Traversée de la Méditerranée en kayak de mer. C'était il y a déjà plus de 15 ans ! En 2003, au cours d'une année sabbatique, nous avons réalisé cette traversée qui fut très marquante. Une belle aventure entre amis, à l'origine de Carnets d'Aventures.
Maintenant, malheureusement cette partie de la Méditerranée est endeuillée par les nombreuses personnes qui se noient en tentant de venir en Europe par la mer... Ce n'était pas le cas à l'époque. Notre chance d'Occidental est d'avoir pu faire cette route par loisir et nous pensons respectueusement à tous ceux qui n'ont pas cette chance et qui luttent pour survivre...
Maintenant, malheureusement cette partie de la Méditerranée est endeuillée par les nombreuses personnes qui se noient en tentant de venir en Europe par la mer... Ce n'était pas le cas à l'époque. Notre chance d'Occidental est d'avoir pu faire cette route par loisir et nous pensons respectueusement à tous ceux qui n'ont pas cette chance et qui luttent pour survivre...
Activité :
sea kayaking
swimming
apnea
Statut :
done
Distance :
1131km
DATE :
7/1/03
Durée :
55 days
Dénivelées :
+1m
/ -6m
Alti min/max :
2m/3m
Eco travel
Details :
Retour en ferry depuis la Tunisie (la Goulette)
La grande traversée
Les étapes :
1
2
updated : 11 Jun 2019
Les premières traversées
Piombino en Italie le 1er juillet 2003, Sébastien nous dépose avec nos kayaks (un mono et un biplace) et tout le matos. Nous sommes 3 – Johanna, Stéphane et Olivier – à effectuer la totalité de l’expédition, mais des amis (Seb, Pascal et Jean) nous rejoindront avec d’autres kayaks sur plusieurs sections des côtes corse et sarde.Le 3 juillet, après deux jours à attendre que la tempête cesse, nous quittons enfin le continent ! Le trafic maritime est dense : port commercial de Piombino et nombreuses liaisons touristiques vers Elbe et la Corse. Nous zigzaguons entres les ferries en espérant que le réflecteur radar qui trône sur le biplace nous rend repérables… Nous atteignons d’abord l’île d’Elbe, puis, 40 Km de traversée plus loin, l’étonnante île de Capraia : une longue côte de falaises de rocher rouge, et pas une plage ! Nous commençons à réaliser tout le potentiel d’utilisation de nos hamacs que nous fixons dans un chaos de blocs.
3
updated : 10 Jun 2019
Nous quittons Capraia, 30 Km de traversée vers l’ouest et nous voici sur l’île de beauté. Pour en atteindre la côte occidentale, nous contournons le Cap Corse où nous sommes accueillis par un troupeau de vaches se prélassant sur une plage, plus tard, un groupe de dauphins nous croise. Plus bas, nous longeons la majestueuse Scandola et ses falaises de granit rouge percées d’étroites anfractuosités dans lesquelles seuls nos kayaks peuvent se glisser. Nous avons de la chance, la mer est d’huile, nous pouvons au gré de nos envies nager autour des kayaks et admirer les fonds sous-marins de la réserve. Au loin sur les pics rocheux, nous apercevons d'imposants nids de balbuzards pêcheurs, et parfois même leurs occupants. Bien souvent au cours de ce voyage, nous apprécierons la petitesse, la discrétion et la maniabilité de nos embarcations !
Le golfe de Porto, les calanques de Piana et le Capo Rosso nous présentent également le spectacle de leur relief découpé et leurs imposantes parois. Une petite crique dans les calanques accueille notre bivouac et nous offre une denrée rare : de l’eau douce ! Dix minutes de marche à remonter le lit de la rivière pour trouver des vasques d’une taille suffisante pour nous y plonger et pour puiser de l’eau pas trop croupie (même si nous avons filtre céramique et pastilles micropur, c’est tout de même mieux si l'on dispose d'eau à peu près claire).
Nous avons choisi la côte Ouest de la Corse pour son caractère sauvage (accès au littoral plus rare...
