L'Irlande ! La verte Érin, pour un tour complet à vélo.
L'irlande ! La Verte Érin... aux paysages verdoyants. Irlande, Irlande du nord, voilà mon projet de cette année 2025 pour un tour complet de trois mille kilomètres auquel il faudra ajouter ma traversée de la France de Roscoff à Besançon : mille-cinq-cents kilomètres.
Partir seule à vélo pour faire le tour de France, rallier Saint-Nazaire à la mer Noire ou encore pédaler de Besançon jusqu’au cap Nord, ce n’est pas simplement admirer des paysages, des villes, des musées et goûter à de nouvelles saveurs. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres cultures, de plonger dans des traditions inconnues et, peut-être plus que tout, d’apprendre à se connaître soi-même.
Partir seule à vélo pour faire le tour de France, rallier Saint-Nazaire à la mer Noire ou encore pédaler de Besançon jusqu’au cap Nord, ce n’est pas simplement admirer des paysages, des villes, des musées et goûter à de nouvelles saveurs. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres cultures, de plonger dans des traditions inconnues et, peut-être plus que tout, d’apprendre à se connaître soi-même.
Quand : 02/07/2025
Durée : 65 jours
Durée : 65 jours
Distance globale :
5613km
Dénivelées :
+19281m /
-19251m
Alti min/max : 0m/550m
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en
train
ferry
499 lecteur(s)
-
Vue d'ensemble
Le topo : Section 0 : De Besançon à Roscof.. (mise à jour : hier)
Description :
De Besançon à Roscoff
Le compte-rendu : Section 0 : De Besançon à Roscof.. (mise à jour : hier)
Mercredi 2 juillet 2025 - 1er jour
En train - Une traversée de la France,
De Besançon à Morlaix
Le voyage à vélo au long cours ne s’improvise pas. Un bon vélo et du bon matériel m’est nécessaire. Cela me laisse ainsi un grand espace d’insouciance et de liberté.
Je voyage en solo sur de longues distances en tant que dame et je dois l’avouer… un peu âgée.
J’ai donc remis à neuf ma chère bicyclette. Ma compagne de route. Celle qui me porte, me transporte, me supporte. Celle que j’ai un peu martyrisée au cours de milliers de kilomètres. Elle tombe aussi, et parfois moi avec, sans trop de gravité. Sauf une fois, en pleine ville de Besançon, mon pneu prisonnier des voies du tram. J’ai dû m’occasionner une contracture de la cage thoracique et mon cœur ne battait plus qu’à un fil. Mais tout est redevenu normal très rapidement. C’était l’automne dernier, c’est du passé.
Là voilà ! Toute belle ! Avec des roues, une dynamo et des pneus neufs, et puis un nouveau frein hydraulique aussi. Normalement, il n’aurait pas dû être si vite fichu ! Allez savoir pourquoi. Mais c’est toujours comme cela avec moi… toute nouveauté tombe en panne. J’en ai pris mon parti !
J’adore les bicyclettes Betty, Peugeot, Gitane des années 70. Tout en finesse ! Sacrilège… fin des années 80, j’ai jeté mon Peugeot doré acheté en 1974.
Alors, il est évident qu’au premier regard, ma bicyclette datant de 2022, est moche, un peu rustique, trapue, sans élégance. En effet, elle ne paie pas de mine.
À son avantage, elle a été réfléchie dans les moindres détails. C’est une migratrice, conçue pour réaliser le tour du monde.
Je ne lui ai pas donné de nom. Pas nécessaire ! Elle fait partie intégrante de ma personne lorsque je me métamorphose en nomade. Elle me procure un immense sentiment de liberté, rarement éprouvé.
Elle est un peu à mon image. Il m’a fallu « de Besançon au cap Nord » pour que l’on me prenne au sérieux et que, en toute modestie, je devienne une sorte de légende dans mon coin de Franche-Comté. Je ne recherche pas la notoriété, je suis une solitaire, je ne sais que faire des congratulations. Mais j’apprécie de partager.
Mon voyage au cap Nord de 2022 est devenu intemporel ! Souvent on me demande : « Jacqueline… raconte-nous ! » et me voici avec mon Power point que je commente pour des soirées fort sympathiques.
