12 invités en ligne

Ben Nevis, the South route

15 jours
1206km
+11716m / -10704m
Par Armel
mis à jour 30 oct. 2015
4669 lecteurs
Informations générales
Quand on habite en bord de mer, qui plus est en Normandie, le chemin à parcourir pour gagner les cimes enneigées peut paraître contraignant. Mais quand on y regarde de plus près, c’est aussi un terrain très propice à l’aventure. L’aventure à portée de main, épique et raisonnable.
“Ben Nevis, the South route” tire ses racines de principes simples : abandonner les idées fixes, croire aux alternatives, et si elles ne sont pas, les imaginer et surtout les mettre en œuvre.
C’est une autre approche des terrains de jeux que la nature nous offre par la pratique de la mobilité douce, un autre rapport au temps et à l'espace qui nous entoure, l’aventure sitôt la porte de mon domicile franchie, pour s'immerger, ressentir, rencontrer, découvrir et partager.
En 2014, j’ai réalisé une première approche basée sur la mobilité douce : « Camp de base LH* : Objectif Mont-Blanc » ou comment gagner le sommet du mont-Blanc depuis la mer. Ce premier acte réussi m’a permis d’appréhender la distance qui me sépare des massifs montagneux français ou européens de manière différente.
Pour ce deuxième volet, la destination du Ben Nevis fut très vite choisie. Point culminant des Iles Britanniques avec 1 344 mètres d'altitude, situé près de Fort William en Écosse, il fait partie des Monts Grampians dans les Highlands. Outre ses nombreuses voies d’ascensions aux difficultés multiples, l’approche du sommet offre un terrain de jeu varié et sans concession : de la traversée de la Mer de la Manche, à la mythique West Highland Way, qui relie Milngavie (près de Glasgow) à Fort William. Un parcours de 1 200 km, une immersion au cœur d’Albion…
La montagne, comme une quête longuement préparée, patiente, l’effort pour remonter à la source de son acte, un changement d’approche qui redonne du sens à ce qui nous entoure, le partage. Vous trouverez tout cela dans « Ben Nevis, the South route » qui, je l’espère, pourra être une source d’inspiration pour votre prochaine aventure...



Date : Du vendredi 22 mai au samedi 06 juin 2015
 
Lieu : Départ : Le Havre / Haute-Normandie / France  è Arrivée : Fort William / Highlands / Ecosse
Plus coutumière des traversées en solitaire vers le Brésil, point de départ de la Transat Jacques Vabre, la ville du Havre semble bien loin des voies « normales » qui mènent vers les sommets. Qu’importe les apparences !
Pour ce deuxième volet de Camp de Base LH, j’ai décidé de rejoindre le Ben Nevis, sommet emblématique de la Grande Bretagne. Si son altitude n’est pas comparable aux sommets alpins, le Ben Nevis n’en reste pas moins un sommet à ne pas prendre à la légère.
Son approche depuis Le Havre offre un terrain de jeu varié, entre mer et terre. Un périple de près de 1 100km, d’abord en ferry, puis à vélo. Comme lors du premier épisode de Camp de Base LH, la progression se fera en solo et en semi-autonomie. Bivouacs improvisés, nuits en refuge ou chez l’habitant, cheminement loin des grands axes encombrés restent les principes de base.
Pour cela, je pars avec le nécessaire de couchage (tente, duvet), une réserve alimentaire de 7 jours, mon équipement d’alpinisme, d’escalade, de vélo, le matériel vidéo, photo, informatique… Bref, un package de près de 45 kg.

Activité :
vélo de randonnée
 alpinsime
Statut :
réalisé
Distance :
1206km
DATE :
22/05/2015
Durée :
15 jours
Dénivelées :
+11716m / -10704m
Alti min/max :
0m/1332m
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en train ferry
Précisions : Le vélo, le train, le ferry, tout est possible en Europe pour voyager de manière douce sans pour autant s'engager sur une expédition de plusieurs mois. L’Écosse n'échappe pas à cette règle. A vous d'imaginer votre chemin!
Toutes les sections GPX , KML

Ben Nevis, the South route

Les étapes :

1
176km
-3m
mise à jour : 21 août 2020
Vendredi 22 mai – Le départ :

