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Rentrer de Noël à pieds

8 jours
Floma
Par Floma
mis à jour 05 févr. 2020
3000 lecteurs
Informations générales
Et si je rentrais de Noël chez les parents à pieds??

Je revisiterais quelques endroits sympas qui ont marqué mon enfance, et
je proposerais à la famille de m'accompagner sur un ou deux kilomètres,
ce serait sympa de se voir dans ce cadre là! Et ça pourrait peut-être
donner envie aux neveux de marcher avec moi?

Et cette fois, au lieu de faire les 200 bornes en voiture, je prendrais
le canal de Brest à Nantes... Et un peu les rives du Blavet, pour y
arriver au canal...
Oh ouais, ce serait chouette! La nature!!

Mais, à Noël, il fait froid! Et il pleut! Même il neige, parfois...
C'est pas la meilleure période pour faire une randonnée bivouac de
300km! Et puis, y'a pas beaucoup de lumière à cette période de
l'année... Je pourrais pas attendre l'été?
C'est peut-être pas la meilleure période pour le faire, mais c'est la
bonne. Et pour la lumière, justement, c'est comme ça que tu en auras un
maximum.
Ah? Bon, ok. Ca marche.
Oui, effectivement, ça va marcher!! ;)

Et puis, comme ça, si tu vas pas trop vite (;)), tu commenceras l'année
en marchant!
Est-ce qu'on peut trouver une plus belle manière de commencer une
nouvelle année toute neuve?
Activité :
randonnée/trek
Statut :
en cours
DATE :
28/12/2019
Durée :
8 jours
Mobilité douce
Précisions : Bon, et bien le train n'accepte pas les objets encombrants, sauf les vélos en TER, et mon objet encombrant ne rentre pas dnas le cadre de "vélo"... Mais des covoitureurs m'ont pris avec le chariot, et nous avons passé un trajet passionnant à dis...
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Rentrer de Noël à pieds

Les étapes :

1
mise à jour : 07 janv. 2018
Donc voilà, je commence à me préparer pour cette belle randonnée-bivouac, j'ai posé les vacances, déjà, un point important est fait!

Je suis preneuse de toutes vos infos, retours d'expérience, aventures, mésaventures... Sur le canal de Brest à Nantes, sur la rando-bivouac,... J'ai fait un bout du canal à vélo il y a quelques années, et j'avais adoré le calme et la douceur de ces lieux.

Cette fois, ce sera la marche! Avec en particulier un outil dont je ne me suis jamais servie mais qui me parait intéressant: le chariot de portage. Je compte en construire un en récupérant les roues du beau Canoë qui a fait un grand voyage avec moi il y a quelques mois. Si vous en avez construit un, utilisé un, découvert des avantages et des inconvénients, je suis intéressée par vos commentaires!

Par ailleurs, si vous êtes dans les parages à cette période, venez me dire bonjour au fil du chemin, ce sera un plaisir de se rencontrer!! Au plaisir d'échanger, et à très bientôt! :)




WE d'essai de bivouac dans le froid...:'(
Hier soir je suis partie avec une amie, Juliette, bivouaquer à Pont Caffino, entre des falaises, sur la Maine, près de la Sèvre. Je voulais tester le matériel "froid", et le chariot.

Autant la soirée, avec l'apéro et le rep...
2
mise à jour : 14 janv. 2018
Départ de l'ephad du Faouët ce matin, et direction Sainte Barbe, la patronne du feu et des pompiers. 
J'ai eu droit à un magnifique rayon de soleil sur le plateau, pile poil au bon moment (et je mettrai les photos quand je n'aurai plus de bugs techniques qui m'ont fait de belles sueurs froides... Et merci des masses à expemag pour la récupération!) 