Pour cette magnifique bicyclette, j’ai commandé toutes les pièces à renouveler à la maison mère. Elles ont été livrées seulement quelques jours avant mon départ. Quelques sueurs froides sont donc venues me rafraîchir, car en ce mois de juin 2025, Besançon est devenue un vaste radiateur, rayonnant, bouillonnant à 40 degrés.
Prête juste à temps pour mon voyage en Irlande ! Merci à Lionnel de la Bicycleterie.
Le matériel doit aussi être passé au peigne fin. C’est la chasse aux cent grammes près ! Néanmoins, le poids du vélo et des sacoches avoisine les quarante kilogrammes, voire quarante-cinq et me tire en arrière dans les côtes.
Mes traces GPX m’en annoncent de sérieuses sur la route côtière irlandaise. Mamma mia, je passerai en mode duathlon.
Je ne serai plus « La Française qui pousse son vélo dans les montagnes norvégiennes », je deviendrai la Française poussant son vélo dans les côtes irlandaises.
Revenons à ce matin. Les minutes passent trop vite. Je boucle la maison. Pas le temps d’accrocher ma camera sur mon casque. Dommage ! Il est cinq heures, le jour pointe et confère au ciel une couleur orangée. Je parcours les jolis quais Vauban en bordure du Doubs puis je grimpe la rue Battant. J’arrive en haut sans essoufflement. C’est rassurant !
Après la traversée du parc des Glacis et le lieu de mémoire créant une vaste clairière dans ce parc très arboré, je salue L’homme et l’Enfant, œuvre d’Ousmane Sow.
Et c’est sous l’égide de Colette, œuvre de Nathalie Talec et exposée devant la gare, que je m’élance pour ce nouveau voyage. Hélas je suis arrêtée net par les rails du train. Ce dernier, je vais l’emprunter pour une journée à pleine vitesse entrecoupée par six kilomètres à vélo dans Paris, ce qui me précisera que je n’ai pas l’aisance des cyclistes parisiens.
Une journée de voyage en train, accompagnée de ma bicyclette me permet d’apprécier la solidarité des voyageurs. Une main sera toujours tendue pour m’aider à monter et descendre la bicyclette ou les multiples sacoches. À la demande du contrôleur, et avec courtoisie, les voyageurs retireront leurs énormes valises venues entourer ma bicyclette dans l’espace alloué à celle-ci. Cette montagne de bagages m’interdisait de la récupérer et risquait de l’endommager.
Douze heures après mon départ, j’arrive à Morlaix. Une arrivée extraordinaire… le train passe sur le viaduc, tout en haut. La vue est splendide, magnifique sur la petite ville de Morlaix, la surplombant de 61 mètres. Quel spectacle ! Quelle allégresse !
En une journée, je passe de 40 degrés à 20 degrés. J’ai presque froid !
Au préalable, j’ai contacté la Maison des chômeurs pour planter ma tente au milieu du jardin solidaire en périphérie de la ville. Mais cela ne me convient pas. Jardins en friche et pas d’eau potable… Je ne peux pas me transformer en vagabonde si vite ! Il me faut une petite dose de vélo pour cela !
Évidemment les hôtels bon marché sont complets et voilà comment je me retrouve dans un appart-hôtel, à côté de la mairie. Coquet, immense, avec tout le confort… et à un prix identique aux hôtels les moins chers.
Le vélo attire la douceur. La cyclo-voyageuse solo attire la sympathie.
Ou alors… serait-ce comme à Moheli (archipel des Comores) lorsque je traversai l’île à pied, les Moheliens me trouvaient bizarre. Pour eux, seuls les gens très pauvres marchent. Alors une Mzungu (blancs de métropole) qui habite non loin et qui se déplace ainsi, c’était hors de leur entendement.
Pour cette soirée, j’apprécie grandement un confort que je vais abandonner à partir de demain, pendant près de trois mois. KO
En train - Une traversée de la France,
De Besançon à Morlaix
Le voyage à vélo au long cours ne s’improvise pas. Un bon vélo et du bon matériel m’est nécessaire. Cela me laisse ainsi un grand espace d’insouciance et de liberté.
