Eté 2022 : Seatrekking à Ouessant (BZH)
Nage en eau libre itinérante sur 3 jours autour de l'île d'Ouessant
(30 min de lecture)
La nage en eau libre et l’apnée de compétition sont des sports. Le seatrekking est leur incarnation et leur fusion spirituelle qui procure une expérience immersive dans l’écosystème marin et qui nous amène à reconsidérer l’échelle du temps et des éléments.
"L'océan est notre campement.
Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents et les courants"
(A. Damasio)
(30 min de lecture)
La nage en eau libre et l’apnée de compétition sont des sports. Le seatrekking est leur incarnation et leur fusion spirituelle qui procure une expérience immersive dans l’écosystème marin et qui nous amène à reconsidérer l’échelle du temps et des éléments.
"L'océan est notre campement.
Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents et les courants"
(A. Damasio)
randonnée aquatique
randonnée/trek
apnée
nage
/
Durée : 3 jours
Distance globale :
31.6km
Dénivelées :
+154m /
-203m
Alti min/max : -78m/54m
Carnet publié par Barbenoire
le 08 sept. 2022
modifié le 30 mars 2023
modifié le 30 mars 2023
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Vue d'ensemble
Le compte-rendu : Jour 0 : Veille du seatrek (mise à jour : 20 sept. 2022)
Préface
Qui n’a jamais rêvé de marcher sur des mottes d’herbes aussi molles et rebondissantes qu’un trampoline ?
D’observer le ballet d’une lande multicolore battue par les vents ?
De se baigner dans des criques de sables blancs coincées entre des falaises déchiquetées par l’érosion immuable du temps qui passe ?
D’entendre le mugissement des montagnes d’eau en provenance du large, venir s’éclater sur des monolithes de granit fièrement dressés face aux éléments ?
L’eau, la terre et le ciel.
Trois éléments réunis en un seul et même point de convergence : l’île d’Ouessant.
Chacun tentant de prendre le dessus sur l’autre depuis la nuit des temps.
Amateurs de Titanomachie* voici votre Olympe et le récit de notre Odyssée.
* Titanomachie : épisode de la mythologie grecque racontant la lutte entre les Titans et Zeus allié aux Cyclopes.
Qui n’a jamais rêvé de marcher sur des mottes d’herbes aussi molles et rebondissantes qu’un trampoline ?
D’observer le ballet d’une lande multicolore battue par les vents ?
De se baigner dans des criques de sables blancs coincées entre des falaises déchiquetées par l’érosion immuable du temps qui passe ?
D’entendre le mugissement des montagnes d’eau en provenance du large, venir s’éclater sur des monolithes de granit fièrement dressés face aux éléments ?
L’eau, la terre et le ciel.
Trois éléments réunis en un seul et même point de convergence : l’île d’Ouessant.
Chacun tentant de prendre le dessus sur l’autre depuis la nuit des temps.
Amateurs de Titanomachie* voici votre Olympe et le récit de notre Odyssée.
* Titanomachie : épisode de la mythologie grecque racontant la lutte entre les Titans et Zeus allié aux Cyclopes.
Contexte historique et géographique :
Située à vingt kilomètres de la côte ouest du Finistère (29), Ouessant est la terre la plus occidentale de la France métropolitaine. Elle est longue de huit kilomètres, large de quatre et séparée de l’archipel de Molène au sud par le passage du Fromveur. Un froid et puissant courant marin résultant d’une faille géologique profonde de 60 mètres.
D’un point du vue historique, les fouilles archéologiques ont montré que l’île d’Ouessant fut un passage fréquenté entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud et ce, dès la préhistoire. Epoque durant laquelle il n’était pas possible de s’y rendre à pied malgré l’ère glaciaire et le niveau des mers situé 50 mètres plus bas qu’actuellement. Les liens cultuels, culturels, économiques avec le continent et les voyageurs, passant au large ou s'y arrêtant, font d’Ouessant une île dont le degré d'insularité à varié selon les époques.
