La traversée du Massif des Vosges, malgré tout !
Parti pour un trek de 4 mois, abandonné au bout de 16 jours.
Récit d'une aventure qui n'est pas passée du tout comme prévu...
Récit d'une aventure qui n'est pas passée du tout comme prévu...
Quand : 13/06/2024
Durée : 16 jours
Durée : 16 jours
Distance globale :
432km
Dénivelées :
+22478m /
-21133m
Alti min/max : 164m/1391m
Carnet publié par Béryl
le 05 nov.
modifié le 10 nov.
modifié le 10 nov.
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en
train
Précisions :
Tous les trajets aller et retour ont été faits en train, à part un taxi dans Paris pour aller de la gare de l'Est à la gare Montparnasse.
298 lecteur(s)
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Vue d'ensemble
Le compte-rendu : Épilogue (mise à jour : 10 nov.)
Quelques semaines après.
J'ai rangé mes affaires, soigné mes blessures, j'ai même réparé mon sac à dos. Un immense merci à Deuter France qui m'a envoyé les armatures gratuitement alors que mon sac a bientôt dix ans.
Il se passe un long moment pour qu'enfin je me lance dans l'écriture de ce carnet de voyage que je mettrai plus de temps à accoucher que d'autres pour des treks plus longs. Syndrome du couteau dans la plaie.
Entre-temps, j'accompagne mon fils qui se lance dans la randonnée longue. Le tour des Monts d'Aubrac était dans mon viseur depuis longtemps. L'occasion est trop belle. Je me replonge avec délectation dans ces moments fébriles que sont les préparatifs d'un trek. Calibré pour une petite semaine, certes, mais c'est magnifique et en famille !
Effectivement, c'est magnifique, mais une vive douleur au genou l'empêche bientôt de poser le pied par terre sans lui tirer un rictus de douleur. Pas le choix, nous devons rentrer à la maison. Trois jours. Quand ça veut pas...
Au moment où j'écris ces lignes, je ne parviens pas à tirer un bilan clair de cette aventure. C'est difficile à avouer, mais je sais qu'au fond de moi, tout au fond, je n'y croyais pas, tout simplement. Pas suffisamment en tout cas pour avoir la volonté, la niaque de contrer tout ce qui s'est mis en travers de ma route. Des treks, j'en ai fait d'autres avec des galères parfois pires que sur celui-ci, mais j'ai toujours eu l'énergie de les combattre pour continuer à avancer. Là, non, et je m'en suis très vite aperçu. La petite voix me le répétait souvent avant même de partir : trop long, trop dur. Cette petite voix que j'ai tant cherché à faire taire.
Trop dur, je ne sais ; la rando en montagne, j'aime plutôt ça, même si j'ai bien senti cette fois-ci que mon corps mettait plus de temps que d'habitude pour se mettre au pli.
Trop long, oui, sûrement. Il faut que je calibre des sorties plus courtes dorénavant.
Je sais qu'il me faudra encore beaucoup de temps et de travail pour tirer quelques bénéfices de cet échec.
L'ego a pris une grosse baffe, mais je me revois dans le premier train qui me ramène à la maison, la tête posée contre la vitre à regarder le paysage en me disant : "Tu as fait le bon choix". C'est plus la honte, en fait, le regard des autres. Je sais que j'ai déçu, même si personne ne me le dit, évidemment.
Bon après, je ne suis pas maso au point de me flageller avec des orties fraiches ! Il faut relativiser, mon vieux !
À ceux qui me demandent quand je compte repartir, je réponds invariablement : "Pour le moment, je digère !"
Et la digestion s'annonce longue.
Assis à la table, dans la cuisine, je savoure un thé vert en tournant les pages d'un magazine de trek. Pas un de ceux auxquels je suis abonné, un que j'ai acheté. Bon signe. D'ailleurs, même si je ne suis toujours pas sorti à nouveau, même à la journée, j'ai encore cette envie qui s'éveille dès que je croise un randonneur au long cours, ceux qu'on reconnait facilement. Cette envie qui me ferait aller vers lui ou elle et lui poser les questions rituelles : "D'où tu viens ? Où tu vas ? Tu dors où, ce soir ? Combien pèse ton sac ?" Bon signe, encore.
Alors oui, je sais que je vais repartir. Quand ? Où ? C'est l'inconnu. J'ai quelques idées. Et puis, je n'en ai pas terminé avec l'Hexatrek, je pense. Un redécoupage plus en adéquation avec mes envies, mes limites aussi, oui. C'est tentant. Très tentant.
