Le Continental Divide Trail, USA: 4.289 km à pied
Bilan du CDT fait sur deux saisons, soit 4.289km du Nouveau Mexique au Canada.
Présentation succinte en deux sections, la version complète étant sur mon site sahibvoyageur.fr
Présentation succinte en deux sections, la version complète étant sur mon site sahibvoyageur.fr
Quand : 22/05/2018
Durée : 125 jours
Durée : 125 jours
Carnet publié par Romni
le 01 sept. 2018
modifié le 23 déc. 2019
modifié le 23 déc. 2019
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Vue d'ensemble
Le topo : Section 2 (mise à jour : 23 déc. 2019)
Description :
2019: Du Canada à Grand Lake (Colorado)
J'ai parcouru la deuxième moitié du CDT en 2019. La neige, très abondante et pourrie au Colorado, m'a forcé à changer de sens de marche et a partir de la frontière canadienne pour aller à Grand Lake, au Colorado. Là aussi, décrire ici les presque 2.500 km de cette partie est impossible et inutile (Mytrip a du mal a gérer une trace aussi longue).
Toute la logistique de cette marche, avec tableau de marche paramétrable, un bilan, un carnet de route et un petit guide, est disponible sur mon site https://www.sahibvoyageur.fr/continental-divide-trail/ où vous trouverez toutes les indications nécessaires à la préparation de cette marche.
Cette deuxième section du carnet présente mon carnet de route et une petite sélection de photos. Plus sur mon site.
J'ai parcouru la deuxième moitié du CDT en 2019. La neige, très abondante et pourrie au Colorado, m'a forcé à changer de sens de marche et a partir de la frontière canadienne pour aller à Grand Lake, au Colorado. Là aussi, décrire ici les presque 2.500 km de cette partie est impossible et inutile (Mytrip a du mal a gérer une trace aussi longue).
Toute la logistique de cette marche, avec tableau de marche paramétrable, un bilan, un carnet de route et un petit guide, est disponible sur mon site https://www.sahibvoyageur.fr/continental-divide-trail/ où vous trouverez toutes les indications nécessaires à la préparation de cette marche.
Cette deuxième section du carnet présente mon carnet de route et une petite sélection de photos. Plus sur mon site.
Milieu traversé :
Environnement : [montagne]
Biotope : [forêt]
Le compte-rendu : Section 2 (mise à jour : 23 déc. 2019)
22 - 30 juin, 129 miles (208 km), 5820m montés, 53 h de marche à 3,9 km/h
Le 22 juin, c'est donc enfin le vrai départ après un solide petit déjeuner. Quelques kilomètres de route, puis un chemin très boueux vers un petit col avant de redescendre vers un lac et d'entamer le montée du col Red Gap à 2.300m. Je profite enfin de beaux paysages alpins sur un bon sentier progressif avec juste quelques trainées de neige dure. Je campe à l'extrémité du lac Elisabeth, où des rangers viennent vérifier les permis. Juste le temps de monter la tente, et il pleut. La remontée de la longue vallée vers la frontière est jolie mais un peu monotone. Pas mal de marcheurs. Puis demi tour et retour au camp avant deux très courtes journées mouillées et boueuses pour retourner à Many Glacier où il y a des emplacements de camping disponibles mais non répertoriés par les rangers.
Commencer par le Parc des Glaciers, c'est un peu commencer par le dessert: cette section est à coup sûr l'une des trois ou quatre plus belles de tout le CDT. Pas très élevées, ces montagnes ont un caractère alpin bien affirmé, les forêts sont splendides et les cols offrent des vues de toute beauté. Les chemins sont entretenus par le Parc, ils sont donc très bons. Seul bémol, il y a nombreux gués et pas mal de pluie: résultat, j'ai marché les pieds mouillés durant pratiquement un mois. Quelques passages en neige sans beaucoup de difficulté, rien à voir avec la neige pourrie du Colorado. Mouflons, élans, marmottes et écureuils courent partout mais je n'ai pas vu beaucoup d'ours: juste un jeune grizzli qui décampe à peine aperçu, un adulte de plus loin et trois ours noirs timides... mais je suis bien le seul à ne pas trimbaler une bombe anti-ours!
Les 5 dernières étapes étaient très courtes, vers 15 miles par jour, et je commence à piaffer un peu d'impatience devant tant de lenteur. Le dernier jour dans le Parc, j'arrive à midi à Many Glaciers et il souffle un vent d'enfer: pas envie de camper là comme l'indique ma feuille de route, je repars donc tout de suite pour sortir du Parc à East Glacier par une belle crête venteuse: enfin un jour normal à 22 miles (35km). Arrivé au village, il n'y a plus de chambres disponibles, je campe donc avec de nombreux autres marcheurs en attendant une journée l'ouverture du bureau de poste pour prendre un paquet de ravitaillement et renvoyer les équipements de neige qui ne servent décidément à rien par ici.
Le 22 juin, c'est donc enfin le vrai départ après un solide petit déjeuner. Quelques kilomètres de route, puis un chemin très boueux vers un petit col avant de redescendre vers un lac et d'entamer le montée du col Red Gap à 2.300m. Je profite enfin de beaux paysages alpins sur un bon sentier progressif avec juste quelques trainées de neige dure. Je campe à l'extrémité du lac Elisabeth, où des rangers viennent vérifier les permis. Juste le temps de monter la tente, et il pleut. La remontée de la longue vallée vers la frontière est jolie mais un peu monotone. Pas mal de marcheurs. Puis demi tour et retour au camp avant deux très courtes journées mouillées et boueuses pour retourner à Many Glacier où il y a des emplacements de camping disponibles mais non répertoriés par les rangers.
Commencer par le Parc des Glaciers, c'est un peu commencer par le dessert: cette section est à coup sûr l'une des trois ou quatre plus belles de tout le CDT. Pas très élevées, ces montagnes ont un caractère alpin bien affirmé, les forêts sont splendides et les cols offrent des vues de toute beauté. Les chemins sont entretenus par le Parc, ils sont donc très bons. Seul bémol, il y a nombreux gués et pas mal de pluie: résultat, j'ai marché les pieds mouillés durant pratiquement un mois. Quelques passages en neige sans beaucoup de difficulté, rien à voir avec la neige pourrie du Colorado. Mouflons, élans, marmottes et écureuils courent partout mais je n'ai pas vu beaucoup d'ours: juste un jeune grizzli qui décampe à peine aperçu, un adulte de plus loin et trois ours noirs timides... mais je suis bien le seul à ne pas trimbaler une bombe anti-ours!
