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La Grande Traversée : la France en canoë du Léman à l'Atlantique

50 days
Short town
Par Short town
mis à jour 29 Jul 2020
3040 lecteurs
Informations générales
1500 km en 50 jours, de Genève à Saint-Nazaire sur les fleuves et rivières de l'Hexagone !
En septembre 2017, Philippe Bouvat et Paul Villecourt se lancent dans la traversée de la France en canoë. Récit d’une aventure au pas de nos portes et parfois à contre-courant…

Texte et photos : Paul Villecourt
Participants : Philippe Bouvat et Paul Villecourt Le film de la Grande Traversée (47 minutes) est disponible gratuitement sur : lagrandetraversee.fr
Activité :
canoe
Statut :
done
DATE :
9/6/17
Durée :
50 days
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La Grande Traversée : la France en canoë du Léman à l'Atlantique

Les étapes :

1
updated : 28 Jul 2020
Genèse

Ce trip-là, je le ruminais depuis pas mal de temps. Toute une vie en fait. Je pratiquais le kayak depuis toujours. J’avais écumé les rivières de France et de Navarre en quête de sensations. C’est même devenu mon métier. Je me suis mis à raconter les aventures des autres. En vieillissant, le canoë a peu à peu remplacé le kayak. Le chant des oiseaux est devenu plus important que l’adrénaline. L’hiver, quand le froid me cloitre à la maison, le cerveau se met à rêver d’éternel printemps, de descente qui n’en finit pas. Sur la rivière, il y a toujours une fin. Mais c’est rarement le bout du bout. On débarque en se demandant ce qu’il y a derrière le virage d’après. Un jour de printemps, avec un ami, je pars sur un coup de tête. Canoë sur un charriot, nous rejoignons « ma » rivière : la Drôme. Nous la descendons jusqu’au Rhône que l’on pagaie sur 60 km jusqu’à la confluence de l’Ardèche. Virage à droite et remontée de 40 km jusqu’à l’emblématique Pont-d’Arc. 130 km en 3 jours. Je réalise alors que l’aventure est au pas de notre porte. Ce fut l’étincelle. Un dimanche de l’hiver 2016/17 : la route m’apparait évidente sur Google Map. J’allais traverser la France en canoë. Tracer le parcours et estimer les distances me prend une journée. Je partirai de Genève pour descendre le Rhône jusqu’à Pont-Saint-Esprit : 360 km. Remonterai l’Ardèche puis son affluent, le Chassezac, sur 75 km. Puis, il faudra marcher 80 km pour rejoindre l’Allier, descendre celui-ci jusqu’à la Loi...
2
updated : 28 Jul 2020
Quelques chiffres

- 1500 km en 50 jours.
- 130 Kg d’équipement.
- 5 rivières descendues ou remontées.
- Paul Villecourt, 45 ans en 2017.
- Philippe Bouvat, 52 ans en 2017.
- 4 jours de pluie seulement.
- 1 méga tempête de 3 minutes.
- 5 kg en moins à la fin.
3
updated : 29 Jul 2020
Rodage sur le Rhône

6 septembre 2017. Centre-ville de Genève. Nous voilà partis avec notre beau canoë jaune (un Prospector Nova Craft de 17 pieds) rempli par 130 kg de matos : sacs étanches, charriot, pagaies de secours, bidon cuisine avec de la bouffe pour 10 jours, chacun sa tente, des affaires chaudes et froides pour le changement de saison qui nous attend forcément, kit réparation en cas de casse et beaucoup (trop) d’électronique (appareil photo, Gopros, batteries, panneau solaire). On n’allait pas se passer de faire des courses sur le chemin, mais le trip se ferait en autonomie. Nous sommes partis sans entrainement. Le canoë et le kayak sont notre sport. Nous comptions sur les 10 premiers jours pour nous roder à tout : gainage physique, vie de bivouac, rythmes quotidiens. Tout s’est vite mis en place de façon automatique. Sauf un point. Le petit verre dans la pomme qui nous menacera l’entente du binôme jusqu’au bout : les distances quotidiennes. J’avais tablé sur une moyenne de 30 km par jour. Le but était d’arriver avant le froid, début novembre. Philippe est rapidement frustré de ne pas plus profiter de la balade, de ne pas pouvoir visiter les villages traversés. Je le comprends, mais reste ferme sur les objectifs quotidiens. En plus d’un tempérament un peu anxieux, j’ai une vision globale s’expliquant par une longue préparation. Lui est plus épicurien et sa frustration se transforme parfois en humeur bougonne. Nos différences de points de vue ne gâcheront pas l’av...
4
updated : 29 Jul 2020
Ardèche et Chassezac à contre-courant

