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Saute mouton sur l'Alpe

(réalisé)
4 semaines à vélo en solo pour traverser l’arc alpin de Ljublijana à Gap, par monts et par cols. Récit en 4 sections :
1-France/Slovénie/Autriche 
2-Italie
3-Suisse
4-France
vélo de randonnée / VTT
Quand : 11/07/18
Durée : 30 jours
Distance globale : 1194km
Dénivelées : +16137m / -15467m
Alti min/max : 298m/2300m
Carnet publié par La Tribu le 31 août 2018
modifié le 21 déc. 2018
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en bus
Précisions : En train de Gap à Marseille puis avec un autocar de la compagnie FLIXBUS de Marseille à Ljublijana (environ 50€, et...16 heures de bus!!!)
1122 lecteur(s) -
Vue d'ensemble

Le compte-rendu : Suisse (mise à jour : 11 oct. 2018)

SUISSE
Jeudi 26 juillet 2018
Plauns - Tiefencastel
Distance : 52.45 km
Durée : 3h20
TOTAL 712 km
Je me réveille sous la protection du massif de la Bernina, dont les glaciers brillent au soleil levant, juste derrière le camping. Quelle salle à manger pour un simple petit déjeuner !!!
Aujourd’hui j’ai décidé que c’était dimanche, alors je profite un peu. Pause déjeuner au bord du charmant lac de Saint Moritz, petite ville très chic. Puis descente jusqu’à Samedan pour prendre le Bernina Express, petit train rouge et blanc à crémaillère qui sillonne les cols et les montagnes suisses. Lorsqu’on regarde une carte du pays, on peut être surpris par des tracés qui forment de belles arabesques. Route ? Piste de ski de fond ? Tracé de bobsleigh ? Non, non, c’est le tracé du chemin de fer qui fait des boucles et des détours dans les vallées afin d’avoir une pente de progression régulière, moyennant un nombre impressionnant de ponts ferroviaires et de viaducs.
Bernina Express, donc, jusqu’à Preda, afin d’éviter le col de l’Albula Pass (2312m.), et pour profiter du paysage.  En fait, pour le paysage, c’est raté : le train traverse la montagne SOUS l’Albulapass. Mais la descente de la Vallée de l’Albula est ensuite très belle, sur piste cyclable, et permet d’admirer le passage du fameux petit train.
Une petite pause est nécessaire en fin d’après-midi, afin de maintenir la fixation de mon PB avant sur son rail, à l’aide d’un serflex, car l’écrou vient de casser. Il est tard et je décide de planter ma tente au bord du sentier, avec une vue imprenable sur le torrent et sur…la ligne de chemin de fer ; Je profite en plus d’un banc, et d’un magnifique coucher de soleil. Et pour m’endormir, pas besoin de compter les vaches  : maintenant, je compte les petits trains rouges….
Ici les trains sont rouges et blancs. On est en Suisse!
Ici les trains sont rouges et blancs. On est en Suisse!
En route pour de nouvelles Aventures!!
En route pour de nouvelles Aventures!!
La route et la voie ferrée s'entremêlent
La route et la voie ferrée s'entremêlent
Saint Moritz
Saint Moritz
Vallée de l'Albula
Vallée de l'Albula
Vendredi 27 juillet 2018
Tiefencastel – Rueras (Val Tavetsch)
91,31 km dont 27 de descente au début
D+ : 1418 m.
Vitesse moyenne 13.73 km/h, pas mal !!!
TOTAL 803 km
27 km de descente jusqu’à Chur puis je tourne à gauche vers l’Oberalppass, au fond, tout au fond de la vallée ! Je quitte donc l’Albula pour suivre maintenant le Rhin Postérieur. La route suit des gorges magnifiques, parsemées de demoiselles pas toujours bien coiffées, pour rejoindre le Rhin, aux belles couleurs turquoises. Des kayakistes ont l’air de se régaler. On est loin de l’image triste et grise du Rhin, fleuve majeur de communication européen…
Maps.me me donnait un profil bien raide jusqu’à Versam (alt 909 m.), je ne suis pas déçue. De nombreuses pauses sont nécessaires pour me rafraîchir, les fontaines aux eaux claires sont les bienvenues.