Il est 20h20 passé, cette fois il faut y aller. C’est avec pas mal de pression que j’enfourche mon vélo pour rejoindre la gare Maritime du Havre. La journée a été intense, achats de dernière minute, le casse-tête du remplissage des sacoches, un câlin trop court avec les enfants et vient déjà le moment des « au revoir » !
La première étape à vélo est courte, un peu moins de 8 km pour rejoindre le ferry. Je roule avec prudence et fébrilité. Je ne m’y ferai jamais je crois. Les premiers kilomètres avec mon vélo ainsi chargé, plus de 40 kg, sont toujours une source d’angoisse… Est-ce qu’il va tenir le coup ?
Je traverse la ville, rues et avenues se succèdent. J’aperçois enfin l’Etretat, le navire qui doit me mener à Portsmouth. Faute d’avoir mis la main sur un skipper et son embarcation, c’est donc par ferry que je vais rejoindre la Grande Bretagne.
Queue pour passer la douane : la police portuaire fait ouvrir tous les coffres sans exception. En attendant, je retire au guichet billet et pass pour pouvoir embarquer. Mon tour vient enfin, l’attente n’a en réalité pas été si longue mais, j’ai hâte de voguer vers l’Angleterre. Une fois dans le ferry, mon vélo et équipement sont isolés du reste des véhicules. Tout est en sureté semble-t-il. Je récupère néanmoins mon matériel photo et vidéo et je monte en cabine, enfin en open-space cabine. Je n’ai pris que l’op...
2
109km
+1305m / -1285m
mise à jour : 21 août 2020
Samedi 23 mai – Jour 1


Me voilà en Angleterre. Première chose à garder en tête : on ne fait pas le malin si ça parle de rugby ! Deuxième chose : on roule à gauche ici !
Pour commencer, je dois sortir de la ville et me réaligner sur la trace GPS. Comme d’habitude, j’improvise. Je me faufile à gauche, puis à droite, encore à droite, à nouveau gauche.
L’architecture des maisons, les façades de briques rouges, les enseignes aux grandes lettres d’or ne laissent aucun doute sur le lieu où je me trouve.
Peu à peu, je m’éloigne de la côte. Portsmouth se trouve en contre-bas d’une haute colline qu’il me faut gravir. Derrière, en direction du Ben Nevis, le North Wessex, la campagne anglaise. Une campagne verdoyante, à la fois sauvage et distinguée, à l’image de cette cabine téléphonique, d’une autre époque, investie par la verdure. Une campagne vallonnée, variée, où se succèdent les villages et leurs cottages bordés de lilas.
Je fais ma pause-déjeuner au détour d’un bois, Micheldever Wood. Je ne le sais pas encore, mais je vais y passer la prochaine heure à essayer de contourner une propriété privée se trouvant au beau milieu de mon tracé. En vain ! Je finis par abdiquer et rejoins une route dont je ne sais trop où elle va me mener. Comment souvent, tout finit par rentrer dans l’ordre. Cette fois au prix de 20 km à rouler dans une direction parallèle à celle de mon objec...
3
81.8km
+601m / -581m
mise à jour : 21 août 2020
Dimanche 24 mai – Jour 2


