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John Muir Trail, Sierra High Route, High Sierra Trail 540km

(réalisé)
Voyage en solitaire à partir de Yosemite Village sur le John Muir Trail, puis une portion du sierra High Trail de Tuolumne meadows jusqu'à read meadows, reprise sur le John Muir jusqu'au Mont Whitney et enfin le High Sierra Trail à partir de Cottonwood Lake.
randonnée/trek
Quand : 10/09/18
Durée : 23 jours
Carnet publié par Monneal le 10 déc. 2018
modifié le 06 mars 2019
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en train bus
Précisions : Bart San Francisco - Richmond Train richmond - Merced Bus Merced - Yosemite Village
934 lecteur(s) -
Vue d'ensemble

Le compte-rendu : Section 11 (mise à jour : 08 mars 2019)

Les passages qui m’attendent sonnent beau, Big Arroyo, Kaweah Gap. Pour les atteindre, il faudra franchir encore une belle marche et lever les genoux suffisamment pour traverser la barrière de montagne qui sépare l’est et l’ouest de la sierra.
Les senteurs magiques des plantes que j’ai l’impolitesse de bousculer m’accompagnent.
Elles sont fortes et mériteraient d’être partagées avec quelques bons légumes cuisinés. Je regrette de ne pouvoir les enregistrer ailleurs que dans ma mémoire olfactive pour les redistribuer ensuite. Mon nez n’a pas cette possibilité. C’est un ancien modèle, un peu massif et toutes les options récentes ne sont pas installées. Un peu la Dacia des nez fonctionnant aux énergies fossiles.
Je vois au loin ce qui ressemble à un ours, mais je refuse de le rentrer dans mes statistiques de peur de l’avoir confondu avec un lapin et qu’on me confonde ensuite.
Pas de surenchère !
Les paysages traversés sont magnifiques avec comme tous les jours une succession de pentes et de plaines.
J’observe un coyote qui chasse au fond d’une prairie mais je ne le comptabilise pas non plus car ce pourrait être un chiwawa.
Plus loin encore, je vois ce qui parait être un chiwawa.
Il est temps de manger quelque chose !
Arrêt petit déjeuner au bord de Moraine lake que j’ai atteint en quittant le chemin normal. Je suis encore tout seul.
Pas de pédalos, pas de buvette.
Les sapins l’entourent comme pour le maintenir au chaud ou le cacher au regard. Une ceinture de rochers borde ses rives et se prolonge dans l’eau d’où les pierres émergent de temps à autres. Tout autour, des sommets rappellent que la barre des 3000 m n’est pas bien loin et qu’il va encore falloir monter.
Comment vais-je tuer définitivement le temps pour qu’il expire satisfait sur ce joyau paisible ?
Je continue de marcher les miles jusqu’à la fin du jour. Il faudrait que j’enregistre une bonne fois qu’un mile c’est 1.61 km, ce serait meilleur pour le moral. Cela m’oblige à dormir juste avant Kaweah Gap, bien fatigué mais une nuit à la belle étoile s’impose. Le ciel est magnifique à 3000 mètres. Les étoiles explosent et donnent l’impression que l’univers souhaite dialoguer avec le microscopique randonneur solitaire.
J’ai la mémoire qui s’est trop réchauffée pour me méfier.
La nuit est glaciale.
Je me retransforme en Houdini pour garder la chaleur. Je pourrais tenir dans un carton à chaussures et arriver à poser mes pieds sur mon ventre. Si, si, c’est possible avec un peu de volonté et d’imagination. Bonnet sur la tête, chaussettes au pied, doudoune sur le dos et ventre au chaud.
Je passe la nuit à me retourner comme une omelette pour répartir les degrés sans aucun risque de finir trop cuit.
Les feux ne sont plus d’actualité.
Le froid dévore de l’intérieur.
Pas de parade.
Comment font-ils ceux qui vivent cela au quotidien ?
