L'Irlande ! La verte Érin, pour un tour complet à vélo.
L'irlande ! La Verte Érin... aux paysages verdoyants. Irlande, Irlande du nord, voilà mon projet de cette année 2025 pour un tour complet de trois mille kilomètres auquel il faudra ajouter ma traversée de la France de Roscoff à Besançon : mille-cinq-cents kilomètres.
Partir seule à vélo pour faire le tour de France, rallier Saint-Nazaire à la mer Noire ou encore pédaler de Besançon jusqu’au cap Nord, ce n’est pas simplement admirer des paysages, des villes, des musées et goûter à de nouvelles saveurs. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres cultures, de plonger dans des traditions inconnues et, peut-être plus que tout, d’apprendre à se connaître soi-même.
Partir seule à vélo pour faire le tour de France, rallier Saint-Nazaire à la mer Noire ou encore pédaler de Besançon jusqu’au cap Nord, ce n’est pas simplement admirer des paysages, des villes, des musées et goûter à de nouvelles saveurs. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres cultures, de plonger dans des traditions inconnues et, peut-être plus que tout, d’apprendre à se connaître soi-même.
Quand : 02/07/2025
Durée : 65 jours
Durée : 65 jours
Distance globale :
5613km
Dénivelées :
+19281m /
-19251m
Alti min/max : 0m/550m
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en
train
ferry
592 lecteur(s)
-
Vue d'ensemble
Le topo : Section 1 : du 5 au 10 juillet .. (mise à jour : 12 juil.)
Distance section :
313km
Dénivelées section :
+497m /
-516m
Section Alti min/max : 4m/191m
Description :
CORK / Glenbro, Monkstown / Carrigaline / Croschaven / Minane Bridge, / Robets Cove / Carrugakuben / Criscgavenn / Nohoval / Kinsale / Timoleague, Clonakilty / Rosscarbery / Glandore / Union Hall / Cross / Skibbereen / Ballydehob / Schull / Toormore / Ballyvoge / Lackavaun / Durrus / Kilcrohane, /Seefin / Bantry, /lengariff / Derryconnery
Le compte-rendu : Section 1 : du 5 au 10 juillet .. (mise à jour : 12 juil.)
Samedi 5 juillet 2025 - 4e jour - 67 km / 681 m de dénivelé positif
CORK, Glenbro, Monkstown, Carrigaline, Croschaven, Minane Bridge, Robets Cove, Carrugakuben Criscgavenn, Nohoval, Kinsale
Réveillée dès l’aurore, je prends le temps de visiter le ferry. Il offre de nombreux passe-temps pour les enfants. Des jeux de dingues où ils sont assis sur des motos qui tanguent et regardent des écrans qui flashent des couleurs multicolores. Ailleurs, d’autres ne bronchent pas assis confortablement dans de moelleux fauteuils à leur taille, toit en s’abreuvant de dessins animés sur grand-écran.
Aucun jeu n’est prévu pour développer la créativité. D’accord ! C’est la vieille instite qui parle !
Mon amie Marie-France, institutrice de maternelle, me répétait souvent : « Nous repérons immédiatement les enfants aux doigts palmés ! » La syndactylie… Le geste de préhension n’est pas acquis. Ces enfants, dès l’instant où ils se tiennent assis, sont nourris de téléphones ou jeux électroniques. Des enfants coupés du monde et devenus monotâche.
Je poursuis ma visite. Cinq étages à observer. Je commence par le pont, et je marche tout autour du ferry. Les caillebotis sont mouillés et glissants. De surcroît, je tangue avec le bateau. Mon allure n’est pas très sportive !
Un étage est réservé à des salons, des bars, des cafétérias et le restaurant.
Deux étages, aux couloirs extrêmement étroits, sont prévus pour les cabines au nombre impressionnant.
Un autre étage permet différents divertissements tels les spas, la piscine, la salle de cinéma.
Mais nous ne sommes pas là pour ça ! La plupart des adultes se prélasse à la cafétéria ou dans les multiples salons, se reposant après une nuit peut-être inconfortable.
Ma nuit fut entrecoupée par des claquements, grincements, crissements. La cabine se contorsionnait au gré du roulis du bateau, me donnant l’impression parfois que la cabine allait se dézinguer.
Puis tout se précipite. Il faut rejoindre les cales pour récupérer voitures, camions, camping-cars et surtout vélos.
La bande des cinq se reforment : les Italiens et moi. La nuit nous a calmés.
Ce sont les autres, une vingtaine de cyclo-voyageurs qui alimente la discussion. Je fais connaissance avec certains d’entre eux, tout le monde est heureux, bavard. Stephane arrive de Toulouse à vélo pour trois mois, toujours à vélo, en Irlande. D’autres travaillant encore, ne feront qu’un petit circuit. Mathieu m’annonce en regardant mon vélo : « Je ne suis pas complet puisque ma compagne, en voiture, m’attend à chaque fin d’étape avec les bagages ».
Nous sortons sans encombre des entrailles du monstre. Heureusement, les gardiens veillent sur nous et régule la circulation.
Maintenant cela devient sérieux ! Casque, gilet jaune, drapeau, toutes les sécurités sont au rouge car je dois emprunter une route très circulante, limitée à cent kilomètres à l’heure. Heureusement, une bande étroite nous est réservée. Une simple ligne discontinue nous sépare de la chaussée des véhicules.
Quelques kilomètres plus loin, je m’enfonce dans le forêt sur une voie verte bien à l’ombre, la température est de 32°. J’ai trop chaud !
Dans la campagne, les vaches m’accompagnent derrière leur barrière sur quelques mètres. La plage de Myrtleville est un véritable cocon au bout d’une anse de la mer.
Et puis tout se complique. Je me confronte à des côtes qui n’en finissent pas, de plusieurs kilomètres, de six à neuf pour cent de dénivelé, entrecoupées de courtes descentes. Elles paraissent toujours courtes.
Mon duathlon commence. Marches poussant ma lourde monture pour un petit moment de bonheur lorsque je remonte sur le vélo et pédale dans de vertigineuses descentes.
Je doute de parvenir au camping de la motoferme, pour une étape prévue de soixante-six kilomètres. Je suis partie à midi.
La route côtière est étroite. Les voitures ne peuvent se croiser. Les automobilistes sont prudents.
Il ne faut pas oublier de rouler à gauche. Le pire se situe après un stop lorsqu’il faut tourner soit à gauche ou à droite.
La gauche c’est la droite… j’y perds mes repères. Ma vigilance ne doit jamais faillir tant que je n’aurai pas acquis les bons réflexes.
Durant cette première journée, je pense à mon ami Paul, Canadien, qui est parti depuis une dizaine de jours du cap Nord. Malgré la splendeur des paysages, il éprouve beaucoup de stress au cours des franchissements des tunnels et des ponts. Voyage que j’ai réalisé en 2022.
En Irlande, la difficulté réside dans les dénivelés éprouvants, la route côtière très étroite et la chaleur qui est le comble pour l’Irlande.
Je parviens tardivement au camping motoferme. Je pensais
planter ma tante au milieu de motards. Mais non ! Seul Olivier qui est descendu du ferry en même temps que moi, a planté sa tente depuis plusieurs heures.
Il est surpris de me voir, car il pensait que je faisais partie du groupes des Italiens.
Il a aussi de nombreux voyages à vélo à son actif. Il est allé au cap Nord à moto en 2023. Nous passons une chaleureuse soirée autour de nos expériences communes.
CORK, Glenbro, Monkstown, Carrigaline, Croschaven, Minane Bridge, Robets Cove, Carrugakuben Criscgavenn, Nohoval, Kinsale
Réveillée dès l’aurore, je prends le temps de visiter le ferry. Il offre de nombreux passe-temps pour les enfants. Des jeux de dingues où ils sont assis sur des motos qui tanguent et regardent des écrans qui flashent des couleurs multicolores. Ailleurs, d’autres ne bronchent pas assis confortablement dans de moelleux fauteuils à leur taille, toit en s’abreuvant de dessins animés sur grand-écran.
Aucun jeu n’est prévu pour développer la créativité. D’accord ! C’est la vieille instite qui parle !
Mon amie Marie-France, institutrice de maternelle, me répétait souvent : « Nous repérons immédiatement les enfants aux doigts palmés ! » La syndactylie… Le geste de préhension n’est pas acquis. Ces enfants, dès l’instant où ils se tiennent assis, sont nourris de téléphones ou jeux électroniques. Des enfants coupés du monde et devenus monotâche.
Je poursuis ma visite. Cinq étages à observer. Je commence par le pont, et je marche tout autour du ferry. Les caillebotis sont mouillés et glissants. De surcroît, je tangue avec le bateau. Mon allure n’est pas très sportive !