La journée débute par un rayon de soleil sitôt la tente ouverte. L’air est humide, la rosée s’est déposée abondamment sur la végétation. Tout est calme ici. Petit-déjeuner, repliage de la tente, il me faut 1 heure pour lever le camp. Je reprends mon chemin par une piste hasardeuse sillonnant à travers champs.
Après quelques kilomètres, changement de décor, je rejoins les berges du Kennet & Avon Canal. Je le découvrirai un peu plus tard mais l’Angleterre est quadrillée de canal dont l’origine date de la fin du XVIII siècle, la révolution industrielle étant passée par là. Sur les 6 000 km qui furent construis, 3 000 sont aujourd’hui praticables en péniche ou encore à pied ou à vélo sur les berges. Si ces canaux sont étroits, souvent moins de 10 mètres de larges, il en va de même pour les péniches toujours « so british », mais aussi pour les berges. Cela m’oblige à garder une attention particulière sur la piste, pas d’écart possible sous peine de finir à l’eau.
Très vite, plus vite que je ne l’aurai souhaité, je m’éloigne du canal pour traverser la ville de Kintburry. Première galère pour trouver mon chemin. La cartographie sur mon GPS n’est pas suffisamment précise pour identifier la direction à prendre. Je joue fréquemment à pile ou face, je perds souvent…  Quand je trouve mon chemin, se dressent des barrières soit quasi infranchissables, soit infranchissables tout court (t...
4
103km
+714m / -682m
mise à jour : 21 août 2020
Lundi 25 mai – Jour 3
Réveil difficile ! J’ai mal dormi, j’ai eu froid. Ce n’est qu’une fois que les premiers rayons de soleil aient réchauffés l’atmosphère dans la tente que je trouve le courage de sortir du duvet. Petit déjeuner, je m’habille, démontage du bivouac. Au troisième jour, cet enchainement matinal est devenu précis, chaque chose a sa place. Je lève le camp à 9h45. Moi qui voulais démarrer tôt… !
Le tracé, comme la veille, alterne entre single track et voie plus large. Comme la veille également, la traversée de chaque ville est laborieuse. Je perds sans cesse la trace à suivre. A Boxham, j’arrive même à tourner en rond. « J’ai l’impression d’avoir déjà vu cette église » me dis-je…. Bah oui c’est la même !
Les constructions ont temporairement changé de couleur. Finie la brique rouge, par ici tout est ocre. Cela donne une nouvelle nuance à cette campagne anglaise dont je ne me lasse pas.
Pause-déjeuner sur un banc public au milieu d’un quartier résidentiel. À une centaine de mètres, les cloches de l’église résonnent : un mariage ! Nœud-papillons et costumes trois pièces commencent à défiler. Je ne m’attarde pas.
En ce début d’après-midi, je rejoins le Canal d’Oxford. Le chemin n’est pas très large, mais c’est plaisant, du moins la première heure. Au bout d’un moment cela devient monotone, suivre le fil de l’eau sans pouvoir lever la tête, la crispation ...
5
45.7km
+570m / -405m
mise à jour : 21 août 2020
Mardi 26 mai – Jour 4


Si je m’étais endormi dans un lieu désert dont la nuit m’avait caché les contours, le réveil est tout autre ! Le soleil illumine une nouvelle fois ce début de journée, mais ce n’est pas sa lumière qui me sort du duvet. Un chien furète autour de la tente, puis inquiet, se met à aboyer. Quand j’ouvre ma tente, je découvre que ce terrain de foot est également le lieu de rencontre matinale des promeneurs et de leurs toutous. Ce qu’il y a de bien avec ces bivouacs improvisés c’est que l’inattendu est toujours au rendez-vous, pas un ne se ressemble ! Un peu plus tard, je regagne les berges du canal de Coventry, quittées la veille. Péniches, écluses, calme, les kilomètres s’écoulent doucement. Après 2 heures de progression paisible, Je finis par me détourner définitivement du canal à hauteur d’Alvecote. Je rejoins un parcours bitumé, certes moins tranquille, mais plus roulant. On ne peut pas tout avoir !
En ce quatrième jour d’aventure, la fatigue commence déjà à poindre le bout de son nez. Les jambes sont lourdes. Les journées sont longues et je suis parti sans entrainement. Heureusement, la campagne anglaise, dont le vert se perd à l’horizon, est toujours aussi séduisante. Les clochers émergent de toute part ! Ce midi c’est dans un champ d’herbes hautes que je fais ma pause-déjeuner. Depuis le premier jour, j’agrémente mes repas lyophilisés de pain et de fromage local et je termine ceux-ci par un iné...
6
90.8km
+742m / -751m
mise à jour : 21 août 2020
Mercredi 27 mai – Jour 5


En ce début de matinée, c’est la grisaille qui domine, le vent qui s’était calmé pendant la nuit a repris de plus belle. L’objectif de la journée est assez clair, franchir Manchester. J’aurais pu contourner « Cottonopolis », surnom donné jadis à Manchester, eu égard à son passé, industriel lié au coton, mais ma curiosité est plus forte.


