Traversée du Haut Atlas Marocain en autonomie

Marrakech/Azilal en bus, ça nous a pris la journée car nous étions dimanche et fin de vacances scolaires donc aucune place libre avant midi ! A Azilal, ne trouvant pas de transport en fin de journée pour aller plus loin, nous avons passé une nuit dans un petit hôtel. C'est petite bourgade animée et ça nous a mis dans l'ambiance !
Le lendemain, nous avons voulu prendre un mini-bus pour la vallée des Aît Bougmez mais ils se remplissent très lentement. Donc on a choisi un grand taxi jusqu'à Agouti. Nous avions 4 jours de ravitaillement et une bouteille de gaz, sachant qu'on a prévu 2 nuits en refuge avec repas. Il faut appeler le gardien avant car il est au village d'Arrous et ne monte que s'il a des clients.

Agouti/Azib N'Ikkis
Petit vent frais malgré le soleil. Nous avons prévu de monter bivouaquer près d'une source vers 2600 m. Mais, dès 2300 m, aux dernières bergeries, il fait déjà très froid et les nuages s'amoncèlent. Nous décidons de demander à quelqu'un si on peut planter la tente dans un coin. La personne qui retape une bergerie nous dit d'entrer : en fait, un gite a été aménagé et le propriétaire nous propose d'y dormir. Nous ne refusons pas car la grêle puis la neige ne tarde pas à tomber ! Nous passons une soirée près du poêle et nous avons pu utiliser la cuisine. 

AZIB N'IKKIS/REFUGE TARKEDIT

Le soleil est de retour, c'est un vrai bonheur avec le paysage enneigé. Au Tizi N'Omskiq à 2870 m, nous sommes déjà en tee shirt ! Ensuite, beaucoup de neige et une grosse pente à traverser avec prudence jusqu'au col d'Aouri à 3340 m. Vue spectaculaire sur l'interminable crête du M'Goun. Ensuite, on descend sur le plateau du Tarkedit où quelques troupeaux sont déjà là. Le gardien arrive après nous au refuge, nous sommes les seuls clients mais il en attend d'autres pour demain. Le dortoir est coquet et la nourriture très bonne.

ASCENSION DU M'GOUN

Lever à 5 H pour partir à 6 H à la lueur des frontales, en oubliant la carte et le topo et en zappant les cairns ! Bref, nous partons trop à droite et arrivons à un autre col que celui prévu. Cela nous fait faire un détour et du crapahutage sur les pentes mais nous arrivons sur l'arête du M'Goun à 3800 m. Elle est encore enneigée par endroit. Vers la fin, elle devient effilée et verglacée, le vent est glacial et violent. A 4020 m, nous faisons demi-tour et trouvons un abri derrière les rochers pour nous requinquer un peu. La descente nous apparait bien marquée jusqu'au refuge. Nous avons quand même grimpé 1400 m sans être vraiment acclimatés et avons fait un tour de 20 km !
Le soir, nous sympathisons avec les bergers du coin et leur apportons quelques soins aux mains. Il est important de prévoir une pharmacie un peu plus conséquente pour soigner les bobos. Nous avons souvent été sollicités lors de nos treks précédents dans le Djebel Sarho et dans le grand sud.

REFUGE TARKEDIT/ AMZEZRI

Encore une belle gelée cette nuit mais nous somme partis avec le soleil. Nous suivons la Tessaout qui prend sa source près du refuge. Nous la quittons au début des gorges de Wandras  pour s'élever au sud-ouest sur une partie plus désertique qui sera bientôt un pâturage. Pause de midi au Tizi n'Dern à 3150 m. Ensuite c'est une longue descente sur un sentier en balcon avec quelques passages scabreux, surtout quand on croise des mules !
La vue sur la vallée de la Tessaout est un festival de couleur. Nous traversons les villages de Tasgaïwalt et d'Amzri. Les enfants veulent nous conduire à un gite mais nous avons envie de bivouac ! Le tout est de trouver un endroit tranquille...Nous avons quitté la piste, traversé des jardins et la rivière pour trouver un coin sous les arbres, sans abimer les cultures. A 2200 mètres d'altitude, on trouve la température estivale !

AMZRI/AIT ALI N'ITO

La tente était bien trempée par l'humidité. Nous avons repris la piste avec un paysage désertique et des habitats dispersés. Ensuite, nous étions dans des gorges étroites jusqu'à Ichbaken où on a trouvé une épicerie.
Ensuite, nous avons continué sur la piste, souvent envahie par l'eau de la Tessaout qui déborde à cette saison. Très peu de véhicule peuvent passer.
A Aït Ali n'Ito, nous n'avons pas trouvé d'endroit pour bivouaquer : soit c'est cultivé soit c'est envahit de cailloux ! Nous avons donc suivi les pancartes d'un gite. C'est bien à cette saison, nous sommes les seuls clients et nous pouvons marchander ! Après tout, une douche chaude et un bon tajine, c'est toujours ça de pris !

