La traversée du Massif des Vosges, malgré tout !
Parti pour un trek de 4 mois, abandonné au bout de 16 jours.
Récit d'une aventure qui n'est pas passée du tout comme prévu...
Récit d'une aventure qui n'est pas passée du tout comme prévu...
Quand : 13/06/2024
Durée : 16 jours
Durée : 16 jours
Distance globale :
432km
Dénivelées :
+22478m /
-21133m
Alti min/max : 164m/1391m
Carnet publié par Béryl
le 05 nov.
modifié le 10 nov.
modifié le 10 nov.
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en
train
Précisions :
Tous les trajets aller et retour ont été faits en train, à part un taxi dans Paris pour aller de la gare de l'Est à la gare Montparnasse.
298 lecteur(s)
-
Vue d'ensemble
Le topo : Jour 6 - Wangenbourg/Cabanne Carrée (mise à jour : 03 nov.)
Distance section :
27km
Dénivelées section :
+1282m /
-958m
Section Alti min/max : 343m/1004m
Description :
Données GPS :
Distance : 27,33 km
Dénivelé positif : 1282 m
Dénivelé négatif : 958 m
Distance : 27,33 km
Dénivelé positif : 1282 m
Dénivelé négatif : 958 m
Le compte-rendu : Jour 6 - Wangenbourg/Cabanne Carrée (mise à jour : 03 nov.)
Lundi 3 juin 2024
Une étape courte qui me paraitra bien longue.
Nous prenons le départ tous les trois, mais très vite, Denis me dit vouloir prendre son rythme de croisière. Les jours douloureux de rodage sont derrière lui à présent et il va pouvoir se lâcher un peu plus. Cependant, les adieux ne sont pas pour de suite.
Thierry aussi marche vite, mais il s'arrête souvent. Je le laisse partir devant, lui aussi, en sachant qu'il y a de fortes chances que je le double dans la journée.
Pour ma part, je m'inquiète. Sixième jour de marche et je souffre toujours. C'est pas normal. Je ne devrais plus sentir mon sac à dos et mes pieds ne devraient se plaindre qu'après une grosse étape ou trop de bitume. Là, j'ai l'impression de faire une grosse étape entièrement sur le bitume tous les jours.
Mon corps peine et cela commence à peser sur mon moral déjà pas bien haut. Pour les pieds, je soupçonne fortement les semelles orthopédiques. Les chaussures, elles, sont neuves, mais ont pas mal de bornes dans les semelles, déjà. Pour le reste, le sac à dos est toujours le même, dont le poids ne varie guère d'un trek à l'autre. L'âge peut-être. Cinquante-quatre balais, c'est pas vieux, non ?
Si ?...
Perdu dans mes pensées, je ne remarque que tardivement un gros semi-remorque chargé de billes de bois qui avance vers moi sur le chemin. En pleine forêt ! Surpris, je me cale contre le talus et laisse passer cette incongruité de quarante tonnes.
Une étape courte qui me paraitra bien longue.
Nous prenons le départ tous les trois, mais très vite, Denis me dit vouloir prendre son rythme de croisière. Les jours douloureux de rodage sont derrière lui à présent et il va pouvoir se lâcher un peu plus. Cependant, les adieux ne sont pas pour de suite.
Thierry aussi marche vite, mais il s'arrête souvent. Je le laisse partir devant, lui aussi, en sachant qu'il y a de fortes chances que je le double dans la journée.
Pour ma part, je m'inquiète. Sixième jour de marche et je souffre toujours. C'est pas normal. Je ne devrais plus sentir mon sac à dos et mes pieds ne devraient se plaindre qu'après une grosse étape ou trop de bitume. Là, j'ai l'impression de faire une grosse étape entièrement sur le bitume tous les jours.
Mon corps peine et cela commence à peser sur mon moral déjà pas bien haut. Pour les pieds, je soupçonne fortement les semelles orthopédiques. Les chaussures, elles, sont neuves, mais ont pas mal de bornes dans les semelles, déjà. Pour le reste, le sac à dos est toujours le même, dont le poids ne varie guère d'un trek à l'autre. L'âge peut-être. Cinquante-quatre balais, c'est pas vieux, non ?
Si ?...
Perdu dans mes pensées, je ne remarque que tardivement un gros semi-remorque chargé de billes de bois qui avance vers moi sur le chemin. En pleine forêt ! Surpris, je me cale contre le talus et laisse passer cette incongruité de quarante tonnes.
Passage par le château du Nideck - du moins ce qu'il en reste - qui n'a pas grand-chose à nous montrer, si ce n'est l'explication de la légende de la Fille du Géant qui inspira les frères Grimm et un poète allemand qui en fit quelques vers appris par des générations d'écoliers. Je ne résiste pas à vous mettre la morale que le père géant conte à sa fille, toujours d'actualité deux siècles après :
"Respectons le travailleur austère qui nous nourrit en cultivant la terre, sans lui, crois-moi, nous n'aurons ni pain doré, ni tissu vaporeux et notre race puise ses forces et sève dans ses sueurs, son travail sans trêve."
À méditer.
Un peu plus loin, j'arrive à la cascade homonyme, vite rejoint par Thierry. Le point de vue est magnifique. Du moins par beau temps, parce qu'aujourd'hui encore, tout est bouché.
Bouché et encombré : beaucoup de monde dans le coin. Très vite, je pars devant et laisse Thierry à la foule.