L’ancienne voie ferrée qui m’a menée jusqu’à Parsley Hay continue encore quelques kilomètres, puis je suis contraint de rejoindre une route bien trop fréquentée à mon goût. Voitures, poids lourds, cela devient vite désagréable. Par chance, j’arrive à attraper une route parallèle momentanément plus calme. L’avantage du bitume, s’il faut en trouver un, est que ma vitesse de progression est nettement supérieure. Je passe Buxton, charmante ville cernée par le Peak District Park, non sans perdre mon chemin. Une question d’habitude désormais, mon tracé préparé sur Google Earth n’est pas à l’épreuve de l’urbanisation !


Peu après la sortie de la ville, j’aborde avec enthousiasme l’ancienne route, « Old road » est-il indiqué. Retour au calme ! Le chemin débute par une forte pente étroite longeant la colline. Il n’y a pas âmes qui vivent par ici à part quelques moutons, gardiens des lieux. Très vite mon enthousiasme est mis à l’épreuve : il n’est plus possible de circuler à vélo, la piste est trop accidentée. Je n’ai clairement pas envie de faire m...
7
74km
+811m / -949m
mise à jour : 21 août 2020
Jeudi 28 mai – Jour 6
Je ne suis pas courageux ce matin. Le son de la pluie sur la toile de tente a eu beau me bercer toute la nuit, l’humidité, le froid* et le vent qui redouble ont raison de mon entrain. Premier démontage de tente sous la pluie, il fallait que cela arrive ! Je ne me plains pas, la météo a été plutôt clémente jusqu’ici. Je finis par reprendre la route à 10 hr!


A partir de Burnley, après une trop longue première section de route, je poursuis mon approche sur les berges du canal de Liverpool, je finis par me dire que c’est en kayak que j’aurais dû remonter vers le Ben Nevis.  La pluie a laissé place à un ciel où alternent rayons de soleil et nuages menaçants.


Si suivre le canal me semble bien monotone, cela reste malgré tout bien plus sympathique que la route hyper fréquentée qui m’est imposée ensuite. Sur des kilomètres, voitures et camions qui me dépassent à toute allure. Le vent qui lui n’a pas cessé, me donne du fil à retordre. Je tiens fermement mon guidon, courbe l’échine, pas d’écart possible.


La journée est longue, je n’ai guère plus de courage qu’à mon réveil, je m’arrête souvent. Au loin apparaissent les premiers reliefs du Lake District Park. Moment sympathique dans cet itinéraire bitumé, le passage dans le village de Clapham, je suis ici au pays de « Shaun the sheep ». Je m’arrête prendre un thé et une part de carrot cake histoire de reprendre quelq...
8
83.4km
+1190m / -1091m
mise à jour : 21 août 2020
Vendredi 29 mai – Jour 7


Cela fait une semaine que je suis parti du Havre, j’ai l’impression que c’était hier. Que le temps passe vite.
Cette septième étape est à scinder en deux parties. Une première, insipide, sorte d’étape de liaison entre Cowan Bridge (lieu de bivouac) et Windermere porte d’entrée du Lake District Park, et une deuxième, somptueuse, au cœur du parc.

Après un petit-déjeuner lyophilisé chocolaté sous la pluie, je remballe tout mon paquetage. Les épisodes pluvieux se succédant, la  tente est cette fois saturée d’eau. Pluie ou pas pluie, il faut avancer, c’est donc parti pour un long long long moment de bitume et de circulation continue. Je lève à peine la tête, juste pour garder le cap et guetter les véhicules qui déboulent à toute allure. Comme la journée précédente, la pluie cesse dans la matinée et le soleil fait de belles apparitions. Je roule à 18 km/h de moyenne, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.
Comme la journée précédente également, je roule quelques kilomètres le long d’un canal. C’est devenu une routine, à la différence près aujourd’hui, que la poussière du sentier s’est transformée en boue.


