Traversée de la Laponie d'ouest en est
Je suis parti de l'Ouest des îles Lofoten pour traverser la Laponie d'ouest en est, jusqu'à l'embouchure du Tenojoki. En kayak, bicyclette et principalement en marchant.
travel bike
sea kayaking
tekking/hiking
/
When : 5/8/25
Length : 59 days
Length : 59 days
Total distance :
1012km
Guidebook created by Antoine Kremp
on 15 Jul
Eco travel
Réalisé en utilisant covoiturage, autostop
Possible with
train
bus
hitch-hiking
Details :
Moitié du trajet en avion (jusqu'à Oslo et Helsinki), le reste en stop/train/bus
76 reader(s)
-
Guidebook (updated : 15 Jul)
Section distance :
1012km
Height difference for this section :
+5985m /
-5992m
Section Alti min/max : 0m/991m
Description :
Résumé rapide plus ou moins précis de l'itinéraire, commencement en kayak aux îles Lofoten, puis (après qu'il se soit cassé contre les rochers) en vélo et enfin une traversée des montagnes et des toundras à l'intérieur des terres.
Report (updated : 15 Jul)
L’appel du Nord
Les milieux polaires me fascinent. Je voulais découvrir la toundra, les eaux glacées et les vents furieux, me sentir minuscule et vulnérable face aux horizons. Apercevoir l’aileron d’une orque entre les vagues, entendre les cris des rapaces perçant le ciel sous le soleil de minuit. Bercé par les récits des explorateurs et photographes polaires (morts et actuels), je me suis lancé dans une traversée de la Laponie européenne, d’ouest en est, des îles Lofoten jusqu’à l’embouchure du Tenojoki, sans moyens motorisés, en traversant les toundras à l’intérieur des terres à pied. Animé par mon amour de la nature et cette force que l’on croit toujours perdue, mais qui finit toujours par renaître de ses cendres : l’esprit d’aventure.
Les îles
Dans mon train, je découvre l’Arctique à travers la fenêtre. Je ne peux pas dormir, car lorsque j’ouvre les yeux, se dévoile devant moi la toundra, mon rêve, éclairée par la faible lueur bleue de la nuit. La neige recouvre encore les terres, mais je vais commencer l’expédition en mer. Débarqué au port de Moskenes, je me dirige en kayak vers la pointe ouest de l’île de Moskenesøya durant une journée, sous la pluie, en me frayant un chemin entre les rochers. Arrivé à l’extrémité de l’île, l’expédition peut commencer. Sur ma coquille de noix, au pied d’immenses falaises dont je ne vois pas le sommet à cause du brouillard, je suis balloté par les vagues, entouré par la mer de Norvège, à une température de 3 °C. Mais après trois jours sur cette côte sauvage, mon kayak se casse contre les rochers lorsque j’essaie de partir le matin. Je me suis fait renverser par une vague, et il est allé s’écraser contre la berge. La mort dans l’âme, au milieu de nulle part et sans embarcation, je passe les quatre jours suivants à traverser les montagnes et les fjords du parc national de Lofotodden pour rejoindre la civilisation et trouver une bicyclette. Je traverse alors les îles Lofoten dans un magnifique paysage côtier, entouré de montagnes voilées de blanc. Parfois, des pygargues à queue blanche font planer leur ombre au-dessus de mon guidon, et des oies cendrées se dandinent sur les plages. Ces rencontres me motivent plus que jamais.
Les montagnes
J’entre, après deux semaines, à l’intérieur des terres, au lac de Torneträsk. Contrairement aux îles, où la mer adoucit le climat, le paysage est ici recouvert de neige et la météo n’est pas clémente pour le marcheur. Le lac est d’ailleurs toujours gelé. De plus, l’hiver est tardif. Je souhaite pourtant continuer à pied, tout droit vers le nord-est, dans les montagnes, les taïgas, et surtout les toundras. La marche reste le meilleur moyen de s’imprégner d’un paysage, de se frotter à l’espace.
En raquettes, je marche dans la neige, dans les jours blancs, en mangeant ce que je transporte dans mon sac. Certains jours, je dois me rationner à hauteur de 1 000 calories par jour pour pouvoir tenir jusqu’à la fin de l’étape. La température oscille autour de 4 °C, ce qui n’est pas trop froid, mais entraîne tout de même une forte dépense énergétique. Le terrain est loin d’être facile. Je dois souvent traverser des marécages, parfois recouverts d’une fine couche de neige, et sécher mes vêtements en marchant. Les oiseaux comme les traquets motteux, les pluviers dorés ou les bruants des neiges me tiennent compagnie. Des lagopèdes des saules s’envolent souvent à mon arrivée. En d’autres termes : c’est le paradis.