Les 5 dernières étapes étaient très courtes, vers 15 miles par jour, et je commence à piaffer un peu d'impatience devant tant de lenteur. Le dernier jour dans le Parc, j'arrive à midi à Many Glaciers et il souffle un vent d'enfer: pas envie de camper là comme l'indique ma feuille de route, je repars donc tout de suite pour sortir du Parc à East Glacier par une belle crête venteuse: enfin un jour normal à 22 miles (35km). Arrivé au village, il n'y a plus de chambres disponibles, je campe donc avec de nombreux autres marcheurs en attendant une journée l'ouverture du bureau de poste pour prendre un paquet de ravitaillement et renvoyer les équipements de neige qui ne servent décidément à rien par ici.
1er - 12 juillet, 238 miles (383 km), 12.800m montés, 94 heures de marche à 4,1 Km/h
Sortie du parc facile et roulante, avec peu de dénivelé et de l'eau partout, ce qui rend les 7 jours d'autonomie raisonnables. Les parties du chemin encore non dégagées sont un inextricable fouillis d'arbres tombés où il me faudra 3 heures pour faire 8 km. Entre pluies, même courtes, et gués, j'ai toujours les pieds mouillés. Il faut se méfier des emplacements de camps bien référencés: ils sont beaux, oui, mais fréquentés: pour moi, mieux vaut poser ma tente en dehors de endroits conseillés, histoire d'avoir la paix. Bizarrement, la plupart des autres marcheurs préfèrent partir tard et marcher tard alors que moi, je suis parti à 6h et j'aime m'arrêter vers 5-6h. Longue descente d'une vallée totalement incendiée; je loupe un embranchement et m'engage dans une variante que je n'avais pas prévu: pas grave, c'est très beau aussi. Au fil des jours, je vois, quitte et retrouve un petit groupe d'une dizaine de marcheurs dispersés qui vont à peu près à la même vitesse que moi. Comme personne n'essaye de coller aux autres, c'est plutôt sympa, mais je continue d'essayer de camper seul pour profiter des petits bruits nocturnes.
Le CDT longe le beau "Chinese wall", une très longue falaises étagée sur trois rangs, avant de rejoindre un large vallée parcourue par de nombreux cavaliers. Je me dirige vers Augusta où m'attend une nouvelle paire de chaussures. Coup de bol, je rencontre sur le chemin deux autres marcheurs locaux qui me prennent en voiture et m'évitent un stop réputé difficile pour Agusta où j'ai la chance d'avoir la dernière chambre disponible en ville (ville, façon de parler: c'est un endroit plus large de la route, comme disent les Américains). Là, on ne traine plus: 24 miles par jours (38 km) sur les cinq derniers jours et ça roule bien.
Le lendemain 6 juillet, départ vers 16h après de bonnes bouffe dans ce village de l'Amérique très, très profonde et conservatrice (Make America Great Again et révolvers à la ceinture). 12 miles rapides sous la pluie pour camper en bord de rivière. Les gués se succèdent, on remonte même des lits de torrents en fond de vallée. Grosse journée de 45 km et 1.000m+ de montée car les emplacements possibles de camp sont rares. Le lendemain est encore pire en matière de fatigue: 18 miles seulement, mais en suivant une ligne de crête en dents de scie et mal pavée; beau temps et vues à couper le souffle mais un seul point d'eau et une grosse fatigue. Une heure d'attente au col pour descendre à Lincoln en stop; la ville est sans intérêt, sauf la bouffe évidemment, et stop facile pour remonter le lendemain.
Nouvelle crête. Je monte juste sous la limite des nuages, c'est féérique avec des fleurs partout mais toujours peu d'animaux et un seul point d'eau sur la journée. Mon bivouac bénéficie ce soir là d'une très belle vue que je passe près d'une heure à contempler. J'alterne ensuite traces de crêtes et routes forestières faciles mais monotones; cette fois-ci il faut faire un détour d'un mile pour trouver de l'eau. Les mouches sont arrivées, et certaines piquent! Le 11 juillet, une journée facile de pistes forestières me mène à la route pour Helena; au bout de 15mn, une voiture qui m'avait dépassé fait demi-tour pour venir me prendre et me dépose devant mon motel où je vais prendre un jour de repos. Le soleil tape dur: je remplace ma petite casquette par un large chapeau. Helena est une grosse ville sympa: quelques remplacements de matériel, envoi de ravitaillement, bouffe, lessive, repos. A la poste, coup de bol, je tombe sur un Trail Angel qui me propose de m'emmener demain au début du CDT!
Sortie du parc facile et roulante, avec peu de dénivelé et de l'eau partout, ce qui rend les 7 jours d'autonomie raisonnables. Les parties du chemin encore non dégagées sont un inextricable fouillis d'arbres tombés où il me faudra 3 heures pour faire 8 km. Entre pluies, même courtes, et gués, j'ai toujours les pieds mouillés. Il faut se méfier des emplacements de camps bien référencés: ils sont beaux, oui, mais fréquentés: pour moi, mieux vaut poser ma tente en dehors de endroits conseillés, histoire d'avoir la paix. Bizarrement, la plupart des autres marcheurs préfèrent partir tard et marcher tard alors que moi, je suis parti à 6h et j'aime m'arrêter vers 5-6h. Longue descente d'une vallée totalement incendiée; je loupe un embranchement et m'engage dans une variante que je n'avais pas prévu: pas grave, c'est très beau aussi. Au fil des jours, je vois, quitte et retrouve un petit groupe d'une dizaine de marcheurs dispersés qui vont à peu près à la même vitesse que moi. Comme personne n'essaye de coller aux autres, c'est plutôt sympa, mais je continue d'essayer de camper seul pour profiter des petits bruits nocturnes.
Le CDT longe le beau "Chinese wall", une très longue falaises étagée sur trois rangs, avant de rejoindre un large vallée parcourue par de nombreux cavaliers. Je me dirige vers Augusta où m'attend une nouvelle paire de chaussures. Coup de bol, je rencontre sur le chemin deux autres marcheurs locaux qui me prennent en voiture et m'évitent un stop réputé difficile pour Agusta où j'ai la chance d'avoir la dernière chambre disponible en ville (ville, façon de parler: c'est un endroit plus large de la route, comme disent les Américains). Là, on ne traine plus: 24 miles par jours (38 km) sur les cinq derniers jours et ça roule bien.
Le lendemain 6 juillet, départ vers 16h après de bonnes bouffe dans ce village de l'Amérique très, très profonde et conservatrice (Make America Great Again et révolvers à la ceinture). 12 miles rapides sous la pluie pour camper en bord de rivière. Les gués se succèdent, on remonte même des lits de torrents en fond de vallée. Grosse journée de 45 km et 1.000m+ de montée car les emplacements possibles de camp sont rares. Le lendemain est encore pire en matière de fatigue: 18 miles seulement, mais en suivant une ligne de crête en dents de scie et mal pavée; beau temps et vues à couper le souffle mais un seul point d'eau et une grosse fatigue. Une heure d'attente au col pour descendre à Lincoln en stop; la ville est sans intérêt, sauf la bouffe évidemment, et stop facile pour remonter le lendemain.