Petite réflexion du jour pour les parents, et pour les profs, les éducateurs en tous genres, qui essaient de transmettre des valeurs à leurs enfants, ou à ceux dont ils s'occupent: plantez des graines, arrosez avec beaucoup d'amour et de patience, et parfois, ça pousse... Je râlais toujours contre mon père qui voulait que je fasse du sport et du bricolage quand j'étais petite, je suis bien obligée de voir que les graines ont poussé, même si ça a mis quelques bonnes dizaines d'années!! ;)

Une première journée sous le signe de la redécouverte de l'inconnu dans le connu: refaire à pieds mon ancien trajet pour aller jusqu'au collège (à l'époque, je l'ai jamais fait), ça donne un autre rapport à l'espace, et à ce que je croyais connaître: je me suis rendue compte que cette route était beaucoup plus courte que je le croyais, qu'il y avait un étang que je n'avais jamais vu, qu'un des villages avait un nom de rêve... 
Merci les pieds, et merci à ceux qui m'ont inspirée pour faire ce voyage!
Explorer, s'aventurer dans les chemins, suivre les petits bouts de ruisseau qu'on voit sans les regarder.
Redécouvrir le connu d'une manière in...
3
mise à jour : 14 janv. 2018
Hier, nous avions donc l'Ellé et la Noguette, aujourd'hui, c'est le Dourduff (ou la rivière de Pont Calleck) et le Scorff, plus connu, surtout des kayakistes en goguette...


Mais ce matin, avant de partir, il s'est passé quelque chose de pas anodin.
Cette nuit, j'ai écouté le vent souffler, la pluie tomber, et ce matin, au réveil, j'étais trempée par la peur.
Peur assez indiscible, et qui me bloquait complètement. Peur paralysante. Rester au chaud en sécurité, rester au chaud en sécurité...
Bon, je fais quoi avec ça??
J'ai sorti mon attirail anti-peurs: un crayon et un papier, et j'ai fait la liste de toutes les peurs, des plus communes comme la peur des chiens, aux plus... anodines comme la peur d'être trempée en permanence, de pas savoir si je trouverais un terrain pour planter ma tente ce soir. En face, la liste de toutes mes ressources, internes et externes, comme toutes les actions que je pouvais faire si j'y étais confrontée pour de vrai. Mini 3 actions par peur.
Bon, après ça allait mieux, mais je sentais qu'il restait encore des choses, comme des peurs assez archaiques. Alors j'ai lancé l'action "peurs inconnues mais bien réelles": respirer dedans. Respirer en conscience, inspirer la confiance, l'expirer dans toutes les cellules de mon corps. Et après un moment de ce travail, les peurs se sont apaisées, l'envie est revenue.
Je me suis levée, il faisait presque beau, un peu de vent, mais ça allait, et j'avais envie de me mettre en route à nouveau.



Et autan...
4
mise à jour : 02 janv. 2018
Aujourd'hui, on augmente la dose: 3 rivières et un fleuve!!

Après une bonne nuit récupératrice au chaud et au sec et sans vent alors que la tempête soufflait dehors, ma mère a la gentillesse de refaire en voiture avec moi le parcours pour me déposer où mon frère et mon cousin m'ont retrouvée hier: 21,5 km, avec des variations amusantes: les moments du début, avec une belle météo, m'ont paru très courts alors que j'ai marché pas mal de kilomètres, et l'après-midi, j'ia eu l'impression de parcourir des tonnes de kilomètres alors que j'avançais très peu! La différence "perception-kilométrage réalisé" était maximale dans les côtes, sous la pluie avec du vent de face... Etonnant, non? :D

Je me plante de chemin pour aller sur Bubry, et je prends plus au nord que prévu, mais je découvre un bel étang, "stang er besse", ça vaut le coup! Cet étang va vers le ruisseau de Saint Vincent, qui se jette dans le Scorff. 
Le chemin est long, j'arrive à Bubry plus tard que prévu, mon frère avait raison sur la distance qui me séparait de Bubry. Il m'a filé une grosse veste de bucheron, qui est vraiment imperméable, qui est juste un peu lourde, mais après les trombes d'eau d'hier, je suis prête à tout pour rester au sec! Ca me donne un petit côté bibendum, c'est charmant... Mais comme il y a plusieurs cumulonimbus qui se baladent en même temps que moi dans les collines, autant assurer les arrières... Et rassurer l'équipe d'assistance!!