18 septembre. Nous attaquons la remontée : 50 km sur l’Ardèche et 25 sur le Chassezac. J’avais déjà fait l’expérience, donc elle ne me faisait pas peur. Partir en septembre avait été principalement choisi pour éviter les crues ou les débits trop importants. Généralement, à cette période, l’Ardèche ne coule pas à plus de 5 m3/s. C’est 25 que nous devrons affronter, les barrages ayant décidé de lâcher. La remontée de l’Ardèche est sportive mais pas désagréable. La beauté des gorges compense tous les efforts et nous pousse même à prendre un premier jour de repos. On voudrait rester là toute la vie. Mais il faut avancer. Après 3 jours sur l’Ardèche, nous attaquons la remontée du Chassezac. Et là, l’épreuve devient vraiment difficile ? ! Autant, l’Ardèche à remonter n’est pas un exploit, seuls les portages de barrages sont un peu plus physiques. Mais sur le Chassezac, nous sommes aux limites de l’exercice : beaucoup de courant, peu de contre-courants au bord, pas de sentiers de portages. Nous devons parfois nous frayer des passages à la hache ? ! Ces deux jours aussi magnifiques qu’épuisants. Nous récupérons 24H dans une base de canoë des Vans. Une douche, une grasse matinée et notre premier resto depuis le départ. La civilisation a du bon…

5
updated : 29 Jul 2020
80 km à pied dans les Cévennes

25 septembre. Je me suis longtemps demandé comment aborder cette partie forcément piétonne. Fallait-il la jouer puriste et charioter sur 70 km de routes sinueuses ou accepter l’idée d’une assistance ?? Nous avons opté pour cette deuxième option. Ainsi, une amie nous transporte le canoë jusqu’à Langeac, et nous continuons à pied sur 4 jours de randonnée à travers les Cévennes. Les Vans, Thines, Saint-Laurent-Les-Bains, Luc, Langogne : ce petit break pédestre nous fait du bien. Les paysages sont magnifiques et sauvages. Nous n’empruntons que des GR, accompagnés par un ami guide de montagne. Nous sommes au cœur de la France, au pays des châtaignes et des chemins en calades. Les feuilles commencent à tourner aux couleurs d’automne. Nous nous laissons guider par le copain, heureux de ne pas avoir à regarder la carte. Le jour de la dernière étape, alors qu’il a dû repartir chez lui, nous nous pommons 5 fois de suite. Vivement le retour sur l’eau…
6
updated : 29 Jul 2020
L’Allier Sup

30 septembre. Les premiers 80 km de l’Allier comptent parmi les plus beaux parcours d’eaux vives de France. C’est du classe 4 bien tassé qui nous attend, un niveau de difficulté plus réservé au kayak qu’au canoë. Là aussi, nous avons fait un choix : changer d’embarcation pour cette partie. C’est donc en canoë gonflable que nous préférons aborder le dur. Le faire avec notre bateau fibre aurait été un véritable commando, nous forçant à passer la plupart des rapides à la corde. Et puis l’eau vive, c’est notre spécialité ? ! Nous voulions vraiment nous éclater avec une embarcation adaptée, ce qui nous permettait de trouver un sponsor de plus. Le Scout de Gumotex ne demandait que ça. Avec un tel canoë, aucun risque de casse, nous pouvions tamponner tous les rochers que nous voulions, accompagnés d’une clique de copains nous rejoignant pour la cause. L’Allier supérieur est une section de rêve. Les décors sont à couper le souffle. Les rapides sont trépidants. Parfois je me dis : « on vient vraiment de passer ce truc ? ? » On prend confiance. Je fais moins attention à l’une des 3 Gopros fixée à mon gilet par une pince. Un petit moment de relâchement et nous dessalons comme des bleus. Ce sera le seul « bain » de la Grande Traversée, mais il coûtera une Gopro et des heures de souvenirs sur une carte SD non changée depuis Genève. La pilule est dure à avaler, mais là aussi j’étais prêt : je ne suis pas venu pour bosser, la traversée avant tout ? ! En arrivant à Langeac, ...
7
updated : 29 Jul 2020
L’Allier tranquille

