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Euro vélo 8 - De Turin à Athènes !

(réalisé)
En novembre 2022, à la fin de mon premier contrat, j’ai pris une décision presque sur un coup de tête. L'idée de suivre une partie de l’EuroVélo 8 pour un long voyage à vélo s'est imposée à moi, malgré le manque de préparation et l'inconnu qui m'attendait. C'était la première fois que je partais aussi loin, seul, et sans vraiment savoir où tout cela allait me mener. Je me disais finalement que je n'avais rien à perdre.

Les premières journées ont été dures. L'humidité de décembre en Italie m'a surpris, et mes jambes n'étaient clairement pas prêtes pour autant de kilomètres. Mais c'est dans ces moments-là que le voyage prend tout son sens. Des galères, oui, mais aussi des rencontres qui rendent l’aventure incroyable.

À travers ce récit, je vais partager avec vous, sans détour, ce que j’ai vécu : les doutes, les moments de solitude, les surprises et tout ce que cette expérience m’a appris.

Venez, je vous embarque donc avec moi dans cette aventure : rejoindre Athènes à vélo, en partant de Turin. Six pays traversés – l’Italie, la Slovénie, la Croatie, le Monténégro, l'Albanie, et enfin la Grèce – et quelques milliers de kilomètres parcourus.

Hébergements mixtes : bivouacs, couch surfing, chambre d'hôtes, ... .
Durée : env. 2 mois (fin novembre, décembre et janvier)


Cédric 
vélo de randonnée
Quand : 23/11/2022
Durée : 40 jours
Alti min/max : 0m/927m
Carnet publié par C DRIC ON THE BIKE le 03 nov. 2022
modifié le 05 nov.
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en train bus ferry
Précisions : Pour privilégier la mobilité douce, j'ai pris un FlixBus de Nîmes à Turin (7h, 60 €) pour l'aller. Au retour, j'ai voyagé en ferry de Patras à Ancône (22h, 100 €), suivi de deux trajets en FlixBus : Ancône-Milan (5h, 30 €) et Milan-Marseille (8h, ...
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Vue d'ensemble

Le topo : Albanie 🇦🇱 (mise à jour : 05 nov.)

Distance section : 395km
Dénivelées section : +2139m / -1894m
Section Alti min/max : 2m/919m

Description :

La traversée de l'Albanie, de Shkodër à Përmet, m’a fait découvrir un pays aux paysages contrastés et aux rencontres inoubliables. Après un passage par la capitale, Tirana, et la ville historique de Berat, j’ai exploré des chemins montagneux qui offraient des vues impressionnantes. C’est à Tirana que j’ai rencontré Chris, un cyclotouriste allemand, avec qui j’ai poursuivi la traversée du pays et partagé de bons moments. 

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Le compte-rendu : Albanie 🇦🇱 (mise à jour : 05 nov.)

Après avoir franchi la frontière, j'ai acheté quelques figues à une vieille dame qui tenait un comptoir improvisé juste après le poste de douane. Elle était installée sur une simple chaise, avec deux tréteaux et une planche de contreplaqué pour toute boutique.

À peine quelques kilomètres parcourus, je ressentis de plein fouet mon premier choc culturel.

Je m'explique : n'ayant jamais eu l'occasion de voyager auparavant, hormis quelques échanges linguistiques en Allemagne pendant mes années de collège, je n'avais jamais été confronté à des différences sociales, culturelles et religieuses aussi marquées. Ce qui m'entourait semblait si éloigné de tout ce que je connaissais. J'ai croisé des hébergements rudimentaires, des personnes cherchant dans des amas de déchets, et des chiens errants, livrés à eux-mêmes.

Ce décalage était frappant, mais j'ai essayé de l'observer avec humilité et sans intrusivité.

Un petit temps d'adaptation m'a été nécessaire, le temps d'y trouver mes repères et de rencontrer plusieurs Albanais(es) fort sympathiques par la suite.
Albanie 🇦🇱
Après avoir passé la frontière, j'arrivai à Shkodër, ma première ville étape en Albanie. Là, je découvris une ville vibrante, où le contraste entre tradition et modernité se lisait à chaque coin de rue.