Je voyage en solo sur de longues distances en tant que dame et je dois l’avouer… un peu âgée.
J’ai donc remis à neuf ma chère bicyclette. Ma compagne de route. Celle qui me porte, me transporte, me supporte. Celle que j’ai un peu martyrisée au cours de milliers de kilomètres. Elle tombe aussi, et parfois moi avec, sans trop de gravité. Sauf une fois, en pleine ville de Besançon, mon pneu prisonnier des voies du tram. J’ai dû m’occasionner une contracture de la cage thoracique et mon cœur ne battait plus qu’à un fil. Mais tout est redevenu normal très rapidement. C’était l’automne dernier, c’est du passé.
Là voilà ! Toute belle ! Avec des roues, une dynamo et des pneus neufs, et puis un nouveau frein hydraulique aussi. Normalement, il n’aurait pas dû être si vite fichu ! Allez savoir pourquoi. Mais c’est toujours comme cela avec moi… toute nouveauté tombe en panne. J’en ai pris mon parti !
J’adore les bicyclettes Betty, Peugeot, Gitane des années 70. Tout en finesse ! Sacrilège… fin des années 80, j’ai jeté mon Peugeot doré acheté en 1974.
Alors, il est évident qu’au premier regard, ma bicyclette datant de 2022, est moche, un peu rustique, trapue, sans élégance. En effet, elle ne paie pas de mine.
À son avantage, elle a été réfléchie dans les moindres détails. C’est une migratrice, conçue pour réaliser le tour du monde.
Je ne lui ai pas donné de nom. Pas nécessaire ! Elle fait partie intégrante de ma personne lorsque je me métamorphose en nomade. Elle me procure un immense sentiment de liberté, rarement éprouvé.
Elle est un peu à mon image. Il m’a fallu « de Besançon au cap Nord » pour que l’on me prenne au sérieux et que, en toute modestie, je devienne une sorte de légende dans mon coin de Franche-Comté. Je ne recherche pas la notoriété, je suis une solitaire, je ne sais que faire des congratulations. Mais j’apprécie de partager.
Mon voyage au cap Nord de 2022 est devenu intemporel ! Souvent on me demande : « Jacqueline… raconte-nous ! » et me voici avec mon Power point que je commente pour des soirées fort sympathiques.
Pour cette magnifique bicyclette, j’ai commandé toutes les pièces à renouveler à la maison mère. Elles ont été livrées seulement quelques jours avant mon départ. Quelques sueurs froides sont donc venues me rafraîchir, car en ce mois de juin 2025, Besançon est devenue un vaste radiateur, rayonnant, bouillonnant à 40 degrés.
Prête juste à temps pour mon voyage en Irlande ! Merci à Lionnel de la Bicycleterie.
Le matériel doit aussi être passé au peigne fin. C’est la chasse aux cent grammes près ! Néanmoins, le poids du vélo et des sacoches avoisine les quarante kilogrammes, voire quarante-cinq et me tire en arrière dans les côtes.
Mes traces GPX m’en annoncent de sérieuses sur la route côtière irlandaise. Mamma mia, je passerai en mode duathlon.
Je ne serai plus « La Française qui pousse son vélo dans les montagnes norvégiennes », je deviendrai la Française poussant son vélo dans les côtes irlandaises.
Revenons à ce matin. Les minutes passent trop vite. Je boucle la maison. Pas le temps d’accrocher ma camera sur mon casque. Dommage ! Il est cinq heures, le jour pointe et confère au ciel une couleur orangée. Je parcours les jolis quais Vauban en bordure du Doubs puis je grimpe la rue Battant. J’arrive en haut sans essoufflement. C’est rassurant !
Après la traversée du parc des Glacis et le lieu de mémoire créant une vaste clairière dans ce parc très arboré, je salue L’homme et l’Enfant, œuvre d’Ousmane Sow.
Et c’est sous l’égide de Colette, œuvre de Nathalie Talec et exposée devant la gare, que je m’élance pour ce nouveau voyage. Hélas je suis arrêtée net par les rails du train. Ce dernier, je vais l’emprunter pour une journée à pleine vitesse entrecoupée par six kilomètres à vélo dans Paris, ce qui me précisera que je n’ai pas l’aisance des cyclistes parisiens.