J'ai aussi une grande illumination: je viens juste de...
5
mise à jour : 03 janv. 2018
Réveil tôt, il fait pas chaud...
Je suis immensément heureuse d'avoir été invitée par mon filleul à dormir chez eux ce soir... Cette nuit, je me disais "demain soir je suis chez Marc, demain soir je suis chez Marc!"

Et je me sens complètement givrée. Physiquement, et psychologiquement aussi: est-ce que je suis neuneu de me mettre à camper dans des températures pareilles? -1° ce matin mais ça me semble peu par rapport au froid ressenti. Ai-je perdu tout bon sens?
En tous cas, je vais avoir du mal à poursuivre le voyage tel qu'il était prévu: sous la tente. Trouver des gîtes? Demander à des inconnus de m'héberger? J'ai du mal à aller demander un coup de main, je ne me sens pas légitime: c'est quand même moi qui suis hors du sens commun d'aller camper en plein hiver, les braves gens savent qu'on ne fait pas ça, si on a un peu de bon sens... Je me sens des grands moments de ridicule, et d'humidité. La solitude, je connais, et souvent, j'aime. Mais là, à certains moments, je m'apparais grotesque. Mon bivouacmanship n'est pas au point... L'airmanship est un peu le bon sens du pilote pour s'ajuster aux situations délicates, ou imprévues, qui parfois sortent des règles, là il me faut construire mon ajustement à la situation hivernale.

Quand je me remets en marche, dans toute cette belle campagne givrée, je sais pourquoi je suis là: c'est tellement beau, tellement pur, tellement précieux! Je suis givrée, oui, et j'ai envie de le rester: ces moments si froids, si hors de l'ordi...
6
mise à jour : 03 janv. 2018
Départ en bonhomme jaune canari, avec Ema et Calie qui pleurent quand elles doivent rentrer à la maison au lieu de continuer la route avec nous!! Mes petites chéries...<3

Katia, ma belle-cousine et Nelly ma marrraine m'accompagnent pour la matinée. Nous traversons Pontivy, puis nous arrivons au canal de Brest à Nantes, avec la partie qui part vers Brest.
-Non, c'est pas le canal, c'est le Blavet!
-Ah? Sur le guide, c'est noté le canal?
-Moi j'ai toujours appris que c'était le Blavet qui partait à gauche! 
-Ah, bon, il faudra qu'on regarde sur les cartes! 
Avec Katia et Nelly, nous discutons beaucoup, voyages, voyages nature...

Le soir, Nelly m'enverra un sms pour me dire que j'avais raison, c'est bien le canal qui partait sur la gauche, et non le Blavet. Bon, mais si c'était le canal, le Blavet, il part où?? Ou plutôt, il vient d'où? Je cherche sur mon peu de réseau-batterie, et merci wiki, je trouve la réponse: on avait toutes les deux raison!! En fait, le Blavet est utilisé comme partie du canal!! Donc c'était à la fois le Blavet, à la fois le canal qui partait à gauche! 
il prend sa source à Bourbriac, dans les côtes d'Armor, puis se perd dans des gorges, avant de descendre vers le lac de Guerlédan, où il sera pris comme canal jusque Pontivy, puis reprendra alors sa route et son indépendance vers Lanester et l'estuaire de la rade de Lorient où il rejoint le Scorff... Passionnant, non? Et dire que j'ai ramé il y a très longtemps sur ses kilomètres en skiff sans savo...
7
mise à jour : 03 janv. 2018
Ce soir, je veux à tout prix rejoindre l'abbaye de Ty Madeuc, près de Rohan. Et non, bien que je sois gourmande, ça n'est pas pour leurs pâtes de fruits, mais surtout parce que là, le vent souffle, fort, très fort. J'ia besoin de trouver un endroit sûr pour dormir cette nuit. Au début j'aurais souhaitée être hébergée, mais l'hébergement est complet! Je suis autorisée à planter ma tente devant le monastère, on va voir à quoi ça ressemble. Je marche au plus vite depuis Rohan, je vois le temps qui passe et la nuit qui se profile, il faut que j'arrive là-bas avant! 
Le vent me souffle toujours dans le dos, je cours presque...
Enfin, je vois la direction de l'abbaye, mais la côte est énorme!! Wow, les petites jambes sont à bout de souffle, elles ont déjà beaucoup donné toute la journée: ce soir je ferai le calcul, mais au total, j'aurai fait 32km depuis ce matin!! (c'est peut-être peu sur du plat, diront certains, sauf que là, justement, ça n'était pas plat!! et que j'avais un Chariot Ultra Lourd à tirer, même si j'ai eu l'aide de petits lutins... ;))

