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John Muir Trail, Sierra High Route, High Sierra Trail 540km

23 jours
Par Monneal
mis à jour 06 mars 2019
1537 lecteurs
Informations générales
Voyage en solitaire à partir de Yosemite Village sur le John Muir Trail, puis une portion du sierra High Trail de Tuolumne meadows jusqu'à read meadows, reprise sur le John Muir jusqu'au Mont Whitney et enfin le High Sierra Trail à partir de Cottonwood Lake.
Activité :
randonnée/trek
Statut :
réalisé
DATE :
10/09/2018
Durée :
23 jours
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en train bus
Précisions : Bart San Francisco - Richmond Train richmond - Merced Bus Merced - Yosemite Village

John Muir Trail, Sierra High Route, High Sierra Trail 540km

Les étapes :

1
mise à jour : 06 janv. 2024

Nevers - Nevers

via John Muir Trail, Sierra High Road et High Sierra Trail


2
mise à jour : 08 mars 2019
Tuolumne Meadows - Red Meadows environ 80 km
 
Il est 6h00. La tente est pliée, le sac a accueilli ses occupants et attend maintenant son porteur. Je dis au revoir à Keith que je ne reverrai pas, il prend le John Muir Trail et de mon côté, je m'évade sur la Sierra High Route, parcours indistinct et hors piste qui doit m'emmener jusqu'à Red Meadows.
Je démarre matinalement serein.
Jusque-là, le chemin était bien tracé, bien entretenu,  bien visible. Je vais lentement quitter ce confort de marcheur insouciant pour rentrer dans le Wild… je m’engage en direction de Rafferty Creek et Vogelsang, noms étranges pour des lieux qui échappent au John Muir Trail. Moins fréquentés, ils auront la politesse de m’isoler et de me couper pendant quelques jours de tout contact humain et surtout de la performance de François D’haene qui calcite mes efforts, rouille mon moral, raye ma fierté à chaque heure parcourue.
« Le traileur français François D'haene a battu ce mard i 17 octobre 2017 le record du John Muir Trail en 2 jours, 19 heures et 26 minutes. Le précédent record avait été établi en 2014 par l'Américain Leor Pantilat en 3 jours, 7 heures et 36 minutes. »
Je démarre mon 3 ème jour et je me dis qu’il avait presque fini quand je commence à peine. Mais vu l’itinéraire que j’ai décidé de suivre, je pense pouvoir afficher bientôt :
« Le...
3
mise à jour : 08 mars 2019
Cela n’a rien d’étonnant comme attitude, j’ai relevé ce commentaire sur internet, assez édifiant sur les dispositions d’esprit de nos amis environnementeurs. Que feront-ils quand il n'y aura plus ni grives, ni randonneurs, ni vttistes ? Quel ennui, quelle tristesse que de ne pouvoir tuer !

« https://www.grives.net/index.php?mod=forum&ac=voir&id=7761&debut=40#r180485
Le 24 octobre 2018
Avec mon collègue nous ne savons plus trot quoi faire face à cette triste saison. On se retrouve donc quand même à la passe aux grives quoiqu'il n'y ait toujours pas eu de passage. Donc hier, après avoir fait le planton pendant plus d'une heure sans avoir vu un oiseau nous sommes parti en vadrouille.
Notre commune est en train de tapisser le territoire de chemins pour randonneur et VTT, histoire que l'on puisse les tirer plus facilement; donc, un de ces chemins et 4/5 mètres à l'intérieur du bois et longe ainsi toute la lisière. Mon collègue prend le chemin et moi l'extérieur et d'un coup il me dit fait gaffe la chienne est à l'arrêt, de fait ça gicle et le temps de l'identifier + la surprise, j'oublie de tirer. Elle se repose 20 mètres plus loin, on la relève, mon pote tire, je la pense morte et je regarde du coté du coup de feu mais elle ressort encore un peu plus loin et j'oublie encore de tirer. Nous avons levé notre première bécasse de la saison, deux fois, mais pas trois..........
Aujourd’hui repos forcé, demain nous al...
4
mise à jour : 08 mars 2019
Red Meadows-Whitney Portal 265 km
 