En entrant dans la ville, je me sentais à la fois excité et déstabilisé. Je n'avais jamais vu autant de vélos rouler en même temps, mêlés à des voitures de marques allemandes parfois anciennes, klaxonnant sans cesse. Les façades des bâtiments variaient entre l'élégance des vieilles pierres et la simplicité des constructions récentes en béton. Les mosquées s'élevaient fièrement, rappelant la forte empreinte religieuse de cette région.

Les gens étaient chaleureux, mais j'avais l'impression d'être spectateur d'une scène qui m'était encore totalement étrangère. C'était une nouvelle étape dans mon voyage, un choc à la fois visuel et culturel, mais aussi une ouverture vers une Albanie que j'allais apprendre à mieux connaître, avec patience et respect.
En immersion dans les rues de Shkodër.
En immersion dans les rues de Shkodër.
Xhamia e Madhe - Ebu Bekr mosque
Xhamia e Madhe - Ebu Bekr mosque
Pour cette première nuit, j'ai trouvé une auberge de jeunesse en centre ville. Une AJ qui offrait des programmes éducatifs et culturels pour encourager l'engagement social et l'autonomisation des jeunes. Du coup, il y avait pas mal d'étudiants qui discutaient entre eux dans le patio, dont certains avaient un anglais irréprochable.

Pour me connecter à nouveau au reste du monde, j'avais en parallèle, à nouveau acheté une carte sim locale dans une boutique Vodafone. Il semblerait que j'étais prêt à découvrir la suite du trajet (prévisions météo, WhatsApp, ...).

Donc la prochaine étape était de rejoindre la capitale, Tirana, soit une bonne journée de vélo dans les plaines le long de la route principale. A noter que je m'étais fait peur en prenant un tronçon de voie rapide... .
Triporteur motorisé très utilisé dans le district.
Triporteur motorisé très utilisé dans le district.
Je suis arrivé en fin de journée à Tirana, non sans mal. Mon entrée dans la capitale a été chaotique, mêlée au flot dense de véhicules arrivant de toutes parts : autoroutes, voies rapides, routes locales... Tout ce trafic se rejoignait pour s'engouffrer dans les grandes artères de la ville. Franchement, je n'avais aucune envie de m'éloigner pour chercher un lieu de bivouac, alors j'ai pris la direction d'une auberge de jeunesse. Oui, je sais, ça commence à faire beaucoup d'auberges, mais ne vous inquiétez pas, ça va radicalement changer après Tirana.

Une fois sur place, devinez qui je retrouve ? Yoshi ! Encore une rencontre au timing parfait. On s'est retrouvés avec plaisir, et il m'a lancé : "Tu ne sais pas quoi ? Je partage le dortoir avec un Allemand qui voyage à vélo !" Intrigué, je lui ai répondu : "Ah ouais ? Génial, je prends un lit avec vous, je veux le rencontrer."

Ce cycliste, c’était Chris, un aventurier sans limite. Parti d’Espagne, il comptait rallier le Népal à vélo, rien que ça ! On a rapidement sympathisé et passé du temps à explorer ensemble Tirana, une capitale qui, bien que chaotique à l’arrivée, s’est révélée pleine de surprises.

Un présage pour la suite ? Ca sentait le portage / poussage.
Un présage pour la suite ? Ca sentait le portage / poussage.
Tiens un autre voyageur ?!
Tiens un autre voyageur ?!
Tiranë
Tiranë
Namazgjah Mosque Tiranë
Namazgjah Mosque Tiranë
Liqeni i Tiranës
Liqeni i Tiranës
Ce soir-là, on a décidé de sortir tous les trois — Chris, Yoshi, et moi — pour découvrir un restaurant très apprécié des locaux. L’objectif : goûter aux spécialités typiques albanaises, le tout dans une ambiance Rock'n'Roll. C'était l'occasion parfaite pour s’immerger dans la culture locale. En plus de la nourriture, on a aussi fait connaissance avec la monnaie Albanaise, le Lek, qu'on découvrait pour la première fois. En Albanie, il est très courant de payer en cash, la carte bancaire est moins utilisée pour les paiements. Préparez-vous à des frais de retrait, car il est plutôt déconseillé de voyager avec de grosses sommes d'argent liquide lors des voyages itinérants. Ici, ou ailleurs. Aujourd'hui, il existe des solutions bancaires en ligne qui offrent des options plus intéressantes pour les retraits à l'étranger.
Try you never know
Try you never know
Le lendemain, nous avons consacré la journée à explorer la capitale. Nous avons déambulé dans ses rues colorées, découvrant un street art vibrant qui habille les murs de la ville. 

