Re traversée du Mercantour par les lacs

A 8 heure je suis à l'ouverture de la boutique d'Isola 2000 pour me ravitailler.
Les barres que le renard m'a subtilisé ne m'ont finalement pas trop manqué.
Après 4 à 5 jours de marche, je suis toujours surpris par la capacité d'adaptation du corps aux efforts demandés (David Manise pourrait expliquer tout ça...!). Pour ma part, je ne sens plus le poids du sac, le rythme de marche s'accélère, je grignote moins, les montées et les descentes s’enchainent sans trop ressentir la fatigue. Mes étirements quasi quotidiens et mes trempages en mode cryothérapie y sont certainement pour beaucoup. Je prends soin de mon corps et il me le rend bien. Il ne me reste plus qu'à profiter pleinement de la nature et des paysages.

Aujourd'hui je retourne sur le lieu de mon accident de 2016 afin de revoir Julio qui, à 81 ans, passe une partie de l'été dans un ancien baraquement militaire... Mais cette année, il n'est pas là.
Près du col du Lausfer, il y a de nombreux randonneurs qui effectuent la boucle des lacs proposée au départ du sanctuaire de Santa Anna.
Vers 13h, après le col de Saboulé, il n'y a plus âmes qui vivent et le ciel devient menaçant du côté français. Un panneau m'indique le Passo del Bue à 40 mn. Super je suis bientôt rendu. Visiblement il y a comme une erreur : il m'a fallu un peu plus d'une heure pour l’atteindre et les premières gouttes arrivent.
Arrivé sur la crête et en voyant l’apic derrière, j'ai pensé m'être trompé d’itinéraire. J’allume mon téléphone, contrôle avec Iphigénie puis constate que je suis bien au bon endroit. Un petit passage permet de prendre un sentier ou plutôt une « sente » dans des pentes très raides.
Le brouillard arrive sur la crête frontalière, l’orage gronde mais je descends tranquillement la pente, quitte à me prendre la pluie. Ici pas question de tomber, je préfère arriver entier…
Je rejoins le col de la Guercha, remonte rapidement le dernier petit col, et là, le copié-collé du Passo del Bue. Petites sentes tout aussi raides et vertigineuses.
Par chance il ne tombe, pour le moment, que quelques gouttes. Après cette descente délicate je mets le turbo, traverse un gros éboulis, monte aux lacs de Colle Longue, plante ma tente, jette mon sac dedans et, le temps de fermer, des trombes d’eau s'abattent sur ma tente durant une heure…
C'est bien connu "après la pluie le beau temps" 
Je passerai une partie de la soirée dehors en compagnie de chamois.
Quelle belle journée...