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Ma 1ère itinérance hivernale (Haute Route des Escartons)

8.5 jours
119km
+5247m / -5668m
JB_Dijon
Par JB_Dijon
mis à jour 20 juin 2020
2351 lecteurs
Coup de Coeur
Informations générales
Diagnostiqué porteur de la maladie de Crohn en 2012, j’ai décidé de changer de rythme de vie et voyage désormais, à pieds ou à vélo, seul sur les routes. Après plusieurs itinérances estivales et des randonnées à la journée en milieu enneigé, j’avais envie de combiner les deux pour pratiquer l’itinérance hivernale en autonomie. C’est cette première expérience que je souhaite partager avec vous, sans filtre sur les bons moments comme les moins bons. C’est parti, on embarque dans les Alpes sur la Haute Route des Escartons pour relier les vallées du Queyras, de Cervières, de la Haute Vallée de Susa et  de la Clarée ! :)
 
Lien vers le film : https://www.facebook.com/72rayonsdespoir/videos/716666245817661/

Ma page Facebook « 72 rayons d’espoir contre la maladie de Crohn » c’est le récit d’itinérances à pied, à vélo, passées et à venir, dont le prochain défi : la Laponie :D
Activité :
raquettes
 randonnée/trek
Statut :
réalisé
Distance :
119km
DATE :
15/02/2020
Durée :
8.5 jours
Dénivelées :
+5247m / -5668m
Alti min/max :
1351m/2495m
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en train bus
Précisions : Train jusqu'à la gare de Mont Dauphin Guillestre puis Bus ligne S27 jusqu'à Saint-Veran avec changement à Ville Veille (toujours S27). Les 2 cars s'attendent. Retour par la gare de Briançon.
Toutes les sections GPX , KML

Ma 1ère itinérance hivernale (Haute Route des Escartons)

Les étapes :

1
119km
+5247m / -5668m
mise à jour : 20 juin 2020
Départ pour ma randonnée hivernale itinérante sur la Haute Route des Escartons après un trajet en covoiturage puis bus presque sans encombre (retardé j'ai du marcher à la lampe frontale et monter la tente de nuit, pour une 1ère ce n'est pas mal...). La préparation de cette 1ère expérience a été un véritable dilemme entre d'un côté les affaires à emmener pour se confronter au froid dans la durée, et de l'autre la volonté de minimiser au maximum le poids à porter : une unique paire de chaussure pour la marche et le bivouac qui je l'espère ne prendra pas l'eau à la longue, 2 slips - 2 t-shirts - 2 paires de chaussettes que je ne pourrai pas laver faute de pouvoir les faire sécher. Et malgré tout ça... près de 22 kg sur le dos au départ! La crainte de l'inconnu m'interroge : Arriverai-je à porter un sac aussi lourd ? Pourrais-je résister au froid ? Je suis partagé entre la crainte d'échouer et la joie de jouir enfin de ma 1ère nuitée sur la neige à plus de 2000 mètres d'altitude, non loin de St Veran.

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2
mise à jour : 20 juin 2020
Avant de me lancer en quête de la commune de Nevache, ma destination finale, la Haute Route des Escartons débute par une boucle entre Saint-Veran et le refuge de la blanche. Tente repliée, raquettes aux pieds, mon sac de 22 kg chargé, les premiers kilomètres dissipent mes craintes : je sens que ça va être jouable ! Le sommeil récupérateur de cette première nuit passée sur la neige y est sans doute pour quelque chose. Mais qu'importe... à ce moment précis, à 2500 mètres d'altitude, plus rien n'a d'importance si ce n'est de savourer chaque seconde de l'émerveillement que me procure ces paysages. Mes sens sont à l’affût, je ressens l'air frais fouetter mon visage, j'entends le craquement de la neige sous mes pas. Des plaisirs simples qui viennent chatouiller la corde de la vie, faisant raisonner en moi bonheur et reconnaissance de pouvoir être là. Une fois la boucle bouclée, au lieu de poursuivre comme je l'avais prévu, j'installe ma tente à l'emplacement même utilisé la veille. Finalement je me dis que j'aurai pu cacher une bonne partie de mon matériel enseveli dans des sacs étanches sous la neige. Mais mon inexpérience en la matière ne me permet pas de juger s'il s'agit d'une bonne ou d'une mauvaise idée (?).


