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5 semaines à pied dans les Balkans, sur la Via Dinarica (seul)

(réalisé)
Il s'agit un périple à pied d'un mois, seul, à travers les montagnes et l'arrière-pays de Croatie et Bosnie-Herzégovine.

L'essentiel des nuits se fait en bivouac ou dans des abris libres d'accès. A part quelques ravitaillements en chemin, j'évolue en autonomie complète, portant la nourriture nécessaire, filtrant l'eau dont j'ai besoin. J'emporte également du matériel de dessin.

Je me suis retenu de regarder des photos et vidéos de ce qui m'attend, afin d'avoir un regard neuf, ouvert, et garder toutes les surprises possibles.

L'idée est de se faire plaisir, de goûter une liberté colossale, au cœur de beaux milieux naturels et sauvages, éprouver un autre rapport au temps, m'éjecter de ma zone de confort, découvrir mes limites, vivre une vie simple et heureuse sous une forme de vagabondage dynamique.

En me jetant dans l’inconnu avec optimisme, je sais qu’il y aura inévitablement des mauvaises surprises, mais aussi sur mon chemin des éléments et des personnes bienveillantes. Pour aller au bout de ce lâcher-prise, il me faut partir seul.

Le fil rouge est la Via Dinarica.
randonnée/trek
Quand : 26/06/2019
Durée : 36 jours
Distance globale : 424km
Dénivelées : +15691m / -15131m
Alti min/max : 180m/2093m
Carnet publié par Vadrouilles.fr le 24 avr. 2023
modifié le 04 oct. 2023
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en train bus stop
Précisions : Il est possible de se rendre dans n'importe quel pays d'ex-Yougoslavie via des trains de nuit et/ou bus. Chercher sur les sites https://www.mollow.eu et https://www.hourrail.voyage Perso j'y étais allé en moto, par les petites routes. Bien que ça...
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Le topo (mise à jour : 04 oct. 2023)

Description :

1ère partie : Velebit (Sjeverni Velebit, Paklenica)
14 jours, du minéral (du karst magnifique), de superbes rencontres, un peu de dessin, quelques jours improvisés dans un festival hippy/yoga/techno, et surtout des vues sur la mer Adriatique et les îles assez bluffantes...

1er saut de puce :
De Gračac à Knin : train
de Knin à Vrlika : bus

Petite section à partir Vrlika : J'avais repéré ce beau lac sur la carte, mais la trace en elle-même était très peu intéressante...

2ème saut de puce :
Du sud du lac Cetina à Grab : autos-top involontaire 🙂 mais faut avouer que du bitume rectiligne en pleine cagnard ça me saoulait à mort.

3ème section : Bosnie-Herzégovine
Décor plus montagneux, plein les yeux, quelques massifs réputés tel que Blidinje et Prenj, un squat de 3 jours dans une maison abandonnée pour récupérer d'une vive douleur à la cuisse...

Non présent sur la carte, à la fin j'ai aussi parcouru une partie du Velebit NOBO (du sud au nord) pour revenir à mon point de départ et récupérer ma moto laissée chez un couple.

Télécharger les traces et les points de ce carnet GPX , KML

Le compte-rendu (mise à jour : 04 oct. 2023)

Bonjour à tous 🙂👋

Il y a quelques années je me suis lancé dans une belle aventure, ma première de ce genre : plus d'un mois à pied, à travers les Alpes dinariques, en Croatie et Bosnie-Herzégovine. Je n'étais familier ni de la langue, ni de la culture, ni des monnaies, et n'avais jamais fait d'itinérance si longue (mais pas mal de petites en autonomie donc j'étais quand même à l'aise).

Au menu : beaucoup de montagne, de soleil, de solitude, des rencontres géniales... il y eut comme des aventures dans l'aventure, et ça n'a pas de prix.

J'ai voulu ce journal complet :
 - contexte / vue d'ensemble (lien)
 - état d'esprit (lien)
 - pas mal d'infos pratiques (lien)
 - le récit complet, agrémenté de photos
 - une conclusion généreuse (lien)

J'espère ainsi que ça intéressera autant ceux/celles qui ont prévu de partir par là-bas et cherchent des infos, que ceux/celles qui sont simplement gourmand.e.s de récits de voyage !

Une seule adresse : https://vadrouilles.fr/nature/via-dinarica
Dispo en français 🇫🇷 et en anglais 🇺🇸

Ci-dessous un extrait de ce journal 🙂
Le Velebit procure un sérieux goût de "reviens-y".
Le Velebit procure un sérieux goût de "reviens-y".

