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Un tour des Alpes du sud en gravel

7 jours
752km
+17747m / -17420m
Anthony
Par Anthony
mis à jour hier
59 lecteurs
Coup de Coeur
Informations générales
Il parait que le bonheur, c’est d’aimer ce que l’on a. Moi j’ai les Alpes du Sud. À vélo, en packraft, à ski, en parapente... C’est magnétique, j’y retourne inlassablement. En long, en large et en travers. D’abord par plaisir de l’aventure qui débute et termine sur le pas de sa porte. Mais aussi pour ce doux mélange entre connu et inconnu, entre belle nostalgie et ivresse de la découverte. Récit d’un voyage improvisé en dernière minute qui a rendu un homme heureux. De la mer à la montagne, des pistes plus ou moins roulantes, des paysages sublimes, de 0 à 2500m avec quelques bosses au milieu, tout ce qui fait rêver est réuni dans les Alpes du sud, non ? On y trouve même du kouign-amann à faire saliver un Breton pur beurre.
Activité :
gravel
Statut :
réalisé
Distance :
752km
DATE :
20/10/2025
Durée :
7 jours
Dénivelées :
+17747m / -17420m
Alti min/max :
51m/2424m
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en train
Précisions : Les gares de Sisteron (départ) et de Chorges (arrivée) sont accessibles via la ligne TER Marseille-Briançon.
Toutes les sections GPX , KML

Un tour des Alpes du sud en gravel

Les étapes :

1
65.2km
+1438m / -1331m
mise à jour : il y a 2 jours
Comme souvent, tout commence à la gare de Chorges. Mon kilomètre zéro de l’aventure. Billet en poche, le rituel est immuable : la traditionnelle photo du setup adossé au petit bâtiment bigarré. Des couleurs chatoyantes, pour une ligne en sursis, pourtant terriblement pratique.
Quand le train quitte le quai, le train-train quotidien quitte l’esprit embrumé du voyageur qui quitte son cocon douillet. S’ajoute aussi cette petite sensation d’irrémédiable propre au train : il n’y a pas de retour en arrière possible. Les premiers kilomètres sur les rails ont cette saveur-là, comme l’effet d’une porte claquée définitivement : ciao la routine, bonjour l’aventure. On bascule dans un mode merveilleusement simple : avancer, manger, dormir. Et recommencer. Les incertitudes s’évanouissent à mesure que le paysage défile à travers la vitre.

Sauf une. Une douleur sourde au genou, installée là depuis un mois, prête à surgir à tout instant. Je partais pour 3 jours ou pour 3 semaines, selon l’état de l’articulation. J’avais bien une petite fiole de baume du tigre dans mes affaires, mais c’était plus une amulette porte-bonheur qu’un réel remède. Puis soyons honnêtes, l’appel du dehors était trop puissant, les couleurs d’automne si vives, l’anticyclone si bien installé, et mon caractère si obstiné que je n’allais pas rouiller dans mon canapé. Quitte ou double.

Et il y avait ce vélo à tester, cette curiosité : un gravel équipé d’une fourche suspen...
2
97.9km
+2142m / -1633m
mise à jour : il y a 2 jours
Digne. Je quitte la ville en longeant la Bléone, dans une ambiance un tantinet nostalgique. C’est ici que j’avais accompagné, il y a 6 mois, le départ d’un ami, sa compagne et leur fille pour un cyclo-périple de 3 mois. Eux tâchaient de s’alléger : il en faut du matériel pour un tel voyage. Et moi, j’ai plutôt peur d’être parti trop léger, faute de place dans les sacoches. Une forme de minimalisme imposé.