Les toundras
Arrivé en Finlande, à Kilpisjärvi, je suis affamé, après dix jours de rationnement. Je repars très vite vers le nord-est, aimanté par les toundras. L’été s’installe peu à peu. Les marécages ne sont maintenant plus recouverts de neige. Le paysage devient de plus en plus plat. Je traverse des rivières plus ou moins grandes et me retrouve souvent avec de l’eau jusqu’au ventre ; de toute façon, mes jambes et mes pieds sont constamment trempés.
Le soir, c’est le rendez-vous avec mon carnet, dans lequel je raconte mon aventure. Parfois, mes efforts sont récompensés par des rencontres, comme la fois où une belle buse pattue s’est posée à quelques mètres de ma tente. Je ne souhaite pas courir ces paysages sans en immortaliser les grâces : j’organise mes bivouacs comme des affûts, et dès qu’un petit cri inhabituel se fait entendre, je jette un œil sous la toile de ma tente. Je ne suis pas seul : la solitude dans la nature est le fardeau de ceux qui ne savent pas écouter, sentir et regarder.
Après quelques semaines de marche, j’atteins des zones plus nordiques, au-delà de 70 degrés de latitude nord. Mon objectif, l’embouchure du Tenojoki, se rapproche jour après jour. J’ai considéré plusieurs points d’arrivée : je voulais au moins relier la mer de Norvège et la mer de Barents, et cela me paraît assez poétique de terminer mon voyage à l’embouchure d’un fleuve.
Au début de la marche, je parcourais en raquettes environ 20 kilomètres par jour ; maintenant que l’objectif est proche, j’en marche 30. J’alterne entre les tourbières, les éboulis, et la toundra telle qu’on se l’imagine : recouverte d’herbacées, de lichens ou de saules nains. Régulièrement, des pluviers dorés me suivent sur des kilomètres, en poussant leurs petits cris aigus.
Arrivé à l’embouchure du Tenojoki, ce que j’ai sous les yeux me semble irréel. Les falaises de Varanger plongent dans la mer de Barents, dans l’océan Arctique. Elles portent le sceau des âges dans leurs couches sédimentaires. Au fond, à gauche, c’est le pôle Nord. Un vent froid me caresse, comme depuis deux mois. La fin de ma route croise celle du fleuve. Le Tenojoki aura été entravé par ses berges durant des kilomètres ; il se libère dans l’immensité océanique, et je contemple ce symbole sur mon rocher, face au vertige des grands espaces.
Je voulais découvrir l’immersion dans les espaces sauvages, observer et photographier pour la première fois cette faune extraordinaire du Grand Nord qui m’a tant fasciné. Connaître cette vie simple, centrée sur la survie, et ressentir ce qu’ont pu ressentir nos ancêtres lors des temps immémoriaux des âges glaciaires, devant cette toundra sans fin.
Les milieux polaires me fascinent. Je voulais découvrir la toundra, les eaux glacées et les vents furieux, me sentir minuscule et vulnérable face aux horizons. Apercevoir l’aileron d’une orque entre les vagues, entendre les cris des rapaces perçant le ciel sous le soleil de minuit. Bercé par les récits des explorateurs et photographes polaires (morts et actuels), je me suis lancé dans une traversée de la Laponie européenne, d’ouest en est, des îles Lofoten jusqu’à l’embouchure du Tenojoki, sans moyens motorisés, en traversant les toundras à l’intérieur des terres à pied. Animé par mon amour de la nature et cette force que l’on croit toujours perdue, mais qui finit toujours par renaître de ses cendres : l’esprit d’aventure.
Les îles
Dans mon train, je découvre l’Arctique à travers la fenêtre. Je ne peux pas dormir, car lorsque j’ouvre les yeux, se dévoile devant moi la toundra, mon rêve, éclairée par la faible lueur bleue de la nuit. La neige recouvre encore les terres, mais je vais commencer l’expédition en mer. Débarqué au port de Moskenes, je me dirige en kayak vers la pointe ouest de l’île de Moskenesøya durant une journée, sous la pluie, en me frayant un chemin entre les rochers. Arrivé à l’extrémité de l’île, l’expédition peut commencer. Sur ma coquille de noix, au pied d’immenses falaises dont je ne vois pas le sommet à cause du brouillard, je suis balloté par les vagues, entouré par la mer de Norvège, à une température de 3 °C. Mais après trois jours sur cette côte sauvage, mon kayak se casse contre les rochers lorsque j’essaie de partir le matin. Je me suis fait renverser par une vague, et il est allé s’écraser contre la berge. La mort dans l’âme, au milieu de nulle part et sans embarcation, je passe les quatre jours suivants à traverser les montagnes et les fjords du parc national de Lofotodden pour rejoindre la civilisation et trouver une bicyclette. Je traverse alors les îles Lofoten dans un magnifique paysage côtier, entouré de montagnes voilées de blanc. Parfois, des pygargues à queue blanche font planer leur ombre au-dessus de mon guidon, et des oies cendrées se dandinent sur les plages. Ces rencontres me motivent plus que jamais.