Jour 6 - 1er juillet 2019

Décidé à bien avancer, je m’attarde peu sur le chemin qui est essentiellement ombragé et peu ondulant. Cela n'empêche néanmoins pas mes yeux de se délecter des fleurs et de la lumière filtrée par les bas houppiers. Même la quantité incroyable de bousiers affairés dans un crottin de cheval nécessite un moment d'observation.

J'atteins en fin de matinée le refuge Skorpovac, où se tient une petite dizaine de personnes. Un trio de randonneurs se remet rapidement en marche, quant à moi, j'ai été invité à m'asseoir un instant. On se moque gentiment, comprenant que si mon anglais est mauvais c'est parce que je suis français. Je suis pourtant persuadé qu'ils n'auraient pas de mal à trouver pire, mais je ne me formalise pas.

Une jeune femme vient s'asseoir auprès de moi pour discuter, elle se nomme Zorana, son anglais est irréprochable (de quoi vraiment avoir honte du niveau français en langues étrangères). Elle aime venir dans cet endroit hors du temps que son compagnon lui a fait découvrir. Elle l'apprécie d'autant plus cette année qu'il y a une sévère invasion de moustiques où elle habite, dans le nord du pays.

Elle m'explique qu'ici c'est un ancien village, et je devine ça et là des restes de murs, et que seule une vieille femme n'est jamais partie. Cette aînée est assise à quelques mètres, son regard doux croise le mien, et souriant calmement, sans filtre, je la laisse y lire tout ce qu'elle veut. Nous évoquons avec Zorana ces citadins qui fuient la ville, recherchent une vie plus simple avec plus de sens, plus en lien avec la nature, et sommes naturellement d'accord sur le bon sens de cette démarche. Je crois qu'elle aimerait bien que cela arrive, ici, elle s'est même renseignée sur le prix d'achat d'une ruine.

Zorana évoque aussi un américain d'origine croate, suivant le même parcours que moi, mais je n'en sais pas beaucoup plus si ce n'est qu'il prend un peu de repos à Zadar (une importante ville du sud-ouest de la Croatie). Elle m'aide à remplir ma poche à eau.

Alors que je m'apprête à partir, l'aînée se lève, et me parle en croate en me touchant l'épaule, avant de reprendre son chemin. Zorana traduit qu'elle me souhaite beaucoup de bien dans la suite de mon aventure. Je la remercie chaleureusement, "hvala ti", ainsi que Zorana et ce petit monde, que je laisse vivre à un rythme qui semble parfaitement approprié à la chaleur ambiante et au calme de la forêt.

En chemin, balisage et indications de temps de trajet
En chemin, balisage et indications de temps de trajet
Comme cela arrivera après plusieurs rencontres, je pars trop vite, refusant de jouer les touristes le nez sur le téléphone, et me trompe simplement de chemin. En effet le Premuziceva trail et la Via Dinarica bifurquent à cet endroit, la voie qui m'attend est plus longue, plus haute. Je la rattrape en traversant en ligne droite un pan assez raide. Trempé de sueur, les cuisses en ébullition, je m'arrête déjeuner au milieu du chemin retrouvé.

Ma cuisine s'est inspirée de ce que j'ai vu ici, qui ressemble également à ce que j'ai pu goûter en refuge slovène. Il s'agit d'une soupe où l'on fourre de tout : bouillon, poignées de pâtes, légumes, morceaux de viande. Pour ces deux derniers ingrédients, mon inventaire se résume à des flocons de pois cassés et du soja texturé. Cette façon de cuisiner vient naturellement du côté précieux de l'eau, il est impensable de la jeter, chaque gorgée que je porte compte. Le seul inconvénient est que manger une soupe en plein cagnard ne fait pas trop redescendre ma température.

Le repas avalé et la gamelle sommairement lavée, je remets un pied devant l'autre, grimpe sur Budakovo brdo qui gratifie d'une jolie vue et d'un carnet de passage où je laisse la trace du mien. Ça change de se retrouver sur une grosse colline aux formes douces, comme échappée de notre Massif Central.

Un chemin jaune serpente gentiment, c'est joli et facile. J’avance de façon tellement relâchée que je me laisse avoir, une seconde plus tard je suis à terre ! Dès que le chemin penche davantage, la paille séchée qui le recouvre est une patinoire ! Le genou gauche a heurté un rocher, et un bâton de marche est plié !

