La traversée du Massif des Vosges, malgré tout !
Parti pour un trek de 4 mois, abandonné au bout de 16 jours.
Récit d'une aventure qui n'est pas passée du tout comme prévu...
Récit d'une aventure qui n'est pas passée du tout comme prévu...
Quand : 13/06/2024
Durée : 16 jours
Durée : 16 jours
Distance globale :
432km
Dénivelées :
+22478m /
-21133m
Alti min/max : 164m/1391m
Carnet publié par Béryl
le 05 nov.
modifié le 10 nov.
modifié le 10 nov.
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en
train
Précisions :
Tous les trajets aller et retour ont été faits en train, à part un taxi dans Paris pour aller de la gare de l'Est à la gare Montparnasse.
298 lecteur(s)
-
Vue d'ensemble
Le topo : Jour 12 - Étang du Devin/Lac du Schiessrothried (mise à jour : 09 nov.)
Distance section :
29km
Dénivelées section :
+1116m /
-1140m
Section Alti min/max : 935m/1294m
Description :
Données GPS :
Distance : 28,96 km
Dénivelé positif : 1116 m
Dénivelé négatif : 1140 m
Distance : 28,96 km
Dénivelé positif : 1116 m
Dénivelé négatif : 1140 m
Le compte-rendu : Jour 12 - Étang du Devin/Lac du Schiessrothried (mise à jour : 09 nov.)
Dimanche 9 juin 2024
Quand je me lève, un peu avant le soleil, il ne pleut plus. Par contre, tout est trempe. Je renfile une fois de plus mes vêtements humides ; mauvais moment à passer. Je mange un morceau, replié sous ma tente, passe un coup de serviette sur la toile en l'essorant plusieurs fois, plie le tout et me voilà parti.
La pluie est de nouveau annoncée pour aujourd'hui et peut-être pour demain. Ce soir, j'ai prévu de dormir en refuge en espérant pouvoir tout faire sécher. L'espoir : il me tient encore, malgré les nombreuses questions qui se bousculent dans ma tête et une petite ritournelle qui se met en place insidieusement avec le mot "trop" qui revient souvent. Je fais taire, je n'écoute pas ; du négatif qui tire vers le bas. Je fuis mentalement.
Le passage par la nécropole de Duschesne rajoute un peu de morosité à mon état. Toutes ces croix alignées portent juste un nom, un prénom et une date de mort. La première que je lis est un choc : la date de mon anniversaire. Je refuse d'y voir un quelconque signe et reprends mon chemin sans m'attarder.
Quand je me lève, un peu avant le soleil, il ne pleut plus. Par contre, tout est trempe. Je renfile une fois de plus mes vêtements humides ; mauvais moment à passer. Je mange un morceau, replié sous ma tente, passe un coup de serviette sur la toile en l'essorant plusieurs fois, plie le tout et me voilà parti.
La pluie est de nouveau annoncée pour aujourd'hui et peut-être pour demain. Ce soir, j'ai prévu de dormir en refuge en espérant pouvoir tout faire sécher. L'espoir : il me tient encore, malgré les nombreuses questions qui se bousculent dans ma tête et une petite ritournelle qui se met en place insidieusement avec le mot "trop" qui revient souvent. Je fais taire, je n'écoute pas ; du négatif qui tire vers le bas. Je fuis mentalement.
Le passage par la nécropole de Duschesne rajoute un peu de morosité à mon état. Toutes ces croix alignées portent juste un nom, un prénom et une date de mort. La première que je lis est un choc : la date de mon anniversaire. Je refuse d'y voir un quelconque signe et reprends mon chemin sans m'attarder.
Ayant trouvé mon rythme de croisière, j'enchaine les cols sans trop forcer : la Tête des Faux (1208m), le Gazon du Feing (1306m), le Soultzeren Eck (1302m), le Ringbuhlkopf (1302m) avec de magnifiques vues plongeantes sur le lac Blanc, le lac Noir, celui du Forlet et le Vert ; je me régale en montée malgré le temps menaçant.