Mézel. Fini le terrain connu, je bifurque sur la RD17, celle qui faisait briller les yeux de Léo hier soir. Fini aussi la civilisation, on s’aventure ici dans les zones aux densités comparables à la Mongolie. La route est un cul-de-sac qui dessert Majastres, la commune la moins peuplée des Alpes-de-Haute-Provence. Le décor est planté, on frôle la définition du désert. Pendant l’estive, les moutons pourraient facilement prendre le pouvoir sur la région et créer leur république autonome. Faudra leur suggérer l’idée un jour.
3
110km
+2541m / -2560m
mise à jour : il y a 2 jours
Terra incognita. Ce matin, je pédale dans une zone blanche de ma propre géographie, un coin de carte que j’avais superbement ignoré depuis toujours. Pourtant, c’est beau. Ça ondule, ça tournicote, ça rappelle la Drôme et son dédale infini de routes secondaires où l’on croise plus de vélos que de voitures. Je navigue à vue dans ces vallées enveloppées de brumes. L’ambiance est mystérieusement belle, mais fraîche. À défaut d’un soleil franc, je trouverai de quoi me réchauffer à l’épicerie de Soleilhas, au nom bien senti pour l’occasion. Le genre de petite échoppe qui fait tout même le café, toujours accompagné d’un grand sourire. J’échange avec la gérante et une cliente qui m’expliquent que la route sera fermée demain : une équipe de tournage réalise un film sur Michèle Mouton – la première (et à ce jour unique) femme de l’histoire à remporter une manche du Championnat du monde des rallyes. Je reprends la route, sur mon biclou dont la moyenne horaire ferait pâlir son Audi Quattro.
4
108km
+3003m / -2741m
mise à jour : il y a 2 jours
Réveil vue mer, que l’on devine malgré le ciel laiteux chargé d’humidité. Il y a quelque chose d’agréable à dormir peu avant un beau sommet panoramique : ça motive à s’extraire du duvet, même quand le corps est encore engourdi par la fraîcheur nocturne. Sans réchaud ni popote, pas de café. Là-haut, les premiers rayons du soleil remplacent le breuvage sacré.
5
92.7km
+2197m / -2783m
mise à jour : il y a 2 jours
Encore une nuit à la belle étoile. Je me réveille en même temps que le soleil, prêt à en découdre avec cet incroyable itinéraire qui louvoie sur la frontière franco-italienne. Une toute petite section de route introduit la journée, histoire de faire tourner les jambes avant une longue section de piste, agréablement interminable.

La route du sel. Le véritable or blanc avant qu’il ne soit grand remplacé par la neige. Le frigo du Moyen-Âge, indispensable pour conserver les aliments. Ici, ce n’était pas une balade dominicale, mais une artère commerciale vitale. Aujourd’hui, le sel s’achète pour peanuts, mais cet itinéraire vaut son pesant de cacahuètes. Des siècles durant, des caravanes de mulets ont poncé ces pierres. Ces mêmes pierres qui vont me secouer comme un prunier.
6
155km
+4089m / -3396m
mise à jour : 15 déc.
Les prévisions météo sont formelles : la fête est bientôt finie. Si besoin, quelques options routières me permettraient de rentrer un peu plus vite, mais l’appel de la piste est plus fort. À commencer par l’Authion, que je grimpe cette fois depuis Breil, par une variante ensoleillée qui sent bon le sud du Mercantour.
7
123km
+2337m / -2976m
mise à jour : hier
Lever aux aurores, avec deux objectifs clairs : attraper les premiers rayons sur le col de la Moutière, et arriver assez tôt à Barcelonnette pour braquer la Maison Boeri. Parmi les gourmandises qu’ils confectionnent, leur kouign-amman est mon TOP1, en tant que breton délocalisé. Une bouchée suffit pour soigner simultanément hypoglycémie, hypothermie, et la fameuse hypolipidie provoquée par une carence en beurre.

Tout ce dont j’aurais besoin, puisque j’ai voulu le beurre et l’argent du beurre, mais la crémière m’a rappelé à l’ordre : à 2500 mètres, mi-octobre, le matin, le thermomètre flirte avec le zéro. Voilé, le soleil timide ne compense pas mes gants fins (et troués) et mes chaussures aérées. Un équipement en classe G d’isolation, je suis une passoire thermique ambulante. Je chope l’onglée à la montée alors que ma vitesse s’écrit d’un seul chiffre. À deux pas d’ici, la Cime de la Bonette parade avec son titre ronflant de plus haute route d’Europe. Cette variante par la Moutière, c’est la variante gravel, intimiste, de ceux qui préfèrent les grands espaces au selfie devant le panneau du col.