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La Grande Traversée : la France en canoë du Léman à l'Atlantique

(réalisé)
1500 km en 50 jours, de Genève à Saint-Nazaire sur les fleuves et rivières de l'Hexagone !
En septembre 2017, Philippe Bouvat et Paul Villecourt se lancent dans la traversée de la France en canoë. Récit d’une aventure au pas de nos portes et parfois à contre-courant…

Texte et photos : Paul Villecourt
Participants : Philippe Bouvat et Paul Villecourt Le film de la Grande Traversée (47 minutes) est disponible gratuitement sur : lagrandetraversee.fr
canoë
Quand : 06/09/17
Durée : 50 jours
Carnet publié par Short town le 09 juin 2020
modifié le 29 juil. 2020
2416 lecteur(s) -
Vue d'ensemble

Le topo : La Loire (mise à jour : 29 juil. 2020)


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Le compte-rendu : La Loire (mise à jour : 29 juil. 2020)

La Loire jusqu’à la mer
12 octobre. La journée s’annonçait aussi belle que la soirée passée chez des amis kayakistes. Mais nous sommes sortis des clous. D’habitude, après 30 km, aux alentours de 17/18H, nous nous arrêtons sur un bivouac. Montage du camp, cuisine, vaisselle : à 20H, chacun est dans sa tente. Je passe alors deux heures sur mes journaux de bord, le perso sur mon cahier et le public sur le web. Quelques photos pour agrémenter le tout et j’éteins pour avoir un minimum de 8H de sommeil. Nous sommes toujours à quelques mètres de l’eau et nous avons une efficacité quasi militaire pour tout plier en 30 minutes. Philippe a cherché à optimiser toute son organisation et je n’arrive plus à le suivre tant il est rapide. Oui, mais voilà, la veille, nous sommes sortis de cette routine avec cette belle soirée. Diner arrosé, lessive, coucher tard, lever tôt. Nous allons le payer cher. À midi, alors que nous approchons les coteaux de Sancerre, mon équipier craque complètement et s’effondre sur le sable. Pendant une heure, alors qu’il dort et que je mange seul, j’ai peur qu’il n’abandonne. Mais sa sieste se révèle miraculeuse. À partir de ce moment, c’est comme si lui reprenait du poil de la bête jusqu’à la fin du périple, alors que je commence doucement à fatiguer sur la dernière partie. Comment vous raconter 500 km et 14 jours de Loire en quelques lignes ? ? Du sable, des îles et du vent. Tel fut notre quotidien. Et nous avons adoré, sauf le vent… Tout le monde le dit, la Loire a vraiment un côté sauvage, plusieurs même. On ne s’y ennuie jamais, les spots de bivouac sont à tomber par terre et on se sent libre comme nulle part ailleurs. Bien sûr, il y a aussi les jolies villes et les châteaux, fleurons du tourisme français. Nous les verrons sous un angle unique. Il y a ces ponts, aussi beaux que redoutables parfois, où il faut toujours se méfier des pièges (pieux, seuils, rochers). Et puis, il y a tous ces bateaux traditionnels, gabares, toues, fûtreaux, qui enchantent la descente. Les oiseaux par centaines qui nous rappellent que la France reste sauvage. Les rencontres sur le chemin : pêcheurs de silures, pagayeurs locaux et accompagnants d’un jour ou plus. Et puis ce vent qui nous en aura fait baver comme jamais, notamment vers Saumur où les spots de kite surf nous faisaient vraiment penser que nous ne faisions pas le bon sport ce jour-là. Je me souviens d’une navigation pas si simple où nous avons appris à éviter les bancs de sable, nous forçant à une navigation en zigzags perpétuels alors que le fleuve file tout droit. Je me souviens de Philippe qui, à mesure que nous approchions du but, répétait souvent « je ne veux pas que ça s’arrête ». Et je me souviens du grand final, les deux derniers jours si insolites. L’étape Ancenis/La Martinière (55 km) où nous traversons Nantes bouche bée et terminons les 5 derniers kilomètres à lutter comme des fous contre la marée montante. Cette dernière nuit dans ce petit port où je n’ai pas fermé l’œil, stressé par notre canoë attaché à un arbre, balloté par les marées et le passage des bateaux géants. Et enfin cette dernière journée vers Saint-Nazaire, l’émotion à fleur de peau, voguant dans un brouillard à couper au couteau, mais qui accepte de se lever au dernier moment pour nous laisser passer la ligne d’arrivée. C’était le 23 octobre.
Pendant 50 jours, nous avons été libres comme jamais. J’ai mis quelques mois à redescendre et à me refaire au quotidien. L’écriture du récit, le travail sur les photos et le montage d’un petit film m’ont permis de revenir petit à petit. Et puis, curieusement, je me suis mis au vélo. Tiens, si j’accrochais mon canoë à l’arrière ?? Il y a peut-être un truc à faire… 
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