AIT ALI N'ITO/Pâturages de Taoudja

Au loin, nous voyons d'importants travaux en cours pour construire une piste vers Tifticht. Une belle piste neuve passe en hauteur pour aller à Megdaz, celle du bas est inondée. A Megdaz, nous trouvons juste quelques portions de "vache qui rit". Heureusement, nous avons des plats lyophilllisés au fond du sac...
Nous montons sur un plateau au-dessus du village et passons au col de Megdaz à 2450 m. On voit déjà le djebel Anghomer au loin. Pause de midi aux bergeries d'Adrazan. Ensuite, c'est une succession de montées/descentes en passant par le village de Tagourt. Le paysage est très surprenant, nous passons plusieurs cols. Heureusement qu'il y a des marques de peintures rouges pour nous guider ! Arrivés dans un grand pâturage, nous avons cherché un point d'eau, le 3e vallon est le bon avec un petit filet d'eau propre.

Pâturages de Taoudja/Lac Tamda

Grosse journée en perspective avec plusieurs cols à passer. Le 1er, Tizi Fedghat est à 2680 m sur la route entre Demnate et Skoura. Passage au-dessus du village de Tamzrit n'Oufella, nous n'avons pas le courage d'y descendre pour un éventuel ravitaillement. Puis Tizi n'Fredoute à 2 800 m. Dans la descente nous avons vu un troupeau de gazelles. Le lit d'un ancien glacier nous emmène au lac Tamda. Nous nous installons sur une petite plateforme en hauteur. Deux bergers à cheval sont venus nous demander du feu et nous leur avons laissé un briquet. Ils nous ont dit qu'on passerait une nuit tranquille. Ce fut le cas avec le chant des grenouilles et les cris des tadornes qui raisonnaient le long des murailles : belle ambiance !

LAC TAMDA/TELOUET

Longue descente de 4 heures. Nous avons croisé un groupe de 17 norvégiens, 11 accompagnateurs et 10 mules (on a tout compté !) qui partaient dormir au lac. A un jour près, la soirée aurait été différente pour nous...
Au village de Tighza, nous avons craqué pour un bon tajine à l'abri de la chaleur. Ensuite, c'est le soleil et les cailloux jusqu'à Amniter où on craque pour finir en mini-bus. La suite aurait d'ailleurs été peu intéressante en bord de route. A Telouet, nous avons visité la Kasbah au passage et fait quelques courses à l'épicerie pour 3 jours. En fin de journée, nous rejoignons le gite d'Oulaïd à l'écart du village. En fait, nous y resterons 2 nuits car une belle gastro me cloue sur place le lendemain...

TELOUET/Vallon de Tighincht

Pour la suite du tracé, nous n'avons pas d'indications précises et nous n'avons pas trouvé de traces de balisages aux abords du village. Nous nous contentons de prendre la direction du Tizi n'Tichka par lequel il faudra passer. En traversant plusieurs villages, nous demandons la direction du col et nous essayons de tenir le cap. Nous suivons des traces au hasard que nous perdons vite. Nous avançons lentement, je suis encore faible, je bois beaucoup et il faut s'arrêter pour filtrer de l'eau. A chaque virage, on se fait surprendre par un nouvel obstacle à contourner. Enfin, à 2600 m, on y voit plus clair, mon chéri monte au col à 100 m au-dessus et revient tout content car le balisage passe plus haut et en plus, il a trouvé une magnifique plateforme pour bivouaquer.
En effet, l'endroit est paradisiaque avec une source, de l'herbe et la vue sur la plaine de Ouarzazate. Par contre, il souffle un vent glacial !

Vallon de Tighincht/Assats

Au col à 2700 m, le balisage est moins présent mais on essaie de le suivre Il nous aide à descendre vers la route du Tichka car le sentier passe entre plusieurs gorges très aériennes. Le paysage est magnifique. Ensuite, on s'engouffre dans les gorges du Tichka sur un petit sentier en balcon.
Sur le plateau d'Immouzer, c'est un enchantement de verdure pour la pause déjeuner. Beaucoup de torrents et d'irrigations puis c'est de nouveau très sec en arrivant au village d'Afra. Une famille nous invite à boire le thé. Ensuite, les gorges sont de plus en plus étroites et on se demande sil on va trouver un coin pour bivouaquer. Avant le village d'Assats, on trouve un coin non cultivé sous les noyers, près du torrent.

