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EN COMPAGNIE D'UN ÂNE : UN TOUR DU QUEYRAS (HAUTES-ALPES)

(réalisé)
randonnée/trek / âne
Durée : 7 jours
Carnet publié par Sandy458 le 26 mars 2023
modifié le 07 août 2023
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Le compte-rendu (mise à jour : 26 mars 2023)

Après un premier périple avec un âne (lire le Carnet de Rando Stevenson) nous décidons de repartir en cet été 2014 selon le même concept.
Le tour du Queyras propose de multiples chemins de randonnées exempts du tourisme de masse, une véritable invitation pour marcher, aller à sa propre rencontre, être heureux dans la simplicité et la vérité de la nature, dans l’effort comme dans la contemplation élémentaire, sentir le vent, le froid, le soleil, l’odeur des fleurs…
Le Queyras, c’est aussi une région marquée historiquement. Si elle a connu des soubresauts plus ou moins heureux en tant que terre dévouée au protestantisme, la contrebande de sel contre du riz, "Riso e Sale", a également marqué les échanges transfrontaliers entre les habitants du Queyras et de la Valle Varaïta.

Section 1
Montagnes, cols et petits villages isolés accueillent nos pas…

27 juillet 2014. De Prats Hauts à La Chalp. Trajet de 3H30, réalisable en 1H30.
Altitude 1 800m, 100 m en dénivelé positif, 200 m en dénivelé négatif.
C’est dans le petit hameau de Prats Hauts (littéralement « prés d’en haut ») que nous faisons connaissance avec Bob, un âne noir du Berry, âgé de 7 ans.

Notre ami nous attend près d’une fontaine en pierre et communique bruyamment avec sa jumelle restée au pré.
C’est un joli animal, fin mais qui inspire confiance. Il est habitué à la marche en montagne, il est calme et sûr, nous l’adoptons de suite. L’ânier nous donne les recommandations d’usage mais nous sentons qu’avec ce cadichon-là, ça va fonctionner !
Avec Bob dûment bâté et tenu en longe, nous quittons le hameau en direction de Molines puis de La Rua pour rallier notre objectif du jour.
Un mot sur le hameau de Prats Hauts. Abritant aujourd’hui une vingtaine d’âmes, son passé agricole reste inscrit dans son nom. Ces fameux « prés d’en haut » permettaient dans l’ancien temps de produire le fourrage qui nourrirait les bêtes pendant les 6 à 8 mois du rude hiver montagnard. Un Prats Bas (les prés d’en bas) répond à notre Prats Hauts.
Nous croisons des lieux abandonnés par toute activité ou présence humaines, le ton est donné !
Nous longeons L’Aigue Blanche (aigue signifie « eau »), un joli cours d’eau. Le ciel est dégagé, il fait chaud, nous avançons d’un bon pas, Bob ne rechigne pas à l’effort.
Nous franchissons une passerelle et nous voici déjà arrivés en vue de La Chalp de Saint Véran.
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Nous sommes étonnés par la brièveté du parcours. Donné pour 3H30 de marche, nous l’avons couvert en 1H30. Petite marche de mise en jambe et de prise en main de l’âne, elle peut servir de test pour des néophytes. Mieux vaut se régler sur un court trajet avant d’attaquer la montagne !
Après avoir soigné notre ami aux grandes oreilles, nous gagnons notre gite « la Baïta du Loup ».
Rien de mieux qu’une nuit en dortoir pour s’habituer à la rusticité voulue de notre randonnée !

28 juillet 2014. De La Chalp au Refuge de La Blanche. Trajet de 5H00.
Altitude 2 500m, 650 m en dénivelé positif, 0 m en dénivelé négatif.
Nous prenons la route de bon matin, très excités par la journée qui s’annonce.
Nous allons rentrer dans le vif du sujet, direction la montagne, la vraie !
Ça va monter, ça ne va d’ailleurs faire que cela, Bob va nous montrer ce qu’il a dans les sabots !
Nous refranchissons la passerelle qui enjambe L’Aigue Blanche, nous traversons de grandes prairies de fauche pour arriver au pont du Moulin.
De là, nous pénétrons dans le Bois du Suffie. La forêt de mélèzes nous offre quelques espaces ombragés où nous profitons d’une fraîcheur toute relative pour échapper au soleil sévère.
Notre chemin alterne les faux plats avec les montées, ce deuxième jour est plus exigeant que le premier mais reste d’accès facile.
Nous prenons le temps d’admirer ce qui nous entoure, les papillons, les fleurs, les grands arbres, les écureuils tant que nous le pouvons. Nous savons que nous allons bientôt gagner un monde minéral beaucoup plus uniforme.

