Continental Divide Trail, USA : 4.289 km en 125 jours
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Romni -
06 mai 2019
mis à jour le 23 déc. 2019
Inscription : 08/04/2013
15 messages
Martinet Lieu : Paris
Le CDT ou Continental Divide Trail
est présenté comme le grand frère sauvage du Pacific Creste Trail, bien plus connu: près de 5.000Km du Mexique au Canada en suivant la ligne de partage des eaux des USA. Beaucoup moins fréquenté que le PCT (600 marcheurs annuels contre plus de 6.000 sur le PCT), le CDT comporte des sections sans chemins et de multiples itinéraires possibles. C'est un parcours de déserts et de montagnes le plus souvent au-dessus de 2.500m et allant jusqu'à 4.350m.
Vous trouverez toute la logistique de cette marche, avec son bilan, son carnet de route et un petit topo guide sur mon site www.sahibvoyageur.fr mais voici déjà un apperçu du bilan pour vous donner une idée.
La difficulté.
D'abord, déconstruisons une légende: le site du CDTA et de nombreux blogs présentent ce parcours comme une aventure sauvage, un terrain vierge où il faut chercher sa propre voie. C'était sans doute vrai il y a cinq ans seulement, mais, à de rares exceptions près, c'est faux aujourd'hui: le CDT emprunte de nombreuses pistes carrossables et chemins bien tracés, il est souvent bien signalé sur le parcours "officiel" (celui en rouge sur la carte Bear Creek) et toujours très bien cartographié, avec une excellente trace GPS comportant de nombreuses indications pratiques détaillées (croisements, routes, points d'eau, barrières et points remarquables); de nombreux cairns balisent aussi le chemin sur tous les itinéraires et la trace passe par de nombreuses villes et routes donnant facilement accès à ces villes moyennant un peu de d'autostop très facile, en moyenne tous les 4 jours sans jamais vous obliger à porter plus de 6 jours d'autonomie (à ma vitesse en tous cas). Par ailleurs, le kilométrage "officiel" est trompeur car entre les fermetures pour cause d'incendie ou de risque d'incendie (il y en a toujours) et les variantes plus intéressantes, comme la Gila River plutôt que les Blacks Mountains, le marcheur fait toujours une parcours plus réduit: dans mon cas 4.289 Km réellement parcourus pour un parcours officiel de 4.695 Km. N'allons cependant pas trop loin dans l'autre sens: ce n'est pas non plus une ballade dans une forêt française. Quelles sont alors les vrais difficultés?
La chaleur sur les partie de désert (5 jours au départ, les 60 Km avant Cuba): il peut faire 35-40° avec une humidité de 10%.
Le manque d'eau sur de nombreuses section, soit qu'il s'agisse de désert, soit que l'on soit sur une longue crête par définition sèche. Il est ainsi souvent nécessaire de porter entre 3 et 5 litres d'eau, voire plus pour les gros buveurs ou si on prévoit un bivouac sec.
Quelques passages, surtout dans les prairies d'altitudes, demandent de d'avoir et de savoir lire une carte et utiliser un gps/boussole car la trace disparaît au profit de cairns parfois espacés, voire absents alors qu'il est important de retrouver le fil pour la prochaine descente ou montée.
Trois courts passages au moins sont réellement dangereux car ils impliquent une descente sur des terrains pentus et instables où une chute serait grave et où rester debout est plus une question de chance que d'habileté (mais il en faut quand même: sujets au vertige s'abstenir). Il est cependant possible de contourner deux de ces passages, qui font moins d'un kilomètre à chaque fois, au prix d'un petit détour.
Donc, pour conclure, le CDT est accessible à tout marcheur confirmé correctement équipé sachant lire une carte et utiliser un gps/boussole et capable de porter normalement 4 jours de nourriture et 3 litres d'eau (5 sur de courtes distances) en faisant en moyenne 30Km par jour au moins. Il ne faut pas être sujet au vertige. En pratique, presque tous les marcheurs qui s'engagent sur le CDT ont déjà à leur actif au moins une longue marche de plusieurs mois (sur ce sujet, lire mon texte sur le fatigue de fond dans la section PCT).