Nouvelle crête. Je monte juste sous la limite des nuages, c'est féérique avec des fleurs partout mais toujours peu d'animaux et un seul point d'eau sur la journée. Mon bivouac bénéficie ce soir là d'une très belle vue que je passe près d'une heure à contempler. J'alterne ensuite traces de crêtes et routes forestières faciles mais monotones; cette fois-ci il faut faire un détour d'un mile pour trouver de l'eau. Les mouches sont arrivées, et certaines piquent! Le 11 juillet, une journée facile de pistes forestières me mène à la route pour Helena; au bout de 15mn, une voiture qui m'avait dépassé fait demi-tour pour venir me prendre et me dépose devant mon motel où je vais prendre un jour de repos. Le soleil tape dur: je remplace ma petite casquette par un large chapeau. Helena est une grosse ville sympa: quelques remplacements de matériel, envoi de ravitaillement, bouffe, lessive, repos. A la poste, coup de bol, je tombe sur un Trail Angel qui me propose de m'emmener demain au début du CDT!
13 -20 juillet, 160 miles (257 km), 7.800m montés, 64 heures de marche à 4 Km/h
Le chemin est facile, mais un orage violent nous bloque sous un arbre une bonne demi-heure. Je marche avec Pipe Piper, qui est plus rapide que moi, et je dois me forcer un peu. Camp sec (sans eau) en pleine forêt et, le lendemain, je m'aperçois que je n'ai plus ma veste de pluie! Je redescend 5 km en pensant la retrouver au dernier arrêt pour prendre de l'eau d'hier, mais non, rien: c'est incompréhensible. Tant pis, je me bricole un poncho avec la jupe de pluie, on verra plus loin. Un raccourci me perd une demi-heure et un très gros nuage d'orage d'un noir d'encre me survole avec beaucoup de bruit et quelques éclairs mais juste quelques goutes. La marche rapide de ce matin se fait sentir et je suis content de m'arrêter vers 19h30. J'ai décidé, comme la majorité, de prendre la variante plus courte d'Anaconda: une demi-bonne idée car la ville offre peu de ressources et le chemin pour y arriver est chaud, monotone et sans intérêt.
La dernière section a été dure, entre-autre parce que j'ai voulu suivre un marcheur sympa mais plus rapide que moi: très mauvaise idée, il ne faut pas que je me mette ce genre de pression; je ne suis pas ici pour établir des records. A la sortie d'Anaconda, je n'ai même pas le temps de faire du stop pour rejoindre le début du CDT qu'une camionnette, qui allait dans l'autre sens, me propose de m'y emmener! Magnifique remontée de vallée humide et abrupte, puis contournement d'un lac et montée raide pour rejoindre l'itinéraire officiel du CDT. Le lendemain, 17 juillet, le temps est sec mais gris; le chemin étroit et mal frayé passe d'une vallée à l'autre sans arrêt et gagne plus 1.400m dans la journée. Le 18 juillet est gris et venteux; gros coup de pompe vers 10h. Chemin de crête et peu d'eau; rêveur, je loupe un embranchement et fais 4 km de détour. Une seule source dans la journée, difficile à trouver et à utiliser, mais la forme revient et j'ai même un peu de mal à m'arrêter après 10h de marche. C'est mon 30ème jour de marche effective et j'ai parcouru 941 km (585 ml).
Le 19 est particulièrement froid: je suis même parti en doudoune. Grand jour: j'ai vu un magnifique loup mâle adulte à moins de vingt mètres! on s'est regardé quelques secondes, puis il a tranquillement disparu dans les buissons. Chemin facile aujourd'hui. Je pensais dormir sur le chemin, mais le manque d'eau m'a poussé et j'ai finalement marché 28 miles (45km) pour atteindre la route où la 2ème voiture à passer m'a pris. J'arrive en ville le jour de la fête annuelle des bûcherons, donc pas de chambre disponible, mais un bon camping. Énorme bouffe et jour de repos le lendemain: j'en profite pour aller regarder les démonstrations du festival, c'est assez drôle.
Le chemin est facile, mais un orage violent nous bloque sous un arbre une bonne demi-heure. Je marche avec Pipe Piper, qui est plus rapide que moi, et je dois me forcer un peu. Camp sec (sans eau) en pleine forêt et, le lendemain, je m'aperçois que je n'ai plus ma veste de pluie! Je redescend 5 km en pensant la retrouver au dernier arrêt pour prendre de l'eau d'hier, mais non, rien: c'est incompréhensible. Tant pis, je me bricole un poncho avec la jupe de pluie, on verra plus loin. Un raccourci me perd une demi-heure et un très gros nuage d'orage d'un noir d'encre me survole avec beaucoup de bruit et quelques éclairs mais juste quelques goutes. La marche rapide de ce matin se fait sentir et je suis content de m'arrêter vers 19h30. J'ai décidé, comme la majorité, de prendre la variante plus courte d'Anaconda: une demi-bonne idée car la ville offre peu de ressources et le chemin pour y arriver est chaud, monotone et sans intérêt.
La dernière section a été dure, entre-autre parce que j'ai voulu suivre un marcheur sympa mais plus rapide que moi: très mauvaise idée, il ne faut pas que je me mette ce genre de pression; je ne suis pas ici pour établir des records. A la sortie d'Anaconda, je n'ai même pas le temps de faire du stop pour rejoindre le début du CDT qu'une camionnette, qui allait dans l'autre sens, me propose de m'y emmener! Magnifique remontée de vallée humide et abrupte, puis contournement d'un lac et montée raide pour rejoindre l'itinéraire officiel du CDT. Le lendemain, 17 juillet, le temps est sec mais gris; le chemin étroit et mal frayé passe d'une vallée à l'autre sans arrêt et gagne plus 1.400m dans la journée. Le 18 juillet est gris et venteux; gros coup de pompe vers 10h. Chemin de crête et peu d'eau; rêveur, je loupe un embranchement et fais 4 km de détour. Une seule source dans la journée, difficile à trouver et à utiliser, mais la forme revient et j'ai même un peu de mal à m'arrêter après 10h de marche. C'est mon 30ème jour de marche effective et j'ai parcouru 941 km (585 ml).
Le 19 est particulièrement froid: je suis même parti en doudoune. Grand jour: j'ai vu un magnifique loup mâle adulte à moins de vingt mètres! on s'est regardé quelques secondes, puis il a tranquillement disparu dans les buissons. Chemin facile aujourd'hui. Je pensais dormir sur le chemin, mais le manque d'eau m'a poussé et j'ai finalement marché 28 miles (45km) pour atteindre la route où la 2ème voiture à passer m'a pris. J'arrive en ville le jour de la fête annuelle des bûcherons, donc pas de chambre disponible, mais un bon camping. Énorme bouffe et jour de repos le lendemain: j'en profite pour aller regarder les démonstrations du festival, c'est assez drôle.