Le chemin est bien tracé, sableux. Je vois les nombreuses traces de pas des personnes qui m'ont précédé. Parmi elles, je repère vite  une semelle de chaussures pieds nus, avec les orteils incrustés dans le sol, c'est François me dis-je, ses traces ont survécu à l'hiver et je les retrouve maintenant.
Il me nargue ?
Je jette mon sac à dos, enlève les jambières de mon pantalon, quitte la doudoune et m'apprête à partir en courant.
Je vais battre le record de François d’Haene, c'est décidé !
"Alain !"
" Laisse moi !  je me concentre."
"Alain !"
"Oui"
«  Depuis que tu es parti, tu as dépassé plusieurs fois les 2 jours et 19 heures du record, je crois que c’est mort !"
"Ah ?"
"Oui ! tu es complètement hors-course, reprends-tes esprits, ton sac à dos, tes jambières et fais-là cool !"
« Ah bon ? »
Je continue ma marche en laissant mon esprit délirer.  Plus besoin de mobiliser mes cerveaux masculins et féminins pour poser les pieds. Le chemin est bien entretenu et laisse une bonne place à la rêverie pendant que mes jambes font le job.  Marcher seul permet d’être à 100% tourné vers l’extérieur et d’absorber ce qui m’entoure sa...
5
mise à jour : 10 déc. 2018
Maintenant, j’en suis sûr, François d’Haene n’existe pas. Ce qu’il a soi-disant fait est bien trop difficile au vu de la longueur, des pentes, des cailloux, des changements de températures.
Certains américains pensent  qu'il n'est en fait qu'un robot inventé par les chinois, déguisé en Français pour ménager leur orgueil. D’autres disent que c’est une fake news en baskets, une intox en short ! Les suprématistes blancs se caressent l’ego mais regrettent que ce soit un produit européen.  Il y en a même qui croient que c’est juste un concept piloté par google.
Ou Dieu peut-être.
C’est certain, c’est scientifique, personne ne peut courir sur un tel parcours en aussi peu de temps, sauf peut être Francois D’Haene lui-même.
Sur ces mesquineries, je traverse Evolution valley, où je vole une nuit de sommeil, prend un petit déjeuner au bord d’Evolution Lake et de lacs en lacs, Wanda Lake, Lake Mac Dermand,  je franchis la Muir Pass à 3649 m surveillée par une hutte en encorbellement de pierres.
Le paysage est lunaire et pourtant quelques lacs, encore,  arrivent à se glisser au milieu de la pierraille.
C’est très beau,
Très silencieux,
Très chaud.
Maintenant il faut redescendre.
Nouvelle nuit à 3200 m à Big Pete Meadow. Je ne fais plus de commentaire mais je pense déjà écrire un courrier au fabricant de mon...
6
mise à jour : 08 mars 2019
Une longue descente me mène à Woods creek, 2600 m en longeant une rivière sauvage et tumultueuse. De nombreux arbres habillent les pentes de leurs couleurs d'automne. Il y a des sapins, des bouleaux et toutes sortes de feuillus dans toutes les nuances du vert au jaune. D'autres rivières la rejoignent avec une ardeur mesurée, calmée par le creux de vallée.
Je les traverse sur un pont suspendu pour remonter à Arrowhead Lake à 3136 m. La verdure dans laquelle je m’immerge est rassurante. Elle n’a pas complètement disparue et les immensités de cailloux que j’ai traversées en altitude n’ont pas encore envahi les vallées.
L’avenir de misère climatique n’est pas encore totalement visible. Une fois de plus je suis rassuré, il existe encore de merveilleux endroits sur cette terre malmenée.
L’arbre qui cache la forêt.
Le lac brille à la lumière du soir, tranquille, reposant.
Un liseré d'herbes aquatiques l'entoure.
Le soleil se couche dans un calme montagnard.
J’appuie sur Pause.
Puis j’éteins. 
Cette nuit là, je ne peux m’empêcher de penser à Trump.
« Le concept du réchauffement climatique a été créé par la Chine pour rendre l’industrie américaine non compétitive. »
« Et le concept de l’abruti ? Abruti ! »
Tous ces populistes, au-delà de leurs doctrines qui touchent l’af...
7
mise à jour : 08 mars 2019
Je redescends rapidement du col sur un chemin aérien  taillé dans la roche. Il descend en planant, comme une aile de pierre  et délicatement arrive sur le grand plateau où sont posés deux lacs à l'aspect glacé, dans un espace que la végétation a déserté faute de terres.
Le chemin trace sa route rectiligne au milieu de ce désert d'altitude.
Je croise enfin une marmotte à peu près civilisée qui se laisse prendre en photo.
Elles sont bien farouches les demoiselles du roc fort.
Une aire bien et bien m’accueille finalement avec une vue ouverte sur le sud, le feulement félin du vent  et le soleil qui éclaire les montagnes distantes. L’emplacement est à découvert à 3657 m mais plat et à proximité du plus  petit des deux lacs. 
Pas trop mal choisi.
Il va encore faire froid.
Je protège les bas de tente avec des rochers pour essayer de limiter les aérations.
Pour une fois, je me passerai de nuisette et garderai la totalité de mes vêtements sur moi, y compris ceux qui se croyaient à l’abri dans le sac.
Je fais un dernier point sur la nourriture, un inventaire rapide car il me reste environ deux jours de marche avant de refaire le plein et j’ai à peu près trois jours de réserve.
Je m'allonge.
Je .... 