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Puis, le chemin prend un angle de montée beaucoup plus marqué nous prévenant par la même occasion que l’aimable promenade n’est pas le but de notre randonnée. Le paysage change du tout au tout au sortir de la forêt, les arbres laissant place à de vastes prairies herbues, les alpages. De proche en proche, nous sommes escortés par des sifflets stridents. Le paradis des marmottes, c’est ici et les rongeurs s’alarment de notre intrusion dans leur domaine. Nous nous amusons à les voir détaler, se dresser sur des amas rocheux et se passer le mot : « Les hommes, les hommes sont chez nous ! Gare ! Gare ! ».
Hélas, un brouillard envahit les alpages et se change petit à petit en pluie, la vue est bouchée et nos sympathiques sirènes de montagne regagnent l’abri de leurs terriers.
Nous montons vers Notre Dame de Clausis dite Notre Dame du Bon Secours, une grande chapelle édifiée en 1850. Abri des voyageurs sur la route des cols, elle se dresse, sa belle silhouette rassurante, dernière présence humaine dans un paysage de roches et de sommets.

Section 1
Encore quelques minutes d’effort et nous arrivons au Refuge de La Blanche, un authentique refuge de montagne, havre des marcheurs, des randonneurs et de tous les amoureux de la montagne.
La température ambiante se rafraîchit fortement, nous sommes à 2 500 m d’altitude, aux portes de la haute montagne.
Un petit lac enserré de cimes, aux eaux glaciales, borde le refuge qui nous accueille cette nuit.
Bâti au « bout du monde », il est assez vaste pour accueillir les passionnés de la nature et de l’effort, dans des conditions spartiates mais chaleureuses.
Les repas, simples, copieux et reconstituant, sont pris à de grandes tablées où chacun se mêle aux autres. Le contact est facile, les barrières tombent très rapidement, le tutoiement devient naturel.
Après le repas, nous profitons de la veillée tard dans la nuit. Nous échangeons avec un guide de montagne et ses clients venus des Pyrénées.
Si notre arrivée avec un âne et notre randonnée montagnarde en famille et en liberté les étonnent, nous nous étonnons pour notre part de leur choix de dormir dans des tentes plantées en montagne à 2 pas du refuge! Mais entre hurluberlus, nous nous entendons fort bien et nous passons un long moment d’échange.
Nous redécouvrons le plaisir de la discussion et des jeux de société dont regorge le refuge.
Ici, pas de téléphone, pas de télévision, pas de technologies capables de nous accaparer.
Pas de rôle social à jouer.
Et c’est juste le bonheur !

