De Besançon à Carnac en passant par la Somme. Pérégrinations de Jacqueline

Lundi 29 juillet 16è jour
Le Crotoy  / Quiberville-sur-Mer

   Michèle et Magda, m’accompagnent jusqu’à Criel-sur-Mer où l’on peut découvrir la plus haute falaise de craie blanche d’Europe. Petite ville charmante, peu de monde et cela nous convient après la foule du Crotoy. Les cabines de plage ont leur toit de couleurs vives marquant le paysage de taches colorées. C’est agréable !
   Mais je dois reprendre la route et quitter mon amie Michèle et sa fille.
   C’est sportif ! Affreusement sportif ! Je pousse régulièrement mon vélo… en voulant prendre des raccourcis, le dénivelé est encore pire. 
   Mamma mia ! Je ne suis pas au bout de mes peines. Néanmoins la signalisation est impeccable. 
   Je rejoins le front de mer à Dieppe pour une halte ressourçante et de véritables senteurs de la mer. Puis l’EuroVelo 4 ou Vélomaritime me permet une magnifique descente et, au milieu, une aire touristique m’offre une vue de rêve sur la station de Pourville et les falaises. 
   Ancien village de pêcheurs, Pourville était une station balnéaire très prisée en Haute-Normandie au début du XIXème siècle. Ce petit village a attiré de nombreux parisiens et peintres à l’époque. Claude Monet y réalisa plusieurs paysages. Je resterais bien ici quelques jours.   
   Au vue de mes difficultés, je devrai fractionner mes étapes. Elles sont trop longues, j’arrive très tardivement depuis que je voyage sans Gaël et j’aimerais pouvoir m’imprégner du charme indéniable des petites stations balnéaires traversées beaucoup trop vite.
   À Quiberville-sur-Mer je rejoins le camping GCU (Groupement des campeurs universitaires). À mon arrivée, les retraités s’exclament. L’un, plus frondeur que les autres, me demande : « Avec indiscrétion, puis-je vous demander votre âge ? » les exclamations redoublent. 
   Quand il apprend aussi tous mes voyages précédents à vélo, il s’extasie : « Le temps est révolu, sinon je m’agenouillerais pour vous féliciter chaleureusement. » Puis les voilà en quête d’une table en bois avec les bancs attachés, pesant… une quantité de kilos. Ils veulent que je sois bien installée.
   Ensuite, Carole, une jeune maman qui campe seule avec ses trois enfants se mêle à l’agitation. Elle prend aussi les choses en mains, me sert un thé et chauffe l’eau nécessaire pour la cuisson de mes pâtes Chinoises.  Elle me propose aussi de me déposer sur ma table une thermos d’eau chaude pour demain matin afin que je puisse me préparer un thé. 
   Franchement ! Quelle belle solidarité !
   Le cyclotourisme n’est pas de tout repos. Avec mes 10 km/h de moyenne, mes longues distances, cela équivaut à huit heures de pédalage sans poser le pied au sol. 
   Cette vie de nomade m’oblige à monter mon camp chaque soir (tente, matelas, lessive des vêtements du jour, préparer les vêtements pour le lendemain, repas…). Chaque matin, le processus s’inverse. Bien souvent les vêtements terminent leur séchage sur les sacoches arrières quand il ne pleut pas.
   Mais… la sensation de liberté est d’une telle intensité, qu’il faut aller la chercher, car elle est là ! Dans le cyclotourisme.
   Dominique, le marcheur de Strasbourg au Crotoy (il fait partie des pages pas encore écrites) me déclarait : « Chaque soir à notre arrivée c’est un défit et une victoire. »