Les montagnes
J’entre, après deux semaines, à l’intérieur des terres, au lac de Torneträsk. Contrairement aux îles, où la mer adoucit le climat, le paysage est ici recouvert de neige et la météo n’est pas clémente pour le marcheur. Le lac est d’ailleurs toujours gelé. De plus, l’hiver est tardif. Je souhaite pourtant continuer à pied, tout droit vers le nord-est, dans les montagnes, les taïgas, et surtout les toundras. La marche reste le meilleur moyen de s’imprégner d’un paysage, de se frotter à l’espace.
En raquettes, je marche dans la neige, dans les jours blancs, en mangeant ce que je transporte dans mon sac. Certains jours, je dois me rationner à hauteur de 1 000 calories par jour pour pouvoir tenir jusqu’à la fin de l’étape. La température oscille autour de 4 °C, ce qui n’est pas trop froid, mais entraîne tout de même une forte dépense énergétique. Le terrain est loin d’être facile. Je dois souvent traverser des marécages, parfois recouverts d’une fine couche de neige, et sécher mes vêtements en marchant. Les oiseaux comme les traquets motteux, les pluviers dorés ou les bruants des neiges me tiennent compagnie. Des lagopèdes des saules s’envolent souvent à mon arrivée. En d’autres termes : c’est le paradis.
Les toundras
Arrivé en Finlande, à Kilpisjärvi, je suis affamé, après dix jours de rationnement. Je repars très vite vers le nord-est, aimanté par les toundras. L’été s’installe peu à peu. Les marécages ne sont maintenant plus recouverts de neige. Le paysage devient de plus en plus plat. Je traverse des rivières plus ou moins grandes et me retrouve souvent avec de l’eau jusqu’au ventre ; de toute façon, mes jambes et mes pieds sont constamment trempés.
Le soir, c’est le rendez-vous avec mon carnet, dans lequel je raconte mon aventure. Parfois, mes efforts sont récompensés par des rencontres, comme la fois où une belle buse pattue s’est posée à quelques mètres de ma tente. Je ne souhaite pas courir ces paysages sans en immortaliser les grâces : j’organise mes bivouacs comme des affûts, et dès qu’un petit cri inhabituel se fait entendre, je jette un œil sous la toile de ma tente. Je ne suis pas seul : la solitude dans la nature est le fardeau de ceux qui ne savent pas écouter, sentir et regarder.
Après quelques semaines de marche, j’atteins des zones plus nordiques, au-delà de 70 degrés de latitude nord. Mon objectif, l’embouchure du Tenojoki, se rapproche jour après jour. J’ai considéré plusieurs points d’arrivée : je voulais au moins relier la mer de Norvège et la mer de Barents, et cela me paraît assez poétique de terminer mon voyage à l’embouchure d’un fleuve.
Au début de la marche, je parcourais en raquettes environ 20 kilomètres par jour ; maintenant que l’objectif est proche, j’en marche 30. J’alterne entre les tourbières, les éboulis, et la toundra telle qu’on se l’imagine : recouverte d’herbacées, de lichens ou de saules nains. Régulièrement, des pluviers dorés me suivent sur des kilomètres, en poussant leurs petits cris aigus.
Arrivé à l’embouchure du Tenojoki, ce que j’ai sous les yeux me semble irréel. Les falaises de Varanger plongent dans la mer de Barents, dans l’océan Arctique. Elles portent le sceau des âges dans leurs couches sédimentaires. Au fond, à gauche, c’est le pôle Nord. Un vent froid me caresse, comme depuis deux mois. La fin de ma route croise celle du fleuve. Le Tenojoki aura été entravé par ses berges durant des kilomètres ; il se libère dans l’immensité océanique, et je contemple ce symbole sur mon rocher, face au vertige des grands espaces.
Je voulais découvrir l’immersion dans les espaces sauvages, observer et photographier pour la première fois cette faune extraordinaire du Grand Nord qui m’a tant fasciné. Connaître cette vie simple, centrée sur la survie, et ressentir ce qu’ont pu ressentir nos ancêtres lors des temps immémoriaux des âges glaciaires, devant cette toundra sans fin.