21 au 25 juillet, 122 miles (196 km), 6.100m montés, 52,5 heures de marche à 3,7 Km/h
Stop difficile (2h30) pour sortir de Darby, mais il fait grand beau. Chemin de crête souvent raide, sac avec 6 jours de bouffe, mais de l'eau assez souvent. Ce premier soir, le hasard rassemble une bonne douzaine de marcheurs près de la rivière et d'un tapis de myrtilles. Le lendemain est intense, avec plus de 2.000m à monter et 11h de marche. Très beau chemin, souvent en balcon, dans les montagnes abruptes qui se délitent. Le 23, changement de décor: le CDT est bien roulant avec de l'eau partout, y compris dans les chaussures bien sûr; encore 11h de marche aujourd'hui, mais plus faciles... ça tombe bien parce que le 24, le CDT monte très raide avec un seul point d'eau et, à partir de 11h, un environnement de forêts parfois brulées qui n'offrent aucune vue et sont bien monotones. Le 25, le sac à dos presque vide me rend rapide sur un très beau chemin de crête avec de vraies montagnes au loin; du coup, j'arrive à Bannock Pass en fin d'après midi au lieu du lendemain comme prévu et la première voiture (après 20mn d'attente tout de même) me descend à Leadore, minuscule bourgade de 50 habitants, mais avec douche et resto, où je vais me reposer une journée en compagnie de nombreux hikers après une section belle mais dure.
Stop difficile (2h30) pour sortir de Darby, mais il fait grand beau. Chemin de crête souvent raide, sac avec 6 jours de bouffe, mais de l'eau assez souvent. Ce premier soir, le hasard rassemble une bonne douzaine de marcheurs près de la rivière et d'un tapis de myrtilles. Le lendemain est intense, avec plus de 2.000m à monter et 11h de marche. Très beau chemin, souvent en balcon, dans les montagnes abruptes qui se délitent. Le 23, changement de décor: le CDT est bien roulant avec de l'eau partout, y compris dans les chaussures bien sûr; encore 11h de marche aujourd'hui, mais plus faciles... ça tombe bien parce que le 24, le CDT monte très raide avec un seul point d'eau et, à partir de 11h, un environnement de forêts parfois brulées qui n'offrent aucune vue et sont bien monotones. Le 25, le sac à dos presque vide me rend rapide sur un très beau chemin de crête avec de vraies montagnes au loin; du coup, j'arrive à Bannock Pass en fin d'après midi au lieu du lendemain comme prévu et la première voiture (après 20mn d'attente tout de même) me descend à Leadore, minuscule bourgade de 50 habitants, mais avec douche et resto, où je vais me reposer une journée en compagnie de nombreux hikers après une section belle mais dure.
27 juillet au 4 août, 174 miles (280 km), 9.800m montés, 72 heures de marche à 3,9 km/h.
1h10 d'attente pour un petit dej! Du coup j'ai raté la voiture pour remonter au col et j'ai dû attendre le 2ème à 11h. Vues dégagées et larges crêtes ondulées, personne à l'horizon. Je laisse passer un orage plein d'éclairs à l'abri. Le temps est parfait et je marche avec juste ma jupe. Il fait grand beau et heureusement car on ne voudrais pas être pris dans un orage sur ces étendues d'altitude sans aucun abri. Le lendemain, le CDT redevient lui-même avec une crête en dent de scie dépourvue de sentier (il y en a, mais pas les bons, c'est trompeur!). Je coupe une vallée par un raccourci pas si court que ça car retrouver le chemin de l'autre côté du torrent est difficile. Premier arrêt vers 17h, mais c'est plein de moustiques: je continue, mais le lac suivant est encombré de vaches et sans ombres, encore 3km donc jusqu'à la rivière suivante.
Le 29, temps couvert agréable pour traverser avec ennui une large dépression bien morne et chercher longuement un grotte supposée être pleine de squelettes de bisons ... qui s'avère être un simple trou avec quelques os moisis: zut. La fin de journée est un peu longue, ce qui m'étonne après seulement 21 miles: coup d'œil sur mon calcul: ah oui, c'est pas 21, c'est 26, je comprends mieux. Orage le soir, mais je suis déjà sous la tente. Il a plu toute la nuit et donc encore une matinée pieds mouillés. Je croise un cow-boy avec tout l'attirail, comme dans un western, y compris un révolver! il me jette un regard dédaigneux et ne répond pas à mon salut: ça doit être la jupe que je porte toujours, c'est pas très macho! Vingt dieux, quelle partie de montagnes russes aujourd'hui: la crête fait des bonds continuels de 100-200m de dénivelé. Un énorme orage me surprend et je descend en catastrophe 30m dans la pente pour attendre accroupi en position de sécurité: 30 minutes de vent furieux, de grêle et de pluie avec deux éclairs qui tombent avec fracas à quelques dizaines de mètres de moi: là, j'ai eu la trouille. Du coup, je campe dans un petit vallon inconfortable mais bien abrité.
Le 31 juillet, longue descente vers l'Interstate 15 et Lima. Je me rend compte à 8h30 que j'ai 3h pour faire 15 km si je veut attraper la navette qui vient chercher les marcheurs, du coup, je fonce sur de larges pistes encombrées de centaines de vaches; ouf, j'y suis, avec même 30mn d'avance. Journée de repos et de pluies diluviennes à Lima, bourgade sans intérêt si ce n'est un resto avec des steaks fabuleux. J'ai cassé une barre de mon sac à dos et dois faire une réparation de fortune mais efficace en attendant la pièce de rechange (tellement efficace que je n'ai jamais installé la pièce de rechange!). Je repars léger le 2 août pour une section courte car je vais passer par le raccourci de Sawtelle/Mac's Inn. Chemin très roulant et beau temps; Peu de moustiques, mais des taons et des mouches qui piquent: je marche jusqu'à tard, fait 45 km avec pas mal de dénivelé, et me réveille donc fatigué pour une journée un peu pénible car pleine d'imprévus: une vallée qui monte alors que je l'avais vu descendante sur la carte (on voit ce qu'on souhaite, hein?), des parties marécageuses sans chemin et pour finir une interminable piste carrossable pour descendre dans la vallée. Par contre, au resto, un inconnu payé mon dîner sans même se faire connaître: je devais avoir l'air bien misérable!
