La pêche en voyage nature
Les techniques de pêche en voyage natureTexte et photos : Quentin Seyfried
|
LégislationBien que la pêche en mer soit libre, la pêche en eau douce nécessite quasi systématiquement de payer un ou plusieurs permis de pêche. En fonction des régions où vous voyagerez, les législations seront plus ou moins complexes et le coût des permis pourra varier du simple au triple. En France, un permis de 2 semaines vous reviendra souvent autour d'une trentaine d'euros. Renseignez-vous avant de partir !
La pêche aux leurres, principes de baseLa pêche aux leurres est une des techniques les plus adaptées au voyage nature car elle est polyvalente, n'exige que peu de matériel, et est facile à mettre en œuvre. De plus, on n’a pas à se soucier d'appâts vivants puisqu'un leurre est une imitation en matériaux inertes d'une proie dont les poissons ont l'habitude de se nourrir (mais pas toujours, voir encadré imitatif/incitatif). Incitatif ou imitatif ?Les leurres jouent sur deux caractéristiques non exclusives l'une de l'autre ! Les leurres incitatifs produiront beaucoup de reflets, de vibrations et auront des couleurs agressives. Plus que l'imitation d'une proie leur but est d'agacer les poissons et de déclencher des réflexes d'attaques. Ces leurres fonctionnent même lorsque les poissons n'ont manifestement « pas faim ». Les espèces qui y sont les plus sensibles sont les brochets, les perches, les truites arc-en-ciel et les ombles de fontaine… Quant à l'imitatif, tout est dans le nom : le leurre est fait pour ressembler au plus juste à une proie potentielle (poissonnets, vers…). La pêche aux leurres se pratique de deux manières différentes selon votre position par rapport à l'eau : le lancer/ramener et la verticale. Le syndrome de la « rive d'en face »Quel pêcheur n'a jamais été inconsciemment persuadé que les poissons se trouvaient forcément au milieu de l'eau ou au plus proche de la rive d'en face ? Pensez de cette manière et vous vous surprendrez à faire fuir un brochet qui chassait à vos pieds alors que vous vous approchiez de la berge en courant ! Le lancer/ramenerSe pratique depuis la berge mais aussi depuis une embarcation. Elle consiste à lancer et à ramener un leurre. Le leurre se mettra en mouvement dans l'eau sous l'effet de la traction et c'est ce qui le rendra attractif.
Animation : pour être efficace la cuillère tournante doit… tourner ! Donc n'arrêtez jamais de mouliner. Faites varier les vitesses de récupération et imprimez à sa trajectoire des écarts latéraux aléatoires.
Animation : elle se fait pointe de la canne vers le bas : ramenez votre poisson à différentes vitesses en entrecoupant des arrêts brutaux et des changements de direction intempestifs. La finalité de la manœuvre étant d'imiter un poissonnet égaré et malade.
Animation : L'animation se fait canne haute : laissez le leurre toucher le fond puis faites lui faire des bons en « dents de scie » tout en le ramenant vers vous. Vous imiterez ainsi un animal blessé tentant de décoller du sol, s'épuisant dans l'effort et retombant sans succès.
Animation : idem leurres souples. Ardillons… écrasez les !L'ardillon est un petit appendice de métal situé sur l'hameçon et dont la fonction est de le retenir dans la gueule du poisson une fois pris. Si vous souhaitez relâcher un poisson trop petit, l'ardillon vous contraindra à le blesser sévèrement. Écrasez les ardillons à l'aide d'une pince : il n'y a pas de raison que vous perdiez le poisson si vous gardez la ligne tendue lorsque vous le sortez de l'eau. De plus, vous vous remercierez d'y avoir pensé le jour où vous vous retrouverez avec un hameçon accidentellement fiché dans la main…Comment lancer :
La seule difficulté consiste à sentir le moment exact où il faut lâcher le fil. Entraînez-vous dans un pré en attachant un petit poids à la place du leurre. À la verticale
Animation : « pick-up » ouvert, laissez descendre votre leurre jusqu'au fond (si celui-ci n'est pas trop loin…). Enclenchez le « pick-up » puis donnez quelques tours de manivelle de manière à amener l'appât à 2 ou 3 mètres du fond. Animez-le quelques minutes à l'aide de la canne en opérant de longues tirées vers le haut suivies de relâchés tout en accompagnant les descentes du leurre (la ligne doit toujours être tendue). Après avoir suffisamment insisté, redonnez quelques tours de manivelle puis recommencez à animer. Votre objectif sera de déceler la profondeur à laquelle vous toucherez du poisson afin d'y revenir rapidement pas la suite (compter les tours de manivelle vous permettra de prendre vos repères). Ferrez au moindre comportement étrange de la ligne (parfois la touche se manifeste simplement par le leurre qu'on ne sent plus descendre lors des relâchés). En kayak ou en canoë, l'idéal est d'être immobile ou en dérive très lente. Une ancre flottante ou de fond (mais les zones que vous explorerez seront souvent très profondes limitant l'usage de cette dernière) devrait vous aider dans bien des cas.