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29 juillet 2014. Tour des Toilies. Trajet de 6H30.
Altitude 2 955m, 950 m en dénivelé positif, 975 m en dénivelé négatif.
Jocelyn fête ses 8 ans ! Au petit déjeuner pris très tôt au refuge, je lui offre un petit avion « Planes » en modèle réduit. Le jouet a fait le trajet dans mon sac à dos, emballé dans son papier cadeau, en prenant garde à le garder secret.
Ce matin, nous nous enquérons de la météo auprès du gardien du refuge. Nous envisageons de franchir plusieurs cols et de partir à la découverte de lacs de montagne. Compte tenu du terrain, il est fortement déconseillé de partir par temps orageux aussi le temps instable et chargé nous invite à la plus grande prudence. D’après les guides présents, le temps, sans être sensationnel, devrait rester assez stable pour nous permettre de profiter au mieux.
Nous partons tôt pour échapper aux orages de fin de journée, sans notre ami Bob qui reste parqué dans un pré improvisé par quelques piquets et bordé de ruisseaux serpentant entre l’herbe touffue.
Le chemin que nous allons emprunter est impraticable pour notre quadrupède, et même trop dangereux pour lui !
Malgré le brouillard qui dissimule les sommets, nous espérons croiser chamois et bouquetins dont la présence est avéré dans les parages. Au moins, nous entendons les marmottes encadrer notre marche à défaut de pouvoir les apercevoir.
Les enfants s’émerveillent des névés et de la possibilité de marcher dans la neige en plein été. C’est magique, de la neige en juillet !
Le brouillard s’intensifie et raccourcit sérieusement la portée de notre vision. Le balisage – déjà sommaire – devient difficile à repérer aussi, nous faisons confiance au GPS pour nous aider à conserver une bonne direction. Nous prenons un sentier de montée vers le col du Blanchet (2 897 m).
Nous croisons une famille avec laquelle nous avons sympathisée au refuge et les aidons à se remettre sur le bon chemin. Ils marchent en devers depuis une bonne heure, ils se sont fourvoyés dans la lecture de leur carte. Ils bouclent leur rando par une incursion en Italie, nous marchons un moment sur les mêmes sentiers. Lorsque nous nous séparons, nous les voyons disparaître, avalés par un brouillard des plus denses.
Notre parcours nous invite à remonter vers un nouveau col, Le Longet (2 647 m), et ses lacs où il fait bon profiter d’une vue sublime.
Malheureusement, le brouillard laisse place à une pluie glacée qui s’intensifie nous forçant à presser le pas. Nous ne verrons jamais les beautés promises du Col !
Bientôt, la pluie se transforme en grêle et nous sommes matraqués par des billes de glaces.
L’orage éclate dans les sommets au-dessus de nous, le bruit assourdissant se répercute entre les parois rocheuses. Un rapide calcul entre l’éclair et le grondement nous renseigne sur sa dangereuse proximité. Nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à avancer. En montagne, la sagesse veut que celui qui est surpris par l’orage évite les sommets et cherche à tout prix à redescendre vers une altitude moindre.
Nous ne voyons plus rien, la pluie s’est changée en une neige qui tombe drue, à l’horizontale. Nous contournons un éperon rocheux en quête d’un chemin sans trop de danger, les enfants ne sont pas rassurés.
Très vite, nous retrouvons notre route. L’orage s’éloigne mais la neige redouble.
Nous continuons notre avancée, emmitouflés dans nos couches de vêtements, nous secouant régulièrement pour chasser la neige qui se plaque sur nous.
Il fait froid, les enfants ont peur, ils en ont assez.
Cette journée est dure pour eux, nous leur demandons beaucoup. Nous les réchauffons comme nous pouvons, nous les encourageons, nous improvisons des jeux, des devinettes qui rythment les pas.
Chaque minute qui passe nous rapproche du refuge, de la chaleur du feu de cheminée, d’un bon chocolat chaud…
Le dernier col s’annonce. Après le passage du Col de la Noire (2 955 m), c’est la descente glissante vers le refuge de La Blanche !
Et pour glisser, ça glisse, une couche de neige et d’eau gelée recouvre les pierres plates, Ysilde dérape plusieurs fois, trop transie et épuisée. Il fait vraiment froid mais la fumée que nous devinons s’échappant de la cheminée du refuge nous donne un regain d’énergie.
Nous croisons une dernière marmotte à quelques mètres du refuge, nous jetons un œil à Bob qui a passé sa journée dans le pré mais ne semble pas se soucier de la neige plus que cela.
Ce sont donc 4 bonhommes de neige qui entrent au refuge et vont se réchauffer autour du chocolat chaud tant attendu !
A la veillée du soir, le gardien du refuge apprend que Jocelyn fête son anniversaire.
Avec son équipe, il improvise une chanson, des bougies à souffler et offre des chocolats et des gâteaux à un petit bonhomme rose de plaisir. « C’est mon meilleur anniversaire !!! » déclare notre Jocelyn, conquis par l’ambiance.
C’est notre dernière soirée au refuge, demain nous repartons vers la vallée.
Malgré les conditions calamiteuses, c’est cette journée que les enfants garderont à l’esprit et auront, au final, la plus appréciée.
Ils auront appris à se dépasser, à avancer malgré tout et à avoir confiance en leur possibilité.