1h10 d'attente pour un petit dej! Du coup j'ai raté la voiture pour remonter au col et j'ai dû attendre le 2ème à 11h. Vues dégagées et larges crêtes ondulées, personne à l'horizon. Je laisse passer un orage plein d'éclairs à l'abri. Le temps est parfait et je marche avec juste ma jupe. Il fait grand beau et heureusement car on ne voudrais pas être pris dans un orage sur ces étendues d'altitude sans aucun abri. Le lendemain, le CDT redevient lui-même avec une crête en dent de scie dépourvue de sentier (il y en a, mais pas les bons, c'est trompeur!). Je coupe une vallée par un raccourci pas si court que ça car retrouver le chemin de l'autre côté du torrent est difficile. Premier arrêt vers 17h, mais c'est plein de moustiques: je continue, mais le lac suivant est encombré de vaches et sans ombres, encore 3km donc jusqu'à la rivière suivante.
Le 29, temps couvert agréable pour traverser avec ennui une large dépression bien morne et chercher longuement un grotte supposée être pleine de squelettes de bisons ... qui s'avère être un simple trou avec quelques os moisis: zut. La fin de journée est un peu longue, ce qui m'étonne après seulement 21 miles: coup d'œil sur mon calcul: ah oui, c'est pas 21, c'est 26, je comprends mieux. Orage le soir, mais je suis déjà sous la tente. Il a plu toute la nuit et donc encore une matinée pieds mouillés. Je croise un cow-boy avec tout l'attirail, comme dans un western, y compris un révolver! il me jette un regard dédaigneux et ne répond pas à mon salut: ça doit être la jupe que je porte toujours, c'est pas très macho! Vingt dieux, quelle partie de montagnes russes aujourd'hui: la crête fait des bonds continuels de 100-200m de dénivelé. Un énorme orage me surprend et je descend en catastrophe 30m dans la pente pour attendre accroupi en position de sécurité: 30 minutes de vent furieux, de grêle et de pluie avec deux éclairs qui tombent avec fracas à quelques dizaines de mètres de moi: là, j'ai eu la trouille. Du coup, je campe dans un petit vallon inconfortable mais bien abrité.
Le 31 juillet, longue descente vers l'Interstate 15 et Lima. Je me rend compte à 8h30 que j'ai 3h pour faire 15 km si je veut attraper la navette qui vient chercher les marcheurs, du coup, je fonce sur de larges pistes encombrées de centaines de vaches; ouf, j'y suis, avec même 30mn d'avance. Journée de repos et de pluies diluviennes à Lima, bourgade sans intérêt si ce n'est un resto avec des steaks fabuleux. J'ai cassé une barre de mon sac à dos et dois faire une réparation de fortune mais efficace en attendant la pièce de rechange (tellement efficace que je n'ai jamais installé la pièce de rechange!). Je repars léger le 2 août pour une section courte car je vais passer par le raccourci de Sawtelle/Mac's Inn. Chemin très roulant et beau temps; Peu de moustiques, mais des taons et des mouches qui piquent: je marche jusqu'à tard, fait 45 km avec pas mal de dénivelé, et me réveille donc fatigué pour une journée un peu pénible car pleine d'imprévus: une vallée qui monte alors que je l'avais vu descendante sur la carte (on voit ce qu'on souhaite, hein?), des parties marécageuses sans chemin et pour finir une interminable piste carrossable pour descendre dans la vallée. Par contre, au resto, un inconnu payé mon dîner sans même se faire connaître: je devais avoir l'air bien misérable!
Section 14: de Sawtelle à Pindale.
5 au 15 août, 235 miles (378 km), 7.160m montés, 93,5 heures de marche à 4 km/h.
Excellente nuit dans un hôtel tenu par des chinois, mais pas de petit déjeuner ce matin en ville! Deux miles pour aller à la poste de Mac's Inn, que je cherche un peu, pour mon paquet de ravitaillement puis une courte journée monotone sur route et pistes à cause des dates imposées pour le parc de Yellowstone où je ne peux entrer que demain. Ce raccourci est vraiment sans intérêt en dehors du ravitaillement. Le lendemain, encore une très courte journée, 12 miles, pour mon premier camp dans Yellowstone. Cette partie du parc est sans grand intérêt, mais l'emplacement de camp est sympa, j'ai le temps de faire la sieste et de recoudre un peu mes chaussures qui baillent. Je suis entré dans le Wyoming! plus que 637 miles jusqu'à Grand Lake; c'est pas plus mal, je n'ai plus beaucoup de gras sur le corps!
Le 7 août, journée super facile en passant dans des zones thermales splendides de couleurs et à Old Faithfull où le ravitaillement est meilleurs qu'espéré. Je peux même prendre une douche dans un bel hôtel (qui devait en avoir marre de voir des marcheurs puants s'installer dans ses fauteuils). Par contre mes nouvelles guêtres ne sont pas arrivées. Je les fait suivre à Pinedale, où iront aussi les nouvelles chaussures commandées à REI par téléphone. Je repars vers 16h avec 5 jours de bouffe pour traverser de magnifiques zones thermales peu fréquentées, mais aussi des marais avec de l'eau et de la boue jusqu'à mi-mollet. Un ciel très menaçant ne laisse filer que de rares gouttes. Plein de moustiques.
Dans le parc, le CDT est très facile même si les innombrables montées et descentes le long du lac Shoshone sont agaçantes (mais les rives sont marécageuses). Le gué de la rivière Lewis est le plus profond du parcours, avec de l'eau au-dessus de la taille, mais il y a peu de courant et l'eau est presque tiède. En arrivant à la route qui va à Grant Village, je croise un hiker qui fait du stop depuis trois heures: j'ai bien fait d'éviter cette halte. Encore des sources chaudes et même un petit bain dans le Heart Lake en passant (j'ai rencontré un marcheur qui s'était baigné dans tous les lacs rencontrés: chapeau). La pluie commence juste quand j'ai terminé de monter ma tente.
La sortie de Yellowstone est mouillée, avec des gués et de la pluie dans l'après midi le long de la très belle Snake River où trois loutres folâtraient. Le chemin est facile et je me pose à 16h30 ayant fait 23 miles. Toujours pas mal de moustiques et les pieds mouillés. J'ai passé la barre des 1.000 miles parcourus. Le 10, un passage sur la crête me fait découvrir de magnifiques vues avec les Grand Teton à droite et la chaine des Winds devant. Un orage me frôle et transforme le chemin sur 5-6 miles en une patinoire boueuse. Je passe les gués pieds nus ou sur des troncs abattus pour garder les pieds secs et économiser mes chaussures qui commencent à fatiguer. Idem le lendemain mais que l'eau est froide et les gués larges! Je croise trois gros groupes de marcheurs lourds à la queue leu leu qui en plus, hurlent "ého" à plein poumons toutes les trois minutes, pour éloigner les ours j'imagine; bonjour le calme de la nature. Encore un raccourci que j'aurai bien fait d'éviter et je débouche dans la large vallée de Brooks Lodge, avec ses montagnes à gradins des deux côtés. Mon paquet m'attend bien à la Lodge, avec trop de bouffe comme d'habitude.