ASSATS/ARBAA TIGHEDOUINE

C'est la dernière étape de cette première partie de notre traversée. Nous devons rejoindre la civilisation. En recoupant deux topos, nous calculons 4 heures de marche. Nous traversons le village d'Assats, les gorges d'Oussamar puis arrivons à Azgour dans la vallée du Zat.
Nous continuons sur la piste jusqu'à Arbaa Tighedouine, début de la route. En fait, nous avons mis 5 heures !
Un bon tajine pour se retaper puis on trouve facilement un transport pour rejoindre Marrakech en une heure.

ARBAA TIGHEDOUINE/AIT ATTOU

L'année suivante, fin avril 2015, nous voilà repartis ! De la station de Bab Er Rab à Marrakech, nous prenons un grand taxi jusqu'à Arbaa Tighedouine. Nous tenons à repartir de notre point d'arrivée.
Nous prenons des forces avant de partir et discutons avec notre voisin de table qui n'est autres que le fils d'Oulaîd, guide de montagne. Il nous donne quelques indications pour rejoindre le lac d'Iferd.
En début d'après-midi, nous commençons à marcher sur des petits sentiers mais on s'égare et finalement on se retrouve sur la route qui rejoint Aït Attou. Les sacs sont lourds car cette fois nous avons crampons et piolet. Après le village, nous stoppons près d'un canal.

Aït Attou/Plateau du Yagour

Nous continuons à travers les cultures en suivant les canaux. Nous n'avons pas de topo précis pour rejoindre le tracé de la GTAM. Nous visons le lac d'Iferd qui nous permettra de retrouver le fil. Nous avons avancé en zigzag en changeant 15 fois d'avis ! A midi, nous mangeons dans un canyon pas vraiment prévu au programme... Ensuite, nous passons sur une grande plaine désertique avec plusieurs col. Enfin, nous arrivons à l'altitude désirée soit 2500 m où doit se trouve le lac. Ne trouvant pas de lac, nous avons élu domicile sur un magnifique plateau face au massif du Meltsene. Dans la soirée, je suis allée me promener au bord du plateau et en dessous : le lac d'Iferd ! Nous n'aurions pas pu y bivouaquer car c'est une grande cuvette spongieuse, sans parler du concert de grenouilles...

YAGOUR/SETTI FATMA

Nous avons suivi le cours d'eau descendant du lac. Passage près de bergeries inhabitées à cette saison. Dans le vallon, nous avons retrouvé le balisage. Nous avons traversé des pâturages et des petites gorges puis suivi un sentier en balcon et une crête séparant deux vallées : Aguerd/Anamer à droite et Ouigrène à gauche. Après Ouigrène, un pont traverse le torrent de l'Ourika. Pas la peine d'espérer bivouaquer dans cette vallée très touristique. Nous trouvons un gite sans problème et c'est la fête : couscous au poulet !

SETTI FATMA/CAMP à TIMICHI

Nous avons pris du retard en attendant l'ouverture de la boulangerie. Nous avons ensuite suivi la piste en traversant la succession de petits villages qui forment Setti Fatma. La saison touristique n'a pas encore débuté mais on voit bien ce que ça peut donner, il y a des restaurants partout ! Au bout de la vallée, nous montons la piste jusqu'à 1700 m. Pause déjeuner à Tadrart. Pour éviter de suivre la piste, nous passons par plusieurs villages en contrebas. Nous arrivons à Timichi et quittons la piste pour un sentier montagneux. Après avoir dépassé un gite, nous trouvons des terrasses abandonnées à 2 100 m où nous pouvons nous installer au bord du torrent.

CAMP TIMICHI/OUANESKRA

Le sentier continue jusqu'à Labassène, joli village isolé où la piste n'est pas prête de passer vu la profondeur des gorges. Nous avons continué la montée et les névés sont apparus à 2800m jusqu'au col de Tachedirt à 3180 m. pause déjeuner à l'abri du vent glacial. La descente a été longue. Au village de Tachedirt, on s'est fait alpaguer par des propriétaires de gite qui nous ont fait louper le sentier. Il a fallu faire demi-tour. Nous avons continué jusqu'aà Ouaneskra, moins peuplé. Nous y avons trouvé un gite à 300 Dh pour deux en demi-pension. Nous y avons une magnifique vue sur le massif du Toubkal.