L'une des étapes marquantes a été la visite du Bunk'Art, un ancien bunker transformé en musée, qui retrace l’histoire sombre du régime communiste albanais. 

En chemin, nous avons aussi pris le temps de flâner dans quelques boutiques et étales, s’imprégnant de l’atmosphère unique de la ville.
Marché / Commerces
Marché / Commerces
Musée Bunkart
Musée Bunkart
Comme vous avez pu le remarquer, j'ai trouvé quelqu'un qui partage ma passion pour la nourriture. Dernier restaurant avant de quitter la capitale : ce soir-là, au menu, goulash et gratin à la crème de curry.

Pendant le repas, Chris et moi avons décidé de continuer ensemble jusqu'à Patras, car nos itinéraires coïncidaient en grande partie. J'avais prévu de suivre le tracé de l'EuroVélo 8, qui longe la route principale. Mais Chris a suggéré de passer par les montagnes via le district de Berat, une option bien plus enrichissante que la voie classique.

Parfait ! Le lendemain, après un bon petit déjeuner, nous étions prêts pour reprendre la route en duo.

Bon appétit !
Bon appétit !
Il était temps de brûler toutes ces calories. En voyage à vélo, on a toujours faim, et il est essentiel de s’alimenter régulièrement pour compenser les efforts quotidiens.

Je laissai Chris prendre la tête et fixer le rythme de pédalage. Notre objectif était de rejoindre la côte, dans le district de Kavajë, pour y installer notre bivouac en bord de mer.
Albanie 🇦🇱
Après avoir gravi un peu de dénivelé, nous avons enfin mérité une vue splendide sur la mer, mais l’endroit était loin d’être idéal pour passer la nuit : le vent fouettait la falaise avec force.

Nous avons donc décidé de descendre à toute vitesse, presque jusqu’au niveau de la mer, en espérant trouver une plage. À la place, nous sommes tombés sur un camping privé et des chiens qui aboyés. Contraints de rebrousser chemin, nous avons affronté une montée bien plus difficile que la descente initiale... Pour finalement dormir quasiment au point de vue. Comme quoi parfois on n'a pas forcément le meilleur emplacement pour dormir.
Point de vue sur la plage et la mer
Point de vue sur la plage et la mer
Aïe les nuages qui reviennent...
Aïe les nuages qui reviennent...
Clic ...l'arc en ciel est dans la boîte !
Clic ...l'arc en ciel est dans la boîte !
Le lendemain, nous avons rencontré un Albanais sur une vieille mobylette, qui roulait à la même allure que nous. En souriant, il essayait de communiquer, mais comme nous ne parlions pas sa langue, nous avons sorti le téléphone de Chris pour échanger via une application de traduction. Cependant, le bruit ambiant et celui de la mobylette rendaient difficile la compréhension des mots traduits à la volée, alors que nous continuions de pédaler.

Notre nouvel ami d'environ une vingtaine d'années, entre deux échanges approximatifs, nous a raconté qu’il venait de faire réparer la tronçonneuse qu'il maintenait entre ses jambes et, à notre surprise, il a proposé de nous inviter chez sa mère pour boire le thé. Intrigués et curieux, nous avons accepté l’invitation et l'avons suivi jusque chez lui.
Nous avons été accueillis comme des rois par la mère de notre hôte, qui nous a servi un thé chaud et offert des fruits frais du jardin. Nous avons tenté d’échanger, malgré la barrière de la langue. Chris, intrigué par la mobylette, l'a examinée en détail et a mentionné qu'il avait le permis moto mais cette fois-ci, il ne se déplacera qu'en vélo. Histoire de plaisanter.

Notre hôte, avec un sourire coquin, s’est alors tourné vers Chris en lui demandant s’il pouvait lui ramener une moto d'Allemagne... ou bien l’aider à se marier avec sa sœur !
Nous nous sommes regardés, imaginant tous les deux Chris en beau-frère improvisé dans une famille albanaise. Un léger sourire commençait à se dessiner sur nos visages, mais nous nous retenions de rire pour ne pas risquer de paraître impolis.