Le golfe de Porto, les calanques de Piana et le Capo Rosso nous présentent également le spectacle de leur relief découpé et leurs imposantes parois. Une petite crique dans les calanques accueille notre bivouac et nous offre une denrée rare : de l’eau douce ! Dix minutes de marche à remonter le lit de la rivière pour trouver des vasques d’une taille suffisante pour nous y plonger et pour puiser de l’eau pas trop croupie (même si nous avons filtre céramique et pastilles micropur, c’est tout de même mieux si l'on dispose d'eau à peu près claire).
Nous avons choisi la côte Ouest de la Corse pour son caractère sauvage (accès au littoral plus rare...
4
updated : 12 Jun 2019
Nous attaquons par l’archipel de la Maddalena au nord est, premier bivouac sur l’île de Sparghi avec apéro coca biscuits pour fêter l’arrivée en Sardaigne. Le lendemain Eole se réveille - ô miracle dans le bon sens cette fois - et c’est du force 6 qui nous pousse dans l’archipel, entre les ferries et les navettes. La houle est formée et de belles vagues déferlent, même sur le biplace bien chargé on parvient à en surfer certaines, les monoplaces s’en donnent à cœur joie !
Le vent reste assez fort les jours suivants, nous obligeant parfois à nous arrêter. Nous approchons de l’imposante île de la Tavolara : une lame calcaire longue et effilée de 565 mètres de haut qui sort de l’eau ! Nous avons le temps de l’admirer puisqu’un gros coup d’ouest en Méditerranée nous cloue 3 jours sur l’île voisine de Molara, où nous cohabitons avec un garde sarde très sympathique, quelques vaches et de nombreux rongeurs qui prennent un plaisir certain à détruire à coup de dents notre matériel (poches à eau, masques, bouteilles). Heureusement sur Molara il y a aussi de l’eau douce et des arbres pour mettre le bivouac à l’ombre, c’est important par cette chaleur.
Le vent reste assez fort les jours suivants, nous obligeant parfois à nous arrêter. Nous approchons de l’imposante île de la Tavolara : une lame calcaire longue et effilée de 565 mètres de haut qui sort de l’eau ! Nous avons le temps de l’admirer puisqu’un gros coup d’ouest en Méditerranée nous cloue 3 jours sur l’île voisine de Molara, où nous cohabitons avec un garde sarde très sympathique, quelques vaches et de nombreux rongeurs qui prennent un plaisir certain à détruire à coup de dents notre matériel (poches à eau, masques, bouteilles). Heureusement sur Molara il y a aussi de l’eau douce et des arbres pour mettre le bivouac à l’ombre, c’est important par cette chaleur.
5
updated : 12 Jun 2019
Du sud Sardaigne à la Galite : 42 heures non-stop à pagayer
19 heures, nous voilà donc partis. Cette première nuit à ramer est un enchantement, la mer est calme, petit à petit s’éloignent derrière nous les lumières du sud Sardaigne, les dernières lumières de l’Europe ! La voûte céleste nous aide à tenir le cap, quel plaisir de regarder la constellation du scorpion, Mars ou la Lune plutôt que le GPS ou la boussole. Les kilomètres défilent bien, et le matin le moral est au beau fixe. Une petite baignade, qui attire des dauphins curieux, et quelques pâtes (cuites la veille et stockées dans des sacs congélation) avalées avec les doigts donnent un bon coup de pêche !Et on rame ! Chaque souffle d’air sur nos visages nous fait croire à l’arrivée du vent de face annoncé, il n’arrivera que le soir. Aucune terre à 360°, 2000 mètres d’eau sous nos coques de noix, quelle ambiance ! Plusieurs baignades dans le bleu profond nous permettent de nous rafraîchir et de détendre nos jambes. Avec nos masques, nous descendons de quelques mètres sous les kayaks, quelle immensité ! On se sent si petits. Olivier n'est que moyennement rassuré de la présence de deux poissons pilotes qui suivent son kayak pendant un bon moment. Ma dernière baignade de la journée attire un aileron suspect qui rode autour de nous avant de filer "vous voyez bien qu’il y a des requins !", nous lance alors Olivier.