La toucheLa touche est l'instant où un poisson tentera d'engamer votre leurre. Vous pourrez la ressentir visuellement si votre leurre évolue près de la surface et que vous voyez le poisson s'en saisir, mais bien souvent vous la sentirez comme un blocage ou un coup dans la canne. À ce moment-là il vous faudra « ferrer », c’est-à-dire imprimer immédiatement à la ligne en levant la canne une tension vive et appuyée pendant une fraction de seconde afin d'assurer la pénétration de l'hameçon dans la gueule de votre proie ! Attention, il est déconseillé de ferrer lorsque vous pêchez à la traîne. Le mouvement de l'embarcation s'en est déjà chargé, tout ce que vous feriez de plus serait d’arracher l'hameçon de la gueule du poisson. Cas de figure en eau douceLa première question à vous poser lorsque vous êtes en face d'un lac ou d'une rivière est : « dans quelle situation je me trouve ? ». Sous nos latitudes on distingue globalement deux cas de figures.
Lorsque vous partez explorer une région, renseignez-vous au préalable au sujet des espèces de poissons présentes (rien de tel que d'interroger les autochtones) car les techniques et approches seront sensiblement différentes. Avec l'expérience, vous acquerrez vous-même la capacité à juger des types d'eaux, mais les repères que vous aurez pris chez vous ne seront pas forcément extrapolables ailleurs. Globalement les eaux à salmonidés domineront plus vous irez vers le Grand Nord (ou le Grand Sud) et plus vous gagnerez en altitude. En France, il est rare de trouver des brochets au-dessus de 1000 mètres d'altitude. Discrétion
Les eaux à salmonidésOn en croise beaucoup lors de nos voyages nature surtout lorsqu’on parcourt la montagne et les pays nordiques. Les poissons qu'on peut y trouver appartiennent à la famille des salmonidés : truites (fario, arc-en-ciel et autres sous espèces nombreuses notamment aux États-Unis), ombles (de fontaine, chevalier et cristivomer…), ombres, corégones et saumons (quand il y en a). Les lacs de montagne Ces lacs sont des havres de paix entourés de glaciers et de sommets où courent chamois et bouquetins… La pêche y est bonne surtout tôt le matin et en soirée lorsque les randonneurs ont déserté les berges.
Inutile de trop vous attarder si le soleil tape sur le lac. Vous pourrez toutefois lancer vos leurres à proximité des zones ombragées du lac : sous les buissons et arbustes si vous êtes à une altitude permettant encore leur développement. Vous pourrez également tenter d'explorer les profondeurs où les poissons se sont probablement réfugiés.
C'est sans doute le meilleur moment pour pêcher en lac de montagne. Sortez de la tente dès l'aurore : le calme règne et l'eau est souvent très claire. Les poissons détectent le moindre mouvement venant de la berge. Approchez-vous du lac à pas de loup, ne courez pas tout de suite vers la berge mais arrêtez-vous et prenez le temps d'observer : vous devriez voir quelques truites et ombles se promener avec nonchalance le long des bordures à la recherche d'insectes égarés ou chassant dans les bancs de vairons (petit poisson « fourrage » présent dans les eaux à truites). Lancez délicatement une petite cuillère tournante ou un poisson nageur flottant que vous animerez près des berges.