D’un point du vue géographique sa situation la rend incontournable des axes d'échanges internationaux actuels. La nécessité de signaler les dangers en mer, par la construction de phares légendaires à l'approche de l'île, constitue des éléments marqueurs du paysage. L’augmentation de la fréquence des collisions au large et des échouages sur la côte (catastrophe de l’Amoco Cadiz), a fait naitre en 1973 un dispositif de séparation du trafic maritime : le rail d’Ouessant. Marquant la limite entre l’Océan Atlantique et la Manche.
Située à vingt kilomètres de la côte ouest du Finistère (29), Ouessant est la terre la plus occidentale de la France métropolitaine. Elle est longue de huit kilomètres, large de quatre et séparée de l’archipel de Molène au sud par le passage du Fromveur. Un froid et puissant courant marin résultant d’une faille géologique profonde de 60 mètres.
D’un point du vue historique, les fouilles archéologiques ont montré que l’île d’Ouessant fut un passage fréquenté entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud et ce, dès la préhistoire. Epoque durant laquelle il n’était pas possible de s’y rendre à pied malgré l’ère glaciaire et le niveau des mers situé 50 mètres plus bas qu’actuellement. Les liens cultuels, culturels, économiques avec le continent et les voyageurs, passant au large ou s'y arrêtant, font d’Ouessant une île dont le degré d'insularité à varié selon les époques.
D’un point du vue géographique sa situation la rend incontournable des axes d'échanges internationaux actuels. La nécessité de signaler les dangers en mer, par la construction de phares légendaires à l'approche de l'île, constitue des éléments marqueurs du paysage. L’augmentation de la fréquence des collisions au large et des échouages sur la côte (catastrophe de l’Amoco Cadiz), a fait naitre en 1973 un dispositif de séparation du trafic maritime : le rail d’Ouessant. Marquant la limite entre l’Océan Atlantique et la Manche.
17h00 : L’embarquement au Conquet
Nous sommes le samedi 6 août 2022. C’est le milieu de l’été et le port du Conquet est en pleine effervescence. L’horloge au-dessus du guichet de la compagnie Penn ar Bed indique l’heure par intermittence avec la température extérieure : 25°C.
Des marins aux mains calleuses s’affairent au chargement des bagages. Une foule de touristes patiente billets en main au niveau de l’embarcadère. Certains observent placidement l'horizon, les yeux plissés dans l'espoir d'apercevoir les îles de Molène et d'Ouessant au large. D'autres s'affairent à rassembler les bagages ou à regrouper la marmaille hystérique éparpillée sur le quai. Tous semblent impatients de quitter le continent et le train-train de la vie quotidienne.
La casquette vissée sur ma tête, les mains fourrées au fond des poches de mon pantalon, je tends involontairement l’oreille vers les conversations autour de moi sans vraiment les écouter. Mes deux frères ainsi que les autres membres de l’aventure sont à mes côtés. Seront réunis durant ces trois jours de nage, ceux d’entre nous dont le projet de contourner l’île d’Ouessant à la nage occupe l’esprit depuis un certain nombre d’années.
Nous sommes le samedi 6 août 2022. C’est le milieu de l’été et le port du Conquet est en pleine effervescence. L’horloge au-dessus du guichet de la compagnie Penn ar Bed indique l’heure par intermittence avec la température extérieure : 25°C.
Des marins aux mains calleuses s’affairent au chargement des bagages. Une foule de touristes patiente billets en main au niveau de l’embarcadère. Certains observent placidement l'horizon, les yeux plissés dans l'espoir d'apercevoir les îles de Molène et d'Ouessant au large. D'autres s'affairent à rassembler les bagages ou à regrouper la marmaille hystérique éparpillée sur le quai. Tous semblent impatients de quitter le continent et le train-train de la vie quotidienne.
La casquette vissée sur ma tête, les mains fourrées au fond des poches de mon pantalon, je tends involontairement l’oreille vers les conversations autour de moi sans vraiment les écouter. Mes deux frères ainsi que les autres membres de l’aventure sont à mes côtés. Seront réunis durant ces trois jours de nage, ceux d’entre nous dont le projet de contourner l’île d’Ouessant à la nage occupe l’esprit depuis un certain nombre d’années.