Après plusieurs remerciements chaleureux et des au revoir, nous avons repris la route. Avant de partir, Chris a laissé son contact, au cas où l’idée de la fameuse moto prendrait un jour forme.


Une bien belle rencontre qui a rendue unique, ce matin là.
Une bien belle rencontre qui a rendue unique, ce matin là.
Après plusieurs kilomètres à travers les plaines, nous avons repéré un lac au bord duquel nous avons décidé de planter nos tentes pour y passer la nuit.

Cette nuit-là, nous avons entendu les hurlements d’une meute de coyotes, leurs cris perçant le silence de la plaine. Soudain, un coup de fusil a retenti de l’autre côté du lac, et tout est devenu étrangement silencieux, comme figé. Plus un bruit. Bonne nuit !



Super spot !
Super spot !
Après une nuit bien fraîche, debout à 7h, je commençais à plier bagage dans ma tente. Je jetta un coup d'œil vers celle de Chris pour voir s'il etait réveillé, mais aucun bruit ne venait du campement voisin. Évidemment, il dormait encore ! Je commençais à réaliser que nos rythmes étaient bien différents, mais cela ne me dérangeait pas : je m'occupa en attendant. Finalement, vers 9h, j’entendis du mouvement. Ah, le voilà enfin réveillé ! C'est parti pour prendre le petit dej !

J’allais donc apprendre à découvrir et m’adapter à son rythme de voyage, plus tranquille, avec davantage de temps pour récupérer. Il prenait aussi soin de mieux s’alimenter, car grâce à son matériel de cuisine, nous pouvions préparer de vrais plats chauds à base de pâtes, de riz… Fini la semoule et la soupe déshydratée tous les soirs.

Après avoir levé le camp, nous avons repris la route en direction de Berat.

Albanie 🇦🇱
En chemin, nous avons traversé un paysage surprenant, digne d’un décor de Mad Max, avec de vieux puits de pétrole éparpillés dans les champs et les lotissements. Pour moi, c'était une découverte inattendue : je n'avais jamais vu de pétrole brut s’écouler ainsi ni de forages en action. Dans mon imaginaire, l’extraction pétrolière appartenait aux grandes étendues désertiques de l’Arabie saoudite ou des États-Unis.

L’Albanie possède pourtant une histoire d’exploitation pétrolière qui remonte aux années 1920, notamment dans la région de Patos-Marinza, à quelques dizaines de kilomètres de Berat. Ce champ pétrolier est d’ailleurs le plus important d’Europe continentale. Pendant l’époque communiste, l’industrie pétrolière était l'une des fiertés du pays, et la production battait son plein. Cependant, avec le déclin de l’ère communiste et des moyens de production, ces infrastructures sont restées en l’état, vieillissantes et parfois même abandonnées.
Pompe à pétrole en fonctionnement
Pompe à pétrole en fonctionnement
Un deuxième puit de pétrole
Un deuxième puit de pétrole
Drôle de voisin
Drôle de voisin
Anciennes cuves de stockage
Anciennes cuves de stockage
Les circuits touristiques ne prennent généralement pas en considération ces routes pour un trajet jusqu'à Berat.

Les Albanais, comme de nombreuses populations dans le monde, ont des priorités différentes, souvent liées à des besoins fondamentaux tels que l'accès à l'éducation, à la santé, ou à un emploi stable. Pour eux, les questions environnementales peuvent sembler moins urgentes par rapport à des préoccupations immédiates comme la survie économique ou l'amélioration de la qualité de vie.


Cela dit, cette perception ne signifie pas qu'ils ne soient pas conscients des problèmes environnementaux. Les enjeux comme la pollution, la déforestation ou la gestion des ressources naturelles sont de plus en plus discutés en Albanie, surtout dans le contexte de l’urbanisation et du développement économique. Cependant, les priorités diffèrent souvent selon les niveaux de développement et les réalités sociales. Les Français ou les Allemands, par exemple, peuvent aborder ces questions avec plus de ressources et d'infrastructures en place, ce qui leur permet de se concentrer davantage sur les initiatives environnementales.
Village de campagne
Village de campagne
Après des kilomètres de routes vallonnées, nous arrivons enfin à Berat. Dès l'entrée, la ville nous surprend avec son charme pittoresque et son architecture unique, ce qui lui a valu d’être surnommée “la ville aux mille fenêtres.” Les façades en pierre blanche, ornées de petites fenêtres alignées avec précision, s’étendent le long des collines et semblent presque empilées.
Ville de Berat
Ville de Berat
Avec Chris, nous décidions de gravir le chemin pavé qui mène vers la vieille ville, située en hauteur. Le dénivelé est brutal, et avec nos vélos bien chargés, chaque coup de pédale devenait un effort inhumain tel que nous avions poussé les vélos une bonne partie de la côte. A ce moment, je me rappelais de l'homme qui portait son vélo sur la fresque urbaine à Tirana... 