Truite gobant les insectes tombant de la végétation rivulaire, l'approche doit être discrète
Les « coups du soir » peuvent être mémorables car ils donnent place à un regain d'activité des poissons, d'autant plus si la journée était chaude. Cela dit, la chute brutale des températures entraînée par la tombée de la nuit aura tôt fait de marquer la fin des festivités. Ne perdez donc pas de temps. Les torrents La pêche en torrent est assez amusante. Les poissons ne perdent pas de temps à examiner votre appât avant de l'engamer. Ils sont souvent de petite taille mais celle-ci est compensée par leur nombre. C'est une pêche très active demandant de bons réflexes ainsi qu'une certaine habileté afin d'arriver à lancer avec précision dans les veines d'eau entre les rochers et les arbres… À ce titre une canne courte sera de maniement plus aisé. La cuillère tournante numéro 1 ou 2 sera le leurre roi. Le diamètre du fil gagnera à être plus fin que d'habitude (16 à 20 centièmes). Les grands lacs Les grands lacs des vallées montagneuses contiennent souvent des salmonidés (lacs Léman, d'Annecy, de Serre-Ponçon, etc.). En France, la prise de salmonidés depuis le bord est anecdotique et il vaudra donc mieux miser sur les brochets et perches cohabitant dans ces mêmes lacs car ils y sont plus nombreux et plus accessibles notamment depuis les berges. Les rivières
On y pêchera à la cuillère tournante et au poisson nageur en opérant un lancer globalement perpendiculaire au courant (légèrement vers l'amont), avec un retour rapide (un peu plus vite que le courant pour que la cuillère tourne). Le leurre descendra la rivière en dessinant un arc de cercle. Il ratissera ainsi une large zone. On s'arrangera pour le faire passer près des postes où peuvent se trouver des poissons tout en évitant de s'accrocher dans les obstacles. Tout un art ! Tentez également des lancers plein amont en ramenant la cuillère plus vite que le courant afin de la maintenir en rotation. En cas d'accrochageDonnez d'abord de brefs petits coups avec la canne. Si vous ne parvenez pas à vous décrocher, n'essayez pas de tirer en courbant la canne. Attrapez le fil devant le moulinet et enroulez 3 à 4 spires autour d'un bout de bois. Positionnez la canne dans la direction du fil tendu et tirez à l'aide du morceau de bois en reculant de tout votre corps. Aucune contrainte ne doit reposer sur le moulinet ou la canne. Tirez jusqu'à ce que le leurre se libère ou jusqu'à ce que le fil casse (protégez votre visage). Si vous en avez la possibilité, changez d'angle avant de tirer sur le fil en vous déplaçant le long de la berge. Cela permet souvent de désaxer l'hameçon et de faciliter son extraction. Les eaux à brochets
Une chose fondamentale à savoir lorsqu'on pêche dans les eaux à brochet est qu'il faut équiper votre bas de ligne d'un avançon en acier. Il s'agit d'un fin câble d'acier qui reliera votre leurre au fil de nylon. Il empêchera les dents acérées du brochet de couper votre ligne et vous évitera ainsi de perdre votre leurre et le poisson du même coup. Le brochet Que l'on soit en lac, en grande rivière ou en fleuve, le comportement du brochet ne changera pas des masses : c'est un carnassier territorial et solitaire. Le plus souvent, il reste immobile à l'affût dans une zone calme proche d'un obstacle (souche immergée, herbier, épave, rocher, branchages, etc.). Le brochet est un chasseur opportuniste : il n'engagera d'attaque que si la dépense d'énergie en vaut la chandelle. Utilisez de gros leurres, animez les lentement le plus près possible de son poste et vous augmenterez vos chances de réussites. Leurres souples équipés d'un système anti-herbe : la pointe de l'hameçon est cachée dans le leurre La perche C'est un poisson curieux, agressif et grégaire qui devient solitaire en grandissant. Elle se pêche à l'aide de leurres de taille moyenne (cuillères 2 ou 3, petits poissons nageurs…) Faites jouer la concurrence !Les poissons se déplaçant en groupe hésiteront beaucoup moins à se saisir de votre imitation que lorsqu'ils sont seuls car la pression du groupe fait que les premiers poissons à attaquer seront les premiers servis. Ce cas de figure est particulièrement vrai pour les perches. Cas de figure en merDepuis le bordOn pourra utiliser grossièrement le même matériel que pour le brochet en eau douce, cela dit, prenez garde à ce que vos moulinets soient traités contre l'oxydation. Dans le cas contraire, ils ne feraient pas long feu face à l'eau salée. Quoi qu’il en soit, pensez à bien rincer votre matériel à l'eau douce après chaque utilisation. La pêche au lancer/ramener se pratiquera en utilisant des leurres souples, cuillères ondulantes ou poissons nageurs (la cuillère tournante est rarement utilisée en mer). Il est conseillé de vous renseigner au sujet des mœurs des poissons dans la région où vous pêchez car ceux-ci sont très variables. S'il y a du bar, n'ayez pas peur de lancer votre leurre dans l'écume des déferlantes. Utilisez du fil de 30 centièmes au moins. En fait, plus la mer est agitée et les éléments agressifs (rochers, présence de coquillages etc.) plus le diamètre du fil sera important. Pour beaucoup de poissons, les embouchures de rivières et estuaires sont d'excellents postes, l'apport en nourriture y étant conséquent. Les poissons marins cherchent à en profiter et remontent parfois sur plusieurs centaines de mètres en eau douce (qui est en fait saumâtre). Dans cette situation, le fil pourra être plus fin. Si vous voyagez dans une région à salmonidés migrateurs, ce sera également le moment de tenter votre chance avec les saumons et truites de mer qui commencent à cet endroit leur migration. Privilégiez la marée montante dans ce type de configuration.