À midi, j'arrive au col de la Schlucht (1139m) ; prononcez : chlour, ça ne s'invente pas ! Je me pose en terrasse pour manger un morceau et me faire plaisir avec une boisson houblonnée pétillante et locale. J'y retrouve les trois vététistes attablés eux aussi autour de la même boisson, mais au format XXL. Ils se chamaillent, n'étant pas d'accord sur la route à suivre et demandent l'arbitrage de la serveuse, sportive et familière des lieux. L'info décisive fait immanquablement perdre le pari de l'un d'eux et entraine une tournée supplémentaire à ses frais. Je ne me joins pas à eux, comme ils me le proposent. De toute façon, entre la carte déployée et les nombreux et imposants verres posés sur la table, la place manque. Je me pose juste derrière, seul, et m'amuse de les entendre se disputer gentiment le prochain wagon de bières.
Décidément adorable, la serveuse ne voit pas d'inconvénient à ce que je lui laisse ma batterie à charger pendant que je mange.
Vers 13h, Thierry m'envoie un message, sachant où je m'étais arrêté : "J'arrive dans vingt minutes !"
Trop tard, mon gars, je suis sur le départ ! On se retrouve peut-être au refuge ce soir si tu as le courage !
À midi, j'arrive au col de la Schlucht (1139m) ; prononcez : chlour, ça ne s'invente pas ! Je me pose en terrasse pour manger un morceau et me faire plaisir avec une boisson houblonnée pétillante et locale. J'y retrouve les trois vététistes attablés eux aussi autour de la même boisson, mais au format XXL. Ils se chamaillent, n'étant pas d'accord sur la route à suivre et demandent l'arbitrage de la serveuse, sportive et familière des lieux. L'info décisive fait immanquablement perdre le pari de l'un d'eux et entraine une tournée supplémentaire à ses frais. Je ne me joins pas à eux, comme ils me le proposent. De toute façon, entre la carte déployée et les nombreux et imposants verres posés sur la table, la place manque. Je me pose juste derrière, seul, et m'amuse de les entendre se disputer gentiment le prochain wagon de bières.
Décidément adorable, la serveuse ne voit pas d'inconvénient à ce que je lui laisse ma batterie à charger pendant que je mange.
Vers 13h, Thierry m'envoie un message, sachant où je m'étais arrêté : "J'arrive dans vingt minutes !"
Trop tard, mon gars, je suis sur le départ ! On se retrouve peut-être au refuge ce soir si tu as le courage !
Parti du col, je m'engage sur le Sentier des Roches, connu pour être assez technique. Un grand panneau préconise de ne pas s'y aventurer en étant sujet au vertige et de l'éviter par temps de pluie. Les numéros des secours et de la gendarmerie sont affichés en gras. Rassurant !
Le chemin n'est effectivement pas une promenade du dimanche, mais j'ai connu plus technique dans les Pyrénées. Quelques mains courantes sont là pour assurer certains passages délicats. La difficulté vient peut-être de l'étroitesse par endroit, surtout avec un gros sac à dos, mais plus sûrement de la pluie qui s'invite quasiment à mi-parcours. Déjà, mettre le poncho en équilibre sur la corniche n'est pas simple, mais très vite le sol devient glissant et je dois redoubler de vigilance. Dommage que la vue se bouche, le spectacle s'annonçait magnifique.
Arrivé sur la fin du sentier, dont la partie en forêt me semble interminable, je perds trois cents mètres de dénivelé en à peine trois kilomètres (ouille les genoux !) et je les reprends de suite en deux autres. C'est raide, mais je préfère nettement dans ce sens !
Après le dernier col de la journée - le Schaeferthal (1228m) - j'attaque la longue descente vers le lac de Schiessrothried (ah ! ils m'auront écorché la bouche les noms alsaciens !) où je perds quatre cents mètres de dénivelé en trois autres kilomètres.
De suite, je dévie de la trace pour longer le lac et rejoindre le refuge des Vosges Trotters. La mauvaise intuition que je traine depuis ce matin se confirme alors : le refuge est fermé. Plus déçu que surpris, je fais marche arrière et cherche un endroit pour poser mon bivouac. Un grand panneau au niveau de la digue en bout du lac indique que cela est interdit, mais pas question de continuer dans les bois avec ce temps. De plus, je suis trempé, j'en ai marre et ne rêve que d'enlever mes vêtements humides et me rouler en boule dans mon sac de couchage.