C'est avec cette pensée réconfortante en tête que je m'apprête à tourner la page - la page de mon magazine - quand soudain je me fige. Un article m'interpelle. La Fédération Française de Randonnée vient de mettre à jour un topoguide détaillant un trek qui part de Wissembourg et court jusqu'à Belfort par le GR5 et le GR53. Pile la trace que j'ai suivie !
Je souris alors devant le premier point positif de mon aventure : j'aurai au moins fait la Traversée du Massif des Vosges, malgré tout !
J'ai rangé mes affaires, soigné mes blessures, j'ai même réparé mon sac à dos. Un immense merci à Deuter France qui m'a envoyé les armatures gratuitement alors que mon sac a bientôt dix ans.
Il se passe un long moment pour qu'enfin je me lance dans l'écriture de ce carnet de voyage que je mettrai plus de temps à accoucher que d'autres pour des treks plus longs. Syndrome du couteau dans la plaie.
Entre-temps, j'accompagne mon fils qui se lance dans la randonnée longue. Le tour des Monts d'Aubrac était dans mon viseur depuis longtemps. L'occasion est trop belle. Je me replonge avec délectation dans ces moments fébriles que sont les préparatifs d'un trek. Calibré pour une petite semaine, certes, mais c'est magnifique et en famille !
Effectivement, c'est magnifique, mais une vive douleur au genou l'empêche bientôt de poser le pied par terre sans lui tirer un rictus de douleur. Pas le choix, nous devons rentrer à la maison. Trois jours. Quand ça veut pas...
Au moment où j'écris ces lignes, je ne parviens pas à tirer un bilan clair de cette aventure. C'est difficile à avouer, mais je sais qu'au fond de moi, tout au fond, je n'y croyais pas, tout simplement. Pas suffisamment en tout cas pour avoir la volonté, la niaque de contrer tout ce qui s'est mis en travers de ma route. Des treks, j'en ai fait d'autres avec des galères parfois pires que sur celui-ci, mais j'ai toujours eu l'énergie de les combattre pour continuer à avancer. Là, non, et je m'en suis très vite aperçu. La petite voix me le répétait souvent avant même de partir : trop long, trop dur. Cette petite voix que j'ai tant cherché à faire taire.
Trop dur, je ne sais ; la rando en montagne, j'aime plutôt ça, même si j'ai bien senti cette fois-ci que mon corps mettait plus de temps que d'habitude pour se mettre au pli.
Trop long, oui, sûrement. Il faut que je calibre des sorties plus courtes dorénavant.
Je sais qu'il me faudra encore beaucoup de temps et de travail pour tirer quelques bénéfices de cet échec.
L'ego a pris une grosse baffe, mais je me revois dans le premier train qui me ramène à la maison, la tête posée contre la vitre à regarder le paysage en me disant : "Tu as fait le bon choix". C'est plus la honte, en fait, le regard des autres. Je sais que j'ai déçu, même si personne ne me le dit, évidemment.
Bon après, je ne suis pas maso au point de me flageller avec des orties fraiches ! Il faut relativiser, mon vieux !
À ceux qui me demandent quand je compte repartir, je réponds invariablement : "Pour le moment, je digère !"
Et la digestion s'annonce longue.
Assis à la table, dans la cuisine, je savoure un thé vert en tournant les pages d'un magazine de trek. Pas un de ceux auxquels je suis abonné, un que j'ai acheté. Bon signe. D'ailleurs, même si je ne suis toujours pas sorti à nouveau, même à la journée, j'ai encore cette envie qui s'éveille dès que je croise un randonneur au long cours, ceux qu'on reconnait facilement. Cette envie qui me ferait aller vers lui ou elle et lui poser les questions rituelles : "D'où tu viens ? Où tu vas ? Tu dors où, ce soir ? Combien pèse ton sac ?" Bon signe, encore.
Alors oui, je sais que je vais repartir. Quand ? Où ? C'est l'inconnu. J'ai quelques idées. Et puis, je n'en ai pas terminé avec l'Hexatrek, je pense. Un redécoupage plus en adéquation avec mes envies, mes limites aussi, oui. C'est tentant. Très tentant.
C'est avec cette pensée réconfortante en tête que je m'apprête à tourner la page - la page de mon magazine - quand soudain je me fige. Un article m'interpelle. La Fédération Française de Randonnée vient de mettre à jour un topoguide détaillant un trek qui part de Wissembourg et court jusqu'à Belfort par le GR5 et le GR53. Pile la trace que j'ai suivie !
Je souris alors devant le premier point positif de mon aventure : j'aurai au moins fait la Traversée du Massif des Vosges, malgré tout !