Mais une fois en haut, la récompense était au-delà de nos espérances : Berat s’étendait sous nos yeux, avec ses maisons ottomanes blanches, le calme de la rivière Osum qui serpentait au milieu de la vallée, et les montagnes en toile de fond.

La terrible montée de Berat !
La terrible montée de Berat !
Vieille ville et ses remparts
Vieille ville et ses remparts
Montagne en ligne de mire
Montagne en ligne de mire
La vallée du district de Berat
La vallée du district de Berat
La vieille ville, ou Kalaja, est encore habitée, ce qui lui donne une vie particulière que l’on ne retrouve pas dans toutes les forteresses. Les ruelles pavées, les petites cours intérieures, et les habitations en pierre semblent figées dans le temps. On se croirait presque transportés dans un autre siècle. De là-haut, la vue était incroyable : d’un côté, les toits serrés de la ville, et de l’autre, les vastes paysages montagneux de l’Albanie.
Après notre visite de la vieille ville, nous avons redescendu les pentes escarpées pour retourner en centre-ville. Là, nous avons repéré une petite boulangerie locale, attirés par l’odeur alléchante qui s’en dégageait. C’est ici que nous avons découvert les burek, cette spécialité albanaise de pâte feuilletée garnie de viande, de fromage ou de légumes. Un vrai coup de cœur ! Nous en sommes vite devenus accros, et les burek sont rapidement devenus notre casse-croûte de choix tout au long du trajet et presque jusqu'à l'overdose.

Albanie 🇦🇱
En début d'après-midi, nous avons enfin repris la route en direction de Përmet. Le chemin nous a menés le long du spectaculaire canyon de l'Osum, où la route serpentait entre des falaises impressionnantes et des paysages sauvages. Les vues étaient à couper le souffle, avec la rivière Osum qui creusait son passage en contrebas, bordée de végétation et de formations rocheuses.

Ce tronçon du voyage est resté l’un des plus mémorables de cette traversée. Toutefois, il marquait aussi le retour du dénivelé. Les pentes se sont accentuées, rendant la progression plus ardue
L'Osum
L'Osum
Le canyon de l'Osum
Le canyon de l'Osum
Cette nuit-là, nous avions pris la décision de dormir quasiment en bord de falaise, juste en dessous d'un passage de lignes électriques. Les lieux de bivouac étaient rares le long du canyon, et nous avions dû emprunter un chemin escarpé qui remontait le versant de la montagne pour trouver un emplacement. Malgré l’inconfort de notre situation, l’endroit offrait une vue imprenable sur le canyon, et nous avons apprécié la tranquillité des lieux, bercés par le bruit lointain de la rivière en contrebas.
Albanie 🇦🇱
Au réveil, un grand ciel bleu et ensoleillé nous attendait, parfait pour commencer la journée. Nous avons pris la route vers 10 h, longeant à nouveau la rivière Osum sur quelques kilomètres jusqu'à atteindre le dernier village de la journée. Après cela, nous savions que seuls des chemins de terre nous mèneraient jusqu'à Përmet. Un petit arrêt s’imposait donc à l’épicerie du coin pour faire le plein de provisions et remplir nos gourdes, prêts à affronter les routes plus isolées qui nous attendaient.
Pas de burek ici, désolé...
Pas de burek ici, désolé...
À chaque arrêt dans une épicerie, seul l’un de nous allait faire les achats pendant que l’autre restait à surveiller les vélos. 

Une fois, des enfants étaient venus nous voir, réclamant de l’argent avec insistance et répétant sans fin “Monnaie, monnaie, monnaie, monnaie…” dans l’espoir d’obtenir quelques pièces. Cette situation ne nous amusait pas vraiment, car nous ne savions pas trop comment y réagir ni comment gérer leur insistance, ce qui rendit ces pauses parfois un peu délicates.