Agrément et désagréments
C'est là que les choses sont moins claires. Il est très tentant de pouvoir dire que l'on a "fait" le CDT d'un bout à l'autre, si possible en une saison, mais à quel prix? a) en une saison: évidemment, cela vous classe dans les throughhikers et c'est flatteur. MAIS pour le faire, il fait partir tôt, durant la première quinzaine d'avril le plus souvent, et cela implique, les années moyennes, de trouver de la neige sur plusieurs tronçons, dont les Montagnes de San Juan. Hors, la neige du Colorado est souvent pourrie au printemps et d'exposer ceux qui y marchent à s'enfoncer souvent jusqu'au genoux, voire plus, ce qui est épuisant. De plus les San Juan avec de la neige sont très délicats à négocier, voire, à mon avis, impossibles sans risques rédhibitoires s'il y a plus que vingt centimètres de neige. De plus, comme il est impératif d'arriver à la frontière canadienne avant les neiges, c'est-à-dire fin septembre dernier carat et de préférence mi-septembre, on n'a pas de temps pour les imprévus ou pour une repos un peu prolongé. Faire le CDT en deux fois ou plus permet à l'opposé de passer partout aux meilleurs moments, de s'attarder dans les lieux que l'on préfère et de se reposer quand et aussi longtemps qu'on le veut sans avoir la pression psychologique de se dire qu'il faut avancer sous peine de ne pas arriver à temps. b) tout faire: là aussi, c'est flatteur MAIS cela veut dire marcher sur d'interminables pistes carrossables dans le désert et se taper un certain nombre de kilomètres de goudron. Personnellement, je refuse le goudron et fait du stop si je peux. J'ai marché sur les pistes carrossables, mais en râlant. Si c'était à refaire, je crois que je referai tout de même le désert du début car même si c'est monotone, c'est une découverte; par contre je sauterai la partie entre Pie Town et Grant. Si le PCT se déroule presque entièrement dans des réserves, des parcs ou des lieux protégés, le CDT passe à travers de nombreux ranchs privés et près ou dans de nombreuses villes. Cela signifie que la présence humaine y est beaucoup plus forte, y compris la présence de véhicules (4x4, quads, VTT ou motos). A l'inverse, de nombreuses section sont fantastiques: la Gila RIver, les 60Km avant Cuba, les San Juan, la chaine des Winds et le Parc des Glaciers par exemple. En fait, je dirai que le Nouveau Mexique est plutôt ennuyeux sauf certains passages alors que le reste est fantastique... sauf certains passages.
Ceque j'ai fait 1ère partie:
départ le 22 mai 2018 (trop tard), arrivée à Grand Lake le 23 juillet
1.809 kilomètres réellement marchés (kilomètres de l'itinéraire officiel: 2.195)
53 jours de marche, dont 6 néros (jours avec moins de 20Km)
6 jours de repos complet (zéros)
34Km/jour en moyenne les jours de marche (maximum 45Km/jour)
488h heures de marche, soit 9h10 par jour et 10h/jour néros exclus
3,7 Km/h de vitesse moyenne et 47.250m de montées.
2ème partie:
départ le 14 juin 2019 , arrivée à Grand Lake le 3 septembre
2.429 kilomètres réellement marchés (kilomètres de l'itinéraire officiel: 2.500)
72 jours de marche, dont 5 néros (jours avec moins de 20Km)
11 jours de repos complet (zéros, y compris les 5 jours de transit)
34Km en moyenne les jours de marche (maximum 52Km/jour)
603 ,heures de marche, soit 8h15 par jour et 9h/jour néros exclus
est présenté comme le grand frère sauvage du Pacific Creste Trail, bien plus connu: près de 5.000Km du Mexique au Canada en suivant la ligne de partage des eaux des USA. Beaucoup moins fréquenté que le PCT (600 marcheurs annuels contre plus de 6.000 sur le PCT), le CDT comporte des sections sans chemins et de multiples itinéraires possibles. C'est un parcours de déserts et de montagnes le plus souvent au-dessus de 2.500m et allant jusqu'à 4.350m.
Vous trouverez toute la logistique de cette marche, avec son bilan, son carnet de route et un petit topo guide sur mon site
www.sahibvoyageur.fr
mais voici déjà un apperçu du bilan pour vous donner une idée.
La difficulté.
