De Besançon à Carnac en passant par la Somme. Pérégrinations de Jacqueline

Samedi 27 juillet - 15è jour
Sailley-le-Sec / Le Crotoy

   Levée dès potron-minet et me voici en selle à 7h30 du matin. J’ai l’objectif de rejoindre le crotoy aujourd’hui. Mais j’ai une distance de plus de 100 km. Demain, je retrouve mon amie Michèle, qui vient de Beauvais avec Magda sa fille, me faire un petit coucou. Je passerai une journée avec elles. 
   Je n’ai pas encore parcouru la moitié de mon périple jusqu’à Carnac. De longues étapes m’attendent sur les côtes de la Manche, au fort dénivelé de surcroît. Heureusement, j’ai une dizaine de jours de battement et la fête 🍾 organisée par Annick va me motiver et me stimuler.
   Paysage bucolique le long de la Somme. Belle piste cyclable asphaltée et gravillonnée qui court jusqu’au Crotoy. Les kilomètres s’enchaînent, j’avance bien ! C’est plat ! 
   Deux pêcheurs sympas, en pleine action, m’offrent un café. J’ai le temps d’observer tout leur attirail extraordinaire. Je n’ai pas emporté ma canne à pêche cette fois-ci. Je dois avouer n’avoir aucune compétence en cet art-là. J’ai acheté cette canne en Norvège lors de mon périple à vélo jusqu’au Cap-nord, mais jamais je n’ai réussi à ferrer un maquereau. J’ai alimenté le fond de la mer du Nord en hameçons. 
   Après une vingtaine de kilomètres, j’arrive peu avant Amiens. Quel joli parcours  ! Gracieuses et légères, les passerelles enjambent le contre-fossé qui longe le chemin de halage pour permettre l'accès aux parcelles adjacentes. Certaines, particulièrement celles du XIX siècle ne manquent pas d’élégance. Puis je me rends à la cathédrale. Je suis « alpaguée » en traversant un marché. Je ne passe pas inaperçue accompagnée de cette  imposante bicyclette. Les questions fusent : « D’où venez-vous ? Où allez-vous ? Quel âge avez-vous ? » et puis : « Oh là là ! Quel courage ! Félicitations ! C’est une belle façon de rester en vie, mais jamais je ne le ferais ! » 
   Le boulanger du marché m’offre une part d’un gâteau picard dont je ne me rappelle plus le nom. La maraîchère me donne des groseilles à maquereau. Délicieuses !
   Plus loin, lors d’un arrêt, mon vélo m’entraîne dans sa chute. Évidemment ridicule, je m’extirpe de dessous de celui-ci. Une douleur vive à l’intérieur de la cuisse m’indique que je me suis blessée. Une énorme bosse se forme due à un hématome. J’ai dû me cogner contre la selle ou le cadre. Un pêcheur de l’autre côté du canal assiste au spectacle. Je crois qu’il est rassuré lorsque je me relève. Certes, couverte de poussière, mais rien de cassé, seulement avec une blessure impressionnante et sans gravité. Peu après, la douleur s’estompera et ce soir la bosse aura disparue laissant place à un hématome d’une belle envergure. 
   Je dois redoubler de vigilance lorsque je m’arrête. Ce n’est pas la première fois que mon vélo, ce poids lourd, se couche et m’entraîne avec lui. En effet, il m’est impossible de retenir 45 kg lorsqu’il refuse sa verticalité.
   Je traverse le joli village de Long. Moment de pur bonheur avec, depuis la piste, une vue imprenable sur les jardins et les serres du château.
   Je passe aussi devant la centrale électrique. C’est à elle que Long doit d’avoir été il y a plus d’un siècle, l’un des premiers villages de France à bénéficier du confort de la « fée électricité ». 
   À Pont Remy, trois messieurs retraités sont installés à une jolie halte. Deux d’entre eux possèdent des vélos des années 70. L’un de la marque Bertin et l’autre est un vieux vélo hollandais. Leurs dynamos tournent sur les roues arrière au gré de leur pédalage. Au grand jamais, ils ne les échangeraient contre des vélos électriques. « Nous aimons nos vélos mécaniques ! Et ici, au bord de la Somme, c’est plat ! » ajoutent-ils. Je passe un bon moment de franche rigolade en leur compagnie. 
   Le cyclotourisme est très permettant. Il ouvre sur des échanges sympathiques et parfois excentriques. Les barrières sociales tombent et les échanges sont vifs et enjoués. Peut-être aussi, qu’être une dame seule est plus permettant.
   C’est à 21 heures que j’arrive au camping GCU du Crotoy. Les principaux atouts de ces campings participatifs, outre les tarifs intéressants, sont la qualité de l'ambiance et des rapports humains dans ces terrains, dont la diversité et le confort sont à souligner. (Une centaine en France). En effet, on m’attend ! On m’installe sur une place à l’abri d’un fort vent. J’avais téléphoné en fin d’après-midi pour aviser de mon arrivée tardive en raison des 60 km encore à parcourir. 
   Tout va bien ! J’ai parcouru 110 km et demain, je prends une journée de congés pour la première fois depuis mon départ.

Dimanche 28 juillet Jour16
Le Crotoy