Un étage est réservé à des salons, des bars, des cafétérias et le restaurant.
Deux étages, aux couloirs extrêmement étroits, sont prévus pour les cabines au nombre impressionnant.
Un autre étage permet différents divertissements tels les spas, la piscine, la salle de cinéma.
Mais nous ne sommes pas là pour ça ! La plupart des adultes se prélasse à la cafétéria ou dans les multiples salons, se reposant après une nuit peut-être inconfortable.
Ma nuit fut entrecoupée par des claquements, grincements, crissements. La cabine se contorsionnait au gré du roulis du bateau, me donnant l’impression parfois que la cabine allait se dézinguer.
Puis tout se précipite. Il faut rejoindre les cales pour récupérer voitures, camions, camping-cars et surtout vélos.
La bande des cinq se reforment : les Italiens et moi. La nuit nous a calmés.
Ce sont les autres, une vingtaine de cyclo-voyageurs qui alimente la discussion. Je fais connaissance avec certains d’entre eux, tout le monde est heureux, bavard. Stephane arrive de Toulouse à vélo pour trois mois, toujours à vélo, en Irlande. D’autres travaillant encore, ne feront qu’un petit circuit. Mathieu m’annonce en regardant mon vélo : « Je ne suis pas complet puisque ma compagne, en voiture, m’attend à chaque fin d’étape avec les bagages ».
Nous sortons sans encombre des entrailles du monstre. Heureusement, les gardiens veillent sur nous et régule la circulation.
Maintenant cela devient sérieux ! Casque, gilet jaune, drapeau, toutes les sécurités sont au rouge car je dois emprunter une route très circulante, limitée à cent kilomètres à l’heure. Heureusement, une bande étroite nous est réservée. Une simple ligne discontinue nous sépare de la chaussée des véhicules.
Quelques kilomètres plus loin, je m’enfonce dans le forêt sur une voie verte bien à l’ombre, la température est de 32°. J’ai trop chaud !
Dans la campagne, les vaches m’accompagnent derrière leur barrière sur quelques mètres. La plage de Myrtleville est un véritable cocon au bout d’une anse de la mer.
Et puis tout se complique. Je me confronte à des côtes qui n’en finissent pas, de plusieurs kilomètres, de six à neuf pour cent de dénivelé, entrecoupées de courtes descentes. Elles paraissent toujours courtes.
Mon duathlon commence. Marches poussant ma lourde monture pour un petit moment de bonheur lorsque je remonte sur le vélo et pédale dans de vertigineuses descentes.
Je doute de parvenir au camping de la motoferme, pour une étape prévue de soixante-six kilomètres. Je suis partie à midi.
La route côtière est étroite. Les voitures ne peuvent se croiser. Les automobilistes sont prudents.
Il ne faut pas oublier de rouler à gauche. Le pire se situe après un stop lorsqu’il faut tourner soit à gauche ou à droite.
La gauche c’est la droite… j’y perds mes repères. Ma vigilance ne doit jamais faillir tant que je n’aurai pas acquis les bons réflexes.
Durant cette première journée, je pense à mon ami Paul, Canadien, qui est parti depuis une dizaine de jours du cap Nord. Malgré la splendeur des paysages, il éprouve beaucoup de stress au cours des franchissements des tunnels et des ponts. Voyage que j’ai réalisé en 2022.
En Irlande, la difficulté réside dans les dénivelés éprouvants, la route côtière très étroite et la chaleur qui est le comble pour l’Irlande.
Je parviens tardivement au camping motoferme. Je pensais
planter ma tante au milieu de motards. Mais non ! Seul Olivier qui est descendu du ferry en même temps que moi, a planté sa tente depuis plusieurs heures.
Il est surpris de me voir, car il pensait que je faisais partie du groupes des Italiens.
Il a aussi de nombreux voyages à vélo à son actif. Il est allé au cap Nord à moto en 2023. Nous passons une chaleureuse soirée autour de nos expériences communes.
Dimanche 6 juillet 2025 - 5e jour - 64 km / 707 m de dénivelé positif
Kinsale, Timoleague, Clonakilty
Olivier et moi, repartons de bon matin. Quelques dizaines de mètres plus loin il s’exclame : « Oh ! Nous sommes du mauvais côté de la route ! » Les réflexes de la conduite sont loin d’être intégrés.
D’emblée une côte me met à rude épreuve.
Olivier a cinquante-cinq ans. Il est de taille élancée au corps sportif. C’est un bel athlète. Il a pour habitude de rejoindre son chalet dans les Alpes, à vélo, en haut d’un col très difficile de mille mètres, et ceci deux fois par semaine.
Il pédale tranquillement et gravit cette imposante côte sans difficulté. Puis je le vois redescendre à pied pour s’emparer de mon vélo et il m’informe : « Je pensais votre vélo beaucoup plus lourd. Il me semble léger par rapport au mien ! » C’est incontestable, ces effets sont plus nombreux et plus lourds.
Je traverse Kinsale. Que c’est beau ! De petites maisons a un étage, serrées les unes contre les autres, colorées de bleu, de violet, de rose, et surtout de toutes les nuances de vert : vert émeraude, vert de gris, vert canard, vert olive…
Dans la campagne, les maisons sont plus sobres : blanches, grises et ocre. D’amples baies vitrées laissent entrer la lumière et ne sont pas obstruées par des rideaux.
Alors que je croyais Olivier loin devant, je l’aperçois dans mon rétroviseur. Son GPS l’a conduit à pédaler dix kilomètres pour rien. Il a parcouru vingt kilomètres, moi dix, ce qui se traduit par : « Il va deux fois plus vite que moi ! »
Il prend le temps de me montrer une fonction sur mon GPS, inconnue pour moi. Il me demande s’il peut me prendre en photo en énonçant : « Je vais la montrer à des jeunes de vingt ans… »
Le vent s’ajoute aux difficultés des côtes. Évidemment de face ! D’ailleurs j’ai toujours le vent de face ! Car si parfois je vent me pousse, j’ai l’impression d’avoir une forme hors du commun. Le vent de dos ne se perçoit pas, il reste silencieux. Et puis voilà un troisième ennemi… au fond de chaque anse de mer se niche une plage de sable fin. Le vent le soulève, le fait tourbillonner. Il devient endiablée et, bien sûr, je le reçois en pleine figure. Un casque avec visière est ma dernière acquisition, j’en suis ravie. J’aurais préféré une visière intégrale, mais cela ne semble pas exister pour le vélo voyage. Et il n’en manquait qu’une seule au rendez-vous ! La pluie vient rejoindre ses amis. Mais ce bal ne l’intéresse pas, elle disparaît rapidement, pour laisser la place à celui que l’on avait oublié : le soleil. D’ailleurs on dit ici, comme dans d’autres pays du Nord, que l’on peut observer les quatre saisons au cours d’une même journée.
Parfois, au bord de la route, s’expose une table couverte de légumes et de fruits. J’achète deux petites courgettes et glisse mon argent dans une tirelire.
Olivier m’informe de deux campings qu’il a aperçu en passant. Il s’est arrêté à un camping à la ferme à une
vingtaine de kilomètres. Il est dix-neuf heures, il est temps pour moi de m’arrêter dans un camping très rustique, hors de prix et au champ en pente. C’est difficile de dormir cramponnée à son matelas !!!
Je constate que mon duathlon est bien équilibré. Ma distance à pied est à peu près équivalente à celle à vélo.
Les côtes sont abruptes et les alternances côtes et descentes très rapprochées. C’est difficile pour moi. Mais j’ai le temps ! J’y arriverai !
Les panoramas de l’Irlande sont somptueux ! C’est un cadeau à chaque instant.
Kinsale, Timoleague, Clonakilty
Olivier et moi, repartons de bon matin. Quelques dizaines de mètres plus loin il s’exclame : « Oh ! Nous sommes du mauvais côté de la route ! » Les réflexes de la conduite sont loin d’être intégrés.
D’emblée une côte me met à rude épreuve.
Olivier a cinquante-cinq ans. Il est de taille élancée au corps sportif. C’est un bel athlète. Il a pour habitude de rejoindre son chalet dans les Alpes, à vélo, en haut d’un col très difficile de mille mètres, et ceci deux fois par semaine.
Il pédale tranquillement et gravit cette imposante côte sans difficulté. Puis je le vois redescendre à pied pour s’emparer de mon vélo et il m’informe : « Je pensais votre vélo beaucoup plus lourd. Il me semble léger par rapport au mien ! » C’est incontestable, ces effets sont plus nombreux et plus lourds.