Penses-tu que cet incident m'aurait refroidi ? Je me rallonge d'un détour au sommet de la colline voisine, Prikinuto brdo, puis bifurque pour la contourner par l'arrière.

Ce chemin peu fréquenté est plus étroit, plus envahi, et possède davantage de toiles d'araignée que je prends dans le visage. Une fois le tracé de la Via Dinarica rejoint, je pose le sac à dos derrière un arbre et vais au sommet du Bačiç kuk. C'est raide, vire à la grimpette, voire l'escalade légère. Impressionné, j'en viens néanmoins à bout, puis redescends lentement, essayant de préserver mon genou gauche.

L'heure a tourné et il me reste une petite poignée de kilomètres. Le chemin n'est pas facile, ponctué de quelques pentes où les pieds roulent sur les cailloux, le poids du sac éprouve d'autant plus les genoux. Mon deuxième bâton me manque. Le décor devient plus vert, lové entre les flancs, déserté des êtres humains qui semblent loin. Le bivouac me tente, minimaliste, sans feu, ne laissant absolument aucune trace, je suis hésitant du fait de l'interdiction officielle de camper dans le parc.

En avant toute !
En avant toute !
Cing minutes plus tard... J6 sur 36 et déjà un baton de marche en moins !
Cing minutes plus tard... J6 sur 36 et déjà un baton de marche en moins !
C'est la possibilité d'une mousse fraîche au refuge Ravni Dabar, plus très loin, qui me pousse à continuer. Certaines fleurs très particulières forcent l'arrêt, j'atteins néanmoins l'objectif, qui me laisse une drôle d'impression. En effet celui-ci n'est plus ouvert au public, mais six hommes sont en train de manger là joyeusement, sous l'ombre idyllique des arbres filtrant la lumière encore chaude.

Ils sont un peu stupéfaits de me voir débouler, comme sorti de nul part, arrivé d’un chemin qui ne mène à rien. L'un d'eux parle anglais et fait la traduction à celui en charge du lieu. Leur générosité fait que ni le portefeuille ni le sac à dos ne s'allègent. Je peux me servir en eau potable dans la cuisine, on me propose la soupe et le pain à volonté, et on me ressert quand je n'ose pas.

Un panonceau retrace l'histoire de ce lieu. Sa construction a débuté en 1927, puis il a servi d'école pendant une quarantaine d'années. Il y a de quoi être surpris car le bâtiment est grand par rapport à la densité humaine aujourd'hui si faible alentour. Il a ensuite été laissé vacant à partir de 1970, avant d'être réhabilité en refuge en 1986. Il semble qu’il soit néanmoins rarement ouvert au public.

Lorsque le groupe d'hommes s'en va, le refuge est fermé, je suis seul au milieu de ce rien que j'aime, libre d'utiliser une pièce sommaire pour y coucher sur un banc. Elle sert maintenant essentiellement pour y faire des barbecues semble-t-il, ça sent fort la fumée, les murs et le plafond sont noirs de suie. Il y fait chaud aussi, mais je ferme quand même la porte pour ne pas être embêté par les loirs que je vois déjà courir sur un fil entre les deux bâtiments et que j’entends sur le plafond. Me parviennent des aboiements typiques d'ongulés et le grognement de sangliers, affirmant le cadre sauvage.

Flore surprenante. Au toucher, les parties transparentes évoquent du polystyrène.
Flore surprenante. Au toucher, les parties transparentes évoquent du polystyrène.
Les insectes ne sont pas en reste.
Les insectes ne sont pas en reste.
Merci Zorana pour le brin de causette instructif, et la générosité des personnes croisées à Ravni Dabar.

20,7km +690m -1380m

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J'espère que cet extrait vous aura donné envie d'en lire davantage ! 🙂
Tout commentaire ou question est le/la bienvenu.e.

J'ai également développé le site, donc si vous voyez un bug ça m'intéresse aussi.

Pour commencer la lecture du journal au premier jour 👉 https://vadrouilles.fr/nature/via-dinarica/j1-krivi-put

Offrir un dessin fut le meilleur moyen de remercier les généreuses personnes croisées en chemin.
Offrir un dessin fut le meilleur moyen de remercier les généreuses personnes croisées en chemin.
Un aperçu en vidéo de cette aventure
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