Désormais je prendrai le temps d’offrir un chocolat chaud à ceux que je rencontrerai, camarades de froid mais pas camarades de misère, j’ai cette chance là.
A ignorer l’infortune des autres, on la laisse se poser dans le paysage comme s’il s’agissait de pierres inertes sur le chemin.
Je me rappelle dans ma nuit frileuse un épisode cet hiver où je suis resté debout au milieu d’un lac gelé pendant 5 heures à attendre l’arrivée de secours que j’avais appelés suite à une erreur de jugement sur la disparition d’un compagnon de ski de randonnée.
J’aurais pu mourir de froid ce jour-là. J'ai mis ce que j'avais prévu dans le sac, bonnet, doublé les gants et enfilé ma doudoune, celle qui m'accompagne aujourd'hui.
Et j’ai attendu.
Je ne la changerai pas de si tôt car depuis, j'ai appris quelles étaient les techniques d'arrachage à vif des plumes.
Duvets et doudounes réchauffent le corps mais font froid dans le dos en pensant aux oies victimes de leur efficacité thermique. Encore une contradiction avec laquelle il me faudra composer ou revoir ma conception de l'équipement ultra light en mode vegan.
Léo, mon fils à qui je viens d’ offrir une doudoune va me faire manger les plumes quand il lira ce passage !
Lui m'a fait connaitre les barres clif et je ne lui en tiens pas rigueur !
J'ai brassé tellement d’air pour me réchauffer lors de cette aventure pyrénéenne que j’aurais pu le transformer en beurre.  J’aurais pu creuser un abri me direz-vous mais j’avais toujours dans l’idée de repérer mon binôme aussi, j’ai supporté le vent qui soufflait violemment, un froid à faire geler le mercure, un brouillard dont les rares éclaircies accentuaient l’aspect glacial de l’endroit. La tranchée de mes pas a certainement accompagné le lac jusqu’aux fontes de printemps. 
Les bien-pensants, les donneurs de leçons, les moralistes avaient beaucoup glosé sur les réseaux sociaux mais sortir par mauvais temps permet aussi de se préparer à ces moments de congélation active.
Ceux qui ne sortent que lorsqu’il fait beau ne survivent pas quand les tuiles météorologiques tombent sur leur poil hérissé. Ils n'apprennent pas de leur matériel et en connaissent mal les faiblesses. Le triste exemple des 14 morts de froid l’hiver dernier sur la liaison Chamonix-Zermatt en rappelle la réalité sévère.
L’art de vivre en poisson pané s’anticipe et finir congelé peut être un des avenirs possibles qu’il est bien d’accompagner par l’expérience.
Les meilleurs se font piéger !
Néanmoins, je peux cette nuit là me plier à la contrainte de la température et me déplier encore chaud le matin.
Chaque jour est une victoire.
Je n’espère pas la défaite qui viendra à son heure.
Kaweah Gap plonge sur plusieurs lacs.
Precipice Lake au bleu glaciaire laisse émerger une falaise verticale aux nuances multiples. Il est à la fois magnifique dans ses teintes d’hiver et respire l’altitude. Je m’y arrête par respect et soumission. Je quitte mon bonnet bleu bien qu’il ne demande rien et ne m’ait pas forcé à le faire.
Je suis solidaire avec lui car je connais l’hiver qui l’attend.
Il est encore tôt et je suis tenté d’attendre les premiers rayons pour en voir l’effet sur cette eau bleu marine.
Hamilton Lake, la version ensoleillée du précédent arrive à me stopper net pour un petit déjeuner sur une dalle de pierre chauffée par le soleil.
Je me trempe avec bonheur dans l’eau. Au loin, un poisson nuage essaie d’avaler la montagne. Serait-ce le signe d’un changement de temps ou de mon imagination perfide ?
Les truites dans l’eau n’en ont cure. Elles ont fort à faire à me récurer. Sur le bord, un écureuil chiwawa, saute de pierre en pierre. II a senti la nourriture mais en écologiste survival et égoïste, je ne partage pas et je fais bien attention de ne rien laisser trainer.