6
updated : 11 Jun 2019
Extrait publié dans le livre Coups de Folie en Mer, d'Hugo Verlomme aux éditions Arthaud
Cap sur l'Afrique : début juillet 2003, Olivier, Johanna et Stéphane partent pour une traversée de la Méditerranée en kayak de mer, de l'Europe à l'Afrique. À bord de deux kayaks (un bi-place et un mono-place), ils s'élancent d'Italie et rejoignent le nord de la Corse en passant par les îles d'Elbe et de Capraia, incluant des traversées hauturières de 40 km (8h à 5 km/h de moyenne) sans accompagnement ni assistance. Ils longent ensuite l'Ile de Beauté par l'ouest, traversent les bouches de Bonifacio et pagayent le long de la côte est de la Sardaigne. Mi-août ils s'apprêtent à réaliser l'étape hauturière la plus longue et difficile de leur périple : les 165 km séparant le point d'où ils quittent la Sardaigne de l'île tunisienne de la Galite (située à 40 km au large du continent africain). Le 14 août au soir, ils quittent la Sardaigne direction l'Afrique, plein sud. Un voilier sarde restera à portée de VHF, en cas de problème majeur. Le 16 août en début d'après midi, après 42h de pagayage non-stop, ils atteignent l'île de la Galite, où ils se reposent quelques jours. Le voilier est rentré en Sardaigne. Le 20 août, Olivier, Stéphane et Johanna parcourent les 40 km qui séparent cette île des côtes tunisiennes, rejoignant ainsi le continent africain en kayak. L'objectif est atteint ! Les jeunes s'offrent encore quelques jours de voyage en longeant le littoral jusqu'à Tabarka...7
updated : 11 Jun 2019
Nous voilà donc sur l'île de la Galite, "caillou" de 5 Km de long situé à 40 Km des côtes tunisiennes. Nous y resterons 3 jours pendant lesquels nous prendrons du repos et dégusterons les produits de notre pêche. Etonnamment mais heureusement, cette île plutôt aride laisse résurger de l’eau douce en de nombreux endroits, nous permettant de refaire nos réserves et de nous rincer, plaisir rare et très appréciable ! La Galite fait partie du territoire tunisien, quelques militaires constituent les uniques habitants de cette île extrêmement sauvage. De là, aucun moyen de communication, ni prévisions météo, mis à part des grésillements en italien captés à la VHF dont la substance nous échappe quelque peu…
8
updated : 11 Jun 2019
Tunisie, fin du périple
Le 20 août, nous partons donc pour une dernière traversée de 40 kilomètres, avec du vent arrière et une bonne houle, en espérant que les conditions ne forcissent pas trop. Nous croisons – parfois de près - d'imposants cargos. C'est au cours de cette dernière étape hauturière, à quelques kilomètres de l'Afrique, et dans une mer relativement agitée, que Stéphane bat son record personnel de profondeur en apnée.Nous ressentons joie et émotion à la vue du Cap Serrat, notre point de débarquement sur les côtes tunisiennes. Il nous reste - ô joie - quelques biscuits salés et des pistaches pour fêter l’arrivée en Afrique, objectif de notre expé. Nous longeons quelques jours cette côte sauvage et très peu peuplée : on n'y croisera que quelques pêcheurs dans des barques à rame. Le littoral est assez vert ; nous nous attendions à quelque chose d'un peu plus désertique, d'un peu plus "africain", mais le voyage sert aussi à aller au-delà des images d'épinal... Nos réserves de nourriture étant proches du néant, nous recourrons beaucoup à la chasse sous-marine pour nos derniers repas, après tout le poisson c’est bon pour la santé ! Nous achevons notre périple à Tabarka, près de la frontière algérienne. C’est l’esprit plein de souvenirs et d’émotion que nous embarquerons, à Tunis, dans un ferry pour Marseille
9
updated : 12 Jun 2019
Vers le grand bleu...