Je traverse Kinsale. Que c’est beau ! De petites maisons a un étage, serrées les unes contre les autres, colorées de bleu, de violet, de rose, et surtout de toutes les nuances de vert : vert émeraude, vert de gris, vert canard, vert olive…
Dans la campagne, les maisons sont plus sobres : blanches, grises et ocre. D’amples baies vitrées laissent entrer la lumière et ne sont pas obstruées par des rideaux.
Alors que je croyais Olivier loin devant, je l’aperçois dans mon rétroviseur. Son GPS l’a conduit à pédaler dix kilomètres pour rien. Il a parcouru vingt kilomètres, moi dix, ce qui se traduit par : « Il va deux fois plus vite que moi ! »
Il prend le temps de me montrer une fonction sur mon GPS, inconnue pour moi. Il me demande s’il peut me prendre en photo en énonçant : « Je vais la montrer à des jeunes de vingt ans… »
Le vent s’ajoute aux difficultés des côtes. Évidemment de face ! D’ailleurs j’ai toujours le vent de face ! Car si parfois je vent me pousse, j’ai l’impression d’avoir une forme hors du commun. Le vent de dos ne se perçoit pas, il reste silencieux. Et puis voilà un troisième ennemi… au fond de chaque anse de mer se niche une plage de sable fin. Le vent le soulève, le fait tourbillonner. Il devient endiablée et, bien sûr, je le reçois en pleine figure. Un casque avec visière est ma dernière acquisition, j’en suis ravie. J’aurais préféré une visière intégrale, mais cela ne semble pas exister pour le vélo voyage. Et il n’en manquait qu’une seule au rendez-vous ! La pluie vient rejoindre ses amis. Mais ce bal ne l’intéresse pas, elle disparaît rapidement, pour laisser la place à celui que l’on avait oublié : le soleil. D’ailleurs on dit ici, comme dans d’autres pays du Nord, que l’on peut observer les quatre saisons au cours d’une même journée.
Parfois, au bord de la route, s’expose une table couverte de légumes et de fruits. J’achète deux petites courgettes et glisse mon argent dans une tirelire.
Olivier m’informe de deux campings qu’il a aperçu en passant. Il s’est arrêté à un camping à la ferme à une
vingtaine de kilomètres. Il est dix-neuf heures, il est temps pour moi de m’arrêter dans un camping très rustique, hors de prix et au champ en pente. C’est difficile de dormir cramponnée à son matelas !!!
Je constate que mon duathlon est bien équilibré. Ma distance à pied est à peu près équivalente à celle à vélo.
Les côtes sont abruptes et les alternances côtes et descentes très rapprochées. C’est difficile pour moi. Mais j’ai le temps ! J’y arriverai !
Les panoramas de l’Irlande sont somptueux ! C’est un cadeau à chaque instant.
Lundi 7 juillet 2025 - 6e jour - 44 km / 656 m
Clonakilty / Rosscarbery / Glandore / Union Hall / Cross / Skibbereen
Je quitte le Camping rustique de Klonakilty
Quelques kilomètres plus loin, dans la ville, je peux enfin m’approvisionner. Je me nourrissais depuis deux jours grâce à mon maigre stock de provisions. Les courses sont un rituel quotidien, avec l’objectif de ne pas trop ajouter de poids sur la bicyclette.
Aujourd’hui, je ne me suis fixée qu’une petite étape de quarante-quatre kilomètres. Demain je vais doubler cette étape avec un dénivelé positif de presque mille mètres. Je suppose qu’il me faudra la fractionner.
De nouveau j’enchaîne les côtes. Au cours d’une descente, je croise un cyclo-voyageur solitaire et en sens inverse. Il est recourbé sur son vélo. Il peine ! Il est essoufflé ! Son attitude me rassure.
Je descends et remonte fréquemment de mon vélo. Tout ceci est fatigant. Je dois lancer ma jambe par dessus le cadre, tout en maintenant cette lourde monture de quarante-cinq kilogrammes positionnée quelque peu à l’oblique. C’est du sport dans le sport !
Après avoir parcouru en 2022 de Besançon au Cap Nord, je constate que mon début de voyage en Irlande est difficile comparativement.
Heureusement, j’ai le privilège de récupérer très rapidement et de ne pas trop ressentir la fatigue.
Olivier m’informe des difficultés qu’il rencontre. Le secteur où il est, celui que j’emprunterai demain, est extrêmement contraignant. Il a déjà dû pousser son vélo à trois reprises.
S’il pousse son vélo, je devrai faire du stop !
Apres son travail, il rejoint son chalet en haut d’un col de mille mètres situé dans les Alpes. Trois fois à vélo électrique et deux fois à vélo musculaire. Il me conseille : « Passez-là demain matin lorsque l’on est encore en forme et non l’après-midi ou la fatigue commence à se faire sentir. » il continue à me vouvoyer, moi je le tutoie.
Je crains de ne pas être suffisamment costaude pour pousser mon vélo dans de telles côtes, épouvantablement abruptes.
Ma journée se poursuit sur des routes secondaires sur lesquelles il est difficile de se croiser. Je tiens à souligner la remarquable conduite des automobilistes irlandais. Ils s’arrêtent loin derrière moi, roulent à la même vitesse que la mienne, c’est-à-dire aux alentours de dix kilomètres à l’heure et me doublent lorsque la visibilité est parfaite, en se déportant sur l’autre voie ou dans le talus lorsque la route est très étroite.
Régulièrement des panneaux annoncent la distance entre un cycliste et leur véhicule. Elle est d’un mètre cinquante comme ailleurs.
Hélas, l’EuroVelo1 m’entraîne sur une nationale. Tous mes messages d’alerte sont au rouge : gilet jaune, drapeau, éclairage alternatif. L’éclairage inhérent à mon vélo, branché sur la dynamo,ne fonctionne pas ! Mal m’en a pris de ne pas vérifier toutes les caractéristiques de ma bicyclette avant de partir.
Peu après, je quitte cette voie circulante et angoissante pour retrouver… des côtes. Évidemment !
Parfois de petits moments savoureux se dégustent. Devant une ferme, une jolie table avec fleurs et fraises fraîches m’arrêtent net. Un excellent dessert pour ce début d’après-midi, alors que je n’ai pas encore déjeuné. Absolument savoureuses. Le coût est de trois euros. L’argent est à déposer dans une boîte ouverte. Il est appréciable de voir que la solidarité, l’honnêteté existe toujours en ce monde.
Je m’arrête à une guinguette en bordure d’une de ces plages. Le tourisme est principalement irlandais. Peu de monde. L’endroit est décoré â l’Irlandaise. (Pas le temps de décrire, regardez la photo). C’était une belle surprise ! Le café est délicieux. En ajoutant du lait, en tapant le fond de la tasse sur le bar, la serveuse réussit à créer des motifs à la surface du café, parfois un cœur ou des fougères. La prochaine fois je leur demande de me montrer le geste.
Au cours d’une autre descente toujours aussi vertigineuse, je suis surprise par de nombreuses personnes attablées en plein soleil de chaque côté de la route. Cela s’explique par l’hôtel surplombant la route. Aucun parasol. Certains sont cramoisis, mais semblent tellement heureux de profiter de ce soleil.
J’arrive enfin au charmant camping de Skibereen tenu par deux sympathiques dames, Névé et Derbhla, qui n’ont pas oublié de fleurir tous les espaces communs, y compris les sanitaires.
Je rédige encore tardivement mon carnet. J’ai plusieurs jours de retard, alors qu’il devrait être écrit au jour le jour. Sinon les aventures du jour recouvrent les précédentes.
Après ces trois jours en Irlande, je constate que les Irlandais sont très aimables, chaleureux, attentifs. De la douceur émane dans leur diction.
Les panoramas sont splendides. Soit je suis entourée d’un écrin de verdure formé par des prés délimités par d’épaisses haies rendant le paysage tel un patchwork d’un camaïeu de vert.
Soit je me confronte à de longues côtes abruptes qui se terminent par des descentes tout aussi abruptes avec, progressivement, une vue plongeante sur les baies et les petites plages qui les bordent.
Un paysage somptueux dans lequel le cyclo-voyageur entre peu à peu.
Parfois aussi, nous apprenons des nouvelles effroyables. Mon amie Catherine m’informe que Lennart, qu’elle connaît bien, jeune cyclo-voyageur bisontin de dix-huit ans, parti de Besançon pour le Japon, est porté disparu en Iran depuis le 16 juin. Je suis affectée par cette nouvelle .
Puis les idées se bousculent dans ma tête m’empêchant de trouver le sommeil.