Je repère un bout de terrain plat à côté d'une maison fermée. Abrité des regards par une grande haie, j'espère ne pas être repéré. J'espère aussi que les propriétaires de la maison ne rentreront pas ce soir.
Ma tente installée, je file à nouveau vers le refuge avec mes gourdes ; j'y ai en effet découvert une source coulant bien claire juste à côté. Revenant vers mon abri, je trouve deux personnes qui tournent et virent non loin de celui-ci. Je m'arrête assez loin, m'approchant de la rive et je temporise. Pas envie d'être découvert, voire dénoncé. Je fais mine d'être très intéressé par ce qui se passe dans l'eau à mes pieds, comme si j'y avais vu la nageoire de Nessie. Le couple, un homme et une femme, ne semble pas décidé à quitter la place, aussi je tente le tout pour le tout et reprends ma route en me dirigeant droit vers eux. Arrivé à leur niveau, j'entame directement la conversation comme quelqu'un n'ayant rien à se reprocher : "Bonjour !
- Bonjour, me répond l'homme.
- Savez-vous pourquoi le refuge des Vosges Trotters est fermé ?
- Parce qu'on est hors saison, les refuges sont fermés en dehors des week-ends et des vacances scolaires.
- Ah ! c'est ballot pour les randonneurs qui comptent y dormir !
- Oui, mais ces structures manquent de bénévoles pour ouvrir plus souvent. C'est à vous la tente ?"
Là, je me raidis. Ils ont vu ma tente bien planquée derrière la haie. À ce moment pour moi, c'est pile ou face. L'homme, assez vieux, porte un chapeau usé, une écharpe autour du cou et une barbe blanche. Son regard clair planté dans le mien semble me dire : "Inutile de me mentir, on sait !"
"Oui, c'est à moi. J'ai eu une journée aussi longue qu'humide et je comptais dormir au refuge ce soir, mais devant la porte close, je n'ai pas eu le courage de continuer plus loin et j'ai trouvé ce bout de terrain. J'espère juste ne pas me faire déloger.
- Vous faire déloger ? Mais par qui ? me répond-il.
- Par les propriétaires de la maison, déjà, et par les Brigades Vertes, car il semble que c'est interdit de poser sa tente dans le coin.
- Vous n'avez rien à craindre ! Les proprios ne sont pas du coin, vous n'êtes pas près de les voir, et les gardes ne vous diront rien, à compter qu'ils passent.
- Bin, vu le panneau, ce serait étonnant !
- Ne vous en faites pas. Le bivouac est toléré, de plus, vous êtes discret et si vous ne faites pas de feu personne ne vous dira quoi que ce soit."
Son discours bienveillant me rassure. La dame s'est approchée entre-temps, un petit bouquet de fleurs sauvages à la main, et soutient le discours de son mari : "Vous ne risquez rien, soyez tranquille."
Leur ton rassurant m'ôte un poids. Nous nous mettons alors à discuter de tout et de rien, là, debout au bord du lac. Tout y passe, la rando, bien sûr, ce sont d'anciens randonneurs qui ont baroudé par monts et par vaux - d'ailleurs ils semblent très bien s'y connaitre en matériel et sont curieux de celui que j'utilise -, la politique actuelle qui nous désespère, l'histoire locale, en particulier lors de la dernière guerre mondiale, la dégradation du système de soin français - elle est une ancienne infirmière -, l'autoconstruction, finissant eux-mêmes leur maison vu que le constructeur est désormais aux abonnés absents.
Ils me montrent leur demeure actuelle - une cabane de cinq mètres carrés où tout est à sa place - et celle en construction, beaucoup plus spacieuse. Lui est un ancien technicien des télécoms et il commence à me parler de certaines technologies qu'il met en place pendant les travaux, des technologies que je connais très bien et dont les noms sonnent doux à mes oreilles : Linux, Raspberry Pi, électronique, réseaux, bref, mon quotidien pro !
De mon côté, je les conseille en logiciel libre et leur explique comment se passer des GAFAM, que ce soit sur ordinateur ou sur téléphone. La discussion va bon train et nous ne voyons pas le temps passer.