Une journée de voyage en train, accompagnée de ma bicyclette me permet d’apprécier la solidarité des voyageurs. Une main sera toujours tendue pour m’aider à monter et descendre la bicyclette ou les multiples sacoches. À la demande du contrôleur, et avec courtoisie, les voyageurs retireront leurs énormes valises venues entourer ma bicyclette dans l’espace alloué à celle-ci. Cette montagne de bagages m’interdisait de la récupérer et risquait de l’endommager.
Douze heures après mon départ, j’arrive à Morlaix. Une arrivée extraordinaire… le train passe sur le viaduc, tout en haut. La vue est splendide, magnifique sur la petite ville de Morlaix, la surplombant de 61 mètres. Quel spectacle ! Quelle allégresse !
En une journée, je passe de 40 degrés à 20 degrés. J’ai presque froid !
Au préalable, j’ai contacté la Maison des chômeurs pour planter ma tente au milieu du jardin solidaire en périphérie de la ville. Mais cela ne me convient pas. Jardins en friche et pas d’eau potable… Je ne peux pas me transformer en vagabonde si vite ! Il me faut une petite dose de vélo pour cela !
Évidemment les hôtels bon marché sont complets et voilà comment je me retrouve dans un appart-hôtel, à côté de la mairie. Coquet, immense, avec tout le confort… et à un prix identique aux hôtels les moins chers.
Le vélo attire la douceur. La cyclo-voyageuse solo attire la sympathie.
Ou alors… serait-ce comme à Moheli (archipel des Comores) lorsque je traversai l’île à pied, les Moheliens me trouvaient bizarre. Pour eux, seuls les gens très pauvres marchent. Alors une Mzungu (blancs de métropole) qui habite non loin et qui se déplace ainsi, c’était hors de leur entendement.
Pour cette soirée, j’apprécie grandement un confort que je vais abandonner à partir de demain, pendant près de trois mois. KO
Jeudi 3 juillet - 2e jour
Morlaix à pied 10 km
Morlaix à vélo 8 km
Au petit matin, me voici déambulant dans Morlaix. Une ville aérienne, étonnante, belle…
Elle est connue pour ses maisons à pans de bois, à colombages, son port de plaisance et ses ruelles étroites et sinueuses qui me conduisent à fredonner dans la Venelle au Son. Mes notes s’entrechoquent, se heurtent aux façades, s’éloignent, me reviennent pour s’éteindre d’elles-mêmes.
Le viaduc m’impressionne ! Ouvrage d’art ferroviaire surplombant la ville du haut de ses soixante-et-un mètres. Il en impose véritablement.
Il a été construit entre 1861 et 1864 dans le cadre de l'édification de la ligne Paris-Brest. Long de 292 mètres il est porté par 1 300 m³ de pierres.
Je crapahute dans les escaliers de la Roche, pour enfin atteindre le premier étage du viaduc situé à une vingtaine de mètres. La vue sur la ville est imprenable. Des églises, des places, des toits d’ardoise de toutes formes, hauteurs, un patchwork de gris.
Une réflexion s’impose à moi : hier, j’ai parcouru 1,2 kilomètre de la gare au centre-ville avec un dénivelé négatif de 61 mètres. Aujourd’hui, Il me faudra donc reprendre cette constatation et l’inverser pour arriver à la gare située en bout de viaduc. Eh bien ! Cela ne va pas être coton avec mon poids lourd.
La devise de Morlaix, « S'ils te mordent, mord-les », pourtant je ne rencontrerai que des gens fort sympathiques au cours de la journée.
Je connais parfaitement ma bicyclette. Elle ne se plaint pas ! Aucun ronchonnement ! Pas de grognement! Même pas un murmure de désapprobation ! Simplement un son feutré émis par la chaîne, presque inaudible.
Ah ! Damnation ! Au moment de partir j’entends un petit cliquetis en reculant. Ah non non non ! Ces satanées valises se sont approchées trop près durant mon voyage d’hier.