J’arrive enfin à Windermere. Le Massif du Mont-Blanc à Chamonix, le Toubkal au Maroc à Imlil, pour le Lake District Park, c’est Windermere. Pas de hautes montagnes ici, le point culminant, le Scafell Pikes, culmine à 977 m. Par contre, un paysage de moyenne m...
9
112km
+974m / -1196m
mise à jour : 21 août 2020
Samedi 30 mai – Jour 8


Au premier jour de cette deuxième semaine d’approche du Ben Nevis, je m’apprête à quitter le Lake District Park. Et pour qu’il me reste bien en mémoire, c’est à nouveau par une longue montée oscillant entre 16 et 20° d’inclinaison que se dessine ma route. Au sommet, je ne suis pas déçu, le lieu est magnifique. Au loin, j’aperçois les dernières traces de neige sur les sommets…


Ensuite, c’est la ruée vers l’Écosse. Une ruée faite de chemins calmes et bitumés, voire de routes plus larges au trafic parfois important. Direction Penrith que je contourne par l’ouest, puis Carlisle dernière ville importante avant la frontière écossaise. Je n’ai plus qu’une chose en tête, l’objectif de la journée, atteindre l’Ecosse. Chose faite en début d’après-midi. Quelques photos devant le panneau marquant la séparation avec l’Angleterre et il est temps pour moi de faire une pause.


Mes journées sont désormais rythmées ainsi : premier coup de pédale en général entre 9 et 10h, pause-déjeuner entre 13 et 14 h et pause « goûter » entre 16h et 18h. Au fil des jours les après-midis sont devenus galères, plus de jus, mal partout… Curieusement, à partir de 18h, ça repart comme jamais ! Du coup, j’adapte mes pauses au rythme de mon organisme.


Bref, après avoir longé le Solway Firth, sorte d’estuaire séparant l’Angleterre de l’Écosse, j’arrive à Dumfries. Il est 20h30, j’ai froid, j...
10
81.4km
+780m / -755m
mise à jour : 21 août 2020
Dimanche 31 mai – Jour 9


Pas de repliage de tente ce matin, presque en manque… J’ai profité de cette nuit dans les bureaux d’Atlas Maintenance, la société de Bob, pour recharger l’ensemble de mon matériel électronique. Avant de reprendre mon chemin, je regarde une dernière fois par la fenêtre. Dehors, c’est la grisaille qui l’emporte, les arbres frémissent au rythme des rafales de vent, les flaques d’eau parsèment les allées du parc.  Nous sommes dimanche, la ville semble déserte.
Comme entendu avec Bob, je laisse les clés de l’entrepôt dans la boîte aux lettres. C’est reparti. Fort William, est désormais à moins de 400 kilomètres, si tout va bien je serai au pied du Ben Nevis dans quatre jours.


Mais avant cela, je dois quitter Dumfries. Ma carte au 1/400000ème ne m’est pas d’une grande d’aide. Je tourne, reviens sur mes pas, n’avance guère. Un homme à vélo s’approche, celui-ci m’a visiblement vu aller et venir, le regard perdu dans une carte qui n’apporte aucune réponse. « Can I help you ? ». Oui, il peut ! Il fait régulièrement le trajet qui mène à Glasgow à vélo. En plus de m’indiquer la direction à prendre pour sortir de la ville, il me conseille pour la suite du parcours. Ma carte Michelin, achetée il y a quelques semaines, n’est semble-t-il plus à jour. Une route n’y figurant pas va m’éviter un long détour. Décidément, ces premiers kilomètres parcourus en Ecosse sont assez incroy...
11
77.7km
+1045m / -1163m
mise à jour : 21 août 2020
Lundi 1er Juin – jour 10

6° degrés dans la tente ce matin, un vent glacial. Qu’importe ! Je n’ai qu’une seule chose en tête, passer Glasgow et peu après (10 km), atteindre Milngavie (prononcez mull-guy). C’est de là que démarre la West Highland Way, le plus célèbre des sentiers Ecossais et, pour l’occasion, ma porte d’entrée pour les Highlands. L’itinéraire s’étend sur 153 km, cheminant dans les montagnes et le long de lochs, pour enfin rejoindre Fort William au pied du Ben Nevis.
Mais avant cela donc, je dois franchir Glasgow. Refroidi par mon expérience Mancuniène, j’ai changé mes plans : plus de traversée, mais un contournement de la plus grande ville écossaise. Si ce changement semble raisonnable au premier abord Il n’est pas sans poser de difficultés. Je n’ai pas plus de trace GPS que de plan de la ville. Epreuve d’orientation au programme. Progression à l’azimut, repérage des points remarquables tels une voie ferrée, un plan d’eau et report sur ma fidèle carte papier échelle 1/400000ème. Je progresse doucement mais sûrement.
La frayeur de la journée : en reprenant mon chemin après un arrêt à une intersection, je sens mon coup de pédale plus difficile qu’à la normale et, dans l’instant qui suit, un craquement brusque et sec remonte de l’avant du vélo. Je mets pied à terre, je découvre qu’une sangle de maintien de ma sacoche gauche s’est prise dans ma roue. A ce moment je su...
12
74.4km
+907m / -926m
mise à jour : 21 août 2020
Mardi 2 Juin – Jour 11