Clonakilty / Rosscarbery / Glandore / Union Hall / Cross / Skibbereen
Je quitte le Camping rustique de Klonakilty
Quelques kilomètres plus loin, dans la ville, je peux enfin m’approvisionner. Je me nourrissais depuis deux jours grâce à mon maigre stock de provisions. Les courses sont un rituel quotidien, avec l’objectif de ne pas trop ajouter de poids sur la bicyclette.
Aujourd’hui, je ne me suis fixée qu’une petite étape de quarante-quatre kilomètres. Demain je vais doubler cette étape avec un dénivelé positif de presque mille mètres. Je suppose qu’il me faudra la fractionner.
De nouveau j’enchaîne les côtes. Au cours d’une descente, je croise un cyclo-voyageur solitaire et en sens inverse. Il est recourbé sur son vélo. Il peine ! Il est essoufflé ! Son attitude me rassure.
Je descends et remonte fréquemment de mon vélo. Tout ceci est fatigant. Je dois lancer ma jambe par dessus le cadre, tout en maintenant cette lourde monture de quarante-cinq kilogrammes positionnée quelque peu à l’oblique. C’est du sport dans le sport !
Après avoir parcouru en 2022 de Besançon au Cap Nord, je constate que mon début de voyage en Irlande est difficile comparativement.
Heureusement, j’ai le privilège de récupérer très rapidement et de ne pas trop ressentir la fatigue.
Olivier m’informe des difficultés qu’il rencontre. Le secteur où il est, celui que j’emprunterai demain, est extrêmement contraignant. Il a déjà dû pousser son vélo à trois reprises.
S’il pousse son vélo, je devrai faire du stop !
Apres son travail, il rejoint son chalet en haut d’un col de mille mètres situé dans les Alpes. Trois fois à vélo électrique et deux fois à vélo musculaire. Il me conseille : « Passez-là demain matin lorsque l’on est encore en forme et non l’après-midi ou la fatigue commence à se faire sentir. » il continue à me vouvoyer, moi je le tutoie.
Je crains de ne pas être suffisamment costaude pour pousser mon vélo dans de telles côtes, épouvantablement abruptes.
Ma journée se poursuit sur des routes secondaires sur lesquelles il est difficile de se croiser. Je tiens à souligner la remarquable conduite des automobilistes irlandais. Ils s’arrêtent loin derrière moi, roulent à la même vitesse que la mienne, c’est-à-dire aux alentours de dix kilomètres à l’heure et me doublent lorsque la visibilité est parfaite, en se déportant sur l’autre voie ou dans le talus lorsque la route est très étroite.
Régulièrement des panneaux annoncent la distance entre un cycliste et leur véhicule. Elle est d’un mètre cinquante comme ailleurs.
Hélas, l’EuroVelo1 m’entraîne sur une nationale. Tous mes messages d’alerte sont au rouge : gilet jaune, drapeau, éclairage alternatif. L’éclairage inhérent à mon vélo, branché sur la dynamo,ne fonctionne pas ! Mal m’en a pris de ne pas vérifier toutes les caractéristiques de ma bicyclette avant de partir.
Peu après, je quitte cette voie circulante et angoissante pour retrouver… des côtes. Évidemment !
Parfois de petits moments savoureux se dégustent. Devant une ferme, une jolie table avec fleurs et fraises fraîches m’arrêtent net. Un excellent dessert pour ce début d’après-midi, alors que je n’ai pas encore déjeuné. Absolument savoureuses. Le coût est de trois euros. L’argent est à déposer dans une boîte ouverte. Il est appréciable de voir que la solidarité, l’honnêteté existe toujours en ce monde.
Je m’arrête à une guinguette en bordure d’une de ces plages. Le tourisme est principalement irlandais. Peu de monde. L’endroit est décoré â l’Irlandaise. (Pas le temps de décrire, regardez la photo). C’était une belle surprise ! Le café est délicieux. En ajoutant du lait, en tapant le fond de la tasse sur le bar, la serveuse réussit à créer des motifs à la surface du café, parfois un cœur ou des fougères. La prochaine fois je leur demande de me montrer le geste.
Au cours d’une autre descente toujours aussi vertigineuse, je suis surprise par de nombreuses personnes attablées en plein soleil de chaque côté de la route. Cela s’explique par l’hôtel surplombant la route. Aucun parasol. Certains sont cramoisis, mais semblent tellement heureux de profiter de ce soleil.
J’arrive enfin au charmant camping de Skibereen tenu par deux sympathiques dames, Névé et Derbhla, qui n’ont pas oublié de fleurir tous les espaces communs, y compris les sanitaires.
Je rédige encore tardivement mon carnet. J’ai plusieurs jours de retard, alors qu’il devrait être écrit au jour le jour. Sinon les aventures du jour recouvrent les précédentes.
Après ces trois jours en Irlande, je constate que les Irlandais sont très aimables, chaleureux, attentifs. De la douceur émane dans leur diction.
Les panoramas sont splendides. Soit je suis entourée d’un écrin de verdure formé par des prés délimités par d’épaisses haies rendant le paysage tel un patchwork d’un camaïeu de vert.
Soit je me confronte à de longues côtes abruptes qui se terminent par des descentes tout aussi abruptes avec, progressivement, une vue plongeante sur les baies et les petites plages qui les bordent.
Un paysage somptueux dans lequel le cyclo-voyageur entre peu à peu.
Parfois aussi, nous apprenons des nouvelles effroyables. Mon amie Catherine m’informe que Lennart, qu’elle connaît bien, jeune cyclo-voyageur bisontin de dix-huit ans, parti de Besançon pour le Japon, est porté disparu en Iran depuis le 16 juin. Je suis affectée par cette nouvelle .
Puis les idées se bousculent dans ma tête m’empêchant de trouver le sommeil.
Mardi 8 juillet2025 - 7e jour
88 km / 991 m
Skibbereen, Ballydehob, Schull, Toormore, Ballyvoge, Lackavaun, Durrus
Ce texte est encore en préparation… les photos sont placées ci-après pour cette journée
Les journées suivantes sont prêtes à être publiées.
Mais je vais boire une bière entre temps !!! Ce sera la première !
Je compte sur votre compréhension quant aux erreurs orthographiques. Il est très difficile de rédiger sur mon petit écran de téléphone.
88 km / 991 m
Skibbereen, Ballydehob, Schull, Toormore, Ballyvoge, Lackavaun, Durrus
Ce texte est encore en préparation… les photos sont placées ci-après pour cette journée
Les journées suivantes sont prêtes à être publiées.
Mais je vais boire une bière entre temps !!! Ce sera la première !
Je compte sur votre compréhension quant aux erreurs orthographiques. Il est très difficile de rédiger sur mon petit écran de téléphone.
Mercredi 9 juillet 2025 - 8e jour
64 km / 617 m
Durrus, Kilcrohane, Seefin, Bantry, Glengariff, Derryconnery
La lumière du matin est douce. Le soleil se lève tranquillement et inonde peu à peu un panorama merveilleux.
Le camping est situé sur une pointe de basse falaise comportant plusieurs baies et ainsi plusieurs plages. Il est construit en espalier, avec notamment des alignements de caravanes. Tout le monde a la vue sur la mer. Je n’observe que très peu de camping-cars. Les espaces pour les tentes sont situés en bordure de plages dans les arcs de cercle formés par les anses de la mer. Tout est magnifiquement orchestré. Les touristes sont irlandais.
Des cours de canoë sont distribués aux enfants. Des vacances vivifiantes et au calme.
Je reprends la route nationale secondaire N71 limitée à 100 km à l’heure. La vigilance doit être maximum. Il n’est pas question de tourner la tête de droite et de gauche, d’admirer les paysages. Ma trajectoire doit être parfaitement linéaire. D’autant plus que des crochets en relief et en fer, de vingt centimètres par dix, sont fichés tous les dix mètres sur les bandes jaunes discontinues marquant le bord de la chaussée. Sans doute des réflecteurs pour les véhicules. Mais gare à nous ! Si par mégarde nous passons dessus ou les effleurons, la chute est très certainement probable.
Le ciel est bleu pastel. Le soleil est là ! Il fait grimper la température et commence à me mettre en surchauffe dans deux petites côtes et un faux plat interminable. Néanmoins, je pédale allègrement ce matin.
Mes repères sont pris concernant la conduite à gauche. Cependant, il subsiste une grande confusion dans mon esprit lorsque je dois traverser la route, pour photographier par exemple, ou dans les villages pour aller d’un côté à l’autre des rues. Je suis incapable d’identifier de quel côté arrivent les véhicules.