«T’as qu’à travailler, feignant » lui-dis-je !
Il est agréable de manipuler des slogans douteux pour en savourer le mauvais sens. Le bon vient des giratoires qui sont un réservoir de phrases d’habitude étouffées par le bruit des moteurs et l’enfermement volontaire des conducteurs.
« Mets un sac à dos, sinon je ne te laisse pas passer ! »
Je traîne beaucoup.
L’humeur est à la patience et j’ai envie de rentrer plusieurs haltes dans ma fin de parcours pour ne pas finir trop vite. Le dernier grand col étant passé, je suis maintenant du bon côté de la montagne. Même si le temps changeait, je ne serais pas bloqué. En sautant un peu loin, je pourrais directement plonger dans l’océan pacifique.
La descente s’annonce.
J’abaisse les volets, préviens les passagers.
Il ne peut plus rien m’arriver.
La vallée glaciaire adopte le sens de ma marche. Le chemin, à flanc de paroi est très aérien et permet d’admirer des sommets lisses, des murs verticaux, des roches taillées.
Des canyons impressionnants ont creusé les parois de granit et heureusement quelques ponts de bois en facilitent le passage.
La vallée que je survole est peuplée de conifères, prémices de la dernière traversée qui s’annonce.
Je pose tôt ma tente à Bearpow Meadows sous d’immenses séquoias. Quelques branches tombent bruyamment, les pommes bourrées de résine éclatent sur ma tente, l’ambiance est sombre et chaude sous les arbres, un peu conte de fée. A quelques centaines de yards, des restes de bungalow subsistent et deux nouveaux sont en construction. Les ouvriers, certainement avec l’arrivée prévue du mauvais temps, ont quitté les lieux. Je me retrouve dans cette ambiance étrange de village abandonné.
Je passe une bonne partie de l’après midi à déambuler au milieu de ces constructions fantômes, à m’imaginer client et inventer ma bière, Robinson Crusoe du village vacances.
Une biche joue à cache-cache avec moi.
Un mini écureuil me refait l’âge de glace en one animal show.
Les moustiques me taquinent.
C’est un réapprentissage de la foule.
Je me taille rapidement un banc dans un gros tronc d'arbre avec mon canif ce qui me permet d’admirer le coucher de soleil en mangeant des figues sèches qui trainaient dans leur sachet entamé. Je ne suis plus difficile, le goût parait raisonnablement ressembler à ce que j’en attendais et je les mange sans arrière pensée.
Un robinet sert de point d’eau et permet de me laver pour préparer demain mon retour à la civilisation.
Au réveil, j’ai la surprise de découvrir le mauvais temps.
Les pluies tombent par intermittence, au début presque avec timidité, celle d'avoir délogé le soleil qui jusque là occupait tout l'espace, puis un peu plus sérieusement avec seulement un ou deux coups de tonnerre pour rappeler la hiérarchie dans l’échelle de la randonnée.
En toute logique, je me positionne humblement tout en bas de l’échelle.
Et en ce qui me concerne, je ne cherche pas à lutter. J'accélère le pas car je crains les caprices du ciel et l'adresse des orages pour cibler le randonneur. De temps en temps une éclaircie m'autorise un peu de plaisir dans ce paysage grandiose.
Le sentier passe par des corniches surplombantes à la chute impressionnante, des forêts aériennes au sol sableux, une vertitude (entre verdure et altitude) qui s'accentue au fil de l'eau qui goutte du ciel ...
La descente est très progressive.
La pluie peu agressive mais sournoisement présente.
J'arrive à Eagle view, petit promontoire rocheux à partir duquel je me fais un eagle call en direction de la France pour annoncer à Catherine la fin prochaine de ma transhumance et prendre de ses nouvelles.