Le 12, grand beau bien froid avec un chemin de crête doux. Une forêt étrange, composée pour moitié de grands arbres morts très tourmentés et des zones humides, des vues lointaines de toute beauté pour une bonne quarantaine de kilomètres bien plaisants. Le lendemain, une pellicule de glace recouvre les flaques; Je traverse de grandes plaines où paissent des vaches, dont une assez agressive et monte à la Gunsight Pass qui marque l'entrée dans les Winds. Pas mal de marcheurs à la journée sur un chemin facile, et beaucoup de moustiques.
Quelle journée magnifique! Après une remontée de vallée, on débouche dans un univers fantastique fait d'immenses étendues granitiques semées de lacs limpides où se reflètent des montagnes abruptes. C'est l'une des plus belles journées du CDT, comparable au Yosemite sur le PCT. Camp de rêve au bord d'un petit lac. Le 15, descente très fréquentée vers le route de Pinedale où le nombre de voitures de marcheurs à la journée assure un transport facile. Je m'offre un motel de luxe où j'aurai même la visite d'une orignal et de ses deux petits. Mes nouvelles chaussures sont bien là, mais toujours pas de guêtres: cet envoi est maudit, mais j'en trouve d'autres au magasin local.
5 au 15 août, 235 miles (378 km), 7.160m montés, 93,5 heures de marche à 4 km/h.
Excellente nuit dans un hôtel tenu par des chinois, mais pas de petit déjeuner ce matin en ville! Deux miles pour aller à la poste de Mac's Inn, que je cherche un peu, pour mon paquet de ravitaillement puis une courte journée monotone sur route et pistes à cause des dates imposées pour le parc de Yellowstone où je ne peux entrer que demain. Ce raccourci est vraiment sans intérêt en dehors du ravitaillement. Le lendemain, encore une très courte journée, 12 miles, pour mon premier camp dans Yellowstone. Cette partie du parc est sans grand intérêt, mais l'emplacement de camp est sympa, j'ai le temps de faire la sieste et de recoudre un peu mes chaussures qui baillent. Je suis entré dans le Wyoming! plus que 637 miles jusqu'à Grand Lake; c'est pas plus mal, je n'ai plus beaucoup de gras sur le corps!
Le 7 août, journée super facile en passant dans des zones thermales splendides de couleurs et à Old Faithfull où le ravitaillement est meilleurs qu'espéré. Je peux même prendre une douche dans un bel hôtel (qui devait en avoir marre de voir des marcheurs puants s'installer dans ses fauteuils). Par contre mes nouvelles guêtres ne sont pas arrivées. Je les fait suivre à Pinedale, où iront aussi les nouvelles chaussures commandées à REI par téléphone. Je repars vers 16h avec 5 jours de bouffe pour traverser de magnifiques zones thermales peu fréquentées, mais aussi des marais avec de l'eau et de la boue jusqu'à mi-mollet. Un ciel très menaçant ne laisse filer que de rares gouttes. Plein de moustiques.
Dans le parc, le CDT est très facile même si les innombrables montées et descentes le long du lac Shoshone sont agaçantes (mais les rives sont marécageuses). Le gué de la rivière Lewis est le plus profond du parcours, avec de l'eau au-dessus de la taille, mais il y a peu de courant et l'eau est presque tiède. En arrivant à la route qui va à Grant Village, je croise un hiker qui fait du stop depuis trois heures: j'ai bien fait d'éviter cette halte. Encore des sources chaudes et même un petit bain dans le Heart Lake en passant (j'ai rencontré un marcheur qui s'était baigné dans tous les lacs rencontrés: chapeau). La pluie commence juste quand j'ai terminé de monter ma tente.
La sortie de Yellowstone est mouillée, avec des gués et de la pluie dans l'après midi le long de la très belle Snake River où trois loutres folâtraient. Le chemin est facile et je me pose à 16h30 ayant fait 23 miles. Toujours pas mal de moustiques et les pieds mouillés. J'ai passé la barre des 1.000 miles parcourus. Le 10, un passage sur la crête me fait découvrir de magnifiques vues avec les Grand Teton à droite et la chaine des Winds devant. Un orage me frôle et transforme le chemin sur 5-6 miles en une patinoire boueuse. Je passe les gués pieds nus ou sur des troncs abattus pour garder les pieds secs et économiser mes chaussures qui commencent à fatiguer. Idem le lendemain mais que l'eau est froide et les gués larges! Je croise trois gros groupes de marcheurs lourds à la queue leu leu qui en plus, hurlent "ého" à plein poumons toutes les trois minutes, pour éloigner les ours j'imagine; bonjour le calme de la nature. Encore un raccourci que j'aurai bien fait d'éviter et je débouche dans la large vallée de Brooks Lodge, avec ses montagnes à gradins des deux côtés. Mon paquet m'attend bien à la Lodge, avec trop de bouffe comme d'habitude.
Le 12, grand beau bien froid avec un chemin de crête doux. Une forêt étrange, composée pour moitié de grands arbres morts très tourmentés et des zones humides, des vues lointaines de toute beauté pour une bonne quarantaine de kilomètres bien plaisants. Le lendemain, une pellicule de glace recouvre les flaques; Je traverse de grandes plaines où paissent des vaches, dont une assez agressive et monte à la Gunsight Pass qui marque l'entrée dans les Winds. Pas mal de marcheurs à la journée sur un chemin facile, et beaucoup de moustiques.
Quelle journée magnifique! Après une remontée de vallée, on débouche dans un univers fantastique fait d'immenses étendues granitiques semées de lacs limpides où se reflètent des montagnes abruptes. C'est l'une des plus belles journées du CDT, comparable au Yosemite sur le PCT. Camp de rêve au bord d'un petit lac. Le 15, descente très fréquentée vers le route de Pinedale où le nombre de voitures de marcheurs à la journée assure un transport facile. Je m'offre un motel de luxe où j'aurai même la visite d'une orignal et de ses deux petits. Mes nouvelles chaussures sont bien là, mais toujours pas de guêtres: cet envoi est maudit, mais j'en trouve d'autres au magasin local.
Section 15 : de Pinedale à Encampment.
17 au 27 août, 208 miles (335 km), 8.100m montés, 83 heures de marche à 4 km/h.