Au bout d'un moment, la dame chuchote à l'oreille de son mari qui semble désolé : "Oui, nous serions ravis de vous inviter pour la nuit, mais nous n'avons qu'un abri à côté de notre cabane et il n'est pas isolé. L'humidité y entre et il n'est pas certain que vous y soyez mieux que sous votre tente.
- C'est très aimable à vous, vraiment, d'autant que j'aurais été content de continuer à refaire le monde avec vous, mais je suis épuisé et n'ai pas envie de démonter tout mon bivouac. Ne soyez pas désolés".
Nous nous quittons là, après leur avoir expliqué comment me suivre sur Pixelfed - un réseau social identique à Instagram, libre et respectueux des données privées - qu'ils découvrent en même temps.
Quand je me couche enfin, il est 22h30 et je me rends compte que je n'ai rien mangé. Tant pis, je suis trop fatigué. Ce petit moment était fort agréable et je suis content de les avoir rencontrés, finalement. Dommage que je n'aie pas pu passer la nuit chez eux (on ne serait pas couchés, cela dit !). Quand bien même je n'aurais pas monté mon bivouac, je ne les aurais pas suivis : ils m'ont avoué en partant qu'ils avaient une heure de marche dans les bois et dans la nuit pour rentrer !
Le chemin n'est effectivement pas une promenade du dimanche, mais j'ai connu plus technique dans les Pyrénées. Quelques mains courantes sont là pour assurer certains passages délicats. La difficulté vient peut-être de l'étroitesse par endroit, surtout avec un gros sac à dos, mais plus sûrement de la pluie qui s'invite quasiment à mi-parcours. Déjà, mettre le poncho en équilibre sur la corniche n'est pas simple, mais très vite le sol devient glissant et je dois redoubler de vigilance. Dommage que la vue se bouche, le spectacle s'annonçait magnifique.
Arrivé sur la fin du sentier, dont la partie en forêt me semble interminable, je perds trois cents mètres de dénivelé en à peine trois kilomètres (ouille les genoux !) et je les reprends de suite en deux autres. C'est raide, mais je préfère nettement dans ce sens !
Après le dernier col de la journée - le Schaeferthal (1228m) - j'attaque la longue descente vers le lac de Schiessrothried (ah ! ils m'auront écorché la bouche les noms alsaciens !) où je perds quatre cents mètres de dénivelé en trois autres kilomètres.
De suite, je dévie de la trace pour longer le lac et rejoindre le refuge des Vosges Trotters. La mauvaise intuition que je traine depuis ce matin se confirme alors : le refuge est fermé. Plus déçu que surpris, je fais marche arrière et cherche un endroit pour poser mon bivouac. Un grand panneau au niveau de la digue en bout du lac indique que cela est interdit, mais pas question de continuer dans les bois avec ce temps. De plus, je suis trempé, j'en ai marre et ne rêve que d'enlever mes vêtements humides et me rouler en boule dans mon sac de couchage.
Je repère un bout de terrain plat à côté d'une maison fermée. Abrité des regards par une grande haie, j'espère ne pas être repéré. J'espère aussi que les propriétaires de la maison ne rentreront pas ce soir.
Ma tente installée, je file à nouveau vers le refuge avec mes gourdes ; j'y ai en effet découvert une source coulant bien claire juste à côté. Revenant vers mon abri, je trouve deux personnes qui tournent et virent non loin de celui-ci. Je m'arrête assez loin, m'approchant de la rive et je temporise. Pas envie d'être découvert, voire dénoncé. Je fais mine d'être très intéressé par ce qui se passe dans l'eau à mes pieds, comme si j'y avais vu la nageoire de Nessie. Le couple, un homme et une femme, ne semble pas décidé à quitter la place, aussi je tente le tout pour le tout et reprends ma route en me dirigeant droit vers eux. Arrivé à leur niveau, j'entame directement la conversation comme quelqu'un n'ayant rien à se reprocher : "Bonjour !
- Bonjour, me répond l'homme.
- Savez-vous pourquoi le refuge des Vosges Trotters est fermé ?
- Parce qu'on est hors saison, les refuges sont fermés en dehors des week-ends et des vacances scolaires.