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mise à jour : 20 juin 2020
Levée 5h30 du matin pour éviter la pluie annoncée dans l'après-midi. Zut... la neige a gelé dans la nuit et je n'arrive pas à retirer les ancrages de ma tente. Je plaide coupable, croyant bien faire en préparant le bivouac j'ai trop tassé la neige. Ce n'est pas grave, pelle en main, mon erreur me coûtera une heure de dur labeur, je retiendrai la leçon. Une fois déjeuné et le sac rangé, je démarre enfin. Premiers kilomètres, premières impressions : j'emprunte des pistes damées fréquentées, décidément ce n'est pas ma journée... A la petite station de Molines-en-Queyras je quitte l'agitation de la vallée pour évoluer sur différents flancs de montagnes successifs. J'entends la neige craquer, je fais ma trace, pas de doute je suis à nouveau dans mon élément. Mon court passage en fond de vallée n'a d'ailleurs pas manqué d'occasionner des questions sur mon sac à dos de 100 litres auquel est accroché une tente, une pelle et un panneau solaire, point de départ de discutions souvent sympathiques. En fin de journée, la neige se fait terreuse et vient parfois même à manquer. Je me rends alors vite compte que mon itinérance est riche de cette diversité. Lorsque je lève les yeux ville ou montagne, les paysages changent, lorsque je les baisse neige ou terre, la foulée ne sera pas la même, lorsque je discute avec des gens, peu importe leur provenance, il en sortira toujours quelque chose d'inattendu. La neige parfaite et les espaces grandioses de mon parcours de la veille prendraient une ...
4
mise à jour : 20 juin 2020
Fort-Queyras réputé pour sa fortification Vauban m'offre au coin de sa petite fontaine un véritable havre de paix pour ma pause méridionale. Après avoir sorti le grand jeu avec mon réchaud, c'est le sac à dos allégé et le ventre plein que j'attaque une bonne côte. Je n'avance pas, aujourd'hui ma maladie a décidé de s'en mêler, je décide donc de planter la tente avant la tombée de la nuit en contrebas du lac de Roue (gelé). Mes bivouacs hivernaux jusqu'à présent ne sont pas vraiment récupérateurs, les conditions sont rudes. Il y a la neige de fin d'après-midi qui va mouiller mes affaires, celle qui va s'immiscer dedans pour attendre sagement de fondre le lendemain, ou encore la neige qui refuse de se tasser pour m'offrir une aire de bivouac circulable sans s'enfoncer jusqu'au mollet, et enfin ma préférée, la neige gelée du matin qui refuse de libérer les ancrages de ma tente. Le froid, omniprésent, n'est pas de reste, il mobilise beaucoup (mais vraiment beaucoup!) d'énergie. En sus, il impose le port de gants qui ralentissent les manipulations, plus nombreuses qu'en bivouac estival alors même que les journées sont plus courtes. Que ce soit la neige, le froid ou encore le vent, le givre dans la tente, le gel des gâteaux - de l'eau - du dentifrice - du gant de toilette, ..., la neige fondue pour boire et manger chargée de végétaux impropres à la consommation, un sac collé solidement au métal mouillé de ma pelle, ... Chaque erreur me coûte avec la contrepartie d'appréhender un...
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mise à jour : 20 juin 2020
Départ du lac de Roue jusqu'à Brunissard. J'aurai pu prendre une piste damée, véritable autoroute du randonneur, mais je préfère les petits sentiers pour leur charme ;) A Brunissard je poursuis sur la route qui mène au col d'Izoard. Elle n'est pas déneigée et est fréquentée par les skieurs de fond et les raquettistes. Alors qu'à Brunissard les conditions étaient idylliques, le vent apparaît d'abord timidement puis force à mesure que je m'élève. Dans le même temps je croise de moins en moins de monde, puis sensation bizarre, je me retrouve totalement seul à plus de 2000 mètres d'altitude avec des bourrasques qui me déstabilisent et charrient la neige pour la fouetter contre mon visage. Sur la montagne en face je peux observer le phénomène, la neige tourbillonne et remonte les pentes sur de grandes distances sans se soucier des lois de la gravité. Le spectacle est saisissant, mais je ne peux m'attarder d'avantage. Je regarde mon altimètre, le col n'est plus très loin. Je poursuis en me disant qu'il me faudra rebrousser chemin si je venais à être exposé sous des pentes raides (risque d'avalanche). Fort heureusement ce ne sera pas le cas. Le col passé, c'est un autre monde qui s'ouvre à moi : le grand calme. Après le refuge Napoléon je continue à descendre pour planter ma tente au milieu des arbres à 2150 mètres d'altitude. Cette nuit là, ma montre indiquera - 8°C.