Je tente de suivre les pistes secondaires afin d’éviter la route cantonale, où la circulation est dense. Mais c’est fatiguant, le profil est irrégulier, les directions ne sont pas toujours claires, bref, je préfère revenir sur la route principale ou l’ascension est régulière. J’ai trouvé ma vitesse de croisière, et je ne peux plus m’arrêter, les jambes pédalent toutes seules, elles ont leur volonté propre. Et tous les kilomètres parcourus ce soir seront autant de moins à gravir demain. Logique…
Je suis heureuse d’être là où je suis, j’ai la conviction profonde d’être à ma place, et ça n’a pas de prix. Et tant pis (ou tant mieux ?!) si c’est difficile, je sais qu’à la fin de chaque étape, j’aurai des étoiles dans les yeux de tous les paysages, de toutes les rencontres, de toutes les sensations que j’aurais vécus chaque jour, chaque minute, chaque kilomètre. Eh oui, à passer toute la journée à pédaler, j’ai le temps de poetiser…
Il est 19h00 lorsque je fais enfin étape au campin Campadi Rein, à Rueras, sans doute le dernier du Val Tavetsch.
Gorges profondes et belle côte jusqu'à Versam. En bas, coule le Rhin Postérieur
Gorges profondes et belle côte jusqu'à Versam. En bas, coule le Rhin Postérieur
Au pays... de Heidi...
Au pays... de Heidi...
Zut, j'ai raté le train...
Zut, j'ai raté le train...
hé hé hé...
hé hé hé...
Samedi 28 juillet 2018
Rueras (Val Tavetsch) - Furkapass
42.05 km
D+ : 1600 m.
Vitesse moyenne 8.71 km/h
TOTAL 845 km
Le temps était au beau ce matin, mais ça n’a pas tenu plus loin que ce midi… Les dix derniers kilomètres et les 10 derniers virages pour atteindre l’Oberalp pass ont été bien éprouvants. Mais, bon, les passages du petit train rouge m’occupent bien, je me régale. Enfin j’atteins le col, il est courroné d’un curieux phare, peut-être pour guider les trains en perdition dans le brouillard???
Et voilà, 74 km de montée depuis Chur, ça use un peu quand même. La route passe le col, longe un petit lac, et redescend progressivement sur Andermatt (11 virages en épingle). Elle joue à saute-mouton avec la voie ferrée. Juste après Andermatt, un vaque replat le long de la route me donne un point de vue stratégique sur un viaduc pour pouvoir prendre le train en photo.
La route se poursuit, toujours en montée. Je passe Réalp et son golf de montagne, et je commence à gravir la James Bond Street (9 virages !) du Furkapass. Une plaque et quelques photos rappellent que c’est dans ces virages qu’une scène de Goldfinger a été tournée.
C’est à partir de là que ça s’est gâté. La pluie et le brouillard sont arrivés, m’obligeant à une retraite stratégique dans une étable. J’aurai bien installé mon bivouac ici, mais Gloria, Helga, Berni, Gina et leurs copines ne l’entendaient pas de cette oreille. Lorsqu’elles ont commencé à revenir à l’étable pour la traite, j’ai bien dû céder la place… à regrets !
Dehors, la pluie s’est calmée, et je poursuis dans le brouillard. J’arrive finalement au Col du Furkapass (2436m.) où quelques vans et tentes de grimpeurs sont déjà installés, j’en fais autant. Un vieil hôtel (le Furkablick), et quelques baraquements militaires désaffectés complètent le paysage. Au loin, de belles falaises et des glaciers, la nuit sera fraîche !
Oberalpass! Yess!
Oberalpass! Yess!
Marée haute...
Marée haute...
Alors ça, c'est pour les motards! Ils s'en donnent à coeur joie sur ces belles routes mythiques.
Alors ça, c'est pour les motards! Ils s'en donnent à coeur joie sur ces belles routes mythiques.
Un petit train...
Un petit train...
Ah, encore un petit train!!!
Ah, encore un petit train!!!
Terrain de golf de montagne...
Terrain de golf de montagne...
Et l'Aston l'Aston Martin, elle est où?
Et l'Aston l'Aston Martin, elle est où?
Sous la pluie et dans le brouillard, c'est moins cool...
Sous la pluie et dans le brouillard, c'est moins cool...
Au Furkapass
Au Furkapass
Dimanche 29 juillet 2018
Furkapass - Brig
69.49 km
Durée : 3h37
D+ : 282 m.
Vitesse moyenne 19.14 km/h
TOTAL 915 km
Malgrè un début de nuit un peu frisquet sous le duvet (vent glacial dehors + humidité de la journée pluvieuse), j’ai passé une super bonne nuit, réveillée à 6.30 par le soleil.
Avant de partir, je discute avec des français du Maine et Loire, en minivan. Des Français, il n’y en a pas beaucoup, par ici, c’est d’autant plus appréciable !