Fin du macadam
Fin du macadam
Chris qui part en éclaireur
Chris qui part en éclaireur
Nous découvrions peu à peu notre nouveau terrain de jeu, pour lequel nos montures montraient leurs limites. Un mélange subtil de terre, de pierres et de glaise collante s’étendait devant nous, rendant chaque coup de guidon plus technique. Mais c’était surtout le dénivelé infernal qui se dressait contre nous, rendant l'adhérence des pneus aléatoire voir absente dans la glaise. Cette boue venait combler l'espace entre le garde boue et la roue ou sous les patins de freins, ce qui ralentissait notre avancée.

Chris prit l’initiative, paradoxale mais audacieuse, de retirer ses garde-boue. Bien que cela puisse sembler contre-intuitif sur un terrain aussi boueux, il voulait surtout éviter que la glaise collante ne s’accumule et ne bloque ses roues, risquant de le figer sur place. Fallait y penser !

Arrêt technique pour le retrait des gardes boue.
Arrêt technique pour le retrait des gardes boue.
Quant à mes pneus lisses… disons simplement qu’ils n’étaient pas vraiment adaptés au terrain. Mais sur ce point, je n'avais pas de solution de rechange. En parlant d’équipements inadaptés, la répartition de la charge entièrement à l’arrière du vélo s’est révélée être une véritable erreur en montée. Sous l'effet de la gravité, l’avant du vélo se dérobait, oscillant de droite à gauche jusqu’à se retrouver presque en parallèle du chemin. L’arrière, trop lourd, faisait office de point pivot, et il m'est arrivé de faire quelques chutes idiotes en perdant le contrôle. Mais on était bien déterminer à atteindre le sommet de la colline !
Après plusieurs mètres supplémentaires, je me surprenais à maudire de plus en plus ce vélo. Même à l'arrêt, il refusait de rester stable et finissait par tomber tout seul. La béquille centrale, pourtant censée maintenir l’équilibre, ne tenait jamais vraiment en place, constamment déstabilisée par les touffes d'herbes ou les aspérités du sol. C'était frustrant, surtout quand il fallait sans cesse le redresser et repartir.

Note à moi même : ne plus jamais équiper son vélo avec une béquille centrale, il faut plutôt privilégier une béquille unilatérale, longue et robuste.

Albanie 🇦🇱
Enfin, j'aperçois le sommet, exténué, essoufflé, les jambes en feu. Chaque coup de pédale devenait une douleur presque insupportable, mais la vue du bout du chemin me donna juste assez de motivation pour terminer l'ascension. Chris avait pris une bonne longueur d’avance. Je ne sais pas ce qu’il y avait dans son burek, mais il semblait en pleine forme, débordant d'énergie !
Elle était hardcore cette montée !
Elle était hardcore cette montée !
Dernier virage...
Dernier virage...
Arrivés ! Nous avions enfin atteint le sommet... La vue m'avait coupée le peu de souffle qu'il me restait.
Vue panoramique sur le Valamara enneigé
Vue panoramique sur le Valamara enneigé
C’était incroyable ! Deux gas, venus de pays différents et qui ne se connaissaient pas une semaine plus tôt, se soutenaient mutuellement comme des amis de toujours. C’est la preuve qu’une passion et un objectif commun peuvent transformer des inconnus en véritables compagnons de route.
Sourire, le doux écho de l'effort.
Sourire, le doux écho de l'effort.
Après avoir célébré notre arrivée au sommet du col, nous nous sommes mis en quête d’un endroit propice au bivouac, car le soleil se couchait rapidement.

Après avoir parcouru quelques kilomètres, nous avons été surpris par trois chiens qui nous avaient repérés de loin. Nous avions pris l'habitude de faire attention aux chiens errants mais là, c'était différent ils n'étaient pas sauvages.

Leur maître, un berger, siffla après eux et fit signe vers nous pour nous faire comprendre qu'il n'y avait pas de danger. Puis, il continua tel un être mystérieux, conduisant ses bêtes vers la vallée, accompagné des chiens patrouilleurs.