Mon attention se tourne vers un banc de mulets venus chatouiller l’étrave du bateau de pêche situé juste en-dessous de moi.
Sur le toit de la cabine, un goéland au regard inexpressif incline sa tête et m'observe. Fier artiste que celui-ci exposant ses œuvres fécales autour de lui.
Je n’ai jamais vraiment apprécié ces volatils criards pourtant symboles d’évasion à bon nombre de vacanciers. Ils partagent avec les mouettes un don qui n’appartient qu’à eux : celui de jacasser sans interruption d’interminables clameurs dignes d’une cour de récré.
De timides rayons de soleil se reflètent sur la coque blanche des autres chalutiers amarrés un peu plus loin. Leur proue se dresse fièrement vers le large. Tous semblent prêts à appareiller pour récolter les fruits de cet océan nourricier de plus en plus convoité.
Nous sommes désormais au complet et attendons avec impatience la navette maritime qui, après un arrêt sur l’île de Molène, nous déposera sur notre destination finale : l’île d’Ouessant (Enez Eussa pour les intimes).
Certaines îles du Ponant ont hérité de joyeux dictons tels que :
« Qui voit Ouessant voit son sang »,
« Qui voit Molène voit sa peine »,
« Qui voit Sein voit sa fin »,
« Qui voit Groix voit sa croix »
ou encore « Nul n'a passé le Fromveur sans connaître la peur ». Nous en reparlerons plus tard dans ce récit.
En tant que locaux, nous comprenons pertinemment le sens caché derrière ces maximes lourdes de sens.
Ce nouveau seatrek breton peut commencer. Trois jours à côtoyer les éléments, s’imprégner de leur beauté, observer l’état des écosystèmes marins, développer notre aquaticité et notre esprit d'aventure dans un lieu qui prend aux tripes par l'âpreté de son littoral, ses grottes taillées par la houle perpétuelle mais aussi par le parfum de sa lande balayée par les vents.
Nous quittons le monde des apparences et des calculs sociaux
pour une immersion volontaire des sens dans l’inconfort des flots.
Sur le toit de la cabine, un goéland au regard inexpressif incline sa tête et m'observe. Fier artiste que celui-ci exposant ses œuvres fécales autour de lui.
Je n’ai jamais vraiment apprécié ces volatils criards pourtant symboles d’évasion à bon nombre de vacanciers. Ils partagent avec les mouettes un don qui n’appartient qu’à eux : celui de jacasser sans interruption d’interminables clameurs dignes d’une cour de récré.
De timides rayons de soleil se reflètent sur la coque blanche des autres chalutiers amarrés un peu plus loin. Leur proue se dresse fièrement vers le large. Tous semblent prêts à appareiller pour récolter les fruits de cet océan nourricier de plus en plus convoité.
Nous sommes désormais au complet et attendons avec impatience la navette maritime qui, après un arrêt sur l’île de Molène, nous déposera sur notre destination finale : l’île d’Ouessant (Enez Eussa pour les intimes).
Certaines îles du Ponant ont hérité de joyeux dictons tels que :
« Qui voit Ouessant voit son sang »,
« Qui voit Molène voit sa peine »,
« Qui voit Sein voit sa fin »,
« Qui voit Groix voit sa croix »
ou encore « Nul n'a passé le Fromveur sans connaître la peur ». Nous en reparlerons plus tard dans ce récit.
En tant que locaux, nous comprenons pertinemment le sens caché derrière ces maximes lourdes de sens.
Ce nouveau seatrek breton peut commencer. Trois jours à côtoyer les éléments, s’imprégner de leur beauté, observer l’état des écosystèmes marins, développer notre aquaticité et notre esprit d'aventure dans un lieu qui prend aux tripes par l'âpreté de son littoral, ses grottes taillées par la houle perpétuelle mais aussi par le parfum de sa lande balayée par les vents.
Nous quittons le monde des apparences et des calculs sociaux
pour une immersion volontaire des sens dans l’inconfort des flots.