… me réveille pour entamer une longue descente sous un ciel très bleu avec juste quelques coups de pinceaux couleur nuage, quelques marmottes couleurs paille, beaucoup de cailloux couleur caillou . . .
Les montagnes très grises...
8
mise à jour : 10 déc. 2018
Arrivé en haut, je remarque qu’il n’y a pas de neige malgré l’altitude. Nous sommes à l’est de la Sierra et l’effet de foehn a depuis longtemps asséché l’air qui vient de l’océan.
Le mont Whitney plonge droit sur la vallée qui annonce la sublimissime death valley.
L’eau s’éclipse de plus en plus souvent des ces montagnes frontalières.
Et de l’avis de tous, d’année en année, les neiges éternelles sont redevenues mortelles.
Tristement.
Il fait un froid tel que mon frigo apprécierait.
Mon estomac pleure un petit déjeuner absent mais mes mains gelées refusent de faire la moindre manutention.
Le sommet est presque plat. Une cabane en pierre peut servir de refuge en cas de mauvais temps. De gros blocs de pierre sont empilés comme si la montagne avait voulu gagner un peu de hauteur pour atteindre sans équivoque les 4417 mètres.
Nous nous retrouvons une dizaine à attendre froidement le lever du soleil.
C’est très silencieux, très respectueux, très calme hormis le bruit des dents qui claquent en cadence.
Un recueillement qui accompagne le jour qui se lève.
Un tsunami rouge apparaît à l’horizon poussé par un point lumineux.
C’est lui !
Une fois de plus !
Il ne se lasse pas et moi non plus. Comme une gomme, la lumière va effacer...
9
mise à jour : 08 mars 2019
Whitney Portal – CottonWood Lake … transition
 
