Le dernier ermite
Michael Finkel
27 ans ! Ce livre retrace la vie de Christopher Knight, citoyen américain qui, du jour au lendemain, s’est retiré de la société pour vivre en ermite. C’était en 1986, mon année de naissance . 27 ans plus tard, il est arrêté par la police. Il se confie alors à une seule personne : Michael Finkel, l’auteur de ce livre, qui réalise ici un travail biographique titanesque.
Difficile de livrer une critique de cet ouvrage tant l’histoire est émouvante et troublante à la fois. L’ermite n’a pas voyagé : il est resté dans un périmètre très restreint pendant toutes ces années. Il n’était pas en autonomie non plus (je vous laisse découvrir comment...). Et pourtant il a vécu une aventure extraordinaire : 27 ans de solitude ! Aucun contact humain. Aucune discussion. Une vie en marge de la société dans des conditions très rudes. Et cela lui convenait parfaitement.
J’ai parfois repensé à un ami voyageur qui me disait : « Quand tu es chez toi, tu rêves de partir. Quand tu es parti, tu penses à rentrer ». Lui, non. Il l’a fait pour lui, pour se sentir bien, sans en tirer aucune gloire. Il fuyait simplement la complexité du rapport humain, sans échappatoire : le retour à la société ne lui serait pas salvateur. C’est l’enfer même puisqu’il passe directement par la case prison !
L’histoire à elle seule rend le livre fascinant, l’humanité de l’auteur est poignante : il cherche à comprendre l’ermite plutôt que le voir comme une bête étrange. Au-delà du récit, c’est toute la réflexion suscitée qui est passionnante : notre rapport à la société, à la vie en communauté, à la solitude en voyage nature… Et plus largement, à notre envie de raconter nos aventures ! Je m’arrête là, c’est un long débat d’extraterrestre .
Éd. JC Lattès, 273 p., 13,5x21,5 cm, 18 €
[Recension par Anthony Komarnicki]