Je transpire, j'expire, je souffle... comme un renne, sans doute. Ou un âne?? 

Et  après plusieurs faux espoirs déçus, j'arrive devant le monastère. Là je croise SylVie, qui m'accueille à bras ouverts et comme un ange, un ange un peu allumé! Elle est allumée par la foi, c'est beau, c'est puissant! 

Puis la nuit juste tombée, je trouve un emplacement magnifique et discret, que j'explore à la lampe frontale, juste derrière la c...
8
mise à jour : 03 janv. 2018
Cette nuit le vent s'est déchainé! :'(
J'étais bien à l'abri dans mon petit nid d'arbre, protégée par les murs de l'abbaye, mais ça a soufflé comme dans une vraie grande tempête. A 3h du matin, comme je ne voulais pas que la famille s'inquiète inutilement pour moi, j'ia même envoyé quelques sms pour leur dire que j'étais en toute sécurité. Pour que j'en arrive à envoyer des sms en pleine nuit...
Il ne fait pas trop froid, donc mes batteries tiennent à peu près le coup, mais j'ia du mal à prendre les prévisions météo.
J'ia peu dormi avec la force du vent, ses hurlements, et la pluie qui tombait par rafales. 
J'ai aussi le nez qui coule, comme une fontaine. 

Démontage de tente rapide, merci la tente 2 minutes, elle tient ses promesses, deux secondes à monter, deux minutes à démonter, elle bat toutes les autres. La pluie se remet à tomber juste après le démontage, parfait.
Je reprends la route après un grand remerciement à l'abbaye et aux frères pour leur protection de cette nuit, et je rejoins le chemin. 

Il pleut sur le canal, bruine épaisse, vent frais, vent du matin, vent qui souffle au sommet des grands pins... Mais la joie n'y est pas. Je suis crevée, je me sens patraque, le nez coule comme presque autant que le ciel, et le ciel met tout son coeur à l'ouvrage, il y met toutes ses forces...

Bon, il y a une décision à prendre, là. J'ai besoin de me reposer, d'être au chaud et en sécurité. Ok. Décision, action. Je téléphone à la recherche d'un logement sur Josselin ...
9
mise à jour : 07 janv. 2018
Au final, presque 150 km parcourus sur les 300 prévus. 6 jours de marche, avec plein de moments magiques... Si c'était à refaire, je referais pareil!! :)
Et l'arrêt ne sera sans doute que temporaire, je pourrai reprendre le chemin à un meilleur moment...


Des liens créés ou renforcés avec plein de membres de la famille, avec des amis, avec des inconnus qui ne le sont plus tout à fait...
Merci à tous pour l'assistance technique et logistique, rapatriement, catering ou ravitaillement, hébergement, réparation de chariot, délivrance de colis, j'en passe et des meilleures... J'avais même l'assistance médicale, avec mon médecin ostéo!!
Et tout le soutien dans la préparation, la réalisation, et l'arrêt du voyage! Merci, merci, merci!

