèche emportée (hors poids de contenants). Comme évoqué dans cet article, le concept est de prendre des aliments aussi déshydratés que possible, et ayant un bon rapport apport énergétique / poids (sec). Nous donnons ici des idées d’aliments « pratiques » pour le bivouac et des exemples pour les différents types de collations. 

  • Petits déjeuners de 200 g et 800-850 kcal.
  • Encas de 35-40 g et 180-220 kcal ; on compte 2 encas /j/p.
  • Déjeuners de 150 g et 700-720 kcal.
  • Dîners de 200 g et 1000 kcal.
  • Boissons : 10 g/j/p de sachet ou poudre pour boissons type thé, infusion, café.

Bien entendu, ces quantités sont à adapter aux individus, à la durée et aux conditions du voyage (thermo-climatiques), aux possibilités de portage et de ravitaillements, à l’autonomie souhaitée, etc. Par exemple, en cas de conditions éprouvantes, pour 100 modiques grammes supplémentaires par jour, on gagne 630 kcal de bonheur au chocolat noir !

On parviendra à mieux optimiser ses choix (variété, goût, bio, local, vrac…) et le rapport énergie / poids de ses rations en les préparant et les conditionnant avant le départ. Toutefois, une partie des aliments secs mentionnés se trouvent dans de nombreux endroits du monde, et on peut les reconditionner sur place au moment de l’achat.

À noter enfin que :

  • Les valeurs énergétiques sont données pour l’aliment sec (exemple : 360 kcal/100 g de pâtes sèches), et sont souvent une valeur moyenne pour le type de produit mentionné, des différences pouvant bien sûr exister sur plusieurs variétés d’un même produit (ex. : riz blanc, complet, sauvage ; lentilles), ou type de produit (multiples mueslis, poudres cacaotées, etc.).
  • Selon le fonctionnement de chacun (nombre de « vrais » repas par jour, nombre de pauses et encas…), on adaptera les menus et quantités.
  • Dans les propositions de ration de cet article, on négligera le poids d’éléments comme les épices, herbes séchées, bulbes séchés en poudre.

Voici donc des suggestions pour les différents types de repas, collations et encas. Certaines catégories ci-dessous font l'objet d'un article détaillé à part entière, il vous suffit de cliquer sur chaque sous-titre pour y accéder.

S'hydrater, s'alimenter, ces petits moments-plaisirs du bivouac...
S'hydrater, s'alimenter, ces petits moments-plaisirs du bivouac...
Mettre du piquant dans la popote ! Photo : Ingrid Ulrich.
Bivouac arctique : un piolet pour détacher un morceau de glace d'un iceberg. Il ne reste plus qu'à le faire fondre sur le réchaud pour avoir l'eau douce nécessaire pour se désaltérer (et/ou réhydrater son lyophilisé). Une canne à pêche fabriquée avec de la récup, pour titiller le cabillaud en pêchant à la dandine. Et se régaler de moules et d'oursins ramassé à marée basse. La belle vie !
Mettre du piquant dans la popote ! Photo : Ingrid Ulrich.
Bivouac arctique : un piolet pour détacher un morceau de glace d'un iceberg. Il ne reste plus qu'à le faire fondre sur le réchaud pour avoir l'eau douce nécessaire pour se désaltérer (et/ou réhydrater son lyophilisé). Une canne à pêche fabriquée avec de la récup, pour titiller le cabillaud en pêchant à la dandine. Et se régaler de moules et d'oursins ramassé à marée basse. La belle vie !

Collations et repas « salés »

On évoque ici les repas « salés » mêlant différents types d’aliments ; traditionnellement le dîner, et le déjeuner si l’on fait une vraie pause méridienne.

Repas traditionnel. La semoule, allié réconfortant et indispensable.
Photo : Nicolas Leroux @les_pieds_sur_le_guidon
Repas traditionnel. La semoule, allié réconfortant et indispensable.
Photo : Nicolas Leroux @les_pieds_sur_le_guidon
Fer à sandwich suédois.
Le fameux smörgåsjärn, version omelette aux champignons et dent-de-lion. Pratique pour concocter croque-monsieur, croûtes dorées, crêpes, oeufs au plat, galettes de pain, pizza.... Photo : Aline Guignard. chasseursdhorizon.com.
Fer à sandwich suédois.
Le fameux smörgåsjärn, version omelette aux champignons et dent-de-lion. Pratique pour concocter croque-monsieur, croûtes dorées, crêpes, oeufs au plat, galettes de pain, pizza.... Photo : Aline Guignard. chasseursdhorizon.com.

