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Entre framboises, ours et koliba

(done)
Notre dernière escapade dans les Tatras slovaques (voir carnet Tatras slovaques : sur les traces d’un paradis méconnu) nous a donné envie de pousser un peu plus loin l’idée d’autonomie. Nous avons sorti les cartes locales et passé de longues heures à les scruter, à la recherche de petits coins isolés où passer la nuit.

On avait déjà entendu parler des kolibas : ces cabanes pastorales disséminées dans les montagnes, construites jadis par les bergers. Côté polonais, la plupart sont aujourd’hui cadenassées… alors qu’en est-il côté slovaque ?

En y regardant de plus près, on a repéré quatre kolibas et commencé à tracer un itinéraire pour les relier. Un parcours exigeant, avec plusieurs cols et sommets à franchir. On s’imagine déjà les soirées autour du feu, le bois qui crépite, et l’odeur des framboisiers qui poussent partout sur les pentes.

La trace est posée : cinq jours de marche en totale autonomie, départ depuis notre quartier général à Kościelisko, la Chata MTB. Près de 70 km et 5 000 m de dénivelé. Chaque pas promet fatigue, découvertes et une bonne dose d’adrénaline, avec de nombreux ours qui peuplent la région. Un cocktail parfait pour renouer avec l’essentiel.

Et cette aventure a aussi un petit bonus : c’est notre dernier test sur le terrain avant le Główny Szlak Beskidzki – le chemin des Beskides, le plus long sentier de randonnée de Pologne, près de 500 km à travers des paysages sauvages. On y teste nouvelles configurations de matériel et de bouffe… bref, quelques points d’interrogation qui promettent des imprévus… et donc, une belle aventure en perspective.
tekking/hiking
When : 8/9/25
Length : 5 days
Guidebook created by Chris et Ada on hier
updated on since 3 hours 45mn
Eco travel
du pas de la porte au pas de la porte
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Guidebook : Jour 3 (updated : hier)

Description :

L’aventure continue : on remonte au sommet du Baranec avant de bifurquer sur une nouvelle crête. Cette descente sauvage doit nous mener, quelque part en forêt, jusqu’au Koliba Horica.

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Report : Jour 3 (updated : hier)

Malgré ses airs de cabane d’Hansel et Gretel, qui pourraient mettre un brin mal à l’aise, l’endroit nous a offert une vraie nuit réparatrice. Après le café, je descends vers la rivière chercher de l'eau et ramasser quelques framboises pour le petit-déj. Le sentier est discret, l’ambiance très sauvage… assez pour me rappeler que c’est un repaire de choix pour les ours. Alors je chantonne à voix haute, l’air de rien, mais en restant aux aguets. Plus bas, je tombe sur une autre petite cabane, cette fois cadenassée. Je profite de la rivière pour remplir les gourdes, puis je remonte vite vers notre repaire. 

La météo est encore splendide et on décolle dès les premiers rayons. Il faut retraverser le même chantier qu’hier et remonter par le chemin de la veille : direction le Baranec, une nouvelle fois à conquérir. Depuis son sommet, on basculera cette fois sur une autre ligne de crête. Les jambes répondent bien, et le sac s’allège au fil des jours — logique, la bouffe disparaît petit à petit. Franchement, on est ravis de notre config, tout roule parfaitement.
Côté matos aussi ça va, sauf pour Ada qui lutte avec de méchantes irritations au niveau des tendons d'achilles et vide peu à peu ma pharmacie. Elle a tenté une nouvelle paire de pompes… et en paie le prix. Mais au fond, c’est ça qu’on est venus chercher : tester, apprendre, bricoler. Parce que l’aventure, c’est aussi ça : accepter que tout ne soit pas parfait.

Cette fois, on atteint le sommet sous un grand soleil et on peut enfin en profiter. Cinq ou six personnes seulement là-haut, pas plus — et c’est très bien comme ça. Après le casse-dalle, on s’engage sur cette jolie crête, excités à l’idée de découvrir la prochaine cabane.

Vue plongeante sur les plaines slovaques.
Vue plongeante sur les plaines slovaques.
Un nouvel angle ou l'on découvre : de droite à gauche, Klin, Jarząbczy, Łopata, Wołowiec, Ostrý Roháč et Plačlivé.
Un nouvel angle ou l'on découvre : de droite à gauche, Klin, Jarząbczy, Łopata, Wołowiec, Ostrý Roháč et Plačlivé.
Nous ressortons les clochettes une nouvelle fois dans cette forêt dense et intimidante. Depuis que nous avons quitté le sommet, nous n’avons croisé personne. Le contraste est frappant avec le versant polonais : ici, c’est le calme total, et ça permet vraiment de se plonger dans l’aventure. De ce côté, on sort un peu du « parc enclos » qui, malgré la beauté et les vues spectaculaires, peut parfois peser et briser un peu le charme.
Et puis il y a l’augmentation constante du tourisme en montagne, qu’on retrouve un peu partout d'ailleurs, et qui amène malheureusement son lot de problèmes… notamment les déchets. Globalement, les Tatras sont très propres, mais ces derniers temps on a vu de plus en plus de papiers toilettes dans les coins. Et ça, ça me rend dingue. Tu peux à peine poser tes fesses en bord de chemin sans tomber sur des chiottes. Une vraie gangrène, ce truc.

Nous chantonnons comme deux gosses quand soudain, une toiture se dessine à travers les arbres. C’est le Koliba Horica, notre objectif du jour. Pas de galère pour le trouver, il est posé juste au bord du sentier. La cabane est superbe, rénovée récemment si l’on en juge par le four à bois flambant neuf. Tout le contraire de notre cabane de trappeur d’hier : un joyeux bazar qui faisait son charme. Ici, c’est cosy et bien organisé : petite table pliante avec un livre d’or, deux estrades pouvant accueillir quatre personnes, étagères bien rangées, et surtout deux bidons d’eau potable — précieux, puisqu’il n’y a pas de source sur place.

À l’extérieur, un coin cuisine avec du matos pour couper du bois, une étagère avec quelques bières et conserves, et même une tirelire pour laisser une pièce. Au sol, un espace assez grand pour monter le tipi si jamais la cabane se remplie. On se met à l’aise : l’ambiance est vraiment sympa. Encore une belle trouvaille aujourd’hui.

Koliba horica.
Koliba horica.
Petit mais cosy.
Petit mais cosy.
De quoi bien s’hydrater !
De quoi bien s’hydrater !
Le coin cuisine, prêt pour le festin du soir.
Le coin cuisine, prêt pour le festin du soir.
On s’attend à avoir de la visite, mais seul un randonneur passe près du chemin, nous fait signe, puis s'enfonce dans la forêt sans s’arrêter. Le soleil se couche sur notre petite cabane, il fait frais ce soir, un vrai bonheur après ces fortes chaleurs. À peine le dîner terminé, je pique déjà du nez, quelques étirements dans la cabane et au lit. 
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