La première voiture qui passe me prend pour remonter vers le CDT et je suis le premier à partir, donc tranquille. La forêt cède peu à peu la place aux rochers, avec pas mal de montées-descentes. Une fumée au vent, à l'ouest, m'inquiète, mais elle ne semble pas trop bouger: ce soir, je dormirai tout de même à l'est d'un lac sur une prairie bien dégagée, histoire de ne pas me faire surprendre par un incendie. Avec le froid, les moustiques ont pratiquement disparu: ouf. Au matin, mon sac de couchage est givré dans la tente! Pas de traces du feu d'hier. Le chemin, très pierreux, parcourt de grandes étendues parsemées de lacs. Je suis aux alentours des 3.000m d'altitude et cela se sent dès la moindre montée. Je choisi la variante du "Cercle des Tours" aux pinacles rocheux impressionnants, surtout avec la belle lumière du soir. Camp exposé à 3.000m: j'espère que le vent va tomber (mais plus bas il y avait du monde). Le 19 est une journée absolument splendide, une des plus belles de tout le CDT, mais brisante: 3 cols dont deux droit dans la pente en cailloutis instables et quatre passages dans de gigantesques éboulis à faire de l'équilibre entre les blocs, avec le reste du chemin abrupt, peu visible et peu roulant. Je crois que je n'ai jamais été aussi lent et à 17h, je suis vanné, vidé. Mais , vingt dieux, cela en vaut la peine! Le Cercle des Tours est une merveille et en plus j'y suis arrivé au meilleur moment: l'aube. Le reste est à l'avenant, du pur rêve. Gag: au beau milieu d'une vallée déserte et sans route, j'aperçois de l'autre côté de la rivière, côté sans chemin... un lit métallique abandonné!
le 20, je quitte les Winds pour entrer dans le désert: il va de nouveau surveiller les points d'eau. Au passage, visite de South City, un village de chercheurs d'or abandonné vers 1850 et transformé en musée. Arrêt à Atlantic City (58 habitants) avec ses clients du bar le révolver à la ceinture, et j'entre dans le désert. Contrairement à ce que croyais, il est loin d'être plat, du moins au début. Des chevaux sauvages, des antilopes pronghorn rapides et beaucoup de vaches farouches mais qui salopent les points d'eau déjà contaminés par le nitre. Le CDT emprunte de larges pistes carrossables; entre la monotonie du paysage, le manque d'eau et la facilité du chemin, je vais faire plus de 50 km par jour sur les trois jours de traversée. Le soir, le vent est fort, violent deux fois sur trois: je vais dormir sur ma tente plutôt que dedans pour ne pas risquer un arrachement sur ces sols instables; Les journées sont très sèches, mais pas étouffantes. Le grand Bassin est presque plat, monotone, ennuyeux: c'est un peu la rançon des Winds si beaux.
Le prends un jour de repos à Rawlins le 26, puis repart pour une dernière étape de désert que j'aborde à reculons. Le CDT suit une route, puis une grosse piste parfaitement ennuyeuse. Il fait chaud, j'ai l'impression d'être collé au milieu du paysage sans avancer, l'eau est mauvaise, je suis fatigué malgré mon jour d'arrêt, c'est pas la joie. Alors, lorsqu'en fin de journée une voiture s'arrête spontanément pour me proposer de m'emmener à Encampment, je craque et j'accepte: deux jours de désert sautés. Au vu du reste du chemin, pas de regret: c'était pas mieux après. Au village, la poste n'a plus mon paquet de ravitaillement envoyé deux mois et demi auparavant, mais l'épicerie du coin est suffisante pour mes besoins, d'autant plus que j'ai encore de la bouffe de l'étape précédente. A partir d'ici, il y aura de l'eau: youpie, et des arbres, re-youpie!
17 au 27 août, 208 miles (335 km), 8.100m montés, 83 heures de marche à 4 km/h.
La première voiture qui passe me prend pour remonter vers le CDT et je suis le premier à partir, donc tranquille. La forêt cède peu à peu la place aux rochers, avec pas mal de montées-descentes. Une fumée au vent, à l'ouest, m'inquiète, mais elle ne semble pas trop bouger: ce soir, je dormirai tout de même à l'est d'un lac sur une prairie bien dégagée, histoire de ne pas me faire surprendre par un incendie. Avec le froid, les moustiques ont pratiquement disparu: ouf. Au matin, mon sac de couchage est givré dans la tente! Pas de traces du feu d'hier. Le chemin, très pierreux, parcourt de grandes étendues parsemées de lacs. Je suis aux alentours des 3.000m d'altitude et cela se sent dès la moindre montée. Je choisi la variante du "Cercle des Tours" aux pinacles rocheux impressionnants, surtout avec la belle lumière du soir. Camp exposé à 3.000m: j'espère que le vent va tomber (mais plus bas il y avait du monde). Le 19 est une journée absolument splendide, une des plus belles de tout le CDT, mais brisante: 3 cols dont deux droit dans la pente en cailloutis instables et quatre passages dans de gigantesques éboulis à faire de l'équilibre entre les blocs, avec le reste du chemin abrupt, peu visible et peu roulant. Je crois que je n'ai jamais été aussi lent et à 17h, je suis vanné, vidé. Mais , vingt dieux, cela en vaut la peine! Le Cercle des Tours est une merveille et en plus j'y suis arrivé au meilleur moment: l'aube. Le reste est à l'avenant, du pur rêve. Gag: au beau milieu d'une vallée déserte et sans route, j'aperçois de l'autre côté de la rivière, côté sans chemin... un lit métallique abandonné!
le 20, je quitte les Winds pour entrer dans le désert: il va de nouveau surveiller les points d'eau. Au passage, visite de South City, un village de chercheurs d'or abandonné vers 1850 et transformé en musée. Arrêt à Atlantic City (58 habitants) avec ses clients du bar le révolver à la ceinture, et j'entre dans le désert. Contrairement à ce que croyais, il est loin d'être plat, du moins au début. Des chevaux sauvages, des antilopes pronghorn rapides et beaucoup de vaches farouches mais qui salopent les points d'eau déjà contaminés par le nitre. Le CDT emprunte de larges pistes carrossables; entre la monotonie du paysage, le manque d'eau et la facilité du chemin, je vais faire plus de 50 km par jour sur les trois jours de traversée. Le soir, le vent est fort, violent deux fois sur trois: je vais dormir sur ma tente plutôt que dedans pour ne pas risquer un arrachement sur ces sols instables; Les journées sont très sèches, mais pas étouffantes. Le grand Bassin est presque plat, monotone, ennuyeux: c'est un peu la rançon des Winds si beaux.
Le prends un jour de repos à Rawlins le 26, puis repart pour une dernière étape de désert que j'aborde à reculons. Le CDT suit une route, puis une grosse piste parfaitement ennuyeuse. Il fait chaud, j'ai l'impression d'être collé au milieu du paysage sans avancer, l'eau est mauvaise, je suis fatigué malgré mon jour d'arrêt, c'est pas la joie. Alors, lorsqu'en fin de journée une voiture s'arrête spontanément pour me proposer de m'emmener à Encampment, je craque et j'accepte: deux jours de désert sautés. Au vu du reste du chemin, pas de regret: c'était pas mieux après. Au village, la poste n'a plus mon paquet de ravitaillement envoyé deux mois et demi auparavant, mais l'épicerie du coin est suffisante pour mes besoins, d'autant plus que j'ai encore de la bouffe de l'étape précédente. A partir d'ici, il y aura de l'eau: youpie, et des arbres, re-youpie!