Plats cuisinés lyophilisés et déshydratés

La lyophilisation est la dessiccation d’un produit préalablement congelé, par sublimation de l'eau (passage direct de l’état solide à l’état gazeux sans passer par la case liquide). Les « repas lyophilisés » sont donc des plats cuisinés qui ont subi une lyophilisation.  Avantages : ils sont précuits, il suffit d’y ajouter de l’eau chaude ; le mélange d’ingrédients et le nombre de recettes assurent une relative diversité ; ils sont emballés par ration et on peut manger directement dans l’emballage. Bémols : ils sont relativement onéreux, multiplient les emballages (en moyenne 10 à 15% du poids) et les déchets, souvent jugés un peu petits (nota : les fabricants ont dû entendre ces doléances car on trouve désormais de nombreux sachets à plus de 500 voire 600 kcal, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années), et ils contiennent souvent des additifs E. Mais ils sont tout de même pratiques et quelques sachets glissés dans les vivres peuvent offrir variété et originalité, des plats que l’on n’aurait pas confectionnés facilement soi-même en déshydraté (poulet curry, aligot…). Notons qu’on peut les reconditionner en amont pour gagner du poids de contenant (qui n’est pas négligeable) : plusieurs sachets identiques reconditionnés dans une bouteille plastique par exemple.
On peut aussi préparer ses plats cuisinés maison et les déshydrater soi-même. Déshydrater des aliments vise à enlever par évaporation l'eau qu'ils contiennent (afin de les conserver et de réduire leur poids et volume). Le principe est le même que celui employé pour le séchage du linge : on fait circuler un courant d’air plus ou moins chaud autour de l'aliment. Plusieurs moyens existent : séchage à l'air ambiant, à l’air chauffé et/ou pulsé, four (à chaleur tournante avec un thermostat efficace permettant de réguler la température autour de 40-50°C, ce que tous les fours ne font pas), déshydrateur du commerce ou bricolé soi-même. On peut déshydrater certains aliments crus ce qui se fait relativement aisément (fruits, légumes découpés en lamelles ou réduits en purée pour faire des « cuirs »), ou des plats déjà cuits (coupés en petits morceaux et étalés) ce qui est un peu plus technique et hasardeux (enjeux de conservations, produits carnés par exemple). Nous ne détaillerons pas davantage ici, des ressources existent en ligne pour ceux qui sont motivés.

Un risotto pour la tente une ! Des petits plats concoctés avec amour et bons produits des fermes du Vercors pour notre voyage à ski-pulka en Laponie suédoise.
Photo : Famille Buthion (CA74) - @julesbuthion_visuals
Un risotto pour la tente une ! Des petits plats concoctés avec amour et bons produits des fermes du Vercors pour notre voyage à ski-pulka en Laponie suédoise.
Photo : Famille Buthion (CA74) - @julesbuthion_visuals
Un risotto pour la tente une ! Des petits plats concoctés avec amour et bons produits des fermes du Vercors pour notre voyage à ski-pulka en Laponie suédoise.
Photo : Famille Buthion (CA74) - @julesbuthion_visuals
Un risotto pour la tente une ! Des petits plats concoctés avec amour et bons produits des fermes du Vercors pour notre voyage à ski-pulka en Laponie suédoise.
Photo : Famille Buthion (CA74) - @julesbuthion_visuals

Assaisonnements et condiments

On peut significativement relever le niveau gustatif d’un plat « de base » (pâtes, riz, semoule, céréales, purées, etc.), salé ou sucré, avec diverses denrées de faibles poids et encombrement mais au goût marqué et que l’on trouve assez facilement. Ainsi, une bête plâtrée de nouilles ou une purée (même froide) agrémentée d’huile d’olive et d’ail déshydraté constitue un véritable festin de bivouac !

À vos goûts, prêts, mangez !
À vos goûts, prêts, mangez !
Parmesan, tomates séchées et amandes grillées font de la semoule un festin
Parmesan, tomates séchées et amandes grillées font de la semoule un festin

Encas / vivres de course

Apport d’énergie, petite pause pour le physique et le moral, les encas c’est sympa ! Certains souhaitent surtout un apport de glucides rapidement assimilables, d’autres quelque chose de plus varié. Voici quelques idées pour des collations express ne nécessitant ni réchaud ni popote.

Le choix dans l'encas sucré...
Le choix dans l'encas sucré...
Petit creux ?
Petit creux ?

Collations sucrées / desserts

Nous évoquons ici tout ce qui ne l’est pas dans la catégorie précédente (Encas et vivres de course) : des collations sucrées nécessitant a minima un bol, et possiblement réchaud + popote. Elles peuvent bien sûr servir de petit déjeuner, dessert ou ce que l’on veut.

