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Cyclo-rando en famille, en terre Kirghize - été 2015

(réalisé)
5 semaines en vélo, en autonomie et en famille (Thierry et Véronique, et leurs 3 ados : Baptiste,  13 ans, Frédéri, 16 ans, et Yohann, 19 ans) au Kirghizistan en Juillet-août 2015
vélo de randonnée
Quand : 24/07/15
Durée : 31 jours
Distance globale : 1113km
Dénivelées : +12854m / -9644m
Alti min/max : 638m/3782m
Carnet publié par La Tribu le 29 nov. 2015
modifié le 07 janv. 2016
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Vue d'ensemble

Le compte-rendu : 3-Bokonbaëvo - Kochkor par les hauts plateaux (mise à jour : 06 déc. 2015)

J16 - Dimanche 9 août 2015
Thierry a été malade toute la nuit, du coup l’humeur est un peu morose ce matin. La noce s’est prolongée tard dans la nuit, les fêtards nous ont réveillés vers 1h30 à puis vers 4h00 ce matin, du coup nous quittons Bokonbaëv sans regret, même si la guesthouse était sympa. Aujourd’hui, il y a repas de famille chez Klara, et ce matin en cuisine, ça s’active dans tous les sens dans des odeurs de friture et de ragoût de mouton, qui mijote sur le feu.
Nous arrivons à lui acheter une bouteille d’eau minérale remplie de confiture de framboise. Il est quasiment impossible de trouver certains produits comme la confiture dans les magazin. Vu que tout le monde ici a un bout de jardin, chacun fait ce dont il a besoin. Les œufs, la confiture, même le lait sont difficiles à trouver dans le commerce.

A Ak-Say, nous quittons la rive Sud du lac pour prendre une route qui nous amène dans une vallée parallèle à la côte (Kongur Ölöng), et qui nous évite le trafic routier. Les hameaux se suivent, quasiment déserts, hormis des bandes de gamins curieux qui viennent nous voir dès que nous faisons halte. A Toguz Bulak, un homme bien imprégné de vodka vient les empêcher d’approcher nos vélos alors que nous nous reposons à l’ombre. Ils n’étaient pourtant pas bien dangereux, ces gamins, avec leur âne !

Comparaison de nos moyens de locomotion respectifs...
Comparaison de nos moyens de locomotion respectifs...
Le terrain de foot de Kongur Ölöng  nous offre un bel emplacement de bivouac, et comme d’habitude, les gamins rappliquent. Une partie de foot commence, entrecoupée du passage des troupeaux qui reviennent des pâturages et qui traversent le terrain. Un enfant prête son cheval à Baptiste, il est aux anges.

L’avantage d’avoir quitté la côte, c’est qu’on est à l’écart de la circulation, et qu’on se rapproche de la campagne kirghize. L’inconvénient, c’est que le ravitaillement est plus difficile. Les magazin n’offrent plus que des cigarettes, des bières et de la vodka, et de vieux biscuits tout mous : sans doute des produits de première nécessité ??!!

La nuit s’annonce mal, car des jeunes un peu éméchés se mettent à jeter des cailloux sur nos vélos…SUR NOS VELOS, non mais je rêve. Nous leur faisons comprendre verbalement notre façon de penser (en français ; ça sort plus facilement que le russe, surtout quand on est énervé). 
Ils se mettent alors à énumérer les noms de joueurs de foot français, Thierry Henry, Frank Ribéry, Zinedine Zidane, Napoléon Bonaparte (sans doute un remplaçant, celui-là). Puis ils entonnent les tubes de Stromae. Tard dans la soirée, ils finissent par partir. Ouf…
Bivouac sur le terrain de foot
Bivouac sur le terrain de foot
Vallée de Kongur Ölöng

J17 - Lundi 10 Août 2015
Nous remontons sur nos vélos et nous retrouvons…la tôle ondulée ! Notre moyenne avoisine les 7 km/h, et pourtant nous avons l’impression que la route est plate. 