18h00 : Traversée de la Mer d’Iroise
Nous quittons Le Conquet. Les lignes du continent s’estompent et laissent place à l’île plate et longue de Beniguet au sud, Quemenez au loin puis Molène, si harmonieuse avec sa silhouette bombée et ses côtes glissant en pente douce vers la mer.
Après un arrêt d’un quart d’heure pour y débarquer les premiers passagers, Ouessant apparait enfin. Masse lourde et bleutée telle une forteresse solitaire ou une immense table posée au milieu de l’océan.
Debout à discuter sur le pont extérieur, la main fourrée dans un paquet de bonbons qui tourne entre nous sous l'œil malicieux des enfants autour, nous vivons une traversée des plus agréables. Les habitués se mêlent aux touristes et tous profitent des paysages de la Mer d’Iroise qui se dévoilent sous nos yeux.
Des enfants tartinés de crème solaire fourrent leur nez entre les interstices du franc-bord, caressant l'espoir d'apercevoir des dauphins venir jouer dans l’écume de notre sillage. Leurs parents prennent le soleil les yeux fermés et le visage incliné vers le ciel.
Le vent sur tribord fait lever des paquets d'embruns le long de coque de L'Enez Eussa et ne manque pas de rincer le visage de ceux ayant choisi le mauvais côté pour la traversée. De précieuses places se libèrent sous l’œil compatissant et désireux des personnes restées à l'intérieur depuis le départ.
L’expérience sociologique est fascinante.
Après un arrêt d’un quart d’heure pour y débarquer les premiers passagers, Ouessant apparait enfin. Masse lourde et bleutée telle une forteresse solitaire ou une immense table posée au milieu de l’océan.
Debout à discuter sur le pont extérieur, la main fourrée dans un paquet de bonbons qui tourne entre nous sous l'œil malicieux des enfants autour, nous vivons une traversée des plus agréables. Les habitués se mêlent aux touristes et tous profitent des paysages de la Mer d’Iroise qui se dévoilent sous nos yeux.
Des enfants tartinés de crème solaire fourrent leur nez entre les interstices du franc-bord, caressant l'espoir d'apercevoir des dauphins venir jouer dans l’écume de notre sillage. Leurs parents prennent le soleil les yeux fermés et le visage incliné vers le ciel.
Le vent sur tribord fait lever des paquets d'embruns le long de coque de L'Enez Eussa et ne manque pas de rincer le visage de ceux ayant choisi le mauvais côté pour la traversée. De précieuses places se libèrent sous l’œil compatissant et désireux des personnes restées à l'intérieur depuis le départ.
L’expérience sociologique est fascinante.
Nous accueillons avec plaisir et une certaine timidité les questions des passagers intrigués par nos discussions et l’allure de nos sacs.
Le littoral déchiqueté par l’assaut répété des tempêtes hivernales, l’hostilité des lieux dans lesquels nous comptons évoluer ces prochains jours attire en effet, bien plus d’ornithologues et de randonneurs, que d’amateurs d’aventures aquatiques comme nous.
En débarquant sur Ouessant, nous avons l’impression d’aborder une de ces îles qu’on n’avait jusqu’alors entrevues qu’à travers les récits de l’Odyssée.
« Ouessant, ce n’est ni la mer, ni le ciel, ni la terre, c’est un point, un point solide dans l’infini, étincelant sous le soleil, tout ouaté de brume le plus souvent, au milieu de l’océan et des embruns.» (Michel Geistdoerfer)
Le littoral déchiqueté par l’assaut répété des tempêtes hivernales, l’hostilité des lieux dans lesquels nous comptons évoluer ces prochains jours attire en effet, bien plus d’ornithologues et de randonneurs, que d’amateurs d’aventures aquatiques comme nous.
En débarquant sur Ouessant, nous avons l’impression d’aborder une de ces îles qu’on n’avait jusqu’alors entrevues qu’à travers les récits de l’Odyssée.
« Ouessant, ce n’est ni la mer, ni le ciel, ni la terre, c’est un point, un point solide dans l’infini, étincelant sous le soleil, tout ouaté de brume le plus souvent, au milieu de l’océan et des embruns.» (Michel Geistdoerfer)
19h00 : L’arrivée au Stiff puis au bourg de Lampaul
Après avoir débarqué au port du Stiff sur la partie orientale de l’île, nous montons dans un minibus qui nous fait traverser l’ile et nous dépose au lieu-dit du Goubars, maison de la belle-famille. Là nous attend le rituel immuable de l’apéro pris sur la terrasse face à la Baie de Lampaul.