Dessert de semoule avec vue !
Dessert de semoule avec vue !
Moelleux aux baies de la forêt, cuit au bain marie sur feu de bois.
Photo : Aline Guignard. chasseursdhorizon.com.
Moelleux aux baies de la forêt, cuit au bain marie sur feu de bois.
Photo : Aline Guignard. chasseursdhorizon.com.

Boissons

Elles introduisent, agrémentent et/ou de clôturent un bon repas ; elles participent à notre bonne hydratation, indispensable au bon fonctionnement de notre corps ; elles sont essentielles ! Pour le plaisir et pour faciliter l’hydratation, il est sympa d’assaisonner l’eau, chaude ou froide. Idées...

Café sauvage.
Café sauvage.
Poudre magique ou poudre d'escampette ?
Poudre magique ou poudre d'escampette ?

Nourriture sauvage

Certains complètent leurs rations par de la nourriture sauvage (fruits et baies, plantes, champignons, animaux). Cela nécessite une bonne connaissance et du temps pour la cueillette et la préparation des aliments (cf. CA8 plantes comestibles), mais quel charme ! Pour les sources animales, la pêche peut apporter de bons compléments (itinérances en kayak de mer, sur ou le long de cours d’eau et lacs), et constituer une activité ludique voire le fil rouge d’un périple (cf. Techniques de pêche en voyage nature, CA27). Dans certains environnements, le gibier abonde et des voyageurs chassent leurs rations de viande (Canada, Guyane, etc.).

Salade sauvage. Photo : Jean-Julien Portier.
Salade sauvage. Photo : Jean-Julien Portier.
Festival de saveurs.
Orties, champignons, herbes aromatiques, fruits, baies... La Nature s’invite dans nos repas. Aujourd’hui, salade d’été composée de dent de-lion, violettes odorantes, fleurs de pissenlit et origan sauvage.
Photo : Aline Guignard. chasseursdhorizon.com.
Festival de saveurs.
Orties, champignons, herbes aromatiques, fruits, baies... La Nature s’invite dans nos repas. Aujourd’hui, salade d’été composée de dent de-lion, violettes odorantes, fleurs de pissenlit et origan sauvage.
Photo : Aline Guignard. chasseursdhorizon.com.

Fiches pratiques

À vous de jouer manger !

Les pieds dans le plat !

Optimiser, oui mais jusqu’où ? Évidemment la recherche de maximisation du ratio énergie / poids des aliments emportés doit se faire intelligemment… sinon, on prend exclusivement de l’huile (900 kcal / 100 g) !
Faux jumeaux : deux aliments peuvent paraître semblables, voire porter le même nom, mais avoir des compositions nutritionnelles assez différentes ; à chacun d’être attentif et conscient de ce qu’il souhaite privilégier. Entre autres – et indépendamment de considération bio ou conventionnel –, prêter attention aux quantités de glucides et lipides, à leur qualité et degré de raffinement (sucre betterave versus canne, blanc, blond, roux ; graisses animales vs végétales, saturées vs insaturées, etc.). Les valeurs données dans les tableaux ci-dessus reflètent des choix d’aliments le plus souvent bio et aux ingrédients et compositions autant que possible sains et nutritivement intéressants pour le voyageur nature.
Exemple de faux jumeaux : pâte à tartiner A versus pâte à tartiner B.
A : pâte à tartiner saveur noisette (Simply, conventionnel. Composition : sucre, huile de colza, lactose, graisse de palme, lactosérum en poudre, cacao maigre en poudre 5%, noisettes 2%, émulsifiant : lécithines (soja), arômes).
B : pâte à tartiner Choko noir 20% noisette, 18% cacao sans lait ni palme (Noiseraie, bio et équitable. Composition : Sucre roux de canne 36%, matières grasses végétales (huile de tournesol, beurre de cacao), purée de noisettes 20%, poudre de cacao 18%, extrait de vanille*, sel).

   Matières grasses  dont acides
 gras saturés
 Glucides       dont
    sucres
  Protéines  Fibres alimentaires  Kcal / 100
  A              28         6,5        67         66        2,2                 1,7         528
  B            40,5         7,8      40,7        37,3        7,6                 7,8         574

Ressources et documentation

Quelques sites et livres pour aller plus loin...

Soupe à la grimace assaisonnée au sel d’Uyuni. Photo : Léo Héry.
Soupe à la grimace assaisonnée au sel d’Uyuni. Photo : Léo Héry.