4 octobre. Nous nous mettons en mode « ?pagayeurs au long cours ». Nous allons avaler les 320 prochains km en 9 jours. L’Allier est l’un des plus beaux parcours de canoë camping de France. Les Anglais et les Allemands le savent, pas vraiment les Français. Le début et la fin de l’Allier tranquille sont des petits bijoux de randonnée. Au début on croise de jolis villages, alternant avec des parties très sauvages. Plein de petits rapides rendent la navigation très intéressante sans être compliquée malgré le faible niveau d’eau (8 m3/s). Dans la partie intermédiaire, l’équipage ressent son deuxième « coup de moins bien » (le premier ayant eu lieu les 3 premiers jours de la GT). Il faut dire que le ciel est bas et je n’aime pas ça. Philippe, quant à lui, soufre de la longueur des étapes (42, 47 km certains jours). Parallèlement, nous nous « ensauvageons » complètement. Nous parlons peu et sommes complètement connectés aux chants des oiseaux et à celui de l’eau. Les traversées de villes cassent toujours cette proximité que nous ressentons. A chaque fois, nous nous éloignons vite pour trouver un lieu de bivouac tranquille. Les nuits commencent à être froides. Un matin, nous cassons la glace dans le canoë avant de partir. Dans l’inventaire des idées noires, nous pestons régulièrement contre les chasseurs qui tirent dans tous les sens. Nous avons eu souvent peur d’en prendre une sur le haut Rhône et le moyen Allier. Les 100 derniers kilomètres entre Créchy et l...
8
updated : 29 Jul 2020
La Loire jusqu’à la mer
12 octobre. La journée s’annonçait aussi belle que la soirée passée chez des amis kayakistes. Mais nous sommes sortis des clous. D’habitude, après 30 km, aux alentours de 17/18H, nous nous arrêtons sur un bivouac. Montage du camp, cuisine, vaisselle : à 20H, chacun est dans sa tente. Je passe alors deux heures sur mes journaux de bord, le perso sur mon cahier et le public sur le web. Quelques photos pour agrémenter le tout et j’éteins pour avoir un minimum de 8H de sommeil. Nous sommes toujours à quelques mètres de l’eau et nous avons une efficacité quasi militaire pour tout plier en 30 minutes. Philippe a cherché à optimiser toute son organisation et je n’arrive plus à le suivre tant il est rapide. Oui, mais voilà, la veille, nous sommes sortis de cette routine avec cette belle soirée. Diner arrosé, lessive, coucher tard, lever tôt. Nous allons le payer cher. À midi, alors que nous approchons les coteaux de Sancerre, mon équipier craque complètement et s’effondre sur le sable. Pendant une heure, alors qu’il dort et que je mange seul, j’ai peur qu’il n’abandonne. Mais sa sieste se révèle miraculeuse. À partir de ce moment, c’est comme si lui reprenait du poil de la bête jusqu’à la fin du périple, alors que je commence doucement à fatiguer sur la dernière partie. Comment vous raconter 500 km et 14 jours de Loire en quelques lignes ? ? Du sable, des îles et du vent. Tel fut notre quotidien. Et nous avons adoré, sauf le vent… Tout le monde le dit, la L...
9
updated : 28 Jul 2020
Remerciements :

Mon équipier : Philippe Bouvat. Nos sponsors : Canoë France, Nova Craft Canoë France/Rotomod, le département de la Drôme, Gumotex, Safran Tours, Bending Branches, Palm Equipment, PL Diffusion, JG Media, ETSA. Nos anges gardiens et accompagnateurs : Julien Gontard, Sarah Huber, Jean-Pierre Van Obbergen, Bernard Lecointre, Philippe Lloret, Raphaël Geeraert. Merci aussi à tous ceux qui nous ont accueillis et encouragés sur le chemin. 

10
updated : 28 Jul 2020
Le matos de la Grande Traversée

- Canoë et équipement : canoë Nova Craft Prospector 17 en « Tuffstuff ». 2 pagaies bois Bending Branches Expedition Plus + 2 pagaies plastiques Aquabound. Salopettes et k-way étanches Palm, gilet harnais et cordes de sécurité Palm. Casques pour l’Allier sup. Une petite voile pliante Décathlon. Sac étanches Seal Line. Kit réparation résine, fibre et scotch (duct tape).
- Camping : tente MSR Hubba Hubba. Matelas gonflable Therma Rest. Sac de couchage Blue Kazoo the North Face (-10°). Sièges pliants Therma Rest Treo. Tarp Hilleberg. Frontales et mini lampe camping USB. Hache.
- Cuisine : bidon étanche 50 L. Réchaud MSR. Vache à eau 6 L et filtre à eau MSR, évier plastique, popotes MSR, poêle légère, mugs Titane. Grille BBQ pliante.
- Electronique : panneau solaire, 4 batteries 20 000 mAh, 3 Gopro (9 piles), 1 appareil photo reflex Nikon D700 (3 batteries) avec objectif 28/300, un trépied photo, iPhone avec appli « Track My Tour » pour le partage de récit, montre GPS Garmin Fenix 3.

Le bon équipement

Le secret d’une belle descente en canoë-camping tient en grande partie dans le matériel, surtout quand il pleut. Etant trempés toute la journée, même si nos combinaisons sont étanches, la certitude de dormir dans une tente sèche contribue à garder corps et esprit au beau fixe. Tente légère, matelas ultra compact et confortable, lampe frontale, duvet chaud : l’essentiel fait moins de 6 kg. On peut même s’offrir le luxe d’un livre et ...