Glengariff est un village célèbre pour sa beauté naturelle où les montagnes rencontrent la mer. Il compte environ deux-cents habitants. Les jolies maisons sont éclatantes, pétillantes par leurs variétés de couleurs soutenues. Je remarque de nombreux boutiques, dont l’une expose des peaux de mouton à la laine d’une épaisseur impressionnante. Le mouton est un véritable symbole national en Irlande ! Il faut dire qu'on compte plus de moutons que d'êtres humains sur le sol irlandais !
Également, de nombreux restaurants et pubs se partagent la rue centrale.
Je rencontre deux dames irlandaises à l’un de ces pubs. Deux amies de longue date. L’une réside à Cork et l’autre à Castlettownbere
Elles s’extasient devant ma bicyclette et me demandent si réellement elle n’est pas à assistance électrique. Je les photographie. Elle me photographie. Un petit moment sympathique.
Les parasols existent bien en Irlande. Chaque café du village installe confortablement ses clients à l’ombre.
Olivier m’a envoyé sa position hier soir. Il avance à la vitesse de l’éclair. Il a parcouru ce que j’aurais dû réaliser en plusieurs jours. En coupant par la campagne j’ai ainsi évité deux journées de pédalage, sans doute beaucoup plus selon le relief des lieux. À ma décharge, il n’a pas beaucoup de temps devant lui pour réaliser le tour de l’île. Son billet de ferry est réservé pour le 8 août. De plus, il est hyper entraîné et comme je l’ai déjà dit avec un gabarit d’excellent sportif, ce qui n’est pas mon cas. Mais petit à petit, j’y arriverai. Je suis honteuse d’avouer mon manque d’entraînement pour ce voyage-ci. Je savais que je me maudirais ! J’espère que ma mémoire musculaire va se réveiller, mais il fait tout de même quelque temps pour reconstituer ses fibres.
Apres Glengarriff, je traverse des zones montagneuse aux monts érodés. Les fameux moutons sont là ! Ils ont remplacé les vaches !
Olivier m’a informé sur le camping où il s’est arrêté la veille. En passant devant, je pense qu’un tel lieu est à connaître. Jamie, Daniel et leurs deux enfants de 6 et 4 ans ont immigré en Irlande en 2021. Ils sont Néerlandais. Ils disposent de chambres d’hôtes et ont aménagé ce merveilleux camping. Un mouchoir de poche ! Des tables en bois, peintes en bleu, un micro-terrain de foot pour les enfants et, à une place centrale, une cabane de forêt, bien ombragée, entourée d’arbres. À l’intérieur, sur le pourtour, sont disposées trois grosses tables en bois, peintes en bleu azur, avec les bancs accrochés, et deux bancs, bleu roi, terminent le cercle. Au centre de cette cabane, un amas de rochers sur lequel des morceaux de bois calcinés montrent que l’on peut peut se régaler de grillades. Évidemment je n’ai rien de tout cela. Ni saucisses, ni pavé de viande, rien de rien. Que des sardines dans la sacoche, du pain, une poire et une banane. Pas de quoi faire un gueuleton en utilisant le brasero du camping. Apres tous ces repas froids mangés sur le pouce, je crains de rêver à une immense côte de bœuf ou mieux encore, à de nombreuses côtes d’agneau.
Et chose incroyable… un étendoir à linge rotatif est planté bien au soleil. Demain, ma lessive ne sera pas accrochée sur la sacoche à l’arriere. Enfin un vélo comme j’aime, sans désordre, mis en valeur.
J’ai bien fait de ne parcourir que trente kilomètres aujourd’hui. Je considère que ces premiers jours sont une mise en jambe. Ma programmation est trop présomptueuse… d’habitude je fonctionne avec des étapes de 70 à 100 km quotidiennement. Mais en Irlande, pour l’instant, je ne réussis pas de si longues étapes.
Mon voisin de camping est Philip, 56 ans, Américain, randonneur. Il traverse l’Irlande du sud au nord en utilisant des chemins pédestres, voire la route exceptionnellement. Philip est barman à Seattle. En Amérique, les pourboires permettent d’excellents gains. Pendant son absence, il loue sa maison à deux amis, marcheurs comme lui.
Depuis une décennie, il travaille six mois dans l’année et consacre les six autres à ses voyages à pied. Il a déjà traversé l’Irlande d’ouest en est avec l’Écosse en prolongement. Les déserts du nouveau Mexique et de la Californie n’ont plus de secrets pour lui.
Nos traducteurs, lui le sien et moi le mien, nous permettent une grande rapidité d’échange. Nous nous racontons nos vies et nos expériences de voyageurs. Son désir de devenir Canadien est devenu prégnant depuis l’élection de Trump.
Philip est sympathique, rieur. Il constate que nous sommes un peu originaux pourquoi ne pas dire un peu fous de parcourir le monde à pied ou à vélo. On sait aussi que c’est une excellente façon d’intégrer un pays, de découvrir l’autre. Il me raconte qu’il a rencontré un nombre incalculable d’agriculteurs ou de paysans. Après cette belle rencontre, il me faut entrecouper des journées de vélo par une nuit qui se devrait être récupératrice. Hélas, mon matelas se dégonfle durant la nuit. J’espère que ce n’est qu’une petite histoire de valve peut-être mal positionnée. Sinon je devrai procéder à une réparation.
64 km / 617 m
Durrus, Kilcrohane, Seefin, Bantry, Glengariff, Derryconnery
La lumière du matin est douce. Le soleil se lève tranquillement et inonde peu à peu un panorama merveilleux.
Le camping est situé sur une pointe de basse falaise comportant plusieurs baies et ainsi plusieurs plages. Il est construit en espalier, avec notamment des alignements de caravanes. Tout le monde a la vue sur la mer. Je n’observe que très peu de camping-cars. Les espaces pour les tentes sont situés en bordure de plages dans les arcs de cercle formés par les anses de la mer. Tout est magnifiquement orchestré. Les touristes sont irlandais.
Des cours de canoë sont distribués aux enfants. Des vacances vivifiantes et au calme.
Je reprends la route nationale secondaire N71 limitée à 100 km à l’heure. La vigilance doit être maximum. Il n’est pas question de tourner la tête de droite et de gauche, d’admirer les paysages. Ma trajectoire doit être parfaitement linéaire. D’autant plus que des crochets en relief et en fer, de vingt centimètres par dix, sont fichés tous les dix mètres sur les bandes jaunes discontinues marquant le bord de la chaussée. Sans doute des réflecteurs pour les véhicules. Mais gare à nous ! Si par mégarde nous passons dessus ou les effleurons, la chute est très certainement probable.
Le ciel est bleu pastel. Le soleil est là ! Il fait grimper la température et commence à me mettre en surchauffe dans deux petites côtes et un faux plat interminable. Néanmoins, je pédale allègrement ce matin.
Mes repères sont pris concernant la conduite à gauche. Cependant, il subsiste une grande confusion dans mon esprit lorsque je dois traverser la route, pour photographier par exemple, ou dans les villages pour aller d’un côté à l’autre des rues. Je suis incapable d’identifier de quel côté arrivent les véhicules.
Glengariff est un village célèbre pour sa beauté naturelle où les montagnes rencontrent la mer. Il compte environ deux-cents habitants. Les jolies maisons sont éclatantes, pétillantes par leurs variétés de couleurs soutenues. Je remarque de nombreux boutiques, dont l’une expose des peaux de mouton à la laine d’une épaisseur impressionnante. Le mouton est un véritable symbole national en Irlande ! Il faut dire qu'on compte plus de moutons que d'êtres humains sur le sol irlandais !
Également, de nombreux restaurants et pubs se partagent la rue centrale.
Je rencontre deux dames irlandaises à l’un de ces pubs. Deux amies de longue date. L’une réside à Cork et l’autre à Castlettownbere
Elles s’extasient devant ma bicyclette et me demandent si réellement elle n’est pas à assistance électrique. Je les photographie. Elle me photographie. Un petit moment sympathique.
Les parasols existent bien en Irlande. Chaque café du village installe confortablement ses clients à l’ombre.
Olivier m’a envoyé sa position hier soir. Il avance à la vitesse de l’éclair. Il a parcouru ce que j’aurais dû réaliser en plusieurs jours. En coupant par la campagne j’ai ainsi évité deux journées de pédalage, sans doute beaucoup plus selon le relief des lieux. À ma décharge, il n’a pas beaucoup de temps devant lui pour réaliser le tour de l’île. Son billet de ferry est réservé pour le 8 août. De plus, il est hyper entraîné et comme je l’ai déjà dit avec un gabarit d’excellent sportif, ce qui n’est pas mon cas. Mais petit à petit, j’y arriverai. Je suis honteuse d’avouer mon manque d’entraînement pour ce voyage-ci. Je savais que je me maudirais ! J’espère que ma mémoire musculaire va se réveiller, mais il fait tout de même quelque temps pour reconstituer ses fibres.