Puis, lors des photos traditionnelles sous le panneau du Furkapass, j’échange quelques mots avec un jeune cyclo qui arrive de…Téhéran ! Quel périple ! C’est son dernier jour  il rentre chez ses parents (brave petit) à 30 km de là. C’est sur mon itinéraire, nous décidons de faire la route ensemble. La descente est super longue, malgré les pauses. Une petite halte aux sources du Rhône, qui ne s’appelle pas encore le Rhône mais le Rotten. Le fleuve, à sa source, est alimenté par les eaux de fonte du glacier du Rhone, à plus de 2400 m. d’altitude. La vallée est un enchantement. Prairies claires succèdent aux forêts sombres, des chalets en bois, des potagers fleuris, et le fleuve aux eaux pastel comme ligne directrice. Sébastien va bon train, le bougre, il sent l’écurie toute proche, j’ai du mal à le suivre ! Si bien qu’à 13h00, nous avons déjà parcouru quasiment 40 km lorsque nous nous séparons.
Je poursuis mon chemin en suivant la Route du Rhône n° 1, qui descend doucement le long du fleuve, avec les sifflements de la locomotive à vapeur en bruit de fond.
En fin d’après-midi, je me pose au camping de Brig.
Furkapass, 2436 m.
Furkapass, 2436 m.
Des montagnes, encore des montagnes....!
Des montagnes, encore des montagnes....!
Sources du Rhône
Sources du Rhône
Belle passerelle...
Belle passerelle...
Super ou gazole?
Super ou gazole?
Lundi 30 juillet 2018
Brig - Martigny
81.54 km 
Durée : 4h40
D+ : 169 m.
Vitesse moyenne 17.46 km/h
TOTAL 996 km
Depuis quelques kilomètres, le Rhône/Rotten a perdu la belle couleur de ses origines, et son cours est plus tranquille.
L’Eurovélo 17 devient un peu monotone, et sur ces longues distances à plat, je rêve ou bien ??? J’ai toujours le vent dans le nez… Comme s’il avait planifié le même itinéraire que moi, mais en sens inverse…
Bref, j’avance, entre Rhône et vergers. Les pommes et les raisins ne sont pas mûrs, mais les abricots, si !!! Je me restreins, toutefois : c’est moi qui porte !!!
Peu à peu, les montagnes du fond de vallée se rapprochent ; je longe de beaux lacs et ne résiste pas à l’envie de m’y rafraîchir. Je fais ensuite un bout de route avec deux cyclos autraliens qui sont arrivés, l’un à Oslo, l’autre à Copenhague, et qui se sont rencontrés à Zermatt. Ils font route ensemble jusque dans le Sud de la France.
L’après-midi s’étire, et comme d’habitude la température est pénible : plus de 40°… Je pédale plein ouest, je cours après le soleil, mais il finit toujours par gagner… Je suis contrainte par la nécessité de trouver un emplacement de bivouac, de l’eau, le ravitaillement, le montage de la tente… et je m’arrête toujours avant lui. Et c’est très bien comme ça !!!
Ce soir, mon hôtel sous les étoiles, est à 4 km de Martigny, 22 km de la Forclaz, et 48 km de Chamonix. Et côté pile c’est : une aire de pique-nique, avec un robinet d’eau, et la vue sur le vignoble Valaisan, et…sur la France !!! Dommage, côté face, c’est les containers à poubelles un peu plus haut… on peut pas tout avoir !
Plouf!
Plouf!
Traversée des vignobles et vergers valaisans
Traversée des vignobles et vergers valaisans
Coucher de soleil sur le massif du Mont Blanc. Derrière, la France!!!
Coucher de soleil sur le massif du Mont Blanc. Derrière, la France!!!
Mardi 31 juillet 2018
Martigny – Col de la Forclaz
25.82 km
Durée : 3h14
D+ : 1013 m.
Vitesse moyenne 7.97 km/h
TOTAL 1022 km
Réveil un peu brutal ce matin dès 6h00 par l’hélicoptère qui se pose juste derrière ma haie. J’imagine l’armée helvète sur le pied de guerre, venant récupérer les 12 abricots que j’ai rapinés hier… ou me déloger manu militari de mon campement, le camping sauvage étant interdit en Suisse… En fait, le  traitement les vignes à flanc de coteaux se fait par épandage aérien...
A Martigny, je retrouve les deux Australiens, Jeff et Basil, et nous décidons de rouler ensemble pour passer le col de la Forclaz. Basil grimpe fort, Jeff a plus de mal, et il pousse souvent le vélo dans les montées. Mais moyennant de nombreuses pauses, pause-glace, pause-bière, pause-paysage… nous atteignons notre but et plantons les toiles dans un petit camping derrière l’Hôtel du Col.
Au dessus de Martigny, ça grimpe...
Au dessus de Martigny, ça grimpe...
Petite pause café
Petite pause café
Yesss!
Yesss!
Belle vue, depuis le camping!
Belle vue, depuis le camping!
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