J’ai bien fait car visiblement mon émetteur satellite avait quelques faiblesse et elle ne savait plus où j’étais.
Me voilà au début du séquoia park,
Hobbit au milieu des géants !
Les Ents, les esprits de la forêt de Tolkien m’entourent, me toisent.
Ils me regardent de leur hauteur et de leur âge avec le dédain des grands. Ou peut-être m’ignorent-ils !
Je pars en direction de General Sherman, un des mastodontes qui garde la frontière indistincte entre le monde civilisé et le high sierra trail. Les arbres émergent des fougères en piquant si fort vers le haut qu'ils obligent à empiler les yeux pour les voir en entier.
Leur tronc est d'un rouge reposant presque rouille qui à chaque fois occulte les pauvres hêtres qui voudraient pousser à proximité.
Ils ont tous leur personnalité.
La mousse recouvre les pieds de certains comme s'ils avaient enfilé des chaussettes sur leur mollet rouge.
D'autres ont traversé de nombreux incendies et réussi à cicatriser leurs blessures. Ils ont des troncs abimés et noircis, des espaces où je pourrais me nicher.
Quelques vénérables occupent dignement l'espace malgré un tronc creux et une envie de se coucher que les plus faibles ont mené à bien.
La forêt est belle, verte et audacieuse. Le chemin est bien fait qu'il la traverse sans la piétiner, respect de l'homme à ces végétaux monumentaux.
Ils racontent une histoire vieille de 2000 ans et rigolent doucement en mesurant notre longévité.
Saurons-nous leur survivre ?
Ces sept kilomètres dans cette partie peu fréquentée m'amènent à la frontière de ma zone de solitude. J'aperçois un chemin goudronné qui passe au milieu des arbres emblématiques ayant chacun un nom de président, de congressiste, de général bref la fine fleur de la culture américaine et tout autour, les "gens", une catégorie que j'avais perdue de vue.
La pluie et la foule s'intensifient autour du  General Sherman dont la hauteur et le volume ont été source de compétition avec General Grant.
Un inconnu, Hyperion, à l’emplacement discret,  les a tous les deux mis d’accord avec ses 115 mètres de hauteur.
Les visiteurs se dirigent dans un flot sonore avec dignité ou affolement vers le parking et les voitures impatientes. J'entends parler toutes les langues y compris le français mais je me fais tout petit pour ne pas casser tout de suite la magie qui m'a rendu invisible.
La pluie redouble d’intensité quand je prends la direction de Lodgepole sur une portion goudronnée.
Mon anorak ultra léger ne résiste pas longtemps et capitule assez vite. La défaite est là toute proche mais je ne me rendrai pas sans combattre !
« Courage » me dis-je, « ce n’est que de l’eau, froide certes mais pas plus »
Il me reste plus de 10 miles à parcourir pour arriver à destination. Je perds le fil du chemin et me retrouve sur une route où, trempé comme je suis, je me résigne à ne pas lever le petit doigt.
Je marche tantôt de gauche, tantôt de droite, ne sachant ce qui est le plus sûr vu la visibilité.
Les voitures qui passent, phares allumées, se contentent de passer et moi de les éviter.
Au regard effaré des automobilistes, j'imagine que je ressemble à un monstre aquatique.
Je retrouve le chemin qui me permet enfin d’échapper à la route et m'enfonce à nouveau dans la forêt sauvage.
Je redeviens animal, poisson, anguille.
La pluie se durcit et s'accompagne maintenant de tous les ustensiles d'un orage bien équipé.
Je compte.
"Un"
"Un"
"Un",

Je n'arrive pas à compter jusqu'à deux.
C'est devenu infernal.
Je suis passé du côté du Mordor.
Les flashs illuminent la rivière de pluie dans laquelle je progresse.
Ils éclatent, ils explosent, ils claquent de tous côtés. Aucune interruption dans le grondement du dragon qui ne prend même plus le temps d'attendre pour cracher les éclairs.