Ni une ni deux, me voici à la recherche d’un vélociste.
Sur la jolie place Allendea, je rencontre Marianne. Elle est la patronne de
La Clef Morlette. Un atelier d’autoréparation. Marianne est vélociste depuis dix années. Et cela fait un an qu’elle gère son atelier qui tourne bien. Tout est bien rangé. De beaux outils encore neufs. Un petit coin salon nous invite pour une pause. Une jolie harmonie.
Ah ! Mais moi je ne touche pas à la bicyclette. À chacun son métier. Surtout lorsqu’il s’agit de réglages particulièrement fins.
J’aide Marianne à porter la bicyclette sur la potence. Elle pèse près de vingt kilogrammes ! Je comprendrai la raison un peu plus tard. Avec un minuscule tournevis, Marianne tourne d’un dixième de tour une micro vis placée près du dérailleur. Elle m’a dit comment s’appelait le système, mais je ne m’en souviens plus.
Et me voici tournoyant sur le parking, à monter, descendre les vitesses, à reculer aussi. Tout est parfait !
Un bel atelier. C’est à l’image de Marianne, très gentille aux magnifiques yeux bleus ciel au côté apaisant et doux. Elle est enceinte Marianne, de six mois. Cela ne se voit presque pas. Elle soulève son pull pour me montrer. Le petit doit être pelotonné, bien au doux.
Quel bon moment. Notre passion du vélo nous unit.
Maintenant, il faut que je monte cette côte pour atteindre la gare. La chaussée défile petit à petit. Je suscite quelques regards bienveillants. Ne pas avoir de vélo électrique à mon âge me vaut parfois des réflexions désobligeantes : « Vous vous martyrisez ! »
Je préfère les paroles de Gérard du Festival bas carbone : « Vos voyages permettent de prouver qu'on peut monter sur un vélo à tout âge et en musculaire qui reste la liberté que nous enlève le vélo à assistance électrique. »
Évidemment j’arrive bien péniblement à la gare en poussant ma bicyclette. Le car me précède de quelques mètres. Le chauffeur me demande d’aller au plus vite. Il imagine sans doute qu’il faut une éternité pour retirer cet amas de sacoches. J’ai déjà vérifié, il me faut moins de vingt secondes. Il s’empare du vélo et le fixe à l’arrière du car. La seule passagère descend et me murmure : « Il ne faut pas mettre le chauffeur en retard !» Je ne comprends pas cette précipitation. Toutes les deux, rapidement, nous plaçons les bagages dans la soute.
À six mains pour ce transbordement, le risque est majeur d’oublier une sacoche. J’ai l’habitude de vérifier en un coup d’œil. Tout est bien là ! Les six sacoches, le casque, le vélo accroché.
Et puis tout s’arrange. Le voyage est très hilarant. Le chauffeur se déride et m’annonce en riant : « Je vous ai vue pousser votre vélo dans la côte. »
Je n’ai pas eu le temps de devenir « La Bisontine poussant son vélo pour atteindre la gare de Morlaix. »
La dame m’avise : « Je suis beaucoup plus jeune que vous, mais je ne tenterais pas ce que vous réalisez. Et d’ailleurs, comment pouvez-vous accrocher sur un seul vélo cette multitude de sacoches ? »
Tout deux me conseillèrent un petit camping familial dans la baie de Saint Pol.
Et me voilà dévalant une belle descente à toute allure. À mon grand dam je devrai la remonter demain.
Je commence à ressentir toutes les belles émotions de la liberté, de la légèreté.
Le voyage peut commencer.
Morlaix à pied 10 km
Morlaix à vélo 8 km
Au petit matin, me voici déambulant dans Morlaix. Une ville aérienne, étonnante, belle…
Elle est connue pour ses maisons à pans de bois, à colombages, son port de plaisance et ses ruelles étroites et sinueuses qui me conduisent à fredonner dans la Venelle au Son. Mes notes s’entrechoquent, se heurtent aux façades, s’éloignent, me reviennent pour s’éteindre d’elles-mêmes.
Le viaduc m’impressionne ! Ouvrage d’art ferroviaire surplombant la ville du haut de ses soixante-et-un mètres. Il en impose véritablement.
