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Je voyage seule, en France ou ailleurs

par Floma dans Récits et entretiens 07 déc. 2018 565 lecteurs Soyez le premier à commenter
Lecture 4 min.

Floma a vadrouillé dans différents pays, jusqu'à la découverte de Carnets d'Aventures et du concept de voyage non motorisé : "ça a changé ma vision, et depuis j'ai entrepris plusieurs voyages nature, pour les loisirs ou aussi pour aller au travail !"
À l'occasion de notre dossier Voyager au féminin (dossier en ligne + dossier dans Carnets d'Aventures 54), elle nous fait part de sa conception du voyage seule, et de comment - avec une approche scientifique et pragmatique - elle analyse des aspects comme les risques, les peurs... À lire ci-dessous !

À lire aussi : plusieurs de ses carnets de virées dans la nature :

Qui est la mieux parée ?
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Le voyage au féminin…

Par Floma

J'ai pris l'habitude de voyager seule dans différents pays depuis longtemps, ne trouvant personne partageant à la fois mes délires et mon emploi du temps ! Il y a bien sûr de l'incompréhension ou des jugements parfois, des questions beaucoup, et souvent des peurs projetées « Oh, mais toute seule, en tant que femme, quand même, c'est dangereux ! » Et pas pour un homme ??
Le fait d’être une femme m’a peut-être permis de bénéficier plus facilement d’aide, ou de faciliter les rencontres, mais il y a aussi eu des moments où plusieurs personnes me regardaient galérer, où je n’ai pu lier aucun contact, alors, est-ce que le genre est plus facilitant que le sourire ? Allez savoir… Quand on ne sait pas !

Un moment particulier : la nuit

En voyage, je suis sensible au crépuscule, quand l'obscurité arrive. Mon comportement change à ce moment-là : de l'ouverture, je passe à la fermeture. Autant je suis sociable dans la journée, j’adore les rencontres, autant à partir d'une certaine heure, je deviens farouche et distante. Si des passants s'aventurent sur mon « territoire » à ce moment-là, le visage sera fermé, il n'y aura plus aucun sourire (dur !) et mon vocabulaire tombe drastiquement : oui, non, je sais pas. J'ai ressenti une grande différence entre les bivouacs seule et partagés. Même lors d'un bivouac entre femmes, je me sens plus en confiance, je suis dans la relation à l'autre, dans l'échange. Seule, je suis avec la nature, les animaux, le silence, l'eau. Je deviens animale, je me sens plus attentive à tout bruit, à tous les indices de présence humaine ou animale. Du coup, le sommeil n'a pas la même qualité !

Regarder autrement la vie qui coule
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Analyser les peurs et les risques

Une question que l'on me pose souvent : « Mais tu n'as pas peur ? » La réponse est invariable : « Si ! Bien sûr que j'ai peur, parfois. » Et la peur raisonnable est un messager qu'il est important d'écouter, cette petite voix intérieure peut nous éviter bien des déboires ! Puis, lorsqu'on a rendu explicites les différents dangers décrits, il s'agit de revenir en mode réflexion-analyse du cerveau préfrontal pour retrouver des ressources pour agir de manière pertinente :
- Définir le risque pour chaque peur, avec probabilité et gravité sur une durée déterminée : se faire mordre par un chien; se faire violer ; mourir sous les coups de couteau d'un psychopathe qui passait par là… La gravité est plus importante pour les derniers dangers (et des images qui impressionnent notre petit cerveau terrifié), mais la probabilité plus élevée pour le chien que pour le reste ! Surtout sur une durée brève : une nuit de bivouac.
- Comparer ces risques avec les risques quotidiens que nous prenons sans même y penser : en ville dans certaines rues ou transports, le nombre de gens bizarres-qui-ont-l’air-prêts-à-tout que je croise me parait bien plus important que dans la nature. Et même s'il y a du monde autour, pas sûr que les gens aient le courage d'intervenir non plus… Par contre, je risque bien plus de mourir dans un accident de voiture que sous les coups de couteau d'un psychopathe ! Et curieusement, je ne pense pas à ça quand je prends ma voiture le matin… Ah, ces films d’horreur personnels qu’on se repasse !
- Contre-analyser les coûts-bénéfices : Il est vrai que le risque de viol est une réalité, mais le risque de rencontrer plein de gens passionnants est bien plus important ! Et qu'est-ce que je risque à ne pas voyager seule dans la nature ? À terme, maladies liées à la sédentarité, vie fade, déprimée, et dépossédée des plus belles parties de moi-même. À craindre le pire, on passe à côté du meilleur…
- Trouver des moyens d'atténuation du risque : prévention-gestion des conséquences : garder sur moi un couteau ou une pagaie pas loin si un chien s'approche, téléphone portable sur moi, prévenir régulièrement un ami de mon parcours, aller chercher de l'aide plus loin si j'en ressens le besoin, toujours me réserver le droit de changer d'avis ou de lieu de bivouac, etc. Et lire Carnets d’Aventures pour trouver de bonnes idées ! (Comment faire avec les chiens de berger, par exemple…)
- Faire un partage ou un retour d’expérience à la fin : quelles peurs étaient légitimes, quelles décisions ont été adéquates ou trouillardes ou trop risquées ? En faisant attention au biais rétrospectif, car on a la fin de l’histoire : et ça n’est pas parce que tout s’est bien déroulé que les décisions étaient les bonnes ! On peut aussi réussir par chance…
Mais souvent, au cours du voyage, on se rend compte que les risques importants sont plus banals que ceux qui étaient redoutés : ceux liés à la météo, par exemple, orage, tempête ; ou aux animaux plus pacifiques !

Le voyage au féminin ou le voyage tout court ?

Et après tout ça, il reste à apprécier le voyage et la vie ! Ces moments dans la nature sont ceux où je ressens tout de manière beaucoup plus intense, le simple vent sur le visage donne un son de liberté absolue, de connexion à la vie, à soi et au silence… Donc ça vaut vraiment le coup de dépasser quelques peurs !
Alors, allez-y ! Peut-être à plusieurs femmes pour commencer, c’est plus facile, mais un jour, essayez aussi le solo, vous verrez, ça change tout ! Le fait d'être seule permet vraiment de faciliter les rencontres et de découvrir plein de gens extraordinaires.
Et au fur et à mesure des voyages, une certaine sécurité intérieure se forme, la confiance en soi grandit, la confiance dans les autres, et la confiance en la vie aussi...

Il ne lui manque qu'un traîneau !
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Solitude au frais
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Une autre vision des choses...
En hommage à Alice Guilbaud, artiste photographe
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