Il est à droite et à gauche, au dessus et lointain, il occupe tout le ciel.
Il tonne d'une voix forte et crache un feu puissant. Il met toute son énergie pour me bloquer tout près du but.
Devant tant de volonté à me considérer comme victime potentielle, je m'arrête et me recroqueville, prenant la position de la souris qui se cache du boa.
J’applique les règles de base du comportement à tenir sous un orage.
Eloigner ce qui est métallique, mes bâtons et mon sac en font les frais.
Rester accroupi en s’isolant du sol.
Réciter les mantras, les prières, les incantations selon la matière disponible dans l’arsenal cosmologique.
« Je ne suis pas méchant ! »
« Je ne suis pas méchant ! »
Je ne tiens pas longtemps.
Mes sous couches sont elles aussi trempées et ce n’est pas de peur !
Les plumes de ma doudoune se sont réfugiées dans le bas des zones qu'elles sont censées occuper et collées ensembles telles des pingouins pour essayer de survivre sans se préoccuper ni de l'état dans lequel je me trouve ni du rôle qu'elles devraient jouer.
Elle, si fière de toutes ces nuits passées ensembles où elle m'a enveloppé, n'est plus qu'un bout de nylon mouillé et inutile. Elle ressemble au ventre affaissé d'un vieillard endormi.
Ma reconnaissance envers elle s'est envolée.
"Redresses-toi" lui-dis-je.
"Tu as pensé à toutes ces oies qui se sont sacrifiées pour toi ? Qui ont subi vivantes et hurlantes plusieurs arrachages de plumes avant de se diriger grelottantes vers la casserole de confit ! Tu vois le résultat ? Imagines les avec leur duvet au niveau des palmes ! Hein ! Quelle allure elles auraient ? Allez, fais ton travail, réchauffe-moi que diable !".
« Je te préviens, la prochaine fois, je prendrai du canard ! »
L'eau coule partout dans moi. Elle me dégouline dans le dos, me pénètre le cou, s'insinue sur ma poitrine, coule le long des jambes.
La pluie est en connexion directe avec ma peau qui n'a d'autre choix que de grelotter et convertir tout mon corps à l'exercice.
La situation commence à devenir dramatique.
J'ai le choix entre la détresse immobile ou le tir à la cible en mouvement. Je choisis la seconde et me remets à marcher très rapidement pour me réchauffer.
J'ai le sentiment d'être entouré de snipers.
Au sol, de véritables torrents convertissent mes courageuses salming en planche de surf.
Tout va à vau-l'eau.
J'avance comme un forcené moitié courant moitié nageant pendant plus de 3 heures sous l'orage qui ne faiblit pas. Un grand espace goudronné sur lequel débouche le chemin annonce mon arrivée prochaine. Je traverse ce qui parait être des zones de camping et aperçois au loin un ensemble de bâtisses en bois.
La première est une post-office, rien à faire ! suivie par le visitor center, rien à faire non plus d'autant qu'il est fermé et enfin ce qui parait être le centre commercial de Lodgepole.
Je suis arrivé !
Je contourne le bâtiment et je vois en face de moi les portes de la boutique, souvenirs, vêtements, nourriture, à sa droite le fast-food où se terre le hamburger à venir et miracle ! à ma gauche un laundromat aux néons brillants.
Les machines à sécher sont rutilantes et m'appellent comme la sorcière anthropophage de Hansel et Gretel.
Faisant feu de tout bois, je néglige toute prudence et me précipite à l'intérieur.
Ma première intervention d'urgence consiste à quitter tous mes vêtements, en gardant juste un slip de bain, garant et protecteur de ma pudeur, et à les jeter dans un sèche-linge
Ah Louise, si tu savais combien je l'ai béni ! J'espère, ma fille, que tu ne liras pas ces lignes, car j'ai dit tellement de mal de cet appareil que tu te réjouiras de me le rappeler !