Il a été construit entre 1861 et 1864 dans le cadre de l'édification de la ligne Paris-Brest. Long de 292 mètres il est porté par 1 300 m³ de pierres.
Je crapahute dans les escaliers de la Roche, pour enfin atteindre le premier étage du viaduc situé à une vingtaine de mètres. La vue sur la ville est imprenable. Des églises, des places, des toits d’ardoise de toutes formes, hauteurs, un patchwork de gris.
Une réflexion s’impose à moi : hier, j’ai parcouru 1,2 kilomètre de la gare au centre-ville avec un dénivelé négatif de 61 mètres. Aujourd’hui, Il me faudra donc reprendre cette constatation et l’inverser pour arriver à la gare située en bout de viaduc. Eh bien ! Cela ne va pas être coton avec mon poids lourd.
La devise de Morlaix, « S'ils te mordent, mord-les », pourtant je ne rencontrerai que des gens fort sympathiques au cours de la journée.
Je connais parfaitement ma bicyclette. Elle ne se plaint pas ! Aucun ronchonnement ! Pas de grognement! Même pas un murmure de désapprobation ! Simplement un son feutré émis par la chaîne, presque inaudible.
Ah ! Damnation ! Au moment de partir j’entends un petit cliquetis en reculant. Ah non non non ! Ces satanées valises se sont approchées trop près durant mon voyage d’hier.
Ni une ni deux, me voici à la recherche d’un vélociste.
Sur la jolie place Allendea, je rencontre Marianne. Elle est la patronne de
La Clef Morlette. Un atelier d’autoréparation. Marianne est vélociste depuis dix années. Et cela fait un an qu’elle gère son atelier qui tourne bien. Tout est bien rangé. De beaux outils encore neufs. Un petit coin salon nous invite pour une pause. Une jolie harmonie.
Ah ! Mais moi je ne touche pas à la bicyclette. À chacun son métier. Surtout lorsqu’il s’agit de réglages particulièrement fins.
J’aide Marianne à porter la bicyclette sur la potence. Elle pèse près de vingt kilogrammes ! Je comprendrai la raison un peu plus tard. Avec un minuscule tournevis, Marianne tourne d’un dixième de tour une micro vis placée près du dérailleur. Elle m’a dit comment s’appelait le système, mais je ne m’en souviens plus.
Et me voici tournoyant sur le parking, à monter, descendre les vitesses, à reculer aussi. Tout est parfait !
Un bel atelier. C’est à l’image de Marianne, très gentille aux magnifiques yeux bleus ciel au côté apaisant et doux. Elle est enceinte Marianne, de six mois. Cela ne se voit presque pas. Elle soulève son pull pour me montrer. Le petit doit être pelotonné, bien au doux.
Quel bon moment. Notre passion du vélo nous unit.
Maintenant, il faut que je monte cette côte pour atteindre la gare. La chaussée défile petit à petit. Je suscite quelques regards bienveillants. Ne pas avoir de vélo électrique à mon âge me vaut parfois des réflexions désobligeantes : « Vous vous martyrisez ! »
Je préfère les paroles de Gérard du Festival bas carbone : « Vos voyages permettent de prouver qu'on peut monter sur un vélo à tout âge et en musculaire qui reste la liberté que nous enlève le vélo à assistance électrique. »
Évidemment j’arrive bien péniblement à la gare en poussant ma bicyclette. Le car me précède de quelques mètres. Le chauffeur me demande d’aller au plus vite. Il imagine sans doute qu’il faut une éternité pour retirer cet amas de sacoches. J’ai déjà vérifié, il me faut moins de vingt secondes. Il s’empare du vélo et le fixe à l’arrière du car. La seule passagère descend et me murmure : « Il ne faut pas mettre le chauffeur en retard !» Je ne comprends pas cette précipitation. Toutes les deux, rapidement, nous plaçons les bagages dans la soute.
À six mains pour ce transbordement, le risque est majeur d’oublier une sacoche. J’ai l’habitude de vérifier en un coup d’œil. Tout est bien là ! Les six sacoches, le casque, le vélo accroché.