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Ma page ...
6
mise à jour : 20 juin 2020
"Hiiiii"... Réveil en sursaut, non je ne rêve pas, un animal est tout proche. "Hiiiii"... cette fois-ci c'est sûr, il rôde autour de la tente. Papam Papam, mon rythme cardiaque s'élève. Vitesse grand V j’échafaude un plan avec les moyens du bord : enfiler les chaussures, allumer ma frontale, brandir ma pelle. Ce ne sera pas la peine, il semble être déjà parti. Dans la précipitation ma cagoule et mon tour de cou ont touché la paroi humide de la tente, mouillés ils ont perdu leur pouvoir isolant. Je garde cette expérience à l'esprit, car elle illustre à quel point une situation en hiver peut très vite dégénérer par des conséquences en cascade. Pour avoir vécu à plusieurs reprises des phénomènes similaires, je m'efforce de rester attentif à chacun de mes gestes. Tout particulièrement lorsque le froid, la fatigue et l'obscurité s'invitent au bivouac du soir me rendant maladroit et aggravant d'autant toute erreur. Le jour levé, je descends en fond de vallée et croise sur mon chemin la ferme d'un petit producteur local, l'occasion de me ravitailler en bon pâté et saucisson d'agneau. La fatigue est profonde, les prémices des désagréments et du mal de ventre de ces derniers jours se sont accentués. L'essai, à ma demande d'un traitement thérapeutique allégé y est peut-être pour quelque chose, mais mes erreurs de débutant ne sont pas sans effet et je commence à les cerner. Je les partage tout particulièrement pour ceux qui seraient intéressés pour se lancer dans l'itinérance hiverna...
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mise à jour : 20 juin 2020
The (happy) End - Ces deux nuitées au chaud avec de bons repas m'ont fait le plus grand bien. Le pas est sûr, la cadence soutenue, après avoir avalé des gâteaux, je me retrouve à avaler des kilomètres. Bilan de la journée : 2 tablettes de chocolat ingurgitées et 26 km parcourus. Je vérifie une dernière fois sur la carte, demain sonnera la fin de mon itinérance. Je ne sais qu'en penser. Sur le terrain de la fatigue, nostalgie et soulagement se confrontent comme le ferait une masse d'air chaude contre une froide, une tempête émotive souffle en moi. Aujourd'hui j'ai d'ailleurs ressenti un avant-goût de fin, car si j'ai commencé avec la satisfaction d'évoluer seul sur de petits sentiers, mon excursion italienne s'est achevée à Clavière par un dur retour à la civilisation. L'entrée en France n'a guère été mieux avec la traversée de la station de Montgenèvre qui tourne à plein régime pendant les vacances de février. L'étonnement des skieurs étaient perceptible. Il y avait sans doute un côté irréaliste à me voir évoluer en raquettes sur ces pistes sur-fréquentées avec un sac énorme, rejoignant régulièrement un peu plus bas 2 suédoises connues la veille au refuge, skis de randonnée nordique aux pieds et derrière l'une d'elle, une pulka contenant un bébé de 7 mois :) Ma descente dans la vallée de la Clarée est amorcée. Je suis entouré de montagnes, mais je ne suis plus en montagne, il me faut trouver un endroit à l'abri des regards de la route nationale non loin de là. Les gestes ...