D'abord, déconstruisons une légende: le site du CDTA et de nombreux blogs présentent ce parcours comme une aventure sauvage, un terrain vierge où il faut chercher sa propre voie. C'était sans doute vrai il y a cinq ans seulement, mais, à de rares exceptions près, c'est faux aujourd'hui: le CDT emprunte de nombreuses pistes carrossables et chemins bien tracés, il est souvent bien signalé sur le parcours "officiel" (celui en rouge sur la carte Bear Creek) et toujours très bien cartographié, avec une excellente trace GPS comportant de nombreuses indications pratiques détaillées (croisements, routes, points d'eau, barrières et points remarquables); de nombreux cairns balisent aussi le chemin sur tous les itinéraires et la trace passe par de nombreuses villes et routes donnant facilement accès à ces villes moyennant un peu de d'autostop très facile, en moyenne tous les 4 jours sans jamais vous obliger à porter plus de 6 jours d'autonomie (à ma vitesse en tous cas).
Par ailleurs, le kilométrage "officiel" est trompeur car entre les fermetures pour cause d'incendie ou de risque d'incendie (il y en a toujours) et les variantes plus intéressantes, comme la Gila River plutôt que les Blacks Mountains, le marcheur fait toujours une parcours plus réduit: dans mon cas 4.289 Km réellement parcourus pour un parcours officiel de 4.695 Km.
N'allons cependant pas trop loin dans l'autre sens: ce n'est pas non plus une ballade dans une forêt française. Quelles sont alors les vrais difficultés?
Donc, pour conclure, le CDT est accessible à tout marcheur confirmé correctement équipé sachant lire une carte et utiliser un gps/boussole et capable de porter normalement 4 jours de nourriture et 3 litres d'eau (5 sur de courtes distances) en faisant en moyenne 30Km par jour au moins. Il ne faut pas être sujet au vertige. En pratique, presque tous les marcheurs qui s'engagent sur le CDT ont déjà à leur actif au moins une longue marche de plusieurs mois (sur ce sujet, lire mon texte sur le fatigue de fond dans la section PCT).
Agrément et désagréments
C'est là que les choses sont moins claires. Il est très tentant de pouvoir dire que l'on a "fait" le CDT d'un bout à l'autre, si possible en une saison, mais à quel prix?
a) en une saison: évidemment, cela vous classe dans les throughhikers et c'est flatteur. MAIS pour le faire, il fait partir tôt, durant la première quinzaine d'avril le plus souvent, et cela implique, les années moyennes, de trouver de la neige sur plusieurs tronçons, dont les Montagnes de San Juan. Hors, la neige du Colorado est souvent pourrie au printemps et d'exposer ceux qui y marchent à s'enfoncer souvent jusqu'au genoux, voire plus, ce qui est épuisant. De plus les San Juan avec de la neige sont très délicats à négocier, voire, à mon avis, impossibles sans risques rédhibitoires s'il y a plus que vingt centimètres de neige. De plus, comme il est impératif d'arriver à la frontière canadienne avant les neiges, c'est-à-dire fin septembre dernier carat et de préférence mi-septembre, on n'a pas de temps pour les imprévus ou pour une repos un peu prolongé. Faire le CDT en deux fois ou plus permet à l'opposé de passer partout aux meilleurs moments, de s'attarder dans les lieux que l'on préfère et de se reposer quand et aussi longtemps qu'on le veut sans avoir la pression psychologique de se dire qu'il faut avancer sous peine de ne pas arriver à temps.
b) tout faire: là aussi, c'est flatteur MAIS cela veut dire marcher sur d'interminables pistes carrossables dans le désert et se taper un certain nombre de kilomètres de goudron. Personnellement, je refuse le goudron et fait du stop si je peux. J'ai marché sur les pistes carrossables, mais en râlant. Si c'était à refaire, je crois que je referai tout de même le désert du début car même si c'est monotone, c'est une découverte; par contre je sauterai la partie entre Pie Town et Grant.
Si le PCT se déroule presque entièrement dans des réserves, des parcs ou des lieux protégés, le CDT passe à travers de nombreux ranchs privés et près ou dans de nombreuses villes. Cela signifie que la présence humaine y est beaucoup plus forte, y compris la présence de véhicules (4x4, quads, VTT ou motos).
A l'inverse, de nombreuses section sont fantastiques: la Gila RIver, les 60Km avant Cuba, les San Juan, la chaine des Winds et le Parc des Glaciers par exemple. En fait, je dirai que le Nouveau Mexique est plutôt ennuyeux sauf certains passages alors que le reste est fantastique... sauf certains passages.
Ceque j'ai fait
1ère partie:
2ème partie:
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