- Ah ! c'est ballot pour les randonneurs qui comptent y dormir !
- Oui, mais ces structures manquent de bénévoles pour ouvrir plus souvent. C'est à vous la tente ?"
Là, je me raidis. Ils ont vu ma tente bien planquée derrière la haie. À ce moment pour moi, c'est pile ou face. L'homme, assez vieux, porte un chapeau usé, une écharpe autour du cou et une barbe blanche. Son regard clair planté dans le mien semble me dire : "Inutile de me mentir, on sait !"
"Oui, c'est à moi. J'ai eu une journée aussi longue qu'humide et je comptais dormir au refuge ce soir, mais devant la porte close, je n'ai pas eu le courage de continuer plus loin et j'ai trouvé ce bout de terrain. J'espère juste ne pas me faire déloger.
- Vous faire déloger ? Mais par qui ? me répond-il.
- Par les propriétaires de la maison, déjà, et par les Brigades Vertes, car il semble que c'est interdit de poser sa tente dans le coin.
- Vous n'avez rien à craindre ! Les proprios ne sont pas du coin, vous n'êtes pas près de les voir, et les gardes ne vous diront rien, à compter qu'ils passent.
- Bin, vu le panneau, ce serait étonnant !
- Ne vous en faites pas. Le bivouac est toléré, de plus, vous êtes discret et si vous ne faites pas de feu personne ne vous dira quoi que ce soit."
Son discours bienveillant me rassure. La dame s'est approchée entre-temps, un petit bouquet de fleurs sauvages à la main, et soutient le discours de son mari : "Vous ne risquez rien, soyez tranquille."
Leur ton rassurant m'ôte un poids. Nous nous mettons alors à discuter de tout et de rien, là, debout au bord du lac. Tout y passe, la rando, bien sûr, ce sont d'anciens randonneurs qui ont baroudé par monts et par vaux - d'ailleurs ils semblent très bien s'y connaitre en matériel et sont curieux de celui que j'utilise -, la politique actuelle qui nous désespère, l'histoire locale, en particulier lors de la dernière guerre mondiale, la dégradation du système de soin français - elle est une ancienne infirmière -, l'autoconstruction, finissant eux-mêmes leur maison vu que le constructeur est désormais aux abonnés absents.
Ils me montrent leur demeure actuelle - une cabane de cinq mètres carrés où tout est à sa place - et celle en construction, beaucoup plus spacieuse. Lui est un ancien technicien des télécoms et il commence à me parler de certaines technologies qu'il met en place pendant les travaux, des technologies que je connais très bien et dont les noms sonnent doux à mes oreilles : Linux, Raspberry Pi, électronique, réseaux, bref, mon quotidien pro !
De mon côté, je les conseille en logiciel libre et leur explique comment se passer des GAFAM, que ce soit sur ordinateur ou sur téléphone. La discussion va bon train et nous ne voyons pas le temps passer.
Au bout d'un moment, la dame chuchote à l'oreille de son mari qui semble désolé : "Oui, nous serions ravis de vous inviter pour la nuit, mais nous n'avons qu'un abri à côté de notre cabane et il n'est pas isolé. L'humidité y entre et il n'est pas certain que vous y soyez mieux que sous votre tente.
- C'est très aimable à vous, vraiment, d'autant que j'aurais été content de continuer à refaire le monde avec vous, mais je suis épuisé et n'ai pas envie de démonter tout mon bivouac. Ne soyez pas désolés".
Nous nous quittons là, après leur avoir expliqué comment me suivre sur Pixelfed - un réseau social identique à Instagram, libre et respectueux des données privées - qu'ils découvrent en même temps.
Quand je me couche enfin, il est 22h30 et je me rends compte que je n'ai rien mangé. Tant pis, je suis trop fatigué. Ce petit moment était fort agréable et je suis content de les avoir rencontrés, finalement. Dommage que je n'aie pas pu passer la nuit chez eux (on ne serait pas couchés, cela dit !). Quand bien même je n'aurais pas monté mon bivouac, je ne les aurais pas suivis : ils m'ont avoué en partant qu'ils avaient une heure de marche dans les bois et dans la nuit pour rentrer !