Une nouvelle année qui s'est commencée au chaud, mais à un moment le lundi premier janvier, j'ai eu besoin d'aller marcher, et je sentais que les jambes avaient acquis un petit quelque chose de nouveau qu'elles n'avaient pas avant...
Un rythme?


Une autre chose qui m'a frappée, plusieurs fois, c'est à quel point nous ne connaissons que peu la géographie locale... A quand les voyages le long de la rivière locale, à pieds, pour prendre la mesure de sa longeur, de sa diversité, de sa beauté? Au lieu des cours où l'on est passif, assis dans une classe: expérimenter la géographie! La vivre! Faire l'expérience de notre territoire, de nos richesses, des fleuves, des chemins, des monts et des vaux...
Et développer notre curiosité pour le quotidien,...
10
mise à jour : 05 févr. 2020
Et bien la mère Noël a repris son traineau, traineau qui a rechaussé des roues de canoë au lieu des skis pour s'adapter au changement climatique... :D
Et voici enfin la suite des aventures!! 8-)<3<3<3
Qui ont été épiques, mais je vous laisse les lire... Et avec plaisir d'avoir vos commentaires!

L'envie est revenue en octobre, alors je me suis entrainée: avant la période des grèves, j'ai lancé la mode d'aller à pieds partout! 1h par ci, 2h30 par là, et mes 40 mn quotidiennes, à la fin de la semaine, ça finit par faire un bon entrainement. Et une bonne découverte de mon milieu de vie quotidien, surtout!!

L'intention, cette fois, est de me mettre en lien avec la beauté de l'hiver... Vous savez, cette saison souvent mal aimée, avec du vent, du froid, de la pluie, toutes ces choses qu'on n'aime pas beaucoup, préférant le confort de nos demeures douillettes?

Alors j'ai eu autant de mises en garde que la première fois, sinon plus: il y a eu des inondations récemment, et sachant comment le pays de Redon peut être inondable, je ne sais pas si je pourrai passer.
Bon, je me sens quand même un peu atteinte par cette contagion émotionnelle, en plus de mes peurs, il y a à rassurer les autres, à écouter leurs craintes... Alors une partie de moi se protège de leurs peurs, en revenant à l'intention de ce voyage: aller à l'aventure, être dehors dans ces temps sombres, capter de la lumière, un maximum de lumière dans cette période d'hiver. 

D'autres inquiétudes refont surface: est-ce...
11
mise à jour : 05 févr. 2020
Bon, et bien ça y est, je suis de retour près du canal.
9h du matin, après un court trajet où nous sommes squeezés dans la voiture avec mon attirail, ma cousine, son compagnon et ma nièce qui partent pour un plus long voyage (les pays bas), m'ont laissée avec le chariot en kit à monter, sur un parking, en haut du chemin de halage.
Mince, j'ai oublié de nous prendre en photo!! Zut, loupé!


Il y a du brouillard à couper au couteau, et je finis de préparer le chariot. 
Bon, il est un peu lourd, alors pour descendre de cette butte et rejoindre le chemin de halage, je ferais mieux de descendre les différentes parties du chariot en kit et d'assembler le tout en bas, non??
Allez, le gros sac étanche, tu descends bien sagement cette butte jusqu'au fossé, parfait, oui, c'est bien. Nickel.
Au tour de la tente, toi aussi ma belle, ma jolie tente toute plate et ronde, je te mets à plat, et tu vas glisser jusqu'au micro-fossé. Oui. Non! NON!!! NOOOOONNN, pas sur la tranche, à plat, on a dit!!
La tente, prise d'une lubie, s'est mise sur la tranche au lieu de rester à plat, et devant mes yeux médusés, reste sur la tranche et dévale la butte, franchit le petit fossé, roule et traverse le chemin de halage, et finit sa course, devinez où??
Je vous le donne en mille: dans le canal!!
Non mais sérieux!!
Je suis incrédule, c'est pas possible, j'ai pas pu faire ça?? 
Je l'ai fait, vraiment??