 
Lone Pine est la ville du western. En arrivant je reconnais le style cowboy de l’endroit, un paysage aride avec de gros ilots granitiques rouges, une grande rue centrale , rectiligne, bordée de maisons basses bien alignées avec quelques routes qui s’échappent discrètement de part et d’autre, le soleil qui tape les degrés comme les clous sur le bois. Les seuls duels qui s’y déroulent désormais impliquent les gros trucks et les suv mais l’ambiance est belle et bien là !
De nombreux films ont fait du tourisme dans le coin   « Iron Man » de Jon Favreau, « Django Unchained » de Quentin Tarantino, « Transformers 2 : La Revanche » de Michael Bay ou encore « The Lone Ranger » avec Johnny Depp.
Le prochain s’appellera “A la poursuite de Francois Dhaene ou la quête impossible du moucheron qui voulait se coller sur le pare-brise arrière ”.
Les big trucks ont remplacé les chevaux, le quatre voies  la route en terre de jadis,  Alain Monne John Wayne mais il reste toujours des effluves de cette époque passée.
Est ce que la taille des voitures est proportionnelle à l’ego, à l’envie de puissance, au désir d’écraser les moustiques sur le pare-choc avant ou est ce au contraire un aveu de faiblesse ?
Ma psychanalyste préférée se fera un plaisir de décortiquer tout cela et je ...
10
mise à jour : 10 déc. 2018
Cottonwood Lake - Crescent Meadow - Lodgepole 130 km
 
Au matin, l'eau pend dure à la sortie du robinet ... Un signal ?
Je vais faire avec ce que j'ai en gourde.
Un panneau au départ du chemin prévient de la présence d'un lion de montagne et les recommandations d'usage.
Les américains aiment rassurer les randonneurs.
Si vous rencontrez un lion de montagne,
 "Faites vous aussi gros et bruyant que possible",
"Ne vous accroupissez pas",
"Ne faites pas demi tour",
"Regardez-le",
"Brandissez vos bâtons",
"Ne courez pas" ,
et si le puma  attaque "défendez-vous"
mais " surtout ne partez pas seul !".
Rien à faire des conseils, je suis un homme couguar.
Je ne vais pas me laisser impressionner par un chat, surtout que ça doit être le dernier.
Celui de l'est américain fait déjà partie des espèces disparues, si celui là m'attaque, je m'occuperai de celui de l'ouest.
J'en ferai du hachis, de la bouillie.
Je serai le Buffalo Bill des pumas.
Au point où on en est, on n’est plus à une espèce près.
Je pars gonflé comme les pneus de mon vélo le cœur nostalgique de ces espè...
11
mise à jour : 08 mars 2019
Les passages qui m’attendent sonnent beau, Big Arroyo, Kaweah Gap. Pour les atteindre, il faudra franchir encore une belle marche et lever les genoux suffisamment pour traverser la barrière de montagne qui sépare l’est et l’ouest de la sierra.
Les senteurs magiques des plantes que j’ai l’impolitesse de bousculer m’accompagnent.
Elles sont fortes et mériteraient d’être partagées avec quelques bons légumes cuisinés. Je regrette de ne pouvoir les enregistrer ailleurs que dans ma mémoire olfactive pour les redistribuer ensuite. Mon nez n’a pas cette possibilité. C’est un ancien modèle, un peu massif et toutes les options récentes ne sont pas installées. Un peu la Dacia des nez fonctionnant aux énergies fossiles.
Je vois au loin ce qui ressemble à un ours, mais je refuse de le rentrer dans mes statistiques de peur de l’avoir confondu avec un lapin et qu’on me confonde ensuite.
Pas de surenchère !
Les paysages traversés sont magnifiques avec comme tous les jours une succession de pentes et de plaines.
J’observe un coyote qui chasse au fond d’une prairie mais je ne le comptabilise pas non plus car ce pourrait être un chiwawa.
Plus loin encore, je vois ce qui parait être un chiwawa.
Il est temps de manger quelque chose !
Arrêt petit déjeuner au bord de Moraine lake que j’ai atteint en quittant le chemin normal. Je suis encore tout seul.
Pas de pédalos, pas de buvette.
Les sapins l’entourent comme pour le maintenir au chaud ou le cacher au regard. Une ceinture de rochers bor...