OUANESKRA/AROUMD

Nous avons suivi un sentier agréable dans la vallée d'Imedane. A Ikkis, on s'est égaré à plusieurs reprises avant de trouver le chemin qui descend vers le torrent. Il a fallu se déchausser pour traverser. Ensuite, ce fut une montée pénible de 300 mètres sous le soleil jusqu'au Tizi n'Aguersioual à 2 050 m. Après la pause de midi, la descente a été raide jusqu'à Aguer Sioual. Nous avons suivi la route principale jusqu'à Imlil. Après un peu de ravitaillement, nous avons fuit jusqu'après Aroumd. On s'est installé près du torrent.

AROUMD/REFUGE TOUBKAL

A Sidi Chamarouche, on trouve aussi des boutiques et de l'épicerie. ça a bien changé depuis mon passage il y a 15 ans ! Nous sommes montés  en faisant des pauses car nous voulons faire l'ascension tranquillement le lendemain.  Nous avons croisé beaucoup de marocains qui descendaient, c'est la fin du week-end et le refuge sera moins bondé. Nous avons été effarés par les tenues de ville, les chaussures inadéquates... La neige est encore bien présente autour du refuge.
Au refuge, l'accueil est organisé et sympathique, les repas très bien et il y a même une douche chaude si on veut.

REFUGE/TOUBKAL/AROUMD

Partis à 5 H 15, nous avons été bien contents de mettre les crampons sur la neige verglacée. Par contre, au second col, après un passage en glace, la crête était complètement dégagée. Au sommet, la vue était restreinte à cause des nuages. C'est la 2e fois pour moi mais j'y prend autant de plaisir et il fait moins chaud qu'en août 1999 ! Grâce à une descente rapide sur la neige, nous étions de retour au refuge à 11 H 15 !
Les cols d'altitude étant encore trop enneigés, nous avons choisi de modifier le parcours prévu et de redescendre vers Aroumd pour passer des cols plus bas. Nous avons de nouveau bivouaqué dans la plaine alluviale mais à l'opposé d'il y a 2 jours.

AROUMD/ AZIB TAMSOULT

Fini la trace de la GTAM officielle donc petit cafouillage avant de trouver le départ du sentier, caché derrière les bergeries d'Assougolor. Le vent était glacial au Tizi n'tizitert à 2 930 m.
Après le repas, une descente de 700 mètres nous attendait, impossible de trouver un chemin fiable. Heureusement, dans le bas, un muletier nous a fait signe au loin pour nous montrer le passage. J'avais bivouaqué près des bergeries de Tamsoult il y a 15 ans. Maintenant, un gite a été construit car c'est un lieu de passage des agences de trek. Nous avons décidé de bivouaquer sur la pelouse car le gite est cher et les prix en euros !

AZIB TAMSOULT/AZIB N'GOUDAL

Nous avons continué la descente de la vallée vers Tizi Oussem, lieu de bifurcation vers la prochaine vallée. Pas facile de trouver son chemin quand le sentier sert de canal d'irrigation ! Le village est magnifique avec ses cultures en terrasses. Des jeunes nous ont indiqué le sentier de descente dans une forêt de noyers afin de traverser le torrent et remonter dans notre vallon.
Vers midi, des bergers nous ont invité à boire le thé à l'ombre. Ensuite, le sentier abouti dans un grand cirque de pâturages au Tizi n'goudal à  2670 m. Plus bas, nous avons trouvé un coin plat au bord du torrent.

AZIB N'GOUDAL/TALAT N'YAQOUB

Cette dernière étape qui devait etre relativement tranquille s'est avérée être la plus longue de toutes ! Pourtant, on s'est levé à 6 H 30 pour gagner du temps. On a commencé à tournicoter dans les cultures pour trouver un passage et ensuite on a eu droit à quelques vallons et canyons surprises. Nous avons ensuite traversé un grand plateau désertique puis suivi un bout de la piste qui mène aux mines de cuivre.
Au Tizi Iguidi, descente vers les Azibs Tagragra et pause de midi sous les noyers. La chaleur se fait ressentir avec la perte d'altitude. A Aït Aitoun, c'est le début de la piste. Nous faisons une longue pause avant de repartir vers 16 H en trainant. La route principale est atteinte vers 18 H. Plutôt que d'attendre un éventuel transport pour Marrakech, nous préférons prendre un mini-bus jusqu'à la ville la plus proche et profiter du calme. En effet, en marchant un peu et suivant des pancartes, nous trouvons un gite chez l'habitant à Tala n'Yaqoub où nous sommes seuls, une fois de plus. Le lendemain, nous trouvons facilement un grand taxi pour retourner à Marrakech en 1 H 30.