Nouvelle casse sur le porte bagage avant de Fred. Pendant que les grands bidouillent une réparation de fortune avec un collier Rielsen, Baptiste et moi nous nous mettons en quête de l’incontournable Magazin. 
Plus on avance, moins il y a de vivres dans ces petites échoppes, mis à part la vodka, les cigarettes, et les snikers. Jour de fête, nous aurons aussi du Coca et des biscuits (moins mous que ceux d’hier). Mais hélas, pas de pain. Pourtant maintenant on arrive à se souvenir du mot « pain » en russe : « rh’liéb ». Pas de bol, aujourd’hui, c’est « niet rh’liéb ».
Tôle ondulée
Tôle ondulée
Vallée de Kongur Olöng
Vallée de Kongur Olöng
Sépulture Kirghize
Sépulture Kirghize
J18 - Mardi 11 août 2015
Plutôt que de redescendre le long de la rivière Tura-Suu vers le lac Issik Kul, et de retrouver la route, nous choisissons de rejoindre Kochkor par les montagnes et le col Semiz Bel, même si nous n’avons aucune information (pas trouvé de récit sur les blogs) sur la « praticabilité » de  ce col à vélo. On verra ?! 

Passé le village de Tura-Suu, la piste se transforme en deux simples traces parallèles, parfois empierrées, parfois sablonneuses, dans la prairie alpine. Nous croisons un berger à cheval, il nous propose de l’airan. L’airan est un lait de vache fermenté, qui ressemble à du yaourt, légèrement pétillant. Ne pas confondre avec le kumis, ou lait de jument fermenté (redoutable pour les estomacs occidentaux). Courageux, les gars laissent Véronique essayer. On verra bien si elle est malade ??? Même pas peur, et en plus, c’est très bon.
Quelque part sur les hauts plateaux, entre le col d'Ala-Bash et le col de Semiz-Bel
Quelque part sur les hauts plateaux, entre le col d'Ala-Bash et le col de Semiz-Bel
Un peu plus loin, alors que nous prenons une yourte en photo, la maîtresse de maison nous invite à venir boire un tchaï. Ca ne se refuse pas ! Après nous être déchaussés, nous nous asseyons en tailleur sur des tapis kirghizes, au centre de la yourte, autours d’une table basse. Alors que la dame s’affaire auprès de la cuisinière, le cavalier croisé un peu plus tôt nous rejoint : nous comprenons qu’il s’agit de son frère.

Autour de nous, des réserves de couvertures, un tas de bûches, et une batterie pour le panneau solaire installé sur le toit. Le tchaï, servi avec du lait, et accompagné de pain, de crème et de beurre, est délicieux. 

Après avoir noté son adresse et lui avoir promis de lui envoyer les photos, nous prenons congé de nos hôtes et reprenons la route. Après quelques incertitudes quant à la piste à suivre (nous n’avons pas de boussole…no comment !), nous attaquons la longue montée vers le col Semiz-Bel (2715 m.). Au moins 30 km de radada !!! Des caillasses, des fossés, des ruisseaux à traverser : nous avançons parfois à une vitesse moyenne de 4,5 km/h ! Les escargots nous doublent en rigolant…
Pause tchaï au milieu de nulle part
Pause tchaï au milieu de nulle part
Un aigle majestueux vient nous survoler. Vers 13h30, nous cassons la croûte : une sardine et une tranche de kiwi par personne. On ne va pas faire de grosses crottes ! Mais c’est peut-être la recette pour lutter contre la tourista ?!!

Nous continuons à remonter à vélo ce haut plateau, suspendu entre ciel et terre. Sentiment de rouler vers l’infini. Et l’infini, c’est long, surtout vers la fin !!!
Sentiment aussi d’immense solitude, et pourtant, sur ces 30 km de montée au col, nous croisons des fermes, des troupeaux de vaches et de chevaux, sortis de nulle part, des bergers à cheval qui viennent nous serrer la main, curieux de voir autre chose que du bétail sur cette prairie sans fin.
Seuls au monde
Seuls au monde
On a l'impression d'âtre seuls au monde, et pourtant il y a de la vie partout
On a l'impression d'âtre seuls au monde, et pourtant il y a de la vie partout
Dobridien mon pote! Serre m'en cinq!
Dobridien mon pote! Serre m'en cinq!
Finalement, en fin d’après-midi, nous atteignons le col. Tout au loin, la vallée de Kochkor nous tend les bras. Que la descente est bonne ! Baptiste, trop en confiance, dérape et se casse la figure. Il se fait de belles égratignures sur les bras et les jambes. La casserole, dans ses sacoches, doit être carrée à présent ! 