AstuceLes accrochages sont fréquents lorsqu'on pêche depuis le bord et la perte de leurres n'est pas rare. Pour y remédier, remplacez les anneaux brisés liant les hameçons au leurre par des petites boucles de fil de pêche d'un diamètre un peu inférieur au diamètre du corps de ligne. En cas d'accrochage, la boucle cédera avant le corps de ligne. L'hameçon sera perdu mais le leurre sera sauf. Songez de ce fait à vous fournir en hameçons de rechange. Depuis une embarcation
La dandine Veillez à ce que votre moulinet ait une grande capacité de contenance de fil (200 à 300 m). Plus elle sera grande plus vous pourrez pêcher profond. Le principe est le même que pour la pêche à la dandine en lac. Les cuillères seront toutefois plus lourdes faute de quoi, à cause du vent et du courant, il vous sera impossible de leur laisser gagner une profondeur suffisante (parfois plus de 100 m…).40 g est un minimum. N'hésitez pas à monter plus les conditions sont difficiles et la profondeur importante. La traîne
Utilisez une canne de traîne légère (canne spécifique très solide) et un moulinet à tambour tournant pour la traîne rempli de fil d'un diamètre de 50 centièmes. Installez une mitraillette à maquereaux (équipée de mouches ou de leurres souples) au bout de laquelle vous fixerez un plomb ou une grosse cuillère ondulante ou tout autre leurre dans le même ordre de masse (300 g à 600 g). La canne de traîne pourra également vous servir à pêcher à la dandine. Il n'est d'ailleurs pas interdit de dandiner une telle ligne lorsque vous êtes à l'arrêt. Cette méthode de pêche permet de cibler les poissons présents en profondeur, mais prenez constamment garde à l'évolution de la hauteur du fond car vous pourriez vous y accrocher.
Fixez au bout d'un lancer classique ou d'une canne de traîne légère une mitraillette à maquereaux sans la plomber et laissez-la onduler à quelques dizaines de mètres derrière le kayak pendant que vous pagayez. On peut aussi procéder de la sorte avec un poisson nageur flottant. Il plongera quand vous avancerez et remontera en surface à l'arrêt. Vous pourrez également monter une mitraillette en amont du poisson nageur. En plongeant il se chargera de la faire couler. Une autre alternative qu'il convient de signaler ici est l'utilisation d'une planchette « delta » qui jouera grossièrement le rôle du poisson nageur dans le maintien de la ligne sous l'eau. NB :
Question matérielNotre objectif dans le choix du matériel est qu'il soit le plus polyvalent possible afin de limiter son encombrement ainsi que son poids dans le sac à dos ! La canneÀ l'exception des pêches à la traîne plombée, la canne de base sera un lancer télescopique (ou à emmanchement) en carbone ou en fibre de verre. Pour le transport, la canne télescopique présente l'intérêt d'être souvent plus compacte que son équivalent à emmanchement ; d'autre part, les plus petits brins sont à l'intérieur du plus gros brin, le plus solide, et sont du coup assez bien protégés. Notez aussi que les cannes en fibre de verre sont bien plus robustes ; dans le cadre de la randonnée, cela constitue un argument de poids en leur faveur.
Depuis le bord, une canne longue permet un meilleur contrôle de la ligne.
La puissance de la canne indique le poids des leurres pour lesquelles elle est optimisée. Lancer des leurres de poids différents sera possible mais moins confortable. On vous conseille d'acquérir une canne de puissance moyenne afin de rester polyvalent. À moins que vous sachiez d'emblée quel type de pêche vous allez pratiquer (truites = faibles puissances, brochet et pêche en mer = grandes puissances) Lunettes polarisantes ?Les lunettes polarisantes ont la propriété de supprimer une partie des reflets sur l'eau. Elles peuvent vous aider à repérer des poissons en maraude. Le filPlus il est fin, moins le poisson le voit, mais plus on risque de casser la ligne. Le nœud de cuillère
|