Et puis tout s’arrange. Le voyage est très hilarant. Le chauffeur se déride et m’annonce en riant : « Je vous ai vue pousser votre vélo dans la côte. »
Je n’ai pas eu le temps de devenir « La Bisontine poussant son vélo pour atteindre la gare de Morlaix. »
La dame m’avise : « Je suis beaucoup plus jeune que vous, mais je ne tenterais pas ce que vous réalisez. Et d’ailleurs, comment pouvez-vous accrocher sur un seul vélo cette multitude de sacoches ? »
Tout deux me conseillèrent un petit camping familial dans la baie de Saint Pol.
Et me voilà dévalant une belle descente à toute allure. À mon grand dam je devrai la remonter demain.
Je commence à ressentir toutes les belles émotions de la liberté, de la légèreté.
Le voyage peut commencer.
Vendredi 4 juillet - 3e jour
Saint-Pol-de-Léon / Roscoff
3e jour 5 juillet
Saint-Pol-de-Léon / Roscoff
Charmant camping ! Peu onéreux. Avec petite piscine, mais je n’ai pas emporté de maillot de bain. Rien de rien ! Aucun surplus ! Je ne vais pas répéter ici mes fantaisies des pays du nord sans compter que les gens du nord m’ont paru moins prudes qu’ici.
Vivante, dynamique, pleine d’énergie, excellente cuisinière, Stéphana est la gérante de la cafétéria. Elle a encore un atout en sa faveur : elle crée de jolis bracelets de perles. Évidemment j’en achète un, tout en pierre de lépidolithe, aux qualités nourricières et aux propriétés de guérison qui lui valent parfois le surnom de «pierre de grand-mère », « pierre de la paix » ou « pierre de la transition ». Avec tout cela je suis parée pour reprendre le cours de mon voyage, et surtout la pente pour remonter la baie de Saint-Pol. C’est parti ! Je prends de l’élan ! Je passe les vitesses. Grand pignon et petit plateau !
Deux touristes assis sur un muret me suivent du regard… mais mon exploit ne dure pas… patatras ma chaîne déraille ! C’est très rageant ! La dame se précipite pour m’aider. Mais ce n’est pas compliqué de replacer une chaîne. Deux mains suffisent ! Nous en profitons pour discuter un peu. Ce matin, elle a tenté de grimper les côtes avec son vélo électrique et a capitulé avant d’atteindre Saint-Pol. Je reste dubitative.
Puis je pars. Cela est difficile de démarrer dans une bonne côte avec les vitesses qui moulinent et en mobilisant plus de cent kilogrammes, vélo chargé plus mon propre poids qui j’espère, s’allègera grâce aux milliers d’heures de vélo en trois mois.
Je sais le regard des touristes porté sur moi. Je me contraints à dépasser le virage, l’effort est rude, et hors de leur portée, je descends de mon vélo. C’est trop dur !
J’arrive à la gare maritime de Roscoff après quelques péripéties dans des chemins empierrés ou sableux. Trop lourd, mon vélo risque de déraper.
Je rencontre quatre italiens. Marrants, bruyants, bavards. Nous nous comprenons. Il est incontestable que la langue italienne m’est plus familière que la langue anglaise.
Antonio, Luciano, Maori, Luigi, dont deux pensionnés. Le plus âgé a mon âge. Il me regarde avec sensibilité. Les deux autres un peu plus jeunes travaillent encore. Un électricien, un plombier, un yaourtier et un ingénieur en électricité.
Leurs vélos me semblent datés. Accrochée avec un élastique sur le garde-boue de la roue avant, une boîte de glace m’intrigue. Luigi me renseigne : « C’est l’officine !» Il ouvre la boîte pour me montrer un bric à brac de vieux outils. D’ailleurs Luciano tente de trouver un écrou perdu pour son cale pied. Lorsque Luciano découvre que je réside à Besançon, il s’exclame : « Mia nuora è di Besançon ! » Nuora exprime la belle-fille. Là-encore, un élément nous rapproche. Après un certain temps, notre troupe de seniors se calme car nous devons embarquer parmi d’autres cyclo-voyageurs fort sages.