Enfin, vers 18h00, nous rejoignons la rivière Kara Küngoï : nous nous posons à proximité, sur un champ de…génépi !!! C’est curieux que les kirghizes n’aient jamais eu l’idée de faire macérer des brins de génépi dans la vodka ?... Il y aurait peut-être une idée à développer….
Si ça ne monte plus, c'est qu'on est arrivés au Col!
Semiz Bel - 2735 m.
Si ça ne monte plus, c'est qu'on est arrivés au Col!
Semiz Bel - 2735 m.
La descente du col de Semiz-Bel vers la vallée de Kochkor
La descente du col de Semiz-Bel vers la vallée de Kochkor
Un cavalier arrive, et nous fait comprendre de ne pas boire l’eau de la rivière. Ni une ni deux, il prend Yohann en croupe et partent tous les deux faire le plein du bidon dans une source à l’écart des troupeaux. Yohann, ça lui a fait un peu drôle : c’est pas à Paris qu’il ira faire ses courses à cheval !!!

Un peu plus tard, un gars complètement fumé arrête sa Lada à côté de nous et nous invite à venir dormir chez lui. Nous avons toutes les peines du monde à décliner l’invitation.

 
On change de monture!
On change de monture!
Ravitaillement en eau près de la rivière Kara Kungoi
Ravitaillement en eau près de la rivière Kara Kungoi
Bivouac sur un champ de génépi
Bivouac sur un champ de génépi
J19 - Mercredi 12 août 2015
Belle nuit à la fraîche ! Pour une fois, nous apprécions nos duvets « grand froid ». 
Le type bourré d’hier soir remonte vers les alpages, et visiblement, il n’a pas tout cuvé !!!

Alors que nous finissons notre thé (il ne reste plus que ça dans nos réserves, à part les sardines !), l’épouse du cavalier d’hier soir vient nous proposer de déjeuner chez elle, ce que nous acceptons bien volontiers. Tchaï, œufs pochés aux oignons, pain et confiture, un vrai festin.
Petit déjeuner chez l'habitant
Petit déjeuner chez l'habitant
Nous nous laissons glisser le long de la piste qui rejoint Kochkor. Après 15 km, nous retrouvons la route et la civilisation, avec son cortège d’odeurs de gazole, de raccords de bitume, de bruits, de klaxons et de fumées. On serait bien restés là-haut !!! 

A Kochkor, nous nous renseignons sur la suite du voyage auprès d’une petite agence de tourisme  qui nous propose de quoi loger. En fait d’hébergement chez l’habitant, c’est un peu succint : une grande chambre, un canapé lit, une banquette, deux enfants par terre sur leurs matelas, et une grande table. Qu’importe, il y a aussi une grande cour fermée où nous pourrons laisser les vélos. Demain, nous montons à cheval dans les jailoos (alpages), passer 3 jours sous la yourte avec une famille de bergers. L’aventure continue !!!

L’après-midi se passe, entre lessives et ravitaillement.
Le soir nous mangeons en ville dans un café-restaurant : le BH3HT (lire : le « Visit »), mentionné dans le petit futé. C’est sûr, on aurait mieux fait d’ouvrir une boîte de sardines. Beaucoup de plats sur la carte, nettement moins de plats disponibles, et ce qui se retrouve dans notre assiette, c’est bien gras. Goulash pour yohann, mantys frits (raviolis fourrés à l’oignon et à la viande) pour Véronique, omelette et macaronis pour Fred et Baptiste (une valeur sûre).

 
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