Section 16 : de Encampment à Grand Lake.
28 août au 3 septembre, 149 miles (240 km), 7.250m montés, 63 heures de marche à 3,8 km/h.
Le conducteur qui devait me prendre ce matin m'a fait faux bond: je me poste à la sortie du village, mais il ne passe pas grand monde si tôt... si, un vieux papi au volant d'un monstre américain asthmatique qu'il a du acheter du temps de sa jeunesse passe dans l'autre sens, fait demi-tour et m'offre le trajet; j'ai bien cru que nous n'arriverions pas en haut au vu de la vapeur qui sortait du capot, mais si. Quelle joie de retrouver la montagne, la verdure et de l'eau propre, sans nitre ni bouse de vache. Le chemin est discret et se perd facilement. En fin d'après-midi, je pénètre dans le Colorado. Le 30 juillet, je me réveille sous le regard étonné d'une biche à un mètre de ma tente. Un vent glacial m'accompagne jusqu'au col à 3.600m. C'est l'ouverture de la chasse à l'arc et de nombreux chasseurs chargés comme des mulets montent traquer l'élan. Le lendemain, je rejoint le Highway 40 et fais du stop pour aller me ravitailler à Steamboat Spring, que j'avais déjà atteint en juin par la route. Je n'aime pas cette ville touristique et chère mal adaptée aux marcheurs et, mes courses faites, je refais du stop pour partir; 15 minutes plus tard, une Jeep s'arrête: le conducteur se balade sans rien à faire de particulier et me propose de rouler les quelques 120km aller-retour pour me déposer exactement au départ du chemin! Vive les Américains! Le CDT suit une large piste carrossable assez utilisée (c'est le WE de Labor Day, équivalent de notre 1er mai); je pensais camper au bout de 5 miles, mais je tiens la forme et le coin n'est pas terrible pour poser une tente, donc je fais provision d'eau et continue jusqu'à la crête: autant ne pas trainer, on annonce du mauvais temps pour la fin de semaine.
Quelle journée! Piste facile au début, puis beau petit chemin tourmenté avec myrtilles qui contourne des vallées puis passe en crête et va monter très raide jusqu'à 3.750m en fin d'après midi, sans eau évidemment. Que cette dernière montée a été rude! Je pensais prendre une variante de contournement, mais je ne l'ai pas vue: résultat 800m de dénivelé à 30° dans des cailloutis instables. J'en crache mes boyaux, mais bon, les deux autres marcheurs qui m'ont rattrapé aussi, ça console. En haut, un minuscule refuge avec une vue à 360° m'offre un abri pour la nuit, que je partage avec quelques souris.
Le 2 septembre est une journée difficile car je me ressent des efforts d'hier. Beau temps, chemin agréable, mais trop de fatigue. Je passe par le col qui m'avait fait renoncer le premier jour de ce périple et, au vu de ce que j'aurais rencontré de l'autre coté, je me félicite d'avoir fait demi-tour.: dans le neige pourrie, cela aurait été très très dur, probablement dangereux. Arrêt sympa dans la forêt et, le lendemain 3 septembre, une petite étape tranquille pour arriver à Grand Lake dont je suis parti le 14 juin. Voilà, c'est fini et c'est à la fois un peu triste mais rassurant de terminer en assez bonne forme: fatigué et avec 5 kg de moins, mais ni épuisé ni blessé et surtout avec ce sentiment de plénitude et de calme que donne la marche au long cours.
28 août au 3 septembre, 149 miles (240 km), 7.250m montés, 63 heures de marche à 3,8 km/h.
Le conducteur qui devait me prendre ce matin m'a fait faux bond: je me poste à la sortie du village, mais il ne passe pas grand monde si tôt... si, un vieux papi au volant d'un monstre américain asthmatique qu'il a du acheter du temps de sa jeunesse passe dans l'autre sens, fait demi-tour et m'offre le trajet; j'ai bien cru que nous n'arriverions pas en haut au vu de la vapeur qui sortait du capot, mais si. Quelle joie de retrouver la montagne, la verdure et de l'eau propre, sans nitre ni bouse de vache. Le chemin est discret et se perd facilement. En fin d'après-midi, je pénètre dans le Colorado. Le 30 juillet, je me réveille sous le regard étonné d'une biche à un mètre de ma tente. Un vent glacial m'accompagne jusqu'au col à 3.600m. C'est l'ouverture de la chasse à l'arc et de nombreux chasseurs chargés comme des mulets montent traquer l'élan. Le lendemain, je rejoint le Highway 40 et fais du stop pour aller me ravitailler à Steamboat Spring, que j'avais déjà atteint en juin par la route. Je n'aime pas cette ville touristique et chère mal adaptée aux marcheurs et, mes courses faites, je refais du stop pour partir; 15 minutes plus tard, une Jeep s'arrête: le conducteur se balade sans rien à faire de particulier et me propose de rouler les quelques 120km aller-retour pour me déposer exactement au départ du chemin! Vive les Américains! Le CDT suit une large piste carrossable assez utilisée (c'est le WE de Labor Day, équivalent de notre 1er mai); je pensais camper au bout de 5 miles, mais je tiens la forme et le coin n'est pas terrible pour poser une tente, donc je fais provision d'eau et continue jusqu'à la crête: autant ne pas trainer, on annonce du mauvais temps pour la fin de semaine.
Quelle journée! Piste facile au début, puis beau petit chemin tourmenté avec myrtilles qui contourne des vallées puis passe en crête et va monter très raide jusqu'à 3.750m en fin d'après midi, sans eau évidemment. Que cette dernière montée a été rude! Je pensais prendre une variante de contournement, mais je ne l'ai pas vue: résultat 800m de dénivelé à 30° dans des cailloutis instables. J'en crache mes boyaux, mais bon, les deux autres marcheurs qui m'ont rattrapé aussi, ça console. En haut, un minuscule refuge avec une vue à 360° m'offre un abri pour la nuit, que je partage avec quelques souris.
Le 2 septembre est une journée difficile car je me ressent des efforts d'hier. Beau temps, chemin agréable, mais trop de fatigue. Je passe par le col qui m'avait fait renoncer le premier jour de ce périple et, au vu de ce que j'aurais rencontré de l'autre coté, je me félicite d'avoir fait demi-tour.: dans le neige pourrie, cela aurait été très très dur, probablement dangereux. Arrêt sympa dans la forêt et, le lendemain 3 septembre, une petite étape tranquille pour arriver à Grand Lake dont je suis parti le 14 juin. Voilà, c'est fini et c'est à la fois un peu triste mais rassurant de terminer en assez bonne forme: fatigué et avec 5 kg de moins, mais ni épuisé ni blessé et surtout avec ce sentiment de plénitude et de calme que donne la marche au long cours.