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Le voyage à vélo 3

au jour le jour

michelg - 07 déc. 2010
70 messages
De passage à Paris, où je ne connais plus personne pour ainsi dire, et où je compte rester le temps qu'un proche de ma famille se fasse hospitaliser, un membre de ces forums - qui dira qui il est si il en a envie - me propose l'hébergement, chez lui, en banlieue parisienne.
Après les repas, le soir, nous avons de longues conversations, arrosées de vin... Il est clair qu'il ne tient qu'à moi de déclarer commencé mon voyage. Je le déclare donc.

De cette banlieue à Paris, une quinzaine de km, pas plus, par unes des "coulées vertes". Avant hier, c'est à vélo que j'y vais. J'ai récuperé mon vieux VTT, et après le vélo de luxe que j'avais en bretagne, il y a quelques défauts.... mais pas tant que ça. Le problème majeur, c'est sans doute qu'il n'y a pas de suspension de selle... Pas de douleur particulière au dos, mais.... je grimace à chaque cahot. C'est un "vitamin", le vtt basique de Décathlon, et il commence à accuser l'usage plutot intensif que j'en ai fait il y a quelques années sur les routes de la périphérie de Lyon.

Bon - ma coulée verte d'il y a quelques jours.
Rien de spécial, vraiment ! juste qu'il neige. D'abord un peu, puis beaucoup. Les voitures s'immobilisent. Bientot, je roule sur un tapis de 5 à 10 cm de neige... Sans garde-boue, j'ai les pieds trempés au bout de quelques km. Au début, mes roues crantées font merveille, je tiens droit la route. Mais ensuite, tout de même, non... je n'arrete pas de glisser au moindre au petit dénivelé invisible sous le blanc.
Eh bien.... Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais je peux vous dire que tout ça était un bonheur total. Je me sentais fluide, léger, heureux comme rarement, je gueulais du sex pistols et du Bach: " no future ! " et " ich habe genug": "j'ai mon content... ".
C'était si simple, cette petite traversée ! Un saut hors de la routine - avant tout de la mienne, de ma routine intime. Le terrain à scruter, à anticiper, comme si j'était un de ces types qui vont au bout du monde dans la glace et le vent, qu'on peut lire aussi sur ce site. A mon niveau... Mais pas si loin, peut-être, des mêmes sensations. Bien sûr, je ne risque pas ma peau, mais j'en sens quand même un peu la valeur, la fragilité. Bien sûr, mon équipement est minimal, et finalement pas adapté, surtout au niveau des pieds... mais justement, c'est un peu la vulnérabilité d'un bivouac. Et pourtant, c'est à Paris...
Quelque part sur la route ( excusez, mais c'était devenu une Route... ), je rentre dans un café, je secoue la neige de mes chaussures, de mon sac, de mon bonnet. Je le suspend comme je peux, et sans prendre ça à la rigolade: il est déjà un peu mouillé, si il ne sèche pas un peu, ça peut devenir franchement mauvais. Et ainsi dans ce café chinois en bord d'avenue transformée en piste de neige, je m'étale un peu, je fais tâche comme un nomade mouillé au milieu des citadins frileux et rangés. En l'occurence, personne ne me regarde de travers. Tout le monde parle de cette neige qui tombe, des dangers, de l'hivers terrible, de l'impossibilité à se rendre au boulot. Et moi je regarde à travers la vitre ces tourbillons blancs, et moi aussi ça me gagne, en bon citadin que je suis de ce côté de la vitre: " c'est un peu dingue de sortir par un temps comme ça..." . Pourtant, il y a quelques minutes encore, j'étais sous cette neige, et j'étais tout entier attention, silence, et joie, et puis surtout, vraiment, ça n'avait rien de si terrible. N'empèche que j'hésite à ressortir...

Etc etc. Plus tard, quand la neige a commencé à fondre, c'est devenu vraiment dangereux... Beaucoup marché en poussant le vélo, ou alors en selle, mais tellement lentement, tellement à anticiper la chute ( alors j'essayais de me décontracter, me préparant à faire une roulade de type aikido ), que j'en avais parfois des crampes dans les mollets.

enfin voilà, c'était juste pour dire que le voyage est parfois vraiment à côté de porte.

ps:

deux jours plus tard, lumbago brutal ce matin. A moitié bloqué. Je me dis que si ça m'arrivait à 1000 km d'ici, vu l'état de mes finances, ce serait à peu près une catastrophe. Là, c'est seulement emmerdant. Ce n'est vraiment pas possible de négliger un certain nombre de points techniques du point de vue du matériel utilisé quand on est fauché.

edit: je m'aperçois que j'aurais dû poster ce message dans la rubrique " vos récits de voyage". Mais c'est si peu un voyage...

Kulikool - 11 déc. 2010
82 messages
Merci d'avoir partagé ça avec nous michelg !

Oui c'est fou comme les conditions climatiques peuvent nous emmener loin lorsqu'elles durcissent. Lors de footing sur et sous la neige ou sous la pluie, j'ai parfois l'impression d'être loin aussi ! :)
Avec un peu d'inconfort et d'effort comme moyen de transport...

En tout cas bon rétablissement à toi.

CLAISSE - 11 déc. 2010
39 messages
tout simplement genial ton recit ,, je te rejoins sur beaucoup de points

bravo

michelg - 11 déc. 2010
70 messages
Ah bon eh bien merci à tous les deux, c'est gentil. En attendant, le dos me fait salement mal, même si ça s'améliore relativement vite ( la pratique fréquente d'exercices musculo-posturaux comme le qi gong et le yoga doivent aider, je suppose... ).

En notant ce minuscule périple, je me suis dit que c'était dommage de n'avoir pas fait comme pour un "vrai" long voyage, découper les différentes étapes avec photos à l'appui. Par exemple, j'aurais pu parler de cette traversée en portant mon vélo sur un rond-point, avec un parapet à enjamber, franchement glissant, attentif à pas me casser la gueule, et le regard un peu héberlué des conducteurs en voiture de l'autre côté.

Mais est-ce qu'on peut à la fois prendre les photos et vivre sur le moment ce qui se passe ?

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