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Extraterrestre CA57 : Les bonnes raisons de ne rien changer

par L'Extraterrestre dans Extraterrestre 21 sept. 2019 mis à jour 21 oct. 2019 327 lecteurs Soyez le premier à commenter
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Les bonnes raisons de ne rien changer

L’humanité vit une période de transition majeure, elle se confronte à deux problématiques liées, la consommation d’énergie et la hausse des températures. L’énergie parce que les ressources sont limitées et que l’humanité en demande toujours plus ; et que, forcément, il va y avoir un problème de ressource qui ne pourra se résoudre que par une baisse de la consommation et/ou l’exploitation de nouvelles sources (solaire, éolien, fusion nucléaire…). Pour l’instant, baisser la consommation est sans doute le plus simple à réaliser. L’énergie étant, à l’heure actuelle, essentiellement non renouvelable et carbonée, elle engendre, comme chacun sait, une émission cumulative de CO2 et un réchauffement climatique associé.
Vu que la pollution globale est la somme de toutes les pollutions individuelles (la consommation de chaque individu, ses transports, les services publics de son pays…), chacun a sa part à faire. Qu’il est difficile de l’accepter pourtant ! L’humain, grâce à son cerveau fort complexe et sacrément rusé, trouve toujours une bonne raison de ne rien changer, ou bien de changer ce qui n’a pas trop d’impact dans sa vie, et donc qui ne change souvent pas vraiment les termes de « l’équation pollution »…
Quand on fait remarquer que prendre l’avion a un coût écologique majeur sur le bilan carbone d’un individu, la réponse est souvent : « l’aviation ne représente que 5% de la part du réchauffement anthropique » ou « les 10 plus gros cargos polluent plus que toutes les voitures individuelles »1, ou encore « de toute façon, vu la pollution de la Chine ou des États-Unis, que va représenter mon effort individuel ? qu’ils changent eux d’abord ! », ou bien, comme lu dernièrement dans les forums d’Expemag, « internet et ses data-centers sont un consommateur majeur d’énergie » (essentiellement à cause des vidéos2) ; allez, un petit dernier : « si on fait le trajet en voiture plutôt qu’en avion ça revient au même »3 !
Tout cela est sans doute vrai, au moins partiellement (ça donnerait presque envie d’encore plus prendre l’avion pour « sauver » la planète ?), mais ne justifie pas de ne rien changer à titre individuel ! C’est vrai que les changements d’une seule personne n’affecteront pas significativement le bilan global ; pourtant, si chacun à son niveau change ses pratiques en diminuant ses actions les plus polluantes (ce qui parait du simple bon sens), alors oui, le bilan global sera affecté. Mais pour que cela se produise massivement, il faudra sans doute passer par des politiques publiques d’encouragement (aides) et contraignantes (taxes) car on ne peut demander à chacun d’être spontanément vertueux ; par contre chacun devrait être prêt à accepter ces politiques de changement pas forcément populaires a priori4. Et c’est en débattant ensemble de ces idées que l’on s’y prépare, c’est dans cet esprit qu’est rédigé ce billet.
Si on veut prendre de l’avance sur les politiques publiques, l’action personnelle la plus utile sera d’identifier ses principaux postes d’émission de CO2 et de les réduire ; or, pour un Européen de la classe moyenne qui a les moyens de voyager en avion (c'est-à-dire une bonne part des lecteurs de ce magazine), un poste important sera le transport aérien (cf. cet article). Regarder des vidéos sur internet est certes un gros poste rapporté à l’ensemble de la planète, mais aujourd’hui presque toute l’humanité peut regarder une vidéo sur le web (d’où l’importance cumulée de ce poste). En revanche, seule une petite part de l’humanité peut se permettre de prendre l’avion, mais ces personnes-là ont un bilan carbone bien supérieur à l’humain moyen – 4,4 tonnes d’équivalent CO2 pour chaque terrien – puisqu’un Paris-New-York aller-retour y ajoute à lui seul 2,5 tonnes5. Si ces personnes limitent ce mode de déplacement, leur bilan carbone s’en verra bien plus allégé que si elles arrêtent de regarder des vidéos de chat de temps en temps sur internet (10 min de vidéo de chat = 1g d’équivalent CO26). Mais l’un n’empêche pas l’autre smiley ! Miaou.


Notes :
1. (Déjà, quel rapport avec l’aviation ?! smiley). Le fait à l’origine de cette idée reçue est que les 15 plus gros supertankers émettraient autant de particules fines que l’ensemble du parc automobile mondial parce qu’ils utilisent un carburant très soufré, ce qui n’a rien à voir avec la pollution au CO2 et donc l’essentiel du réchauffement climatique ! Mais il y a eu un amalgame car malheureusement les humains ne prennent pas le temps de vérifier l’information et croient facilement ce qui pourrait les arranger de croire… Source : Libération checknews
2. Voir le rapport du Shift Project : « Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne ».
3. Sauf que l’avion permet d’aller souvent loin, et qu’il est bien plus aisé de faire 40.000 km/an en avion (44 heures) qu’en voiture (700 heures). Pour des vacances on ira, en moyenne, naturellement moins loin en voiture qu’en avion.
4. Voir le point de vue de l'Extraterrestre « Guerres civiles ».
5. Selon la moyenne des résultats proposés par les calculateurs carbone, source Libération checknews.
6. 1 gramme selon l’Obs, 10g selon les données obtenues via l’outil Carbonalyser du Shift Project. Cet outil semble très pessimiste : nous avons fait l’analyse sur le site expemag.com et ses 120.000 pages vues par mois au minimum (sans compter les demandes des robots), Carbonalyser annonce 9000 kWh par an au minimum ; or, nous payons une centaine d’euros par an pour l’hébergement, et pour que l’hébergeur soit gagnant, il faut bien qu’il marge au-dessus de sa facture énergétique qui s’élèverait à plus de 900€ (tarif entreprise) !! Il est plus probable qu’elle soit plutôt de 50€ pour qu’il reste bénéficiaire. Même si les émissions sont comptabilisées pour moitié hébergeur et moitié fournisseur d’accès, il reste une surévaluation d’un facteur 10 dans notre cas ! Il faudrait peut-être que l’outil s’affine, car pour être constructif et agir de manière adaptée, il faut que la source de données soit la plus fiable possible.
 

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