La traversée de Roscoff jusqu’à Cork va durer toute la nuit, douze heures. Ma minuscule cabine est en quelque sorte une cellule de prisonnière.
(Pour naviguer dans les différentes sections : c’est au début du carnet sous le titre « informations propres à chaque section)
Sinon à la fin d’une section qui comportera cinq jours cliquer sur SUITE pour atteindre la section suivante
Saint-Pol-de-Léon / Roscoff
3e jour 5 juillet
Saint-Pol-de-Léon / Roscoff
Charmant camping ! Peu onéreux. Avec petite piscine, mais je n’ai pas emporté de maillot de bain. Rien de rien ! Aucun surplus ! Je ne vais pas répéter ici mes fantaisies des pays du nord sans compter que les gens du nord m’ont paru moins prudes qu’ici.
Vivante, dynamique, pleine d’énergie, excellente cuisinière, Stéphana est la gérante de la cafétéria. Elle a encore un atout en sa faveur : elle crée de jolis bracelets de perles. Évidemment j’en achète un, tout en pierre de lépidolithe, aux qualités nourricières et aux propriétés de guérison qui lui valent parfois le surnom de «pierre de grand-mère », « pierre de la paix » ou « pierre de la transition ». Avec tout cela je suis parée pour reprendre le cours de mon voyage, et surtout la pente pour remonter la baie de Saint-Pol. C’est parti ! Je prends de l’élan ! Je passe les vitesses. Grand pignon et petit plateau !
Deux touristes assis sur un muret me suivent du regard… mais mon exploit ne dure pas… patatras ma chaîne déraille ! C’est très rageant ! La dame se précipite pour m’aider. Mais ce n’est pas compliqué de replacer une chaîne. Deux mains suffisent ! Nous en profitons pour discuter un peu. Ce matin, elle a tenté de grimper les côtes avec son vélo électrique et a capitulé avant d’atteindre Saint-Pol. Je reste dubitative.
Puis je pars. Cela est difficile de démarrer dans une bonne côte avec les vitesses qui moulinent et en mobilisant plus de cent kilogrammes, vélo chargé plus mon propre poids qui j’espère, s’allègera grâce aux milliers d’heures de vélo en trois mois.
Je sais le regard des touristes porté sur moi. Je me contraints à dépasser le virage, l’effort est rude, et hors de leur portée, je descends de mon vélo. C’est trop dur !
J’arrive à la gare maritime de Roscoff après quelques péripéties dans des chemins empierrés ou sableux. Trop lourd, mon vélo risque de déraper.
Je rencontre quatre italiens. Marrants, bruyants, bavards. Nous nous comprenons. Il est incontestable que la langue italienne m’est plus familière que la langue anglaise.
Antonio, Luciano, Maori, Luigi, dont deux pensionnés. Le plus âgé a mon âge. Il me regarde avec sensibilité. Les deux autres un peu plus jeunes travaillent encore. Un électricien, un plombier, un yaourtier et un ingénieur en électricité.
Leurs vélos me semblent datés. Accrochée avec un élastique sur le garde-boue de la roue avant, une boîte de glace m’intrigue. Luigi me renseigne : « C’est l’officine !» Il ouvre la boîte pour me montrer un bric à brac de vieux outils. D’ailleurs Luciano tente de trouver un écrou perdu pour son cale pied. Lorsque Luciano découvre que je réside à Besançon, il s’exclame : « Mia nuora è di Besançon ! » Nuora exprime la belle-fille. Là-encore, un élément nous rapproche. Après un certain temps, notre troupe de seniors se calme car nous devons embarquer parmi d’autres cyclo-voyageurs fort sages.
La traversée de Roscoff jusqu’à Cork va durer toute la nuit, douze heures. Ma minuscule cabine est en quelque sorte une cellule de prisonnière.
(Pour naviguer dans les différentes sections : c’est au début du carnet sous le titre « informations propres à chaque section)
Sinon à la fin d’une section qui comportera cinq jours cliquer sur SUITE pour atteindre la section suivante
Luciano remet son vélo en état, alors qu’ils sont venus du lac de Garde en voiture jusqu’à Roscoff
Luciano, Luigi, moi et Maori
Il est temps de partir