Trek mont Perdu et brèche de Roland

Nous démarrons notre trek au-dessus du petit village de Nerín, il doit être 15h et il fait environ 38°C à l'ombre . En s'élevant, on récupère heureusement un peu de brise, et quelques nuages atténuent le rayonnement solaire. Arrivés sur le plateau, nous commençons à apercevoir l'impressionnante ligne de crêtes frontalière flanquée de sommets à plus de 3000m. De notre côté, nous "plongeons" au fond de l'incroyable faille du canyon d'Añisclo par un sentier pas toujours des plus simples mais dans un cadre superbe. En bas, nous avons encore de la distance et 400m de D+ pour remonter de la Ripareta à Fuenblanca, lieu autorisé pour le bivouac.
Fuenblanca est idéal pour la soirée et la nuit : très belles ambiance et lumières sur les falaises environnantes aux airs dolomitiques, cours d'eau claire pour cuisiner, se ravitailler et se laver, plateforme herbeuse idéale pour la tente.

Au matin nous démarrons la montée (nord) à l'ombre, l'environnement est très beau : vallon vert et minéral à la fois, nombreuses cascades. Au fur et à mesure que nous nous élevons, la vue sur le canyon devient de plus en plus élégante. L'autre versant du col d'Añisclo dévoile la vue sur la vallée de Pineta, autre point d'entrée au parc. Au col et sur la crête, il fait frais, le vent de sud souffle en altitude créant d'esthétiques nuages lenticulaires dans le ciel qui se grise. Ambiance en attaquant la variante du GR11 et sa partie câblée. Ce sentier aérien en balcon offre une vue imprenable sur le canyon d'Añisclo, c'est superbe !
On trouve de l'eau à au moins 2 endroits sur cette partie du sentier entre les cols d'Añisclo et de Góriz, et de jolis promontoires herbeux se prêtent bien au bivouac (altitude mini côté Ordesa : 2500m).
Du col de Góriz, le sentier descend sur le refuge éponyme, très fréquenté en cette période. Le bivouac aux abords y est autorisé moyennant le paiement d'un emplacement (à réserver à l'avance sur le site web du refuge en période chargée). Nous y faisons une courte pause pour remplir nos gourdes et manger une part de tortilla.
Nous attaquons ensuite la montée en direction du col du Cilindre, commune jusqu'au petit lac Ibón Helado avec l'itinéraire menant au mont Perdu. Le parcours est magnifique, le soleil a bien réapparu, l'environnement de falaises imposantes rappelant les Dolomites et la vue sur le canyon d'Ordesa donnent envie de tourner la têt...

Au réveil, les lumières matinales magnifient le glacier et les sommets. La journée commence par le contournement du lac et la montée à l'étroite brèche de Tuquerouye qui abrite, posé précisément dans la petite brèche, un tout petit abri-refuge (non gardé).
La descente en nord se passe dans un éboulis avant de rejoindre des pâturages et le sol français, un col nous permet ensuite de basculer côté Gavarnie, la vue se dévoile alors sur la face nord de la ligne de crêtes, avec la brèche de Gavarnie. Et au loin le Vignemale.
Nous plongeons alors tout au fond du cirque de Gavarnie, au fur et à mesure de la descente, nous sentons la température augmenter. Nous sommes le 14 août à la mi-journée quand nous passons au fond du cirque de Gavarnie. Autant dire que nous ne sommes pas seuls ! Nous traversons la "foule" rapidement et en quelques minutes, nous retrouvons les alpages, puis le sentier de l'échelle des Sarradets (câblé par endroits) qui permet de franchir le ressaut de falaises.
La vue sur le cirque et les cascades est superbe ! Il fait vraiment chaud et reprendre de la hauteur est bienvenu. Environ 200m de dénivelé sous le refuge, un petit plateau herbeux près d'un ruisselet nous invite au bivouac. Il n'est que 16h mais les prévisions annoncent une possible dégradation orageuse, le ciel se grise, et nous serons plus tranquilles ici qu'aux abords du refuge. Finalement il ne pleut pas et nous prenons le temps de faire des étirements et profiter de la vue sur les cascades. 

De belles lumières nous accueillent dès la sortie de la tente et égayent la montagne au fur et à mesure de notre ascension vers le refuge puis la brèche de Roland. Le refuge est plein et de nombreuses personnes bivouaquent aux abord. Un peu plus haut, d'autres lieux se prêtent au bivouac, notamment près des petits lacs (eau et endroits plats).
Nous ne sommes pas seuls à monter à la brèche de Roland. Même en ayant vu des photos, l'endroit reste singulier, quelle belle brèche dans cette ligne de crête !
De l'autre côté, nous revoilà en Espagne et dans un autre monde, la vue est superbe sur les hauteurs du canyon d'Ordesa, la montagne est très colorée.
Nous attaquons un cheminement de crêtes (entre 2800 et 3100 m environ), câblé par endroits, qui ne manque pas de nous rappeler les Dolomites ! Une petite digression sur la crête elle-même nous offre une vue magnifique sur le côté nord et la vallée de Gavarnie sous la mer de nuages. 
Le cheminement est assez long, varié, coloré et très esthétique. Des izards se promènent non loin de nous, faisans une fois de plus la démonstration de leur incroyable aisance dans ces chaos de blocs !
Arrivés au petit lac, nous voici en terrain connu... que nous quittons immédiatement pour monter au sommet du mont Perdu via le sentier dans le pierrier raide. De nombreuses personnes montent ou descendent, chacun à son allure, avec de grosses différences : du traileur qui cours/skie/vole dans les petits cailloux aux randonneurs chaussés de grosses qu...

Au réveil, le panorama sur Añisclo est toujours aussi incroyable. Le soleil illumine progressivement les alpages puis ses imposantes parois, café avec vue ! Nous redescendons au col de Góriz puis optons pour le sentier qui parcourt la ligne de crêtes séparant les deux canyons. Le ciel se matelasse de nuages d'altitude magnifiques. De toutes parts la vue est belle, sur notre gauche (à l'est) Añisclo, à droite (ouest) Ordesa, nous songeons qu'il faudra revenir par ici notamment pour parcourir la vire des fleurs dont nous venons d'apprendre l'existence.
Notre cheminement ce matin est à la fois esthétique et reposant. Cette ligne de crêtes est un beau perchoir à vautours, de nombreuses plumes et fientes trahissent la présence de ces grands oiseaux.
Au bout de la crêtes, le sentier descend progressivement pour rejoindre un plateau d'alpage parsemé de jolis lapiaz et au bout duquel nous retrouvons le sentier qui descend au village de Nerín où nous avons démarré notre itinérance il y a 5 jours. Nous arrivons dans la canicule de ce début d'après-midi. Une boisson fraiche et des patatas bravas près de Buerba en terrasse avec vue sur Añisclo, suivies d'une baignade rafraichissante concluent bien agréablement cette fantastique balade suspendue !

En bonus quelques photos prises en parapente la semaine qui suit le trek. Quel plaisir de contempler ces paysages depuis le ciel (en respectant altitudes et distances par rapport au parc national).

L'itinéraire se déroule quasi entièrement côté espagnol dans le parc national d'Ordesa et mont Perdu pour lequel voici les altitudes minimales autorisées pour le bivouac :
- 2500m secteur d'Ordesa
- 1650 m secteur d'Añisclo (Fuenblanca)
- 2550 m secteur de Pineta (au-dessud du Balcón de Pineta)
- 1800 m secteur de Escuaín (La Ralla)

Et côté français dans le parc national des Pyrénées où le bivouac est autorisé à plus d'une heure de marche de tout accès motorisé, entre 19h et 9h.