Conditions météo de fou cette nuit ! Pluie et vent, des rafales au-delà de 80 km/h. La tente est secouée dans tous les sens, elle plie à quelques reprises mais ne rompt pas... Je n’ai pas tendu les haubans hier soir, erreur. Je me retrouve obligé de sortir de la tente en pleine tempête, équipé de ma frontale, pour sécuriser les points d’ancrage du double toit.
La bonne nouvelle est que le vent a faibli ce matin, néanmoins il pleut toujours. Je remets mes vêtements humides de la veille, mes chaussures détrempées. Le démontage du camp sous la pluie et par vent fort demande une méthodologie tout autre que par grand soleil. Le repliage de la tente en particulier me donne du fil à retordre, je dois au minimum m’assurer que la chambre reste protégée de l’eau. Dans ces conditions ma tente représente mon unique lieu de confort. Peu importe les conditions de la journée, savoir que quoi qu’il arrive, on pourra profiter d’un moment de répit à l’abri, au sec, est essentiel. Je quitte mon lieu de bivouac dans l’humidité la plus complète, le ciel est chargé de gris, il pleut encore et encore. Il ne faut pas très longtemps pour que l’eau ruisselle dans mon cou et remonte par les manches de ma veste sous l’effet du vent. Quand à mes pieds, ils baignent dans mes chaussures…
Que cela ne tienne, je rejoins rapidement les rives du Loch Lomond par route. Au moment de reprendre le sentier du WHW, ...
13
87.8km
+729m / -881m
mise à jour : 21 août 2020
Mercredi 3 Juin – Jour 12
En ce début de 12ème jour d’approche, je n’ai qu’une chose en tête : Fort William. Camp de base final avant l’ascension du Ben Nevis, j’y serai ce soir si tout va bien. J’ai passé une nuit très confortable, mes vêtements ont séché, la pluie s’est arrêtée, tous les signaux sont au vert.
Si j’ai définitivement renoncé à la trace de la West Highland Way, je n’en suis jamais très éloigné. A une cinquantaine de mètres sur l’autre versant de la vallée ou qui se perd un peu plus loin dans les reliefs rares sont les moments où je n’en distingue plus les contours. Passé Clifton, moins d’une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Crianlarich, je m’engouffre dans le Rannoch Moor. Faite de tourbières inhabitées et inhabitables, de lochs, de rivières, de collines de bruyères, cette région d’Ecosse qui s’étend sur environ 250 km2 est l’une des plus sauvages restantes en Europe. Une seule route la traverse, celle qui me mène à Fort William. Plus loin, la neige apparaît sur les crêtes qui dominent l’horizon. Je prends plaisir à évoluer dans ce milieu.
Je fais ma pause-déjeuner au sommet de l’une de ces collines. Un banc à peine perceptible de la route y a été installé, il n’y a pas vraiment de chemin qui y mène, un banc au milieu de nulle part. Sur le dossier deux plaques sont fixées, sur l’une d’elle y est gravé « Just for the view ». Je m’assoie, mon regard se perd, ...
14
9.1km
+1348m / -36m
mise à jour : 21 août 2020
Jeudi 4 Juin – L’ascension