Apres Glengarriff, je traverse des zones montagneuse aux monts érodés. Les fameux moutons sont là ! Ils ont remplacé les vaches !
Olivier m’a informé sur le camping où il s’est arrêté la veille. En passant devant, je pense qu’un tel lieu est à connaître. Jamie, Daniel et leurs deux enfants de 6 et 4 ans ont immigré en Irlande en 2021. Ils sont Néerlandais. Ils disposent de chambres d’hôtes et ont aménagé ce merveilleux camping. Un mouchoir de poche ! Des tables en bois, peintes en bleu, un micro-terrain de foot pour les enfants et, à une place centrale, une cabane de forêt, bien ombragée, entourée d’arbres. À l’intérieur, sur le pourtour, sont disposées trois grosses tables en bois, peintes en bleu azur, avec les bancs accrochés, et deux bancs, bleu roi, terminent le cercle. Au centre de cette cabane, un amas de rochers sur lequel des morceaux de bois calcinés montrent que l’on peut peut se régaler de grillades. Évidemment je n’ai rien de tout cela. Ni saucisses, ni pavé de viande, rien de rien. Que des sardines dans la sacoche, du pain, une poire et une banane. Pas de quoi faire un gueuleton en utilisant le brasero du camping. Apres tous ces repas froids mangés sur le pouce, je crains de rêver à une immense côte de bœuf ou mieux encore, à de nombreuses côtes d’agneau.
Et chose incroyable… un étendoir à linge rotatif est planté bien au soleil. Demain, ma lessive ne sera pas accrochée sur la sacoche à l’arriere. Enfin un vélo comme j’aime, sans désordre, mis en valeur.
J’ai bien fait de ne parcourir que trente kilomètres aujourd’hui. Je considère que ces premiers jours sont une mise en jambe. Ma programmation est trop présomptueuse… d’habitude je fonctionne avec des étapes de 70 à 100 km quotidiennement. Mais en Irlande, pour l’instant, je ne réussis pas de si longues étapes.
Mon voisin de camping est Philip, 56 ans, Américain, randonneur. Il traverse l’Irlande du sud au nord en utilisant des chemins pédestres, voire la route exceptionnellement. Philip est barman à Seattle. En Amérique, les pourboires permettent d’excellents gains. Pendant son absence, il loue sa maison à deux amis, marcheurs comme lui.
Depuis une décennie, il travaille six mois dans l’année et consacre les six autres à ses voyages à pied. Il a déjà traversé l’Irlande d’ouest en est avec l’Écosse en prolongement. Les déserts du nouveau Mexique et de la Californie n’ont plus de secrets pour lui.
Nos traducteurs, lui le sien et moi le mien, nous permettent une grande rapidité d’échange. Nous nous racontons nos vies et nos expériences de voyageurs. Son désir de devenir Canadien est devenu prégnant depuis l’élection de Trump.
Philip est sympathique, rieur. Il constate que nous sommes un peu originaux pourquoi ne pas dire un peu fous de parcourir le monde à pied ou à vélo. On sait aussi que c’est une excellente façon d’intégrer un pays, de découvrir l’autre. Il me raconte qu’il a rencontré un nombre incalculable d’agriculteurs ou de paysans. Après cette belle rencontre, il me faut entrecouper des journées de vélo par une nuit qui se devrait être récupératrice. Hélas, mon matelas se dégonfle durant la nuit. J’espère que ce n’est qu’une petite histoire de valve peut-être mal positionnée. Sinon je devrai procéder à une réparation.
Philip le randonneur américain
Jeudi 10 juillet - 9e jour
Durrus / Kilcrohane, /Seefin / Bantry, /lengariff / Derryconnery
Au camping, Philip m’offre un café à la roulotte toute mignonnette « Coffe Cream ». Nos traducteurs fonctionnent à plein régime.
Depuis huit ans il randonne à travers le monde. D’ici un ou deux ans, il parcourra la France sur le GR7, sentier de grande randonnée de Strasbourg aux Pyrénées. Philip est amusant, il plaisante, il badine… Hélas le temps passe très vite et il nous faut rassembler notre courage pour repartir. Lui, sac au dos de sept kilogrammes, à marcher sur un chemin de montagne au fort dénivelé, et moi, avec ma bicyclette de quarante-cinq kilogrammes, à pédaler sur une route très circulante.
Aussi incongrues que moi, deux génisses se sont égarées sur la route. Elles sont affolées, agitées, ne savent plus où donner de la tête. Vont à droite, à gauche. Reviennent quelques pas en arrière puis repartent de plus belle en avant. Les automobilistes ralentissent, roulent au pas, s’arrêtent loin derrière, comme ils font avec moi.
À quelques dizaines de mètres de là, un ouvrier d’un chantier routier tient un panneau « stop » pour une alternance du passage des voitures. Je réussis à me mettre en protection d’un véhicule. Je ne tiens pas à être bousculée par une vache ou par les deux à la fois.
À l’aide de son panneau « Go », l’ouvrier nous intime l’ordre de passer. Je suis positionnée à l’arrière du flot de voitures. Une épaisse couche de sable fin recouvre la chaussée. Je me distancie des voitures car je suis enveloppée de poussière.
Je patine, je dérape et je suis obligée de poursuivre à pied, car ma roue arrière est devenue aussi agitée que les deux génisses.
Je n’ai pas terminé de piétiner le sable, il me reste encore une longue distance à parcourir, que l’ouvrier, en bout de travaux, donne le signal de passage aux voitures venant en sens inverse. Nous avons des difficultés à nous croiser. Je suis en mauvaise posture ! Je n’ai rien à faire là ! Pourquoi l’ouvrier n’a-t-il pas attendu mon arrivée ?
La chaleur est accablante, pire que les autres jours. Après vérification, il ne fait que vingt-deux degrés Celsius. Malgré cela, je suis enchantée de la descente qui arrive toujours après une montée comme je l’ai déjà écrit de multiples fois. C’est simple, la ventilation extrême grâce à la vitesse du vélo vient me rafraîchir et me faire du bien.
Dans le supermarché de Castlettownbere, je rencontre la dame croisée hier au village de Glengariff, qui était accompagnée de son amie. Elle se prénomme Anne-Marie. Prénom incompréhensible lorsqu’il est prononcé en irlandais. Son amie s’appelle Olive. Elles étaient toutes les deux professeures dans un collège-lycée de Cork. Elles sont retraitées maintenant.
Hier, elles m’ont doublée sur la nationale en me faisant de grands gestes depuis leur voiture. Elles ont remarqué que je ne les voyais pas, concentrée et absorbée comme je l’étais sur cette route au trafic intense. Elles ont trouvé que mon drapeau à l’arrière de mon vélo, flottant comme un pavillon, était une excellente idée. Puis je la quitte.
Je pousse mon vélo dans le port de Castlettownbere et j’entends quelqu’un m’appeler. Je vois Anne-Marie courir dans ma direction. Elle m’invite dans son café préféré dans lequel elle se rend quotidiennement. Un petit écrin vert amande ! Elle m’offre un café, une eau gazeuse et insiste pour que je prenne une pâtisserie. Mais je résiste ! Les délicieuses pâtisseries sont confectionnées par la mère de la jeune fille propriétaire du bar.
Le mari d’Anne-Marie est ostréiculteur. Pour lui éviter tous les déplacements depuis Cork, ils ont emménagé à Castle. Quant à Olive, elle habite toujours à Cork. Hier, elles se sont retrouvées pour admirer de véritables chefs-d’oeuvres
dans la forêt de Glengariff « The Ewe Experience », une forêt ponctuée de sculptures oniriques. Un endroit tout en magie, qui propulse dans un monde fantasmagorique. Je regrette de ne pas avoir visité ce lieu au vu des photos que me montrent Anne-Marie.
Elle se souvient de la période Covid et précise : « De nombreux cafés ambulants ont vu le jour puisque tous les autres étaient fermés. » Il semblerait qu’en Irlande le gouvernement était moins ferme sur les mesures sanitaires qu’en France.
Elle m’informe : « Hier, mon français était laborieux, mais aujourd’hui cette langue m’est revenue en mémoire. » Ce n’est pas aujourd’hui que je vais améliorer mon anglais !
Je dois partir après une bonne heure en compagnie de la délicieuse Anne-Marie.