Je passe le temps du séchage que mes pièces de 25 cents alimentent collé au hublot pour me réchauffer le corps et "dans mon cœur il brule encore" ... avant de me poser sur une table du restaurant où je resterai à papoter jusqu'à la fermeture.
Je n'ai pas hâte de partir et encore moins de me remettre dans le mauvais temps, mais il faut libérer les lieux.
Ma tente va encore devoir prouver qu'elle a du tempérament. Je la monte sous une pluie qui ne se calme pas.
Mon sac à dos respire. Il a réussi à tenir avec une colonne vertébrale coupée en deux, une sangle de tête recousue, un poche de côté rafistolée, un dos rapiécé.
Je ferai en sorte de le renvoyer à Osprey pour qu’ils en tirent les leçons d’une vie de sac bien remplie.
Mon duvet va devoir se remplumer. Je vais sacrifier quelques oies pour remettre des degrés à l’intérieur.
Certes il n’a pas toujours été efficace, j’avais mal calibré son usage, mais au moins il ne s’est pas envolé.
Lors de son remplacement, je me rabattrai sur des matières moins organiques, moins volatiles.
Le lendemain, je repars pour prolonger ma descente en direction du Kings Canyon visitor center, 17 miles de chemin et autant de route à parcourir à pied.
Le temps se remet à l'orage comme la veille. La montagne me rejette et me crache comme un pépin de raison.
J'obéis en faisant demi-tour avant d'atteindre Jo Pass, où la neige accompagne l'orage, pour redescendre à Lodgepole.
Cette fois je sais ce qui m'attend, laundromat, Hamburger, chocolat Chaud, montage de la tente sous la pluie.
Cela sonne définitivement la fin du périple déjà largement en sursis depuis Crescent Meadow, terminus officiel du trail.
John Anthony Chignan, un écrivain prometteur me propose de m'emmener jusqu'à Fresno.
Ce sera mon trait d'union avec l'urbanité.
Quelqu'un a dit qu'il fallait 3 minutes sans respirer pour mourir, 3 jours sans boire, 30 jours sans manger, il a oublié d’ajouter 3 heures sous l'orage !
Je m'attendais à ce que ce soit difficile, il fallait bien que ça le soit.
Nous sommes le 3 octobre.
J'ai marché 23 jours, traversé 3 parcs, parcouru 3 trails en totalité ou en partie, le John Muir Trail, le Sierra High Route et le High Sierra Trail, effectué plus de 520 km avec seulement 2 ravitaillements.
C'est déjà pas mal.
Curieusement, je n'ai pas eu de problème, rien de sensationnel à raconter.
Je suis juste fier de mon périple et commence à compter les regrets, tel sommet que j'aurais dû grimper, tel itinéraire que j'aurais pu choisir, tel endroit où j'aurais paressé, tel ours que j'aurais dompté.
Les bons souvenirs et la beauté de ce que j'ai vécu émergeront tranquillement au fil des jours qui me séparent de la prochaine expérience off road.
Il me restera maintenant à tirer les leçons des choix de matériel. L’expérience a ceci de bien qu’elle est évolutive et qu’il ne faut pas hésiter à en discuter les certitudes.
J’ai du mal à écrire le mot fin.
Je vais relater ce périple pour remercier tous ceux qui m’ont accompagné. Ils le méritent.
Je suis bien loin des aventures effectuées par d’autres, plus engagées, plus difficiles mais elle a certainement généré de l'angoisse pour ma famille.
Et celui qui m’a tenu le pied pendant une bonne partie du voyage ne le sait même pas !
"Tu vois mon François, tu es allé bien plus vite que moi en parcourant le John Muir Trail en moins de 3 jours mais j'ai fait plus long et plus dur ! Alors nous sommes quittes!"