Bulletin météo : vent 30 km/h, légères chutes de neige possibles dès 900m,  Iso 0° à 1 000 m.
Depuis mon arrivée à Fort William hier, je n’ai pu distinguer la partie sommitale du Ben Nevis. Celle-ci est constamment prise dans les nuages, cependant il y a peu de doute sur le fait que le sommet soit enneigé. Si j’avais imaginé un temps grimper au sommet par la crête, voire par la face nord je n’avais pas du tout envisagé des conditions de neige, de glace et de brouillard, je n’ai avec moi ni crampons, ni piolet, ni même de chaussures d’alpinisme dignes de ce nom. C’est donc par la « Pony track », le sentier menant au sommet le plus fréquenté, sorte de voie normale, que j’aborde l’ascension. Ce sentier tient son nom du fait qu’à son origine il permettait l’accès des poneys à un observatoire météo situé au sommet pour l’approvisionnement en vivres. Fermé en 1904, cet observatoire n’est aujourd‘hui plus qu’une ruine.
Le sentier grimpe d’abord abruptement. Il est constitué par un assemblage de grandes marches irrégulières, souvent directement taillées dans la roche. J’y progresse assez rapidement. Une fois atteint le col où se niche le Lochan Meall an t-Suidhe (soit le « lac à mi-chemin ») à 570 mètres d'altitude, le sentier serpente dans un large pierrier. Peu avant 900 m d’altitude, les premières traces de neige apparaissent. Par contre, il est toujours impossible de distingue...
15
mise à jour : 21 août 2020
Vendredi 5 Juin – Jour 14
Une dernière promenade dans la rue centrale de Fort William, j’achète quelques souvenirs et je me dirige vers la gare. Le voyage de retour, l’autre aventure, va bientôt commencer. Une traversée du nord au sud cette fois, en 6 étapes, avec 4 changements de train et, demain, la traversée de la Manche en ferry. Ces étapes ferroviaires me stressent légèrement, aurai-je assez de place pour charger mon vélo, aurai-je assez de temps pour réaliser les transferts inter-gare, comme à Glasgow. Après une indépendance horaire presque totale pendant près de deux semaines, me revoilà accroché au chrono… J’ai pris l’option de laisser les sacoches arrière sur le vélo, celles de l’avant et les charges les plus lourdes sont dans mon sac à dos, je gagne ainsi en agilité.
Bonne surprise, les portes d’accès aux voitures sont plutôt larges et il n’y a pas de marches ! Je prends vite place dans mon premier train. Quand le coup de sifflet du départ résonne, la pluie est revenue. La ligne de chemin de fer suit à peu près ma trace. Je reconnais chaque endroit, le Loch Lomond est toujours aussi gris ! A Glasgow, premier changement, j’ai un peu moins de 30 minutes pour traverser le centre-ville, pas de temps pour faire du tourisme. Il me faudra 20 minutes sans traîner. Je fais maintenant route vers Wolverhampton. Bye bye l’Ecosse !
C’est à Wolverhampton que j’ai mon plus gros coup de chaud. Alors que je...
16
mise à jour : 21 août 2020
Samedi 6 Juin – Jour 15 - FIN


Il n’est pas encore 6h00, le jour se lève, fin de mon dernier bivouac ! Cette fois, j’ai dormi à même le sol, sur un trottoir, entre deux arbres, le plus à l’ombre possible des nombreux éclairages. Il me tarde d’embarquer.
L’embarquement est une formalité. Mon vélo est stocké dans une large zone dédiée, un boot pour le bloquer et le tour est joué. J’ai l’esprit léger, c’est la dernière ligne droite avant le retour à la maison. Il ne peut plus m’arriver grand-chose… Je monte sur le pont principal et m’endors dans l’un des nombreux fauteuils !
C’est par un grand soleil que j’avais quitté le Havre, c’est par un grand soleil que j’y rentre 15 jours plus tard. Je laisse la gare maritime derrière moi, dans quelques kilomètres je serai rentré à la maison. Léane, Maël et Audrey m’y attendent avec impatience. « Ben Nevis, the South route » s’achève...
17
mise à jour : 21 août 2020
Le Yéti est spécialisé dans la vente et la location d’équipements pour les amateurs de sports de montagne pour ne citer que la randonnée, l’alpinisme, ou encore le canyoning, mais aussi du matériel pour les voyages d’aventure.
Partager sa passion pour la montagne et les activités outdoor, c’est la principale motivation du Yeti !
Mention spéciale à Mickael du Yeti, pour la dotation en matériel, pour ses conseils techniques avisés, pour ses encouragements !
https://bennevisthesouthroute.wordpress.com/2015/05/19/le-yeti-magasin-randonnee-camping-et-voyage/