Je n’ai pas encore réalisé de nombreux kilomètres ce matin et j’ai une longue étape avec à dénivelé positif de huit-cents mètres. Affreux ! Épouvantable ! Je ne sais pas encore que c’est la montagne de Knocknagallaun.
Le relief m’est difficile. Je dois pousser à plus finir ma bicyclette. Au loin j’aperçois un col. Evidemment, ce serait une bagatelle pour certains sportifs ! Mais pas pour moi.
Et le spectacle s’offre à moi ! Dès le col franchit je surplombe le panorama. La vue s’ouvre sur une baie où les vagues, tranquillement, viennent finir leur course sur la plage. Des maisons éparpillées dans ce fond de vallée viennent encore renforcer la majestuosité du panorama … Tout cela s’atteint par une route en lacets avec plusieurs points de vue. À l’un d’eux, une dame Néo-Zélandaise se précipite à ma rencontre. Elle raconte : « Nous découvrons la magnifique Irlande, mais à cause de l’accent irlandais nous ne comprenons rien ! » C’est à mon tour de ne rien comprendre de son français bafouillant. C’est une dame guillerette, sautillante, un vrai papillon. Plus toute jeune non plus, au mari qui l’attend patiemment et souriant au volant du camping-car loué pour leurs vacances.
Elle m’avoue : « Lorsque je vous ai vue descendre de la colline sur votre vélo, avec votre casque et votre camera accrochée sur celui-ci, vous m’avez fait l’impression d’être un ange ! » Jamais au grand jamais je n’aurais imaginé ressembler à un ange ! Merci à toi Violet ! Tu m’as bien fait rire.
Elle me parle de sa Nouvelle-Zélande, pays adapté aussi pour le vélo puisque de nombreux Zélandais le pratique et l’on y a construit de nombreuses pistes cyclables. Elle me décrit les montagnes enneigées l’hiver au cours desquels il fait froid. J’ai ces paysages en mémoire grâce à Ewen, jeune cyclo-voyageur rencontré en Norvège, et qui a pour nouvelle aventure un travail en Nouvelle-Zélande. Grace à son blog j’ai découvert ce pays.m depuis peu.
Voici comment une nouvelle destination pourrait venir en couvrir une autre !
Je parviens au niveau de la baie et je dois inverser la courbe. Cela ne s’arrête jamais ! Et me voici poussant, ahanant, et surtout m’arrêtant fréquemment car ce paysage de montagne est grandiose. Montagne rocheuse, totalement archaïque, érodée par le vent, juste assez de mousse et quelques brindilles d’herbe pour nourrir quelques moutons à la laine d’une invraisemblable épaisseur. La route étroite, apparaît, disparaît, se contorsionne dans le relief.
La cyclo-voyageuse que je suis ne gagne pas aisément ces moments de bonheur orchestré par la contemplation. Et je vais apprécier au centuple ces merveilles de la nature. Petit à petit je suis immergée, intégrée, envoûtée. Enfin ! Presque ! Je suis une personne tout de même bien ancrée dans le réel.
À Allihies, petit village au charme enchanteur donneé essentiellement par les petites maisons colorées, je rencontre une famille. Une « belle famille », sympathique. Ils sont originaires de Dublin et passent quelques jours ici, car le petit-ami de l’une des filles possède une maison au village. Il s’agit de Paul et Barbara, les parents, et Clere et Daniele, les grandes filles d’une quarantaine d’années. Clere parle français. Et montre sa curiosité concernant mes voyages à vélo. Elle est intriguée. De fil en aiguille nous arrivons à mes écrits, à mon livre relatant mon voyage au cap Nord. Elle s’exclame : « J’aimerais le lire ! Je suis toute émoustillée à cette idée ! » Émoustillée est la traduction du mouvement de son corps.
Le papa nous photographie. Clere est très jolie. Élancée. Je ne peux plus grandir, ni rajeunir, mais je me convaincs, encore une fois, d’éliminer toutes pâtisseries irlandaises. Quel bon moment d’hilarité passé en compagnie de cette famille.
Deux pubs sont situés en bordure de rue aux façades superbement colorées. Et des gens sont assis aux grosses tables en bois peintes, avec devant eux des pintes de bière à la couleur noire. Comme cela me fait envie ! Hélas, il est déjà 17h30 et j’aimerais franchir le Knocknagallaun. Montagne de 379 mètres d’altitude.
Je m’élance donc, pour rapidement être freinée par les côtes. Décidément ! Quelle journée ! Néanmoins des fermes jalonnent ma route. Si je ne parviens pas à destination ce soir, je demanderai aux agriculteurs la permission de planter ma tente. Puis je n’en vois plus…
Les monts s’enchaînent les uns aux autres, c’est absolument magnifique, d’autant plus que je surplombe les falaises visibles au loin. Je ne sais pas si je réussirai à échapper à ces montagnes avant la nuit, ce sera encore une autre surprise pour la journée.
Parfois des moments de grande solitude, de grandes incertitudes me guettent lors de mes voyages, et celui-là en fait partie.
Puis tout s’éclaire ! Deux cyclistes de route me doublent bien péniblement. Ils me félicitent et m’annoncent que nous sommes presqu’en haut. Encore quelques centaines de mètres. Puis le seul automobiliste roulant sur cette route s’arrête et formule : « Comment puis-je vous venir en aide ? » Je pense que si je lui avais demandé, il aurait chargé ma bicyclette dans sa voiture. Mais je suis proche du sommet. Puis il enchaîne : « Bientôt cela redescendra et vous trouverez un camping à une quinzaine de kilomètres. »
Encore une preuve de la solidarité, de la gentillesse des personnes que je croise.
Ce sont deux petites étincelles comme celles-ci, les cyclistes et l’automobiliste, qui viennent me réchauffer le cœur, me tirer en avant et qui vont me permettre de continuer toujours plus loin.
Et voilà ! Dommage ! Je ne suis pas encore arrivée et je passe de nouveau devant un pub perdu au bord de la route étroite. Les clients savourent des bières noires. Mais quand vais-je bien pouvoir consommer ma première bière noire ?
Il est 20h30. Je mets en terme à ma longue journée après avoir planté ma tente sur une minuscule aire de camping-cars située au village de Eyerie. Ni toilettes ni douches ! Mais, un tuyau d’arrosage… j’attendrai demain matin…
Durrus / Kilcrohane, /Seefin / Bantry, /lengariff / Derryconnery
Au camping, Philip m’offre un café à la roulotte toute mignonnette « Coffe Cream ». Nos traducteurs fonctionnent à plein régime.
Depuis huit ans il randonne à travers le monde. D’ici un ou deux ans, il parcourra la France sur le GR7, sentier de grande randonnée de Strasbourg aux Pyrénées. Philip est amusant, il plaisante, il badine… Hélas le temps passe très vite et il nous faut rassembler notre courage pour repartir. Lui, sac au dos de sept kilogrammes, à marcher sur un chemin de montagne au fort dénivelé, et moi, avec ma bicyclette de quarante-cinq kilogrammes, à pédaler sur une route très circulante.
Aussi incongrues que moi, deux génisses se sont égarées sur la route. Elles sont affolées, agitées, ne savent plus où donner de la tête. Vont à droite, à gauche. Reviennent quelques pas en arrière puis repartent de plus belle en avant. Les automobilistes ralentissent, roulent au pas, s’arrêtent loin derrière, comme ils font avec moi.
À quelques dizaines de mètres de là, un ouvrier d’un chantier routier tient un panneau « stop » pour une alternance du passage des voitures. Je réussis à me mettre en protection d’un véhicule. Je ne tiens pas à être bousculée par une vache ou par les deux à la fois.
À l’aide de son panneau « Go », l’ouvrier nous intime l’ordre de passer. Je suis positionnée à l’arrière du flot de voitures. Une épaisse couche de sable fin recouvre la chaussée. Je me distancie des voitures car je suis enveloppée de poussière.
Je patine, je dérape et je suis obligée de poursuivre à pied, car ma roue arrière est devenue aussi agitée que les deux génisses.
Je n’ai pas terminé de piétiner le sable, il me reste encore une longue distance à parcourir, que l’ouvrier, en bout de travaux, donne le signal de passage aux voitures venant en sens inverse. Nous avons des difficultés à nous croiser. Je suis en mauvaise posture ! Je n’ai rien à faire là ! Pourquoi l’ouvrier n’a-t-il pas attendu mon arrivée ?
La chaleur est accablante, pire que les autres jours. Après vérification, il ne fait que vingt-deux degrés Celsius. Malgré cela, je suis enchantée de la descente qui arrive toujours après une montée comme je l’ai déjà écrit de multiples fois. C’est simple, la ventilation extrême grâce à la vitesse du vélo vient me rafraîchir et me faire du bien.