 
 FIN


Annexes : le sac
 
Sac à dos Osprey eXos58Portage et Couchagemon vieux sac ...  quel courage1
1100
gram
Tente SkyScape trekkerPortage et Couchagema vieille tente six moon design. Parfaite en conditions sèches. Sinon, elle a tendance à condenser1
710
gram
PiquetsPortage et CouchagePiquets tente 54g + crossbar 28g 1
88
gram
Plastique SolPortage et CouchagePas solide du tout. Je m’en suis séparé déchiqueté à John Muir Ranch. A revoir1
69
gram
Tapis sol Thermarest neoair smallPortage et Couchage3/4 207 g + housse 18 g. Bien mais nécessite de relever les pieds. Je mettais le sac à dos.1
225
gram
DuvetPortage et CouchageCumulus Xlite200 toile renforcée plumes hydrofuges. Trop light !
J’ai fait rajouter 100 g de plumes. A essayer cet hiver
1
462
gram
Drap soiePortage et CouchageQuechua.1
119
gram
Sac d'appointPortage et Couchagequechua. Excellent pour les dérives sans le sac principal.1
27
gram
Vêtement pluie SalomonVêtementsPas récent mais léger. En fait nul sous la pluie. 1
200
gram
pantalon North faceVêtementstransformable short. Très pratique. Pas déperlant contrairement à son descriptif initial.1
363
gram
TeeShirt mérinos Reda RewoolutionVêtementsmanches courtes. Bien.1
152
gram
Polo mérinos rewoolution manche courtesVêtementsmanches courtes. Bien.1
144
gram
TeeShirt Poly TRN58VêtementsPour les camarades du TRN581
148
gram
Manche longue merinosVêtementsEt dire que j’ai hésité ! indispensable.1
196
gram
Doudoune plume CumulusVêtementsIndispensable ou son équivalent sans oie.1
357
gram
Slip merinos IcebreakerVêtementsUn minimum1
54
gram
Slip merinos JanusVêtementsUn autre1
87
gram
Chaussettes merinos quechuaVêtementsPas très solides,
percées rapidement
1
66
gram
Chaussettes merinos quechuaVêtementsPas très solides,
percées rapidement
1
66
gram
Buff VêtementsIndispensable pour le cou, la nuit, le matin, le soir … bref un excellent compagnon. 1
30
gram
Sac étanche SeatoSummitVêtementsUltra Sil 13 litres. Permet de garder les 2 tee shirts, le slip de rab et le drap de duvet au sec. Sert aussi d’oreiller.1
38
gram
Moustiquaire de têteVêtementsServi une fois mais vu le poids c'était bien1
26
gram
Bonnet + gants merinosVêtementsindispensables1
100
gram
CasquetteVêtementsindispensable1
50
gram
Maillot de bain Vêtementsfacultatif mais pratique0
54
gram
Réchaud Laco Cuisine, gourdes et petit matérielJe n'ai utilisé que cela ! 1
52
gram
Réchaud Esbit Titane Cuisine, gourdes et petit matérielpas utilisé faute de carburant. Ceux que j’avais n’auraient pas passé la douane. C’est considéré comme une bombe ainsi que les cartouches de gaz.0
21
gram
Plaque Alu protection VargoCuisine, gourdes et petit matérielcoupe vent pour le réchaud .  1
33
gram
Solid Fuel Combustible esbitCuisine, gourdes et petit matérielPas trouvé sur place.0
182
gram
Popotte .9L Evernew Titanium PotCuisine, gourdes et petit matérielParfaite.1
110
gram
Couverts titane Cuisine, gourdes et petit matérielque la cuillère 15 g ( fourchette 11g )1
15
gram
briquet bicCuisine, gourdes et petit matérielIndispensables y compris pour bruler le papier toilette.2
11
gram
gourde 2lCuisine, gourdes et petit matérielLa pipette n’a pas tenu jusqu’au bout. Prévoir un embout de rechange.1
139
gram
filte katadyn BeFreeCuisine, gourdes et petit matérielIndispensable.1
61
gram