Lors de traversées de golfes ou entre des îles, nous pagayons dans des zones où le fond dépasse les 50 mètres. Au cours des étapes hauturières, c’est parfois au-dessus de 2000 mètres d’eau que nous naviguons. Ce bleu profond qui plonge sous nos kayaks nous attire et nous prenons plaisir à effectuer régulièrement des descentes en apnée. Stéphane, en particulier, se lance un petit défi personnel." Je fais le vide dans ma tête, je me concentre sur mon cœur, faire diminuer son rythme est le plus important. C’est à ce moment là que je sens si je vais ou non descendre, si je vais ou non battre mon record. Mon état personnel est primordial : forme physique et mentale, mais des facteurs extérieurs rentrent également en jeu : agitation de la mer en surface, conditions météo, lieu - sommes-nous seuls sur l’eau ou bien au milieu d’une route maritime -, sérénité de mes amis – sont ils complètement détendus ou en train de surveiller le ferry qui va croiser notre route, etc. Je me concentre. Lorsque tous les paramètres sont "au vert", je parviens réellement à me détendre et à faire le vide. Alors je prends mon souffle et fais mon canard. Pendant les premiers mètres, je ferme mes yeux, cela m’aide à me concentrer sur mon rythme cardiaque et mon apnée. Puis je regarde le bleu, sa couleur reste aussi intense tout au long de ma descente, seuls les rais de lumières s’atténuent avec la profondeur. Je me sens bien. Je continue de palmer. Le calme de ma descente ...
10
updated : 11 Jun 2019
2 mois au grand air, 2 mois à vivre plus près de la nature, que d’images dans nos mémoires ! Admirer les levers et couchers de soleil sur la mer depuis une plage sauvage, contempler les étoiles et apprendre à reconnaître les constellations le soir au bivouac, se baigner à la fraîcheur du petit matin, rencontrer des dauphins, faire des apnées dans le bleu. Tous les jours apprécier ces petits instants magiques bien que parfois si simples, la vie est belle ! On aurait pu continuer des semaines !
Ambiance paisible et envoûtante à la fois lors de notre première nuit à pagayer (traversée Sardaigne -> Galite). La mer est calme, le ciel percé d’étoiles, la lune se lève sur l’horizon, plus aucune côte n’est visible autour de nous, nous sommes déjà loin de la Sardaigne. Seul le bruit de nos pagaies trouble le silence nocturne. Ramer dans ces conditions est un pur bonheur, nous apprécions l’intensité et la rareté de ces moments. Autour de nous, les ténèbres sont criblées de petits points brillants, dans le ciel : les étoiles, et dans la mer : le plancton phosphorescent remué par nos pagaies, magique !
Ambiance paisible et envoûtante à la fois lors de notre première nuit à pagayer (traversée Sardaigne -> Galite). La mer est calme, le ciel percé d’étoiles, la lune se lève sur l’horizon, plus aucune côte n’est visible autour de nous, nous sommes déjà loin de la Sardaigne. Seul le bruit de nos pagaies trouble le silence nocturne. Ramer dans ces conditions est un pur bonheur, nous apprécions l’intensité et la rareté de ces moments. Autour de nous, les ténèbres sont criblées de petits points brillants, dans le ciel : les étoiles, et dans la mer : le plancton phosphorescent remué par nos pagaies, magique !
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updated : 11 Jun 2019
Kayaks de mer en polyéthylène Rainbow (prêtés par le magasin Red Point Kayaks à Marseille) avec gouvernail : un Laser (monoplace) et un Atlantis (biplace).
Chargement (hors pagayeurs) : 50 Kg pour le monoplace et 80 Kg pour le biplace (dont 60 litres d’eau douce).
Equipement à bord des kayaks : GPS étanche, compas, boussoles, cartes, VHF étanche, réflecteur radar, fusées de détresse, feux de position, miroirs de signalisation, gilets de sauvetage, sifflets, cornes de brume, téléphone portable. Egalement : 2 panneaux solaires, appareils photos.
Chargement (hors pagayeurs) : 50 Kg pour le monoplace et 80 Kg pour le biplace (dont 60 litres d’eau douce).
Equipement à bord des kayaks : GPS étanche, compas, boussoles, cartes, VHF étanche, réflecteur radar, fusées de détresse, feux de position, miroirs de signalisation, gilets de sauvetage, sifflets, cornes de brume, téléphone portable. Egalement : 2 panneaux solaires, appareils photos.