Dans le supermarché de Castlettownbere, je rencontre la dame croisée hier au village de Glengariff, qui était accompagnée de son amie. Elle se prénomme Anne-Marie. Prénom incompréhensible lorsqu’il est prononcé en irlandais. Son amie s’appelle Olive. Elles étaient toutes les deux professeures dans un collège-lycée de Cork. Elles sont retraitées maintenant.
Hier, elles m’ont doublée sur la nationale en me faisant de grands gestes depuis leur voiture. Elles ont remarqué que je ne les voyais pas, concentrée et absorbée comme je l’étais sur cette route au trafic intense. Elles ont trouvé que mon drapeau à l’arrière de mon vélo, flottant comme un pavillon, était une excellente idée. Puis je la quitte.
Je pousse mon vélo dans le port de Castlettownbere et j’entends quelqu’un m’appeler. Je vois Anne-Marie courir dans ma direction. Elle m’invite dans son café préféré dans lequel elle se rend quotidiennement. Un petit écrin vert amande ! Elle m’offre un café, une eau gazeuse et insiste pour que je prenne une pâtisserie. Mais je résiste ! Les délicieuses pâtisseries sont confectionnées par la mère de la jeune fille propriétaire du bar.
Le mari d’Anne-Marie est ostréiculteur. Pour lui éviter tous les déplacements depuis Cork, ils ont emménagé à Castle. Quant à Olive, elle habite toujours à Cork. Hier, elles se sont retrouvées pour admirer de véritables chefs-d’oeuvres
dans la forêt de Glengariff « The Ewe Experience », une forêt ponctuée de sculptures oniriques. Un endroit tout en magie, qui propulse dans un monde fantasmagorique. Je regrette de ne pas avoir visité ce lieu au vu des photos que me montrent Anne-Marie.
Elle se souvient de la période Covid et précise : « De nombreux cafés ambulants ont vu le jour puisque tous les autres étaient fermés. » Il semblerait qu’en Irlande le gouvernement était moins ferme sur les mesures sanitaires qu’en France.
Elle m’informe : « Hier, mon français était laborieux, mais aujourd’hui cette langue m’est revenue en mémoire. » Ce n’est pas aujourd’hui que je vais améliorer mon anglais !
Je dois partir après une bonne heure en compagnie de la délicieuse Anne-Marie.
Je n’ai pas encore réalisé de nombreux kilomètres ce matin et j’ai une longue étape avec à dénivelé positif de huit-cents mètres. Affreux ! Épouvantable ! Je ne sais pas encore que c’est la montagne de Knocknagallaun.
Le relief m’est difficile. Je dois pousser à plus finir ma bicyclette. Au loin j’aperçois un col. Evidemment, ce serait une bagatelle pour certains sportifs ! Mais pas pour moi.
Et le spectacle s’offre à moi ! Dès le col franchit je surplombe le panorama. La vue s’ouvre sur une baie où les vagues, tranquillement, viennent finir leur course sur la plage. Des maisons éparpillées dans ce fond de vallée viennent encore renforcer la majestuosité du panorama … Tout cela s’atteint par une route en lacets avec plusieurs points de vue. À l’un d’eux, une dame Néo-Zélandaise se précipite à ma rencontre. Elle raconte : « Nous découvrons la magnifique Irlande, mais à cause de l’accent irlandais nous ne comprenons rien ! » C’est à mon tour de ne rien comprendre de son français bafouillant. C’est une dame guillerette, sautillante, un vrai papillon. Plus toute jeune non plus, au mari qui l’attend patiemment et souriant au volant du camping-car loué pour leurs vacances.
Elle m’avoue : « Lorsque je vous ai vue descendre de la colline sur votre vélo, avec votre casque et votre camera accrochée sur celui-ci, vous m’avez fait l’impression d’être un ange ! » Jamais au grand jamais je n’aurais imaginé ressembler à un ange ! Merci à toi Violet ! Tu m’as bien fait rire.
Elle me parle de sa Nouvelle-Zélande, pays adapté aussi pour le vélo puisque de nombreux Zélandais le pratique et l’on y a construit de nombreuses pistes cyclables. Elle me décrit les montagnes enneigées l’hiver au cours desquels il fait froid. J’ai ces paysages en mémoire grâce à Ewen, jeune cyclo-voyageur rencontré en Norvège, et qui a pour nouvelle aventure un travail en Nouvelle-Zélande. Grace à son blog j’ai découvert ce pays.m depuis peu.
Voici comment une nouvelle destination pourrait venir en couvrir une autre !
Je parviens au niveau de la baie et je dois inverser la courbe. Cela ne s’arrête jamais ! Et me voici poussant, ahanant, et surtout m’arrêtant fréquemment car ce paysage de montagne est grandiose. Montagne rocheuse, totalement archaïque, érodée par le vent, juste assez de mousse et quelques brindilles d’herbe pour nourrir quelques moutons à la laine d’une invraisemblable épaisseur. La route étroite, apparaît, disparaît, se contorsionne dans le relief.
La cyclo-voyageuse que je suis ne gagne pas aisément ces moments de bonheur orchestré par la contemplation. Et je vais apprécier au centuple ces merveilles de la nature. Petit à petit je suis immergée, intégrée, envoûtée. Enfin ! Presque ! Je suis une personne tout de même bien ancrée dans le réel.
À Allihies, petit village au charme enchanteur donneé essentiellement par les petites maisons colorées, je rencontre une famille. Une « belle famille », sympathique. Ils sont originaires de Dublin et passent quelques jours ici, car le petit-ami de l’une des filles possède une maison au village. Il s’agit de Paul et Barbara, les parents, et Clere et Daniele, les grandes filles d’une quarantaine d’années. Clere parle français. Et montre sa curiosité concernant mes voyages à vélo. Elle est intriguée. De fil en aiguille nous arrivons à mes écrits, à mon livre relatant mon voyage au cap Nord. Elle s’exclame : « J’aimerais le lire ! Je suis toute émoustillée à cette idée ! » Émoustillée est la traduction du mouvement de son corps.
Le papa nous photographie. Clere est très jolie. Élancée. Je ne peux plus grandir, ni rajeunir, mais je me convaincs, encore une fois, d’éliminer toutes pâtisseries irlandaises. Quel bon moment d’hilarité passé en compagnie de cette famille.
Deux pubs sont situés en bordure de rue aux façades superbement colorées. Et des gens sont assis aux grosses tables en bois peintes, avec devant eux des pintes de bière à la couleur noire. Comme cela me fait envie ! Hélas, il est déjà 17h30 et j’aimerais franchir le Knocknagallaun. Montagne de 379 mètres d’altitude.
Je m’élance donc, pour rapidement être freinée par les côtes. Décidément ! Quelle journée ! Néanmoins des fermes jalonnent ma route. Si je ne parviens pas à destination ce soir, je demanderai aux agriculteurs la permission de planter ma tente. Puis je n’en vois plus…
Les monts s’enchaînent les uns aux autres, c’est absolument magnifique, d’autant plus que je surplombe les falaises visibles au loin. Je ne sais pas si je réussirai à échapper à ces montagnes avant la nuit, ce sera encore une autre surprise pour la journée.
Parfois des moments de grande solitude, de grandes incertitudes me guettent lors de mes voyages, et celui-là en fait partie.
Puis tout s’éclaire ! Deux cyclistes de route me doublent bien péniblement. Ils me félicitent et m’annoncent que nous sommes presqu’en haut. Encore quelques centaines de mètres. Puis le seul automobiliste roulant sur cette route s’arrête et formule : « Comment puis-je vous venir en aide ? » Je pense que si je lui avais demandé, il aurait chargé ma bicyclette dans sa voiture. Mais je suis proche du sommet. Puis il enchaîne : « Bientôt cela redescendra et vous trouverez un camping à une quinzaine de kilomètres. »
Encore une preuve de la solidarité, de la gentillesse des personnes que je croise.
Ce sont deux petites étincelles comme celles-ci, les cyclistes et l’automobiliste, qui viennent me réchauffer le cœur, me tirer en avant et qui vont me permettre de continuer toujours plus loin.
Et voilà ! Dommage ! Je ne suis pas encore arrivée et je passe de nouveau devant un pub perdu au bord de la route étroite. Les clients savourent des bières noires. Mais quand vais-je bien pouvoir consommer ma première bière noire ?
Il est 20h30. Je mets en terme à ma longue journée après avoir planté ma tente sur une minuscule aire de camping-cars située au village de Eyerie. Ni toilettes ni douches ! Mais, un tuyau d’arrosage… j’attendrai demain matin…