Pattes patrouille pour vous servir !
Pattes patrouille pour vous servir !
Comme chaque fin de journée, le soleil disparaissait progressivement, laissant le froid s'installer, surtout après avoir pris un peu d'altitude. La fraîcheur se faisait sentir davantage au repos, lorsque le corps se relâchait. Pour apporter un peu de confort et nous réchauffer, nous avions allumé un feu, l'un des rares de ce voyage, tout en veillant à éloigner suffisamment les tentes pour éviter de créer de petits trous causés par la retombée des escarbilles et des cendres. Afin de ne pas transformer notre abri en passoires.

Note à moi-même : faire des feux de camp de temps en temps peut être agréable, mais cela comporte des inconvénients. Nous devenons facilement repérables, l'odeur de fumée imprègne les textiles, et dans la plupart des cas, un réchaud suffit amplement.


Bivouac on fire...
Bivouac on fire...
et réveil ensoleillé
et réveil ensoleillé
Un bain de vitamine D dès le matin, une tasse de thé bien chaude entre les mains : rien de tel pour se réchauffer dans ce froid de canard. Il nous restait encore de nombreux kilomètres de pistes boueuses avant d’atteindre Përmet, mais cette fois, le dénivelé jouait en notre faveur. On avait la banane, prêts à affronter les paysages sauvages et les chemins glissants.
Première habitation depuis la dernière épicerie.
Première habitation depuis la dernière épicerie.
Les paysages qui s'étendaient devant nous oscillaient entre désolation et beauté brute, avec des sommets enneigés qui se dressaient majestueusement au loin. Les couleurs des stratifications apportaient des nuances dorées, rouges et grises, contrastant avec les rocailles grises et les vallées arides. C'était un spectacle à la fois saisissant et empreint de solitude, où la nature sauvage s'exprimait dans toute sa splendeur.
Vue sur le parc naturel de Zagoria
Vue sur le parc naturel de Zagoria
Ça se mange à priori
Ça se mange à priori
Nous voilà enfin arrivés à Përmet, et on n'était pas mécontents, car cette virée en off-road nous avait bien fatigués. En quête de repos, on se dirige directement vers une auberge de jeunesse pour réserver une chambre, mais personne n’était sur place. Heureusement, un commerçant connaissait le propriétaire et a eu la gentillesse de le contacter pour nous. Après quelques minutes d'attente, le fils du gérant est venu nous ouvrir. Il a d'abord jeté un œil à nos vélos, couverts de boue, et nous a gentiment demandé de les nettoyer avant d'entrer. Un peu gênés, on a suivi son conseil et pris la direction de la station de lavage située à l'entrée de Përmet.
Station de lava...
Station de lava...
de lavazh !
de lavazh !
Une fois arrivé sur place nous avions débarrassé nos vélos de leurs équipements pour les préparer a être karcherisé par un employé bien sympathique.
On insiste un peu sur la cassette !
On insiste un peu sur la cassette !
Puis retour à l'auberge de jeunesse, où nous étions attendus pour dîner dans le restaurant familial. Cette fois-ci, nous avons pu rentrer les vélos sans contraintes.
Au menu du soir : un goulash bien chaud pour nous réchauffer et reprendre un peu d'énergie avant de poursuivre, le lendemain, jusqu'à la frontière.
Photo de Përmet
Photo de Përmet
Goulash à l'agneau
Goulash à l'agneau
Avant de quitter Përmet, nous avons rempli nos sacoches de quelques bureks pour le déjeuner. L’objectif était de longer la rivière tout en suivant la route de montagne jusqu’à atteindre un poste frontière qui nous permettrait de passer en Grèce. En chemin, nous nous sommes arrêtés dans un café pour savourer une dernière fois l’ambiance de la vie albanaise.
Rivière Vyosa
Rivière Vyosa
Village de Çarshovë
Village de Çarshovë
Passer la frontière grecque après notre longue traversée de l'Albanie à vélo marquait une étape clé, empreinte d'un mélange d'excitation et de nostalgie car nous arrivions en enfin en Grèce, le dernier pays de mon périple.

Lorsque les premiers panneaux en alphabet grec sont apparus, un nouveau monde semblait s’ouvrir devant nous.

Je vous raconterai donc notre passage en Grèce dans le chapitre suivant !

Pont de fer de Bourazani
Pont de fer de Bourazani
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