Verre plastiqueCuisine, gourdes et petit matérielIndispensable1
30
gram
Couteau Cuisine, gourdes et petit matérielIndispensable avec cordon et mousqueton 1
67
gram
PelleCuisine, gourdes et petit matérielObligatoire. Avec cordon et mousqueton 1
62
gram
Lampe petzl actik coreCuisine, gourdes et petit matérielpetzl actik core 82g. Attention, en mode max ne dure pas longtemps. 1
82
gram
Boussole Cuisine, gourdes et petit matérielIndispensable sur les hors pistes.1
34
gram
Nécessaire de réparationCuisine, gourdes et petit matérielEvidemment1
100
gram
Sifflet Cuisine, gourdes et petit matériel9g et 2 mousquetons secours 7g. Pas utilisé.1
16
gram
Pinces à lingeCuisine, gourdes et petit matérielIndispensable pour sécher le linge, tenir la tente ouverte, etc….1
13
gram
Boite à oursCuisine, gourdes et petit matérielObligatoire1
1156
gram
EpongeCuisine, gourdes et petit matérielIndispensable1
2
gram
Bouteille Gaz partie 1Cuisine, gourdes et petit matérielJ’en ai utilisé 2 en en rachetant 1 à Lone Pine.1
200
gram
Serviette lightloadHygiène et santédont une comme gant3
16
gram
    
 
 
Savon en feuille SeatoSummitHygiène et santéInutilisé1
14
gram
Compeed et Boules QuiesHygiène et santéNon utilisé mais nécessaire1
28
gram
Pharmacie Hygiène et santésans les boites1
120
gram
CiseauxHygiène et santéIndispensables1
27
gram
PQHygiène et santéOui1
60
gram
Tea treeHygiène et santéIndispensable1
40
gram
Menthe poivrée Hygiène et santéeffets multiples1
15
gram
Origanum compactumHygiène et santéHuile du voyageur précautions nécessaires1
35
gram
Anti MoustiquesHygiène et santéInutile0
60
gram
Créme solaireHygiène et santéindispensable1
60
gram
DentifriceHygiène et santéindispensable1
60
gram
Brosse à  dentsHygiène et santéindispensable1
20
gram
Tire TiquesHygiène et santéindispensable1
1
gram
Bâtons marcheDiversqui servent également de piquets de tente. Prévoir un mat alu en cas de casse.1
512
gram
Batterie Diversindispensable en tampon pour le solar pan1
130
gram
Chargeur et prise USDiversindispensable1
64
gram
Pied appareil photoDiversindispensable1
53
gram
appareil photoDiversOlympus touch tg5. Parfait. J’ai emmené un doubleur de focale. Inutile. Le temps de le changer les bestioles ont disparu.1
476
gram
Lunettes de vueDiversA mon âge, on ne se pose même pas la question.1
50
gram
Lunettes de soleilDiversOui1
67
gram
Cartes DiversJMT & Sequoia - Kings Canyon National Park. Le téléphone aurait suffit. Du poids en trop.1
283
gram
CarnetDiversQui a permis d’enregistrer la base du texte écrit1
140
gram
Chaussure de trail Salming TR5DiversParfaites et solides.1
560
gram
Passeport et papiersDiversindispensable1
100
gram
Chargeur solaireDiversGénial ! A permis de tout charger sauf peut être l’appareil photo qu’il valait mieux mettre derrière la batterie.1
80
gram
TéléphoneDiversSamsung J3, un bas de gamme qui tient longtemps.1
130
gram
Carte SNCFDivers 1
0
gram
Carte CAF internationalDiversInutile1
0
gram
PermisDivers 1
0
gram
EstaDivers 1
0
gram
SoupesNourriture22 sachets1
218
gram
CaféNourriture50 sachets. Quantité nécessaire. Le café en sachets est très cher aux USA.1
140
gram
      
  Poids du sac 8 kg environ avant les modifications apportées. La prochaine fois il devrait tourner autour de 7,5 kg avec la boite à ours.   

 


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