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Philosophie du voyage nature 8

L’ère des aventures lointaines a-t-elle vécu?

Kaldera - 25 nov. 2009
34 messages
Hier soir (24/11) j’ai regardé avec intérêt « sale temps pour la planète » sur France 5. Les sujets et invités traitaient de l’accroissement dramatique du nombre de « réfugiés climatiques » contraints à l’exode en raison des transformations / dégradations irréversibles de leur habitat (désertification, invasion progressive de la mer sur leur terre…) provoquées par le réchauffement climatique…

Face à ce terrible constat comment ne pas être sensible à la nécessité absolue de réduire coûte que coûte les émissions de gaz à effet de serre dont les pays riches sont les plus gros pourvoyeurs (et qui, ironie du sort, impactent le plus durement les pays pauvres qui polluent le moins…) ? En 2006, les transports aériens ont déplacé 3 milliards d’individus (souvent les mêmes évidemment) (nb: info issue de l’émission). Aujourd’hui on prend l’avion comme on prend le train, à ceci prêt que dans la famille des transports, le bilan carbone des avions est de loin le plus désastreux de tous…cela doit nous faire réfléchir…

Si je me focalise sur l’avion en particulier, c’est parce que dans le domaine du « tourisme », c’est un des moyens les plus rapide et économique (proportionnellement aux distances couvertes) de nous transporter dans des contrés lointaines propices à la découverte et l’aventure. Problème : jusqu’à il y a peu, plus je lisais CA et plus mes « envies » de destinations lointaines se multipliaient (le Groenland en tête :)). L’ennui c’est que plus l'on va loin avec un engin motorisé, plus on pollue.

D’un point de vue éthique je ne suis pas serein en sachant que pour assouvir une envie de « trip polaire » par exemple, je vais contribuer à accroître le réchauffement global et sa cohorte de souffrances associées pour les peuples qui sont en première ligne face aux dérèglements climatiques engrangés (habitants des banquises, archipels au raz des flots, bangladesh, etc...).

L’aventure lointaine polluante à-t-elle donc vécu? Je le pense, les consciences des "voyagaurs nature" doivent s’éveiller. Se déplacer (plus ou moins loin) sans polluer est en tout cas donc devenu ma priorité, je roule exclusivement à vélo depuis 4 ans et tends de plus en plus vers la décroissance dans ma vie quotidienne. Comme cela à déjà été traité dans le hors-série CA « voyage-écolo », l’aventure peut se conjuguer avec le respect de la nature et donc des hommes…Je n’ai pas encore entreprit de "longs" voyage à vélo, ou à pied (je suis jeune papa !) mais cela viendra. J’ai renoncé à mes « rêves » de Groënland ou de Yellowstone (finalement fabriqués de toute pièces à travers moult magazines et docu de voyages). Je me suis surtout convaincu que l’aventure est à notre porte pour peu que l’on sache la voir. Après tout, le « lointain » des autres, c’est notre « proximité » à nous. J’aime néanmoins le voyage, mais un voyage respectueux de la nature qui laisse le temps d’apprécier les lentes transitions de paysages qui marquent la progression du marcheur ou du cycliste (rien à voir au passage avec la "téléportation" vecue en avion).

Du coup je pense que Carnets d’aventure à un devoir de responsabilité dans la « suscitation du désir » de telle ou telle destination. Vous avez fait la démonstration de votre prise de conscience écologique dans le HS dont je parle plus haut, je crois que vous pourriez enfoncer le clou en focalisant davantage sur des destinations européennes (il y’a tellement à découvrir !) et des voyages réalisés dans le respect de la nature.

Amicalement,

Vincent

Olivier - 25 nov. 2009
mis à jour le 13 juin 2017
2251 messages
On est globalement d'accord avec ton argumentation. Ce sont les idées que nous essayons de faire passer.
En ce qui nous concerne, nous ne prenons plus l'avion depuis 2005.
Tu peux jeter un oeil à cet extraterrestre Les vrais dimensions de la planète publié dans CA16 (vous pouvez cliquer sur le visuel pour le voir en plus gros)
Et dans le numéro 18 voila ce que vous trouverez page 69



Kajak - 25 nov. 2009
307 messages
j'abonde dans ce que dit caldera.
vous aviez autrefois une revue "sports nature" qui est presque mort-née car je crois qu'il n'y eut que 2 ou 3 numeros.
j'aimais beaucoup cette revue principalement parce qu'elle parlait de destinations francaises, par opposition à mondiales.

ce serait chouette si le pourcentage d'articles à destinations françaises (européennes serait acceptable aussi) pouvait être augmenté dans CA . je n'ai pas de probleme avec les destinations lointaines, j'apprecierais seulement un ré-équilibrage des destinations.

