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GR20 sud - la Corse en solo

(réalisé)
Le GR20 est un pique-nique, la preuve, certains le traversent en 4 jours.
Chaussez vos tongues, et embarquez pour cette promenade dominicale.
randonnée/trek
Durée : 7 jours
Distance globale : 92.1km
Dénivelées : +4330m / -5021m
Alti min/max : 257m/2094m
Carnet publié par le 03 nov. 2023
modifié le 09 nov. 2023
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en train stop ferry
455 lecteur(s) -
Vue d'ensemble

Le topo : Section 2 (mise à jour : 09 nov. 2023)

Distance section : 17.7km
Dénivelées section : +922m / -715m
Section Alti min/max : 1288m/1845m

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Le compte-rendu : Section 2 (mise à jour : 09 nov. 2023)

Fromage de brebis

            Dans la nuit, j’entends un bruit. Bruissement de feuillage. Silence. Craquement de branchage. Je fouille dans la poche de mon hamac, dégaine ma lampe frontale: un goupil pris sur le vif, me regarde les pupilles contractées, tenant dans sa gueule une de mes chaussures. Honteux et confus, le renard lâche mon soulier et s’enfuit. Je me lève et ne trouve qu'une chaussure, par chance je retrouve la deuxième quelques mètres plus loin. On ne mY prendra plus : Je noue leurs lacets ensemble et les accroche à une branche. Ce serait le comble d’arrêter dès le premier jour à cause d'un vol sauvage de chaussure. 
Section 2
Départ à 6h, à flanc de montagne avec vue sur la mer et les îles toscanes. Puis on progresse dans une forêt de pins maritimes d’une beauté rare. Jeux de lumières incandescentes.

Posé sur un rocher pour manger une orange, j'observe le guide qui ouvre le chemin et le nettoie de ses traitres caillou avant la cohue d'humains.

Section 2
Un peu de fatigue, mais beaucoup de baignades. A chaque fois je me dis que j’aurais dû attendre avant de me baigner dans le 1er bassin rencontré, le bassin voisin étant toujours plus bleu. L’eau est glacée et répare mes muscles endoloris, je ressors chaque fois comme neuf.
Deux  randonneuses franchissent la rivière en contrebas et m'aperçoivent. 
- Y a des bassins plus haut, l'eau est superbe !

Un vénérable
Un vénérable
Puis un petit sentier à découvert, bordé par un chêne majestueux sous lequel je retrouve L&J, débarque sur une prairie qui invite à la paresse et où paissent cochons, mûles et vaches.

Au refuge, le berger me vend un fromage de brebis qui tient plus de la brique et qui est probablement habité. J'ai droit au prix touriste.

Dans la descente, premiers croisements: un couple avec un chien, un groupe. Je suis à mi-chemin. Ayant peu dormi, je sens la fatigue me rattraper. Un petit pont franchit la rivière, et le sous-bois est couvert de petits ruisseaux, le sol à fleur d’eau. Je décide que l’endroit est assez tranquille pour tendre mon hamac à l’ombre, croquer un bout de saucisson corse et me reposer.


La forêvière
La forêvière
Au réveil, je longe le talweg, d’abord sur ma gauche et qui passe ensuite à ma droite, avant d’arriver au refuge de San Pietro di Verde. Il est 14h, heure de la sieste, je mange une tarte aux pommes. Une randonneuse, les jambes écorchées vives en plusieurs endroits, raconte au gardien qu’elle abandonne à la dixième étape, à cause de douleurs aux genoux. 

Je décide de poursuivre vers Prati pour éviter de me taper la réputée montée qui tue, aux aurores. Un chemin forestier grimpe jusqu’à un col où je mets ma chemise à sécher. 
Une Mama (Annie Yung - Céramiste)
Une Mama (Annie Yung - Céramiste)
Des vaches broutent, et le PQ jonche le sol. 

Coup de gueule: Monsieur Ultra, tu doubles voire triples les étapes, t’as la courante et t'as pas le contrôle de tes viscères. D'accord mais alors, plutôt que de torcher ta trace sur le trail, ça t'en boucherait un d'aller derrière un rocher ? 
Merci pour les autres.

Je continue mon élévation en plein soleil et me questionne sur mon choix d’avoir continué. Je m’arrête à l’ombre plusieurs fois. 
Arrivé au col de Prati je ressens une légère euphorie post-partum, comme si la montagne avait accouché de moi. Pour la première fois, on voit la mer des deux bords. 
Bocca d'Oru (1840m)
Bocca d'Oru (1840m)
Un petit chemin qui traverse son troupeau de brebis mène au refuge. J'use ce qu'il me reste de prudence dans ces derniers cent mètres avec leurs caillou traitres.  C'est-tu ça qu'on entend par "roulant"?

A 1800m, pas un arbre, je vais donc devoir dormir à la belle. Le gardien du refuge m'en passe une petite vite, et me charge à plein pot -18euros-  pour dormir dehors.  On me l’avait encore jamais faite. Encore une fois je m’installe en retrait du bivouac, au 5 chemin de la criss de paix.

Je réserve le repas du soir avec L&J.  Je fais la queue pour les douches. Conversation de grognons. Sandra marche vers le Nord, dans l’autre sens. Elle se plaint des randonneurs qui doublent les étapes et cherchent la performance. Je lui fais part de ma déception quant au peu de gens qui prennent le temps de se baigner ou de se poser à l’ombre. On se pense tellement mieux, nous les derniers humains mais pas les premiers sportifs. 

Le souper, servi dans des assiettes en carton est beaucoup moins sexy. Avec Lo on teste le fromage corse affiné sur étagère, son goût persiste en bouche, je peux encore témoigner. 

Clochard céleste, je me love dans ma bâche verte qui me sert habituellement d’abris en hamac et m’évitera la rosée. J’ouvre les yeux plusieurs fois dans la nuit pour regarder les étoiles, nous sommes le 12, ce soir c'est les Perséides.
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