"Respectons le travailleur austère qui nous nourrit en cultivant la terre, sans lui, crois-moi, nous n'aurons ni pain doré, ni tissu vaporeux et notre race puise ses forces et sève dans ses sueurs, son travail sans trêve."
À méditer.
Un peu plus loin, j'arrive à la cascade homonyme, vite rejoint par Thierry. Le point de vue est magnifique. Du moins par beau temps, parce qu'aujourd'hui encore, tout est bouché.
Bouché et encombré : beaucoup de monde dans le coin. Très vite, je pars devant et laisse Thierry à la foule.
J'aime marcher dans les bois. Toujours ce besoin de verdure et d'arbres. Certes, le regard ne porte pas loin, mais je me sens rassuré. La trace est facile à suivre et même les fois où je me paumerai, je pourrai tirer tout droit pour rattraper le chemin, chose difficile, voire impossible en montagne où l'erreur peut coûter très cher aussi bien en kilomètres (et dénivelé) qu'en risque.
L'arrivée sur une large piste est barrée par une grande banderole jaune unie. Je passe dessous et me retourne : "Travaux forestiers. Chantier interdit au public" ! L'ONF ne sait donc pas que l'on peut prendre un chemin par les deux sens ?! Fort heureusement, les forestiers ne semblent pas travailler le lundi !
Plus loin, je m'arrête un moment à la Porte de Pierre, étrange monument naturel créé par trois artistes emblématiques : la pluie, le gel et le vent. Ces piliers de grès rose hauts de cinq mètres, larges de sept, surmontés d'un linteau où reposent d'énormes rochers, ont quelque chose de fascinant. Une force et une fragilité à la fois. Où donne donc cette porte ? Vers quel monde ? L'Homme en tout cas l'admire depuis longtemps ; les deux menhirs couchés et les pierres à cupules en attestent.
Thierry me rejoint alors que j'arrive au sommet du Rocher du Mutzig, mon premier 1000 mètres ! Là aussi, la vue sur les crêtes des Vosges est magnifique, bien que bouchée par le temps invariablement gris. Il y restera un moment alors que je reprends ma route après quelques photos.
L'arrivée sur une large piste est barrée par une grande banderole jaune unie. Je passe dessous et me retourne : "Travaux forestiers. Chantier interdit au public" ! L'ONF ne sait donc pas que l'on peut prendre un chemin par les deux sens ?! Fort heureusement, les forestiers ne semblent pas travailler le lundi !
Plus loin, je m'arrête un moment à la Porte de Pierre, étrange monument naturel créé par trois artistes emblématiques : la pluie, le gel et le vent. Ces piliers de grès rose hauts de cinq mètres, larges de sept, surmontés d'un linteau où reposent d'énormes rochers, ont quelque chose de fascinant. Une force et une fragilité à la fois. Où donne donc cette porte ? Vers quel monde ? L'Homme en tout cas l'admire depuis longtemps ; les deux menhirs couchés et les pierres à cupules en attestent.
Thierry me rejoint alors que j'arrive au sommet du Rocher du Mutzig, mon premier 1000 mètres ! Là aussi, la vue sur les crêtes des Vosges est magnifique, bien que bouchée par le temps invariablement gris. Il y restera un moment alors que je reprends ma route après quelques photos.
La descente vers la Cabane Carrée est longue comme un jour sans pain. Thierry me retrouve bien vite et nous nous aidons pour traverser plusieurs clôtures sur des échelles de bois bancales entourées de fils barbelés. L'une d'elles cassera sous son poids, mais il parviendra in extremis à se rattraper avant de finir empêtré dans ces satanés fils.
Nous arrivons de concert au terme de notre étape.
Tout en rondins massifs, comme beaucoup de cabanes dans le coin, la Carrée est ouverte sur le devant. Je décide de poser ma toile intérieure sous cet abri ce qui m'évitera de plier ma tente mouillée au petit matin.
Arthur finit par arriver lui aussi. Il va monter son bivouac un peu plus loin et veut juste profiter de la source du coin. Effectivement, je n'avais pas vu qu'un panneau l'indiquait ! J'y vais à mon tour et remplis toutes les gourdes, ce qui permet une soirée sans rationner l'eau, point toujours appréciable.
Thierry préfère poser sa tente à l'écart. La pluie n'est pas annoncée pour cette nuit et de toute façon, il n'aime pas dormir dans une cabane ouverte.
Si j'avais su la nuit qui m'attend, j'en aurais fait de même.
Nous arrivons de concert au terme de notre étape.
Tout en rondins massifs, comme beaucoup de cabanes dans le coin, la Carrée est ouverte sur le devant. Je décide de poser ma toile intérieure sous cet abri ce qui m'évitera de plier ma tente mouillée au petit matin.
Arthur finit par arriver lui aussi. Il va monter son bivouac un peu plus loin et veut juste profiter de la source du coin. Effectivement, je n'avais pas vu qu'un panneau l'indiquait ! J'y vais à mon tour et remplis toutes les gourdes, ce qui permet une soirée sans rationner l'eau, point toujours appréciable.
Thierry préfère poser sa tente à l'écart. La pluie n'est pas annoncée pour cette nuit et de toute façon, il n'aime pas dormir dans une cabane ouverte.
Si j'avais su la nuit qui m'attend, j'en aurais fait de même.