K.

Johanna - 25 nov. 2009
659 messages
Merci Vincent pour ton message !
Je ne rebondis pas sur tout car, comme l'a dit Olivier, nous sommes assez d'accord avec toi.
Concernant tes envies de Grand Nord sans avion, des destinations comme la Scandinavie (cf. "le Grand Nord à portée de main" dans notre HS Voyage écologique) ou l'Islande (cf. CA15) sont accessibles sans avion.
Par ailleurs, on peut parfois vivre des ambiances "Grand Nord" tout près de chez nous, par exemple dans le Vercors l'hiver (cf CA18 qui arrive tout bientôt).
Du coup je pense que Carnets d’aventure à un devoir de responsabilité dans la « suscitation du désir » de telle ou telle destination. Vous avez fait la démonstration de votre prise de conscience écologique dans le HS dont je parle plus haut, je crois que vous pourriez enfoncer le clou en focalisant davantage sur des destinations européennes (il y’a tellement à découvrir !) et des voyages réalisés dans le respect de la nature.

Nous essayons de le faire de plus en plus, en publiant davantage de récits de voyages "proches" (au moins un voyage en France par numéro), en les valorisant et en essayant de donner des idées (par ex l'Islande atteignable en ferry). En ce qui concerne les destinations lointaines, dans un souci de ne pas adopter une attitude trop extrême et aussi pour ne pas "se couper" d'une partie du monde en quelque sorte, nous continuons de publier des récits de voyages lointains mais en essayant de choisir des voyages plus longs. Ainsi, par exemple nous privilégierons un récit de traversée du Salar de Uyuni à vélo ayant eu lieu pendant un périple d'un an à vélo en Amérique du Sud, à un récit de traversée du même Salar de Uyuni à vélo effectuée lors d'une semaine de vacances prise exprès pour se rendre là-bas...

Gypaète - 25 nov. 2009
12 messages
Tout à fait d'accord avec Kaldera, mais je voudrais rajouter aussi le fait qu'il est important de faire attention aux itinéraires proposés que ce soit en France, Europe ou plus loin.
Il est regrettable de voir certains lieux encore préservés, envahis de touristes après la sortie d'un article dessus (mêmes si leur impact sur l'environnement est réduit, leur impact sur la nature peut être lourd, aujourd'hui nous parlons beaucoup d'environnement et on en oubli la nature), l'exemple qui me vient à l'esprit est celui de la croatie, petit pays de l'est qui connait un boom touristique et j'ai peur que ses paysages en patissent.

Il faut se garder des jardins secrets, cela est peut être egoiste mais si certains espaces ont pu nous émouvoir c'est bien parceque nous étions "seul" (ou presque) en confrontation direct avec la nature, sensation bénéfique à notre esprit humain, tel une thérapie.

Alors je vous demande de veiller à ne pas parler dans CA d'espaces encore peu connus, qui garde leur charme par leurs paysages sauvages. Sinon il ne restera plus de terrains d'aventures, ces lieux chacun doit se les trouver par lui même, il y'a assez de terrains battus comme ça.
Cela dit j'aime beaucoup votre magazine, moi aussi je prêche pour la décroissance, je voudrais juste qu'il n'y est pas de débordements.

Florian

PHILIP - 26 nov. 2009
72 messages
Kaldera , bravo pour cette prise de conscience que "le bilan carbone des avions est de loin le plus désastreux", bravo d'avoir conscience des ordres de grandeurs. Combien de fois ai-je entendu dire par de fervents écologistes cette célèbre phrase : "ce n'est pas pour un voyage en avion par an ..."
Eh bien si, comme le montre le graphique du CA16.
L'ordre de grandeur qu'il faut retenir c'est que l'on émet en moyenne autant de CO2 en roulant 1km en voiture seul, qu'en parcourant 1 km en avion, le Hic étant que l'on peut facilement faire 10000 ou 15000 kms en une journée, soit environ l'équivalent d'une année de voiture.