Sérieux??

Je n'arrive pas à croire ce que je vois, je reste figée quelques secondes. Hébétée...
12
mise à jour : 04 févr. 2020
Alors voilà, je reste avec la tente, la polaire inondée comme la vallée de la Loire après des pluies diluviennes, et la doudoune compactée bien trempée. Ah c'est malin, oui!! Malin, malin, malin.
Tout dégouline, la tente s'est transformée en fontaine à eau, alors je tente maladroitement d'essorer ce que je peux. La polaire, comme un glacier réchauffé, dégorge tous les torrents qu'elle peut sans pouvoir se tarir, et je finis par accrocher la doudoune sur mon sac étanche. Qu'il le reste, avec les fleuves qui l'inondent!!


13
mise à jour : 05 févr. 2020
La nuit s'avère lourde, mouvementée.
Le froid m'assaille régulièrement. 
Et je ne peux pas regarder quelle heure il est, il faut que je conserve de la batterie au maximum. Mon téléphone se décharge vite, alors je me suis fait un gros programme de protection de la batterie, pour tenir 6 jours. Qui ne permet pas d'allumer le téléphone juste pour voir l'heure.

Comment je vais pouvoir continuer? Ca m'inquiète un peu. Est-ce que les articulations vont tenir le choc?
Et d'autres inquiétudes prennent parfois le relais. Comment la société va prendre en compte le changement climatique? Quels sont les risques réels d'effondrement de la société industrielle? Je suis parfois terrassée par les catastrophes en cours, et les risques de ce qui nous attend si on ne fait pas plus que les mesurettes actuelles. Comment les inégalités pourraient se résorber? Comment atténuer les conséquences? Comment faire en sorte qu'il y ait moins de morts, moins de souffrance, actuelle et à venir? Comment pourrait se développer plus de conscience, de liens avec nos milieux de vie, de gratitude pour tout ce qui nous est offert, d'amour de cette nature si belle et si précieuse?
Comment traverser les nuits et les hivers à venir?
Comment vivre avec le froid, sans le confort? Avec les évènements extrêmes, les tempêtes, les migrations? 

Travail à fond dans les assos ces dernières années. Mais je sens bien que ça n'est pas suffisant.
Alors, en attendant de trouver des réponses satisfaisantes, je m'entraine....
14
mise à jour : 05 févr. 2020
Le chemin est de plus en plus troué, bosselé, boueux, le mille-feuille s'épaissit. Mes pieds, enfin, ce qui les recouvre, pèse, allez, peut-être quand même pas des tonnes, mais des kilos. 
Le chariot souffre, et moi aussi.

Les fissures s'élargissent, j'ai déjà perdu un bout de plastique (je l'ai ramassé, ouf!! Surtout ne rien laisser dans la nature, à part de la beauté! Un petit bouquet de plantes par ci, un coeur ou un cercle en pierre ou en boue par là... Des traces de chaussures ou de roues, à la limite, mais laisser une empreinte la plus belle possible.

Je goûte l'air qui se rafraichit de plus en plus, le soleil est très bas et chauffe peu. Et quand le chemin passe du côté du bois, à droite du canal (enfin, à MA droite), je suis à l'ombre. Froid. Comment je vais faire pour passer une deuxième nuit aussi froide? Est-ce bien raisonnable pour mes articulations? J'ai beau être bien endoudounnée, triplement culottée et chaussettée la nuit, le froid est perçant.

Je croise de plus en plus de gens, la promenade digestive du dimanche après-midi est tellement belle le long de l'eau... Beaucoup de bonjours, beaucoup de regards curieux vers le chariot, peu de questions. Ca m'aide à voir que je viens aussi d'un milieu qui ne pose pas beaucoup de questions, qui n'exprime pas sa curiosité, ou ses doutes.
Je vois une jeune femme avec des étincelles dans le regard, elle est attirée par le chariot, je le sens. Mais un simple bonjour souriant suffit entre nous.

La luminosité bai...