Après avoir débarqué au port du Stiff sur la partie orientale de l’île, nous montons dans un minibus qui nous fait traverser l’ile et nous dépose au lieu-dit du Goubars, maison de la belle-famille. Là nous attend le rituel immuable de l’apéro pris sur la terrasse face à la Baie de Lampaul.
23h30 : Les bras de Morphée
Je dors dans une chambre au premier étage de la maison. Mon lit grince. Je suis allongé, immobile les bras le long du corps, la couette remontée jusqu’au menton et le regard fixé au plafond. Mes pensées jonglent entre l’excitation des moments que nous allons vivre ensemble dans quelques heures et la quiétude de cette reconnexion imminente avec la nature.
A cet instant, m’extraire de l’accélération du monde moderne, voyager autrement, m’approprier d’une autre manière cette côte et cet environnement familier tout en retrouvant le rythme naturel de mon corps, sont les seules réflexions qui bercent mes pensées.
C’est l’immersion et la nage que je désire. Tout simplement. Abandonner la gravité terrestre, me laisser porter par cette masse liquide et offrir à mon dos endolori le repos de l’apesanteur. Je veux fusionner avec les flots et me laisser bercer par le murmure de cette boussole naturelle.
Tel un grimpeur répétant mentalement les gestes à reproduire sur sa paroi, je me surprends à visualiser les yeux fermés, les pointes, les caps et les contre-courants cartographiés sur les cartes du SHOM de cette île, théâtre de tant de tragédies maritimes.
Je dors dans une chambre au premier étage de la maison. Mon lit grince. Je suis allongé, immobile les bras le long du corps, la couette remontée jusqu’au menton et le regard fixé au plafond. Mes pensées jonglent entre l’excitation des moments que nous allons vivre ensemble dans quelques heures et la quiétude de cette reconnexion imminente avec la nature.
A cet instant, m’extraire de l’accélération du monde moderne, voyager autrement, m’approprier d’une autre manière cette côte et cet environnement familier tout en retrouvant le rythme naturel de mon corps, sont les seules réflexions qui bercent mes pensées.
C’est l’immersion et la nage que je désire. Tout simplement. Abandonner la gravité terrestre, me laisser porter par cette masse liquide et offrir à mon dos endolori le repos de l’apesanteur. Je veux fusionner avec les flots et me laisser bercer par le murmure de cette boussole naturelle.
Tel un grimpeur répétant mentalement les gestes à reproduire sur sa paroi, je me surprends à visualiser les yeux fermés, les pointes, les caps et les contre-courants cartographiés sur les cartes du SHOM de cette île, théâtre de tant de tragédies maritimes.
L’éclat du phare du Créac’h, plus puissant phare d’Europe, illumine par intermittence les murs de la chambre. Les tableaux accrochés au mur près de la bibliothèque changent de couleur à chaque passage du faisceau.
L’intensité est telle que, malgré les paupières fermées, l’image projetée sur ma rétine alterne entre un rose pâle et un noir d’encre.
Cette alternance lumineuse et hypnotique me projette dans un état de léthargie tel, que ma mâchoire s’ouvre progressivement, ma respiration ralentit et mes mains reprennent délicatement leur position naturelle semi-ouverte. Je m’endors en douceur, bercé par cet œil lumineux et bienveillant auquel tant de marins doivent leur salut.
L’intensité est telle que, malgré les paupières fermées, l’image projetée sur ma rétine alterne entre un rose pâle et un noir d’encre.
Cette alternance lumineuse et hypnotique me projette dans un état de léthargie tel, que ma mâchoire s’ouvre progressivement, ma respiration ralentit et mes mains reprennent délicatement leur position naturelle semi-ouverte. Je m’endors en douceur, bercé par cet œil lumineux et bienveillant auquel tant de marins doivent leur salut.