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30 juillet 2014. Refuge de La Blanche, Col de Chamoussière, Saint Véran. Trajet de 6H30.
Altitude 2 884m, 200 m en dénivelé positif, 700 m en dénivelé négatif.
Nous quittons le refuge de La Blanche à contrecœur tant nous avons vécu des moments forts à cet endroit.
Nous décidons de faire une variante dans notre parcours du jour et d’effectuer un détour de 1H30 vers le Col de Chamoussière avant de descendre sur le village de Saint Véran. La journée est radieuse comparée à celle d’hier !
Avec Bob, nous montons jusqu’à 2 884 m, par un chemin pentu mais finalement facile. Nous gagnons le Col et nous savourons notre récompense. Le magnifique Mont Viso enneigé se détache sur le bleu du ciel ! En contrebas, nous profitons de la vue très dégagée vers la vallée de l’Aigue Agnel, vallée abritant des loups qui font fi à l’occasion des frontières dressées par les Hommes.
A notre droite, c’est le pic de Caramentran (3 021 m), une montée très accessible qui permet de faire un « 3 000 » dans de bonnes conditions et sans souffrir !
Les enfants profitent d’un immense névé pour jouer et dessiner dans la neige à l’aide des bâtons de marche. Malgré la fraîcheur, nous avons chaud tant le soleil est intense.
Par le plus pur des hasards, nous retrouvons la famille que nous avions laissé dans la brume partir vers l’Italie. Le Caramentran est leur dernière marche avant la fin de leur randonnée. Nous sommes mutuellement contents de nous retrouver tant la dernière vision que nous avions eu les uns des autres étaient inquiétantes : des familles disparaissant dans le brouillard, sous l’orage.
Nous redescendons du col au milieu des névés et des marmottes qui nous offrent un concert de sifflements et un spectacle de cavalcades et de pitreries.
Dans notre dos, le panorama est des plus beaux. La montagne est saupoudrée de neige contrastant avec les teintes minérales des parois. Elle étincelle sous les rayons du soleil. Un grondement sourd nous ramène à la réalité du milieu sauvage. Une avalanche s’est déclenchée quelque part derrière nous.
Continuant à descendre, nous prenons le sentier vers Saint Véran par le Grand Canal. Il y a bien longtemps, un réseau de canaux d’irrigation descendait du massif de La Blanche et rejoignait les prairies de Saint Véran. Ainsi, l’eau des torrents permettait d’arroser les zones sèches et rendre la vie bien plus supportable ! Si les canaux ne sont plus utilisés de nos jours, leurs tracés subsistent et forment un réseau de sentiers de randonnée.
Le chemin plat nous fait croiser des bergeries, certaines encore en activité, des troupeaux de moutons et des pistes de ski avant d’arriver au village de Saint Véran, qualifié de « plus haute commune de France ». Situé à 2 042 m d’altitude, le village est habité à l’année par 290 habitants et accueille jusqu’ à 1 800 personnes supplémentaires en saison hivernale.
En traversant les vieilles rues vers notre gite, un vieil homme du cru engage la conversation avec les pauvres marcheurs fourbus que nous sommes et nous parle des multiples sources d’eau du village. Nous buvons ses paroles avant de boire à l’eau fraîche des bassins.
Pour le plus grand plaisir des enfants, le gite propose une cabane à ours en peluche et pour le plus grand plaisir des adultes un bain norvégien.
Un repas pris en grandes tablées et une veillée « jeux » viennent clore notre journée de retour dans la « civilisation ».

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31 juillet 2014. De Saint Véran à Molines. Trajet de 5H30.
Altitude 1 800 m , 150 m en dénivelé positif, 350 m en dénivelé négatif.
Ce matin, nous effectuons la traversée de Saint Véran pour rallier Molines.
Les sabots de Bob claquent sur le bitume des grandes rues et attire l’attention des visiteurs de ce village touristique. La bourgade a conservé des vestiges de son ancienne et très importante activité artisanale : vannerie, ébénisterie, élevages caprin et ovin…
Nous rencontrons de nouveau le vieil homme aux fontaines et nous discutons autour de l’âne et de ses qualités. Bob plait énormément avec sa belle robe noire et ses sabots fins.
Nous sortons de Saint Véran et nous empruntons une route goudronnée qui serpente dans le Bois des Amoureux.
Nous avons réservé une surprise aux enfants : un circuit d’accrobranche et une bonne glace à déguster à la terrasse du Chalet des Amoureux !
Après ce moment de détente bien méritée, nous reprenons la route jusqu’au village de Pierre Grosse situé dans la Vallée de l’Agnel. Un petit détour de 2 heures nous emmène jusqu’au village de Fontgilllarde par la forêt.
Le parcours en balcon est assez plaisant et nous gagnons notre point de chute : le hameau de Gaudissard (Molines).
Le gite nous attend pour la nuit, Bob dort dans un pré au pied de la maison qui nous accueille.