Cependant il faut être conscient que certains ont du mal à ne plus prendre du tout l'avion. A ceux-là il faut proposer les solutions suivantes :
1° si vous avez l’habitude de prendre l’avion 2 ou 3 fois par an pour une semaine partez plutôt 3 semaines une fois par an, vous profiterez mieux de votre lieu de vacances et diminuerez significativement votre impact. Partez un an sur deux plutôt que tous les ans etc. …
2° partez moins loin, en évitant toutefois les courts courriers ( attention le décollage et l’atterrissage augmentent les émissions de gaz à effet de serre par km ; pour un petit trajet de 1000 km l’avion émet 444g de CO2/km/personne)
3° proscrire absolument les week-end éclair en Tunisie, Sicile ou Portugal (5000 km A/R par personne par voyage)
4° compensez vos émissions de CO2 en versant de l’argent (25€ environ pour 1 tonne de CO2) à une association ( par exemple CO2solidaire, Climamundi etc. …) qui l’utilisera sur des projets qui diminueront quelque part les émissions de CO2 ( installation solaire, plantation de forêt etc. …) même si beaucoup pensent que c’est « s’acheter une bonne conscience » !
Bref cela peut-être un bon début qui mènera jusqu'à une prise de conscience.

Concernant Carnets d'Aventures, ça serait sympa qu'il y ait une place réservée dans chaque n° à un projet particulièrement respectueux de l'environnement, qui puisse donner des idées aux lecteurs.

joebar - 10 déc. 2009
9 messages
Olivier :
On est globalement d'accord avec ton argumentation. Ce sont les idées que nous essayons de faire passer.
En ce qui nous concerne, nous ne prenons plus l'avion depuis 2005.
Tu peux jeter un oeil à cet extraterrestre Les vrais dimensions de la planète publié dans CA16 (vous pouvez cliquer sur le visuel pour le voir en plus gros)
Et dans le numéro 18 voila ce que vous trouverez page 69

[url]/images/actu/carbone/Empreinte-Avion_br.jpg[/url]

Excellente initiative! :)
Attention au mélange d'unités: on parle bien d'équivalent carbone dans ce cas (objectif env. 700kg), et non d'équivalent CO2 comme marqué en ordonnée.
éq.CO2 = 44/12 x éq. C = 3.7 éq.C

Je crois que la communication en ce qui concerne la comptabilité carbone doit encore evoluer, pour (toujours) plus de facilité d'assimilation par le plus grand nombre. La notion d'empreinte écologique est un bon complément aussi.
La prise de conscience est là, et il va maintenant falloir passer à l'étape suivante: lutter contre les incohérences qui plombent nos "bonnes" actions (ex. par milliers à la seconde, ex. bandeau de gauche annonces Google pour de l'hélico au Canada).
Et pour cela, il faut encore une fois avoir des ordres de grandeur dans le crâne, en gardant toutefois à l'esprit -comme les MULs le savent bien- que chaque gramme compte.

Bravo pour ce que vous faites et continuez! ;)

remy40 - 18 déc. 2009
10 messages
Pour peu que l'on s'accorde le temps suffisant pour le faire, il y a toujours d'autres possibilités que l'avion pour aller au quatre coins du monde (train, bus, bateau et mieux : vélo, pieds, kayak, ski, et j'en passe ...) , donc l'ère des aventures lointaines est loin d'être révolue ! :)

Au contraire, en délaissant l'avion au profit de moyens de transport plus pérenne pour l'environnement on va redécouvrir le vrai sens du mot "aventure" et de nouveau apprécier, à sa juste valeur, la distance qui nous sépare de notre destination. Le trajet redeviendra une aventure en soi et non pas juste une étape contraignante et fastidieuse (ceux qui ont déjà pris l'avion avec un vélo me comprendront :D).

Le plus dur est sans doute d'évoluer dans sa vie au quotidien (travailler moins pour voyager plus :p) pour s'accorder le temps nécessaire à ce genre de trajet ...

PHILIP - 19 déc. 2009
72 messages
joebar :
ex. bandeau de gauche annonces Google pour de l'hélico au Canada).
Et pour cela, il faut encore une fois avoir des ordres de grandeur dans le crâne, en gardant toutefois à l'esprit -comme les MULs le savent bien- que chaque gramme compte.

Pour l'hélico, c'est encore plus dramatique que pour l'avion : Un hélicoptère qui vole 3 heures a des émissions de CO2 de l’ordre de 1,8 tonne , soit 0,6 tonne de co2 par heure ( équivalent à 3000 km de voiture par heure ). Donc un baptème en hélico de 20mn équivaut à faire 1000 km de voiture

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