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1er août 2014. De Molines à Prats Hauts. Trajet de 3H00.
Altitude 1 800 m, 100 m en dénivelé positif, 150 m en dénivelé négatif.
Nous quittons Gaudissard pour remonter vers les chemins en balcon en direction de Prats Hauts. C’est notre dernier jour, la fin de notre randonnée.
L’étape s’annonce comme rapide mais nous n’avons pas envie que tout s’achève en un clin d’œil, nous avons envie de savourer cette dernière marche et profiter encore un peu de la compagnie de Bob.
Nous empruntons un itinéraire alpestre avec de grosses montées en forêt.
Arrivés à une bergerie, nous entamons la descente vers Prats Hauts.
Le chemin est fortement pentu aussi nous devons prendre garde que Bob de s’emballe pas avec tout son chargement !
Au village, notre âne retrouve son ânier, sa jumelle et son pré. Au revoir, l’ami Bon et merci pour tout !
Ça y est, nous venons de boucler le tour du Queyras, des étoiles plein les yeux !
Nous repartons en voiture pour profiter de la vue du Col Agnel, frontière avec l’Italie.
Hélas, la nebbia vient nous masquer toute la vue sur le Piémont ! Cette vapeur d’eau dégagée par le bassin du Pô s’élève avec la chaleur du jour et forme une mer de nuage 1 jour sur 3 !
Nous nous rabattons sur les marmottes qui caracolent à quelques mètres seulement de la voiture.
Sur la route, nous avons la surprise de croiser l’un des membres de l’équipe du gardien du refuge de La Blanche. Nous le prenons en stop et échangeons avec plaisir sur la beauté sauvage et préservée du Queyras.



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2 août 2014. Grenoble.
Nous éprouvons un sentiment mitigé devant la profusion d’un petit déjeuner continental dans notre hôtel de transit vers les Vosges.
Nous sommes tous les 4 assis à notre table.
Le personnel et les vacanciers virevoltent autour de nous.
Nous nous sentons seuls.
Tout cela est si impersonnel et si dénué de sens.
Nous ressentons le manque de la chaleur humaine et du contact que nous avons eu pendant notre randonnée. Oui, on peut se sentir seul avec une foule autour de soi…
Quelques mots supplémentaires sur le Queyras…
Dans les villages, le curieux ne peut que remarquer la tradition du cadran solaire, véritable patrimoine scientifique et artistique.
En effet, les Hautes-Alpes dénombrent plus de 400 cadrans solaires, tous uniques ! Très souvent peint sur un enduit frais « a fresco » avec des pigments naturels (ocre, jaune, rouge d'oxyde de fer...) les cadrans sont l’objet d’opération de sauvetage et de restauration.
Une route touristique dédiée aux cadrans permet aux nostalgiques d’un temps révolu où chacun vivait au rythme de l’ombre du soleil de partir à leur découverte.
Pour clore les curiosités remarquables du Queyras, il faut également évoquer la période de la contrebande. Outre la "Riso e Sale" dont j’ai parlé en début de ce récit, il faut songer aux contrebandiers qui transportaient de France en Italie et vice versa un bon nombre de marchandises à dos d’hommes comme à dos de mulets, passant les cols que nous venons, pour certains, d’expérimenter.
Histoires d’hommes, de frontières, de marchandises passant parfois aux nez et à la barbe des gendarmes, de déserteurs égarés dans les montagnes…
Le Queyras mérite bien que nous y revenions un jour pour approfondir ses mystères et son passé…




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